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prière (3)

Prière de printemps

Seigneur,
Mets en moi un peu de printemps
Et que la biche enfonce dans ma paume
son humide museau
Fais que surgisse en moi
Du vert bourgeon la feuille
Que le chicot bourgeonne
Pour la beauté d’une fleur.  

Seigneur,
Mets en moi l’éclaircie du pardon
Égaye le ciel morose et ravive l’oubli
Que je renaisse enfant au cœur du printemps
Que j’aime encore une fois
Et qu’une étoile filante me ravisse la nuit.

©Antonia Iliescu
27.04.2020

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administrateur théâtres

Dialogues des Carmélites, l’opéra le plus célèbre de Francis Poulenc (1899-1963) fut créé à Bruxelles en 1959, soit deux ans à peine après sa création à la Scala et à Paris. C’est une œuvre tragique magistrale, musicalement et dramatiquement. Elle a cette qualité royale : «  la force » et « le dépouillement », pourrait-on ajouter.  L’histoire de ces carmélites décapitées durant la Révolution française est connue par le récit qu’en fit l’une d’entre elles. Sur la nouvelle "La dernière à l'échafaud", de Gertrud von le Fort (1931), Georges Bernanos livre un dialogue de film qui sera publié en 1949, quelques mois avant que la mort ne l’enlève à un public fervent qui n’avait cessé de s’élargir.

L’image contient peut-être : une personne ou plus, mariage et intérieur

 

 Les nombreuses prières que comptent l’œuvre confèrent une aura sacrée à l’œuvre. Elles soulignent le refus du compromis et de la transaction. Elles cristallisent l’honneur chrétien : une relation fusionnelle de l’honneur humain et de l’amour du Christ pour les pauvres humains. Blanche incarne un miracle. La faiblesse, la fragilité et la peur sont transfigurées en héroïsme quand la terreur et la violence iconoclaste compromettent ce que nous avons d’élévation et de civilisation.

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A la mort prodigieuse de la prieure, crucifiée par le doute sur  la couche verticale de sa chambre  de nonne, la grâce inonde l’esprit de la jeune Blanche comme  une vague de tendresse éternelle. Ce mot « tendresse » effleuré par la sainte femme, mère de toutes les filles,   elle se l’était réservé comme ma seule chose à emporter.  Ce viatique pour l’au-delà est un trait d’union.  La mort des carmélites qui n’ont pas renoncé à leur foi est un manifeste contre tout ce qui blesse ou avilit l’être humain. La délicieuse sœur Constance, accède aux plus hautes valeurs sans jamais les trahir grâce à ce que Bernanos nommait « l’esprit d’enfance ». Un mélange de pureté, de joie pure, d’idéal et de goût absolu de Dieu. Les deux interprétations de ces  deux rôles de vestales sont immaculées, tout comme leur blanches robes!

 

Les tableaux intimistes d'Olivier Py se succèdent et  déploient de bouleversantes émotions. La tristesse du père qui voit sa fille se condamner au Carmel, la détresse physique et morale de la jeune Blanche qui est envahie par une peur maladive, les murs mouvants qui se referment sur les couleurs du monde, la  souffrance et la peur délirante de la mort de la prieure vue du ciel, l’ultime rencontre de Blanche avec le chevalier de la Force désespéré de voir sa sœur s’enterrer vivante, la déroute des priantes universelles de l’amour face à  la sauvagerie de l’invasion de la soldatesque, le caractère ambigu de l’aumônier démis de ses fonctions,  tout est suggéré de manière minimaliste mais tellement chorégraphique, au sens étymologique du terme. Le mythe brille dans la caverne! Le point culminant de l’opéra est un point d’orgue poignant et sans doute inoubliable par sa majesté.   Le sacrifice des nonnes sera libératoire lorsqu’elles s’éparpilleront une à une dans l’espace étoilé, à chaque coup de guillotine,  leur prison terrestre s’étant ouverte à l’infini de l’univers. Vision extraordinaire d’alpha et d’oméga sur l’onde musicale du Gloria Patri… On a le souffle coupé!

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  L’Orchestre symphonique et les Chœurs de la Monnaie (chef des chœurs Martino Faggiani)  

Il n’y a pas plus vivant que les nuances de gris… dit-on !  L’interprétation du chef d’orchestre Alain Altinoglu, directeur musical de la Monnaie, à la tête de l’orchestre ne cesse de fasciner par le scintillement des émotions et la souplesse des atmosphères. Il ne cesse d’allumer mille et un feux. La palette des sentiments aussi sombres que les costumes et le décor est faite de veloutés, de crépitements,  d’explosions, de signaux d’alarme prémonitoires, de plaintes, de craintes et d’héroïsme flamboyant, spirituel et charnel. 

Peter de Caluwe a réuni une  double distribution éblouissante, choisissant parmi les plus belles voix féminines  du chant français et belge : la soprano Patricia Petibon et la belge Anne-Catherine Gillet, dans le rôle de Blanche de la Force ; les sopranos Sandrine Piau et Hendrickje Van Kerckhove  pour Sœur Constance de Saint-Denis ; la mezzo-soprano Sylvie Brunet-Grupposo  pour Madame de Croissy ; les sopranos Véronique Gens et la jeune Marie-Adeline Henry dans le personnage de Madame Lidoine ; les mezzo-sopranos Sophie Koch et Karine Deshayes dans Mère Marie de l’Incarnation.  Pour les rôles masculins, nous avons admiré la prestance du  baryton-basse français Nicolas Cavallier dans le Marquis de la Force et l’intense  jeune ténor Stanislas de Barbeyrac (débuts à la Monnaie) dans le Chevalier de la Force. Guy de Mey dans le rôle de l’aumônier  … ce rôle, ambigu ?

Nous  nous interrogeons, au passage sur l’intrépidité de La Monnaie à oser présenter une œuvre qui met en scène l’héroïsme religieux et pour certains, une forme de fanatisme, qui devrait pourtant baisser pavillon  par les temps qui courent… Provocation? Le public n’a qu’à réfléchir ! Sans nul doute!

 DISTRIBUTION

Direction musicale ALAIN ALTINOGLU
Mise en scène OLIVIER PY
 
Décors et costumes PIERRE-ANDRÉ WEITZ
Éclairages BERTRAND KILLY
Chef des chœurs MARTINO FAGGIANI
 
Le Marquis de la Force NICOLAS CAVALLIER
Blanche de la Force PATRICIA PETIBON / ANNE-CATHERINE GILLET*
Le Chevalier de la Force STANISLAS DE BARBEYRAC
L’Aumônier du Carmel GUY DE MEY
Le Geôlier, Thierry, M. Javelinot NABIL SULIMAN
Madame de Croissy SYLVIE BRUNET-GRUPPOSO
Madame Lidoine VÉRONIQUE GENS / MARIE-ADELINE HENRY*
Mère Marie de l’Incarnation SOPHIE KOCH / KARINE DESHAYES*
Sœur Constance de Saint Denis SANDRINE PIAU / HENDRICKJE VAN KERCKHOVE*
Mère Jeanne de l’Enfant Jésus MIREILLE CAPELLE
Sœur Mathilde ANGÉLIQUE NOLDUS
Premier commissaire YVES SAELENS
Second commissaire ARNAUD RICHARD
 
ORCHESTRE SYMPHONIQUE & CHŒURS DE LA MONNAIE
ACADÉMIE DES CHŒURS DE LA MONNAIE s.l.d. de BENOÎT GIAUX
 

 

 

https://www.lamonnaie.be/fr/program/426-dialogues-des-carmelites

en live sur
operavision.eu
15.12.2017

diffusion sur Klara
13.01.2018

diffusion sur Musiq3
20.01.2018

streaming disponible sur
www.lamonnaie.be/fr/streaming
10.01 > 30.01.2018

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administrateur théâtres

12273129470?profile=original CONCERT EN HOMMAGE AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-   18 "Avant-première mondiale de la Symphonie le Chemin des Dames"

Bruxelles, jeudi 8 octobre à 20H à la Cathédrale Saint Michel et Gudule

 

 « Bien chers Mère, Frères et Sœurs,

Il est déjà quatre heures du matin, l’heure de notre mort est proche. Avec Alfred et Aloïs, nous sommes réunis dans la même cellule. Nous avons passé la nuit à prier, chanter et deviser. La messe va commencer, puis en route pour le tir national, pleins de force et de courage. Allons, maman chérie, bon courage.

Je vous donne de loin un dernier baiser. Adieu.

Votre cher fils Gustave qui  va mourir pour la Patrie »

Gand, le 10 août 1916 : dernière lettre de Gustave Mus à sa famille.

C’est  avec la lecture de cette lettre tragique que débutait samedi dernier un magnifique hommage AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-18  à la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, Bruxelles. Au programme,

LA TROISIÈME SYMPHONIE de Saint-Saëns op.78

Le  CONCERTO POUR VIOLON ET ORCHESTRE de Mendelssohn op.64

LA SYMPHONIE "LE CHEMIN DES DAMES" de Jacques Alphonse De Zeegant sur un poème de Marguerite de Werszowec Rey

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L’univers simple et essentiel du jardin est accroché aux chapiteaux, les arches prient, les lumières de la ville s’invitent à travers les vitraux,  les grandes statues de saints  de  pierre blanche veillent sur une foule nombreuse, venue assister comme chaque année, à un concert exceptionnel organisé par  "Les Amis de la Cathédrale Saint Michel et Gudule", associés cette année  avec "le Hulencourt Art Project". L’intégralité des  bénéfices du concert sera consacrée à la restauration du vitrail du " Jugement Dernier "qui éclaire l’immense nef gothique abritant, depuis tant de siècles, des millions de fidèles et de visiteurs.

  

L’écrivain belge Philippe Marchandise accueille le public assistant à cette grande rencontre musicale, avec des mots vibrants  invitant à être en communion avec ceux qui ont donné leur audace ou leur vie pour la Liberté et la démocratie dans notre pays.  Il évoque les soldats au front, les prisonniers, les victimes de la guerre et surtout « ces femmes désemparées, qui ont perdu leur raison de vivre puis leur raison tout court. » Et c’est une femme,  Marguerite de Werszowec Rey qui a écrit le poème qui a inspiré la symphonie contemporaine  "Le chemin des dames" au musicien Jacques-Alphonse De Zeegant*. Elle le lira devant l’assemblée avant  son interprétation musicale. Cette œuvre,  inspirée par les champs de bataille de la Marne, est évocation, prière et appel à la paix, elle transcende les lieux et le temps. Elle a stupéfié, bouleversé, enflammé le public lors de sa création à la cathédrale de Laon  le 30 août 2014. L’émouvante  mezzo-soprano argentine Alicia Nafé a prêté sa voix avec les chœurs de l’Union Européenne pour l’interprétation de  la symphonie.  L’actrice Caroline Veyt, présentatrice en mai 2014 du Concours Reine Elisabeth,  introduit chaque  œuvre musicale.

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 Né en 1955, Alphonse De Zeegant compositeur belge  au parcours peu commun, a étudié au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles. Il fut l’élève du pianiste André Dumortier (lauréat du concours Eugène Isaye) et du pianiste Valéry Afanassiev (1er lauréat du concours Reine Elisabeth 1972). Depuis une dizaine d’années, Jacques-Alphonse De Zeegant s’est engagé dans les coulisses de la création, laissant courir son inspiration, librement, sans se soucier des modes et des courants esthétiques de notre époque. Jacques-Alphonse De Zeegant souhaite en effet  assurer la transition, entre musique classique et musique contemporaine.

12273131097?profile=originalIl est  le premier compositeur invité en  résidence auprès du Hulencourt Soloists Chamber Orchestra (HSCO) qui  rassemble chaque année la crème de jeunes talents internationaux afin de promouvoir la musique classique et offrir à de nouveaux publics une expérience directe et intime de la musique de chambre et d’orchestre.  Au programme,  une dizaine de concerts prestigieux de très haut niveau  dans des lieux réputés, comme cette fois,  le cadre exclusif de la Cathédrale Saint Michel et Gudule.  La recherche de l’excellence est le maître mot. Les artistes, musiciens solistes professionnels  qui jouent comme solistes et poursuivent leur propre carrière musicale au sein d’orchestres nationaux ou dans des ensembles reconnus, sont conviés aux quatre coins de l'Europe, à participer au programme selon leurs disponibilités. Ils se réunissent au Golf Club d’Hulencourt, un endroit de prestige et de calme situé en pleine nature,  pour les sessions de préparation des concerts et des tournées. Rencontre de 19 nationalités.

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Xavier Deprez, organiste de la cathédrale, et Augustin Dumay, violoniste de la Chapelle Musicale et futur directeur musical de l’orchestre  HSCO en 2016 ont tenu à s’associer à cette grande commémoration et prière pour les soldats de la guerre de 1914, en interprétant avec l’orchestre de solistes de chambre de Hulencourt sous la direction de Benjamin Ellin deux œuvres poignantes de Camille Saint-Saëns et de Felix Mendelssohn. Nous avons vécu une expérience musicale inoubliable,  authentique et unique,  ainsi que la  rêve, le directeur de l’Hulencourt Art Project: Palmo Venneri.

* www.dezeegant.com

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En savoir plus :

^Un haut lieu de souffrance

« Quand j’ai accepté de composer une symphonie sur le Chemin des Dames, je souhaitais y intégrer un texte, j’ai demandé à Marguerite de Werszowe Rey, avec qui j’ai souvent collaboré, de m’écrire un texte ou un poème », explique Jacques-Alphonse De Zeegant. Ce poème évoque la vie des soldats dans les tranchées mais il est aussi un appel à la paix. « Le texte mêle le français et l’allemand, mais on y retrouve aussi toutes les langues des peuples qui ont combattu sur le Chemin des Dames. » Cette voie, autrefois royale qui est devenue un haut lieu de souffrance, le compositeur l’a beaucoup arpentée avant de coucher ses émotions sur une partition. « Des amis me l’ont fait découvrir, j’ai été très marqué par la souffrance qui s’en dégage encore. Un gigantesque drame humain s’est déroulé ici, on sent bien que la terre n’a pas fini de digérer ses morts. »

En une trentaine de minutes, Le Chemin des Dames évoque les soldats, leurs souffrances, les coups de fusil, « la Chanson de Craonne apparaît en filigrane tandis que le 5 e  mouvement se transforme en danse macabre, poursuit le musicien. Ce qui compte pour moi ce n’est pas la beauté, mais l’émotion qui se dégage de l’ensemble. » Pour ceux qui seraient un peu inquiets, le compositeur se veut rassurant : « Ma musique est accessible à tous, elle est au service du texte, et reste un hommage aux souffrances des soldats qui ont combattu, il y a cent ans. »

^ http://gite-chemindesdames.fr/litterature.html

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