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journal de bord, samedi 7 mai 2011

Entre treize et quatorze heures ...

 

Sur une route de campagne, dans la région de Quiévrain ...

 

Un jour de grand soleil (on annonce même une séch'resse pour les temps à venir) ...

 

Dans le Haut-Pays, à l'ouest de la Belgique, en plein Hainaut, entre Meaurain, Onnezies et Autreppe ...

 

Je marche. Je reprends le large.

 

"On dit qu'il va y avoir de l'orage ... les gens sont sous ...". J'entends. Je me suis attardé dans un bistrot. Les commentaires ne manquent pas.

 

Sur la route ...

 

Des vaches se sont endormies derrière des fils barbelés ... protecteurs. Un clocher très bas (avec des briques rouges) passe son bout de crâne derrière des arbres. Un cheval, derrière des affiches, à un carr'four. Un monsieur qui transporte un sac à patates, dans sa main gauche.

 

Des images nouvelles. Des flashes.

 

Je s'rai p'têt retapé, demain soir, pour entamer une semaine complète, à mon boulot, le lend'main. Si, toutefois, dans les jours qui suivent, je ne tiens à nouveau plus l'coup, je peux agir.

 

Des images nouvelles. Des flashes. Ca me manquait.

 

D'ici trois s'maines, je r'prends les ch'mins de Saint-Jacques de Compostelle. Je me le suis promis. Je retournerai vers Dinant, Hastière.

 

Les journées s'allongent. C'est bon signe.12272733867?profile=original

je ne suis pas toujours très à l'aise avec les cartes d'état-major ...parfois, elles arrivent quand même à m'apprivoiser ...

 

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Un village charmant

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Un autre village charmant (Autreppe)

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journal de bord, vendredi 6 mai 2011

"Moi, je préfère les chats aux chiens ... c'est plus indépendant ... les chiens, c'est trop collant !"

 

Ai-je déjà entendu.

 

Maint'nant, certains diront le contraire.

 

Quant à moi ...

 

J'aime les chiens, avec leur côté ... pot d'colle.

J'aime les chats, avec leur côté ... indépendant.

 

Avec des moyens, des stratégies différent(e)s, je reçois, des uns comme des autres, une affection inégalable.12272735486?profile=original

là, les chats me font volontiers la cour

 

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quand l'un d'entre eux m'invite au strip-théâtre

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là, c'est un autre copain qui me fait la cour

 

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Flétrissure...

Flétrissure…

1

Abandonnés de tous, le cœur ensanglanté,
Anonymes défunts à la maigre ossature,
Partout gisent des corps sans croix ni sépulture,
Dont seule la charogne aime la nudité…

Ni femmes, ni vieillards et encore moins d’hommes
Dans la force de l’âge et pas même d’enfants
N’ont trouvé de pitié dans les yeux triomphants
De ces bourreaux sans nom bâtisseurs de pogromes…

Et combien de martyrs en d’immondes fossés
Blanchissent de leurs os l’admirable nature,
De tyrans ont souillé la belle architecture
Ne laissant sur leurs pas que temples fracassés…

Nombreux des orphelins déambulent hagards,
A demi-moribonds subissent la famine
Et succombent soudain rongés par la vermine
Repliés sur le sol, méconnus des regards,

Squelettes rabougris comme de vieilles souches,
Dans la poussière sèche au hasard des chemins,
Ils agonisent seuls, misérables gamins,
Jusqu’à leur dernier souffle assaillis par les mouches…

Des cavités parfois, ressuscitent des ombres,
Contestant de la mort l’horrible et la stupeur
Et de leurs grands yeux noirs obscurcis par la peur,
Elles traquent la vie au milieu des décombres…

Par d’incultes césars, sans combattre vaincu,
Des causes du chagrin le prochain épisode,
Pauvres sont ceux prenant la route de l’exode,
Pour simplement survivre à l’horrible vécu…

Cohortes de damnés passant en file indienne,
Ils cherchent dans l’ailleurs un instant de répit,
Rien qu’une once de paix que le temps interdit,
Supportant de l’exil la douleur quotidienne…

Par la faim et la soif nullement épargnés,
N’éprouvant dans leurs cœurs nul espoir ni rancune,
D’une fausse lenteur, vers des camps d’infortune,
En d’arides déserts ils marchent résignés…

Harassés, lapidés par des revers extrêmes,
Ils trouvent dans la fuite un ultime levier,
Une miette de chance, un rameau d’olivier
Et puisent l’énergie au plus profond d’eux-mêmes…

Fantômes harassés se tenant par la main,
Il en est un qui tombe et puis un autre encore,
Leur nombre, lentement, pied à pied, s’édulcore…
Surmontant les périls d’un effort surhumain,

Ils sont là, par milliers, allongés sur les sables,
Recueillant du repos un trop maigre butin,
D’un lourd sommeil sans rêve, ils espèrent le matin ;
Hommes toujours vivants et pourtant périssables…

………


2

Victimes de la guerre ou de l’enfer sur terre,
Par l’humaine bêtise, immolés, suppliciés,
Sur l’autel du pouvoir, citoyens sacrifiés,
Violentés, frappés par l’hydre délétère,

Crèves la faim, migrants, réfugiés, vagabonds,
Fuyant la mort, la peur, l’ombre des cimetières,
Pour les meilleurs raisons passeurs de frontières,
Pareils à des voleurs, à demi-moribonds,

Ils traversent le monde en quête d’un refuge
Gardent l’espoir secret d’un possible oasis,
D’un pays de cocagne imaginés jadis,
Quand leurs pères déjà pleuraient face à l’immonde…

Certains ont tout donné pour ce rêve lointain,
D’autres moins fortunés sur des radeaux précaires
Ont bravé l’océan, ont connu maints calvaires
Et puis ont fait naufrage oubliés du destin…

Et lorsque l’un d’entre eux aborde l’autre rive,
Il devient l’étranger, celui qui sans papiers
Est désigné du doigt, qui face aux policiers,
Dans d’infâmes taudis se cache pour survivre…

…………

3

Les poètes ont beau déclamer l’espérance
D’un jardin vertueux, croire en l’humanité,
Avec ardeur, exalter l’amour, l’égalité,
De leurs chants enfiévrés chanter la tolérance….

Depuis le premier jour, les temps n’ont pas changé,
La bête a fait son nid sous la belle parole,
Subsiste dans les cœurs rognés par la vérole
L’égoïste fléau ; la peur de l’étranger…

Ô France, mon pays, terre des droits de l’homme,
En violant l’esprit des textes fraternels,
Tu as souillé les mots inscrits sur tes autels,
Et corrompu, vendu ton idéal en somme…

Existe-il encore une terre d’accueil,
Quel que part dans le monde un lieu de référence
Où le migrant pourrait oublier sa souffrance,
Des hydres du passé faire et consommer le deuil…

Naguère prisonnier des chiens de la milice
Il a franchi les mers, gagné sa liberté,
Aujourd’hui clandestin, dans la précarité,
Il survit comme un rat traqué par la police…

……………..
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OH OH OH la musique est une mélodie

OH OH OH la musique est une symphonie..

 

vague de tendresse au coeur léger, je me laisse inspirée

chant mélodieux aux raisonnances symphonique, je me laisse aller...

 

Oh OH oH des notes de si de la , même si rien ne résonne

je me laisse inspirée doucement et rythmée ...je m'amuse

 

AH AH AH je rie , étonnant n'est ce pas, rire de tout et de rien........................

Comme MR Bean je tapote , je rigole et temps pis si ça fait rire, c'est certain

je me moque du jugement , il faut s'amuser , ne pas se prendre au sérieux............

 

AH OUI ce n'est certe pas une poésie, un texte , une pensée que j'écris , un ressenti..........

 

Je m'amuse du présent et tant pis si celà fait rire, je m'amuse c'est certain

clavier  en folie , Irma m'inspire comme ces chansons, sans raison je me laisse vivre...

 

OH OH OH la la la et si si si , do ré mi...fa sol la si...

ceci n'est pas poésie mais juste un grai de folie

la joie m'envahit sur des notes me parlant de ma vie........

 

J'écris selon mes envies et tant pis si celà fait rire , je me moque de la moquerie

je suis un brin de fantaisie dans un monde qui oublie parfois que rire est essentiel

 

Se moquer de soi c'est aussi celà, ne pas se prendre au sérieux je veux écrire

sans rythme ni mélodie....juste m'amuser et rire, rire , rire à n'en plus finir.............................

 

 

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GRAIN DE SABLE..

Petit grain de sable, poussière d'étoile

Au sourire illuminé de printemps.

 

Petit rien du tout de la terre, goutte de pluie

Au désir éperdu de bonheur.

 

Grandeur tranquille d'un désert calciné,

Pastel du soleil, en un retour mâtiné de beauté.

 

Grandeur fragile des eaux blessées, bateau tout blanc,

En un frisson d'écume soulevée.

 

Rencontre au voyage de la vie

Leçon d'amour, au coeur mouvant du temps...

J.G.

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administrateur théâtres

Moudawana For Ever

 

C’est sûr, Ben Hamidou a une aura…. Même déguisé en femme ! Oops le sacrilège, le faux pas ! Il rayonne de sympathie, il émet de la chaleur humaine plein feux et va jouer la grande scène du désenvoûtement, au propre et au figuré ! Si vous êtes au premier rang, méfiez vous! Vous serez aspiré dans son trip fabuleux qui vous balade  avec fantaisie entre Maroxellois et Gazelles du Maroc, où les chameaux sont désormais remplacés par des autoroutes.

 

Avec sa complice, Zidani, présence croustillante, tantôt en perruques drolatiques, ou lunettes extravagantes, tantôt,  soumise éplucheuse de légumes au soleil au  bord du puits, il convoque des sujets qui font peur au Belge blanc-bleu ! Comment réagir dans une famille, à la conversion à l’Islam d’un fils bien sous tous rapports…. ? L’âge du mariage, le droit au divorce, l’autonomie de la femme…  La polygamie : …. pas plus de quatre, comme les saisons ! Mais comment donner des droits aux femmes dans les pays où les droits de l’homme sont bafoués ! Le jambon, c’est Aram ! Péché !  Et l’obéissance au mari ? Comment passer de ce code de la famille séculaire à une révolution voulue par Mohamed VI qui rend, en principe, les femmes égales aux hommes…*

 

 Des questions graves, traitées avec un humour bienveillant, un regard généreux sur deux communautés qui ont parfois tout pour s’affronter. Il décoche coups de griffes, coups de cœur, tous azimuts. Tout le monde s’y retrouve, touché !  En excellent comique, Ben Hamidou pratique  l’autodérision avec brio, et déracine les préjugés. Sa gestuelle, tant l’occidentale pure et dure que la nord-africaine, est d’une précision et d’une vérité savoureuse. Le talent est aussi magnifique que le Soliman éponyme. Les deux comédiens dans cette salle magique défoncent les sortilèges et les barrières. Mon voisin marocain de gauche jubile sous la pluie de traits acérés lancés à sa culture et m’explique gentiment le vocabulaire, cependant que mon voisin attitré, de droite… me surveille du coin de l’œil ! Le mélange local du quartier et  les voyageurs des districts lointains  de la périphérie bruxelloise font bon ménage, mêlant leurs rires salutaires, leur bonne humeur et une ouverture nouvelle peut-être.

 

Ce théâtre est pédagogique sans l’être, édifiant tout de même car il libère tout un chacun. Les cordes sur lequel jouent cet Hamelin africain sont la caricature aimable, le verbe et le texte débridés, la truculence, le mime, les grimaces inoubliables,la chanson,  le jeu, par-dessus tout! Vive Mehdi !

 

*« Sur le plan social, au-delà des réformes qu'il introduit, en adoptant une

formulation moderne et en se souciant de mieux préciser les droits et devoirs des

composantes de la Famille, ce Code, en veillant à garantir l'équilibre dans les

rapports entre l'homme et la femme, met en place les préalables de la consolidation

de la cellule familiale, de sa cohésion et de sa pérennité. Ce faisant, il contribue à la

consolidation des bases de la société marocaine démocratique et moderne, ouverte

sur son époque et fidèle à son identité islamique et à ses traditions de solidarité

familiale et de cohésion sociale. »

 2004 Mohamed BOUZOUBAA, ministre de la Justice

 

 

 Moudawana For Ever du 26 avril au 21 mai 2011

Au Magic Land Théâtre.
Réservation au 02/245 50 64 ou via le site www.magicland-theatre.com

 http://www.magicland-theatre.com/index.php5?pageId=1&md=0&sp=65

 

 

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♦ Ellipses et raccourcis

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Si j’écris du monologue, avec la vie autour du cou

Avec des trous dans les poches, et trois billes que j’ai données

Avec des idées à cœur tendre, un bord de mer et ses marées

J’avoue ouvrir toute porte à l’indispensable dialogue

 

Vous, serez-vous ce qui délivre ?  

 

Si je n’écris à nulle adresse, à croire que c’est pour des tiroirs

Que c’est comme pierre qui roule, pierre qui n’a rien amassé     

Pierre enveloppée de papier au fonds d’un puits pour oublier

J’avoue collecter des timbres pour mes lettres à la tendresse

 

Vous, êtes-vous prêts à faire suivre ?    

 

Si j’écris où je reste un seuil imposé à la solitude

Sans chemin de respiration et quand il faut bien l’accepter

Quand on ne peut que supposer plus vrai ce qui est éloigné

J’avoue créer du paradoxe l’arbre qui n’est plus sur mes feuilles

 

Vous, restez marque-page aux livres

 

Si je n’écris que du silence à le forcer à la parole

Qui s’est souvent éparpillée décalée des réalités

Et qu’on se cherche malgré tout pour preuves ambrées ou perlées

J’avoue tirer sur un fil fin, claire voie à la transparence

 

Vous, soignez-vous ce qui rend libre ?

 

Si j’écris comme une source depuis son innocent murmure 

Comme un bel enfant à l’écart des ondes des rêves brisés

C’est aller à la résurgence de tout temps voyagé

J’avoue préserver des chances à qui manquerait de ressources

 

Vous, sachez des ponts entre deux rives        

 

Si je n’écris que du par cœur de ces leçons universelles

Qui nous font tracer des cercles comme loi autour d’un foyer

Mais qui me font aussi plaindre le sort des êtres égarés

J’avoue ne savoir où rejoindre un jardin d’absolu bonheur

 

Vous, êtes-vous là quoiqu’il arrive ?

 

Si j’écris jusqu’à l’impossible envergure de nos deux bras

Qui nous pousserait des ailes, qui nous ferait tout échanger     

Sortir nos photos des cadres par des regards démesurés   

J’avoue que j’en suis presque les grands sentiments invincibles

 

Vous, restez-vous leurs âmes vives ?

 

Si j’écris jusqu’à l’éclaircie le rideau déchiré d’un ciel  

C’est que je n’ai nulle réponse forcée à tout imaginer

Ailleurs que devant ma porte la bienvenue à l’entrée

J’avoue ô combien d’ellipses vers vous je prends des raccourcis

 

© Gil DEF - 25.05.2010

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Amour

Cœur morcelé coule goutte à goutte

Amour, je te berce en moi oiseau anéanti

Demain le rayon d’or transperce les cumulus

Et les roses écarlates poussent dans la plaie

Où les collines vacillent sous la lumière tremblante

Je mourrai pour un baiser ensoleillé

Nada

06/05/11 

 

 

 

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Bonds sur pont

 Je feuillette le catalogue édité pour l'expo en plein air édition 2011.

 Je me promène de pont en pont. Je lis et relis les textes, les phrases choisies qui accompagneront ce parcours d'art dans le parc du Fayet. Je m'arrête au dessus du vide, sous un mot, sans un cri.. je lis.

"La vie est un pont, traverse le, mais n'y fixe pas ta demeure"

Ste Catherine de Sienne

gegout pont 1

encore une de mes peintures exposées sous la forme de bâche

 100x80 acry sur toile gegout©adagp 2011

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L'Amour qui nous entoure n'est pas innocence

Il est le reflêt de notre pur conscience

cette intelligence artificielle.............................

 

Regardons en nous ce qui reste à faire

réaliser que tout se lie ,et rien ne se perd.

 

Le vent est de passage sur cette terre

mais notre vie n'est pas un mystère

elle révèle nos états d'âmes, notre conscience.

 

Ouvrons nous à la vie

à ces sentiments si doux

à ces lumières, ces étoiles de la nuit...............

 

La lune est là aussi

pour ces lettres endormies

pour ces écrits de vie................................................

 

Nous sommes là non pas par hasard

Nous sommes là pour construire notre histoire.

Partager nos mémoires...........................................................

 

Nous sommes tout celà , vous , eux , nous et moi.........................................

 

 

 

 

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Et nus pieds dans le sable

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Et nus pieds dans le sable

l'enfant laissait des traces

fugitives sous le vent

chaud et la menace

du temps à peine aimable

sans dire bonjour à peine


furtive et doucement

sur la joue un cil

disait l'aurevoir brut

d'un fils à son enfance

 

Et sein nu sous la tente

la mère parlait tout bas

douce la peau sèche

contre la peau des bras

et la tétée apaisante

goulument chantait

un air de folle confiance

accordée au destin

priant qu'un bout de chance

accompagne le bambin

 

 

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In blue
Il se souvenait d’avoir été accroché aux étoiles et à la fièvre du jour écoulé
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Mental Archaeology au Centre d'art contemporain d'Ivry
Milady d'Eric-Emmanuel Schmitt en Prolongation à l'Abbaye de Villers-La-Ville
Architecture contemporaine : Namur, 1945-1985
Quoi de plus valéryen que Monsieur Teste: un absolu rimbaldien, la passion de l’intelligence, le refus d’être quoi que ce soit?
Quand Henri Focillon évoquait l’art des sculpteurs romans
Exposition The End of Education
L’art poétique selon Claudel, où l’on aborde une vision cosmique de la poésie
Le Cahier noir de Mauriac
Promenades et visites guidées organisées en juillet par l'Office du Tourisme de la Ville de Liège
Le voyage d'Athènes de Maurras et l’art attique comme triomphe de la vie
Nouvelle édition du Plan des Musées de Bruxelles
La lettre d'information des activités culturelles de la Bibliothèque Nationale de France (été 2010, no 49)
Petit partage de grandes voix d'auteurs belges et autres musiques d'artistes amis
Les voix du silence
Van Gogh où la couleur lie-de-vin s'affronte éperdument avec le jaune sable des blés
La vie des formes
Diderot, Sophie Volland et L’Encyclopédie: partout où il n’y aura rien, lisez que je vous aime
La tentation de l' Occident
196 Résidences artistiques en France
Les incident de l’esprit et les surprises de l’attention de Paul Valéry
Bachelard et les fondements subconscients de la vie de l' esprit et de l’imagination créatrice
L’union de la vie et de l’art dans Amori et dolori sacrum(1921)de Maurice Barrès
Les Dieux (1934) d’Alain, une maïeutique à la recherche du vrai
Au Musée Ianchelevici: "Fredy Taminiaux, du chant de la pierre au fil des mots"
De la difficulté d’être, chez Cocteau, subsiste le partage, la rencontre et la fidélité
Histoire de la révolution belge de 1830 Chapitre 6: Le soulèvement national et le rôle de Bruxelles
Les Mélanges du Prince de Ligne, l’Europe des Lumières de 1795 à 1811
Rencontre Aden Congo avec Colette Braeckman et Tony Busselen
Lecture des Lettres à Evguénia de Boris Pasternak
Bonne parution: " Trois poètes belges"
L’incessant dialogue de l’immortelle innocence et de l’amour dans « Une Histoire de l' art » d’ Elie Faure
Un roman d’Aragon proposant une magistrale interprétation du bonheur matissien comme dépassement de la souffrance
Dans « Chronique » (1959) de Saint-John Perse, « nous avons vu, connu »
Quand Rimbaud se fait voyant
Les Cahiers de Paul Valéry, un laboratoire d'humanité pour faire advenir le surhumain
Histoire de la révolution belge de 1830 Chapitre 5: L'aube d'un Etat
Au Pen Club : rencontre avec le prix Rossel et autres lauréats de prestigieux, prix littéraires de la Communauté française de Belgique
Les poèmes saturniens de Verlaine (1866), peuplés de souvenirs et de spectres
Hommages à Max Elskamp (1862-1931) (première partie)
Max Elskamp " Enluminures" ; 1898. (Bruxelles, Lacomblez)
Histoire de la révolution belge de 1830 -Chapitre 4: Le glas du régime
La Musique et les Lettres. Concerts Chopin cet été à la Fondation Bodmer (Coligny-Genève)
Histoire de la révolution belge de 1830: chapitre3: Les divisions dans les camps des patriotes
Un chef-d'oeuvre absolu: Six chansons de pauvre homme pour célébrer la semaine de Flandre
Une agréable séance sur la poésie portugaise (présentation par Maria Caunus) au Grenier Jane Tony le 9 mai 2010
Le Verlaine des « Fêtes galantes », inspiré par Watteau et Fragonard, colloque mélancolique solitaire et glacé du désespoir ?
André Goosse et la nouvelle orthographe
Rencontrer Miró, sa nuit, sa musique et ses étoiles (deuxième partie)
Rencontrer Miró, sa nuit, sa musique et ses étoiles (première partie)
à l'Iselp jusqu'au 29 mai 2010: installation et un workshop sur la frontière (linguistique) et les questions communautaires qui écartèlent la Belgique depuis plusieurs années
Une page de mon CD-ROM consacré à l'oeuvre d'Eugénie De Keyser (Série Le testament des Poètes)
Mon chat
Femmes peintres et Salons au temps de Proust au Musée Marmottan Monet
Rencontres initiatiques et quêtes de l’absolu avec les Maîtres et maisons de thé
L'amour fou de Breton, un vaste et sidérant univers de signes ?
« Les peintres cubistes » selon Apollinaire (1913)
Pour les Amis de Charles De Coster: souvenir précieux d'une journée mémorable
Qu'ils aillent donc exposer chez eux
Le fou d’Elsa, testament intellectuel d’Aragon
Les Testaments Villon
La mère et l’enfant chez Charles-Louis Philippe
L’enfance, dernier viatique de Mauriac
La poésie d’Eluard, voix de notre exigente enfance ?
La belle époque des courants lyriques et réalistes de la littérature en Belgique
Aux aubes de la Littérature belge
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L' amour et l' occident

12272733272?profile=original"L'amour et l'occident" est un essai de Denis de Rougemont (Suisse, 1906-1985), publié à Paris chez Plon en 1939.

 

Lu et commenté par des générations d'étudiants, discuté souvent avec passion, parfois critiqué âprement dans certaines de ses conclusions, mais toujours fertile de questionnements, l'Amour et l'Occident s'est imposé dès sa publication comme un maître ouvrage de la pensée humaniste européenne, alors que le règne de barbarie s'étendait au même moment sur presque tout le continent. On ne saurait en effet séparer l'engagement personnaliste et fédéraliste, auquel est resté fidèle jusqu'à sa mort Denis de Rougemont, de cette tentative subtile et perspicace d'explicitation - à partir du mythe de Tristan - d'une conception de l'amour-passion propre à la civilisation occidentale et dont les métamorphoses au cours des siècles n'ont pas fini de produire leurs effets.

 

Le livre premier expose "le contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan": l'amour-passion s'y oppose tant au mariage qu'à la satisfaction amoureuse - de même que la chevalerie courtoise brave la société féodale - et magnifie "l'amour de l'amour" et "l'amour de la mort". Pour Denis de Rougemont, en effet, "la passion et le besoin sont des aspects de notre mode occidental de connaissance": s'ils ne sauraient se passer de la souffrance, c'est qu'ils participent d'un désir de pureté et de rachat, et rejoignent de ce fait une quête mystique.

 

Le livre II remonte jusqu'aux "origines religieuses du mythe" pour avancer comme thèse minimale que "le lyrisme courtois fut au moins inspiré par l'atmosphère religieuse du catharisme" et considérer que l'amour-passion, tel que le glorifie le XIIe siècle, fut "une RELIGION dans toute la force de ce terme", et spécialement "UNE HÉRÉSIE CHRÉTIENNE HISTORIQUEMENT DÉTERMINÉE".

Dans le livre III se voient étudiées les relations complexes entre "passion et mysticisme" au cours desquelles l'hérésie des "parfaits", d'abord vulgarisée par la métaphorisation poétique et rendue profane par le passage d'Éros à Vénus, se trouve réinvestie par la mystique chrétienne qui l'utilise comme habit "pour en revêtir l'Agapê".

 

Le livre IV étudie, à travers la littérature occidentale, "l'histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie "profanée"", dont le "désir romantique", en son conflit avec le "désir bourgeois", marque une étape primordiale, cependant que "Wagner vient restituer le sens perdu de la légende" et, ainsi, "l'achever".

Le livre V se penche sur "le parallélisme des formes" entre l'amour et la guerre, de même qu'entre la passion et la politique, dont la rupture au XXe siècle libère "le "contenu" mortel du mythe" et semble ne trouver comme réponse à l'instinct de mort que l'État totalitaire.

 

Le livre VI analyse "la crise moderne du mariage" comme résultante de la dégradation du mythe de Tristan. Son horizon mystique s'étant perdu depuis longtemps, la passion n'a plus pour fin une quelconque transcendance: "au lieu de mener à la mort, elle se dénoue en infidélité" et aboutit à un appauvrissement de l'être "qui ne sait plus posséder, ni plus aimer ce qu'il a dans le réel".

Soulignant la nécessité d'un parti pris, Denis de Rougemont propose alors, dans le livre VII, le choix d'Agapê contre celui d'Éros: il engage à un mariage conçu comme "décision", fidélité qui "fonde la personne", "engagement pris pour ce monde", et non pour un autre fantasmatique.

 

Révisé avec soin en 1954 de manière à préciser et à nuancer un propos qui, certes, pouvait souvent apparaître provocateur, l'Amour et l'Occident ne manqua pas de susciter dès sa parution de nombreuses critiques, tant de la part des théologiens que des historiens. Les premiers lui reprochèrent une séparation trop tranchée entre un Éros qui "veut l'union, c'est-à-dire la fusion essentielle de l'individu dans le dieu" et qui, ainsi, glorifie et idéalise l'instinct de mort, et une Agapê [plaisir] qui, refusant de chercher "l'union qui s'opérerait au-delà de la vie", est "l'origine d'une vie nouvelle, dont l'acte créateur s'appelle la communion", et le ciment, la fidélité.

 

Les historiens, quant à eux, contestèrent vivement la collusion entre troubadours et cathares qui est le pivot de la démonstration de Denis de Rougemont, mais ne paraît s'appuyer sur aucun document décisif. "Il faut dire plus, l'idéal courtois s'oppose intrinsèquement à la théologie dualiste des néomanichéens: quoi de commun entre leur idéal ascétique, leur condamnation radicale de la matière, de la chair, et nos troubadours éperdus d'enthousiasme devant la beauté physique de la femme, médiatrice d'absolu?", écrit ainsi Henri-Irénée Marrou dans les Troubadours. Au-delà, c'est la conjonction non seulement du manichéisme et de la courtoisie occitane mais aussi des légendes celtiques de la "matière de Bretagne", voire de la mystique arabe, en une "fureur dialectique", qui se voit mise en question par le même auteur, lequel regrette profondément l'abus "d'une assimilation entre l'amour courtois des troubadours et une définition de la "passion" issue tout entière à travers le Tristan de Wagner [...]".

 

Quelles que puissent être l'influence sur Denis de Rougemont d'une érudition germanique nourrie tout autant de Novalis et de Nietzsche, et la valeur de rapprochements qui tendent à démontrer que "l'esprit catastrophique de l'Occident n'est pas chrétien" et que "la passion serait la tentation orientale de l'Occident", on ne saurait ignorer la perspicacité de l'auteur à chercher dans une ébauche d'histoire des mentalités les origines d'une crise de la culture européenne. Du tragique de celle-ci, de la remise en question qu'elle induit de l'optimisme béat du rationalisme et du positivisme, bien d'autres auteurs discourront par la suite, après la catastrophe que fort peu ont vu se profiler. L'auteur de l'Amour et l'Occident écrit, lui, face au danger - dont il saisit toute l'ampleur -, dénonce tout autant l'État totalitaire communiste que la religiosité nazie et avance, face aux forces obscures, le sens d'un engagement.

 

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12272732483?profile=originalC'est un récit de François Rabelais (vers 1483-1553), publié à Paris chez Christian Wechel en 1546. Immédiatement censuré par la Sorbonne, l'ouvrage, troisième récit du cycle des géants, connut pourtant plusieurs réimpressions, avant l'édition définitive de 1552.

 

La fin du Pantagruel promettait une suite qui révélerait "comment Panurge fut marié, et cocqu dès le premier moys de ses nopces; et comment Pantagruel trouva la pierre philosophale [...]" (chap. 34). Le Tiers Livre diffère la réalisation de cette double promesse: à l'inverse des deux récits précédents, l'action et l'aventure y occupent moins de place que l'exploration des savoirs de l'époque (droit, médecine, théologie) et de ses représentations intellectuelles.

 

Après la victoire sur les Dipsodes (voir Pantagruel), Pantagruel a donné à Panurge, en récompense, la châtellenie de Salmigondin; mais celui-ci ne tarde pas à dilapider, "en mille petitz banquets et festins joyeulx", les revenus de son domaine (chap. 1-2). + Pantagruel qui lui adresse d'amicales remontrances, il répond par un vibrant éloge des dettes: "Prester et emprunter", telle est la loi qui, d'après lui, régit le corps de l'homme aussi bien que l'organisation du cosmos (3-4).

 

Le lendemain de cette entrevue, Panurge fait part à Pantagruel de sa perplexité: son dessein serait de se marier, s'il ne craignait par-dessus tout d'"estre fait cocqu" (9). Pantagruel lui répond qu'il est difficile de donner des conseils en cette matière: les deux amis vont donc chercher des présages en ouvrant au hasard les oeuvres d'Homère et de Virgile; mais comme chacun interprète à sa manière les passages en question, la perplexité de Panurge reste entière (10-12). La divination par les songes produit les mêmes interprétations contradictoires (13-14), comme la consultation de la Sibylle de Panzoust, du poète Raminagrobis (21) et de l'astrologue Her Trippa (25). Pantagruel assemble un théologien, un médecin, un légiste et un philosophe, mais aucun d'eux ne dissipe les doutes et les craintes de Panurge (29-36). Le juge Bridoye et le fou Triboullet n'y réussissent pas mieux (39-46).

 

Pantagruel et Panurge décident alors d'aller consulter la Dive Bouteille, en compagnie de frère Jean des Entommeures et d'Épistémon. Lors des préparatifs du voyage, les navires sont chargés d'une herbe nommée Pantagruélion, herbe indestructible, aux propriétés admirables, dont l'usage hisse l'homme au rang de la divinité (49-52).

 

Épopée bouffonne dans Pantagruel et Gargantua, le récit rabelaisien prend, avec le Tiers Livre, la forme itérative d'une quête toujours déçue: à la courbe ascensionnelle des épreuves et de l'exaltation du héros, il substitue le cercle, figure de l'impossible issue, et du retour obsessionnel de la même interrogation. Le discours des personnages garde toute sa verve, mais il a perdu sa force résolutive. Encadrés par l'éloge des dettes et l'hymne au Pantagruélion, les déboires de Panurge n'en font que mieux ressortir la détresse d'un langage incapable de répondre à une question prosaïque. Juge, médecin, philosophe, prêtre et magicienne n'ont rien à dire à Panurge - ou plutôt, l'accumulation de leurs discours ne trace aucune voie certaine. La bouffonnerie, dès lors, se fait plus amère et intellectuelle que dans Pantagruel et Gargantua: elle tient à la disproportion entre les affres bien terrestres de Panurge et la mobilisation rhétorique et conceptuelle qui en résulte.

 

D'où vient cette circularité sans issue? Est-elle seulement le fait des pratiques et des savoirs, convoqués par l'obligeant Pantagruel? De l'astrologie à la théologie, du droit à la médecine et à la philosophie, il ne fait pas de doute que Rabelais stigmatise la culture de son temps, et la technicité creuse de ses discours. Mais l'essentiel est ailleurs. Il semble en effet que la question de Panurge, mal posée dès le départ, pervertisse toute la suite de la quête: candidat au mariage, Panurge n'exige-t-il pas, avant d'entreprendre quoi que ce soit, d'en connaître exactement les conséquences? Son fameux "Seray-je poinct cocqu?" résonne comme une litanie d'un bout à l'autre du livre, comme si le futur pouvait faire l'objet d'une réponse ferme et définitive, qui délivre des dilemmes du présent. Personne ne pourra satisfaire Panurge, et il est étrange qu'aucun de ses interlocuteurs ne lui répète le conseil initial de Pantagruel: "En vos propositions tant y a de si et de mais, que je n'y sçauroys rien fonder ne rien resouldre. N'estez-vous asseuré de vostre vouloir? Le poinct principal y gist: tout le reste est fortuit et dependent des fatales dispositions du Ciel" (chap. 10). Pantagruel ne saurait mieux dire. Par ses questions réitérées, Panurge ne tend qu'à se décharger sournoisement de son libre arbitre: exigeant un oracle, il s'en remet à quiconque l'exemptera du soin de décider. Il ne voit pas, ce faisant, que l'ambiguïté propre à tout oracle le condamne à une perplexité infinie. Une nette similitude se dessine, par-delà les siècles, entre la conduite de Panurge et la problématique sartrienne: l'homme est seul devant l'action, aucun signe tiré de la nature ou des livres ne saurait lui prescrire sa voie.

 

Entre l'exaltation conquérante de Gargantua et les apories du Tiers Livre, la rupture n'est qu'apparente. La devise thélémite "Fay ce que vouldras", que Pantagruel pourrait d'ailleurs opposer à Panurge, constitue le point d'articulation des deux récits: libérés de l'obscurantisme et de la barbarie du monde ancien, les personnages, désormais, doivent affronter les difficultés et les angoisses liées à l'exercice de cette liberté nouvelle. C'est paradoxalement Panurge, le destructeur joyeux des dogmes et des traditions figées, qui s'affole à l'idée que l'homme doive forger son propre destin, et que le futur ne puisse être l'objet ni d'un savoir ni d'une maîtrise.

 

Paradoxe d'autant plus étonnant que Panurge, dans les chapitres consacrés à l'éloge des dettes, s'est fait l'apôtre d'un dynamisme universel, d'une généreuse circulation des énergies: "Représentez-vous un monde [...] onquel un chascun preste, un chascun doibve, tous soient debteurs, tous soient presteurs. O quelle harmonie sera parmy les réguliers mouvements des cieulx!" (4). Comment Panurge, en prônant le déséquilibre fécond du prêt et de la dette, ne voit-il pas que sa théorie implique l'idée d'un avenir ouvert, foisonnant de possibilités multiples? Comment, pliant et maniant le verbe en rhéteur joyeux, peut-il quêter frileusement, dans les chapitres suivants, une injonction univoque, qui dispenserait de parler et de s'interroger? Panurge ne serait-il plus Panurge, comme l'ont avancé jadis certains commentateurs de Rabelais? C'est oublier un peu vite le nom du personnage - "le bon à tout" -, qui le rend apte à des rôles variés et même contradictoires. Plutôt que de chercher une vaine cohérence psychologique, il faut voir en Panurge l'incarnation des tensions qui définissent l'homme de la Renaissance - à la fois démiurge et interprète superstitieux de l'ordre du monde: l'ivresse d'une liberté nouvellement conquise n'empêche pas l'allégeance à la tradition, aux savoirs constitués, à une nature mère tout hérissée de signes et de présages.

 

Envisagée de ce point de vue, la cohérence du Tiers Livre est remarquable: les personnages, la structure des épisodes, le mouvement du récit tout entier composent un perpétuel mixte d'énergie et d'immobilisme. La double question des savoirs et des pouvoirs humains est peut-être la plus révélatrice à cet égard. Le lecteur de Pantagruel et de Gargantua serait en droit d'attendre, de ceux-là mêmes qui ont ridiculisé les sciences enflées de leur néant, une attitude moins docile et plus critique en ce domaine. Non seulement les savoirs, convoqués sans ordre et sans méthode, forment cet amas hétéroclite que dénonçait justement Gargantua, mais aucune règle discriminante ne se soucie de leurs légitimités respectives: médecine et divination, droit et astrologie ont la même valeur aux yeux des personnages. Un monstrueux corpus savant finit par envahir le Tiers Livre, au point que la belle autonomie des héros rabelaisiens paraît s'y engluer. Et pourtant, le récit s'achève sur la description du Pantagruélion, hymne à l'énergie humaine, à ce pouvoir d'exploration et de maîtrise du monde qui fait dire aux dieux de l'Olympe: "Pantagruel nous a mis en pensement nouveau [...] par l'usaige et vertus de son herbe. Il sera de brief marié, de sa femme aura enfans. [...] Par ses enfans (peut-estre) sera inventée herbe de semblable énergie, moyenant laquelle pourront les humains [...] envahir les régions de la Lune, entrer le territoire des signes célestes, et là prendre logis" (51). Voici, soudain, que les tergiversations infinies de Panurge passent au second plan: le mariage de Pantagruel, source d'un dépassement prométhéen de l'humanité, ne fait, lui, aucun doute.

 

Quelle conclusion tirer d'un récit qui consacre 39 chapitres à une quête inféconde et 2 chapitres d'épilogue à l'ingéniosité humaine? Pas plus que dans Pantagruel ou Gargantua, il ne saurait être question de privilégier une dimension de l'oeuvre ou l'autre pour s'y réfugier. S'il faut parler d'une "pensée" de Rabelais, elle réside moins dans les aphorismes un peu solennels de Pantagruel que dans l'affrontement de deux conceptions du devenir: l'élan et le risque d'un côté, l'accumulation et la répétition de l'autre. C'est toute la force et la subtilité du Tiers Livre, que de ne pas incarner l'une et l'autre de ces conceptions dans des personnages emblèmes: le texte joue au contraire sur la plasticité de ses héros, sur la réversibilité de leurs orientations au gré des épisodes. Ainsi Pantagruel, prêchant à Panurge l'épargne, accorde au temps une fonction de lente accumulation, qui préserve l'avenir du hasard et du risque; et c'est le même Pantagruel, dans les derniers chapitres, qui inquiète les dieux par son pouvoir d'excéder les limites de l'homme. Grisaille parcimonieuse, griserie des conquêtes: Pantagruel participe-t-il du gigantisme ou de l'aurea mediocritas?

 

Cette ambivalence indique peut-être que les héros - tout comme l'humanisme en ce milieu du XVIe siècle - se trouvent à la croisée des chemins. Entre la consolidation des acquis et l'euphorie du changement, entre la sécurité du sens et la relance vertigineuse de l'interrogation, ils semblent partagés. Est-ce un hasard, au fond, si le Tiers Livre occupe le milieu de l'oeuvre rabelaisienne?

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journal de bord, jeudi 5 mars 2011

L'été prématuré nous tend, aujourd'hui encore, ses ailes.

 

Je peux prendre le large. A condition de ne pas (trop) me prendre la tête. On m'attend à l'autre bout de la Belgique. Mon coeur dit oui.

 

Je limit'rai ma besace à ma guitare et mon ukulélé. Le sac à dos restera sag'ment à la maison.

 

Quand je limite le parcours sur quatre jours (c'est déjà pas mal), avec un minimum d'effets que j'ai mis dans mes instruments, ça peut tenir la route. En cas de manque, on avis'ra sur place. J'ai toujours pratiqué de la sorte quand je m'envolais sur la route.

 

"Mais maman, je suis déjà chargé

Quant au reste, je peux m'en passer ..."

 

Divine inspiration !

 

Prémices futurs !

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LES IMAGES DU PAUVRE

 

                               Enfant je possédais des images pieuses que j’échangeais contre des capotes anglaises aux soldats américains venus libérer notre territoire occupé par des images de bottes.

                               J’en faisais des ballons.

                               Enfant sans fric, je préférais le mystère de la bulle d’air et le terrible pouvoir qui la saignait quand elle partait découvrir un monde que je me contentais d’imaginer plein d’avions, de bombes et de types méchants avec des couteaux partout, même dans le coeur, jusqu’à la garde des rêves.

                               Je n’écrivais pas encore.

                               J’avais le temps de rêver, suprême délice, le temps de percevoir le temps, jusqu’au jour où mes images se mirent à tournoyer, à encombrer mes instants, à grelotter à la porte de mes mains, à écumer des métaphores.

                               J’aurai voulu les tuer. J’ai tenté de les fuir. Elles ne se laissèrent pas faire, dévorant mes répits, broyant ma vie, je devins inconscience.

                               J’étais en perdition.

                               Les sauveteurs de tous mérites m’offrirent leurs services : j’abusais de leur mansuétude couarde, car ils ne désiraient pas m’aider à canaliser, à trier, à classer, ils lorgnaient mes images pour les faire à leur semblance. Ils voulaient, les saints hommes, me jeter dans le moule à copie conforme, me faire bouffer du calque, me soumettre à l’offset pourtirer à multiples exemplaires des stéréotypes à leur dévotion.                      Mes images ne se laissèrent pas duper, elles étaient filles pas faciles d’une insoumission révolutionnaire.

                               Quand pris-je conscience qu’il fallait que je m’en sorte seul ?

                               Je ne saurais le dire avec exactitude, mais dès lors je vis un grand nombre de rats sauter du navire et une salubre tempête les noya queue et tout.

                               Je sus très vite qu’il me faudrait faire un pacte avec les mots : les tractations furent longues et pénibles, j’avais tant à apprendre.

                               Mes facultés nécessiteuses manquaient de vocabulaire, de connaissances et de livres. Je possédais mes images il fallait leur apprendre à faire l’amour.

                               Ce ne fut pas une mince affaire : combien de procédés, de recettes, de trucs, de traquenards, de pièges, de tindelles, dus-je utiliser ? mais les malignes trouvaient toujours une issue de secours.

                               J’appris des autres qu’on pouvait donner langue au hasard, utiliser les lettres et aller promener des squelettes d’images dans des chantiers indifférents, l’agencement scientifique des structures, l’insignification du signifiant, les alléas formidables des ordinateurs, l’impersonnalité des paris suggérants.

Pouvais-je refuser d’en tenir compte ?

                               Mais que devenaient mes images à langues multiples sans le choix créatif d’une loupe installée à hauteur de quotidien ?

                                               JE VOUS LE DEMANDE.

 

 

 

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L'immensité du ciel.

Cette immensité qui nous ouvre son ciel

bleuté les jours de clame et tranquillité

J'aime ces oiseaux volant dans le bleu

ces éclats de vie , cette éternité....

 

Si belle la vie qui s'ouvre à nos yeux

Azur comme l'eau de la mer reposée.

 

Cette immensité nous parle des océans

de cette vie opale , transparente ....

Ces vastes dauphins se jouant du temps.

 

clareté parfois troublante

careté parfois étonnante.

 

Ce qui m'étonne  c'est l'immensité

Vaguant aux grès des sentiments

elle nous révèle à nous même

elle nous parle tout simplement.

 

 

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

12272731100?profile=originalIl est encore temps de vous précipiter…encore à l'affiche jusqu'au  07/05/11

 

De l’excellent théâtre satirique contemporain,  et même classique, pour l’observance de la  règle des trois unités. Le texte est d’un sarcasme exquis. Le collège catholique Saint-Nicolas respire lui aussi la règle, la rigueur, la vertu. Sa directrice, sœur Aloysius admirablement interprétée par Patricia Ide a la voix sèche comme des feuilles mortes, le visage fané et jauni, la paire de lunettes austère, la cambrure des reins hautaine,  la coiffe et la pèlerine, noires de paranoïa. Elle a même entamé une campagne de mauvais aloi contre les stylos à bille. 

 En 1960 dans le Bronx, c’est  le seul établissement  scolaire qui permettra l’accès au lycée et ensuite à l’université. Donald Miller, 12 ans, est un enfant isolé et aussi un enfant  de couleur,  le seul parmi ses congénères. On apprendra qu’il est battu par son père car dans l’air… il y a des doutes, sur « ses tendances ». Accueillant, charismatique, rêvant que l’église s’ouvrira à plus d’humanité et moins d’hiérarchie, que l’enseignement a une vocation progressiste, le père Flynn (le talentueux Olivier Massart) écoute l’enfant esseulé.

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 L’air étouffe de non-dits, mais ce qui se dit est que ce prêtre a sans doute des attitudes ambigües avec cet enfant protégé par sa mère mais sauvagement rejeté par son père.

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Cela dérange, cette passion du jardinier de voir s’épanouir dans la douceur, les jeunes qui vous sont confiés. Les mêmes reproches s’adressent à Sœur James, (la radieuse Caroline Kempeneers), jeune professeur d’histoire, toujours en  mal d’approbation mais si inspirée dans sa générosité de cœur. Elle aussi fait tache dans cet univers caverneux. « Ne vous laissez pas séduire par leur intelligence ou la vôtre », prévient la directrice. «  La satisfaction est un vice ! » « Donnez le cours d’histoire sans y donner le sucre ! » « Les professeurs naïfs sont souvent dupés » lâche-t-elle d’un ton glacial.  Le père Flynn joue au basket au soleil et prépare avec une créativité nouvelle  le spectacle de Noël. Las ! La directrice est forte de ses certitudes et fera une campagne féroce contre le prêtre, armée de sa seule conviction personnelle sans aucune preuve contre lui …

 

Cris de corbeaux, jardin de cailloux, phrases à double sens, humour mordant, atmosphère nauséabonde, tout contribue à l’éviction du généreux homme. Les larmes aux yeux, la mère de l’enfant, plaidera pour un peu de mansuétude et posera cette question troublante: « Pourquoi avez-vous besoin d’être  si sûre de quelque chose dont vous n’êtes pas sûre ? ». La directrice, méprisante et  inaccessible,  sait ce qu’elle a à faire et  l’enfant pleurera.

 

 Le rythme du spectacle tient le spectateur aux abois, le texte tourmente,  les interprétations engagées du quatuor de  personnages sont magistrales, la comédienne africaine, Babetida Dadjo, est un régal d’humanité. Le public du Public, immensément reconnaissant, bat cinq retours sur scène consécutifs. Doute ? A conjuguer sans doute … à l’impératif.

 

DOUTE

de John Patrick Shanley

 


Mise en scène: Michel Kacenelenbogen / Avec Patricia Ide, Caroline Kempeneers,

Olivier Massart, Babetida Sadjo

 

DU 22/03/11 AU 07/05/11

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=265&source=videos

 

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