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Spectacles

« Un univers visuel et esthétique fort » dans « La Belle et la Bête »au théâtre du Parc

Loin des tumultes du monde et des discours belliqueux des puissants, Belle murmure : « Je voudrais une rose… »

Bienvenue dans le refuge des rêveurs, un miroir magique aux multiples échos, véritable enchantement.

Ce spectacle magnifiquement écrit suit la trame du conte « La Belle et la Bête », tel que Jean Cocteau l’a narré dans son film en noir et blanc de 1946, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Rêvait-il d’une approche plus généreuse du monde ? C’est sûrement ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui : une Belle histoire.

Contrairement aux plans graphiques en noir et blanc du film de Cocteau, l’adaptation de Thierry Debroux nous offre un festival de couleurs gourmandes, peintes au pinceau du merveilleux, même si le château a parfois des allures de carton-pâte. Inspiré par le récit de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, le conteur navigue volontairement dans les méandres du sombre et du mystérieux pour nous mener à travers les énigmes de l’attraction, vers une éclosion magique et lumineuse de la joie. Les éléments moteurs de l’histoire sont des principes vitaux : l’amour, les métamorphoses et le rire salvateur, pour conjurer maléfices et sortilèges.

On se prend donc à rêver. Et si la vie n’était que métamorphoses toujours recommencées, faites d’élans vers le Beau, le Bien, le Vrai ? Où l’évolution du royaume de la Nature finit toujours par gagner. Si nous allions, nous aussi, gagner sur la violence, la destruction, le mensonge, l’hypocrisie, l’avidité, la vanité du pouvoir et l’orgueil. Si c’était l’essentiel ?

Remercions donc les créateurs qui donnent à voir et à entendre. La création musicale originale envoûtante est signée par les compositeurs Nicolas Fiszman et Fabian Finkels. La distribution de rêve, dirigée par Emmanuelle Lamberts, met en scène des valeurs dans lesquelles on voudrait bien croire, ne serait-ce que l’espace d’un soir.

C’est donc une invitation à la légèreté qui nous est faite cette année, sur le plateau du Théâtre du Parc, un heureux cadeau pour clore cette année 2024 et augurer du meilleur. « Je vous souhaite des rêves, à n’en plus finir… »

L’habile scénographie de Thibaut De Coster et Charly Kleinermann est délicieusement païenne – vivent les Celtes, les elfes, les villageois et les fées ! Humaine et bienveillante, cette féerie théâtrale et musicale posée en Irlande s’engage sous des décors presque organiques qui ne cessent de se mouvoir, de respirer, de prendre vie et de nous entraîner dans la rêverie. Tout est à contempler par les yeux ou les oreilles. On est véritablement happé par une synergie et une fluidité extraordinaires qui circulent en continu, comme dans les fondus enchaînés du cinéma. Entre les ballets, le mouvement des décors et des tableaux, les voix de belle musicalité, les chœurs, les lumières, les costumes (Chandra Vellut), c’est l’interprétation du texte souvent farceur, dit par des comédiens de haut niveau, qui fascine par sa justesse de ton et sa vivacité. Une Belle comédie musicale. Enfants admis!

Les contrastes ont également le beau rôle. L’extraordinaire entrée en scène de La Bête monstrueuse (Nicolas Kaplyn) est fracassante… de beauté ! La présence et le jeu sensible de Belle (Romina Palmeri) sont un pur message de bonté. Quel couple exquis au cœur de cette incessante chorégraphie !

L’humanité et le désarroi du personnage du père ruiné, qui fait tout pour sauver sa famille, émeuvent profondément. Fabian Finkels est d’ailleurs presque omniprésent et plane comme un appel muet sur l’ensemble. La complicité des deux sœurs (Marie Glorieux) finit par effacer l’ombre des jalousies toxiques qui hantent les contes. Vous remarquerez sûrement cette oreille jalouse dans l’entrebâillement d’une porte, mais leur émouvant duo vous fera basculer dans des larmes de tendresse. Le majordome de la Bête (Jérôme Louis) est drôle et attachant comme pas deux. Le jeu incisif du pasteur ambivalent (Antoine Guillaume) suscite à la fois le rire et la pitié, et le cocktail réussi de tous ces personnages est vraiment explosif, avec une méchante fée franchement méchante. Quitte à faire exploser nos stéréotypes ?

De quoi rallumer la générosité et la chaleur humaine ! Puisque l’invisible se présente, non seulement chez les danseurs de forêt, arbres et plantes humaines, mais aussi sous les traits de deux comédiens facétieux et captivants (Perrine Delers et Emmanuel Dell’Erba), qui intègrent le tableau, tantôt sages, tantôt burlesques, et que l’on verrait bien siéger dans l’imaginaire de Saint-Exupéry, Lewis Carroll ou Maeterlinck ! Ah ! Les correspondances…

Vous ressortirez, figurez-vous, le cœur enluminé et battant. La rose, …sans le fusil.

 

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour le réseau Arts et lettres 

Crédits photos Aude Vanlathem 

N.B.

Les réservations dès le soir de la première couvraient déjà les deux premières semaines de spectacle!

« La Belle et la Bête », jusqu’au 7 décembre au Théâtre Royal du Parc

 

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SPECTACLES

Un art de scène idéaliste sur un plateau … intimiste

Lui, Francis Lalanne, c’est une guitare chargée d’oiseaux gravés dans le lac noir de ses modulations. Sous sa houppelande fantasque de manouche noir corbeau, il porte des bottes de mousquetaire, et dans son dos, une longue natte, jamais désacralisés par la coupe aux ciseaux. Un regard pénétrant qui perce l’obscurité du monde fouille les visages des spectateurs et cherche leur regard, puisque , par définition, sans le regard du spectateur, il n’y a pas théâtre. La voix de l’artiste ne fait pas tout. La magie, c’est la rencontre. La salle du théâtre de la Clarencière est pleine à craquer, le public est plutôt jeune et désinvolte et se serre l’un contre l’autre. On prie tout bas qu’un cercle magique aura fermé la porte au terrible virus rampant. On prie tout haut que tous veuillent bien mettent leur masque, un rappel se fait en début de spectacle. Mais la foule… ne fait toujours que ce qu’elle veut et la peur de l’autre est tapie dans le cœur des moins jeunes et plus vulnérables, même de ceux triplement certifiés. On ne s’embrasse plus, n’est-ce pas ? Juste avec les yeux, disions nous à Fabienne Govaerts, la pétulante directrice du Théâtre qui garde courageusement le cap à travers les bourrasques culturelles ambiantes. Son masque à paillettes de bronze est son armure. « L’art vivant est mon droit ! »

Des Contes d’hiver pour réchauffer les cœurs servis en duo dans un spectacle qui a de la gueule.

Fabliaux, récits, légendes de monts et de vaux, de déserts et d’océans, voici avec fraîcheur et poésie la structure du spectacle que nous présente Francis et Alice. Tiens ! Ils riment ces deux-là ! Entendez vous ? Et se tiennent par la musique du cœur et des cordes, deux racines latines identiques d’ailleurs et le sentiment en parts égales, fiché comme un étendard dans le corps et l’âme Lalanne. Jolie recette ! “Deux étions et n’avions qu’un cœur”. Alice sort de l’ombre et joue du violoncelle, les yeux fermés, paupières nacrées d’or, visage de madone et chevelure d’ange lisse, elle est son égérie qui lui met les larmes aux yeux.

Les deux artistes en scène se correspondent comme le ying et le yang. Pas l’un sans l’autre. C’est l’un et l’autre. Le souhait d’Alice Poussin, sans équivoque…
Les récits, drôles, stylés, presque tous irrésistibles proposent un déchiffrement, une interprétation du monde et une morale implicite.
Adorables chutes sur un tapis de bienveillance, cérémonie de beau langage bien scandé, plein de couleurs, d’humour, et de saillies poétiques. On sent le public qui s’extasie. Sensibilité à fleur des yeux.
Avec ses loups, Francis Lalanne se sert des animaux pour instruire les hommes. Grenouilles, hérissons, colibris, chameaux, et par dessus tout, les loups, agneau compris ! Il n’hésite d’ailleurs pas  à appeler le plus grand honnête homme du 17e siècle pour souligner son propos. Merci Jean de La Fontaine.  Et à Rostand ? Il emprunte… le panache.

Aussi, à la fin de l’envoi, Francis a touché …son obole : une statuette de couleur turquoise, l’effigie de notre Manneken Pis farceur, que lui a remise la maîtresse des lieux. Une distinction littéraire bruxelloise appelée Le Manneken Prix.


Sachez aussi qu’une troisième reprise est prévue à la Clarencière et que le spectacle est également programmé à Avignon 2022

Le livre, pour chaque spectacle en réimpression, peut vous être dédicacé à l’issue de la soirée  « L’assemblée des loups », Francis Lalanne, Théâtre littéraire de La Clarencière, éditions Lamiroy

L'Assemblée des loups
de et par Francis Lalanne
Avec Alice Poussin au violoncelle
Production : Music Alice

https://www.laclarenciere.be/ Jusqu'au dimanche 19 décembre 2021

Dominique-hélène Lemaire pour Arts et Lettres

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                                   Jeanne est d’abord un être humain que je veux libérer du poids des clichés.
                                                                                   Romeo Castellucci

Cet automne, La Monnaie  programme  du 5 au 12 novembre, l'opéra "Jeanne d'Arc au bûcher", oratorio dramatique d'Arthur Honegger sur un livret de Paul Claudel. La mise en scène est signée Romeo Castellucci dont on se souvient lorsque l’an dernier il produisait une mise-en-scène très controversée de « la Flûte Enchantée » de Mozart, dans la même maison. Est-ce sur cette  base,  que les esprits se sont tout de suite échauffés, pour brûler une nouvelle proie, criant  à l’obscénité majeure, pour quelques photos  considérées comme choquantes, et sans avoir  même réellement assisté au spectacle?  Sic  la Fédération Pro Europa Christiana, qui promeut les "valeurs chrétiennes à travers l'Europe" et sa pétition qui a recueilli avant la première du 5 novembre plus de 10.300 signatures. Bon, la tolérance  ne fait-elle pas  partie de nos valeurs chrétiennes, et «Tu ne jugeras point » pareillement ?  

Consentir au souffle clair et aux gestes de sable

S’ils avaient été voir ce spectacle, leur âme aurait été emplie de bonheur, naturel et surnaturel tellement la musique d’Honneger fleurait le bienfait rafraîchissant et l'épopée humaine. Un élixir de joie et d’amour.  Les chœurs  omniprésents étaient installés dans le colombier diffusant leur musique enivrante comme les parfums d’un encensoir diffusant  paix,  beauté et grâce. Des voix tantôt profondes comme racines de la terre, et tantôt angéliques et inouïes comme in Paradisum. Un enchantement et un mystère qui vous tombe sur les épaules comme un manteau bienfaisant  de la Saint-Martin !   

Les derniers moments de la pucelle d'Orléans

Et sur scène on assiste à un seul en scène,  une traversée du désert en 11 flashbacks, à la recherche de l’amour, terrifiée à l’idée de son supplice.  C'est Jeanne (Audrey Bonnet), sorie du monde de silence,   qui occupe tout l’espace, seule, avec ses voix. On  sympathise au sens propre du terme, avec  une lente  épure mystique qui délivre Jeanne de son histoire d’héroïne de la France, qui lui ôte sa cuirasse de guerrière, la décape de tous les poncifs historiques qui entourent le personnage. Elle est peu à peu mise à nu, elle se dépouille de tout ce qui lui a été toxique.  C’est  toujours mieux que d’être mise à mort… Elle perd d’un coup de balai,la détestable image d’idole récupérée  par des partis politiques très peu recommandables. Elle  retrouve  toute sa  chevelure de femme, sa force, sa lumière, son corps virginal tout de blanc poudrée.  Elle est sortie d’un accès de folie  du cerveau d’un concierge d’école. La voilà, naissant du ventre de l’ombre,  ressuscitée d’entre les chaises d’une classe de village. Elle creuse le sol, déterre son passé,  fouille les souvenirs, retrouve le glaive de saint-Michel et le cheval de bataille, le roi de France, l’amour de la patrie. Elle est cet amour qui réunit les communautés, remembre l’unité, réconcilie les extrêmes, fabrique un corps social unifié! Et ainsi elle atteint l’humus sous le plancher qu’ lance autour d’elle comme pour exalter son humanité et retrouver le sein de la terre féconde. Elle renoue ainsi  avec son humilité, sa condition de femme éperdue d’amour, sa nature profonde. C’est une  folie  sauvage, libre  et authentique qui s’attendrit devant les fleurs de pommiers roses de Normandie, qui est bouleversée par un chant de rouge-gorge, - de quoi fondre en larmes -  qui tente d’expliquer ce qu’est l’amour à un frère Dominique enfermé dans une cuirasse de bure inexpugnable, incapable de sentir. Cet oratorio est un choc spirituel  que d’aucuns voulaient livrer aux flammes… « Comburatur igne ! » ( Le Chœur).   Les persécuteurs ont souvent eu bonne presse auprès des foules avides d' événementiel, or il faut toujours revenir à l’essentiel qui fait notre lumière. Ce qu’a voulu chanter, danser et jouer Romeo Castellucci. A tout hasardLa Monnaie a assuré qu'elle prendrait des "mesures de sécurité appropriées afin que les spectateurs puissent profiter des représentations sans dérangement".

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Une lecture dramatiquement magistrale, radicalement dépouillée

Dans un rêve fébrile de chants, de textes dits et de musique, cette œuvre d’une extrême originalité nous entraîne à travers quelques passages-clés de la vie de Jeanne d’Arc au moment où, toute seule, à l’approche de la mort, il lui faut faire face à elle-même et à sa France. Qui d’autre que Romeo Castellucci  pouvait  transposer les visions mystiques et les conflits intérieurs de cette jeune femme en théâtre sublimé ? L’artiste total italien  s’est associé à  l’ancien directeur musical de  la Monnaie, Kazushi Ono, qui s’est retrouvé à nouveau dans la fosse d’orchestre de la Monnaie, dix ans après l’avoir quittée.  Le chef nippon nous a livré la fresque musicale dans  un chatoiement de timbre et d’effets acoustiques stupéfiants.   Ce spectacle  est l’œuvre d’une coproduction de la Monnaie, du Theater Basel, du Perm State Opera and Ballet Theatre et de l’Opéra de Lyon, où a eu lieu la création en 2017. Pour nous ce fut un émerveillement philosophique. Bien sûr on pourrait reprocher qu’aucune voix entourant Jeanne ne se trouve réellement  présente sur le plateau, mais n’est-ce pas le propre des voix… d’être invisibles?

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Visionnaire, prégnant, ambigu : le mystère lyrique d’Honegger 

Arthur Honegger (1895-1955)  tomba d’emblée sous le charme du texte de  Paul Claudel (1868-1955)  et de sa musicalité poétique. La musique d’Honegger ne reflète pas seulement les différents registres stylistiques du livret, mais également l’esprit turbulent et survolté des années 20 et 30. Des chants spirituels austères qui rappellent Bach alternent avec de la musique contemporaine française, des comptines hors d’âge, des ritournelles de  pastoureaux, des blocs de sons cubistes et même une ligne subversive de jazz et de music-hall. Sorte de théâtre musical, les personnages principaux ont des rôles parlés. L’orchestration fait penser à une tragédie antique ou à un mystère médiéval, mais avec un langage musical chromatique et polytonal extrêmement varié. 

 Les chœurs  ont été renforcés pour l’occasion par les chœurs d’enfants et de jeunes et par l’Académie des chœurs de la Monnaie – tous deux sous la direction de Benoît Giaux. Kazushi Ono avait  déjà dirigé cette production avec beaucoup de succès à Lyon  aux côtés de Romeo Castellucci  et ses collaboratrices attitrées, les dramaturges Piersandra Di Matteo et Silvia Costa. L’actrice française Audrey Bonnet interprétait Jeanne d’Arc et occupait la scène quasi seule pendant près d’une heure  et demie. Elle était  accompagnée sur scène par  Sébastien Dutrieux, dans le rôle du Frère Dominique.

Dominique-Hélène Lemaire
DISTRIBUTION

Direction musicaleKAZUSHI ONO
Mise en scène, décors, costumes et éclairagesROMEO CASTELLUCCI
Dramaturgie : PIERSANDRA DI MATTEO
Collaboratrice artistique : SILVIA COSTA
Collaboration aux éclairages : MARCO GIUSTI
Chef des chœurs : CHRISTOPHE TALMONT

Jeanne d’Arc : AUDREY BONNET
Frère Dominique : SÉBASTIEN DUTRIEUX
La Vierge : ILSE EERENS
Marguerite : TINEKE VAN INGELGEM
Catherine : AUDE EXTRÉMO
Une Voix, Porcus, Héraut I, Le Clerc :JEAN-NOËL BRIEND
Une Voix, Héraut II, Paysan : JÉRÔME VARNIER
Héraut III, L'Ane, Bedford, Jean de Luxembourg, Un paysan : LOUKA PETIT-TABORELLI
L'Appariteur, Regnault de Chartres, Guillaume de Flavy, Perrot, Un prêtre  GEOFFREY BOISSY
Soprano Solo : GWENDOLINE BLONDEEL
Une Voix d'Enfant : SIOBHAN MATHIAK

Orchestre symphonique et Chœurs de la Monnaie
Chœurs d’enfants et de jeunes et Académie des chœurs de la Monnaie s.l.d. de Benoît Giaux

CoproductionLA MONNAIE / DE MUNT, OPÉRA NATIONAL DE LYON, PERM STATE OPERA AND BALLET THEATRE, THEATER BASEL

L’image contient peut-être : une personne ou plus, océan, plein air, eau et nature

Production créée à l’Opéra National de Lyon, 21.1.2017

 

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A deux pas du huit mars, nous avons eu la chance d’assister dimanche à un ravissant concert  100% féminin, à part le tourneur de pages : Jean-Pierre Moemaersancien professeur d'accompagnement  d’Eliane Reyes.

 Nous sommes dans le cadre des « salons de la mélodie » à la chapelle de Boondael. Ce salon musical  a été  créé par Jean-Pierre Moemaers et Sébastien Romignon Ercolini  dans le but  de faire revivre à Ixelles le temps où des  hommes et femmes de lettres et mélomanes éclairés,  recevaient chez eux en privé au cœur de leur salon, les artistes du moment, leur permettant ainsi de faire découvrir à leurs amis les beautés connues ou  méconnues du répertoire intemporel de la mélodie et du Lied.   «Les salons de la mélodie»  permettent à un public moderne  toujours plus enthousiaste de venir apprécier  ces intimes instants si précieux de la musique de chambre.

Une clé magique pour entrer dans l’univers musical proposé cette après-midi  a été la fameuse Fantaisie en Ré mineur de W.A.Mozart joué avec une intensité et une tendresse sans borne par Eliane Reyes, qui nous a mis les larmes aux yeux.  Tour à tour soliste (Brahms,  Chopin)  et accompagnatrice de choix de la soprano Cécile Lastchenko, elle  et se donne au public avec  ardeur et s'efface devant la chanteuse dont la voix sonne à la perfection et dont la diction irréprochable, quelle que soit la langue, reste  toujours claire et bien articulée.      12273276067?profile=original Cécile Lastchenko, cette  jeune artiste pleinement chaleureuse, débordante d’énergie,  irradie la joie de la musique de façon lumineuse et engagée.  On l'a vu hypnotiser un public ébloui, dans la production  très remarquée à  l’Opéra de Liège de « La favorite » et aussi  lors de  ce   concert de prestige  du 7 décembre dernier à Flagey,  assuré  par des   jeunes chanteurs de la Chapelle Musicale Reine Élisabeth . Accompagnés par l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, les artistes proposaient  un concert autour des duos qui ont façonné l’histoire de l’Opéra. La soprano Cécile Lastchenko  fut déjà très remarquée. Elle vient  maintenant d’être  sélectionnée ainsi que 5 autres artistes de la Chapelle  parmi 312 candidats de 22 nationalités différentes comme candidate au Concours Reine Elisabeth, dont  la première épreuve aura lieu le 1 et 2 mai prochains à Flagey.

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Charme et Féminité

Dans le concert donné cette après-midi où l’émotion était à fleur de peau,   sa voix d’une superbe maturité a mobilisé une incroyable palette des sentiments dans une maîtrise de la théâtralité très bien menée et à travers un programme très éclectique.

 

MOZART – Fantaisie en Ré mineur

  1. BRITTEN – Les Illuminations (« Royauté »« Villes »)

RAVEL – Shéhérazade  ‘« Flûte enchantée »

  1. MAHLER – Das Knaben Wunderhorn « Das irdische Leben » 3’

BRAHMS – Intermezzo op. 118 N°2

  1. BRITTEN – The Turn of the Screw « How beautiful it is » (The Governess)
  2. DEBUSSY – L’enfant Prodigue « Azaël, pourquoi m’as-tu quittée ? » (Lia)


CHOPIN – Fantaisie impromptue 

  1. ABSIL – Trois poèmes de Klingsor « Chanson du chat » « Ma mère l’Oye »« Où le coq a-t-il la plume ? »
  2. SHOSTAKOVITCH – Satires « Kreutzer Sonata »
  3. GERSHWIN – Porgy and Bess « Summertime » 2’12273276291?profile=original

  Son tempérament dramatique  manie aussi bien le sarcasme que le désir romantique, la douleur et le désespoir,  que la satire et le surréalisme. Mais avant tout, elle  ne cesse de faire preuve de profondeur, elle touche la fibre la plus intime, berce l’imagination, se doublant d’une bienfaisante conteuse pleine d’humour. La générosité est  d’ailleurs un  point de  fusion musicale entre les deux femmes : la pianiste Eliane Reyes l’accompagne  en effet avec un mélange de discrétion et de  connivence affirmée.  Élans maternels fusionnés, entre  voix et  clavier ? Ensemble elles semblent vouloir diffuser la force de l’instinct de vie, le choix lumineux que l’on peut faire de celui-ci, en opposition avec le monde parfois désincarné et surréaliste qui nous entoure.  Toutes deux représentent la force de l’espoir et de la transmission,  la foi en l’humanité jamais abandonnée.  Ensemble, elles incarnent  un rêve de paix et de  désarmante compassion à travers une resplendissante… féminité.

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http://www.lessalonsdelamelodie.com/Avec le soutien de Mme Dominique Dufourny, Bourgmestre; Yves de Jonghe d'Ardoye, Député honoraire - Échevin de la Culture et des membres du Collège des Bourgmestre et Échevins d'Ixelles  http://www.eliane-reyes.com/agenda/

http://www.cecilelastchenko.com/  

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Hommage à Philippe Herreweghe

 

02.05.2017 — 20:00
La Grande Salle Henry Le Bœuf accueille la célébration
des 70 ans de Philippe Herreweghe,
une toute grande
figure de notre scène musicale belge.
 
Le Collegium Vocale Gent, l’Anvers Symphony Orchestra, Bozar,
deSingel AMUZ et Outhere Musique:
avec qui ce prince de la musique a toujours eu une relation étroite et privilégiée
ont uni leurs  talents pour mettre sur pied ce soir, en son honneur,
un festival d'un soir, plein d’humour et de poésie...

 

 Les artistes :

Christoph Prégardien direction & chant
Collegium Vocale Gent  choeur
Patricia Kopatchinskaja violon
Steven Isserlis  violoncelle
Marie-Elisabeth Hecker  violoncelle
Andreas Brantelid  violoncelle 
Damien Guffroy contrebasse ​
Martin Helmchen piano

Edding Quartet
Christoph Schnackertz 
piano 


Le programme
Bartok (1881-1945) Sonate pour violon seul Sz. 117, BB 124, ∙ extrait (1944)  
Schumann (1810-1856) Fantasiestücke, op. 73 
Ravel (1875-1937) Sonate pour violon et violoncelle, ∙ extrait (1922)
Schubert (1797-1828) Lieder ∙ sur des poèmes de Johann Wolfgang Goethe Schubert Quintette à cordes, en ut majeur, D. 956, ∙ extrait (1828)  
Dvořák (1841-1904) Ze Šumavy, op. 68
Schubert An die Sonne D 439 ∙ sur un poème de Johann Peter Uz (1816)
Mendelssohn-Bartholdy(1809-1847) Psalm 'Warum toben die Heiden' 
Schubert Die Geselligkeit 'Lebenslust'

Ce sont  tous de jeunes instrumentistes, chanteurs et chef d’orchestre  qui  sont là pour  rendre à  Philippe Herreweghe un hommage musical particulièrement  vivant et chaleureux. En effet, la violoniste Patricia Kopatchinskaja et le pianiste Martin Helmchen ont tous deux signé des enregistrements à ses côtés. La jeune violoncelliste au toucher délicat, Marie-Elisabeth Hecker, s’est également illustrée sous sa baguette, de même que le contrebassiste Damien Guffroy, membre de l’Orchestre des Champs Elysées. Steven Isserlis, violoncelliste proche du Gantois, partage avec ce dernier une véritable passion pour Schumann. L’Edding Quartet a enregistré deux albums pour le label Phi ; il se joint à Andreas Brantelid dans le très touchant Quintette de Schubert, pièce maîtresse de ce concert, très émouvante dans ses timbres et ses couleurs. Merveilleuse institution de Herreweghe, le Collegium Vocale Gent est aussi présent et se place pour chanter, en cette occasion si particulière, sous la direction de Christoph Prégardien, avec Christoph Schnackertz au piano  une partition surprise. Il s’agit du  Happy Birthday pour piano, cordes et voix d’Arnold Bretagne (1976) un ensemble humoristique de variations sur le thème bien connu. La salle entière ne se fera pas prier pour participer et ensuite acclamer Philippe Herreweghe qui n’a pas pu résister à sauter sur scène pour remercier l’assemblée, égrenant en quatre langues quelques historiettes savoureuses sur le temps qui passe sans rider l’âme ni le coeur…

 
En 1970 Philippe Herreweghe, encore étudiant, fondait le chœur du Collegium Vocale Gent. Ce fut le début d'un itinéraire fascinant  pour le chef et son ensemble acquérant une renommée mondiale et  exerçaient une  de nouvelles approches par  leurs interprétations de Bach. Herreweghe a fondé ensuite d'autres ensembles, tels que  la Chapelle Royale de Paris (1977) et l'Orchestre des Champs-Élysées (1992). Il est aussi la cheville ouvrière de divers festivals de  musique, comme  celui de Saintes en France et le  Collegium Vocale Crete Senesi en Italie. Depuis 1997, Philippe Herreweghe a joué un rôle actif à  l’Antwerp Symphony Orchestra en tant que chef d'orchestre invité principal. Herreweghe est maintenant considéré comme l'un des plus grands chefs de sa génération. Il a maintes fois été  convié comme Chef d'orchestre invité à l’étranger pour des formations prestigieuses telles que  le Concertgebouw d'Amsterdam, l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig ou même l'Orchestre de chambre Mahler.

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Un très beau livre-programme a été édité à  l’occasion des 70 ans de l’artiste.
Et les fans du compositeur et chef d’orchestre, se hâteront de se procurer le tout nouveau coffret de 5 CD label φ
(PHI) qui revient sur la magnifique carrière du gantois. La compilation de 5 CD est constituée d’extraits des plus
grands compositeurs tels que Lassus, Schein, Bach, Beethoven, Mahler, Dvořak ou Stravinsky. Philippe Herreweghe
y livre ses réflexions musicales et personnelles à travers une série d’entretiens réalisés par Camille De Rijck,
regroupés dans le livre-CD. Une iconographie d’archives à découvrir pour le plaisir des yeux et une biographie
réactualisée. En effet, au fil des ans Philippe Herreweghe a construit une importante discographie de plus de 100
enregistrements commencée en 2010 avec son propre label φ (PHI) pour préserver toute sa liberté artistique
au travers d’un catalogue riche et varié.
 

Cette soirée du 2 mai 2017 à Bozar ouvrait  par la même occasion le festival Bach Heritage, dont le commissaire n’est autre que... Philippe Herreweghe. Des musiciens de talent, parmi lesquels Herbert Schuch et Jean Rondeau, et des ensembles renommés se succèderont pour célébrer le Cantor de Leipzig et son immense contribution à l’histoire de la musique. Magnifique programme en perspective, le dimanche 7 mai à 20h, on retrouvera Philippe Herreweghe en compagnie de l'Orchestre des Champs Elysées retransmis en direct depuis la salle Henry Le Boeuf de Bozar, avec Christine Gyselings  qui commentera ce concert, intitulé "L'art de la fugue".  À l’occasion de ce festival,

                                                            (02 MAI ’17 — 21 MAI ’17)

 BOZAR LITTERATURE a demandé à quelques poètes d'écrire un poème portant sur Bach pour la publication "Thirteen Ways of Looking at J.S. Bach".

 

http://www.bozar.be/fr/activities/108706-bach-heritage-festival

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Au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, grande salle Henry Le Bœuf, une  oeuvre a  publiée par Beethoven seulement deux ans avant sa mort.  Dans un chœur à cœurs fabuleux, l'édifice puissant de la Missa Solemnis opus 123 de Beethoven nous a été présenté dans un exécution sans failles par la Brussels Choral Society (BCS), un ensemble international fondé en 1979, qui compte une centaine de membres représentant plus de 20 nationalités différentes…La paix et la lumière par l'exercice de la Musique. 

L’image contient peut-être : 13 personnes

Un festival de sonorités de timbres et de couleurs chaleureuses, des qualités vocales sublimes. A cette occasion, le chœur était élargi par la présence de la Guilford Choral Society. L’Ensemble orchestral de Bruxelles était sous la direction d’Eric Delson, directeur musical de la Brussels Choral Society depuis plus de 25 ans. Il est également actuellement le directeur passionné du Performing Art Department de L’ISB, International School Brussels.

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Les solistes, tous sans faiblesses, donneront une admirable prestation en union parfaite avec le chœur et l’orchestre, chantant avec urgence et conviction une messe porteuse d’espoir, qui incarne le dépassement humain et la soif de liberté. Il s’agit de la Soprano Agnieszka Slawinska, la chaleureuse Mezzo-Soprano Inez Carsauw, le Ténor Markus Brutscher et la Basse-baryton, Norman D. Patzke.

Eric Delson a conféré une magnifique cohérence globale à l’ensemble, évitant tout bombardement musical, mettant en valeur les quatre glorieux solistes, tout de suite en action sur un tapis de murmures respectueux dans le Kyrie, ample et mesuré. Dans le Christe Eleison on reçoit quatre voix passionnées, en croix spectaculaire, soutenue par l’or des cuivres. Le final sera d’une urgence déchirante. Quand les solistes se rassoient, c’est le chœur qui achève les dernières vagues de supplications de l’humanité en détresse.

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Le Gloria sort-il du Livre de l’Apocalypse ? Les partitions semblent prendre feu, le rouge vermillon flamboie dans les voix et sur les tubes de l’orgue. Les solistes font toujours le poids avec un chœur enflammé dans le Qui tollis peccata mundi. L’orchestre ramène le calme. Le Quoniam par le chœur seul est palpitant, la conclusion chorale est vigoureuse.

Il y a beaucoup à admirer dans l'échelle et l'ampleur des idées. Le Credo est envoûtant et presque caressant, les quatre solistes se lèvent sur l’Incarnatus est… Un tracé délicat des bois se tisse autour du quatuor solo, puis de toutes parts résonne le Cruxifixus est, comme la répétition éternelle du drame absolu. Les crescendos et diminuendos sont saisissants pour qu’enfin exulte le Et ascendit porté par les cuivres étincelants. Le Cujus regni non erit finis erre sur des cercles de bonheur. Les voix sont des fusées d’émerveillement qui coupent le souffle de l'assistance. Les notes piquées envahissent les innombrables Amen. Les violons aux archets acérés sont tout aussi haletants jusqu’à ce que, seuls les quatre solistes émergent, tels quatre évangélistes au diapason. Ils incarnent une ascension vers la lumière divine appuyée par la flûte. Les derniers A-men sont de véritables coups de canons mais c’est la voix radieuse d’Agnieszka Slawinska qui semble conclure toute seule.

L'ouverture orchestrale du Sanctus commence avec les textures transparentes et vitreuses des cordes sans vibrato, puis le quatuor solo dessine délicatement l’esprit saint et le choeur attend religieusement. Après l’explosion des trombones, c’est l’explosion des chœurs : des nuées de voix ailées. Elles se posent sur le silence et l’orchestre dispense un velours panoramique sur tapis de cordes plaintives, les affres du doute… Un touchant solo du violon et flûte emmène l’assistance jusqu’aux douceurs du Benedictus. Le Saint-Esprit descendu sur terre? 

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Et en plein cœur de L’Agnus Dei qui débute comme un chant funéraire, il y aura cette blessure immonde et soudaine des résonances de la terreur de la guerre avec trompettes et tambours allegro assai, projecteur sur la misère de notre monde…! Dona nobis pacem ! L’orchestre  insiste pour réverbérer  l'urgence universelle avant le retour dramatique des voix dans un paroxysme de supplications. Pacem x3 x3 x3...  la joie a repris le dessus. Une messe est une oeuvre d'élévation, que les timbales de la guerre se taisent!  Mais le plaidoyer dramatique et plein de colère contre la guerre n'est passé nullement inaperçu et le vœu grandiose de Beethoven est un pacte avec la liberté.

...Nous aurons ces grands États-Unis d’Europe, qui couronneront le vieux monde comme les États-Unis d’Amérique couronnent le nouveau. Nous aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit de découverte ; nous aurons la généreuse fraternité des nations au lieu de la fraternité féroce des empereurs ; nous aurons la patrie sans la frontière, le budget sans le parasitisme, le commerce sans la douane, la circulation sans la barrière, l’éducation sans l’abrutissement, la jeunesse sans la caserne, le courage sans le combat, la justice sans l’échafaud, la vie sans le meurtre, la forêt sans le tigre, la charrue sans le glaive, la parole sans le bâillon, la conscience sans le joug, la vérité sans le dogme, Dieu sans le prêtre, le ciel sans l’enfer, l’amour sans la haine. L’effroyable ligature de la civilisation sera défaite ; l’isthme affreux qui sépare ces deux mers, Humanité et Félicité, sera coupé. Il y aura sur le monde un flot de lumière. Et qu’est-ce que c’est que toute cette lumière ? C’est la liberté. Et qu’est-ce que c’est que toute cette liberté ? C’est la paix.

Victor Hugo,20 septembre 1872

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http://www.brusselschoralsociety.com/

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administrateur théâtres
FÉV 8 20:00  RÉCITAL  de STÉPHANE DEGOUT
CHANSONS MADECASSES
Mélodies de Francis Poulenc & Maurice Ravel CONSERVATOIRE ROYAL DE BRUXELLES
“Degout, a wonderfully patrician singer with a handsome, ringing tone, has an innate charm that can turn to menace in a flash: it’s a superbly accomplished characterisation.”
(
The Guardian)
 
Avec les Chansons madécasses de Maurice Ravel (1875-1937), écrites entre 1925 et 1926, Stéphane Degout nous fait entrer dans le monde exotique des îles de l’Océan indien du XVIIIe siècle, revu par un compositeur français du XIXe.
Le poète et voyageur Évariste de Parny avait publié en 1787 un recueil de textes en prose tirés de chansons malgaches. Bien qu’il ne connût pas l’île de Madagascar, il en donna une vision simple et aimable, dénonçant sévèrement les méfaits de la colonisation. Maurice Ravel en sélectionna trois sur lesquels il composa une musique extrêmement dépouillée pour baryton, flûte, violoncelle et piano. « C’est une sorte de quatuor où la voix joue le rôle d’instrument principal. La simplicité y domine. » écrivit-il dans son Esquisse biographique.
Nahandove et Il est doux sont des mélodies délicates, sensuelles et érotiques, Aoua une vigoureuse dénonciation de l’exploitation et de l’esclavage. Il affirma dans une interview tardive que ces trois chansons étaient parmi ses favorites.
Sur le même principe, Ravel mit en musique les petites Histoires Naturelles de Jules Renard en 1906. Ces scénettes à l’humour quelque peu étrange et à la prosodie volontairement simpliste avaient provoqué une certaine désapprobation le jour de leur création. Pourtant, cette faune si familière – Le Paon, Le Grillon, Le Cygne, Le Martin-pêcheur, La Pintade – prend des allures de fantastique basse-cour émouvante et fragile que la musique sait merveilleusement poétiser. « Mon dessein n'était pas d'y ajouter, mais d'interpréter » aurait dit le compositeur.
Des propos que l’on peut prêter tout aussi bien à Francis Poulenc (1899-1963) lorsqu’il entreprend en 1919 de composer son propre Bestiaire sur des poèmes de Guillaume Apollinaire. Là encore, il s’agit d’animaux – Le Dromadaire, La Chèvre du Thibet, La Sauterelle, Le Dauphin, L’Écrevisse, La Carpe – dont la banalité est transfigurée par la poésie des mots et des notes. Ces petits textes charmants et ironiques offrent à Poulenc l’occasion d’un exercice musical où s’exprime sa profonde tendresse pour la vie et ses aléas. L’accompagnement originellement prévu se composait d’une flûte, d’une clarinette, d’un basson et d’un quatuor à cordes.
Apollinaire fut une source d’inspiration inépuisable pour Poulenc qui mit en musique nombre de ses poèmes. Le poète français reste le fil rouge des mélodies qui composent la suite du programme avec Calligrammes (L’Espionne ; Mutation ; Vers le Sud ; Il pleut ; La Grâce exilée ; Aussi bien que les cigales ; Voyage) daté de 1948, les Quatre poèmes (L’Anguille ; Carte-Postale ; Avant le Cinéma ; 1904) datés de 1931, Banalités (Chanson d’Orkenise ; Hôtel ; Fagnes de Wallonie ; Voyage à Paris ; Sanglots) daté de 1940, ainsi que Montparnasse et Hyde Park composés en 1945.La langue d'Appolinaire trouve avec Poulenc un interprète en parfaite synergie avec cette ironie aux accents faussement naïfs et voilée de nostalgie caractéristique du poète. Des mélodies qui, pour Poulenc, devaient parler pour elles-mêmes et être chantées sans emphase.
Viendra s’adjoindre à ce programme le trio de Kaija SaariahoCendres, pour flûte, violoncelle et piano, qui lui fut inspiré par son double concerto …à la fumée et qui vient apporter une note plus grave à ce joli moment de plaisir fantasque.

 

S’il est un artiste dont le parcours révèle toute l’exigence de qualité, c’est bien Stéphane Degout qui était récemment l'invité de La Monnaie à Flagey pour un splendide récital* et une remarquable interprétation du Poème de l’amour et de la mer de Chausson. Ce chanteur et acteur d’exception, qui n’est jamais si à l’aise que sur une scène, a déjà treize rôles à son actif à la Monnaie où son talent dramatique et l’opulence de son timbre lui ont permis toutes les audaces.
Cela n’exclut pas pour autant le plaisir du récital chez ce grand mélodiste, qui, confronté à l’intimité du genre, sait parfaitement se mettre au service de la musique et de l’expression des sentiments, et transmettre avec une finesse remarquable la poésie de la langue et son alliance parfaite avec la mélodie. Des qualités qui devraient faire des étincelles dans ce nouveau récital dédié aux mélodies de Maurice Ravel et Francis Poulenc, que le baryton français présentera le 8 février au Conservatoire Royal de Bruxelles.

Avec la complicité de trois musiciens de grand talent, le pianiste Cédric Tiberghien, le violoncelliste Alexis Descharmes et le flûtiste Matteo Cesari, il a composé un ensemble très significatif de ces deux compositeurs qui se défiaient de tout romantisme et se dissimulaient souvent derrière l’humour et la légèreté.  

Cédric Tiberghien se produira également à Flagey dans le cadre du Flagey Piano Days du 9 au 12 février 2017

 


*Alain Altinoglu Requiem & Poèmes: Debussy, Chausson, Fauré Nov 26th 2016 Concert La Monnaie De Munt

 

Baritono - STÉPHANE DEGOUT
Piano - CÉDRIC TIBERGHIEN
Violoncelle - ALEXIS DESCHARMES
Flûte - MATTEO CESARI
 

 PROGRAMME
 
Francis Poulenc (poèmes de Guillaume Apollinaire)
Le Bestiaire
(Le Dromadaire ; La Chèvre du Thibet ; La Sauterelle ; Le Dauphin ; L’Ecrevisse ; La Carpe)(1948)
Montparnasse (1945)
Hyde Park (1945)
Calligrammes (L’Espionne ; Mutation ; Vers le Sud ; Il pleut ; La Grâce exilée ; Aussi bien que les cigales ; Voyage) (1948)
Quatre poèmes (L’Anguille ; Carte-Postale ; Avant le Cinéma ; 1904) (1931)
Banalités (Chanson d’Orkenise ; Hôtel ; Fagnes de Wallonie ; Voyage à Paris ; Sanglots) (1940)

Kaija Saariaho
Cendres (Trio pour flûte, violoncelle et piano) (1998)

Maurice Ravel
Chansons Madécasses (poèmes d’Évariste Parny) (1925-26)
 ( « Nahandove, ô belle Nahandove » ,« Il est doux de se coucher »
 ; Aoua )
Histoires Naturelles (textes de Jules Renard)
 (Le Paon ; Le Grillon ; Le Cygne : Le Martin-pêcheur ; La Pintade) (1906)
INFORMATION GENERALE
REPRÉSENTATION 
8 février 2017 - 20:00
 
CONSERVATOIRE ROYAL DE BRUXELLES
30, Rue de la Régence – 1000 Bruxelles
 

PRODUCTION De Munt / La Monnaie
COPRÉSENTATION Bozar Music
INFO & BILLETS
+ 32 2 229 12 11
MM Tickets, 14 rue des Princes, 1000 Bruxelles
www.lamonnaie.be - tickets@lamonnaie.be
 
PRIX
10 € à 44 €

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administrateur théâtres

Brel is Brel

Jacques Brel, notre poète, chanteur, compositeur belge, à qui on aurait bien aimé décerner, comme à  Dylan ce jour-là, un  prix Nobel posthume bien mérité, a fait sa joyeuse entrée en fanfare au Wolubilis, à bord d’une vraie  Rolls : grâce à  la complicité du Brussels Jazz Festival  avec le chaleureux chanteur de jazz David Linx.

On a assisté à un spectacle de haute qualité, où rien n’est laissé au hasard, où rien ne manque, où tout est à emporter « sur l’île déserte », comme le disait son ami Georges.  Il s’agit d’un fervent projet sous forme de libres variations qui  rend un touchant hommage au Poète Lauréat des belges.

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 La salle  est comble. Les musiciens du bateau ivre  en costume  Navy Blue sont rangés sur des gradins, derrière leurs sages pupitres de concert classique étoilés d’une loupiote, face au public. Comme pour  une  assemblée nationale musicale, on peut compter de bas en haut : un rang de quatre saxos et bois ; puis celui des trombones et enfin les trompettes. A gauche sur le plateau, il y a  la pianiste, Nathalie Loriers, seule femme de la Big Band ; entre deux,  la contrebasse et la panoplie de vibrantes  percussions. La prestation sera inoubliable. Le jazz est là. Les  musiciens  se déplacent et viennent chacun à leur tour faire leur Java devant le micro, pendant que David Linx, se promène de long en large avant de reprendre couplets ou refrains et longues harmoniques. Un souffle épique traverse le plateau, un vent de chaleur humaine.

Le CD est sorti en juin 2015. La surprise vocale vient de la tessiture du chanteur qui manie les octaves avec une aisance  vertigineuse, et rappelle tantôt Brel, tantôt Nougaro. Mais c’est du Linx bon teint, un capitaine musical particulièrement inspiré, artiste généreux en chemise  purple red, courtois et plein d’humour qui surfe sur les paroles et la musique du grand Jacques avec respect et joyeuse liberté, et qui chante des jazzy vocals et talking-singing tongues, les yeux dans les yeux avec la pianiste! Sacré Mathilde !

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 Plusieurs des membres du BJO se sont  succédé à l’arrangement des chansons mythiques du florilège : Pierre Drevet,  La chanson des vieux amants, Mathilde ; Dieter Limbourg, Le plat pays, Amsterdam,Vesoul ; Lode Mertens, Quand on n’a que l’amour, La valse à mille temps ; Gyuri Spies, l’ingénieur du son, Ces gens-là, Isabelle, dans une superbe version anglaise ; Frank Vaganée, La ville s’endormait, Bruxelles  and last but not least, Nathalie Loriers, la pianiste,  pour  Ne me quitte pas… David Linx invoquera aussi  la figure de Toots Thielemans, une autre grande figure belge  dont on a pleuré la disparition l’été dernier.

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 Et de temps à autre, cela swingue carrément  en langue originale,  avec Amsterdam, dans  une traduction anglaise magnifique de David Bowie. C’est dire que la boucle est bouclée, le cercle  refermé. Celui des poètes disparus ? Et on pleure tous  à chaudes larmes avec le titre nostalgique  tellement bouleversant de Oh ! mon amour! 

Le plat pays, un hommage au père de Linx, évoque quant à  lui, incontestablement, avec ce solo saxo méditatif puissant, ce pays qui est « le nôtre ». C’est ce qu’ont murmuré dans un même souffle, une salle totalement conquise et l’artiste sur scène.

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http://www.wolubilis.be/index.php?page=1&id=49&pid=666&year=2016&month=10

En tournée: 

 23 nov 2016
 
 20:00

Warschau (PL)

 17 mar 2017
 
 20:30

Théâtre Chassé, Breda (NL)

 18 mar 2017
 
 20:30

Centre Culturel, Huy (B)

 24 mar 2017
 
 20:00

Centre Culturel, Soignies (B)

 30 mar 2017
 
 20:00

La Ferme du Biéreau, Louvain-la-neuve (B)

 02 mai 2017
 
 20:00

Centre Culturel, Dinant

 

 

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administrateur théâtres

Une soirée et deux opéras en un acte. Couleurs, beauté et endurance!  Deux époques de styles farouchement différents mais  qui  exploitent  avec exaltation le thème  de la femme délaissée de tous temps. Deux destinées, deux actes de solitude.

Dans la première œuvre, « Il Segreto di Susanna » d’Ermanno Wolf-Ferrari,  l’homme (un fougueux Vittorio Prato) , vaque à ses occupations diurnes et nocturnes mais il est miné par  une  jalousie …risible. Dans la seconde, « La Voix humaine » de Poulenc,  l’homme est carrément absent, il a  fui celle qui l’aime à en mourir, pour vivre sa vie.  Les deux femmes vivent confortablement dans des intérieurs élégants intemporels,  mais comme elles se morfondent!

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 L’une  se découvre une passion qui enfin l’arrache  à l’ennui et l’affaire ne se termine pas trop mal  dès le moment où elle réussira à partager ses divagations avec l’homme qu’elle aime. Pathétique quand même,  la force de l’addiction,  qu’il s’agisse de cigarettes ou de drogues dures!  

L’autre, ivre de solitude et de désespoir, souffre de dépendance psychologique  pour l’homme qui l’a abandonnée. Une addiction non moins néfaste.  « Elle » est à deux doigts de se donner la mort pour cesser de souffrir. Elles sont toutes deux meurtries profondément par l’abandon, y en aurait-il une plus heureuse que l’autre?  

Et les voilà rassemblées  en une seule  et magnifique interprète : Anna Caterina Antonacci, une chanteuse lyrique  au palmarès exceptionnel  qui  réussit à sculpter les deux situations avec une immense sensibilité. Elle possède une virtuosité et une expressivité vigoureuse pour affronter ce grand défi pour toutes les grandes chanteuses que cette création lyrique  de « La voix humaine » de Francis Poulenc. Un mélange palpitant de voix parlée et chantée, entre violence des sentiments et  soumission. Le jeu scénique est d’une mobilité extraordinaire. De nombreuses séquences a capella font penser à une lente mise à nu de la victime.

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 Impressionnant travail de mise en scène et de lumières de Ludovic Lagarde et de Sébastien Michaud. Le décor épuré est de la main d'Antoine Vasseur.  Le passage d’un  opéra à l’autre est très subtil. De la bonbonnière vibrante de lumières pastel,  finement époussetée par un  fidèle domestique (qui rappelle quand même le salon bourgeois 19e), on passe à un moulin moderne aseptisé. La solitude éblouissante se déploie comme un sablier sur une scène tournante. Le logement d’origine  a été  démultiplié en trois pièces rutilantes de blancheur : hall, chambre et salle de bain couv’de mag’. Le progrès  et le  confort sont visibles.  Mais dans ce paradis artificiel, pulse partout   un  regard féminin affolé dont on peut lire  l’évolution des émotions  intérieures   sur le visage de  la femme en close-up projeté sur des écrans années 2000. Le souffle d’ Hitchcock semble souffler quelque part et  l’héroïne désenchantée promène son mal-être de pièces en pièces, attachée au fil sans cesse brisé de sa conversation!  L’utilisation d’un téléphone avec standardiste a quelque chose  de surréaliste dans tant de modernité. On est hanté par une image plus probable dans ce décor, celle d’un téléphone portable, addiction des temps modernes et modèle même de notre solitude à nous qui voulons à tout prix « rester connectés ».

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La standardiste est rendue vivante par  les instruments de l’orchestre sous l’élégante direction  de Patrick Davin. Le harcèlement  du piano lui rappelle la douleur de l’homme absent. Et ce sont des petites morts chaque fois que la ligne se coupe. Un enchaînement de ruptures et de brisures.  Le talent  de la  chanteuse réveille dans notre imaginaire un fondu enchaîné  de mille et une femmes éplorées, bafouées, totalement dépendantes. Dans ses poses, ses postures, son jeu tragique  elle  nous rappelle les souffrances et la tendresse excessive de grandes figures de l’histoire du cinéma  telles qu’Ingrid Bergman, Marilyn Monroe, Romy Schneider…

Si on rit de bon cœur dans le premier opéra « Il Segreto di Susanna », œuvre cocasse et divertissante - l’intermezzo fut  joué pour la première fois à Munich  en décembre 1909 -  il en est tout autrement dans le deuxième opéra où l’on assiste à une descente vertigineuse en enfer.

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 L’enfer c’est les Autres, l’absent, l’homme en fuite qui n’a laissé derrière lui qu’une femme épuisée, vidée de toute substance.  Cette  vaillante voix humaine  féminine  brave pendant 40 minutes,  et seule, l’orchestre omnipotent  dans ce  jeu de massacre conjugal. C’est moderne et réaliste.    Son combat  tragique bouleverse. Sauf si, reprenant soudain pied dans notre  réalité, on se prend à soupeser les avancées du combat féministe. La déchirante héroïne  ne serait-elle pas  d’une autre ère, espère-t-on avec soulagement, question de créer  un peu de distance avec l’intensité presque insoutenable du  spectacle.

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Mais on ne peut s’empêcher de se dire avec anxiété qu’il n’y a que dans les couches aisées et éduquées de la population occidentale que  les femmes peuvent se targuer d’être enfin libérées. Partout autre part, elle reste  un objet de plaisir, une valeur d’échange, un signe de richesse, une  simple procréatrice,  un  sujet de convoitise que l’homme traite à sa guise. Le malaise reste entier, si on pense à cette  autre moitié du monde, niée, foulée aux pieds, séquestrée, emprisonnée dans des codes immondes, lapidée dans certaines parties du monde. Et donc un regain d’amertume s’ajoute au fiel démoniaque dont est cousue cette oeuvre méconnue de Francis Poulenc créée en 1959 pour son égérie Denise Duval, à qui on vient de rendre hommage tout récemment, à l’occasion de sa disparition.

 

secret_de_suzanne_voix_humaine_-_site_opera_royal_de_wallonie_-_lorraine_wauters-18.jpg?itok=96KRXE2D&width=452Direction musicale : Patrick DAVIN

Mise en scène : Ludovic LAGARDE

 Décors : Antoine VASSEUR

Costumes : Fanny BROUSTE

 Lumières : Sébastien MICHAUD

Vidéo : Lidwine PROLONGE

Production Opéra Comique Coproduction Opéra Royal de Wallonie-Liège / Les Théâtres de la Ville de Luxembourg Partenaire associé Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française

Contessa Susanna / Elle: Anna Caterina ANTONACCI

Conte Gil : Vittorio PRATO

 Le Serviteur: Bruno DANJOUX

Et Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège

http://www.operaliege.be/fr

Crédit photos: L'opéra de Liège

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/il-segreto-di-susanna-la-voix-humaine

 

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administrateur théâtres

12273129470?profile=original CONCERT EN HOMMAGE AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-   18 "Avant-première mondiale de la Symphonie le Chemin des Dames"

Bruxelles, jeudi 8 octobre à 20H à la Cathédrale Saint Michel et Gudule

 

 « Bien chers Mère, Frères et Sœurs,

Il est déjà quatre heures du matin, l’heure de notre mort est proche. Avec Alfred et Aloïs, nous sommes réunis dans la même cellule. Nous avons passé la nuit à prier, chanter et deviser. La messe va commencer, puis en route pour le tir national, pleins de force et de courage. Allons, maman chérie, bon courage.

Je vous donne de loin un dernier baiser. Adieu.

Votre cher fils Gustave qui  va mourir pour la Patrie »

Gand, le 10 août 1916 : dernière lettre de Gustave Mus à sa famille.

C’est  avec la lecture de cette lettre tragique que débutait samedi dernier un magnifique hommage AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-18  à la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, Bruxelles. Au programme,

LA TROISIÈME SYMPHONIE de Saint-Saëns op.78

Le  CONCERTO POUR VIOLON ET ORCHESTRE de Mendelssohn op.64

LA SYMPHONIE "LE CHEMIN DES DAMES" de Jacques Alphonse De Zeegant sur un poème de Marguerite de Werszowec Rey

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L’univers simple et essentiel du jardin est accroché aux chapiteaux, les arches prient, les lumières de la ville s’invitent à travers les vitraux,  les grandes statues de saints  de  pierre blanche veillent sur une foule nombreuse, venue assister comme chaque année, à un concert exceptionnel organisé par  "Les Amis de la Cathédrale Saint Michel et Gudule", associés cette année  avec "le Hulencourt Art Project". L’intégralité des  bénéfices du concert sera consacrée à la restauration du vitrail du " Jugement Dernier "qui éclaire l’immense nef gothique abritant, depuis tant de siècles, des millions de fidèles et de visiteurs.

  

L’écrivain belge Philippe Marchandise accueille le public assistant à cette grande rencontre musicale, avec des mots vibrants  invitant à être en communion avec ceux qui ont donné leur audace ou leur vie pour la Liberté et la démocratie dans notre pays.  Il évoque les soldats au front, les prisonniers, les victimes de la guerre et surtout « ces femmes désemparées, qui ont perdu leur raison de vivre puis leur raison tout court. » Et c’est une femme,  Marguerite de Werszowec Rey qui a écrit le poème qui a inspiré la symphonie contemporaine  "Le chemin des dames" au musicien Jacques-Alphonse De Zeegant*. Elle le lira devant l’assemblée avant  son interprétation musicale. Cette œuvre,  inspirée par les champs de bataille de la Marne, est évocation, prière et appel à la paix, elle transcende les lieux et le temps. Elle a stupéfié, bouleversé, enflammé le public lors de sa création à la cathédrale de Laon  le 30 août 2014. L’émouvante  mezzo-soprano argentine Alicia Nafé a prêté sa voix avec les chœurs de l’Union Européenne pour l’interprétation de  la symphonie.  L’actrice Caroline Veyt, présentatrice en mai 2014 du Concours Reine Elisabeth,  introduit chaque  œuvre musicale.

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 Né en 1955, Alphonse De Zeegant compositeur belge  au parcours peu commun, a étudié au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles. Il fut l’élève du pianiste André Dumortier (lauréat du concours Eugène Isaye) et du pianiste Valéry Afanassiev (1er lauréat du concours Reine Elisabeth 1972). Depuis une dizaine d’années, Jacques-Alphonse De Zeegant s’est engagé dans les coulisses de la création, laissant courir son inspiration, librement, sans se soucier des modes et des courants esthétiques de notre époque. Jacques-Alphonse De Zeegant souhaite en effet  assurer la transition, entre musique classique et musique contemporaine.

12273131097?profile=originalIl est  le premier compositeur invité en  résidence auprès du Hulencourt Soloists Chamber Orchestra (HSCO) qui  rassemble chaque année la crème de jeunes talents internationaux afin de promouvoir la musique classique et offrir à de nouveaux publics une expérience directe et intime de la musique de chambre et d’orchestre.  Au programme,  une dizaine de concerts prestigieux de très haut niveau  dans des lieux réputés, comme cette fois,  le cadre exclusif de la Cathédrale Saint Michel et Gudule.  La recherche de l’excellence est le maître mot. Les artistes, musiciens solistes professionnels  qui jouent comme solistes et poursuivent leur propre carrière musicale au sein d’orchestres nationaux ou dans des ensembles reconnus, sont conviés aux quatre coins de l'Europe, à participer au programme selon leurs disponibilités. Ils se réunissent au Golf Club d’Hulencourt, un endroit de prestige et de calme situé en pleine nature,  pour les sessions de préparation des concerts et des tournées. Rencontre de 19 nationalités.

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Xavier Deprez, organiste de la cathédrale, et Augustin Dumay, violoniste de la Chapelle Musicale et futur directeur musical de l’orchestre  HSCO en 2016 ont tenu à s’associer à cette grande commémoration et prière pour les soldats de la guerre de 1914, en interprétant avec l’orchestre de solistes de chambre de Hulencourt sous la direction de Benjamin Ellin deux œuvres poignantes de Camille Saint-Saëns et de Felix Mendelssohn. Nous avons vécu une expérience musicale inoubliable,  authentique et unique,  ainsi que la  rêve, le directeur de l’Hulencourt Art Project: Palmo Venneri.

* www.dezeegant.com

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En savoir plus :

^Un haut lieu de souffrance

« Quand j’ai accepté de composer une symphonie sur le Chemin des Dames, je souhaitais y intégrer un texte, j’ai demandé à Marguerite de Werszowe Rey, avec qui j’ai souvent collaboré, de m’écrire un texte ou un poème », explique Jacques-Alphonse De Zeegant. Ce poème évoque la vie des soldats dans les tranchées mais il est aussi un appel à la paix. « Le texte mêle le français et l’allemand, mais on y retrouve aussi toutes les langues des peuples qui ont combattu sur le Chemin des Dames. » Cette voie, autrefois royale qui est devenue un haut lieu de souffrance, le compositeur l’a beaucoup arpentée avant de coucher ses émotions sur une partition. « Des amis me l’ont fait découvrir, j’ai été très marqué par la souffrance qui s’en dégage encore. Un gigantesque drame humain s’est déroulé ici, on sent bien que la terre n’a pas fini de digérer ses morts. »

En une trentaine de minutes, Le Chemin des Dames évoque les soldats, leurs souffrances, les coups de fusil, « la Chanson de Craonne apparaît en filigrane tandis que le 5 e  mouvement se transforme en danse macabre, poursuit le musicien. Ce qui compte pour moi ce n’est pas la beauté, mais l’émotion qui se dégage de l’ensemble. » Pour ceux qui seraient un peu inquiets, le compositeur se veut rassurant : « Ma musique est accessible à tous, elle est au service du texte, et reste un hommage aux souffrances des soldats qui ont combattu, il y a cent ans. »

^ http://gite-chemindesdames.fr/litterature.html

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administrateur théâtres

12273075857?profile=originalAvec Leonardo García Alarcón direction - Jodie Devos soprano - Millenium Orchestra

Programme: Wolfgang Amadeus Mozart

Ouverture (Le Nozze di Figaro, K. 492), Aria "Deh vieni non tardar" (Le Nozze di Figaro, KV 492), Ouverture (Cosi fan tutte, KV 588), Aria "Una donna a quindici anni" (Cosi fan tutte, KV 588, Ouverture (Don Giovanni, KV 527), Aria "Batti, batti o bel Masetto" (Don Giovanni, KV 527), Aria "Alcandro, lo confesso... Non sò d'onde viene", KV 512, Symphonie n° 25, KV 183, "Popoli di Tessaglia - Io non chiedo, eterni dei", KV 316/300b

 

Le Millenium Orchestra est un nouvel orchestre baroque belge dirigé par le talentueux Leonardo García Alarcón, un homme rayonnant d’énergie et d’intelligence musicale, célèbre notamment pour la qualité et la quantité de ses recherches musicologiques. Il s’est illustré récemment  à la tête du Chœur de Chambre de Namur  et de  sa Cappella Mediterranea dans la première représentation mondiale  d’« il Diluvio unniversale »  de Michelangelo Falvetti (1642–1692). Soulignons qu’à cette occasion,  Leonardo García Alarcón  a reçu la médaille de citoyen d'honneur de la ville d’Ambronay  lors de son célèbre festival et que le CD enregistré à cette occasion a  remporté le Diapason d'or du mois d'octobre 2011.

Le « Millenium Orchestra » est une création de CAV&MA (Centre d’Art Vocal et de Musique Ancienne) qui regroupe  les meilleurs ensembles baroques de la région namuroise. Ces artistes dans la fleur de l’âge, formés à la musique ancienne jouent sur instruments d’époque, sous la direction flamboyante du chef et claveciniste argentin.

Ce soir, la présence astrale de Jodie Devos, la jeune soprano belge qui a remporté le deuxième prix du concours Elisabeth en 2014 est la meilleure fée belge qui puisse se pencher sur le berceau de ce nouvel orchestre. Et le programme de cette soirée inaugurale est consacré entièrement à  Mozart, c’est du meilleur augure. Le conservatoire est comble.  Dès les premières mesures de l’ouverture des Noces de Figaro,  les sonorités lumineuses se précisent. Le modelé des pupitres séduit et le visage des auditeurs s’épanouit. Le chef d’orchestre est ardent et a le sourire aux lèvres. Sa conduite est franche précise et dynamique. Il souligne des violoncelles passionnés, il donne du velouté aux  émotions avant de terminer le premier mouvement sur un tempo de joyeuse  jouvence. Des bravi discrets fusent déjà à la fin du premier mouvement ! C’est gagné ! L’ensemble de l’orchestre est en prise directe avec le bonheur de l’épanouissement musical. Si la contrebasse livre sa voix sombre et plaintive, les bois frémissent, vifs et clairs. Les vents diffusent des sonorités et des effluves de fruits mûrs. Trompettes et timbales sonnent l’allégresse, les alti sont en effervescence et les couleurs des premiers violons sont empruntées à une palette lumineuse. Les réponses instantanées des différents  pupitres marquent une connivence immédiate et très intense avec le chef.  

Jodie Devos, qui s’excuse d’être encore souffrante, a changé un peu la programmation pour pouvoir honorer ses engagements. Elle joue avec feu  les personnages de Suzanne, Despina, et Zerlina. On retrouve son habituelle présence piquante et espiègle car  elle excelle dans l’interprétation malicieuse des rôles d’ingénue.  Une voix qui ne force jamais, mais qui atteint des sommets vertigineux d’une perfection technique admirable, légère presque diaphane à certains moments. Ses vocalises, malgré son état de santé grippal fascinent un public enchanté. La diction est impeccable, ses acrobaties vocales passionnées et le timbre est de toute beauté. La musique a fait taire la grippe annoncée.

En deuxième partie,  la Symphonie no 25 en sol mineur, œuvre  de  jeunesse de Mozart, composée en 1773 au seuil de ses 18 ans est une œuvre éblouissante d’énergies contradictoires et d’humanité. L’orchestre déploie des contrastes de nuances et de dynamiques remarquables pour cette partition extrêmement riche et fougueuse. Le mélange de  mélancolie, de désespoir, d’humilité et d’exubérance, de violence même, atteint  presque des tournures héroïques. Les sonorités lancinantes de l’andante  respirent la tristesse et l’angoisse. L’orchestre semble marcher au bord d’un volcan autour d’un hautbois au chant pur et lumineux.  Après un menuet plutôt joyeux,  confié aux vents, Leonardo García Alarcón revient, avec son sens inné du drame et de la mise en scène à  l’agitation fébrile du premier mouvement.

Le public ne lâchera pas sa soprano favorite après ses derniers airs, et celle-ci le comblera avec l’aria allemand  de Pamina tiré de La Flûte enchantée. Un deuxième bis survient, cette fois proposé par  l’orchestre et son chef très heureux de cette première soirée. Quoi de plus naturel que de finir avec l’ouverture du même opéra, nous confie-t-il ! Percussions éblouissantes, flûtes divines, beauté du souffle  musical plein d’esprit, dans un tempo inondé par la joie communicative. 

- http://cavema.be/fr/voir/millenium-orchestra/224-millenium-un-coup-d-oeil-en-coulisses

- http://cavema.be/fr/actualites/choeur-de-chambre/228-p-a-href-http-www-lavenir-net-article-detail-aspx-ar

- http://cavema.be/nl/nieuws/millenium-orchestra/225-div-class-5pbx-usercontent-data-ft-quot-tn-quot

- http://www.lestroiscoups.com/article-millenium-orchestra-un-nouvel-orchestre-baroque-en-federation-wallonie-bruxelles-annonce-122736092.html

- http://www.bozar.be/activity.php?id=14417

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administrateur théâtres

L a    p a i x  d e s   c h a n t s 
 
Au début étaient des champs, et au milieu : un moulin à vents. Dans la campagne verdoyante était un village rural, Ganshoren qui fournissait in illo tempore les marchés de la ville en légumes et les brasseries en houblon. La première pierre de la future Basilique Nationale du Sacré Cœur était posée le 12 octobre 1905 par le Roi Léopold II. Aujourd’hui la Basilique de Koekelberg est une œuvre composite et inachevée, posée sur ce plateau jadis agreste. Elle a accueilli ce 9 novembre 2014, date anniversaire de la chute du Mur, des chants sublimes au service de la paix. Un océan de voix pour la Paix. "1000 Voices for Peace", c’est un projet élaboré par le Festival de Flandres-Bruxelles pour commémorer la Grande Guerre. 39 ensembles de choristes, c’est-à-dire 22 chorales belges et 17 chorales issues de pays impliqués dans le premier conflit mondial se sont unis par la voix, le chant et la musique pour adresser au monde un plaidoyer ardent en faveur de la paix.
 
  La soirée du samedi 9 novembre 2014 à la Basilique, liturgie musicale grandiose, a clôturé en beauté une semaine intense de rencontres et de travail musical. Sous la direction d’Andres Mustonen, nous aurons entendu des œuvres du compositeur chinois réputé, Tan Dun, du norvégien Ola Gjeilo, de Sofia Gubaidulina, compositrice russe de tout premier plan et du belge André Devaere, jeune compositeur et musicien tombé au champ d’honneur en 1914. Les concerts étaient ponctués de récitations d’œuvres poétiques universelles et d’extraits de journaux intimes datant de la Première Guerre mondiale. On retiendra en particulier la performance de la récitante au profil inoubliable: Isnelle Da Silveira.
 
Profitant de sa connexion en temps réel avec la station spatiale internationale ISS, le Festival de Flandres-Bruxelles a voulu démontrer qu’il se tournait résolument vers l’avenir. Par l’intermédiaire d’écrans disposés partout dans une basilique « full house » nous avons capté un message de paix envoyé par les astronautes Alexander Gerst, Max Surayev et Reid Wiseman du European Space Agency (ESA). Un clin d’œil de l’espace pour souligner l’urgence de la démarche, alors que les convulsions des crises économiques et sociales du monde se font aujourd’hui tellement douloureuses!

Herman Van Rompuy lui-même a pris la parole devant Sa Majesté le Roi Philippe et la Reine Mathilde pour réitérer les principes d’une paix durable auxquels il n’a jamais cessé de souscrire durant sa Présidence européenne depuis 5 ans. L’Union Européenne n’a-t-elle pas reçu un très bel encouragement avec le Prix Nobel de la Paix 2012 « pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe», les pays membres renonçant sincèrement à leurs hostilités passées. Profitons pour rappeler haut et fort que la cheville ouvrière de la paix, c’est avant tout l’Art et la Culture.

L’œuvre maîtresse de ce concert est le "Dies Illa" de Krzysztof Penderecki - en première mondiale et joué en présence du compositeur. Elle a été choisie pour symboliser haut et fort le message d’ESPOIR collectif de « 1000 Voices for Peace ». Cet espoir est indispensable si nous entendons bâtir la paix et œuvrer à un savoir-vivre ensemble pacifique. L’art n’est-il pas un rempart contre la guerre et la violence?  Penderecki dédie son œuvre à toutes les victimes de la Première Guerre mondiale. Il souligne que cette musique inhabituelle et fantastique a un pied dans la musique classique et un autre dans la musique contemporaine. « La voix humaine est sollicitée d’une manière très particulière. Cela va des sonorités écrasantes et massives aux murmures à peine audibles, au brouhaha, aux bavardages… » Des instruments tels que tuba phone, glockenspiel, xylophone, vibraphone, cloche tubulaire complétaient les pupitres habituels de l’orchestre. Dans l’enceinte de cette basilique, pleine à craquer, qui pourtant est réputée pour une acoustique très médiocre, le résultat phonique était hallucinant. Pour qui eu la chance ce vivre cet événement exceptionnel... le souvenir ne s'effacera pas de si tôt et en se promenant sur les ondes radiophoniques  flamandes le  mardi 11 novembre dans la soirée, on aura revécu cet immense événement avec le même bouleversement. 
 
 

La direction musicale (choeurs et orchestre) revenait au violoniste estonien Andres Mustonen. L’Orchestre, le Brussels Philharmonic, occupait la croisée surélevée de la Basilique, les groupes de chanteurs disposés jusqu’au fond du Chœur et apparaissant en finale aussi à tous les balcons des étages. Le tout épicé par les articulations caméras gourmandes des chaînes de télévision, ce spectacle inédit avait quelque chose d’extra-terrestre. Savants jeux de lumière, solennité et fracas symbolisant la paix et la guerre, le spectateur est ressorti de cette expérience inoubliable, totalement abasourdi par l’ampleur et la qualité de l’entreprise. On a remis les pieds sur terre en rencontrant la très charmante musicienne et musicologue Cindy Castillo qui tenait les orgues! Les différents participants ont tous répété chez eux avant de participer aux deux seules répétions générales qui ont eu lieu la semaine dernière, nous a confirmé Michel Jakobiec chef de l’ensemble vocal du Conservatoire de Tournai.


 
 
Solistes: Agnieszka Rehlis, Johanna Rusanen, Nikolay Didenko
Actrice: Isnelle Da Silveira
Organiste: Cindy Castillo
Violoncelliste: Luc Tooten
Recorder solist: Felix Casaer
Étudiante Colom: Clélia Twagirayesu
Présentateur: Laurent Graulus

LE PROGRAMME:


Tan Dun, Hero Concerto, VIII “Sorrow in the Desert”
Ola Gjeilo, Sunrise Mass III “The City”

Hymne Catalan, El cant dell Ocells
Sofie Gubaidulina, The rider on the white horse

Andre Devaere, Preludium en fugue, preludium
Krzysztof Penderecki, Dies Illa pour 3 solistes, 3 chorales mixte et orchestre.
Une commande du Festival de Flandre Bruxelles, avec le soutien de l’Institut Polonais à Bruxelles (service culturel de l’ambassade de la République de Pologne à Bruxelles).


LES  39 CHORALES:
Chœur de l’Université Gand, Chœur féminin Makeblijde (Zele), In Dulci Jubilo (Saint-Nicolas), Chœur de chambre Furiant (Gent), Ensemble vocal féminin Arabesk (Gand), Con Cuore (Waregem), Chœur de chambre yprois (Ypres), Cantores (Bruges), Chorale universitaire de Louvain (Leuven), Chœur de chambre Octopus (Anvers), Chœur de jeunes Villanella (Laakdal), Helicon (Lierre), Chorale Don Bosco (Hoboken), Chœur de la cathédrale de Hasselt, Ensemble Mantelius (Kuringen), Amabile (Neerpelt), Sing-in BOZAR (Bruxelles), Colom (Chœur d’Athénée Royal de Koekelberg), Café Latte (Chœur VUB), La Villanelle (Waterloo), Ensemble vocal du Conservatoire de Tournai (Tournai).


Brighton Secondary School Vocal Ensemble (Australie), Hart House Chorus (Canada), Treenighedskirkens Drengekor (Danemark), Junges Vokalensemble Hannover (Allemagne), Voces Musicales (Estonie), BA Voice Choir and Dance, University of Limerick (Irlande), Zvjezdice (Croatie), Choeur féminin BALTA (Lettonie), Suanplu Chorus (Thaïlande), Lautitia (Hongrie), Amadeus Chamber Choir (Malte), Medici Cantantes (Pologne), Canzona Neosolium (Slovaquie), Chœur d’étudiants d’Amsterdam (Pays Bas), Senior Chamber Choir of Hereford Cathedral School(UK), Lycée Aline Mayrisch Choir (Luxembourg) Nagaland Singing Ambassadors (Inde).

http://www.ganshorenmonvillage.org/
http://www.brusselsphilharmonic.be/orkest/over-het-orkest/
http://www.1000voices.be/nl/de-artiesten/

Pour réécouter ce concert:

CANVAS: 11/11/2014 - 15:00 | 15/11/2014 - 14:00 |
16/11/2014: 13:45

KLARA: 11/11/2014 - 20/00

MUSIQ'3: 20/11/2014 - 19:00

- - - LES PHOTOS  utilisées dans cet article sont le crédit de  Sander Buyck  que nous prenons la peine de remercier très chaleureusement. - - -

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administrateur théâtres

Luisa Miller de Verdi

Avec Patrizia Ciofi, Gregory Kunde et Nicola Alaimo
Du 26 novembre au 7 décembre

l_m_12.jpg?width=420L’histoire est poignante et romantique à souhait: deux amoureux candides s’aiment passionnément dans le Tyrol du XVIIe siècle…. Ou sur le bord de la côte Amalfitaine, autour la deuxième guerre mondiale ?  Luisa refuse le parti que lui propose son père, un certain Wurm. Quand le comte Walter apprend  l’idylle que son fils Rodolfo entretient avec la jeune paysanne, alors qu’il le destinait à sa cousine, la duchesse Frederica, il fait enfermer Luisa et son père. Pour le libérer, la jeune fille accepte un odieux chantage qui lui fait écrire une lettre où elle renie son amour pour Rodolfo, avoue qu’elle ne le courtisait que par ambition et accepte l’horrible Wurm comme mari. Lorsque Rodolfo prend connaissance de la lettre, il est effondré. Le jour  de ses noces forcées avec la duchesse, il retrouve Luisa et la force à partager avec lui une coupe de poison...pour s’apercevoir ensuite que la  jeune fille est pure et innocente.

Au lever du rideau, un paysage lumineux aussi radieux que le cœur de la jeune Luisa s’offre au spectateur. Lorsque le plan incliné se replie, on se trouve enfermé dans les murailles d’un sombre château aux allures de cachot. Lorsque le paysage revient, des arbres gracieux vont et viennent jusqu’à ce que deux d’entre eux se retrouvent tristement abattus dans le dernier tableau.  La scénographie aérée et lumineuse, fait une très belle place aux âmes chantantes du chœur, au chant des solistes et à l’expression des corps. Le chœur est une sympathique foule de villageois et villageoises idéalisés, quatre jeunes enfants en tête, symbolisant la lumière et la vie, qui  inonde régulièrement  le plateau de bonheur musical. On les voit sans cesse se retirer avec effroi, hors champ pour échappe à l’arbitraire et à la méchante humeur des puissants. Marcel Seminara leur a donné des couleurs diaphanes, légères et aériennes.

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C’est  au chef d’orchestre Massimo Zanetti, que nous devons le souffle orchestral sublime de la soirée. Sa  direction musicale est extrêmement raffinée et sensible. Des rubatos gorgés d’émotion, d’une délicatesse inouïe, fusent de toutes parts,  que  soit de la part des instrumentistes ou de celle des chanteurs. De notre place, au premier balcon on pouvait suivre aisément sa gestuelle qui faisant de lui un véritable danseur sur le fil de l’âme de la musique. Il  jongle avec les rythmes, ménageant de profonds silences, faisant la part belle aux ensembles a capella et recueillant avec piété leur dernière note avant de la passer à un orchestre totalement complice.

l_m_04.jpg?width=420Cet opéra est construit sur plusieurs axes. Une histoire d’amours contrariées qui se termine de façon tragique, une analyse sans concessions  des sentiments paternels et filiaux, et un axe de critique politique et sociale en filigrane qui appelle à  la rébellion contre le despotisme et les oppresseurs. La reine du spectacle est évidemment Patrizia Ciofi, une soprano lyrique léger très convaincante. Un petit bout de femme bien frêle à côté de son imposant père incarné par l’attachant baryton Nicola Alaimo. Celui-ci est bouleversant dans les pressentiments tragiques qui l’assaillent. Patrizia Ciofi réussit à dégager une image d’innocence et de pureté de madone merveilleuse. De façon déchirante, elle sacrifie son amour pour sauver la vie de son père et se retrouve le conduisant comme une Antigone moderne au bras d’un  Œdipe aveuglé de larmes. Ils fuiront, l’aube venue, mais ensemble!  Mais ses derniers pas seront ceux qui la conduisent elle et son amoureux moribond vers le bonheur éternel de l’au-delà, sous le regard éploré du père. La voix n’est jamais forcée.  Une voix qui paraît presque avoir une vie propre, tantôt une onde de bonheur radieux, tantôt des vagues de chagrins indicibles. Elle lâche des constellations de vocalises et des cascades d’émotions à vif avec une fluidité extraordinaire. Parallèlement,  le jeu théâtral de la chanteuse est d’une richesse étonnante et d’une grande crédibilité dans la scène bouleversante où elle s’est laissée mourir de faim !

Les rôles masculins qui l’encadrent n’ont rien à lui envier. Rodolfo interprété par le très subtil Grégory Kunde, un remarquable ténor américain d’une très belle carrure, est une révélation de la soirée. Son sens aigu du drame et des climax de l’œuvre rend son interprétation passionnante, tantôt solaire, tantôt ténébreuse. Les très belles basses du Comte Walter (Luciano Montanaro) et  du perfide Wurm (Balint Melis) soulignent à merveilles la noirceur des machinations, de la haine et de la soif de pouvoir, cette peste universelle.

 

Retransmission sur Culturebox jeudi, 4 décembre 2014

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/luisa-miller

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administrateur théâtres

12273054857?profile=original12273054683?profile=originalPat-2-288x300.png?width=28812273055260?profile=original                                                            Le « Magic Land » ou « l’Esprit frappeur » ? Ce théâtre insolite perdu dans un quartier de très mauvaise réputation a de nouveau frappé. « Nuit torride à l’hospice » est une reprise d’un spectacle de , certes, mais quand le public plébiscite un spectacle, c’est qu’il y a de bonnes raisons! Imaginez donc une  compagnie d’artistes passionnés, très soudée sous la direction de Patrick Chaboud, en costumes du 18e (splendides et signés, Frédéric Neuville) et en perruques argentées, le verbe facile, singeant autant la haute société que la môme poisson, et vous avez le début du tableau.

Ajoutez des décors pittoresques sur quatre plans qui surgissent au gré du récit (Yves Goedseels), et des voix qui se joignent par le chant avec la dévotion d’une prière, voici déjà une  autre perspective. La musique est de Hughes Maréchal. Mais il y a plus de profondeur encore dans l’entreprise. Dès l’entrée dans le théâtre  chacun des spectateurs  est happé par les personnages qui vous rendent immédiatement indispensables au déroulement de leur pièce. On vous apprend les manières de marquis, on s’éclaire dans les caves voûtées du château éclairées aux chandelles tandis que dehors, résonnent les clameurs des émeutiers!

 Jouant une pièce dans la pièce qui n’en finit pas de commencer, vous êtes dans les deux cas  partie prenante et consentante de leur spectacle ! Une méthode  du type « Baladins du miroir », où le comédien est une sorte d’aimant qui ne lâche plus son spectateur de sa sphère d’influence. Ils sont deux à vous avoir saisi dans leurs filets comme lors d’une pêche miraculeuse : ce sont à la fois le personnage joué et le comédien vivant qui fascinent sous leur maquillage soigné  et leur accoutrement fantastique,  fruit d’un bel imaginaire ! De simple spectateur on passe à travers le miroir et l’on se doit de devenir acteur ! Dans la réalité surtout, espèrent-ils de tout leur cœur, ayant pris pied sur la plateforme de la solidarité humaine. Et le chapiteau… ce serait la Vie!  

12273055280?profile=originalC’est le but, me direz-vous car le propos est généreux et a l’intention de faire bouger quelque chose  au fond de  chacun de nous. Si par aventure vous vous êtes dit, « bah! Voici encore un spectacle de saltimbanques et je reste à l’écart. » Je ne fais que regarder, dites-vous ? Dites-vous  que la magie théâtrale rend cette posture totalement   intenable et le pari des comédiens est donc largement gagné! On ne peut d'ailleurs qu’être gagné par une  sympathie profonde avec  leur message. Ils ont mis en scène, un marquis et sa marquise, leur fils, leurs domestiques zêlés (Sara Amari en inénarrable soubrette), la belle-mère, Louis XVI  en personne en train de s’enfuir, un hospice, sa mère supérieure est ses nones, la rue du Temple,  un tribunal révolutionnaire, des amants qui ont le nom de Saint-Just,  Charles Guillaume Ferdinand, duc de Brunswick (call me Frritzz) et Robespierre... et la dérision en personne.  Feintes, gaudriole, jeux de mots délirants, calembours n’en finissent pas de s’égrener…dans un rythme étourdissant de liberté et la pièce n’est toujours pas commencée, disent-ils! Mais l’actualité présente n’a été à aucun moment épargnée.  Comme si les comédiens devaient chauffer la salle jusqu’à l’incandescence avant de passer leur message qui a de délicieux relents de « Mélopolis »! Les chants chorals sont applaudis avec vénération car porteurs d’une étrange harmonie, ils  ont touché au plus profond.

  Christelle Delbrouck et Stéphane Stubbe en tête, on a envie de nominer chaque artiste et de lui offrir une perruque d’or!  Cela pourrait servir pour leur prochain spectacle qu’on leur souhaite salle comble comme celui-ci. Car ils ont déchaîné en nous, le rire, la connivence et le bonheur de notre humanitude.  Voici une émouvante critique sociale, soutenue par un remarquable travail de comédiens et de leur metteur en texte et en scène, Patrick Chaboud

Avec : Sara Amari, Muriel Bersy, Loïc Comans, Christelle Delbrouck, Claire-Marie Lievens, Thomas Linckx, David Notebaert, Stéphane Stubbé et Xa

http://www.magicland-theatre.com/wordpress/nuit-torride-a-lhospice/

Du 10 au 26 octobre 2014 à 20h30, le dimanche à 15h30 : « Nuit Torride à L’Hospice »

COMPLET !

NB. Du 7 au 8 et du 13 au 15 novembre à 20h30 et les dimanches 9 et 16 novembre à 15h30, on vous attend pour "Le Magic Land règle ses Contes" ! 02/245.50.64

 

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administrateur théâtres

12273041288?profile=original Alas, the  SINGING BRUSSELS CELEBRATION WEEKEND is over !

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BOZAR   a donc démarré sa nouvelle saison en  C H A N S O  N S !  De  tous les coins de la Belgique, des groupes d’amateurs sont venus se produire pendant tout un week-end dans le dédale des lieux mythiques du palais des Beaux-Arts de Bruxelles les 12, 13 et 14 septembre derniers. Une palette impressionnante de styles: des chœurs professionnels dont la réputation n’est plus à faire, dont Voces 8 et The Tallis Scholars, mais aussi, et surtout, plus de 50 chœurs amateurs venus de  partout en Belgique.

 Entre les concerts, des musiciens professionnels  ont animé des ateliers de chant pour petits et grands.  Au programme,  Le projet Equinox sous la direction artistique de Maria Jao  Pires et le soutien de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, pour des enfants en situation difficile. Mais le clou de la participation des visiteurs, c’était le dimanche à 13 heures dans la grande Salle Henry Le Bœuf où  un des « Top of the Charts anglais » – les Voces 8 – dévoilaient à un public d’amateurs pendant une bonne heure les mécanismes de base de leurs compositions extraordinaires. Ils organisent d’ailleurs des semaines entières de stage sur le sol anglais! Si le cœur vous en dit…  Après une demie heure d’échauffement et d’exercices variés et ludiques  toute  l’assemblée chantait  « Skyfall » (le dernier James Bond) avec la soliste. Une expérience inoubliable!

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La vénérable institution des Beaux-Arts de Bruxelles a donc secoué les esprits et les c(h)œurs…A tous les étages et dans tous les recoins, malgré les travaux en cours, pendant trois jours,  c’était un joyeux festival qui avait encore des airs d’été alors que c’est bel et bien la rentrée ! Parmi les joyaux de ces vendanges d’automne en dehors du splendide concert de Voces 8 donné le samedi soir devant une salle  Henri le Bœuf délirante de bonheur, citons le très sympathique ensemble de Namur ( Voix-ci Voix-là, Arianne Plangar)  qui a transformé le Hall Horta en salle bourdonnante de plaisir, chacun  fort tenté de muser des tubes de la musique française en même temps que les 80 choristes.  On ne peut bien sûr,  ni  citer  toutes les formations musicales, ni les avoir toutes écoutées !

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 Mais le dimanche après-midi, la salle Henry Le Boeuf était particulièrement fertile en crus musicaux de haute voltige, tous d'origine flamande. Tout d’abord, «  Just for Fun » un groupe de Malines noir blanc rouge,  dirigé de main de maître par Johan De Lombaert.  Après leur « Sweedish tune: ‘Balambam… douja la Bamba, badadua Wap…’ chanté a capella, suivaient de près, Duke Ellington, Pink Panther, I can’t get the melody out of my mind. Ils sont venus en train avec leur chef, Johan De Lombaert, “Tchou,tchouoû! Aussi «The Earthsong » de Michael Jackson pour faire plaisir aux choristes et aux spectateurs, dit-il.

12273043300?profile=originalPlace  ensuite à Musa Horti, un ensemble vocal de toute beauté qui vient d’éditer un superbe album « AUS DER TIEFE ». Fondé en 1989, leur point d’attache est l’abbaye du parc d’Heverlee. Ils portent le coquelicot des Flanders Fields à la boutonnière. Cet ensemble est constitué d’une trentaine de choristes très engagés. Le thème de leur album est « guerre et paix » et nous avons pu faire un parcours plus que lumineux avec eux en écoutant de nombreux extraits tels que « Wie liegt die stadt so wüst » de Rudolf Mauersberger , « Warum ist dans Licht gegeben dem Mühseligen » de Johannes Brahms, « How they so softly rest » de Healey Willan et « Lux aeterna » de Edwar Elgar.

 12273043683?profile=originalLe chœur mixte De Vedel  de Turnhout est d’un tout autre style… Sous la baguette d’Els Germonpré ils ont participé au Cobra’s Classic battle et ont reçu une distinction spéciale du jury, tout comme le Brussels Chamber Choir. C’est l’humour, la diversité  et le dynamisme qui président  décidément à leur programme. « Avond geluiden » sur un texte de Paul van Ostaaijen mais aussi un hilarant  « Old Mc Donald had a farm » et un pot-pourri « Name the tune » de Grayston Ives encore plus jubilatoire!

12273044665?profile=original12273045259?profile=originalLe Waelrant Kinder en Jeugdkoor terminera cette après-midi très éclectique. Il s’agit d’une formidable entreprise pédagogique qui rassemble 120 jeunes âgés de 8 à 25ans et qui ont remporté le Cobra’s Classic Battle avec à leur tête Marleen De Boo , une femme passionnée, formée à l'institut Lemmens.  Leur bastion est Borgerhout et  ils ouvrent leur enseignement aux enfants dès l’âge de 5 ans. Avec six chœurs,  des jeux de couleurs musicales, une belle variété des pupitres et des chorégraphies et des mouvements réglés au millimètre, leur représentation regorgeait d’inventivité et de musicalité, mêlant la culture flamande aux musiques du monde.  

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Haut les chœurs! De la musique classique et chansons de la Renaissance jusqu’aux Gospels, pop, jazz et musiques du monde, nous avons été émus de voir que notre capitale,  toutes les catégories d’âges et  de sensibilités confondues,   pouvait vibrer avec une telle intensité lors  de ce  premier Singing Brussels Celebration Weekend*. Les musiques du monde étaient aussi très présentes avec des chœurs marocains, turcs, africains, latino-américains... Cet événement unique et que l’on espère beaucoup voir se réitérer l’an prochain, nous rappelle  que la pratique du chant est la forme d’expression collective la plus ancienne et la plus universelle qu’il soit, mais surtout qu’elle est là pour enchanter tant le public que les choristes.

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« *BOZAR n’est pas seulement destiné à l’artiste professionnel, mais veut aussi accueillir les arts amateurs, synonymes d’engagement et d’énergie. L’art amateur représente un riche bouillon de culture et donne de l’oxygène au secteur professionnel. Et n’oublions pas que tous les grands musiciens ont commencé en tant qu’amateurs… » Paul Dujardin, CEO et directeur artistique du Palais des Beaux-Arts.

 Nous apprenons aujourd'hui qu'à l’occasion de sa rentrée académique, l’ULB honore deux personnalités belges, Paul Dujardin (directeur du Palais des Beaux-Arts) et Peter de Caluwe (directeur de la Monnaie) qui recevront les insignes de Docteur honoris causa, en hommage à leur action culturelle et aux institutions qu’ils dirigent. La séance académique se déroule le vendredi 19 septembre à 16h45 (Amphithéâtre Henri Lafontaine – campus Solbosch)

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administrateur théâtres

1920px-Spb_06-2012_English_Embankment_01.jpgAtmosphère vraiment magique  à Saint-Pétersbourg, la métropole la plus septentrionale au monde. Chaque année de fin mai à début juillet, la nuit ne tombe jamais totalement sur l'ancienne capitale des tsars. Pendant tout le mois, des concerts et des spectacles illuminent les nuits de la ville de Pierre le Grand. Les nuits blanches culminent au moment du solstice d'été le 21 juin, lorsque le soleil à minuit ne descend que de 6° sous l’horizon. Le festival des Nuits blanches est l’occasion pour le théâtre Mariinsky de donner chaque jour des concerts différents et parfois, à toute heure du « jour ».  Depuis 1993, Valery Gergiev,  le directeur du théâtre est aussi le directeur artistique de l’International Stars of the White Nights, festival  annuel  de Saint-Petersbourg.

 1280px-%D0%92%D1%85%D0%BE%D0%B4_%D0%B2_%D0%9B%D0%B5%D1%82%D0%BD%D0%B8%D0%B9_%D1%81%D0%B0%D0%B4.jpgLors d’un voyage culturel Clio, nous avons eu le privilège d’assister le 17 juillet dernier à la production du Prince Igor de Borodine, l'auteur de l'opéra Le Prince Igor et de ses célèbres Danses polovtsiennes. Une salle comble, dont le public principalement pétersbourgeois  a été séduit dès le lever de rideau. Voici des  chanteurs généreux, dont la qualité d'artistes réside pour chacun d’eux  en leur capacité magique d'émouvoir et de toucher, sans parler de la qualité technique parfaite des interprétations.

Une distribution brillante avec dans le rôle du prince Igor  le baryton Nikolai Putilin, la star du théâtre  qui tourne régulièrement avec la Compagnie d'opéra Mariinsky et indépendamment  en Allemagne, France, Espagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Finlande, Grande-Bretagne, Japon, les Etats-Unis… et  bien d’autres ! Il  s’est produit  au Metropolitan Opera et au Lyric Opera de Chicago, au  Royal Opera House, Covent Garden, à la  Scala… enregistrant The Queen of Spades, Sadko, Iolanta, La forza del destino, Mazepa, Prince Igor et Boris Godounov avec le Mariinsky Opera Company sous le label Philips Classics et NHK. 

La soprano Irina Vasilieva, tout aussi légendaire, est elle aussi à la tête d’une impressionnante liste de rôles lyriques et interprétait l’exquise Yaroslavna, la femme du Prince Igor, abandonnée au palais pendant que celui-ci s’en va combattre les Polovstviens, nomades d'Asie centrale en 1185. Elle joue le rôle des pénélopes à merveille, avec une fermeté de sentiments admirable. On a devant soi une icône musicale rayonnante. Sa lamentation, accompagnée de sa suivante  sur les les remparts déserts,  est bouleversante!

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   Mais parlons du décor ! Pour le spectateur occidental il semblera à première vue d’une lourdeur presque …mérovingienne, l’an 800 chez nous !  Mais si on a suivi quelque peu l’histoire des villes Rus’ au 12e siècle, les tableaux successifs sont très  justement évoqués : Une place dans l'ancienne ville russe de Putivl, une soirée dans  le  camp Polovtsien, les murs de la ville de Putivl, une salle du palais avec le prince usurpateur Vladimir Galitsky et ses acolytes, la  chambre de Yaroslavna…   Ils rejoignent  même le décor imaginé pour cette légende épique (poème épique médiéval Le Dit de la campagne d'Igor) par Bilibin  en 1930.

 

Quant aux costumes, on est  hypnotisé par leur splendeur, leur nombre et leur richesse. Du jamais vu, en Europe Occidentale. Des manteaux d’apparat, des coiffes, des brocarts, des bijoux,  des armures, des étendards, des chevaux vivants  qui traversent la scène, des ballets de guerriers russes et d’esclaves orientales. Celui qui n’aimerait pas la musique est comblé visuellement, c’est du grand art de mise en scène et une  chorégraphie grand spectacle. Les accents contrastés de douleur et d’amour  de l'âme slave  sont  déployés avec émotion et panache par l’Orchestre et des Chœurs sublimes.

On garde aussi à l’esprit le magnifique duo passionné de Stanislav Leontiev jouant  Vladimir (le jeune fils d’Igor) épris de  Konchakovna (Zlata Bulycheva),  la fille du Khan  Konchak, l’ennemi juré au cœur immense,  et l’aria fabuleux de celui-ci à l’acte 2. Une basse impressionnante par sa clarté, la puissance et la résonance de sa voix, interprétée avec effusion par un Askar Abdrazakov  inondé ensuite  de bravos et d’applaudissements.

 

1.1297000967.1_mariinsky-theatre-st-petersburg.jpg?width=450Il faut dire que l’acoustique de ce splendide théâtre qu’est le Mariinsky contribue grandement à l’émotion musicale. Le premier pas dans le parterre restera gravé dans nos mémoires. Le décor d'un luxe inouï commandé par la grande Catherine II de Russie nous a immédiatement projetés dans  l’époque fastueuse où Borodine créait son opéra. Hélas il mourut avant  que celui-ci  ne  fût achevé et  représenté dans ce théâtre mythique de pur style Rococo en 1790, trois ans après sa mort. La version représentée en ce mois de juillet 2014 s’est limitée aux  deux  premiers actes de la partition de Borodine,  pourtant complétée pour sa finition, son édition et orchestration  par ses amis Rimski-Korsakov et Glazounov… Et il faut l’avouer, nous avons été un peu pris de court par la fin abrupte de l’œuvre inachevée…où le prince Igor surgit d’on ne sait  où et se joint discrètement au chœur final. Nous avons en effet  pu entendre récemment une autre version de l’œuvre reconstruite dans son entièreté après un long  travail musicologique au  MET  de New York, une production diffusée mondialement.

En revanche, malgré la surprise de la fin,  l’orchestre est d’une vitalité légendaire. Il est dirigé par Pavel Smelkov incarnant lui-même un océan bouillonnant de souffle épique, mêlant lyrisme, humour et valeurs nobles aux accents rutilants de l’interprétation. Le talent et l’enthousiasme volcanique du chef d’orchestre  ont su provoquer chez le public une joie intense, née du  bonheur évident du partage de la musique qui ne connait pas de frontières. 

 

http://www.mariinsky.ru/en/playbill/playbill/2014/7/17/1_1900/

 

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administrateur théâtres

12273023481?profile=original12273023069?profile=original12273023893?profile=original Opéra de Liège: La Gazzetta de Rossini,

 

Jan Schultsz, direction musicale
Stefano Mazzonis di Pralafera, mise en scène
Cinzia Forte, Enrico Marabelli, Laurent Kubla, Edgardo Rocha, Julie Bailly …

 

Pour clôturer la saison  2013-2014 dans la bonne humeur et saluer le début de l’été et ses festivals, cinq petits jours de très belle représentation lyrique. Rien de mieux que de se rendre dans la Cité Ardente au magnifique Opéra de Liège et applaudir un conte d’été, une farce désopilante de Rossini, ayant pour titre « La Gazzetta », une oeuvre méconnue dont on vient de retrouver en 2012 à Palerme le quintet manquant. Vous entendrez  donc de surcroît, une première mondiale !  Cette œuvre allie la  pétillance et la drôlerie de l’opéra bouffe et  un propos nettement satyrique. En effet le directeur de l’Opéra royal de Wallonie, Stefano Mazzonis di Pralafera est soucieux de redécouvertes et d’inédits qu’il inscrit  au programme de sa saison lyrique.

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 Un Don Pomponio très pittoresque  (Enrico Marabelli*) et Anselmo (Jacques Catalayud)  sont descendus dans une auberge parisienne avec leurs deux filles, Lisetta (Cinzia Forte) et l’exquise Doralice (Julie Bailly). Pomponio passe une annonce dans une gazette pour marier Lisetta avec un parti bien nanti, mais  la coquine  entretient déjà  une idylle avec l’aubergiste Filippo (le baryton Laurent Kubla). De son côté, Doralice est courtisée par le beau Traversen (Roger Joachim*), mais préfère convoler avec Alberto ( le ténor Edgardo Rocha) très doué en lamentations et qui parcourt le monde à la recherche de l’épouse idéale, « une Mademoiselle ».


Midsummer Night’s Dream à l’italienne:  une avalanche de quiproquos très déconcertants jouant sur l’échange d’identités  affole Pomponio,  le pauvre père qui se rendre compte qu’il n’est  même plus capable de reconnaître sa propre fille déguisée dans une habile scène de turqueries. Confondu et vaincu, il se rendra finalement aux arguments de la belle la laissera épouser qui elle veut.

 Les deux jeunes filles pleines d’esprit, de bagou et de beauté ravageuse rivalisent d’astuces pour détourner leurs pères de leurs desseins matrimoniaux et exploitent toutes leurs ressources expressives et vocales pour convaincre les récalcitrants. Les jeunes amants sont émouvants, romantiques et tendres comme on les rêve !  Belle fusion, sur scène de la musique du verbe, du chant et du geste. Le chef des chœurs est Seminara.

 L’ORW nous offre un spectacle de qualité dont la badinerie amoureuse séduit  mais aussi le contenu satyrique à propos des mariages arrangés ou des nouveaux modes de rencontres matrimoniales en vigueur  à notre époque sur internet. Un décor entre balai de paille et smartphone dernier cri. Laurent Kubla, Lilo Farrauto, Enrico Marabelli et Edgardo Rocha sont Filippo, Tommasino, Don Pomponio et Alberto   Mais un décor peut en cacher un autre,  derrière la façade d'époque de l'hôtel L'Aquila, se cache un décor résolument 20è siècle  où défilent même des images de la CNN en continu! La surprise surréaliste – les décors sont de Jean-Guy Lecat – c’est de relier La Gazzetta aux médias actuels qui en prennent pour leur grade avec légèreté et comique délectables. Sur scène une troupe bigarrée d’artistes et des solistes au mieux de leur voix.  Chaque costume est une œuvre d’art. Ils sont signés Fernand Ruiz.   On hésite entre le carnaval de Venise et les super héros des années 80 ou qui sait, l’imaginaire de Lewis Caroll !

A tout prendre, rien que Cinzia Forte vaut le déplacement, Elle a des airs de Madona et une voix enchanteresse qui domine les chœurs avec grande fraîcheur.  Suave plaisir des yeux et des oreilles. Imaginez une blonde  ultra-sexy, moulée dans une  robe rouge et talons aiguilles assortis, affublée d’une valise Barbie… qui débarque en touriste à Paris au début du siècle (lequel ?)  …et qui chante son bonheur à gorge déployée ! On est remué par son  duo d’amour dans les ascenseurs avec Laurent Kubla. Un marivaudage très étudié et saisissant de vérité. Je t’aime… moi non plus, façon 19/21ème, chacun dans sa bulle avec un point de rencontre très touchant. Amis de l'opéra, vous retrouverez Laurent Kubla** lors du festival Opéra en plein air cet été dans La Bohême dans une distribution talentueuse avec  Albert-André Lheureux pour la mise en scène et Elvis Pompilio aux costumes.

 

Et qu’on se le dise, La  Gazzetta, cette nouvelle production chatoyante de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège durera un peu plus que ce que durent les roses puisque vous pourrez regarder et écouter la dernière retransmission en direct  de la saison sur le web dès le 26 juin à 20h sur le site de l’Opéra royal de Wallonie ORW à Liège.

 

 

* que l’on aura l’immense plaisir de retrouver la saison prochaine dans le spectacle d’ouverture de la saison «  La Cenerentola »

** dernièrement à l’OPRLW dans « La grande Duchesse de Gerolstein »

 Et Laurent Kubla ?  Cet été, au Palais des Princes-Evêques à Liège ou aux Châteaux de Bois-Seigneur-Isaac et Ooidonk ! ici :  http://www.070.be/opera/Jury/laurent-kubla-marcello/

Opéra de Liège: La Gazzetta de Rossini, Direct live le 26 juin 2014

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148335.jpg?width=140OPERA BUFFA (spectacle/dîner) Coup de cœur aux Halles de Schaerbeek

                                                                           D'après "Don Giovanni" de W.A. Mozart, une création de la Cie Laika & Muziektheater Transparant (Belgique)

Don Giovanni charme et manipule pour son plaisir. Et vous êtes invités à ses ébats lors d’un délirant banquet. Voilà Les Halles de Schaerbeek transformées en salle à manger. On se croirait au Repas de noces de Breughel : tables de bois brut  et tabourets, il ne manque que le bambin qui a chapardé une galette! Et pourtant, voici Mozart!  Les premiers couplets sont envoyés en flamand, le français s’y mêle, rugueux et approximatif mais combien chaleureux ! Un train d’enfer emplit les cuisines cachées par des double-portes battantes. La troupe de comédiens chanteurs s’abat sur vos tables, de coursives en coursives, vous distribue la vaisselle de fortune et les mets dernier cri que l’on se partage avec des convives inconnus. Ils vous content monts et merveilles culinaires, vous font saliver tant la musique et l’imagination se sont données le « la ». Une jouissance pour l’esprit le cœur  et les papilles, ce spectacle croquignolet est  fait pour les routards de la musique.  
À moins que ce soit pour une autre raison?  Un spectacle qui rallie, qui allie…bonne franquette et jubilation flamande et qui ne déraille jamais. Un mélange savoureux  qui  gonfle de bonheur et qui emballe l’oreille, les yeux et sûrement …le bouche à oreille! Dans des effluves de chocolat.12272975898?profile=originalLaika et Muziektheater Transparant font revivre, à leur manière, cette œuvre étincelante de Mozart et Peter Debie est le maître de la réjouissance... L’italien du compositeur autrichien donne la main aux parlers de Belgique et le résultat est un feu d’artifice verbal totalement festif sur une partition musicale de rêve. Mozart qualifiait son "Don Giovanni" d'opera buffa (titre de l’adaptation) : une pièce lyrique au ton léger, faite pour divertir, présentée ici dans une transcription contemporaine, pour orgue Hammond, contrebasse et violon. Mais les grands airs, eux,  restent ... immortels, chantés avec passion par  des voix  fraîches et pétillantes de jeunesse que l’on n’est pas prêts d’oublier.

                       

Un spectacle qui fait fondre de plaisir et qui a déjà pas mal touné, de la haute Normandie au Portugal avec une version portugaise. CONCEPT ET MISE EN SCÈNE Peter De Bie et Jo Roets / COMPOSITION MUSICALE Jan Van Outryve (d’après W.A. Mozart) / ADAPTATION DU LIVRET Jo Roets et Greet Vissers / INTERPRÉTATION ET CHANT Benny Ceuppens, Koen Janssen, Laurie Janssens / Dorien Mortelmans, Jokke Martens, Astrid Stockman, Marnie Zschöckner / MUSIQUE Wietse Beels, Pieter Van Buyten, Niels Verheest / SCÉNOGRAPHIE Peter De Bie / COSTUMES Manuela Lauwers / LUMIÈRES ET SON Anton Van Haver / CONSEIL Wouter Van Looy / CUISINE Peter De Bie et Bram Smeyers

photos©Phile Deprez

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http://www.transparant.be/en/productions/cat/productions-2013-2014

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administrateur théâtres

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« Vous avez bien d'autres affaires  A démêler que les débats Du Lapin et de la Belette … »

Nul doute que l’homme et la femme pressée de notre époque ont d’autres chats à fouetter que de s’en aller écouter un spectacle de fables de La Fontaine. Et pourtant, tous deux se sont retrouvés, très nombreux et comblés de bonheur à la première,  sur le gazon improvisé de la petite salle des Martyrs,  à l’écoute émerveillée  de la langue qui a bercé notre enfance.

Les comédiens du théâtre en Liberté  nous ont préparé un tricotage ingénu et frais de ces fables connues et moins connues ou totalement ignorées de ce grand sage du 17e siècle, bien que le choix fut  sûrement malaisé.  C’est eux qui accueillent le public curieux dans la salle, histoire de se déguiser en trait d’union avec le sage homme de lettres. Hélène  Theunissen  reçoit  en tailleur de soie à reflets d’argent, gants assortis et chaussures élégantes. Le malicieux Jaoued Deggouj est assis  négligemment aux pieds d’une grande gravure du  maître, Bernard Gahide arbore une tenue de  soirée très digne, il est prêt à dire « puis-je vous offrir mes vers ? » Mais où donc est passé Bernard Marbaix? Le mystère est dans la Perruque. Et Dolorès Delahaut en tutu blanc  immaculé de danseuse étoile, la rose rouge assortie aux chaussures,  caracole sur  l’herbe tendre.

 C’est l’occasion de se laisser baigner par l’amour de la langue et sa musicalité, la beauté de la  poésie mise à vos pieds! La vie de la Nature va palpiter et redonner du cœur à la nature sèche des hommes.

 12272972668?profile=originalLes fables s’enchaînent souplement comme par magie, les voix  virevoltent et se répondent, les timbres imitent la nature entière, l’humour brille, les gestes et le corps soutiennent le propos de manière presque enfantine, libre et osée et tout se transforme, comme une libre pensée et une pittoresque imagination. Mais rien de puéril. Le jeu du corps est une dimension indispensable à l’art de la narration. Malgré leurs habits de cérémonie, la liberté de jeu est totale.  La  diction est parfaite. Tous ont le sens aigu de la chose contée et passionnent par une foule de détails que l’on ne vous contera point, ce serait les desservir ! Sachez  cependant que vous n’aurez jamais eu devant les yeux une présentation de Jean de la Fontaine  aussi perlée et aussi joyeusement dynamique et passionnante. L’énergie des textes porte l’énergie des gestes et vice-versa. Tout semble se faire dans une justesse totalement maitrisée tout en restant vivant et  spontané. La magie de la parole  et la grande humanité de la pensée font le reste. 12272973271?profile=original Rien ne lasse. On se berce,  on se rêve, on se  récrée, on se recrée. On médite sur le genre humain : « Tout bien considéré, je te soutiens en somme, Que scélérat pour scélérat, Il vaut mieux être un Loup qu'un Homme : Je ne veux point changer d'état. »

 Au lieu de la quarantaine de  fables  choisies on en voudrait 1001,  et cela pourrait continuer jusqu’à l’aube si on était en Orient.

« Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant, Il le faut amuser encor comme un enfant. »

 

RIEN NE SERT DE   COURIR... - J. de La Fontaine

Théâtre en Liberté http://www.theatredesmartyrs.be/compagnies.html

Du 6 novembre au 7 décembre 2013 au théâtre des Martyrs

Samedi 30 novembre à 19h

Dimanches 17 novembre et 1er décembre à 16h

 Interprétation : Jaoued Deggouj, Dolorès Delahaut, Bernard Gahide, Bernard Marbaix et Hélène Theunissen Mise en scène : Bernard Gahide & Hélène Theunissen

Assistanat à la Mise en scène : Maxime Anselin

Scénographie : Daniel Scahaise Costumes : Anne Compère

Univers sonore : Gwenaël Grisi Régie : Antoine Halsberghe

Crédit photos : Philippe Fontaine

http://www.theatredesmartyrs.be/saison.html

 

 

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administrateur théâtres

 12272966457?profile=original"Désapprenez à souffler la tristesse.

Soyez pareils au vent qui se précipite hors de ses cavernes.

Béni soit cet esprit de tempête , bon, libre et sauvage

qui souffle du sable aux yeux de tous ceux qui voient tout en noir.

Celui qui approche de son but, celui-là danse ! Dansons ! Dansez ! Danse !

Haut les coeurs, mes bons danseurs, haut plus haut encore,

et n'oubliez pas les jambes!

Le danseur n' a-t-il pas les oreilles dans les orteils ? (rires d'Anne-marie Cappeliez)!

Et mieux encore : sachez vous tenir sur la tête.

Ha ! Et n'oubliez pas non plus le Rire"

Friedrich NIETZSCHE

L' XL-THEATRE DU GRAND MIDI s’annonce comme un théâtre de création orienté vers les grands textes véhiculant de grandes idées… en vue de titiller les bonnes consciences, de bousculer les idées préconçues,  de situer le citoyen au centre de sa vraie place dans une société décadente en le critiquant, en le heurtant, en le déstabilisant, en l’instruisant (quelle prétention !), en l’amusant (quel plaisir !). Bernard Damien

Bref : un Théâtre libre d’esprit pour des esprits libres ? Considérons le Théâtre comme une arme de construction massive !
- 37 ans de Compagnie -

7a Rue Goffart 1050 Bruxelles 02 513 21 78

Ainsi parla Zarathoustra

librement adapté du poème épique de Nietzsche

réalisation / adaptation pour la scène Bernard Damien

production LE THEATRE DU GRAND MIDI

création aux FESTIVALS DU THEATRE SOUS LES ETOILES DE PROVENCE

reprise à L' XL THEATRE (Bruxelles) du 15 au 25 octobre

 

Zarathoustra Raffaele GIULIANI intemporel Petit Prince, Paul Francis BESSON Professeur d'université , Allemagne XIXème S, redingote sévère, Louise                     Anne-Marie CAPPELIEZ Professeur d'université, Allemagne XIXème S, redingote et jupe longue

Pour parodier Anatole France on a envie de dire que le bon metteur en scène est « celui qui raconte les aventures de son âme au milieu des chefs-d’œuvre. »  Bernard Damien chérit cette œuvre depuis ses débuts de comédien au Rideau de Bruxelles dans les années 1970. C’était alors une version travaillée par Jean-Louis Barrault. Cycliquement, Bernard Damien revient vers cette œuvre de Nietzche avec sensibilité et humour pour la quatrième fois. Une œuvre qui fut malheureusement  récupérée par les nazis et  a donc été controversée  à juste titre.

  « Lève-toi, grand Midi », (c’est dans le texte et c’est aussi le nom du théâtre de Bernard Damien, cela ne vous aura pas échappé !)… et marche. Bernard Damien allonge donc  le pas et se dirige maintenant vers d’autres climats, et le Midi, bien sûr ! Trêve de bons mots, cette  dernière version de Zarathoustra insiste sur l’aspect solaire  et aussi dionysiaque de l’œuvre avec une très émouvante apologie de la Création comme raison d’être et  moteur de bonheur. Un moteur qui a dirigé la  vie de Bernard Damien et qu’il compte bien transmettre aux gens qui l’écoutent. Pourtant, les contradictions abondent : « Je ne m’adresse à personne et je parle à tout le monde… » et les aphorismes sont autant de pépites de réflexion : « Deviens qui tu es ». Mais les contradictions sont justement la fibre de la nature humaine !

12272966879?profile=originalRetiré dans la montagne depuis 10 ans, Zarathoustra se sent prêt à redescendre parmi les hommes pour partager avec eux les richesses de sa pensée. Notre homme, Raffaele Giuliani, marche à grands pas tout autour du plateau, tel un Gulliver chez les Lilliputiens. La technique ou l’imagination aidant, on pourrait le voir tourner lui aussi ce disque qui rappelle  les révolutions de l’astre du jour  mais qui est représentatif de notre globe terrestre. Zarathoustra rencontre un vieil ermite occupé à chercher des racines en forêt (Francis Besson). Au cours de leur bref échange, Zarathoustra se rend compte que le vieillard a consacré sa vie à Dieu. Or Dieu, selon lui, est mort. Donc il s’éloigne, de crainte de le priver du sens de son existence.  Zarathoustra développe une sagesse fondée sur cette capacité qu'a l'homme de vivre sans Dieu, de se dépasser sans cesse, donc de se sentir vivant et  accéder à une nouvelle nature, créée par lui,  celle du surhomme. C’est une philosophie de l’action et de  la création qui encourage les esprits libres à penser par eux-mêmes. 

12272967276?profile=originalUne  belle trinité de comédiens s’est investie dans cette œuvre de splendide solitude :  Raffaele Giuliani,  une exquise Anne-Marie Cappeliez et Francis Besson, Professeur émérite au Conservatoire de Bruxelles, 90 spectacles à son actif !  

 

Raffaele Giuliani est un  jeune comédien qui s’investit à fond dans le texte. Il a élaboré un  jeu enflammé et tourbillonnant  et fournit   une interprétation dramatique sans cesse renouvelée. Une application directe  de l’éternel retour ?  Il  incarne autant  une âme calme et sereine irriguée par la sagesse  qu’un lever de soleil au-dessus des montagnes, que le désespoir devant la stupidité des humains, que les débordements de vitalité et d’exaltation philosophiques, ou le sourire du sage égrenant avec finesse  ses maximes. Cyclique encore.   Le travail de plateau et de mise en espace  est particulièrement créatif. La gestuelle du comédien  et ses déplacements prennent les airs d’une  minutieuse chorégraphie. De cloué au sol dans la première scène, les bras en croix comme l’homme universel de Leonard de Vinci , il se retrouve à la fin, partie de trinité dynamique, debout et transfiguré par le bonheur du Rire salvateur !

 Le jeu des ombres et des  lumières, des clairs obscurs  et la scénographie contribuent à évoquer les notions de disque solaire, de terre ronde, de temps cyclique, d’éternel retour. Les costumes sont éloquents : des hardes de jute et  sac assorti, des sandales  et bâton de  pèlerin  pour Zarathoustra, des redingotes noires pour les masques qui bordent son itinérance. Le reste est presque physiquement  présent dans l’imaginaire : depuis la forêt,  les tours de la ville et le fil du saltimbanque, la foule, l’aigle, le  serpent, l’astre du jour,  la nuit étoilée, avec la merveilleuse voix d’Anne-Marie Cappeliez et … les vaches !  Un très beau flux sonore entoure cette lecture de Nietzsche si élégamment dramatisée. La diction des trois comédiens est d’un merveilleux classicisme et de grande beauté. Tout contribue à l’élaboration d’une véritable œuvre de dramaturgie qui fait de la philosophie une action théâtrale cohérente et fort  bien construite. 

"Ô soleil, grand Astre! Que serait ton bonheur si tu n'avais pas ceux que tu éclaires ?"

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