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orchestre (15)

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SPECTACLES

Spleen, absurdité et  tout le drame de la guerre…un Eugène Oneguine profondément humain à la Monnaie

29 janvier 2023, une première saisissante de l’oeuvre de Tchaïkovski.

Eugène Onéguine est le héros du roman d’ Aleksandr Pushkin, écrit en vers en 1833. C’est  un dandy de Saint Petersbourg, un aristocrate  désillusioné par les oisives futilités de la capitale russe. Il a environ 26 ans quand il  débarque à la campagne chez son ami  naïvement confiant, Vladimir Lensky, un jeune poète rêveur, d’environ 18 ans, plus passionné par l’Art que par la Vie. Onéguine se montre cynique, arrogant, égoïste, vidé de toute passion et fatigué du monde. Childe Harold, vous connaissez?  Ensemble, ils vont rencontrer deux sœurs, filles de propriétaire terrien. Elles sont  fort différentes, l’une, Tatiana Larina, distante, timide et  renfermée, mais passionnée de lectures romanesques, un personnage obsédant  qui semble  voguer dans un monde imaginaire et se nourrit de littérature romantique anglaise. L’autre, Olga, primesautière, ancrée dans la vie. Elle est insouciante et espiègle même si elle ne trouve aucune joie dans sa jeunesse passée aux champs. Et pourtant , lors de la rencontre, chacun des amis choisira paradoxalement celle qui lui ressemble le moins. Premier coup du sort. A l’Art ou à la Vie ?

Surprise étonnante au lever du rideau ! Point de  soleil d’hiver russe,  de champs fraichement moissonnés, de moulin à eau,  de datcha lumineuse à la Tourgueniev, de femmes  vaquant  aux tâches  domestiques comme on pourrait s’y attendre.  … Le plateau est vide,  comme un radeau ivre sur un océan d’émotions et de vagues de passion.  C’est que ce décor unique et étrange,  intemporel,  est animé de vie, il semble même parler comme parlent les livres… Et pourtant, il n’est constitué que d’une immense carré de parquet  en bois blond, mystérieusement articulé et  posé sur un axe… Toute une cosmologie? Les Chinois ne représentent-ils pas la Terre  par un carré, comme les champs qu’ils cultivent ? Le  spectateur du monde que nous sommes peut donc  observer  les  choses:  tandis qu’elles vont, se font et se défont.  Aux quatre coins, tels ceux d’une rose des vents,  siègent,  chacune sur sa chaise rustique, quatre femmes  sans âge en robes simples, de couleurs pastel : Tatiana en bleu tendre, Olga en rose pâle,  Larina, leur mère (la mezzo-soprano Bernadetta Grabias) en vert tilleul et la  vielle nourrice Filippievna (Cristina Melis) en  bleu gris argent.  

© Karl Forster

Et voici que notre folle du logis, ce pouvoir immense de l’imagination, est subitement convoquée - presque à notre insu - tant la musique, le chant, les mouvements et le jeu scénique se correspondent.  La mise en scène  très créative  de Laurent Pelly saisit l’esprit et le cœur par  la mouvante beauté des différents tableaux. Et l’émotion artistique  est à son comble,  à chaque fois qu’une extraordinaire  chorégraphie s’empare des protagonistes et du superbe chœur. Sans doute, l’anecdotique a été complètement gommé, mais ce,  tout au  profit de l’essence et du  symbole.  De savants  jeux de lumière de Marco Giusti  et l’interprétation orchestrale se combinent harmonieusement   pour habiller le texte  de profondeurs insoupçonnées. Il est vrai que le chef de l' Orchestre Symphonique de la Monnaie, Alain Altinoglu, est  comme à l'accoutumée, un très vibrant créateur de climats et d’échos dans sa sublime interprétation de la « vérité lyrique » chère à Tchaïkovski. Il annonce et souligne avec incomparables nuances, les moindres émotions qui ballottent  tous ces  passagers de la vie, et  avec une intensité et un  sens aigu du drame et de ses prémonitions. Il prolonge tous les états d’âme des protagonistes,  par une  très délicate orchestration. Complémentarité du visible et de l’invisible. Il n'empêche,  le folklore, la danse mondaine et des épisodes de rires joyeux  alternent  avec la vérité des sentiments et des frustrations qui mèneront à la débâcle finale.  


 Car  voici que sur le plateau,  l’aveuglante  folle du logis, celle qui fait perdre la tête, s’empare des deux amis !  Ainsi en va-t-il  de l’immonde jalousie qui soudain saisit  Vladimir, en voyant Olga  enchaîner les danses  avec Onéguine et qui va faire basculer un monde de paix vers celui de la guerre et de la désolation. « Vous n’êtes plus mon ami ! … Je n’ai pour vous que du mépris ! » Pire,  la querelle dégénère et  Lenski  ne peut s’empêcher de  provoquer Onéguine en duel. Toute l’assemblée est scandalisée ! ( Finale « V vashem dome! V vashem dome! )

Mais surtout voici les paroles fatidiques qui déclenchent  l’hostilité des deux frères…dans le tableau 18 de l'acte II «  Ennemis, mais y a-t-il longtemps que le désir de tuer nous sépare ? Y a-t-il longtemps que nos plaisirs, nos pensées , nos soucis, et nos loisirs étaient les mêmes ? Aujourd’hui cependant, comme des ennemis héréditaires, perfidement, nous préférons nous taire , prêts de sang-froid à nous entretuer » Onéguine ajoute pourtant «  Mieux vaudrait en rire, avant qu’il ne soit trop tard, avant que nos mains ne soient rougies de sang, mieux vaudrait se quitter à l’amiable…» Hélas, l’un après l’autre ils déclarent : « Mais non ! mais non !» 

        Niet!                                                                                                  Niet!
                                 
нет                                                                                              нет!

 
Le  désastreux duel aura eu lieu, et dans  le troisième acte,  la douleur consumera Tatiana et Onéguine, les protagonistes maudits. Oui, elle l’aime, c’est tragique mais se refuse à lui, comme lui l’a fait dans le premier acte, non  par vengeance, mais   dans un accès de vertu et de soumission aux règles de la société.  Au tomber du rideau,  Onéguine, ce  héros byronien, un Don Juan à sa manière, n’osant pas être émotionnellement vulnérable, est devenu cet  homme, perclus de désespoir, qui aura  tout eu, qui l’aura gaspillé et qui aura vécu pour le regretter. Pathétique et brisé, il a ... à peine 26 ans.  Une très belle prise de rôle par le baryton Stéphane Degout.

Star power: c’est un  casting d’excellence qui  interprète cette  magnifique  œuvre. Partout des sans-faute. Bogdan Volkov est un Lenski hors compétition, qui met les larmes aux yeux par sa résignation devant le destin qui l’attend, la musique en témoigne.  C’est en effet  déjà un  poignant adieu à la Vie que Lensky chante avant le duel, comme s’il écrivait une ultime lettre à ceux qui restent,   où il oppose les jours heureux de sa jeunesse à sa situation actuelle, dans un scandale que ni lui ni Onéguine ne souhaitaient véritablement. Quelle absurdité ! Dire que la  querelle portait sur les attentions  maladroites d’Onéguine pour Olga.  Surtout,  c’est la perte d’Olga que Lensky regrette le plus, se souciant désormais peu de savoir  quelle sera l’issue du  duel imminent.  Il  est salué par des applaudissements nourris et enthousiastes.


Et autant d'applaudissements, bien sûr, pour  la Tatiana délicieusement chantée par la soprano britannique Sally Matthews:  sans la moindre affectation, avec de vertigineux émois et de subtiles nuances pianissimo. Une réussite majeure.  Cette célèbre scène de la chambre à coucher, lorsque Tatiana, éprise d’un amour impulsif pour Onéguine,  exprime ses sentiments dans une lettre, incarne de manière touchante l’étourderie féminine du personnage.

C’est fait. Je ferme cette lettre,

L’effroi, la honte au fond du coeur…

Mais mon garant est votre honneur,

J’ai foi en lui de tout mon être.

Olga, ici chantée par la chaleureuse  mezzo-soprano Lilly Jørsta, est très naturelle, pleine de joie de vivre et  très  convaincante. Soulignons également le charisme et l’ardeur résonnante  du riche prince Gremin  que chante  Nicolas Courjal  et la merveilleuse et rafraichissante bouffonnerie – Molière es-tu là ? – de Christophe Mortagne  dans le rôle de Monsieur Triquet.  Quant au fabuleux  chœur, une masse parfois oppressante, toujours en mouvement, sous la direction de Jan Schweiger,   il  est à la fois radieux  et bouleversant dans  les multiples atmosphères qu’il incarne.

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

Avec l' Orchestre symphonique et chœurs de la Monnaie Jusqu’au 14 février.

https://www.lamonnaiedemunt.be/fr/program/2313-eugene-oneguine

DISTRIBUTION

Direction musicale

ALAIN ALTINOGLU

Mise en scène & costumes

LAURENT PELLY

Décors

MASSIMO TRONCANETTI

Éclairages

MARCO GIUSTI

Chorégraphie

LIONEL HOCHE

Collaboration aux costumes

JEAN-JACQUES DELMOTTE

Chef des chœurs

JAN SCHWEIGER

Larina

BERNADETTA GRABIAS

Tatyana

SALLY MATTHEWS
NATALIA TANASII (1, 4, 10, 14.2)

Olga

LILLY JØRSTAD
LOTTE VERSTAEN ° (1, 4, 10, 14.2)

Filipp’yevna

CRISTINA MELIS

Yevgeny Onegin

STÉPHANE DEGOUT
YURIY YURCHUK (1, 4, 10, 14.2)

Lensky

BOGDAN VOLKOV
SAM FURNESS (1, 4, 10, 14.2}

Prince Gremin

NICOLAS COURJAL

Captain Petrovitch

KRIS BELLIGH

Zaretsky

KAMIL BEN HSAÏN LACHIRI °

Monsieur Triquet

CHRISTOPHE MORTAGNE

Guillot

JÉRÔME JACOB-PAQUAY

 Precentor

 CARLOS MARTINEZ
HWANJOO CHUNG (31.1 & 2, 5, 7, 9.2)

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SPECTACLES

Un élixir d’émotions et une plongée dans la folie

Sous  la direction de STEFANO MAZZONIS DI PRALAFERA † , on sait que l’opéra de Liège chérissait  les compositeurs italiens et en particulier les  œuvres de  Gaetano Donizetti (1797-1848). Après l’Elixir d’amour, La Favorite,  Anna Bolena, et la récente captation vidéo de La fille du Régiment, voici un dernier chef-d’œuvre romantique – Lucia di Lammermoor  (1835) –  où la passion romantique vire cette fois  à la folie. La mise-en scène est reprise par Gianni Santucci. C’est aussi  un dernier clin d’œil  du regretté directeur de l’opéra, à la folie de notre monde en plein bouleversement.  C’est comme si cette  ultime  mise en scène  de notre artiste regretté était  un   dernier  cadeau,  un  regard plein de tendresse posthume  lancé  à un public  qu’il adorait. Un  adieu  magistral à une époque révolue.  La direction musicale a été confiée à la très belle sensibilité artistique de Renato Balsadonna

Opéra Royal de Wallonie-Liège, de Lucia di Lammermoor

 A la base, il y a  le roman historique  de Walter Scott, « La fiancée de Lammermoor ». Comme Wordsworth,  Byron, Shelley  et Keats,  Walter Scott est l’une des figures les plus illustres du romantisme d’outre-Manche. Défenseur convaincu du retour aux sources populaires, il  fabrique  une image romantique de l’Écosse et de son histoire. Ainsi le décor de  lugubre château hanté signé Jean-Guy Lecat et les  chatoyants costumes de Fernand Ruiz, deux fidèles compagnons de Stefano Mazzonis di Pralafera.  C’est à Walter Scott,  d’ailleurs, que l’on doit le retour de l’usage du tartan et du kilt, dont le port avait été interdit par une loi du Parlement en 1746. Aux lumières: Franco Marri.  

 Ce roman fantastique raconte l’amour tragique de Lucy Ashton et d’Edgar,  laird de Ravenswood. Le père d’Edgar a été déchu de son titre pour avoir soutenu  Jacques Stuart II, roi d’Ecosse sous le nom de James VII,  permettant  ainsi au  père ambitieux de Lucy, Sir William Ashton, de racheter  le domaine  de Ravenswood.  Edgardo déteste  cette famille pour  l’usurpation de  des terres ancestrales de Lammermoor, mais en rencontrant Lucia, dont il tombe amoureux, il renonce à ses sombres projets de vengeance. Leurs fiançailles secrètes deviendront maudites. Le librettiste Salvatore Cammarano  développe alors  dans l’histoire une  puissante figure mâle dominante,  avide de pouvoir et de richesse,  en la personne du frère de Lucia, Enrico, un rôle embrassé avec  présence et  intensité par le belge Lionel Lhote.  


 Il est résolu à forcer Lucia, à contracter un mariage arrangé, politiquement  très avantageux pour lui, avec Arturo le Laird de Bucklaw. Enrico ne se gêne pas pour utiliser de fausses lettres et faire croire à Lucia qu’Edgardo l’a abandonnée.  La mort dans l’âme, Lucia  se voit incapable de résister aux pressions de son frère. Contre toute attente, la veille du mariage, Edgardo revient  d’une mission en France. Constatant avec horreur que Lucia, a signé  le contrat de fiançailles avec Arturo Bucklaw, il répudie Lucia, anéantie et  qui peut à peine parler. Le mariage a lieu le lendemain, suivi d’une fête à Ravenswood. Alors que les invités dansent, Lucia, poignarde Bucklaw dans la chambre nuptiale. Elle sombre rapidement dans la folie, divague, imaginant son mariage avec Edgardo et meurt.  Edgardo (le ténor Lyonnais Julien Behr au mieux de sa forme) met fin à ses jours.Comme dans Roméo et Juliette, l‘intrigue  est condensée sur un infernal triangle amoureux. Le chœur témoigne, comme dans les tragédies grecques. Il est préparé par Denis Second, formé au Conservatoire de Nice.

 L ‘admirable sextuor d’émotions de l’acte II est  un élixir exaltant qui se décline avec un irréprochable casting :  Luca Dall’Amico, natif de Venise,  donne sa  somptueuse voix de basse profonde au chapelin Raimondo  Bibedent, seul personnage  peut-être doué de raison dans l’histoire,   et  la mezzo-soprano  Julie Bailly donne la sienne  à la très  plaisante Alisa,  fidèle suivante de Lucia.  Oreste Cosimo en Arturo et Filippo Adami en Normanno  remplacent Maxime Melnik et le roumain Zeno Popescu, entendu sur cette même scène dans Norma, Rigoletto et I Puritani.  

Au troisième acte, pendant près de 20 minutes de chant ininterrompu Lucia revisite la vision fantasmée de  leur histoire d’amour, imaginant dans une forme d’extase onirique ce mariage auquel elle aspirait tant. Mais cette fresque  de passion  absolue est traversée par  d’épouvantables moments de  cruelle lucidité où elle  prend conscience l’horreur du meurtre commis et  de l’abominable destin qui accable les amants. Zuzana Marková, rompue au bel canto italien, interprète avec la plus grande vérité ce  personnage féminin broyé par une société éminemment oppressante. Elle  dispense avec fulgurance ses immenses phrasés palpitants  sur un solo de violoncelle et projette de manière étincellante  un feu  nourri de traits de virtuosité  exceptionnelle.  En plein cœur de  la performance de l’artiste, il y cette inoubliable  cadence où Lucia dialogue avec son rêve  fracassé. Sa voix s’enroule sur les sonorités cristallines étonnantes d’un armonica de verre – instrument défiant le monde réel, inventé par Benjamin Franklin en 1761. Tenu par Sascha Reckert, il est  situé dans la fosse, à deux  coudées des flûtes insistantes et de la sublime  harpe.  Les couleurs glaçantes de la  dilution de la raison de Lucia  et  le spectre de la mort avec ses sonorités chromatiques s’accrochent jusqu’aux confins de la coupole de l’opéra. Les luxuriantes vocalises, trilles, arpèges brisés et notes suraiguës finales  de la chanteuse évoquent autant  la réalité insupportable de la situation, que  la folie d’un monde en perdition,  et un appel au secours désespéré,  rejeté par  le ciel. Ou la libération finale attendue après un véritable calvaire de souffrances… 

Opéra Royal de Wallonie-Liège, de Lucia di Lammermoor

ET la folie? Donnizetti connaît ! On n’ignore pas qu’après avoir vécu à Naples comme directeur musical des théâtres royaux de 1828 à 1838, Donizetti s‘était  fixé à Paris. Atteint d’une paralysie générale et de troubles mentaux, il fut interné à l’hôpital psychiatrique d’Ivry, puis  ramené à l’automne de l’année suivante dans sa ville natale, où il mourut, le 8 avril 1848…

Du vendredi 19 au mardi 30 novembre 2021

20H00 OPÉRA ROYAL DE WALLONIE-LIÈGE | THÉÂTRE ROYAL

Dominique-Hélène Lemaire Pour Arts et Lettres




 

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Concerts

Le jeune Brussels Philarmonic Orchestra débute sa saison au Conservatoire de Bruxelles

…In a nutshell, dit-on!  Sachez que le BPO n’est pas le BPO. On pourrait aisément  le confondre avec  l’ orchestre de la VRT, le Brussels Philarmonic –fondé par l’ INR  d’antan (l’Institut National de Radiodiffusion,  cela vous dit sûrement quelque chose …) en 1935, naguère sous le nom de Grand Orchestre Symphonique.   Il est dirigé actuellement  par le grand chef d’orchestre Stéphane Denève en résidence à Flagey.   Ceci n’est pas une pomme, on s’en doutait, juste des  noms similaires…avec des dates de naissances toute différentes.

 Le « Brussels Philharmonic Orchestra », créé lui à Bruxelles, au théâtre Saint- Michel en septembre  2002, poursuit le but louable  d’offrir aux diplômés des conservatoires l’occasion de mettre en pratique leurs  aptitudes musicales en faisant partie d’un grand  orchestre symphonique permanent et de  se lancer ainsi dans leur carrière musicale. Place aux jeunes donc. Place à des répertoires très éclectiques et ambitieux.  Le BPhO …appelons-le ainsi, puisqu’il y a une « h » dans leur adresse électronique,  développe des voies d’avenir. Il est devenu une  réalité confirmée dans la vie artistique de notre pays et à l’étranger.  Les musiciens se réunissent de façon intensive pour préparer les grandes œuvres du répertoire classique et d’autres plus modernes, avec une attention  particulière pour des compositeurs belges.

La vie est belge! Les musiciens du Brussels Philharmonic Orchestra proviennent de vingt-six pays et quatre continents mais avec une prédominance de la nationalité belge, originaire des trois régions et des deux communautés.  La musique au service de l’unité et de la paix.  Tous  sont portés par  le feu de  la musique, la joie du partage, la force des émotions et le souci de rassembler autour des différences. Contribuer ainsi au progrès social et culturel. Pour que le monde vive… au même diapason.

Peut être une image de une personne ou plus, personnes debout et intérieur

Les jeunes musiciens épaulés par des instrumentistes chevronnés  sont dirigés avec complicité par le chef  David Navarro Turres, né au Chili. Les organisateurs recherchent également à promouvoir des jeunes solistes belges, une belle occasion pour permettre  ce soir  au jeune  espagnol Andrés Navarro au  piano et Julie Gebhart, soprano,  de se produire  dans la magnifique grande salle du Conservatoire de  Bruxelles lors du très beau concert d’ouverture donné ce samedi 23 octobre 2021, cette fois avec une cinquantaine d’instrumentistes.


C’est  un  vent d’espoir partagé qui flottait ce soir dans la salle du Conservatoire. Une énergie magnifiquement partagée, une petite victoire, sur la pandémie qui nous accable.

Difficile aussi de faire  des choix dans le beau programme présenté. Pour commencer, dans  la Moverture  de Daniel Capelletti, c’est l’atmosphère insouciante et ludique qui prédomine, tout de suite rattrapée par la nostalgie, et des cascades de tendresse, Le premier thème réapparaît, comme une brise connue. La reprise sautillante s’engouffre  alors dans une apothéose de percussions.

 Au centre du programme il y a  le concerto pour piano No. 2 de  Camille Saint-Saëns.  Sostinuto ! Un début massif et puissant, et des contrastes de douceur malgré le sens aigu du drame. Des arabesques élégantes se disputent le souffle épique. Quel créateur, ce chef ! D’abord un peu tendu, le  jeune soliste, Andrés Navarro surveillé de près par-dessus l’ épaule du chef, se lance dans des arpèges de bonheur. Le jeune  a vaincu la peur, il joue avec des sonorités liquides et conclut avec panache. Le deuxième mouvement a des légèretés de ballerines, des jeux d’échos l’agilité des bonheurs bucoliques. Les cordes sont frottées comme autant de cigales. Clin d’œil solaire entre ce que l’on pourrait voir comme … un lien père et fils! La musique est filiation. Le troisième mouvement devient feu  musical ardent avec des  reflets spectaculaires, la frénésie de danses de sorcières ? Le jeune pianiste donne tout : la virtuosité, la maîtrise absolue,  et participe à un final fracassant. En bis ?  Un Granados introspectif… beau  et flûté comme l’ode à l’alouette,  du  poète romantique anglais Percy Bysshe Shelley. Ode to a Skylark. La musique transforme.


 Le Mahler dégage tout de suite une atmosphère de chasse au trésor. On y trouve une matière musical souple, des bois gracieux, des sonorités apaisantes des violons dansants. Et aussi de fracassantes ruptures, de profonds abîmes, et de l’illumination malgré l’horloge du temps qui rappelle la réalité. Notre humilité. Alors la confiance gronde dans le cœur, un fil d’Ariane guide le voyageur -spectateur. L’apparition de Julie Gehbard dans  une lourde jupe de brocart doré et son haut de danseuse ballerine, fait impression. Les cordes dessinent l’automne et son dénuement. La chanteuse se nourrit de la complainte vibrante des cuivre et des cordes en larmes dans une douceur de coucher de soleil. Assise, les mains jointes, le destin va–il frapper ? La vie va-t-elle fleurir ? L’orchestre miroite sous la baguette du chef. La souffrance se lève dans l’orchestre, une affliction grandissante et inexorable. Tuée par cette chose rare, restée tapie au fond de la boite de Pandore, nommée Espérance. Sommes-nous ces poupées pendues à un fil ? Fragiles mais vivantes. La harpe diffuse de l’encens, allume un cierge brillant. La dame s’est levée, elle semble s’adresser à la lune . L‘orchestre la berce lorsque son chant s’éteint. Applaudissements.  La joie de se retrouver dans ce lieu séculaire.

Dominique-Hélène Lemaire  Pour Arts et Lettres

Programme

Daniel Capelletti / Moverture
Camille Saint-Saëns / Piano concerto No. 2
Gustav Mahler / Symphony No.4 (chamber version by David Navarro-Turres)

 3 Prochaines dates:

+ A la Cathédrale le 17/11/2021

réservations: 

www.cathedralisbruxellensis.be

+Concert for Hope      27/11/2021

+  le 16/12/2021 20h00 Grande salle du Conservatoire Royal de Bruxelles

 Au programme :

The Night Before Christmas »  – Daniel Capelletti
« Double concerto Cinq canyons » – André Ristic
« Schéhérazade » – R. Korsakov


Simon DIRICQ – saxophone 
Charles MICHIELS – clarinette basse 
David NAVARRO-TURRES
, chef d ‘orchestre 

Réservations ici

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administrateur théâtres

Ouverture de saison à Liège : La forza

SPECTACLES

Liège craque sous les applaudissements

« La forza del destino » de Giuseppe Verdi (1862)

La Forza à Liège. On craint toujours de prononcer le titre complet en Italie, par superstition tant les malheurs se sont accumulés autour du compositeur en attendant sa création à Saint-Pétersbourg en 1862. L’œuvre, jouée à Varsovie en 1939 marqua aussi, au jour près, le début de la deuxième guerre mondiale. C’est tout dire.

Tout commence avec une ouverture flamboyante: des cuivres vibrants, de somptueuses couleurs qui font craquer d’émotion une salle où flottent tant de souvenirs liés à son directeur honoris causa à vie. Renato Palumbo à la direction d’orchestre fait vibrer les cœurs et couler les larmes de maints spectateurs. Il sera incontestablement l’artisan précieux des échos orchestraux chatoyants soulignant avec précision et finesse extrême tous les soli.

En guise de bulles de bonheur, partageons ici une consécration de la soprano uruguayenne Maria José Siri qui interprétera à merveille le rôle central de l’héroïne Donna Lenora di Vargas dans ce Verdi spectaculaire et passionnant. Nous vous livrons une partie de son interview réalisé par Paul Fourier pour Toute la Culture. Elle parle de ses premières émotions sur la scène liégeoise.  …

« C’est la première fois que je chante à Liège et tout se passe très bien. La première a été un énorme succès pour tous les participants. Je me sens chanceuse d’avoir ces merveilleux partenaires sur scène et d’être dirigée par l’excellent Maestro Renato Palumbo.
C’est une belle production traditionnelle de Gianni Santucci, d’après une idée de l’ancien directeur artistique du théâtre, Stefano Mazzonis di Pralafera, décédé de manière si inattendue et prématurée l’année dernière.
Avec cette production, je fais mes débuts dans ce magnifique théâtre et je dois dire que je me sens très bien ici ; l’ambiance y est très agréable et j’aime aussi beaucoup la ville. Il y a quelques années, j’étais déjà venue en Belgique chanter Amelia dans « Un ballo in maschera » à La Monnaie à Bruxelles et c’est formidable d’être de retour !
Cette Forza del destino marque le début de ma saison 2021/22 et j’espère qu’enfin les choses vont pouvoir se dérouler comme prévu ! Si tout se passe bien, cet opéra devrait être le premier d’une série de titres Verdi »

 Pur bonheur vocal, son soprano large et somptueux a su électriser le public de Liège qui a réservé à la tragédienne des vivats enthousiastes lors de la séance du dimanche après-midi. On a pu admirer sans réserve Maria José Siri, cette habituée des plus grandes scènes de la planète, qui  a assumé aussi pleinement et sans effort apparent, tous les forte de ses interventions, produisant des aigus d’une superbe stabilité. Ses qualités d’artiste totalement engagée ont su donner de très beaux reliefs à son personnage de plus en plus persécuté par le destin. Car on peut dire que plus son malheur s’affirme, plus elle est convaincante. « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots...»  Son « Pace, pace…mio Dio » émeut profondément…  

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La jeune bohémienne Preziosilla interprétée par la mezzo-soprano géorgienne Nino Surguladze, nous offre un timbre rafraîchissant, des vocalises précises et une vocalité pleine qui contraste heureusement avec les lugubres aspects de l’œuvre dramatique. Sa belle présence scénique enjouée, même pour célébrer la guerre et ses tambours, nous donne des moments de respiration bienfaisante. « Viva la buona compagnia ! »   Une foule de choristes, danseurs villageois ou militaires participent à des scènes graphiques qui respirent la vie et une certaine insouciance. Quelle ironie, « Viva la guerra ! »  La victoire, en chantant, non? Une victoire musicale certainement, menée par le chef de chœurs Renato Palumbo.

Peut être une image de 1 personne, position assise et intérieur

Autre cocktail de fantaisie plaisante bienvenu avec Enrico Marabelli en Fra Melitone, un moine de service quelque peu borné mais qui contribue avec la finesse bouffonne des fous shakespeariens à de joyeuses échappées. On a besoin d’air… Car finalement dans quelle mesure est-on encore passionné à notre époque par l’enchaînement infernal de l’honneur bafoué suivi d’une vengeance digne des tragédies grecques ? A moins que, vu sous cet angle plus universel, chacun en son for intérieur ne se sente fort concerné par l’inéluctabilité du Destin qui nous rend proies de la fatalité. Le jeu de Tarot tissé en filigrane sur le rideau est là pour nous rappeler cette force mystérieuse. Quant aux costumes choisis, ils évoquent « La Der des Ders », celle de 14-18 et ses 65.00.000 de victimes, militaires et civils et nous plongent dans les couleurs fatidiques feldgrau des tranchées. Heureusement que les magnifiques décors italiens des scènes de village ou d’église sont eux, intemporels. On gardera le souvenir de ce profil sur le ciel bleu de cette jolie église couleur brique …du centre historique de Bologne ? Viva l’Italia !

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Le Don Alvaro du ténor argentin Marcelo Alvarez, qui a tué le marquis de Calatrava, le père de sa bien-aimée Leonora, est sincère et effervescent. Il témoigne d’une totale générosité expressive. Un modèle de résilience malgré son impuissance à contrer la fatalité. Il fait preuve d’une attachante prestance scénique. Sa voix repose sur de belles résonnances fougueuses et profondes et accède avec éclat aux les harmoniques les plus élevées. Très beaux échanges avec le baryton italien Simone Piazzola dans le rôle de Don Carlo di Vargas.

Angélique Nodus, Alexei Gorbatchev et Maxime Mělník, trois joyeux artistes que l’on adore écouter à Liège, complètent la riche équipe musicale de la production.  Mais aurait-on oublié ce grand prêtre magistral, un modèle de bienveillance, de sagesse, de droiture et de lucidité « Del mondo i disinganni » ? Un second rôle … éblouissant !  C’est Michele Pertusi, une splendide basse, qui respire la compassion et l’humanité enfin lumineuse. Une voix ample et généreuse de pasteur qui rassure malgré tout sur notre sort.

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« La forza del destino » de Giuseppe Verdi (1862)

Opéra en 4 actes
Livret de Francesco Maria Piave
d’après un drame du duc de Rivas,
Don Alvaro o la Fuerza de Sino


 Les talents lyriques :

Marcelo Alvarez (Don Alvaro), María José Siri (Leonora), Simone Piazzola (Don Carlos), Michele Pertusi (Il padre Guardiano), Enrico Marabelli (Fra Melitone), Nino Surguladze (Preziosilla), Maxime Melnik (Trabuco), Alexei Gorbatchev (Il marchese di Calatrava), Angélique Noldus (Curra), Benoit Delvaux (Un chirurgo), Bernard Aty Monga Ngoy (Un alcade)


Avec l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Renato Palumbo (direction)
 Et les Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef des chœurs)


Le cadre artistique :

Gianni Santucci (mise en scène), Gary Mc Cann (décors), Fernand Ruiz (costumes), Alex Brok (lumières)

A l’Opéra royal de Wallonie à Liège
16/09/2021 – 19, 22, 25, 28 septembre, 1er octobre 2021 durée : 3h15

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administrateur théâtres

Il a remporté le concours Reine Elisabeth en 2013,  il est maintenant en résidence à Flagey et ses liens avec la Belgique sont privilégiés. Il  jouera ce soir  son fameux 3e concerto pour piano de Prokofiev.  Cela se passe  à l’occasion  des  Piano Days à Flagey,  un rendez-vous de l’avant printemps qui devient maintenant une tradition de 5 jours de festival  où se succèdent grands pianistes de musique classique  et de jazz mais également de jeunes virtuoses…  Par élection,  nous avions épinglé le concert du samedi soir, sachant qu’il y participait,  avec au programme :

  • Guillaume Connesson — Kadath & Le soleil couchant (2017)
  •  Igor Stravinsky — L’Oiseau de feu (suite) (version 1919)
  •  Sergei Prokofiev — Piano Concerto no. 3 in C, op. 26

Nous ne serons nullement déçus par  l’exécution brillante, dense et corsée  de l’opus de Guillaume Connesson sous la baguette follement imaginative de Stéphane Denève qui embarque les spectateurs dans un univers  méphistophélique cuivré où se côtoient des plaintess d’âmes en détresse, un cité d’or perdue dans un désert  où pleuvent des cascades de sons en forme de glaçons ou de sable, un éparpillement de voix confuses et des bourdonnements de vie domestique paisible,   avalés par la fièvre subite  d’assauts guerriers sur un rythme de sacre du Néant. Les mesures finales éblouissent dans de sombres ricanements.  Voilà une puissante et fantastique  introduction au conte de L’oiseau de feu créé  par Stravinsky.

 Quelques mots sur l’histoire d’Ivan Tsarévitch  qui aperçoit un jour un oiseau  fantastique fait d’or et de flammes. Il le  poursuit et il réussit  à lui arracher une de ses plumes scintillantes. Sa poursuite l’a mené jusque dans les domaines de Kachtcheï l’Immortel,  une  redoutable  puissance qui s’empare de maints preux chevaliers pour les changer en pierre. Les filles de Kachtcheï et les treize princesses captives, intercèdent et s’efforcent de sauver  le jeune homme. Par chance, l’Oiseau de feu survient et dissipe les  sortilèges. Le château de Kachtcheï disparaît laissant les jeunes filles, les princesses, Ivan Tsarévitch et les chevaliers délivrés …s’emparer des précieuses pommes d’or du jardin. La version 1919  de Stravinsky débute par des murmures fantomatiques, des enlacements tendres et un festin de gloussements et de pépiements d’où émegent et fusent violons et flûte.  Un climat de torpeur solaire s’installe avec  la langueur des cordes  et la harpe rêveuse encadrée par les flûtes.  Stéphane Denève, tout comme dans l’exécution précédente,  ordonne  des frappes fantastiques, une parade de fracassements bercés par le battement élégant des violoncelles. L’expressivité aérienne du chef d’orchestre se transforme en pulsations et en vibrations intenses. Les sons claquent, la terre tremble. Ce qui semble être une apothéose spectaculaire se métamorphose en un filet de sonorités humbles, en courbes souriantes apaisées, illuminées d’or. La forme des plumes magiques?   Le tempo est lent et majestueux, indolent presque imperceptible et se fond dans le chatoiement de la harpe.  Ainsi se clôt la berceuse avant le final rutilant gorgé de vitalité et de couleurs. Le chef d’orchestre est flamboyant.

Et enfin, rencontre avec le musicien de nos rêves, un façonneur de beauté  un architecte virtuose de la musicalité: Boris Giltburg que l’on écoute avec le Brussels Philaharmonic en  troisième partie  de programme, une apothéose. Boris  Giltburg entre dans le jeu du concerto de Prokofiev, bondissant. Il roule des pointillés précis, tresse des notes incandescentes. Evoque des accès de tendresse et de rêve, enlace  des torrents de cheveux d’anges puis se pet è construire de façon trépidante. Il a un tempérament de feu il catalyse des coulées de lave brûlante des éclaboussures sismiques des jaillissements de Stromboli en délire. L’orchestre propose un chant séculaire aux accents paisibles. Boris reprend au clavier, façon séraphique. La promenade se transforme en course d’obstacles  franchis avec grâce, pour déployer un jeu de douceur  et de rêverie lisse et lumineuse.  A travers l’errance,  des paysages s’évanouissent et  la saveur de l’éphémère infuse.  Encore une  reprise de l’aventure paroxystique et un ralentissement subit et le reste est silence…   Les spectateurs sont suspendus au temps.

 

 La  souplesse brillante de l’orchestre entoure les gouttes de bonheurs simples au clavier, leur humilité, leur délicatesse et  l’écoute de L’Univers.  Lorsque le pianiste reprend le thème ou le joue à l’unisson, c’est une véritable amplification poétique qui naît sous les doigts du magicien. Le clavier est devenu une divine monture,  nimbée de voiles transparents et lumineux.  L’aventure musicale, menée dans un train d’enfer à travers la poussière d’étoiles, est fougueuse, maîtrisée  et impeccablement souveraine. Et le jeune virtuose reste,  malgré les applaudissements et l’adoration du public, modeste et heureux de donner encore : deux bis où l’orchestre  entier écoute et savoure,  les yeux fermés deux interprétations à grande intensité émotive : deux  Études-Tableaux  de  Rachmaninov op. 39 - no. 8  en ré mineur et  no. 6 en la mineur. 

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administrateur théâtres

Stabat Mater, opus 58  Antonín  Dvořák (1841-1904) œuvre pour soli, chœur et orchestre

Cécile Lastchenko- soprano
Pauline Claes - mezzo
Sébastien Romignon-Ercolini - tenor
Kris Belligh - Bariton
Namur Chamber Orchestra

Direction:Ayrton Desimpelaere


Grand concert de la Régionale A Cœur Joie de Bruxelles sous la direction d' Ayrton Desimpelaere, au profit de l’ASBL « Camp de Partage »

Le jeune chef belge Ayrton Desimpelaere (né en 1990) fait partie  d’une génération montante d’artistes qui se retrouve comme par enchantement dans les salles les plus prestigieuses.  Le jeune maestro talentueux a eu l’occasion de diriger la demi-finale du Concours Tchaïkovski à Moscou en 2015 devant un jury prestigieux présidé par Valery Gergiev et retransmis  sur Medici.tv. Au cours de la saison 2016-2017 il a dirigé la Flûte Enchantée  en version à vocation pédagogique, à L’Opéra Royal de Wallonie où il a eu l’occasion bénie de pouvoir côtoyer tout au cours de l’année,  d’immenses personnalités du monde musical, grâce à son assistanat dans la direction d’orchestre. Depuis 2015, il assure la direction du chœur de la régionale A Cœur Joie de Bruxelles composée de 180 choristes et depuis 2014 il dirige un répertoire d’œuvres sacrées lors des  stages de Chant choral à Loos (France) qui rassemble chaque année une centaine de choristes. Cette année l’œuvre sacrée choisie est La petite messe solennelle de Rossini.  Dernièrement, il a également dirigé lors du Singing Brussels Celebration Weekend à Bozar,  660 élèves issus d’une vingtaine d’écoles primaires bruxelloises interprétant  l’œuvre musicale originale imaginée pour le projet Cantania par le compositeur belge Jean-Philippe Collard-Neven.

Pour ce  prodigieux Stabat Mater, Le NCO (Namur Chamber Orchestra), une formation de 12  jeunes musiciens issus des Conservatoires royaux belges  et qui s’est produite dans de nombreux festivals belges ainsi qu’en France, s’est  augmenté de musiciens professionnels  supplémentaires pour former un orchestre symphonique sous la baguette de leur chef Ayrton Desimpelaere qui dirige également l’immense cohorte musicale des choristes de  la formation A Coeur Joie. Les bénéfices du concert iront généreusement au profit de l’ASBL «Camp de Partage». Quatre solistes éblouissants complètent le tableau : La soprano Cécile Lastchenko (°1989), La mezzo-soprano Pauline Claes, le ténor Sébastien Romignon Ercolini et la basse Kris Belligh.

La version initiale pour quatre solistes, chœur et piano a été composée par Dvořák après la mort de sa fille Josefa en 1875. Il a ensuite mis le travail à l'écart sans l'orchestrer. Peu de temps après, il a perdu deux autres enfants en 1877. À ce stade, il est retourné au manuscrit qu'il avait  abandonné l'année précédente pour composer l’œuvre orchestrale.


Le texte  latin du Stabat Mater  date  du milieu du XIIIe  siècle, mais  les sentiments évoqués dans  ce poème ont une valeur intemporelle.  Le moine franciscain qui l’a écrit et dont l’identité n’est pas certifiée, a trouvé son inspiration religieuse dans la souffrance de Marie au pied de son Fils cloué sur la croix. Ce texte  ainsi que le traitement  musical que  Dvořák a composé  nous touche profondément et exprime l’universalité  notre compassion avec la souffrance  de l'homme.

 

Le concert s’est donné dans la salle Henry le Bœuf  du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles le 10 juin 2017. Ayron Desimpelaere a su équilibrer les différentes interventions, chœur, orchestre et soli. De terrestre, - ce que pense le jeune chef de la version  qu'il a livrée -   son interprétation apparaît à certains moments purement cosmique et reflète une force bouillonnante de synergies qui fusent  dans la fresque chorale monumentale. Le chœur très nombreux d’amateurs ne déçoit pas - rien d’approximatif ou d’hésitant -   il est  très à la hauteur. Il est  juste sans doute regrettable  que le concert n’ait probablement pas été enregistré.

Le jeune chef  a su insuffler à son orchestre une belle dynamique empreinte de tension dès le prélude où le crescendo lugubre aboutit  rapidement dans un paroxysme apocalyptique pour être ensuite adouci par des bois aux sonorités très pures. Les constructions successives sont monumentales.   Le Quis est Homo est magnifiquement débuté par Pauline Claes et rallié avec émotion profonde par le tenor Sébastien Romignon-Ercolini  pour aboutir avec souplesse dans un quartet bien balancé.  La désolation est absolue dans la voix de  basse de Kris Belligh. Difficile de ne pas être frappé par la tristesse.  Le public peut  dès lors accompagner mesure après mesure  le Eia Mater Fons Amoris qui  diffuse tout au long du chemin de douleurs, douceur et cris de colère à travers des vagues de pleurs océaniques… Fac Ut Ardeat Cor Meum est magnifiquement conclu par Kris Belligh. La salle entière accompagne les souffrances du Crucifié, les yeux fixés sur les mains du maestro qui  sculpte la douleur.

Le chœur peut alors se lâcher dans la puissance de la  tendresse, un sorte de berceuse cosmique: Tui Nati vulnerari dont la deuxième partie résonne comme une marche triomphale, cuivres et percussions à l’appui, vents pleins d’espérance.  C’est  ensuite le tour du ténor Sébastien Romignon-Ercolini aux accents très romantiques  méditerranéens qui dans le  Fac me vere tecum flere,  arrache des larmes par sa juste et belle entente avec le choeur. La salle est  définitivement conquise et attend avec impatience  son duo avec l’exquise tendresse de Cécile Lastchenko : Fac ut portem Christi mortem…  Le timbre est chaleureux, la voix est souple et les aigus bien ronds sont  assurés. 

Le quartette et le chœur et l’orchestre  concluront dans  une  puissance resplendissante magnifiquement édifiée par Ayrton Desimpelaere où se combinent, implorations respectueuses, enracinement de la force de la foi, silence, et confiance joyeuse dans la danse des anges et le triomphe absolu  de l’amour. Les voix a capella des hommes et des femmes, puis l’orchestre seul et les derniers Amen s’évanouissent avant l’A Dieu final.  Les applaudissements de bonheur éclatent de toutes parts.

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 Sachez finalement que  le maestro, après avoir pris le micro pour des émouvants remerciements pour la collaboration généreuse de tous ses partenaires et de toutes les personnes qui ont soutenu ce fabuleux projet,  offre  en bis ce que son cœur lui dicte et ce que le public attend secrètement: Eia Mater Fons Amoris.

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http://www.bozar.be/fr/activities/125430-stabat-mater-de-antonin-dvorak 

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https://www.rtbf.be/musiq3/actualite/musique/detail_la-matinale-invite-du-15-06-ayrton-desimpelaere?

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administrateur théâtres

Stabat Mater dolorosa, 
La mère douloureuse se tenait debout

juxta crucem lacrimosa, 
Au pied de la croix en larmes. 

dum pendebat filius 
Tandis qu’on y suspendait son Fils. 

Cujus animan gementem, 
Dont l’âme gémissante 

contristatam ac dolentem, 
désolée et dolente

per transivit gladius 
fut transpercée par le glaive

O quam tristis et afflicta, 
O Combien triste et déchirée

fuit illa benedicta 
fut cette âme bénie

Mater Unigeniti
de la Mère du Fils unique 


Quae mœrebat et dolebat, 
Elle gémissait se désolait

et tremebat dum videbat 
et tremblait à la vue 

nati pœnas incliti 
des angoisses de son Fils divin 

Quis est homo qui non fleret, 
Quel homme n’aurait pleuré

Christi Matrem si videret, 
en voyant la Mère du Christ

in tanto supplicio 
subissant un tel supplice. 

Quis non posset contristari 
Qui aurait pu sans être consterné

Christi Matrem contemplari 
contempler la Mère du Christ

dolentem cum Filio ? 
gémissant avec son Fils ?

Pro peccatis suæ gentis, 
Pour les péchés de la race humaine

vidit Jesum in tormentis 
elle vit Jésus dans les tourments 

et flagellis subditum 
subissant la flagellation 

Vidit suum dulcem natum 
Elle vit son doux enfant 

Morientem desolatum 
dans la désolation 

dum emisit spiritum 
à l’heure où il rendit l’esprit 

Eia mater, fons amoris, 
Mère source d’amour,

me sentire vim doloris 
fais que je partage ta douleur

Fac ut tecum lugeam 
et tes pleurs 

Fac ut ardeat cormeum, 
Fais que mon cœur s’enflamme

in amando Christum Deum 
pour l’amour du Christ-Dieu

Ut sibi complaceam 
afin que je lui complaise 

Sancta Mater, istud agas, 
Sainte Mère, fais aussi 

Crucifix fue plagas, 
que mon cœur s’unisse

cordi meo valide 
aux souffrances du Crucifié 

Tui nati vulnerari,
A ton enfant meurtri

Tam dignati pro me pati,
que je suis digne de m’unir

Poenas mecum divude 
afin qu’il partage avec moi ses peines

Fac me vere tecum flere 
Permets qu’avec toi je pleure

Crucifixo condolere 
pour souffrir avec le Crucifié

Donec ego vixero
et cela tant que je vivrai.

Juxta crucem tecum stare 
Permets qu’au pied de la Croix près de toi

te libenter sociare
je m’associe à toi

in planctu desidero 
au plus fort de ta douleur. 

Virgo virginum prœclara
Vierge entre toutes choisie

mihi jam non sis amara 
qu’à moi jamais douleur aussi amère 

Quis non posset contristari 
ne me soient infligée près de toi. 

Fac ut partem Christi mortem 
Fais que je porte en moi la mort du Christ

passionis fac consortem 
qu’associé à sa passion 

et plagas recolere 
je revive ses souffrances

Fac me plagis vulnerari
Fais que blessé de ses blessures 

Cruce hac inebriari
je sois enivré de sa croix 

Et cruore Filii 
et du sang versé par ton Fils 

Inflammatus et accensus
Pour que je ne brûle point des flammes éternelles

Per te,Virgo, sim defensus 
ô vierge protégé,

in die judicii par toi, 
je sois au jour du jugement 

Fac me cruce custodiri 
Christ lorsqu’il me faudra sortir de ce monde 

Morte Christi prœmuniri
permets que conduit par ta mère j’accède

Confoveri gratia 
à la palme de la victoire 

Quando corpus morietur 
Quand mon corps mourra

Fac ut animae donetur 
fais que soit donné à mon âme

Paradisi gloria 
la gloire du Paradis.

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Le Stabat Mater de Pergolesi, part à la rencontre de cette méditation extraordinaire sur la douleur de Marie devant le supplice et la mort de son fils, composée par le moine franciscain Jacopone da Todi au XIIIe siècle. Cette œuvre ne cesse de vous mettre encore et toujours les larmes aux yeux… huit siècles plus tard. Dans sa mise en musique, J.B Pergolesi nous donne à scruter nos consciences et à envisager toute chose qui dépasse l’humain et le délivre de son orgueil insensé. C’est en 1736, à l’âge de 26 ans et tuberculeux que Pergolesi composa cette dernière œuvre dans un monastère près de Naples, avant d’y mourir.

 Quis est homo qui non fleret,

Matrem Christi si videret

in tanto supplicio?

Quel homme sans verser de pleurs

Verrait la Mère du Seigneur

Endurer si grand supplice ?

Un texte et une musique poignants mis délicatement en chant choral par Anthony Vigneron avec ses solistes professionnels qui composent l’Ensemble Vocal de l’abbaye de la Cambre. Des voix délicieuses... Julie CalbeteCoenjaerts Marie-Laure Gilles Thomas et Anne Hélène Moens que nous avons découverte à l'occasion de ce concert, puisqu'elle y tenait le rôle de soliste principale.

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L’orchestre nous est venu de Budapest: le Concerto Armonico.  Ce sont de jeunes étudiants, qui jouent sur instruments d’époque et qui n’hésitent pas à démontrer par mille œillades de connivence, qu’ils s’amusent franchement lorsqu’ils jouent ensemble. Une très bonne chose d'ordinaire, mais là, l'allégresse n'avait rien de spirituel. Il semblait que le premier violon était particulièrement porté sur la badinerie avec des comparses dans la salle … Une hilarité tout de même assez dérangeante devant la douleur humaine qu’exprime cette belle œuvre de Pergolesi. Il en était de même -  et de façon encore plus évidente -  hors de la surveillance d’Anthony Vigneron, lors les deux cantates de Bach qui ont précédé le Stabat Mater: "Ich habe genug" BWV 52 et" Non sa che sia dolore" BWV 209.  Celles-ci illustraient bien  la joie intense de cette victoire éclatante sur la mort qui imprègne l’antienne du Laetare de l’office du dimanche précédent, ainsi que l'avait souligné le père Tanguy en début de concert. Ce qui n’est quand même pas une raison suffisante pour …presque chahuter en jouant de vos violons, chers musiciens de Budapest !

Tout comme le Stabat Mater, le texte de Bach est lui aussi empli de profondeur: "Aber dort, werd ich schauen süssen Friede, stille Ruhe!" "Da entkomm ich aller Not, die mich noch auf der Welt gebunden". Le texte italien n'est pas moins poignant: "Non sa che sia dolore chi dall' amico suo parte e non more. "

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Soulignons tout de même l’admirable et exquise exécution à la flûte de Jean Michel Tanguy, élève de Jean Pierre Rampal, lauréat de Genève, ancien soliste de l’Orchestre National de Belgique et professeur à la Hochschule de Mannheim, qu’il nous a été donné d’écouter aux côtés du claveciniste très inventif …Miklos Spanijl qui dirigeait l’orchestre pendant ces très belles cantates de Bach.

520498981.jpg?width=300Un événement exceptionnel avec l'orchestre Concerto Armonico Budapest et l'Ensemble Vocal de l'Abbaye de la Cambre sous la direction d'Anthony Vigneron Au programme: Stabat Mater Œuvre musicale de Giovanni Battista Pergolesi Cantates de J.S Bach Ich habe genug BWV 82 Non sa che sia dolore BWV 209

Les photos d'Arts et Lettres:

 https://www.facebook.com/pg/plusde500billetsdeDHL/photos/?tab=album&album_id=1190678201059378

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12273129470?profile=original CONCERT EN HOMMAGE AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-   18 "Avant-première mondiale de la Symphonie le Chemin des Dames"

Bruxelles, jeudi 8 octobre à 20H à la Cathédrale Saint Michel et Gudule

 

 « Bien chers Mère, Frères et Sœurs,

Il est déjà quatre heures du matin, l’heure de notre mort est proche. Avec Alfred et Aloïs, nous sommes réunis dans la même cellule. Nous avons passé la nuit à prier, chanter et deviser. La messe va commencer, puis en route pour le tir national, pleins de force et de courage. Allons, maman chérie, bon courage.

Je vous donne de loin un dernier baiser. Adieu.

Votre cher fils Gustave qui  va mourir pour la Patrie »

Gand, le 10 août 1916 : dernière lettre de Gustave Mus à sa famille.

C’est  avec la lecture de cette lettre tragique que débutait samedi dernier un magnifique hommage AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-18  à la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, Bruxelles. Au programme,

LA TROISIÈME SYMPHONIE de Saint-Saëns op.78

Le  CONCERTO POUR VIOLON ET ORCHESTRE de Mendelssohn op.64

LA SYMPHONIE "LE CHEMIN DES DAMES" de Jacques Alphonse De Zeegant sur un poème de Marguerite de Werszowec Rey

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L’univers simple et essentiel du jardin est accroché aux chapiteaux, les arches prient, les lumières de la ville s’invitent à travers les vitraux,  les grandes statues de saints  de  pierre blanche veillent sur une foule nombreuse, venue assister comme chaque année, à un concert exceptionnel organisé par  "Les Amis de la Cathédrale Saint Michel et Gudule", associés cette année  avec "le Hulencourt Art Project". L’intégralité des  bénéfices du concert sera consacrée à la restauration du vitrail du " Jugement Dernier "qui éclaire l’immense nef gothique abritant, depuis tant de siècles, des millions de fidèles et de visiteurs.

  

L’écrivain belge Philippe Marchandise accueille le public assistant à cette grande rencontre musicale, avec des mots vibrants  invitant à être en communion avec ceux qui ont donné leur audace ou leur vie pour la Liberté et la démocratie dans notre pays.  Il évoque les soldats au front, les prisonniers, les victimes de la guerre et surtout « ces femmes désemparées, qui ont perdu leur raison de vivre puis leur raison tout court. » Et c’est une femme,  Marguerite de Werszowec Rey qui a écrit le poème qui a inspiré la symphonie contemporaine  "Le chemin des dames" au musicien Jacques-Alphonse De Zeegant*. Elle le lira devant l’assemblée avant  son interprétation musicale. Cette œuvre,  inspirée par les champs de bataille de la Marne, est évocation, prière et appel à la paix, elle transcende les lieux et le temps. Elle a stupéfié, bouleversé, enflammé le public lors de sa création à la cathédrale de Laon  le 30 août 2014. L’émouvante  mezzo-soprano argentine Alicia Nafé a prêté sa voix avec les chœurs de l’Union Européenne pour l’interprétation de  la symphonie.  L’actrice Caroline Veyt, présentatrice en mai 2014 du Concours Reine Elisabeth,  introduit chaque  œuvre musicale.

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 Né en 1955, Alphonse De Zeegant compositeur belge  au parcours peu commun, a étudié au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles. Il fut l’élève du pianiste André Dumortier (lauréat du concours Eugène Isaye) et du pianiste Valéry Afanassiev (1er lauréat du concours Reine Elisabeth 1972). Depuis une dizaine d’années, Jacques-Alphonse De Zeegant s’est engagé dans les coulisses de la création, laissant courir son inspiration, librement, sans se soucier des modes et des courants esthétiques de notre époque. Jacques-Alphonse De Zeegant souhaite en effet  assurer la transition, entre musique classique et musique contemporaine.

12273131097?profile=originalIl est  le premier compositeur invité en  résidence auprès du Hulencourt Soloists Chamber Orchestra (HSCO) qui  rassemble chaque année la crème de jeunes talents internationaux afin de promouvoir la musique classique et offrir à de nouveaux publics une expérience directe et intime de la musique de chambre et d’orchestre.  Au programme,  une dizaine de concerts prestigieux de très haut niveau  dans des lieux réputés, comme cette fois,  le cadre exclusif de la Cathédrale Saint Michel et Gudule.  La recherche de l’excellence est le maître mot. Les artistes, musiciens solistes professionnels  qui jouent comme solistes et poursuivent leur propre carrière musicale au sein d’orchestres nationaux ou dans des ensembles reconnus, sont conviés aux quatre coins de l'Europe, à participer au programme selon leurs disponibilités. Ils se réunissent au Golf Club d’Hulencourt, un endroit de prestige et de calme situé en pleine nature,  pour les sessions de préparation des concerts et des tournées. Rencontre de 19 nationalités.

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Xavier Deprez, organiste de la cathédrale, et Augustin Dumay, violoniste de la Chapelle Musicale et futur directeur musical de l’orchestre  HSCO en 2016 ont tenu à s’associer à cette grande commémoration et prière pour les soldats de la guerre de 1914, en interprétant avec l’orchestre de solistes de chambre de Hulencourt sous la direction de Benjamin Ellin deux œuvres poignantes de Camille Saint-Saëns et de Felix Mendelssohn. Nous avons vécu une expérience musicale inoubliable,  authentique et unique,  ainsi que la  rêve, le directeur de l’Hulencourt Art Project: Palmo Venneri.

* www.dezeegant.com

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En savoir plus :

^Un haut lieu de souffrance

« Quand j’ai accepté de composer une symphonie sur le Chemin des Dames, je souhaitais y intégrer un texte, j’ai demandé à Marguerite de Werszowe Rey, avec qui j’ai souvent collaboré, de m’écrire un texte ou un poème », explique Jacques-Alphonse De Zeegant. Ce poème évoque la vie des soldats dans les tranchées mais il est aussi un appel à la paix. « Le texte mêle le français et l’allemand, mais on y retrouve aussi toutes les langues des peuples qui ont combattu sur le Chemin des Dames. » Cette voie, autrefois royale qui est devenue un haut lieu de souffrance, le compositeur l’a beaucoup arpentée avant de coucher ses émotions sur une partition. « Des amis me l’ont fait découvrir, j’ai été très marqué par la souffrance qui s’en dégage encore. Un gigantesque drame humain s’est déroulé ici, on sent bien que la terre n’a pas fini de digérer ses morts. »

En une trentaine de minutes, Le Chemin des Dames évoque les soldats, leurs souffrances, les coups de fusil, « la Chanson de Craonne apparaît en filigrane tandis que le 5 e  mouvement se transforme en danse macabre, poursuit le musicien. Ce qui compte pour moi ce n’est pas la beauté, mais l’émotion qui se dégage de l’ensemble. » Pour ceux qui seraient un peu inquiets, le compositeur se veut rassurant : « Ma musique est accessible à tous, elle est au service du texte, et reste un hommage aux souffrances des soldats qui ont combattu, il y a cent ans. »

^ http://gite-chemindesdames.fr/litterature.html

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administrateur théâtres

12273110300?profile=original                                 Suivez le XV Concours International Tchaïkovski en direct sur medici.tv

         36 jeunes pianistes participent cette année au premier tour du XV Concours International Tchaïkovski.

Aujourd'hui, Nikita Abrosimov, Yury Favorin, Sergey Redkin, Andrey Gugnin, Alexander Ullman, Asiya Korepanova, Maria Mazo et Emanuel Rimoldi joueront lors d'épreuves en récital solo, en direct de la Grande Salle du Conservatoire de Moscou.

Le direct sur tch15.medici.tv 

43c9a06d-a286-44d7-8af1-4b664016abab.jpg?width=250Le jeune belge Ayrton Desimpelaere dirigera la demi-finale du Concours International Tchaikovsky!


Ayrton Desimpelaere, jeune chef d'orchestre belge de 25 ans, dirigera la demi-finale du très renommé Concours International Tchaikovsky (session piano) du 22 au 26 juin 2015 à Moscou! Ce sera l'occasion pour le tout jeune chef de diriger les Solistes de Moscou de Yuri Bashmet devant un jury prestigieux (Gergiev, Pressler, Engström, Berezovsky, Bachkirov,…) en compagnie de six candidats dans des Concerti de Mozart. Le Concours International Tchaikovsky est présidé par Valery Gergiev et sera retransmis en direct sur Medici.tv.

Le Concours International Tchaikovsky est l'un des concours de musique classique parmi les plus prestigieux au monde. Baptisé en mémoire du compositeur russe, il se déroule à Moscou tous les quatre ans depuis 1958, année de sa création. Le Concours International Tchaikovsky est organisé par un comité réunissant d'éminentes personnalités du monde musical russe.

Né en 1990, le pianiste et chef d’orchestre Ayrton Desimpelaere est diplômé des Conservatoires Nationaux Régionaux de Paris et Versailles et des Conservatoires Royaux de Bruxelles et Mons. Il est également titulaire d’une licence en musicologie (Sorbonne) et d’un master en histoire de l’art, orientation musicologie (ULB). Il a ainsi l’occasion de rencontrer et travailler avec Daniel Gazon, Billy Eidi, Valery Gergiev, Mikhäil Faerman, Jean-Claude Vanden Eynden, Christoph Eschenbach, Adrian Mcdonnell, François Chaplin, Aldo Ciccolini, Shadi Torbey, Sébastien Romignon Ercolini, Cécile Lastchenko, Pauline Claes, tout en participant à de nombreuses master-classes. Fondateur de l’Ensemble Carminis et de l'Ensemble Pizzicato, Ayrton Desimpelaere participe en tant que pianiste à la création mondiale de Peter Pan d'Olivier Penard avec l'Orchestre de la Cité Universitaire de Paris en mai 2011 tandis qu'il dirige en mars 2012 la création belge de Browsing Agon de Michel Gonneville avec l’Orchestre du Conservatoire Royal de Mons pour le Festival Ars Musica. Avec le même orchestre, il a dirigé la Symphonie n°4 de Mahler, le Pierrot lunaire de Schönberg, l’Histoire du soldat de Stravinsky, Hommage à Garcia Lorca de Revueltas et Le Rossignol de Loevendie.

Moscou du 15 juin au 03 juillet 2015.

http://tch15.medici.tv/fr/festivals/piano-concerto-no-2-2

On peut déjà regarder le concert d'ouverture donné le 15 juin en replay:

En direct sur medici.tv, le XV Concours international Tchaïkovski s'ouvre dans la prestigieuse Grande Salle du Conservatoire de Moscou, dans un concert dirigé par Vladimir Fedoseyev.

Pour cette occasion, l'Orchestre Symphonique Tchaïkovski, sous la direction de Vladimir Fedoseyev, est rejoint par certains des meilleurs interprètes russes actuels, dont des étoiles montantes parmi lesquelles l'un des génies russes de la jeune génération de pianistes, Daniil Trifonov (1er prix et Grand Prix du XIV Concours Tchaïkovski), véritable phénomène qui a déjà brillé sur les plus grandes scènes (Carnegie Hall, Wigmore Hall et bien d'autres) et dont medici.tv a déjà retransmis de nombreux concerts.

À ses côtés on retrouve un autre jeune prodige, le pianiste Alexander Malofeev, qui à tout juste 14 ans a remporté plusieurs prix de concours internationaux pour jeunes talents – dont le concours Young Talents of Russia en 2013 et le VIII Concours international pour jeunes musiciens Tchaïkovski dont il a reçu le 1er prix et la Médaille d'Or.

Ils sont rejoints par le violoniste Georgy Ibatulin, vainqueur du XV Concours International Télévisé Casse-Noisette pour les Jeunes Musiciens, ainsi qu'Olga Borodina (membre du jury, mezzo-soprano, soliste du Théâtre Mariinsky), spécialiste du répertoire russe, invitée régulière des scènes lyriques et orchestres les plus prestigieux.

L'Orchestre Symphonique Tchaïkovski, premier orchestre de la Radio Nationale et considéré comme l'un des meilleurs orchestres au monde, est dirigé par Vladimir Fedoseyev, son directeur artistique et chef d'orchestre principal, dont la critique a salué la distinction et l'unicité de ses programmes. Aux côtés de cet orchestre et de son chef ont notamment été remarqués les jeunes talents Evgeny Kissin, Maxim Vengerov ou encore Vadim Repin.

Ils interprètent un très beau programme entièrement consacré à Tchaïkovski, à qui le monde rend hommage en 2015 à l'occasion du 175e anniversaire de la naissance du compositeur.

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administrateur théâtres

12273075857?profile=originalAvec Leonardo García Alarcón direction - Jodie Devos soprano - Millenium Orchestra

Programme: Wolfgang Amadeus Mozart

Ouverture (Le Nozze di Figaro, K. 492), Aria "Deh vieni non tardar" (Le Nozze di Figaro, KV 492), Ouverture (Cosi fan tutte, KV 588), Aria "Una donna a quindici anni" (Cosi fan tutte, KV 588, Ouverture (Don Giovanni, KV 527), Aria "Batti, batti o bel Masetto" (Don Giovanni, KV 527), Aria "Alcandro, lo confesso... Non sò d'onde viene", KV 512, Symphonie n° 25, KV 183, "Popoli di Tessaglia - Io non chiedo, eterni dei", KV 316/300b

 

Le Millenium Orchestra est un nouvel orchestre baroque belge dirigé par le talentueux Leonardo García Alarcón, un homme rayonnant d’énergie et d’intelligence musicale, célèbre notamment pour la qualité et la quantité de ses recherches musicologiques. Il s’est illustré récemment  à la tête du Chœur de Chambre de Namur  et de  sa Cappella Mediterranea dans la première représentation mondiale  d’« il Diluvio unniversale »  de Michelangelo Falvetti (1642–1692). Soulignons qu’à cette occasion,  Leonardo García Alarcón  a reçu la médaille de citoyen d'honneur de la ville d’Ambronay  lors de son célèbre festival et que le CD enregistré à cette occasion a  remporté le Diapason d'or du mois d'octobre 2011.

Le « Millenium Orchestra » est une création de CAV&MA (Centre d’Art Vocal et de Musique Ancienne) qui regroupe  les meilleurs ensembles baroques de la région namuroise. Ces artistes dans la fleur de l’âge, formés à la musique ancienne jouent sur instruments d’époque, sous la direction flamboyante du chef et claveciniste argentin.

Ce soir, la présence astrale de Jodie Devos, la jeune soprano belge qui a remporté le deuxième prix du concours Elisabeth en 2014 est la meilleure fée belge qui puisse se pencher sur le berceau de ce nouvel orchestre. Et le programme de cette soirée inaugurale est consacré entièrement à  Mozart, c’est du meilleur augure. Le conservatoire est comble.  Dès les premières mesures de l’ouverture des Noces de Figaro,  les sonorités lumineuses se précisent. Le modelé des pupitres séduit et le visage des auditeurs s’épanouit. Le chef d’orchestre est ardent et a le sourire aux lèvres. Sa conduite est franche précise et dynamique. Il souligne des violoncelles passionnés, il donne du velouté aux  émotions avant de terminer le premier mouvement sur un tempo de joyeuse  jouvence. Des bravi discrets fusent déjà à la fin du premier mouvement ! C’est gagné ! L’ensemble de l’orchestre est en prise directe avec le bonheur de l’épanouissement musical. Si la contrebasse livre sa voix sombre et plaintive, les bois frémissent, vifs et clairs. Les vents diffusent des sonorités et des effluves de fruits mûrs. Trompettes et timbales sonnent l’allégresse, les alti sont en effervescence et les couleurs des premiers violons sont empruntées à une palette lumineuse. Les réponses instantanées des différents  pupitres marquent une connivence immédiate et très intense avec le chef.  

Jodie Devos, qui s’excuse d’être encore souffrante, a changé un peu la programmation pour pouvoir honorer ses engagements. Elle joue avec feu  les personnages de Suzanne, Despina, et Zerlina. On retrouve son habituelle présence piquante et espiègle car  elle excelle dans l’interprétation malicieuse des rôles d’ingénue.  Une voix qui ne force jamais, mais qui atteint des sommets vertigineux d’une perfection technique admirable, légère presque diaphane à certains moments. Ses vocalises, malgré son état de santé grippal fascinent un public enchanté. La diction est impeccable, ses acrobaties vocales passionnées et le timbre est de toute beauté. La musique a fait taire la grippe annoncée.

En deuxième partie,  la Symphonie no 25 en sol mineur, œuvre  de  jeunesse de Mozart, composée en 1773 au seuil de ses 18 ans est une œuvre éblouissante d’énergies contradictoires et d’humanité. L’orchestre déploie des contrastes de nuances et de dynamiques remarquables pour cette partition extrêmement riche et fougueuse. Le mélange de  mélancolie, de désespoir, d’humilité et d’exubérance, de violence même, atteint  presque des tournures héroïques. Les sonorités lancinantes de l’andante  respirent la tristesse et l’angoisse. L’orchestre semble marcher au bord d’un volcan autour d’un hautbois au chant pur et lumineux.  Après un menuet plutôt joyeux,  confié aux vents, Leonardo García Alarcón revient, avec son sens inné du drame et de la mise en scène à  l’agitation fébrile du premier mouvement.

Le public ne lâchera pas sa soprano favorite après ses derniers airs, et celle-ci le comblera avec l’aria allemand  de Pamina tiré de La Flûte enchantée. Un deuxième bis survient, cette fois proposé par  l’orchestre et son chef très heureux de cette première soirée. Quoi de plus naturel que de finir avec l’ouverture du même opéra, nous confie-t-il ! Percussions éblouissantes, flûtes divines, beauté du souffle  musical plein d’esprit, dans un tempo inondé par la joie communicative. 

- http://cavema.be/fr/voir/millenium-orchestra/224-millenium-un-coup-d-oeil-en-coulisses

- http://cavema.be/fr/actualites/choeur-de-chambre/228-p-a-href-http-www-lavenir-net-article-detail-aspx-ar

- http://cavema.be/nl/nieuws/millenium-orchestra/225-div-class-5pbx-usercontent-data-ft-quot-tn-quot

- http://www.lestroiscoups.com/article-millenium-orchestra-un-nouvel-orchestre-baroque-en-federation-wallonie-bruxelles-annonce-122736092.html

- http://www.bozar.be/activity.php?id=14417

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administrateur théâtres

Mahler Chamber Orchestra Beethoven Journey 3

Leif Ove Andsnes piano - Mahler Chamber Orchestra , Koor van de Vlaamse Opera
Igor Stravinsky, Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur
Ludwig van Beethoven Fantaisie pour piano, choeur et orchestre, op. 80, Concerto pour piano et orchestre n° 5, op. 73, "L'Empereur"

Jeudi 04.12.2014 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

prev_pfile256203_activity14407.jpgQuel bonheur d’aller écouter le Mahler Chamber Orchestra à "Bozar", comme on dit, même si on en préfère la dénomination longue. Il nous a offert un programme capiteux, avec Leif Ove Andsnes comme échanson au piano. Une soirée sous le signe du champagne musical car ce concert restera à jamais gravé dans la mémoire! 

Une œuvre de Stravinsky pour débuter : son Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur, composé en 1946. Les cordes sont au grand complet, les  violonistes jouent debout, déployant joyeusement une vaillance amusée. L’écriture en spiccato et pizzicato souligne les parties lyriques qui oscillent entre des accents plaintifs et le  charme jazzy. On se laisse prendre à de lointains  rythmes de valse repris plusieurs  fois. Il y a de la couleur, de l’énergie vitale et de drôles d’éclats de voix syncopés. A noter, le superbe commentaire bougon de la contrebasse  en fin de partie. Et pas de chef d’orchestre ! 

Les musiciens reviennent, en costume-cravate, les dames en élégance. Mais voici venir le chef d’orchestre norvégien, Leif Ove Andsnes qui s’installe au clavier. Il dirige la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre de Ludwig van Beethoven en do mineur, opus 80, avec les chœurs de l’Opéra des Flandres. Dès les premières notes de la cadence initiale, le public sait que ce concert sera admirable, son niveau d’attention est au comble.  Les premiers arpèges puissants alternent avec un jeu intimiste et des sautillements de jeu de marelle. Les crescendos d’accords sont rutilants, l’orchestre silencieux est aux aguets, les trilles et les double notes farceuses jouent au coucou  d’une forêt musicale généreuse. Puis chaque pupitre s’ébranle, la musique se sculpte sous nos yeux et pour le plus grand plaisir de l’oreille. Chaque rencontre d’instrument est une rencontre artistique nouvelle. La flûte et le hautbois  s’invitent, accompagnés par le piano, puis les tutti exultent dans la joie complice de  l’orchestration. Leif Ove Andsnes traite son piano comme une harpe. Le thème joyeux qui préfigure l’ode à la joie de la  9e symphonie, est répété en échos bondissants. Le soliste gazouille des trémolos et sa longue mélodie rêveuse  est scandée avec tendresse par les cuivres. L’orchestre tout entier est bientôt dans un rythme de chasse à courre qui finit pianissimo. C’est alors que le chœur se lève et livre une interprétation sublime du poème de Christopher Kuffner « Fried und Freude gleiten freundlich der Wellen Wechselspiel… » Voici un miroir où se réverbère la foi et la confiance en l’humanité, la  célébration de l’amitié  à travers les arts, tout y est dans ce merveilleux dialogue entre le soliste, l’orchestre et le chœur. Le refrain explosif construit en interminable crescendo  donne une impression de vertige et ce sont des tonnerres d’applaudissements qui terminent la première partie de ce concert. 

thmb_13193_img1.jpgEn deuxième partie c’est sans doute la meilleure interprétation du Concerto de l’empereur N°5 qu’il nous ait été donné d’entendre. La direction est d’une extrême délicatesse, les parties solistes au piano sont de vraies éclosions florales. Elégance, moelleux, jeu solaire. Le pianiste qui dirige rayonne d’un intense charisme, il symbolise à lui seul à la fois l’humilité extrême et la grandeur de l’homme. Fluidité, contrôle, équilibre parfait. Son toucher de clavier tient  à la fois de l’ange et de l’humain, dans sa fermeté et sa noblesse. La virtuosité se répand dans sa cadence comme des vagues de lumière aussitôt transmises par les mains devenues muettes aux violons dans le deuxième mouvement. L’orchestre est à l’écoute presque religieuse du soliste et le soutient par un tapis de notes caressantes. Les pizzicati des contrebasses donnent de l’ampleur et de la profondeur tandis que la mélodie appartient désormais aux vents. Les sonorités de velours du piano, les cascades de trilles versent dans le sublime. Souffle-t-il les notes sur le clavier au lieu de les toucher? C'est une âme qui s'est engouffrée dans le merveilleux et y entraîne tout l'orchestre. La jubilation solaire du dernier rondo est une véritable apothéose et le public se lance dans des ovations enthousiastes. Leif Ove Andsnes revient pour un bis, une Bagatelle, bien sûr!

Photos: Mahler Chamber Orchestra & Leif Ove Andsnes © Holger Talinski/Leif Ove Andsnes © Özgür Albayrak

http://www.bozar.be/activity.php?id=14407&selectiondate=2014-12-04

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administrateur théâtres

1920px-Spb_06-2012_English_Embankment_01.jpgAtmosphère vraiment magique  à Saint-Pétersbourg, la métropole la plus septentrionale au monde. Chaque année de fin mai à début juillet, la nuit ne tombe jamais totalement sur l'ancienne capitale des tsars. Pendant tout le mois, des concerts et des spectacles illuminent les nuits de la ville de Pierre le Grand. Les nuits blanches culminent au moment du solstice d'été le 21 juin, lorsque le soleil à minuit ne descend que de 6° sous l’horizon. Le festival des Nuits blanches est l’occasion pour le théâtre Mariinsky de donner chaque jour des concerts différents et parfois, à toute heure du « jour ».  Depuis 1993, Valery Gergiev,  le directeur du théâtre est aussi le directeur artistique de l’International Stars of the White Nights, festival  annuel  de Saint-Petersbourg.

 1280px-%D0%92%D1%85%D0%BE%D0%B4_%D0%B2_%D0%9B%D0%B5%D1%82%D0%BD%D0%B8%D0%B9_%D1%81%D0%B0%D0%B4.jpgLors d’un voyage culturel Clio, nous avons eu le privilège d’assister le 17 juillet dernier à la production du Prince Igor de Borodine, l'auteur de l'opéra Le Prince Igor et de ses célèbres Danses polovtsiennes. Une salle comble, dont le public principalement pétersbourgeois  a été séduit dès le lever de rideau. Voici des  chanteurs généreux, dont la qualité d'artistes réside pour chacun d’eux  en leur capacité magique d'émouvoir et de toucher, sans parler de la qualité technique parfaite des interprétations.

Une distribution brillante avec dans le rôle du prince Igor  le baryton Nikolai Putilin, la star du théâtre  qui tourne régulièrement avec la Compagnie d'opéra Mariinsky et indépendamment  en Allemagne, France, Espagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Finlande, Grande-Bretagne, Japon, les Etats-Unis… et  bien d’autres ! Il  s’est produit  au Metropolitan Opera et au Lyric Opera de Chicago, au  Royal Opera House, Covent Garden, à la  Scala… enregistrant The Queen of Spades, Sadko, Iolanta, La forza del destino, Mazepa, Prince Igor et Boris Godounov avec le Mariinsky Opera Company sous le label Philips Classics et NHK. 

La soprano Irina Vasilieva, tout aussi légendaire, est elle aussi à la tête d’une impressionnante liste de rôles lyriques et interprétait l’exquise Yaroslavna, la femme du Prince Igor, abandonnée au palais pendant que celui-ci s’en va combattre les Polovstviens, nomades d'Asie centrale en 1185. Elle joue le rôle des pénélopes à merveille, avec une fermeté de sentiments admirable. On a devant soi une icône musicale rayonnante. Sa lamentation, accompagnée de sa suivante  sur les les remparts déserts,  est bouleversante!

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   Mais parlons du décor ! Pour le spectateur occidental il semblera à première vue d’une lourdeur presque …mérovingienne, l’an 800 chez nous !  Mais si on a suivi quelque peu l’histoire des villes Rus’ au 12e siècle, les tableaux successifs sont très  justement évoqués : Une place dans l'ancienne ville russe de Putivl, une soirée dans  le  camp Polovtsien, les murs de la ville de Putivl, une salle du palais avec le prince usurpateur Vladimir Galitsky et ses acolytes, la  chambre de Yaroslavna…   Ils rejoignent  même le décor imaginé pour cette légende épique (poème épique médiéval Le Dit de la campagne d'Igor) par Bilibin  en 1930.

 

Quant aux costumes, on est  hypnotisé par leur splendeur, leur nombre et leur richesse. Du jamais vu, en Europe Occidentale. Des manteaux d’apparat, des coiffes, des brocarts, des bijoux,  des armures, des étendards, des chevaux vivants  qui traversent la scène, des ballets de guerriers russes et d’esclaves orientales. Celui qui n’aimerait pas la musique est comblé visuellement, c’est du grand art de mise en scène et une  chorégraphie grand spectacle. Les accents contrastés de douleur et d’amour  de l'âme slave  sont  déployés avec émotion et panache par l’Orchestre et des Chœurs sublimes.

On garde aussi à l’esprit le magnifique duo passionné de Stanislav Leontiev jouant  Vladimir (le jeune fils d’Igor) épris de  Konchakovna (Zlata Bulycheva),  la fille du Khan  Konchak, l’ennemi juré au cœur immense,  et l’aria fabuleux de celui-ci à l’acte 2. Une basse impressionnante par sa clarté, la puissance et la résonance de sa voix, interprétée avec effusion par un Askar Abdrazakov  inondé ensuite  de bravos et d’applaudissements.

 

1.1297000967.1_mariinsky-theatre-st-petersburg.jpg?width=450Il faut dire que l’acoustique de ce splendide théâtre qu’est le Mariinsky contribue grandement à l’émotion musicale. Le premier pas dans le parterre restera gravé dans nos mémoires. Le décor d'un luxe inouï commandé par la grande Catherine II de Russie nous a immédiatement projetés dans  l’époque fastueuse où Borodine créait son opéra. Hélas il mourut avant  que celui-ci  ne  fût achevé et  représenté dans ce théâtre mythique de pur style Rococo en 1790, trois ans après sa mort. La version représentée en ce mois de juillet 2014 s’est limitée aux  deux  premiers actes de la partition de Borodine,  pourtant complétée pour sa finition, son édition et orchestration  par ses amis Rimski-Korsakov et Glazounov… Et il faut l’avouer, nous avons été un peu pris de court par la fin abrupte de l’œuvre inachevée…où le prince Igor surgit d’on ne sait  où et se joint discrètement au chœur final. Nous avons en effet  pu entendre récemment une autre version de l’œuvre reconstruite dans son entièreté après un long  travail musicologique au  MET  de New York, une production diffusée mondialement.

En revanche, malgré la surprise de la fin,  l’orchestre est d’une vitalité légendaire. Il est dirigé par Pavel Smelkov incarnant lui-même un océan bouillonnant de souffle épique, mêlant lyrisme, humour et valeurs nobles aux accents rutilants de l’interprétation. Le talent et l’enthousiasme volcanique du chef d’orchestre  ont su provoquer chez le public une joie intense, née du  bonheur évident du partage de la musique qui ne connait pas de frontières. 

 

http://www.mariinsky.ru/en/playbill/playbill/2014/7/17/1_1900/

 

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12272986495?profile=original12272987082?profile=original12272987684?profile=originalLes bavards


Le public et les amis du Lions Club en tenues de soirée et tenues de ville, se sont pressés dans la salle du Centre Culturel de Woluwe Saint-Pierre le 18 janvier dernier pour applaudir un spectacle débordant de bonne humeur et de vitalité. En effet le spectacle de Gala de la section 112C célébrant le jumelage avec la section du Lions de Paris présentait  le charmant opéra bouffe « Les bavards » de Jacques Offenbach.


 Une soirée placée bien évidemment  sous le signe de la générosité puisque les bénéfices vont intégralement  à Cap 48 que le Lions Club soutient depuis maintenant 9 ans. « Les bavards », un petit chef-d’œuvre musical aux accents mozartiens fut créé aux Bouffes Parisiennes en 1862. Il fut  écrit pour le théâtre à Bad Ems, une station estivale à la mode, où les riches touristes côtoyaient la  noblesse lors de leurs séjours aux sources thermales.  Offenbach lui-même y cherchait la guérison ou le soulagement  de ses accès de goutte chronique. Lors de ses séjours, ce toxicomane de la roulette a également  perdu plusieurs fortunes sur les tables de jeu de ce charmant lieu de villégiature.

 L'action des  « Bavards »  met en scène un jeune poète noble mais impécunieux, amoureux bien sûr  et  que la volubilité de  parole hautement vertigineuse servira  pour le rhabiller de pied en cape, lui faire gagner un pari et remettre ses finances à flot. En prime, une façon élégante de s’introduire chez la belle à l’insu de son oncle Sarmiento. Il a  promis à celui-ci de réussir à  faire taire l’irrépressible  bavardage de  sa femme Beatrix (une impérieuse Pati Helen-Kent).  Et voilà le vieux barbon (joué brillamment par  le  très réputé Chris De Moor)  affublé de deux bavards invétérés dans sa maison! Qu’importe, après une série d’intrigues et une scène de silence extravagante où la salle entière n’en peut plus de rire, Roland sera enfin récompensé par le tuteur et une fois réargenté (!) obtiendra la main de la jeune fille!

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Cette œuvre musicale se doit d’être jouée avec brio, élégance et vivacité. Le tout jeune chef d’orchestre Ayrton Desimpelaere a saisi la balle au bond et nous a conçu une mise en musique limpide et élégante. Il allie un grand sérieux et une connivence naturelle  avec les solistes et le chœur. Tout est joué avec précision extrême et justesse de ton : du lyrique au comique  il y a ce qu’il faut d’humour pour les scènes où le ridicule fait rire le spectateur aux éclats. Usant d’une gestique sobre, il souligne  avec délicatesse les tranches de bavardage, le bruit argentin des sous, les coups de théâtre et la  vie passionnée de Christobal, l’alcade de la ville et  de son greffier.  L’aspect farce  satirique  n’empêche pas une exquise légèreté.  Et, sensualité parfois.   Ce jeune chef  en herbe d’à peine 23 ans  réussit à donner une très belle musicalité dans une salle habillée de  moquette qui pourrait en assourdir les sonorités.  L’œuvre musicale est prise à bras le corps, les dialogues avec les comédiens-chanteurs sont subtils et finement ciselés.  C’est le plus souvent la richesse des mélodies qui séduit et le rythme enjoué de l’ensemble. Malgré la légèreté du propos, pas l’ombre d’un ennui ou d’un bâillement devant cette œuvre qui pourrait nous sembler dater quelque peu par les accents misogynes d’une autre époque. La fraicheur extrême de l’interprétation a séduit et a fait de cette petite fantaisie théâtrale une source d’émerveillement moderne. La comparaison des époques étant déjà en soi une source naturelle d’hilarité! 


Le décor et la mise en scène sont aussi responsables du succès du spectacle: ils sont  aussi volubiles et pittoresques que le texte. On a devant les yeux le bouillant folklore de la rue animée, le palais orgueilleux et tous les accessoires de la chaude Espagne passionnelle. Il y a la grande richesse scénique d’un opéra où le chœur très présent évolue selon une chorégraphie bien huilée et où des danses de  flamencos torrides virevoltent sur les parties instrumentales. La distribution étincelante est dirigée par la chorégraphe, danseuse, chanteuse, professeur de danse et metteuse en scène : Maria Angela Gonzales Sanchez. Elle a signé la chorégraphie de la « Mélodie du bonheur » avec Ars Lyrica au PBA de Charleroi, Bruxelles, Cirque Royal et Forum de Liège.

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Lionel Couchard a interprété le rôle de Roland, le jouvenceau, avec beaucoup d’à-propos et d’intelligence. Sa voix chaude, son énergie primesautière et sa présence scénique donnent une réelle envergure à l’ensemble. On le retrouvera dans le rôle-titre de « Orphée aux enfers » d’Offenbach présenté en février 2014 pour la ville de Neuilly.  Cécile Lastchenko est également passionnée par le chant lyrique et se produit régulièrement à L’opéra  Royal de Wallonie. Nous l’avons applaudie dans le rôle de Susanna dans « les noces de Figaro «  de Mozart au théâtre royal du Parc. Le rôle d’Ines qu’elle interprète dans « Les bavards » est  pure gourmandise. Malicieuse comme chez Molière, elle conquiert le public dès la première scène galante avec Roland. Elle traite sa tante et son oncle avec une savoureuse dose d’humour et d’impertinence. On sait tout de suite que la jeunesse et la joie de vivre auront le dernier mot.  Mais la plus belle voix est  sûrement celle du greffier qui flanque le seigneur de la ville. Elle épouse avec éclat  leurs ardents ébats amoureux aussi drôles qu’emphatiques. Il s’agit de  Joanne Deom, soprano  vive,  puissante et sensuelle qui donne une réplique sidérante  à Cristobal, l’excellent  baryton Marco Zelaya. … C’était Lopez de la Plata dans l’opéra « L’amant Jaloux » de Grétry l’été dernier, un rôle qui lui allait aussi à ravir! Bref un spectacle de Gala qui regorge de vitalité et de fraîcheur fort bienvenues.


L’ensemble Pizzicato dirigé par Ayrton Desimpelaere est un orchestre de 13 musiciens pétulants issus des Conservatoires royaux de Belgique. La première représentation des « Bavards » a eu lieu au château de Marcilly sur Maulne en juillet 2013. Une pépite à haut potentiel?

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www.crescendo-magazine.be/author/adsimpelaere/

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Igor Stravinsky - Concerto "Dumbarton Oaks" et Septuor - et Beethoven - Concertos pour piano n ° 2 et n ° 4 - avec Leif Ove Andsnes  au piano et à la direction d’orchestre

images?q=tbn:ANd9GcQUN8BkzUxBWHgDlcQ7aQIWQUButaGnKe9NWEqDQTuVtAKz-RThNw&width=264« Pour le New York Times, Leif Ove Andsnes est « un pianiste d’une élégance, d’une puissance et d’une intelligence exceptionnelles ». Avec sa technique magistrale et ses interprétations pénétrantes, le célèbre pianiste norvégien triomphe dans le monde entier, considéré comme « l’un des musiciens les plus doués de sa génération » par le Wall Street Journal. Il donne des récitals et joue des concertos dans les plus grandes salles de concert au monde, avec les plus prestigieux orchestres. »  Hier soir,  la collaboration du norvégien Leif Ove Andsnes avec le Mahler Chamber Orchestra lors du concert  donné au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles  était  du véritable or musical. Jeune et enthousiaste,  Leif Ove Andsnes est en train d’éditer l’intégrale des Concertos pour piano de Beethoven dans  un cycle intitulé « Le Voyage Beethoven ». L’œuvre  de sa vie?  Joués au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en novembre dernier les Concertos n° 1 et 3 sont déjà  édités chez Sony, loués par la critique et récompensés par le prix Caecilia de l’Union de la presse musicale belge 2012. « La musique de Beethoven est pour moi la musique la plus humaine et la plus spirituelle qui soit. Beethoven pensait que changer le monde est possible et que la musique est vérité. Cela me touche profondément. »

 Le silence qui précède les premières notes du concerto pour piano N°2 est éloquent. Le Mahler Chamber Orchestra est tout de suite  envoûtant par sa présence musicale   et   Andsnes fascine par la façon souple et onctueuse qu’il a de diriger depuis son clavier dont il a orienté la face avant vers  le public. Le couvercle s’est évidemment envolé.  Il s’agit d’une vraie cérémonie musicale élégante et fluide qui fait jaillir l’harmonie du cœur de l’homme et de son instrument et vient envahir les auditeurs de  bonheur. L’alternance  du jeu pianistique et de la   gestuelle de direction d’une délicate précision est une source ininterrompue de découvertes. On est pris dans une sorte de spirale musicale fascinante. Gestes  ou clavier? On s’empresse de ne jamais quitter l’artiste des yeux bien qu’il tourne le dos. On est suspendus dans les aller-retours passionnés entre les deux instruments : l’orchestre et le clavier. Il manie les deux, les  mariant sans relâche à la manière d’un magicien.  De plus,  l’accord entre le pianiste et les différents pupitres a quelque chose de  sacré: on ressent un réel flux musical.  Leur  fascination mutuelle est  surprenante  et engendre l’élan musical inédit qui fait vivre la musique de Beethoven.

 Comment l’orchestre fait-il pour rebondir avec tant de moelleux, en ce qui semble  une seule note, lorsqu’il qui semble cueillir au vol les phrases émouvantes du pianiste dans le concerto pour piano N° 4 ? Dans  le premier mouvement, le pianiste  a plongé  tout de suite dans la romance la plus  tendre puis le  thème a été repris joyeusement par  l’orchestre. On respire la pureté de vents, le souffle et la puissance de l’orchestre, la largeur des champs musicaux et on se fait effleurer par des chutes de pétales de fleurs légères dont on ne sait d’où elles viennent. Émotions en cascades : les cadences de l’interprète  sont  autant de  concerts en soi. L’orchestre  cloué par l’émotion ne semble pas décidé à reprendre l’archet, tant c’est intense et beau. Puis c’est la reprise de parfums voluptueux. Le pianiste joue sur les sommets de la virtuosité sans perdre la moindre plume… de cygne, tant c’est à la fois léger et palpable en même temps. On découvre des scintillements aquatiques, des miroitements et la propagation de l’onde en larges cercles autour du piano. On vit ce concert de manière presque physique. Les mains du pianiste n’arrêtent pas de jouer même lorsque le piano se tait. Leif Ove Andsnes entretient toutes les fulgurances, les violoncelles passionnés, les vents plein de caractère dans les duos de hautbois et de bassons,  l’ambre des altos et les percussions triomphales.  Dans le finale, c’est le triomphe de la beauté de l’émotion humaine.

Ainsi, Beethoven semble avoir pris le dessus dans le cœur des spectateurs lors de ce concert inoubliable. Mais les œuvres de Stravinsky,  le Concerto "Dumbarton Oaks" pour orchestre de chambre en mi bémol majeur et le   Septuor ont produit un paysage musical très évocateur. La taille de l’orchestre réduite, comme elle devait l’être dans la splendide propriété de Dumbarton Oaks (Washington DC)  aux Etats-Unis  en 1938 a permis de singulariser la beauté de chaque instrument, comme si tout à coup un dieu se penchait sur les musiciens qui jouent debout et les observait à la loupe! On pense … à Jean-Sébastien Bach pour la partie fuguée. Ce concerto fut commandé par un couple de mécènes, Mildred and Robert Wood Bliss pour leur trentième anniversaire de mariage. De l’aveu même du compositeur : « c’est un petit concerto dans le style Brandebourgeois! » qui, ruisselant de sonorités farceuses, se termine par une sorte de marche nuptiale pleine de sève musicale célébrant les bonheurs infiniment petits.  Le  plaisir musical et la curiosité étaient aussi bien au rendez-vous dans le Septuor aux sonorités de flammes dansantes (créé en 1954, chez les mêmes mécènes). Mais c'est Beethoven qui  a ravi les auditeurs, eux  qui croyaient connaitre  tous ses concertos par cœur!

http://www.bozar.be/activity.php?id=13121 

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administrateur théâtres

12272802088?profile=originalOrchestre National de Belgique

 Sensualité et pudeur   Vendredi 20.04.2012 20:00    Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Andrey Boreyko direction - Anna Vinnitskaya piano – Orchestre National de Belgique , Chor der Städtischen Musikverein Düsseldorf

Nikolay Rimsky-Korsakov, La grande Pâque russe, Ouverture, op. 36
Maurice Ravel, Concerto pour piano et orchestre en sol majeur
César Franck, Psyché, poème symphonique

Réputé tant pour sa baguette expressive et raffinée que pour ses choix de programme palpitants, Andrey Boreyko, 53 ans,  sera à partir de septembre 2012 le nouveau directeur musical de l'ONB. Cette fois, il place une œuvre de César Franck aux côtés d'un Rimski-Korsakov éclatant d'imagination, et du Concerto pour piano en sol majeur de Ravel, tour à tour exubérant et soudainement sensuel. Qui d'autre que la ravissante Anna Vinnitskaya pour susciter des émotions si disparates ?

Au centre du programme, une étoile filante, car porte-bonheur musical : Anna Vinnitskaya  (°1983 Novorossisk , Russie). Cette jeune femme  a remporté le premier prix au Concours Reine Elisabeth  de piano en 2007 et elle  interprète cette fois-ci le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel (1929-1931). Cette œuvre de Ravel mêle fantaisie, turbulence des extrêmes et  fines lignes harmoniques. Le concerto très versatile, partant, plein d’humour, comporte une foultitude d’ambiances où l’on décèle l’influence du séjour du compositeur en Amérique.  Un claquement de fouet a donné le signal du départ du premier mouvement, l’Allegramente qui invite la pianiste à engager une course frétillante  avec le piccolo.  Exécutant avec maîtrise des changements incessants de tempos, batifolant avec les arpèges, Anna Vinnitskaya  nous offre un ballet de parfums légers comme des plumes. L’abondante  chevelure bouclée retenue par une barrette, elle chevauche son clavier comme une amazone, étincelante d’énergie et d’espièglerie mais aussi, émouvante de douceur. 12272802684?profile=originalLa pianiste  au visage extatique  adressé au ciel, laisse courir ses doigts  sur le clavier dans l’extraordinaire Adagio Assai comme mille chevaux s’éparpillant dans la liberté de la steppe.  Et à la fin de ce prodigieux  adagio, elle produira une sorte de ruissellement lumineux d’une rare élévation. Le dernier mot revient au chef d’orchestre, Andrey Boreyko dont  le  frémissement imperceptible de la main gauche suspendue au-dessus de l’orchestre marque la dernière note avant le silence. La prestation sera saluée avec chaleur par le public ravi d’une salle Henry le Bœuf presque comble.

Sans se faire prier, la délicieuse pianiste se rassoit et c'est Ravel encore pour "l'encore!"

 

Retour sur ce non moins  séduisant chef d’orchestre, Andrey Boreyko. Dès son entrée en scène, ses gestes enveloppent, diffusent la vénération de la musique et de l’harmonie. Nous sommes devant la Délicatesse personnifiée. Dans la Grande Pâque russe (1887-1888), poème symphonique de Rimski-Korsakov, Andrey Boreyko se fait maître radieux de la féerie printanière. Il donne relief et transparence, puisque les arbres ne portent encore que de légers feuillages tendres. Ses dons d’enluminure détaillent chaque timbre avec minutie, révèlent les couleurs, exhortent les rythmes. Les dialogues légers des violons et violoncelles laissent la place à un puissant souffle général en crescendo qui se fond dans l’or des cuivres. Chant orthodoxe?  La voix profonde d’un cor soulignée par les violoncelles s’élève avant le martèlement rythmé de pieds païens. Après un bref solo de violon, c’est l’élan vital tous azimuts : batterie imposante, le triangle, la cloche, le xylophone et les cymbales.

En dernière partie du programme Psyché (1887-1888) de César Franck achève l’enchantement de la lumière du printemps. Cela commence par un long murmure avant que les vents ne s’emparent de la musique. Les violons festonnent les cuivres donnent le crescendo, et ce sont des vagues paresseuses qui éclaboussent la scène musicale. Construction progressive de l’évocation de Psyché transportée par les zéphyrs auprès d’Eros son amant, mais avec l’interdiction de voir son visage. Le magnifique chœur de Düsseldorf entonne avec ferveur  la certitude que « l’amour est source de toute vie quand sur elle descend l’ineffable caresse du grand ciel inondé de rayons ». La lumière est visiblement le thème  du concert. L’orchestre reprend avec force la phrase d’avertissement « Rappelle-toi ! » Le ton joueur des violons, les vents insouciants, précèdent les vagues profondes du désir jusqu’à la transgression fatale. « Amour, Elle a connu ton nom, malheur sur elle ! »  Mais Franck, profondément chrétien,  ne pouvait se contenter du châtiment. Une complainte majestueuse des violons  prie Eros de « lui rendre l’accès aux bleus jardins et aux parvis sacrés ». Les arpèges sublimes de la harpe accompagnent le dernier arc-en-ciel musical qui élève le couple divin dans la lumière. Le miracle de l’amour est enfin accompli. Le pardon, sans nul doute.   

 

 

 

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