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comédie (198)

administrateur théâtres

Quand Molière rencontre la Comédie Kapel

Avec Les Fourberies de Scapin

 Scapin : Fourbe ou redresseur de torts ? Coquin de la dernière espèce ou joyeux luron ? On penche pour les deux ! Mais dans Naples, il n’y a pas de valet qui fut plus dévoué à son maître. Scapin brille de malice et de stratagèmes pour amadouer les pères rétifs, mais aussi pour commettre des actes pendables, mais finalement se faire pardonner son credo de la transgression ! Merci Sylvestre, ce grand Saint !

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Une version ni littérale ni de pur style littéraire, mais de celle qui vous fait vous rouler dans le bonheur du partage. Le mot clé ? Une totale spontanéité des 6 artistes et une réelle adhésion populaire de l’audience. Partant, une excellente pièce de théâtre, tout de même signée Molière (1671). Résultat : une salle hilare, des applaudissements nourris et des souvenirs plein la tête.

  

Le personnage principal, le rusé Scapin oscille entre l’Arlequin italien et notre très belge Tijl Uilenspiegel. Et ce n’est pas qu’une question de chapeau. Un élément d’ailleurs très bien exploité pendant la pièce. Costumes d'époque, cela fait toujours plaisir ! 

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Les personnages féminins, rassemblés en une comédienne fulgurante jouent les heureux mélanges : La jolie Zerbinette victime d'un rapt à 4 ans, libérée des cruels Egyptiens par l'intervention de Léandre, a un caractère trempé, contrairement à la sentimentale Hyacinthe, inquiète de l'avenir de son mariage avec Octave... on adore l’Egyptienne, bohémienne, diseuse de Bonaventure, chanteuse, manipulatrice et femme fatale dans ce monde ...où les mères ont disparu. 

 

 Cette comédie farceuse du XVIIe siècle mais bourrée d'anachronismes, moque en long et en large la figure du Père, qui se voit systématiquement critiquée pour ses insatiables abus de pouvoir. Pour preuve : deux pères ridicules qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau : avares, autoritaires, égoïstes, on finirait bien par les mélanger tant Molière voudrait nous rendre odieux ces parents qui veulent marier les enfants contre leur inclination. Grimaces, postures grotesques, on se régale de voir ces « chefs de famille » se faire berner par Scapin et compagnie. L’humour est mordant, jamais méchant, et les spectateurs s’en donnent à cœur joie.

 

Quant à Sylvestre, l’autre valet, il vole presque la vedette à Scapin, car on aime sa profonde bénévolence ! Les deux compères réussissent à faire alliance malgré le côté plus maléfique de Scapin et se trouvent sacrément complices presque jusqu'à la fin !

 

Trèves de bavardage, le comique de situation bat son plein. Avec force de coups de bâton, d'humour à la louche, et d’inversions de rôles. L'intrigue est bondissante, les mélanges linguistiques et imitations d’accents sont savoureux et l’ensemble est fort réjouissant. Fun ! Bernard Lefrancq avec ses airs de de Funès ? Sans compter le plaisir partagé, de part et d’autre de la rampe en coquilles Saint-Jacques, …d’avoir pu tromper les puissants paternels, vengé les maltraitances, conspué l'avarice, et peut-être, changé l'ordre des choses.

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Un valeureux casting s’est emparé de l’aventure : Benoît Strulus, Bernard Lefrancq, Colette Sodoyez, Marc De Roy, Cédric Lombard et Bertrand Lapièce. Ils ont sillonné joyeusement les routes de Wallonie et projettent de débarquer sans doute dans les écoles. On salue bien bas cette heureuse initiative qui célèbre le verbe, le cœur et la justice. Tout cela accompagné d'une équipe fort accueillante lors du spectacle CCWO. Et Vivent ces fiers saltimbanques, venus nous ébaudir à Wezembeek Oppem  pour un heureux 27 septembre!



 

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

 

 

 Crédit photos: Aude Vanlathem

Au Centre Culturel et de Jeunesse de Wezembeek-Oppem

 Par la Comédie Kapel, troupe de théâtre professionnelle

Téléphone : 0479 /12 86 17
E-mail : comediekapel@gmail.com

 

 

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administrateur théâtres

MOMO – Une farce… qui vous serre la gorge

On croyait s’installer à Genval, sur l’herbe ou dans les chaises longues sur les copeaux de bois pour une soirée légère, on est ressorti, ayant bien applaudi, le cœur partagé entre éclats de rire et pincements à l’âme.

 Momo, au Théâtre de la Toison d’Or (en collaboration avec le festival Il est temps d’en rire à Genval), c’est ce genre de pièce qui vous prend par surprise : d’abord joyeuse absurdité, explosions de rires, puis glissement insensible vers des zones plus sombres, plus poignantes.

La situation, déjà, est un bijou de surréalisme : un couple sans enfants voit débarquer chez lui un jeune homme qui parle bizarrement mais affirmant après bien des tâtonnements vocaux, être leur fils.  Il finit par annoncer qu’il va se marier, invite chez eux la petite amie pour les présentations aux « parents », à la façon d’un thriller surréaliste, tout semble concourir à prouver qu’il dit vrai. Absurde ? Oui. Mais aussi terriblement troublant. Car derrière la farce, c’est notre rapport aux liens, au sang, et même à la mémoire qui vacille.

Explosion de rires donc, grâce à des dialogues acérés et à des situations qui ne cessent de flirter avec le boulevard… mais le comique est comme une peinture posée sur une façade malade. un vernis posé sur la coque d’une barque fendue et alors apparaissent les tragédies humaines que chacun porte. Le texte de Sébastien Thiery (déjà comparé par certains à un Koltès en goguette) tisse ce trouble avec un art consommé.

Et puis, il y a l’équipe : une Hélène Theunissen magistrale, virtuose de toutes les féminités, Thibault Packeu, un Benoît Van Dorslaer absolument parfait et Aurianne Servais, tous au sommet de leur engagement de comédiens. Chacun apporte sa couleur : exubérance, tendresse, colère, comique, sérieux,  folie douce… Le metteur en scène Thibaut Neve avoue : « Il y a des textes qu’on porte en soi sans savoir pourquoi, jusqu’au jour où des comédiens vous révèlent la clarté du mystère. » On comprend mieux en voyant la précision avec laquelle il cadre l’absurde, sans jamais le laisser déborder en pur non-sens.

Si l’on devait trouver un bémol, il serait peut-être dans ce balancement : certains spectateurs voudront rester du côté du rire pur et se sentiront déstabilisés par les teintes plus graves qui s’installent. Mais c’est justement ce qui fait la force du spectacle : cette sensation d’être entré dans une comédie, et de ressortir de cette incroyable fable humaine, un peu échevelé. Fils de personne, enfant de tous, Momo nous rappelle que l’absurdité, parfois, c’est la plus belle façon de parler au cœur. Et, au diable les puristes des  filiations de sang !

 

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Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

🎭 Infos & réservations : ilesttempsdenrire.be 

 

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administrateur théâtres

Kean Ressuscité au théâtre des Galeries

Spectacles

Kean en crescendo saisissant au Théâtre des Galeries

Mai 2025. Pari osé, pari tenu. Le Théâtre des Galeries ressuscite Kean, d’abord imaginé dans une pièce en 5 actes, par Alexandre Dumas en 1836, puis transfiguré par Jean-Paul Sartre en 1953, dans une version dense, réflexive, parfois vertigineuse.

Ce qui aurait pu devenir une représentation poussiéreuse de héros de théâtre romantique, sous les traits d’un menteur professionnel, se révèle être une mise en abîme haletante de l’identité, du jeu, et de la solitude de l’artiste torturé.

Daniel Hanssens y est immense. La pièce repose presque entièrement sur ses épaules. Et quelles épaules ! L’acteur belge, connu pour sa générosité scénique et son ancrage populaire, atteint ici une forme de sommet dans la tragi-comédie. Il mêle avec virtuosité la gouaille de Falstaff, les états d’âme d’Alceste, le questionnement d’Hamlet, la sauvagerie d’Othello, la débauche de Don Juan. Couvert de dettes, il est tour à tour clown, tragédien, ivrogne, séducteur, enfant blessé. Il passe d’un masque à l’autre sans jamais perdre de vue l’abîme intérieur de Kean : un homme qui ne sait plus où finit le théâtre et où commence la vie. Dans certaines scènes, particulièrement celle du miroir, Hanssens semble littéralement se désincarner : le public, suspendu, devient témoin d’un effondrement autant que d’une révélation.

« Kean », c’est nous, c’est vous, c’est tout lui.

Dans cette triple identification, on entend l’écho de l’existentialisme de Sartre : l’être humain n’est pas une essence figée, mais une construction perpétuelle à travers ses actes, ses choix, et son regard sur soi. Kean, comédien qui perd sa propre identité dans ses rôles, devient un miroir dans lequel chacun peut se voir. Nous sommes tous, à un moment donné, des “Kean” : tiraillés entre l’image que les autres attendent de nous et notre vérité intérieure, fuyante, mouvante, insaisissable.

Jean-Paul Sartre dans sa réécriture de Dumas ne se contente pas de moderniser un texte : il y insuffle sa vision de l’homme, de la liberté, de la responsabilité. Kean, dans ses mains, devient un être en crise, en lutte avec l’absurde de l’existence, avec la nécessité de jouer un rôle — littéralement et symboliquement — pour être aimé, reconnu, exister. Le théâtre devient le lieu même de la conscience de soi.

Daniel Hanssens est la chair de ce mythe. Il ne joue pas Kean : il le devient, au sens sartrien du mot. Il incarne la complexité humaine, dans toute sa grandeur et ses failles. Il nous rappelle que le comédien, comme tout homme, est condamné à la liberté — à la fois bénédiction et fardeau. Par son jeu, il révèle que l’acteur et le personnage, l’homme et son rôle social, ne font qu’un dans le vertige de l’existence.

La mise en scène d’Alain Leempoel opte pour une esthétique épurée : peu de décors ou de mobilier, à part des immenses livres grands comme des portes, et 5 grands miroirs à bords dorés, flottant, avec ou sans tain. Ils captent les personnages ou ceux-ci  les traversent. Des lumières tranchantes, des points de fuite changeants. Partout, les livres de Shakespeare en édition ancienne, jouent les géants silencieux qui montent la garde des lieux, du temps de de l’action. Tout conduit à arracher les voiles de l’hypocrisie et à rendre compte des impostures. Seul le décor de la taverne nous ramène au réalisme du début du 19e siècle. Ce dépouillement sert le propos : l’essentiel est dans le verbe, dans le geste, dans la tension entre ce que l’on est et ce que l’on prétend être.

Ainsi, la troupe solide papillonne avec effervescence autour du lion Kean, cet acteur qui a réellement existé, figure publique adulée, et cependant …aux pieds d’argile, perpétuellement inquiet dans sa quête bouleversante de lui-même et le désir ardent de changer le monde. La mièvrerie, les grimaces, les jeux de dupe, la cruauté, s’entrechoquent autour de lui alors que les rires et l’amusement s’enchaînent la salle. Tous, les comédiens sont de brillants personnages bien ciselés, que ce soit l’aubergiste (Marc De Roy), Salomon, l’intendant de Kean (David Leclercq) ou le ridicule Lord Mewill (Pierre Poucet). Avec trois autres comparses réputés de la comédie : Robin Van DijkVirgile Magniette et Michel Hynderyckx, chacun participe à sa façon au crescendo du jeu de massacre qui se produit au cours de cette effarante construction équilibriste.

Le rôle d’Elena, comtesse de Koefeld (Laurence d’Amelio), épouse de l’ambassadeur du Danemark (Jean-Michel Vovk) est magistralement tenu ainsi que celui de la très merry wife, Amy, comtesse de Gosswill (Christel Pedrinelli), elle aussi, amoureuse du King !

Le rôle du prince de Galles, très improbable ami de Kean, est campé avec le brio du gentleman éternel par l’élégant Dominique Rongvaux.

La pétulante Shérine Seyad, en comédienne en herbe qui ne s’en laisse pas conter, nous séduit par sa franchise et sa vivacité.

Il faut cependant admettre que c’est le monologue intérieur de Kean — incarné dans chaque regard, chaque intonation, chaque geste — qui sculpte vraiment le cœur du spectacle.

Kean, pièce sur le théâtre, nous confronte sur notre manière de jouer à être, chaque jour. Dans cette version incisive et dépouillée, le Théâtre des Galeries offre bien plus qu’un spectacle : toute une expérience existentielle. Un miroir tendu, déformant et troublant. On en sort secoué, peut-être, plus authentique ?

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour le réseau Arts et lettres 

  Kean » D’Alexandre Dumas et Jean-Paul Sartre, Du 30 avril au 25 mai 2025 , Billetterie : du mardi au samedi de 11h à 18h – 02 / 512 04 07

 

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administrateur théâtres

Spectacles

Oui aux artistes!

Au-delà de la peinture des caractères humains éternels, une Leçon de Lucidité ?

Par les temps qui courent, c’est tellement réjouissant de pouvoir retrouver sur scène l’un des joyaux du répertoire notre cher Molière ! On a donc couru au théâtre Le Public, un beau dimanche après-midi d’automne, flanqués de notre jeune famille, bien préparée à la découverte du Tartuffe, comédie en 5 actes et en alexandrins (1667).  

Or, tout de suite, nous voilà pris par surprise : la joie fait place à une situation de crise intense. Nous voilà, face à un plateau absolument vide, sans le moindre accessoire, sauf les murs recouverts d’une magnifique tapisserie florale – conçue par Renata Gorka – qui nous rappelle le très beau tapis de fleurs bruxellois édition 2024. Devant ce décor minimaliste, on retient son souffle, car voici que les portes claquent sans relâche, mais ici, avec une brutalité bien loin de la bonne humeur qui préside aux comédies de boulevard. Que se passe-t-il ?

Une foule de personnages vêtus de riches costumes d’époque (Chandra Vellut), tels ceux des tableaux de Velasquez ou Watteau, s ‘agite et met à courir, s’invectiver dans tous les sens, comme autant d’êtres affolés

A rat race ? dirait-on en anglais !  Serait-on brusquement projetés à l’entrée de jeu dans une immense souricière d’un monde Orwellien ?  Non, on va juste voir se dérouler devant nos yeux les innommables fourberies du Tartuffe, passé maître dompteur des imbéciles heureux.

Heureusement les riches alexandrins du XVIIe siècle, faits pour ravir l’oreille, démentent par leur harmonie une plongée directe dans l’enfer ! Et les habiles jeux de lumières qui épousent les moindres émotions sont aussi là, pour nous sourire.

En effet, la mise en scène fulgurante de Michel Kacenelenbogen immerge tout de suite les personnages dans une violence inouïe. Madame Pernelle, la mère d’Orgon, jouée par une Jacqueline Godinas enflammée, est devenue une mater familias tyrannique, hystérique et hargneuse. Toute vêtue de noir et de mauvaise foi, elle semble plutôt habillée d’une indécrottable bêtise. Oui, penchons pour la bêtise…  On comprend qu’elle se trouve sous l’emprise du répugnant Tartuffe, un monstre d’hypocrisie et d’avidité qui l’a entortillée. Vouant à son idole un culte inconditionnel, elle vocifère tous azimuts dans ses atours de vieille duègne espagnole acariâtre. D’ailleurs, personne ne comprend sa colère.  Elle préfigure la folie qui a atteint son fils, un incorrigible Orgon, noyé par une crédulité et une naïveté sans nom.  

 Lorsque le faux dévot prétentieux paraît enfin, on le voit tendre un mouchoir à Dorine, la gouvernante de Mariane (Anne Sylvain)« Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! » Le cuistre ! L’imposteur !  Premiers rires, très bienvenus ! 

 Le pauvre Orgon si bien interprété par Laurent Capellutto, se trouve bientôt totalement à la merci du prédateur. À genoux, il ira jusqu’à l’embrasser dans un fervent enlacement…. C’est ainsi que l’on fait avec les gourous, non ? Incapable de proférer la moindre parole, on le voit tel un lamentable animal désespéré, courant en rond comme un fou dans une cage, pris définitivement au piège, dans une scène qui fait froid dans le dos.

 Voilà qu’il n’y a plus d’écart entre le plateau et les spectateurs… Les émotions de part et d’autre sont trop vives. Cet Orgon si tristement dénué d’entendement ou de la moindre dose d’esprit critique fait peur. Est-il possible ? Le spectateur, irrité, irait bien le gifler pour le rappeler enfin à la réalité !

 Ni les efforts répétés de son entourage, ni les preuves vivantes de la fourberie de son « ami » fournies très explicitement et charnellement par sa jeune femme Elmire (Jeanne Kacenelenbogen), ni l’amour qu’il pourrait éprouver pour son adorable fille Mariane qu’il veut faire épouser contre son gré par Tartuffe, ni la perte de ses biens, rien ne vient l’éclairer. Victime et proie de choix, il est totalement aveuglé et danse au bord du gouffre jusqu’à la chute finale… Les temps ont changé depuis Molière. Il fallait oser dans cette production !  Une licence poétique a décidé de ne concéder aucun cadeau à un scénario optimiste et transforme le cauchemar de plus en plus aigu en thriller éblouissant.

 Symbolique. Bonnes gens et populistes de tout poil, réveillez-vous, ne voyez-vous pas se profiler une fumisterie généralisée ?  Les mensonges en série au goût de pain béni, tueurs et vainqueurs de notre esprit critique ?  Les pantins que vous pourriez devenir ? L’ignominie du profit personnel qui avale toutes nos valeurs ?

 Heureusement la salle crépite souvent sous les rires, bercée par la langue si savoureuse de l’illustre Molière… C’est le très brillant Pietro Pezzuti qui incarne le machiavélisme aux mille et une nuances du Tartuffe et on déguste vraiment sa manière de jouer. En effet, le comédien se glisse avec un art consommé dans le personnage de Tartuffe, sournois si totalement diabolique, dénué de moralité et dépravé…

 Et Bravo à ceux qui résistent courageusement : …Cléante, le beau-frère d’Orgon qui tente de faire comprendre à Orgon qu’il nage en plein délire.

 « Vous les voulez traiter d’un semblable langage,

Et rendre même honneur au masque qu’au visage,

Égaler l’artifice à la sincérité,

Confondre l’apparence avec la vérité ? »

 De jolies palmes reviennent aussi à Valère, l’amant de Mariane et à Damis, ce pauvre fils finalement jeté à la porte par un père guignol !

 Bien heureusement aussi, la jeune et pétulante Lily Dupont, pour la première fois sur les planches du Public, qui incarne du haut de ses 21 ans la frêle Mariane, séduit à la fois par l’innocence de son charme mais aussi par son jeu aiguisé et sa jeune combativité tellement actuelle.  Capable de nous rassurer enfin que nous pouvons toujours choisir …de ne pas être dupes.

 …Et nos jeunes spectateurs, d’être éblouis par cette tartuffiade plus que réussie !

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour le réseau Arts et lettres  

 Crédit photos: Ph Gael Maleux

Distribution

Jusqu’au 7 décembre 2024  Infos & Réservations: 02 724 24 44

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administrateur théâtres

Du 03 > 20/10 2024 au théâtre de la Valette, à Ittre, une première en Belgique

Interprétation : Christel Pedrinelli, Séverine De Witte, Laura Fautré & Bénédicte Chabot, la mise en scène de Fabrice Gardin, décors de Léa Gardin

Pour survivre, elles ont choisi la retraite qui sauve, la réclusion volontaire, cloîtrées dans une maison provinciale au milieu de nulle part. Il leur a fallu quitter le monde, ce monde extérieur hostile de la violence avérée des hommes. Ainsi, résister, se barricader, comme dans les villas romaines, contre les barbares. Quitte à mourir de faim et à même halluciner, une vieille pratique intuitive moyenâgeuse pour conjurer le mal ? Le curseur est sur la détresse absolue.

All in the same boat… n’est-ce pas ?

Face à la misogynie structurelle vécue, l’union fait la force malgré les différends et les chamailleries féminines. Ainsi, ces quatre femmes rangées se retrouvent attablées dans des scènes d’ébriété surréaliste. La mère autoritaire en tête. Face au public, comme découpées entre les panneaux verticaux du décor, elles apparaissent comme quatre points cardinaux pour un bateau fantôme : Fluctuat nec mergitur.

Au nord, qu'elle semble avoir perdu, il y a Violet, cette mère qui a souffert tant et plus de la tromperie et des sévices des hommes. Elle combat la dépression à coup de pilules roses.

Au sud : c'est Brown, une de ses filles, exploratrice relationnelle intrépide des insectes et des hommes. Elle est blonde comme les blés, se passionne pour l’encadrement des papillons, libellules et amants de trois jours.

À l’est : Black. Le soleil intérieur de la jeune artiste incomprise dessine, peint et chante coûte que coûte, au besoin, dans une langue inventée. C’est l’aînée de la famille, la plus vaillante ?

Enfin, tout à l’ouest : Blue, la dernière de la famille, personnage terriblement complexe et attachant ; elle fait ...de la divination. Comme ses demi-sœurs, elle porte une couleur du désespoir. Elle a d’ailleurs voulu offrir ses poignets au cutter, à la suite de la mort attendue de son père. Sa vie est-elle suspendue à un fil ? Vit-elle dans l'entre-deux ? Atteinte par la folie d’amour, elle fascine par ses plongées en apnée dans le mystère…

Le spectateur invité dans leur huis-clos ne sait absolument pas de quel côté penchera leur navire solitaire. Vers l’humour, surtout …noir ? L’auto-dérision ? Les interminables disputes de gynécée ? L’ironie du destin ? Le jeu infernal des sortilèges ? Un monde de sorcières ? L’amour quand même, mijotant dans le creuset de la sororité ?

Sachez seulement que le jeu en vaut vraiment la chandelle. Tant celui, impeccable, des comédiennes est haletant, et tant a force dramatique est sans cesse renouvelée. Surtout que personne, ni elles, ni le public ne s'attend au moment de bascule qui fera éclater leur mode de "mortes à la vie".

Or, dans la pire extrémité, voici de l’or véritable : les voilà soudain projetées dans une scène inoubliable, baignées d’amour et de lumière dans l’intimité d’une salle de bain. La sublime mise en scène de Fabrice Gardin les éclaire via le moteur humain inné de la compassion et de la solidarité. Car le moteur, n’est-ce pas, ce n’est pas l’argent, le travail, l’amour, le désir….

« Πάντα χωρε κα οδν μένει » C’est Héraclite, n’est-ce pas qui affirme que « tout passe et rien ne demeure ». Tel un navigateur à bout de souffle sur son radeau, le spectateur se voit donc chahuté et bouleversé à maintes reprises par toutes ces tempêtes émotionnelles successives…

 Il y aurait-il tout de même une sorte d’ange qui veille sur elles ? Ou, siègerait-il carrément en l’une d’elles ? Surnage donc cette certitude vitale qu’il est bon d’écouter les ailes des anges qui poussent irrésistiblement. Et ça, c’est la bonne nouvelle !

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour le réseau Arts et lettres  

 

https://theatrelavalette.be/

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administrateur théâtres

They did it! A la Comédie de Bruxelles

En tournée.... 

                        Titulaire du prestigieux Prix Maeterlinck de la Critique, Daniel Hanssens, sacré roi de l’humour, a tout fait  : cinéma, enseignement, comédies musicales. Qu’il soit comédien, metteur en scène, réalisateur… ce qui lui importe depuis quarante ans, c’est le public. Et dernièrement, du 12 au 17 mars 2024 au Centre culturel d’Auderghem avec sa création de "Ladies Night", il a fait un vrai tabac devant public joyeux et  sans complexe, ravi de jouer  le jeu par un accueil délirant.

                        Cette pièce qui se termine par un effeuillage intégral pourrait sembler un brin racoleuse, mais non! Qu’il pleuve ou qu’il vente, Daniel Hanssens sait prendre des risques et doit avoir une bonne étoile. On sent qu'il a comme impératif la flamme de la création, surtout si ça sert l’humain, l'humour et la bienveillance.  Ainsi,  cette pièce montée avec brio est une vraie partie de plaisir.   Voilà une  adaptation belge très réussie  de l’une des meilleures comédies britanniques des années 1990 “The Full Monty” ( traduire “ Le grand Jeu”) de Terrence McNally et David Yazbek, film inspiré  lui-même, de la pièce de théatre LADIES NIGHT écrite en 1987 par Anthony McCarten et Stephen Sinclair.

                       Le pitch: les usines ont fermé et des hommes désemparés et au chômage se retrouvent au café du coin. L’homme contre la machine, vous connaissez? Humiliés et  confrontés au manque d’argent, ils broient du noir. Le hasard leur fait soudain un monumental clin d’œil et voilà l’un d’eux prend les devants et veut convaincre les copains de monter un spectacle de strip-tease masculin pour gagner de l’argent et se refaire une dignité. Le feront-ils ou pas? That’s the question ! Valse hésitation, réticences, peur du regard des autres… estime de soi à zéro, on n’en aura jamais fini avec la misère et l’exploitation des petites gens :  le tenancier du bistrot, un black, un meneur, un rondouillard, un timide, une grande gueule, et un rocker. Mais ils  finiront par sortir le grand jeu, et se prouver qu'ils existent malgré leur détresse sociale, familiale et morale.  Sept hommes ... et une femme! 

                       Tous les genres de comique y passent, le public rit de bon cœur devant les situations les plus scabreuses, le vocabulaire et les postures osées.  Côté public, on se livre avec délices à une vraie conjuration du rire. Daniel Hanssens  rappelle que la nudité n’est pas le propos. «Ce sont avant tout des paumés qui veulent s’en sortir. Ils sont à bout, ne savent plus payer leurs traites, craignent que leur femme les quitte. Se mettre à nu sera pour eux comme une nouvelle naissance, une manière de se refaire une place dans la société. A l’heure où le taux de chômage ne cesse de grimper, cette pièce est terriblement actuelle. »

                        Après  une semaine de succès ininterrompu au Centre Culturel d'Audergem, si vous ne les avez pas vus,  foncez  les voir au Centre Culturel d'Uccle ! 

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour Arts et Lettres

 

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Mise en scène de  Daniel Hanssens, Assistant à la mise en scène Victor Scheffer

Avec;  Philippe Résimont, Eric de Staercke, Michel Hinderyckx, Pierre Pigeolet, Frédérik Haugness, Georges Lini, Bruce Ellison et Rosalia Cuevas

Décor Francesco Déleo

 Aux Lumières: Laurent Kaye

 Une Production de  la Comédie de Bruxelles qui fête ses 20 ans

 

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administrateur théâtres

SPECTACLES

De part en part, un combat résolument moderne

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  L’excellent Guy Pion dans une antique école des femmes? Un poids plume peut-être, mais qui fait pourtant vraiment le poids face à  Lysistrata, la très brillante Anoushka Vingtier et ses huit filles extraordinairement vaillantes. Car les voilà de plus en plus convaincues et résolues à changer le monde pour rétablir enfin la paix.  En effet, la triste et sanglante guerre du Péloponnèse  dure depuis vingt ans entre la démocratie d’Athènes, grande puissance maritime et la ligue du Péloponnèse, menée par la très oligarchique et jalouse Sparte. Celle-ci n’hésitera d’ailleurs pas à s’allier avec Les Perses, ennemis jurés des grecs, pour signer la chute définitive de la Grèce antique de Périclès. Ainsi, Athènes ne sortira finalement  du feu et de la folie  qu’en 404 avant notre ère, vaincue et humiliée.

  Gravité et sérieux animent donc cette belle comédie d’Aristophane, produite en 411 avant notre ère, en signe de courageuse opposition aux  va-t-en-guerre. Cette oeuvre du grand comique est bourrée bien sûr de jokes  d’humour sauvage et licencieux typique de l’auteur antique.  Faisant quelque peu le ménage dans les allusions phalliques, l’adaptation parfaitement inspirée de Thierry Debroux est succulente d’esprit, regorge de savoureux anachronismes et  apparaît néanmoins pleine de consistance. Telle sa version vraiment frappante du mythe de la caverne de Platon qui commence ,en citant …Socrate. En joue, au-delà de la guerre : la corruption, ces politiciens véreux qui profitent de la guerre, le patriarcat égoïste plein de superbe, la soumission silencieuse des femmes, le triste statut des esclaves, les oubliés de la société. On retiendra la magnifique Keisha, cette merveilleuse servante  intelligente jouée par Alex Lobo.

En hommage? A la lutte viscérale des femmes pour la paix, au retour de la vie et de l’harmonie.  Même si, dit le texte, « le pire ennemi de la femme, c’est la femme! » Courez  donc voir ce magnifique spectacle, vous comprendrez!

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  Le pitch:  « Lysistrata », un nom qui signifie  en grec ancien « je défais les armées », dépeint la prise par les femmes de la cité de l’Acropole et du trésor d’Athènes gardé par un magistrat  bien heureux dans sa fonction: notre fameux Guy Pion.  À l’instigation de Lysistrata, voilà même les athéniennes unies aux femmes de Sparte, ô les traitresses,  pour interdire toute relation sexuelle avec leurs époux, jusqu’à ce qu’ils se décident à mettre fin à l’innommable guerre.  C’est cela ou la mort de la société!  Non contentes de  passer leur vie à la tenue du foyer, les femmes tiennent bon, réclament leur participation à la vie de la cité, jusqu’à ce que leurs partenaires, désespérés arrangent la paix.  Ainsi, hommes et femmes seront alors réunis.  La grève du sexe aura porté ses fruits!  Le bouquet, c’est ce chœur final d’une beauté bouleversante.  Surtout quand on s’aperçoit qu’il s’agit de l’ode à la Liberté dans  l’émouvante chanson Baraye, écrite pour dénoncer une affligeante réalité de notre monde: l’assassinat en Iran de #MahsaAmini, âgée de  22 ans  à peine, le 16 septembre 2022.

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  Guy Pion et Béatrix Ferauge Photo Aude Vanlathem

Aspasie, la femme du magistrat, cet homme comblé, est audacieuse au lit et totalement soumise à son mari.  Jouée à la perfection par Béatrix Ferauge, elle évolue néanmoins à vue d’œil et rejoint  sans tarder les vaillantes amazones. Toutes : étincelantes de vigueur, de beauté et  de cœur au ventre : Margaux Frichet, Océa Ghonel, Charlotte de Halleux, Tiphanie Lefrançois, Noémie Maton, en fabuleuse Hécate, l’intrigante déesse lunaire et  Emma Seine. Un décor unique: une élégante rotonde de colonnes doriques, bruisse de chants d’oiseaux et de couleurs…  Une  allusion à la tholos de Delphes qui marque l’entrée du sanctuaire d’Appolon et dédiée à Athéna?   De  savants jeux de lumières y reflètent les différentes humeurs depuis l'horrueur de la guerre jusqu’à  la couleur de la cigüe …  Avec cela, des costumes, des maquillages et des coiffures haut de gamme. A la vidéo: Allan Beurms. Et la somptueuse voix de Bernard Yerlès…

  Ce spectacle est donc d’une richesse extraordinaire. La dynamique des combats et chorégraphies  scande le texte sans lasser, ne laissant aucun moment de répit devant le cri  éternel et désespéré des femmes:  il faut sauver le monde du tourment de la guerre!

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

Au Théâtre du Parc à Bruxelles – jusqu’au 14 octobre 2023

Avec Béatrix Ferauge, Margaux Frichet, Océa Gonel, Charlotte De Halleux, Noémie Maton, Tiphanie Lefrançois, Alex Lobo, Guy Pion, Emma Seine, Anouchka Vingtier.

Mise en scène Thierry Debroux Assistanat Catherine Couchard
Costumes Béa Pendesini Lumières Xavier Lauwers
Décor sonore Loïc Magotteaux Maquillage et coiffures Florence Jasselette
Composition des chœurs chantés et coaching vocal Camélia Clair et Daphné D’Heur
Chorégraphie des danses
 Emmanuelle Lamberts Chorégraphie des combats Émilie Guillaume
Vidéos Allan Beurms

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Photos Aude Vanlathem

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Cocktail d’amour et d’humour : La nuit des Rois

Côté tragique: Il n’y a pas d’amour heureux… Côté comédie: All Ends Well!  Puisque les différents amoureux se retrouveront et atteindront  le bonheur conjugal. Mais entretemps, quelle tapisserie gigantesque et compliquée de méprises, de désirs personnels,  de cruelles  frustrations, de motifs secrets et de questions existentielles!  Jouée pour la première fois  en 1602, cette pièce bouleverse allègrement toutes les conventions de la romance et des rôles de genre.


Le rideau s’ouvre sur la mise en scène (Daphné D’heur) d’une  somptueuse tempête qui  sépare deux jumeaux dans un naufrage. Le frère et la sœur se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Chacun pense que l’autre a disparu dans les flots près des rivages de l’Illyrie.  Viola est sauvée. Courageuse, la sœur, prend l’apparence du frère et, déguisée en homme sous le nom de Césario (Margaux Frichet), entre au service d’Orsino, un duc amoureux éconduit par la belle et riche comtesse Olivia (Anouchka Vingtier). Cette dernière, en deuil de son père et de son frère, se fait aussi glaciale que superbe et repousse ses moindres avances. 

  

Aussi, le duc Orsino (Nicolas Ossowski) envoie son émissaire  Césario comme go-between pour courtiser la comtesse Olivia. C’est bien contre  la volonté du « jeune homme », elle qui  est immédiatement tombée amoureuse du comte!  A son tour, et en dépit de son chapelet de réticences, la comtesse Olivia s’enflamme et  tombe irrémédiablement amoureuse du messager. Joli triangle qui entraîne multiples complications. Enfin, tout s’éclaire avec l’arrivée providentielle du frère jumeau de Viola, Sébastian (Maxime Laal Riahi), que l’on croyait noyé. Une bonne façon d’arranger les choses sur le plan matrimonial. Olivia croit en effet que Viola (déguisée en Cesario) EST le  Sébastian qu’elle vient d’épouser deux heures auparavant. Bref, Sebastian a donc épousé Olivia, Orsino épouse Viola, et Sir Toby (Sofian El Boubsi) épousera Maria (Cindy Besson), la suivante d’Olivia, tous deux ravis d’avoir joué un si bon tour  au très grotesque Malvolio, l’intendant de la comtesse, un savoureux bouffon  bouffi de lui-même. On reconnaît la griffe moqueuse du maître de Stratford-upon-Avon, qui ira même jusqu’à l’enfermer derrière des barreaux, où, complètement déconcerté,  il sera traité de fou par tout le monde. Une magnifique interprétation de Didier Colfs.

Car les suppositions, les apparences et la réalité produisent un  passionnant  jeu de Colin Maillard, entre sérieux et rires.  C’est à qui voudra faire croire qu’il (ou elle) n’est jamais celui qu’il est vraiment!  L’histoire, qui se déroule la douzième nuit après Noë,l permet toutes les extravagances et fait miroiter le texte sur  des variations vertigineuses  des verbes être, paraître et disparaître. Le texte bien sûr regorge de double sens et d’humour.   Le décor, très dépouillé, étincelant de blancheur futuriste est d’une extraordinaire mobilité. Les deux constructions  qui ne cessent de voyager silencieusement sur le plateau, comme deux tours qui s’affrontent et se dérobent,   accompagnent silencieusement  le chahut et le suspense des émotions.  Un jeu passionnant qui jette par-dessus bord toute forme de certitude et pose inlassablement la question cruciale de l’identité.

C’est dans un élan irrésistible du cœur que Daphné D’heur et Thierry Debroux se sont attelés à la traduction de l’œuvre. Ensemble, ils ont gommé toutes les références qui auraient  risqué d' ennuyer un public moderne, pour donner une vie extraordinaire à cette belle production made in 21st century.  Tandis que  les  costumes chatoyants d’époque sont un véritable carnaval de Venise qui ancre le spectacle dans la fête et l’intemporalité. Par sa langue habile et son jeu intense, le casting est resplendissant … digne de grandes scènes d’opéra. Puisque… place est faite aussi, à la musique!

Côté magique: tous ces oiseaux du paradis qui poussent sur des rochers noirs battus par les vents et ...cette soudaine  et mystérieuse fleur étincelante en poudre d’étoiles… qui  arrive comme un baiser d'amour. 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres 

Au Théâtre du Parc

Avec: Cindy Besson, Didier Colfs, Enea Davia, Soufian El Boubsi, Margaux Frichet, Maxime Laal Riahi, Nicolas Ossowski, Benjamin Van Belleghem,
Valentin Vanstechelman, Anouchka Vingtier

Mise en scène: Daphné D’Heur

Scénographie: Vincent Bresmal et Matthieu Delcourt

Costumes: Anne Guilleray

Lumières: Philippe Catalano

Maquillages et coiffures: Florence Jasselette

Chorégraphie des combats: Jacques Cappelle

À PARTIR DE 12 ANS DURÉE

2H35 ENTRACTE COMPRIS RÉPRÉSENTATION

DU MARDI AU SAMEDI :20:15

LES DIMANCHES :15:00

LE SAMEDI 18 FÉVRIER 2023 :15:00

RELÂCHE – LES LUNDIS

https://bit.ly/TRP-BILLETERIE

   


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administrateur théâtres

SPECTACLES

« Beau-Papa » de François Dumortier

Du 15 févr. 2023 – au 26 févr. 2023

Succulente Première mondiale à la Comédie Royale Claude Volter dans une mise en scène fulgurante. Écrite par François DUMORTIER, la pièce « Beau-Papa » est une comédie de mœurs bruxelloise rafraîchissante qui détrône avec verve  et belle impertinence le règne de l’argent et le mythe de la réussite sociale. Un délice pour ceux qui ont le cœur à rire…ou à pleurer. Beau-Papa, Belle-Maman, des vocables euphémiques pour conjurer l’intrusion! Sans doute, un spectacle plein d’avenir.

On est à Bruxelles, avec l’accent de RTL. Le jeune Simon (Alexis Goslain) travaille surtout la nuit. Il est illustrateur d’albums jeunesse au pays de la BD. Personnage principal: une Libellule qui s’appelle Hercule. Drôle de nom pour un insecte aussi léger et gracieux! Aucune crainte du ridicule. C’est la création qui compte, n’est-ce pas? 

Il vit avec sa compagne Margot (Laure Chartier) dans un appartement exigu où ils accueillent régulièrement un alter ego, Jeff, qui a largué toute velléité d’embourgeoisement en devenant chômeur par prédilection, pressé de se déboulonner des obligation liées au monde du travail, jetant aux orties avec une désinvolture incroyable la quête du profit pour celle des cool délices de l’amitié  et de la vie Bohême. On n’est pas loin du boulevard Montgom’ tout de même…avec l’étincelant  Jean-François Brauer.

Alors que Simon doit terminer son quatrième projet, Margot lui annonce que René, son paternel qui vit en France, est sur le point de débarquer en visite chez eux dans le Norrrrd! Le beau-père, avec ses airs de Bernard Blier,  est interprété avec brio par un fabuleux Joël  Riguelle. Il a toujours été très critique vis-à-vis de la relation sans le sous de sa fille. Aussi, pour l paix des ménages, ‘inventive Margot – un prénom à la Georges Brassens -, a déjà préparé le terrain, elle a fait le lit d’un énorme mensonge qui devrait permettre aux chatouilleux père et beau-fils de se rapprocher enfin. 

En résulte toute une gastronomie de boulevard pleine de vivacité qui n’a rien à envier aux modèles du genre.  Le Vaudeville moderne tout à fait hilarant monte comme des œufs en neige. Tous les codes y sont, en version 21e siècle. Les tranches de vie s’embrouillent… les méprises et les quiproquos fleurissent. Le langage est vif, les inventions les plus abracadabrantes jouent à cache-cache avec la cruauté du réel. On assiste à des sommets d’ invraisemblance, sous des dehors, ma foi, fort plausibles. C’est d’ailleurs tout l’art. Le rire, attisé en continu par chacun des personnages si attachants fait … qu’on se délecte devant l’ incessant chassé croisé des squatteurs. 

Alors, le  fleuve de mensonges débite à toute allure. Dans un rythme endiablé, ça défile, ça déroule, et ça vous enroule  dans des cascades de rire. Que de plaisir et au tournant, des coups d’œil moqueurs sur la vie d’artiste, la vie rangée des voitures,  le mythe du fonctionnaire ou  plutôt, celui du banquier ou du grand patron en vacances aux Maldives. Les discussions vont donc bon train dans l’appart modeste et banal du jeune couple sans enfant. ILs auront dû accueillir, non seulement ledit  Beau-Papa   – mais aussi sa délirante jeune et sauvage nana toute blonde, avèèè un délicieux acceng du Midi. C’est la coach sportive du monsieur, …. Tiens donc! Rôle endossé par l’exquise Bénédicte Philippon. 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

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administrateur théâtres

Vu au au théâtre de la Clarencière

SPECTACLES

L’imagination au pouvoir à la Clarencière

L’imagination au pouvoir

L’excellent Bernard Damien, ambassadeur des étoiles qui illuminent la Provence, revient sous le ciel de Bruxelles, au théâtre de la Clarencière pour un spectacle inédit qui …déménage et se savoure à petites gorgées, tant il est émouvant. 

Le joli titre «  Aux petits bonheurs … la chance »   est vêtu de pluriels, comme  les petits bonheurs de Maeterlinck dans L’oiseau bleu. Aussi, couronné de  points de suspension,  ce titre ne peut que séduire et interroger.  Ce pluriel est-il un vocatif, qui nous invite à saisir nos rêves et cheminer sur la Voie lactée ou à l’assaut de l’inaccessible Étoile? Dulcinea, es-tu là? Ou bien confirme-t-il la force des petits bonheurs que l’on a souvent tendance à oublier ?

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Petits… ? S’agit-il vraiment de petite taille, ou est-ce une manière populaire de conjurer le mauvais sort, quand chance et destin se mélangent? Attendez une petite minute… vous prendrez bien un petit verre… Car, en définitive ce spectacle ne met-il pas en scène les coups du sort, et ne démontre-t-il pas qu’il n’y a finalement pas de hasard.  Et on remercie cette Providence qui ne cesse de protéger Robinson Crusoë, ce hasard qui  danse avec la Chance.

Le texte  fourmille de références, d’allusions plaisantes, d’analogies pas du tout fortuites qui réveillent les papilles de notre mémoire littéraire et artistique. Depuis le Graal des troubadours, on est fasciné par  La Quête, celle qui nous ouvre de surprenants chemins de traverse, délicieux et peu fréquentés sauf par les cœurs battants.  On se passionne aussi très vite  pour une sorte  chasse au trésor au cœur de mystérieuses boîtes de déménagement sorties d’un grenier imaginaire.

Ainsi, au gré  de la parole et du jeu théâtral se développe  une histoire magique d’heurs et malheurs, toutes ces choses de la vie qui sculptent nos âmes et font palpiter le cœur. Un quantique des cantiques chanté par un homme-orchestre bourré de talent,  d’intelligence, de générosité et de douceur.

Sieur Bernard Damien livre des tourbillons de souvenirs bouleversants, des rêves effilochés, un journal intime extraordinaire, des étymologies surprenantes, des aventures parfois tragiques, classées soigneusement dans ces coffres de plastique qui jonchent le plateau, au fur et à mesure. Le poète, l’artiste, le professeur d’art dramatique, le metteur en scène, le déménageur en salopette et le lecteur amoureux du souffle démêle les émotions avec passion et fait vibrer une salle conquise. Le verbe, l’esprit, le souffle. Tout ne réside-t-il pas dans le souffle? La vie ne tient-elle pas dans le souffle?  

Devant vos yeux ébahis,  tout ce  travail de mémoire ne parvient pas à émouvoir  le regard impassible d’une reine qui a perdu tout souvenir. Présente et totalement absente à la fois, royale, distante, figée comme sur les timbres muet de la reine d’Angleterre, elle ne dit mot. On attend le cœur battant, qu’elle s’exprime, que la vie lui revienne… grâce à la magie du déménageur à la voix d’or,  en salopette bleu roi et coiffé d’un simple  béret de laine. 

Un spectacle qui a du souffle et mérite certes … plein d’étoiles. 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

                               

                                  Aux P’Tits Bonheurs … La Chance
                                           de et par Bernard Damien


                                              Avec l’aimable participation de Anne-Marie Cappeliez
                                             Coproduction Le Théâtre sous les Etoiles de Provence 
                                                    en coproduction avec 
Le Théâtre du Grand Midi

Direction artistique
02/640 46 70 du mardi au vendredi de 11h00 à 17h00
Fabienne Govaerts

fabienne.govaerts@skynet.be Régie technique:  Geoffrey Dressen Réservations : 02/640 46 76  Répondeur téléphonique Mode de paiement par compte à l’asbl du Théâtre de la Clarencière 
ING BE91 310 1228398 76


Ou par Paypal (mode sécurisé)
 Adresse : 20 rue du Belvédère – 1050 Bruxelles Situation géographique : près de la Place Flagey et de l’Eglise Sainte-Croix, dans la petite rue parallèle arrière à l’ancien bâtiment de l’I.N.R. devenu aujourd’hui Radio Flagey. Accès bus 38/59/60/71/366 Trams : 81 Foyer et jardin ouverts 30 minutes avant le spectacle, soit 20h00 ou 15h30

             Le Prochain spectacle:

Un théâtre, deux jeunes ouvreuses qui rêvent de conquérir Broadway et Diva,
l’incontournable étoile du music’hall à l’affiche tous les soirs. 

Mais comment devenir une vedette quand un vieux patron un peu baveux nous met des bâtons dans les roues ?
Comment s’envoler pour Hollywood quand on a donné son cœur au beau livreur d’esquimaux glacés ?
Et surtout, comment devenir Diva à la place de Diva quand on a vu tous les Hitchcock et que le patron est en vacances ?… 


Tout public :
Les 
jeudi 2, vendredi 3 et samedi 4 mars 2023 à 20h30
Les jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 à 20h30
Les jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 mars 2023 à 20h30
P.A.F. : 20 € – étudiant : 15 € –
 
 
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administrateur théâtres

Avoue! Lorca!

SPECTACLES

Du 23 mars 23 au 1er avril : LE PROCES EN HERESIE DE GARCIA LORCA

Un festival de flamenco est une injure à l’autorité de Dieu! C’est du lourd, mais du vrai, des émotions à fleur de peau.  Des souffrances humaines, des artistes bafoués, la parole confisquée. La révolte qui gronde?

De tous temps, la procédure de l’Inquisition est invariable de par le monde, comme dans la célèbre fable du Loup et de l’Agneau. C’est la loi du plus fort qui prévaut. Non celle de la raison, encore moins celle du cœur. Le texte de José Perez fourmille de rancœurs contre le pouvoir absolu des usurpateurs de tous horizons, en particulier celui bien sûr, de Francisco Franco dont le régime antidémocratique a perduré jusqu’à sa mort, en 1975. En outre, José Perez stigmatise le despotisme d’une église hypocrite, cupide et corrompue qui traitait les femmes comme des esclaves soumises au pouvoir de l’homme. Dénuées du droit à la parole, comment exister? L’église de l’Inquisition a le plus grand mépris pour la femme tentatrice bien sûr inspirée par Lucifer en personne. Et même si les temps bibliques ne sont plus les nôtres, l’autorité religieuse n’hésite pas à manipuler les écrits du grand Saint Paul qui ont vraiment bon dos, pour asséner sa vérité!

Le Grand Inquisiteur qui instruit le « procès en hérésie «  refuse de voir que les femmes célèbrent la vie et la donnent. Santa María llena eres de gracia! Alors que les graines qu’elles sèment sont justement celles de la dignité humaine et de la joie de vivre. C’est leur voix qui chante l’espoir des idées nouvelles. Parce qu’il faut bien qu’elles se battent pour exister.  » Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère »

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Le poète maudit Federico del Sagrado Corazón de Jesús García Lorca a pris le parti de soutenir la vie, la musique, la danse, le chant de la la terre, la joie, la magie de la poésie, contre le mensonge et la prédation institutionnalisés. Il préfère la vérité de la vigne à celle du calice… dont, comble de l’imposture, même son éminence Le Grand Inquisiteur se gausse avec mépris. Sous nos yeux, le poète a le ventre noué par la peur, et ne peut s’en remettre quà Dieu pour sa défense.

Ainsi, José Perez rebat les cartes, prend appui sur l’injustice profonde infligée à son modèle culturel, Garcia Lorca qui tomba sous les balles dans sa ville natale de Grenade le 19 août 1936, en pleine guerre civile espagnole, pour ses idées de gauche. A lui d’instruire un juste procès … des noires années du franquisme!

Pour interpréter son texte, l’auteur s’est entouré d’une équipe de choc: des femmes. Toutes vêtues de redingotes et pantalons noirs qui incarnent surtout des hommes, pour chanter ce procès factice qui broie tout notre sens de la Justice. Dès le premier tableau, elles apparaissent toutes comme des cariatides marquées par la vie, fichées droites contre un mur, prêtes elles aussi, à être fusillées?

Elles émeuvent, par leur jeu précis, leurs regards de souffrance muette, leurs visages aux traits et cheveux tirés, sans l’ombre d’un maquillage, pour dire leur vérité et celle du poète mythique de l’Espagne en colère. 

Car Garcia Lorca veut célébrer le bonheur et l’émerveillement de la vie ici bas et refuse de se soumettre à la peur. Les promesses de l’au-delà qu’il refuse catégoriquement n’ont aucune prise sur lui. Un monde où se lève la menace du fachisme partout en Europe est une menace pour l’intégrité de tous.

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Le travail au cordeau de Denis Gayzal, le metteur en scène est efficace et bouleversant. Les chants du terroir hispaniques de vous nouent le ventre tandis que la guitare sonne le glas. La troupe de comédiennes joue avec conviction la Comédie humaine. Toutes sont attachantes et par bonheur, il n’y en n’a que l’une d’elles, celle qui joue le rôle du Grand Inquisiteur, pour incarner le Mal absolu d’un procès sans espoir de défense. Lorsque L’arbitraire règne en maître, il faut se battre.

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Extrait:

Le Grand inquisiteur: Silence! Recroqueville-toi Lorca! Abjure! Prosterne-toi! Et unis-toi à l’ Eternel, fût-ce dans des noces de sang!

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

De José Perez

Mise en scène : Denis Gayzal

Avec Florine Elslande, Myriam Kaminski, Cecil Rgt , Sylvie Rigot et Jocelyne Sadis

Théâtre La Clarencière Rue du Belvédère 20 à 1050 Bruxelles Réservations www.laclarenciere.be

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Des gens de l’Art au théâtre du Parc pour jouer Pinocchio


Comédien auteur, metteur en scène, Thierry Janssen  nous  livre  au théâtre du Parc une adaptation originale du conte moralisateur italien bien connu  de  Carlo Collodi (1883).  Dans ce spectacle savoureux et  grisant, tant pour les adultes que pour les enfants,  l’auteur  déploie habilement  un  fantastique  arsenal théâtral fait de textes subversifs et drôles, pimentés d’une dose bien rafraîchissante d’italien. Un arsenal fait d’espaces bien construits, de corps  brûlants  de dynamisme, de  sons  et lumières qui n’ont rien à envier au cinéma. La brillante mise en scène ne manque pas d’humour et  est signée Maggy Jacot et Axel de Booseré. Les enfants adorent ! Les comédiens Aurélien Dubreuil-Lachaud et Mireille Bailly se partagent astucieusement  les rôles de Lino, le chat, Arlequin et Colombine, le renard et Vanda. L’ambiance est celle de la Commedia dell’arte, les enfants jubilent.


Julien Besure, Fabian Finkels Photo Aude Vanlathem

Lorsque le tissu est à l’endroit,  on croit voir ce que l’on attend, à savoir  la reconstitution subtile et resserrée  des tribulations du jeune pantin de bois  à travers  l’évocation de ses multiples métamorphoses dans un univers de magie et de rêve. Puisque c'est là  que  se trame de fil en aiguille  un  parcours complexe vers la découverte de son humanité, ciselée avec ferveur par l’amour de  Gepetto,  son génial créateur.

Mais, première surprise, le Pinocchio que l’on a devant les yeux est d’emblée  un vif  jeune homme, en chair et en os sous les traits du  pétillant Julien Besure,   en comédien tête d'affiche d’une tournée théâtrale  du spectacle « Le avventure di Pinocchio ». Place au mystère du théâtre dans le théâtre. Les enfants sont éblouis.   Et dès l’entrée de jeu, l'extraordinaire vedette du théâtre du Parc,  Fabian Finkels, dans le rôle du directeur  de la troupe prévient :  l’histoire  sera extraordinaire : vraie ou pas, c’est aux spectateurs d’en décider. Vrai ou faux ?  Il promet de ne jamais mentir, de parler vrai. Mais, qu’est-ce que parler vrai ?  Doit-on le croire ?  Faut-il croire les deux gredins escrocs et séducteurs  en carricatures de renard et de chat ? Doit-on croire la pauvresse Fée Dora dont la blessure est une morsure de chien pour avoir volé un pain? Comment fait-elle pour devenir une vraie féé bleue ? Peut-on en tomber amoureux ?


Mireille Bailly, Aurélien Dubreuil-Lachaud, Karen De Paduwa, Fabian Finkels, Julien Besure, Thierry Janssen, Elsa Tarlton Photo Aude Vanlathem

C’est alors qu’ à l’envers du tissu, on  découvre une toute autre histoire. Eternelle ou anecdotique? Certes, misérable et merveilleuse. Emouvante, donc.  Celle d’une résistante communiste indigente (Elsa Tartlon)  poursuivie par les forces de l’ordre.  Celle  de Sofia – le nom est bien choisi – joué par  une éblouissante Karen de Padoua.  La régisseuse codirectrice est  rebelle aux bruits de bottes qui déferle sur l’Italie. A l’occasion, elle  se montre même à cheval sur  la question de l’orthographe,  question de  préserver la complexité de la langue, partant, celle de la pensée. Pressent-elle que Joseph Goebbels, quelques années plus tard,  dira  « Nous voulons convaincre les gens de nos idées, nous voulons réduire le vocabulaire de telle façon qu’ils ne puissent plus exprimer que nos idées » ? Elle est  bouillante et prête à la révolte  et bataille avec le direttore  en refusant d’aller se produire devant un public de fachistes en marche sur Rome et  rassemblés  à Santa Marinella.    Puisqu’en effet,  tout se passe il y a cent ans, en octobre 1922,  alors que  fermente la grogne  des Italiens après  un  traité de Versailles qui les a  bernés, alors que sévissent la faim et la misère dans les villages toscans, une réalité sociologique qui n’épargne ni les ouvriers ni les paysans. Peut-être même que cela se passe  autour du  31 octobre… ce jour de 1922 où un certain Benito Mussolini  s’approprie la présidence  du Conseil du Royaume d’Italie.

Très prosaïquement, toute la question pour la troupe de forains n’est-elle pas de trouver de l’argent coûte que coûte,  simplement  pour ne pas mourir de faim? Alors, aller jouer devant les troupes du Duce…c’est un moindre mal !  Avanti ! tranche le direttore.

En  filigrane, on voit aussi apparaitre un autre thème.  Celui d’une société de loisirs et de consommation souvent abêtissante,  où l’on fuit l’effort et les contraintes pour de vains plaisirs. …  ce qui arrange bien sûr les profiteurs et les  dictateurs de tout poil.  Le très crédule Pinocchio n’est-il pas  prêt à enterrer son argent dans un champ pour s’enrichir   heureux de  se vanter de ses vaines prouesses? Et puis, Qui est-il ? Est-il capable de se changer et de devenir autre chose que ce qu’il est, un vulgaire morceau de bois? Que reste-t-il des souvenirs du brave Gepetto qui semble avoir perdu la mémoire ? Il est  interprété avec chaleur par Thierry Janssen, lui-même.  Dire qu’au plus profonde de la misère, il  échange son manteau pour un livre d’école destiné à son fils!  Et ce fils, doit il se soumettre aux règles de l’ordre établi ou y a-t-il  quelque place pour la liberté de devenir soi?   On est au cœur de la fonction du théâtre : se poser des questions, chercher le sens de la vie, douter, alimenter la réflexion.  Et tant pis pour le criquet moralisateur ! Pardon, c’est un grillon!

Avec ces gens de l’Art, on est à cent lieues du Walt Disney bienpensant de 1940.


Julien Besure, Aurélien Dubreuil-Lachaud, Mireille Bailly. Photo Aude Vanlathem

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres


Au Théâtre Royal du Parc | Rue de la Loi, 3 – 1000 Bruxelles Du 18/03/2023 au 08/04/2023

billetterie@theatreduparc.be - 02/505.30.30



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administrateur théâtres

SPECTACLES

« Le noir te va si bien », une mortelle randonnée

                                                                                                  …entre empoisonnements, chutes de falaise, coups de feu, explosions à la dynamite, lustres fatidiques, arsenic, strychnine, champignons innocents,  roulette russe, et la liste n’est pas complète. «  Risky Marriage » écrite par Saul O’Hara en 1959, est une comédie policière d’origine britannique. Elle fut créée en  France par Jean Marsan, le 7 novembre 1972 au Théâtre Antoine à Paris, avec dans les rôles titres Maria Pacôme, Jean Le Poulain et Lucie Dolène.  Le succès fut tellement énorme qu’elle fut diffusée  à 3 reprises dans la célèbre émission de télévision « Au théâtre ce soir », à l’époque, à  l’ORTF. Vibrent encore sans doute pour certains, tant d’années après, les  annonces réjouies du générique :  « C’était…. dans une adaptation et production de: ….Pierre Sabbagh , créateur de décor: ….Roger Harth, costumes de: ….Donald Cardwell! »  Un crescendo de bonheur doux à l’oreille.

Qui tuera l’autre en premier ? That’s the question !

Cette pièce  fracassante  pourfend  tous les coureurs de dot, les assoiffés d’héritages, les chercheurs d’or matrimonial, les chacals de pierres tombales, les abonnés au crime lucratif. John est soupçonné d’avoir tué ses six femmes. Lucy est suspectée d’avoir éliminé ses cinq maris. Un commissaire de Scotland Yard, joué par l’exquis Bernard d’Oultremont,  veut piéger les deux criminels jusque-là restés impunis  en provoquant leur rencontre dans un manoir qu’il a mis sous haute surveillance, et où il pourra enfin prendre l’un  des deux sur le fait. Pour l’autre, ce sera sans doute  trop tard ! « Elle a les yeux … révolver ! »   


 Deux domestiques très complices, aident  l’inspecteur dans sa tâche de détective, quitte à s’enfermer, pour mieux espionner,  dans une horloge ou une vielle cuirasse moyenâgeuse. Ah ! les châteaux  écossais, leurs passages secrets, et leurs merveilleux fantômes ! Tout y est au théâtre de la Comédie Claude Volter : le five o’clock tea, le brandy et la pièce montée en sponge cake !  Bravo aussi  pour les choix musicaux :  depuis  l’authentique bagpipe, cornemuse ou biniou,  jusqu’à la valse des chevaliers de Tchaïkovski dans Roméo et Juliette. Et puis cet inénarrable uniforme militaire écossais que porte le faux laird, Michel de WARZÉE ! C’est tout  le plaisir du boulevard  qui revient en trombe sur la scène du théâtre de la Comédie Claude Volter qui fête  royalement ses cinquante ans cette année-ci.



 Dans un rythme  déchaîné, Stéphanie MORIAU et Michel de WARZÉE  jouent  pendant près de deux heures  leur incroyable  parade fatale. L’amour y trouvera-t-il enfin son compte ? A force, le cynisme imprègne les autres personnages et la comédie de mœurs fait flèche de tout bois pour mettre en pâture devant le public  toutes ces   faiblesses humaines  telles que l’amour  effréné de l’argent, l’appât du gain, l’égoïsme,  la vanité, la cupidité,  l’envie..  Et que dire du moteur principal:  la froideur du crime et du meurtre  prémédités.

Il est donc fort bien  ficelé, ce bijou de théâtre de boulevard au point de friser le  surréalisme…  Les sept comédiens chevronnés  s’éclatent vraiment  sous la charmante direction  de la dame en fourreau noir,  épaules et jambes  nues : Stéphanie MORIAU.  Avec  Michel de WARZÉE, Amélie SAYE, Laurent RENARD, Bernard d’OULTREMONT, Hélène PHILIPPE, Simon WILLAME et Morgane GÉRÔME. La distribution est impeccable et on leur souhaite de faire salle comble… Pour leur bonheur, ils n’ont pas plus de 200 places !

…  Et au fait, ne serait-il  pas temps  que la Mort,  tant chantée par  Georges Brassens ( il aurait eu 100 ans ce 21 octobre 2021) et que notre société  contemporaine met tant de soin à exiler, réapparaisse, exposée, vilipendée et moquée, pour ses côté les plus absurdes et les  plus perfides ?   Afin que  l’on cesse de la nier, qu’elle  cesse de nous angoisser en  secret,  et même, aller jusqu’à paralyser tout notre système de société.  Formons le vœux que, le grand apanage de l’Homme, le rire salvateur généré par  la Comédie,   puisse   nous sauver de sa hantise.

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres

« Le Noir te va si bien » Jean MARSAN d’après Saül O’HARA

Distribution

Avec Michel de WARZÉE, Stéphanie MORIAU, Amélie SAYE, Laurent RENARD, Bernard d’OULTREMONT, Hélène PHILIPPE, Simon WILLAME et Morgane GÉRÔME.

Mise en scène : Stéphanie MORIAU – Décor : Francesco DELEO – Création lumière : Bruno SMIT

Du 8 au 31 décembre 2021

Comédie Claude Volter
Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre

http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be
+32 2 762 09 63

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administrateur théâtres

Au Fourire, détente!

SPECTACLES

Quand  une  comtesse vient s’encanailler… au Stamcafé!

Nous sommes au Fou Rire, à deux pas de L’université. Pour la deuxième fois. Avec des comédiens craquants. Après  «  Le tour du monde en 80 jours » avec la compagnie  Production niveau 5  , voici le « Stamcafé ». Un spectacle avec l’accent pur et dur de chez Toone qui se déroule dans  un  Stamineï de  Koekelberg. La scène est à nouveau déguisée en théâtre de Guignol, le trait sera forcé, mais toutes les sortes de comique seront au rendez-vous. De la zwanze à l’exagération épique, à la scène de ménage nettoyage de printemps.  Le public est nombreux, masqué,  sauf ceux qui dégustent un cocktail maison  aux agrumes ou une boisson rafraîchissante posée sur une table ronde avec sa bougie d’ambiance.  Détente.

Peut être une image de 6 personnes et intérieur

Gaspar, le tenancier intérimaire du Stamineï de  Koekelberg rêve de son fritkot – quel jaloux de la place Jourdan! –  en attendant de lâcher son boulot à la commune, sacré fromage quand même.  Il a promis à Monique, la  propriétaire qu’il couve jalousement des yeux , de lui  donner un coup de main pendant qu’elle va rendre visite à ses parents à La Panne pendant 3 jours.

 Le voilà libre… Max !

Le chat parti, les souris dansent ! Gaspar  va pouvoir se comporter enfin en adulte  responsable ! C’est ce qu’il croit. Toute une faune pittoresque  va défiler  devant  son  comptoir  et provoquer  le rire aux éclats dans la salle complice. Difficile de résister, et dire qu’ ils ne sont que trois comédiens pour jouer  tous les assoiffés du quartier! L’illusion est parfaite. Quels costumes ! Un taxi italien, un improbable chauffeur de Rolls très faux British, une comtesse grivoise, des flics, mâle et femelle, des  traîneurs de savate, et  des échappés  de "home sweet home" voisin.   Tout ce  petit monde grouillant d’humour et de vie terre à terre est un ballon de drôlerie parmi les pâquerettes.   

Peut être une image de 4 personnes, personnes assises et intérieur

  3 jours  de  « jave » en stoemelings ? Ca va péter le feu!  Sacrément  bon à prendre quand on se sent un minus de bureaucratie, une victime de la dictature féminine, un esclave du travail domestique  imposé,  un  médaillé de la descente des pils en séries,  bref, un mec sous pression, ravi d’avoir  pour une fois un peu la paix… Au siphon :  Du rire belgo-belge pur jus! Et omni présent,  le très vieux thème inusable  de la farce du cuvier !  Fou rire.

Peut être une image de 10 personnes et personnes debout

Dominique-Hélène Lemaire pour le Réseau Arts et Lettres

 Le Fou Rire, théâtre de proximité

Adresse : Av. des Grenadiers 48, 1050 Ixelles Téléphone : 0483 59 92 29

Peut être une image de 7 personnes et personnes debout

https://fourire.be/

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Carabistouilles, c’est du belge!

Le spectateur a beau savoir qu’il y a un truc, voire «des trucs», il ne peut s’empêcher de se laisser prendre par l’illusion et d’y croire…. C’est cela la magie! Celle  de l’homme aux mille talents. Un homme-orchestre  en vif argent, aussi surprenant qu’insaisissable. Un artiste qui défie votre sens des réalités.   

Cette fois, c’est à la Comédie Claude Volter que vous avez rendez-vous avec la magie. En live. Mais pas que.  Il y a du rêve en paillettes, au clair de lune.  Et un magicien entre surprises et traditions. Des émois poétiques que l’on attendait pas. Des battements de cœur inattendus.  Archi sérieux, entre prof sympa et jeune chef scout moqueur de monde, c’est tout lui : Jack Cooper. Pareil à lui-même et  sans cesse réinventé.

Il nous offre  une vaste plage de plaisir pendant deux heures… Et malgré notre regard critique rationnel et indélébile, il nous souffle, il nous flambe, il nous éblouit, il nous bluffe, il ressuscite en nous  cette âme d’enfant, …si profondément enfouie que l’on aurait pu la croire disparue. Et la jeune classe qui vibre dans la salle, si présente malgré l’heure tardive, hurle de bonheur, se précipite sur le plateau, tâte anneaux chinois, cordes, sièges innocents, vitres anti chocs, et autres caissons qui n’ont rien à voir avec ceux de la salle de gymnastique. C’est le bonheur !

Tout est mystère et mystification. Le prestidigitateur vous précède d’une longueur…  et vous entortille comme habile bonimenteur ! Se laisser faire… pour se laisser être !  Vous êtes pris par la folie de la scène, des lumières, des bandes son, des corps des artistes qui se donnent sans compter, avec chaque fois… un peu de leur âme. Le théâtre est magie. Et lumière du monde. Tous les artistes vous le disent, et un monde sans théâtre est pure désolation.

J’ai pas fini… il y a son associée, Jolijn ANTONISSEN, une fausse néophyte, une dame qui semble sortir d’un chapiteau de cirque,  fière d’elle-même, avec l’accent du grand Jacques, la volupté du Nord, la connivence avec le public et qui lui donne la réplique. Elle aussi elle partage  le bonheur de créer la surprise et d’émerveiller le monde. Que ferais je sans toi…? Il faut être deux, ou plus, ou tous ensemble réunis, artistes et public pour la plus belle des conspirations humaines…celle de la Magie! 

Dominique-Hélène Lemaire pour le réseau Arts et Lettres

PROLONGATIONS ! Comédie Royale Claude Volter : www.comedievolter.be

Peut être une image de plein air et texte qui dit ’La plus belle des magies c'est quand une personne réussit à vous faire sourire sans être présente. présente...simplement ement par la pensée. Alex ex Boçat’

du 19 janvier au 13 février

CARABISTOUILLES

Jack COOPER

Depuis plus de 15 ans, Jack nous éblouit de ses artifices et entourloupes. De manière caustique il présente les mystères de la magie en mélangeant grandes illusions, mentalisme, magie comique et interactive, ombres chinoises et autres enchantements.

Après le succès d’”Illusions” en 2016 à la Comédie Claude Volter, Jack revient nous ensorceler.

Un spectacle familial… où l’incroyable est possible !

Avec Jack COOPER et Jolijn ANTONISSEN

Création sonore : Laurent BEUMIER

Régie Son et Lumière : Yves HAUWAERT

Regard extérieur : Simon PACO

Régie Plateau et direction technique : Bruno SMIT

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administrateur théâtres

Un Peter Pan rêvé par le théâtre du Parc à Bruxelles

Rêver !  C’est par-dessus les pavés mouillés des rues de Liège au temps de Noël  que se balance  cette magnifique guirlande lumineuse au gré du vent. A Bruxelles, c’est au théâtre du Parc que se concentre le rêve et  un voyage extraordinaire dans le surnaturel.

Pour Maxime, dix ans, c’est la première fois qu’il franchit les portes  royales de la Comédie. Aller au Théâtre, il en rêvait.

Il s’est habillé en jeune collégien anglais pour l’occasion et sa première sortie en solo  avec sa Mamy! Ça, c’est en attendant de visiter Londres.   Il brûle de  rencontrer le vrai Peter Pan, ce héros qui ne voulait pas grandir. Et savoir pourquoi.  Le comédien est bien vivant.  Julien Besure,  prince de l’imaginaire en habit vert, s’emploie à merveille  pour voler, planer, et allumer des étoiles dans les yeux des enfants et de leurs parents.

Maxime  connaît par cœur  le héros de  Walt Disney. Sa grand-mère a feuilleté avec lui le  vrai livre de James Matthew Barrie, Peter Pan and Wendy ( 1911)  question de le  lancer sur les chemins de la fiction  du Neverland : de la maison,  emprunter la deuxième étoile droite  et filer tout droit jusqu'au matin.

 

Ce qu’il a préféré, ce sont les superbes décors et les culbutes, les sauts du héros qui dit tout ce qu’il pense. Ajoutons que c’est Émilie Guillaume, une  incomparable artiste du mouvement, qui règle à nouveau  les fracassants combats et les coups de rapières sonores.  L’île est recouverte de forêt, la  lagune aux sirènes est splendide, le  bateau des pirates impressionnant, la maison souterraine des enfants perdus finement imaginée. On adore les troncs d’arbres aux portes secrètes  qui font office d’ascenseurs,  le camp des indiens, les cabanes de feuilles construite par les enfants perdus eux-mêmes et le  pauvre crocodile qui a avalé  le réveil. La mise en scène est signée  Maggy Jacot et Axel de Booseré.

Comme Maxime s’est délecté en boucle  du DVD du film « Hook ou la revanche du Capitaine Crochet » de Steven Spielberg (1991), cela ne le gêne pas du tout que l’histoire ait pris un tour  différent de la version originale, avec ce virage étonnant dans l’interprétation de Thierry Janssen. Au contraire, Il est fier de sa science et de  déclarer avec satisfaction que « C’est pas la vraie histoire, bien sûr ! ». Ils sont finalement tellement ravis, les enfants qui déclarent tout connaître sur Saint-Nicolas ou Père Noël ! Tellement rassurés aussi que le contes existent pour penser et rêver le monde ! Maxime adore le fait que le soldat ensanglanté puisse s’échapper de l’horreur des tranchées de la première guerre mondiale en culbutant dans le Neverland,  le pays imaginaire qui ne se fane jamais. Et il est totalement heureux que lorsque le jeune  soldat est touché en plein cœur,  et qu’il  « renaît »  dans le Neverland. Totalement crédible non ?

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Bon, la fée Clochette ( Anouchka Vingtier, plus carabosse que la minuscule nymphe Tinker Bell)  «  criait beaucoup et avait des cheveux très blancs ». Si elle était venue chercher majestueusement  par la main le pauvre Tommy qui se mourrait dans les tranchées d’Ypres,  elle allait refaire sa vie pour  devenir la fée Crochette avec le formidable capitaine sauvage!   Pitié pour Peter !  Cet effroyable  capitaine, plus monstrueux que dans l’imaginaire, « plus abominable que dans les films » est personnifié par un  Fantastique Fabian Finkels ! Un rôle explosif  pour triple F ! Les adultes jubilent devant l’ampleur de la  dérision en mode Don Quichotte.  Pour ce comédien aux mille talents, c’est un  super héros, sur mesure. Il est ffflanqué de son inénarrable acolyte, Mouche de son prénom, glorieusement endossé par Thierry Janssen en personne.

12273405656?profile=originalDominique-Hélène Lemaire et Maxime Demoulin 

PETER PAN

11.11.2021 > 11.12.2021

de Thierry Janssen d'après l'oeuvre de J.M Barrie

Nous vous entraînerons pour les fêtes dans l’univers magique et cruel à la fois d’un des personnages les plus célèbres de la littérature anglaise. Vous retrouverez Julien Besure qui fut D’Artagnan mais aussi le chevalier d’Eon. Nous sommes en 1915. Le garçon qui servit de modèle à Peter Pan se bat dans les tranchées en Belgique. Juste avant l’assaut, une femme mystérieuse le ramène au pays des enfants perdus.

 

Avec :
Julien Besure (Peter Pan) - Anouchka Vingtier (La fée Clochette) - Fabian Finkels (Le capitaine Crochet) - Karen De Paduwa (Rabougri ) - Mireille Bailly (Lily la tigresse, Le soldat Smith et Nicky Nigoo le pirate) - Thierry Janssen (Mouche) - Elsa Tarlton (Wendy) - Aurélien Dubreuil-Lachaud (Le soldat Taylor, Cookson le pirate et un indien).

Et les enfants en alternance :
Issaiah Fiszman, Dario Delbushaye (Le soldat Jones, Ed le pirate et un indien) - Andrei Costa, Martin Georges, Stanley Dupic-Janssens, Léon Deckers, Ethan Verheyden, Lilia Moumen, Jannah Tournay, Lily Debroux, Eledwen Janssen (Les enfants perdus et les indiens) - Selma Jones, Babette Verbeek, Laetitia Jous (La sirène et une indienne).



Réalisation Maggy Jacot et Axel De Booseré

Assistanat Julia Kaye

Assistanat scénographie et costumes Fabienne Damiean

Création lumières Gérard Maraite

Création sonore et composition Eric Ronsse

Chorégraphie des combats Emilie Guillaume

Créatrice maquillages et coiffures Florence Jasselette

Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/face-cover-deff-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Julien Besure Photo@ZvonocK
Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/Mouche-Crochet-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Thierry Janssen et Fabian Finkels Photo@ZvonocK
Peter PanAurelien Dubreuil Lachaud, Mireille Bailly, Julien Besure, Elsa Tarlton, Photo@ZvonocK
Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/Clochette-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Anouchka Vingtier Photo@ZvonocK
https://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/Karen-De-Paduwa-Andrei-Costa-Lily-Debroux-Julien-Besure-Leon-Deckers-Photo@ZvonocK-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 800px) 100vw, 800px" />Karen De Paduwa, Andrei Costa, Lily Debroux, Julien Besure, Leon Deckers Photo@ZvonocK
Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/pirates-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Aurélien Dubreil-Lachaud, Mireille Bailly et Dario Delbushaye photo@ZvonocK
Peter Panhttps://www.theatreduparc.be/wp-content/uploads/2021/04/wendy-enfants-peter-768x563.jpg 768w" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" />Karen De Paduwa, Andrei Costa, Julien Besure, Lily Debroux, Elsa Tarlton, Leon Deckers Photo@ZvonocK
Julien Besure, Fabian Finkels Photo@Zvonock

Peut être une image de texte qui dit ’ANTOINE VITEZ 1930- 1990 Car le théâtre est un champ de forces, très petit, mais oủ se joue toujours toute l'histoire de la société, et qui, malgré son exiguité, sert de modèle à la vie des gens, spectateurs ou pas. Laboratoire des conduites humaines, conservatoire des gestes et des voix, lieu d'expérience pour de nouveaux gestes, de nouvelles façons de dire -comme le rêvait Meyerhold pour que change l'homme ordinaire, qui sait’ 

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Au Centre Culturel d’Auderghem: « J’ai envie de toi »

Mettez un masque… celui du rire !

Avec ses 2 nominations aux Molières 2020, dont celui de la Meilleure comédienne et de la Meilleure comédie pour un spectacle de théâtre privé, « J’ai envie de toi »  écrit et interprété de façon touchante par  Sébastien Castro est unauthentique diffuseur de rires ininterrompus qui fusent parmi  les parfums si  baroques de notre société 2021.

 Le pot-pourri se compose d’une  vielle mère à garder – on parlait des « croulants » à notre époque non ?  …D’une querelle immobilière bourgeoise, vieille de 50 ans, à propos de  la mainmise d’un voisin  sur  quelques   mètres carrés de placard entre deux apparts,  et surtout de jeunes trentenaires immatures, plutôt déboussolés, en mal d’amour et de bons coups, coiffés d’incontournables  quiproquos enracinés dans leurs téléphones portables.

Ça claque de partout, ça virevolte, ça délire ferme, d’un bout à l’autre  du burlesque. Ainsi l’ habitué des belles comédies de boulevard d’antan retrouve dans cette pièce saugrenue et  bouillonnante de vie,  tous les codes du genre . Ils sont balayés, il faut dire,  par les vents incertains  de notre époque surréaliste : les rencontres amoureuses sur Internet, l’omniprésence des téléphones portables, le «papy-mamy sitting», la sexualité décontractée, les différences sociales et culturelles…

Peut être une image de une personne ou plus, livre et texte

De fait, Youssouf, sans emploi, garde ponctuellement des personnes âgées chez lui dans un  apparemment totalement ringard. Ah la table et les chaises de formica ! 1958 ?   Ce soir, le temps d’un dîner d’anniversaire avec sa meilleure amie,  la pulpeuse Sabine lui dépose sa mère  (on ne dit plus Madame votre mère)  Madame Brachet donc,  80 ans, décatie en chaise roulante qui ne peut  plus communiquer que par sonnette interposée. Guillaume (Guillaume Clérice) qui  vient d’emménager dans l’appartement contigu, voit soudain Youssouf  débarquer  chez lui….par le placard qu’il a cisaillée comme une porte dans  l’œuvre de  Magritte. Ciel mon voisin !  Agacé par les insistances  de sa  copine Christelle, il s’est inscrit sur un site de rencontre et  s’apprête à recevoir une nommée Julie dont il n’a pas même la photo.  Sauf que … le message embarrassant « J’ai envie de toi » – c’est dit sans fard – est parti du téléphone mobile vers son ex. Paniqué par sa possible intrusion, il veut faite genre Ah ! l’incruste, je suis pas là ! Courageux, le mec !

Les thèmes sexuels passent par toutes les couleurs, le style vestimentaire …et textuel est résolument jeune et elliptique, sauf pour Sabine (Maud Le Génédal)  qui se la joue 100% années 60. Va-t-elle se décoincer ce soir pour son anniversaire ? Anne-Sophie Germanaz interprète l’ex Christelle qui saute sur tout ce qui bouge et joue les indécollables. Astrid Roos incarne cette Julie  qui se veut femme fatale et  a  horreur de qui  lui résiste. Alexandre Jérôme joue alors  un pachyderme colérique et jaloux qui  fait soudain irruption dans un magasin de porcelaine. Les mots lui manquent, il est  incapable de finir ses phrases, la risée de tous.    Probablement aussi sans avenir, il  sera  le futur ex de l’ex de Guillaume. Vous suivez toujours ?  C’est lui qui  illustre  le mieux le comique de situation du vaudeville classique. Du théâtre d’agrément, à la louche certes, mais franchement irrésistible. La mise en scène au cordeau est signée José Paul, nommé huit fois aux Molières, soit comme metteur en scène, soit comme comédien.  Elle est servie par six fougueux comédiens.

Spectacle dans le cadre de la série Paris-Théâtre*, une production du Centre culturel d’Auderghem.

Voir toute la saison : https://www.ccauderghem.be/la-saison/

De Sébastien Castro
Mise en scène : José Paul
Avec Sébastien Castro, Maud Le Guénédal, Guillaume Clérice, Anne-Sophie Germanaz, Astrid Roos, Alexandre Jérôme
Décors : Jean-Michel Adam
Costumes : Juliette Chanaud
Lumières : Laurent Béal
Musiques : Virgile Filaire

*Paris-Théâtre est une formule d’abonnement au théâtre français.
6 représentations, du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h, 7 rendez-vous mensuels fixés pour une saison, d’octobre à avril !

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres

Et si vous l’avez raté, rendez-vous à Huy! Le 09 novembre 20h30

Bientôt au Centre culturel de Huy : https://centrecultureldehuy.be/agenda/jai-envie-de-toi-sebastien-castro/ 

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administrateur théâtres

Evadez-vous! Au théâtre de la Valette (Ittre)

SPECTACLES

« TOUT CE QUE VOUS VOULEZ » de Mathieu Delaporte & Alexandre de la Patellière


REPRÉSENTATIONS DU 2 AU 31 DÉCEMBRE 2021,

MERCREDI 8 DÉCEMBRE À 20H : SOIRÉE BORD DE SCÈNE,    JEUDI 23 DÉCEMBRE SOIRÉE CST FREE,        RELÂCHE LES 24 ET 25 DÉCEMBRE,          VENDREDI 31 DÉCEMBRE  À 16H ET À 20H30  : PRIX UNIQUE 35€/PERS 

As you like it ! Une pièce drôle, ébouriffante,  contemporaine, mais libre de l’étau de la pandémie. On y respire des réparties savoureuses, on se laisse entrainer de bonne grâce  par  deux comédiens à l’humour  subtil, Catherine Conet et Nicolas Dubois ,véhiculant un message sur  la soif de succès, la recherche du bonheur,  la vanité de nos gestes quotidiens,  les moteurs de nos choix,  la vérité de nos envies,  notre liberté, nos inspirations… En plus, ils sont beaux et agréables  à regarder ces amoureux de la scène,  choisissez le premier rang !

Lucie,  grisée par le  succès, n’arrive  tout d’un coup plus à écrire. Le jour où elle semble avoir  trouvé le bonheur, elle a perdu l’inspiration. Ainsi le veut parfois  le destin contrariant.  Les chants les plus beaux ne sont-ils pas souvent  ceux du malheur ? Assurément,  une idée romantique.  Ou celle des adolescents dans l’âme, sûrement !  Si seulement quelqu’un pouvait rendre Lucie quelque peu malheureuse… A n’en pas douter, l’incursion dans sa vie d’un voisin étrange nommé Thomas,  va changer la partie. Qui croire des trois personnages incarnés part seulement deux artistes?   Au fil du texte, le spectateur va être entraîné dans une course poursuite  palpitante d’identités. Qui est qui ?  Le mari ? l’amant ? La bonne âme de Sichuan ? Des tonnes de peps et de suspense, dans cette comédie irrésistible signée par les auteurs du Prénom et mise en scène par Fabrice Gardin. Leur excellente connivence artistique  met en scène des rapports  hommes-femme rocambolesques. Séduction, attraction, rejet, mensonge, mise en scène, saines colères tout y passe : Comme cela fait du bien !  Dans un souffle de la vraie vie retrouvée. Esprit es-tu là?

Enfin une pièce spirituelle qui suscite le rire en cascades dans une mise en scène alerte, sans le moindre temps mort.  A part,  vu l’exiguïté du  plateau, les ombres projetées de la dame qui change de tenue vestimentaire pour égrener le temps qui passe. Le théâtre de la Valette nous a offert pour décembre,   le  théâtre rafraîchissant que l’on attendait !

Dominique-Hélène Lemaire

  Avec Catherine Conet et Nicolas Dubois

Mise en scène : Fabrice Gardin

Scénographie : Léa Gardin

Créations Lumières :  Simon Benita

Décor : Hubert Thibaut

RÉSERVATIONS

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Un bug dans la barbe de Saint Nicolas

au théâtre des Galeries

Absurdisthan, troisième vendredi, veille de Saint Nicolas. Hier, après les décisions catastrophiques prises par le Codeco en ce qui concerne notamment le monde de la Culture, le comédien Pierre Pigeolet s’insurgeait contre le chaos organisé. « Malgré les contraintes, je salue la décision du Théâtre Royal des Galeries (900 places) de maintenir toutes les représentations de la Revue avec 200 spectateurs… J'appelle cela du respect tant pour notre profession que pour les spectateurs… » Nous l’applaudissons. Comme on applaudit les gens qui veillent jour et nuit sur notre santé.

Foule sentimentale, soif d’idéal ? Cette Revue 2022 est glorieuse, lisse, belle, montée comme une crème Chantilly alors que la disette de joie et de bonne humeur sévit gravement partout autour de nous. Autant dans les cœurs meurtris de nos artistes, que dans celui du public persécuté par les mesures sanitaires contradictoires. « La Revue », le must royal bruxellois s’est toujours voulu moqueur, parodique, léger, rythmé, endiablé, pétillant de traits d’esprit et de gaité communicative. C’est un art de vivre ne lésinant pas sur la zwanze. Bouillant de parodie, de facéties, de jeux de mots et calembours. Scintillant de lumières, de costumes et d’effets grandioses. On y allait comme en pèlerinage de rire, pour se saouler de verbe, d’autodérision et de présence scénique. Pour attendre l’esprit en fête, la mise au placard de l’année en cours.

Mais comment célébrer dignement une année 2021 si peu fastueuse ? Et le mot est faible. Les artistes y ont mis leur cœur, tous lestés d’amour, d’espoir, de joie et de paix. Ils y ont mis la tendresse humaine et une humilité peu commune. Cette fois, la Revue est entrée en résistance, elle a mis la pédale douce. Moins de bling-bling, moins d’artistes en scène, moins d’exagérations… Tout en réveillant à bout de bras et de jeu scénique nos consciences endormies. Le menu n’a rien de blasphématoire, d’iconoclaste, d’offensif, rien de déplacé ni d’outrecuidant, le ton est juste et mesuré. Et il plaît. Des demi-teintes automnales dans un vent d'empathie, comme si la nostalgie de nos jeunes années - artistes et public - tenaillait les spectateurs riant sous masque. Personne ne s’est saoulé de rire, mais tout le monde est ressortit le sourire aux lèvres. Un pied de nez gracieux aux systèmes qui nous embrouillent et nous entortillent.

codeco-revue-2022.jpg?w=1024&profile=RESIZE_710xCrédits photos : Isabelle De Beir et Kim  Leleux

Prenez allègrement vos billets : c’est le meilleur moyen de contrer la sinistre transformation de notre société. Refuser notre pernicieux isolement. Retrouver rimes et raison. C’est retrouver le vif plaisir de franchir les portes de verre, tendre son billet, accéder à la salle mythique, se carrer dans le velours oublié du fauteuil, attendre que les lumières s’éteignent, et revivre le rêve et le charme de la découverte théâtrale. Un joyeux chemin vers l’autre. On y glousse, on y gronde, on échappe à l’étau de la pandémie. La salle vibre autour de soi, la ruche héroïque revit, le miel de l’humour coule à flots sur le plateau.

Chapeau les artistes ! Ils ont répété, travaillé, inventé, affiné, sauvé le meilleur pour l’extraordinaire plaisir d’offrir.

Dominique-Hélène Lemaire

Galerie des Princes 6, 1000 Bruxelles Jusqu'au 23 janvier 2022

L'affiche :
Réalisation musicale : Bernard Wrincq
Avec :  Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Pierre Pigeolet, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Arnaud Van Parys, Natasha Henry, Frédéric Celini, Enora Oplinus, Jérôme Louis et Bénédicte Philippon. Décor :   Décor : Francesco Deleo Costumes : Fabienne Miessen et Maria Spada
Mise en scène : Alexis Goslain, assistante: Catherine Laury Lumières : Laurent Comiant
Chorégraphies : Kylian Campbell

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administrateur théâtres

SPECTACLES

Sortez, sortez, il en restera toujours quelque chose!

Le tour du monde en 80 éclats de rire … au Fou Rire

Ambiance feutrée, accueil chal… heureux. Ce  Giggle théâtre, le Fou Rire… à Ixelles,  est un sacré projet ! Quelle découverte, ce petit lieu qui n’en n’est pas un. Car  il est finalement très spacieux et jouit d’une très bonne acoustique, ce qui ne gâte  rien. Il est doté d’une belle scène avec son grand rideau rouge, mais sans les trois coups  de début de spectacle.  Il faut dire qu’il y a longtemps que cet usage s’est perdu ! Le public se trouve dans une salle en contrebas où sont disposés d’agréables fauteuils cramoisis – aux excellent dossiers.   Ils sont sertis, par groupes de deux ou trois, entre des petites tables basses portant la magie des bougies. Visiblement une manière à la page de respecter  le protocole de distanciation.  Libre à vous d’y déposer une boisson, évitez tout de même le bruit du paquet de chips ! Et puis, presqu’en balcon, il y a face à la scène,  un autre morceau de salle – celle par où on arrive, avec le bar et où dialoguent d’heureux spectateurs autour de tables familiales. On y a même vu une poussette avec un gamin endormi ! Et ce soir-là, comble de plaisir, on entendait un prélude musical sous forme de Beatles pour commencer le voyage à Londres. A Magic Tour! La mise en scène de l’adaptation du « Tour du monde en 80 jours » est signée Janick Daniels. Presque un nom de whisky. (Pardon, je sors!)

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Un grand classique de Jules Vernes. Il est retravaillé à la sauce parodique  bien épicée et intelligente, gouailleuse sur  l’envers du décor. Et qu’est-ce qu’on s’amuse ! Comme aux chansonniers…  Ah ! les plaisirs oubliés du rire ensemble, des éclats de réparties spirituelles. Un vrai théâtre de Guignol trône devant le rideau principal… Une mise en abime, dit-on pour faire savant ! Et 35 personnages défilent et piquent notre curiosité. « Restons curieux », cette pub radiophonique de la RTBF mise aux oubliettes depuis des lustres, n’est-elle pas pleine de sagesse ?  

Peut être une image de 1 personne, intérieur et texte

Ce tour du monde en 80 éclats de rire a en définitive  tout  pour plaire :  cinq comédiens talentueux, ardents, aux voix bien posées, au jeu sûr, sans surcharge, et à la diction agréable et qui croient en leur métier, malgré la sinistrose ambiante. Car tout se joue dans la voix, et le corps. Sans masque. Grand Guignol oblige : pas la moindre tasse de thé , horloge, ou derby à l’horizon. Pas la moindre meuble pour figurer l’époque… Juste les talents d’artiste. Et le mouvement :  à pied, à cheval, en voiture, en paquebot, en train…  L’imagination n’a aucune peine à voyager. Elle se gorge d’anachronismes délirants, de chapelets de bons mots et de calembours savoureux. Les costumes ? Elaborés dans la même veine humoristique. L les tableaux se succèdent à un rythme vertigineux, c’est que l’essence du spectacle est une course contre la montre ! Mais plus que le défi du pari insensé en 1852, ce sont les personnages qui passionnent: ils déroulent leur rôle comme une nouvelle Commedia dell’arte, version belge. La palme revient  d’ailleurs à la jeune et délicieuse comédienne belge qui interprète le  rôle volatile de Passepartout, quelques soient ses mille et un surnoms. Elle porte en elle  la malice d’un feu follet, le sourire charmant et les yeux brillants de la liberté. Il faut le faire, pour  un simple domestique non ? Celui de l’auguste  Monsieur Phileas Fog. Les temps changent… que voulez-vous!

Dominique-Hélène Lemaire pour le Réseau Arts et Lettres 

Une pièce de : Sébastien Azzopardi et Sacha Danino Mise en scène :Janick Daniels, Costumes: Mathieu Pinte Production Niveau 5 asbl Avec: Elsa Erroyaux, Stéphanie Coerten, Joël Riguelle, Philippe Peters et Florent Minotti

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 Le Fou Rire, théâtre de proximité

Adresse : Av. des Grenadiers 48, 1050 Ixelles Téléphone : 0483 59 92 29


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