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folie (11)

administrateur théâtres

SPECTACLES

Un élixir d’émotions et une plongée dans la folie

Sous  la direction de STEFANO MAZZONIS DI PRALAFERA † , on sait que l’opéra de Liège chérissait  les compositeurs italiens et en particulier les  œuvres de  Gaetano Donizetti (1797-1848). Après l’Elixir d’amour, La Favorite,  Anna Bolena, et la récente captation vidéo de La fille du Régiment, voici un dernier chef-d’œuvre romantique – Lucia di Lammermoor  (1835) –  où la passion romantique vire cette fois  à la folie. La mise-en scène est reprise par Gianni Santucci. C’est aussi  un dernier clin d’œil  du regretté directeur de l’opéra, à la folie de notre monde en plein bouleversement.  C’est comme si cette  ultime  mise en scène  de notre artiste regretté était  un   dernier  cadeau,  un  regard plein de tendresse posthume  lancé  à un public  qu’il adorait. Un  adieu  magistral à une époque révolue.  La direction musicale a été confiée à la très belle sensibilité artistique de Renato Balsadonna

Opéra Royal de Wallonie-Liège, de Lucia di Lammermoor

 A la base, il y a  le roman historique  de Walter Scott, « La fiancée de Lammermoor ». Comme Wordsworth,  Byron, Shelley  et Keats,  Walter Scott est l’une des figures les plus illustres du romantisme d’outre-Manche. Défenseur convaincu du retour aux sources populaires, il  fabrique  une image romantique de l’Écosse et de son histoire. Ainsi le décor de  lugubre château hanté signé Jean-Guy Lecat et les  chatoyants costumes de Fernand Ruiz, deux fidèles compagnons de Stefano Mazzonis di Pralafera.  C’est à Walter Scott,  d’ailleurs, que l’on doit le retour de l’usage du tartan et du kilt, dont le port avait été interdit par une loi du Parlement en 1746. Aux lumières: Franco Marri.  

 Ce roman fantastique raconte l’amour tragique de Lucy Ashton et d’Edgar,  laird de Ravenswood. Le père d’Edgar a été déchu de son titre pour avoir soutenu  Jacques Stuart II, roi d’Ecosse sous le nom de James VII,  permettant  ainsi au  père ambitieux de Lucy, Sir William Ashton, de racheter  le domaine  de Ravenswood.  Edgardo déteste  cette famille pour  l’usurpation de  des terres ancestrales de Lammermoor, mais en rencontrant Lucia, dont il tombe amoureux, il renonce à ses sombres projets de vengeance. Leurs fiançailles secrètes deviendront maudites. Le librettiste Salvatore Cammarano  développe alors  dans l’histoire une  puissante figure mâle dominante,  avide de pouvoir et de richesse,  en la personne du frère de Lucia, Enrico, un rôle embrassé avec  présence et  intensité par le belge Lionel Lhote.  


 Il est résolu à forcer Lucia, à contracter un mariage arrangé, politiquement  très avantageux pour lui, avec Arturo le Laird de Bucklaw. Enrico ne se gêne pas pour utiliser de fausses lettres et faire croire à Lucia qu’Edgardo l’a abandonnée.  La mort dans l’âme, Lucia  se voit incapable de résister aux pressions de son frère. Contre toute attente, la veille du mariage, Edgardo revient  d’une mission en France. Constatant avec horreur que Lucia, a signé  le contrat de fiançailles avec Arturo Bucklaw, il répudie Lucia, anéantie et  qui peut à peine parler. Le mariage a lieu le lendemain, suivi d’une fête à Ravenswood. Alors que les invités dansent, Lucia, poignarde Bucklaw dans la chambre nuptiale. Elle sombre rapidement dans la folie, divague, imaginant son mariage avec Edgardo et meurt.  Edgardo (le ténor Lyonnais Julien Behr au mieux de sa forme) met fin à ses jours.Comme dans Roméo et Juliette, l‘intrigue  est condensée sur un infernal triangle amoureux. Le chœur témoigne, comme dans les tragédies grecques. Il est préparé par Denis Second, formé au Conservatoire de Nice.

 L ‘admirable sextuor d’émotions de l’acte II est  un élixir exaltant qui se décline avec un irréprochable casting :  Luca Dall’Amico, natif de Venise,  donne sa  somptueuse voix de basse profonde au chapelin Raimondo  Bibedent, seul personnage  peut-être doué de raison dans l’histoire,   et  la mezzo-soprano  Julie Bailly donne la sienne  à la très  plaisante Alisa,  fidèle suivante de Lucia.  Oreste Cosimo en Arturo et Filippo Adami en Normanno  remplacent Maxime Melnik et le roumain Zeno Popescu, entendu sur cette même scène dans Norma, Rigoletto et I Puritani.  

Au troisième acte, pendant près de 20 minutes de chant ininterrompu Lucia revisite la vision fantasmée de  leur histoire d’amour, imaginant dans une forme d’extase onirique ce mariage auquel elle aspirait tant. Mais cette fresque  de passion  absolue est traversée par  d’épouvantables moments de  cruelle lucidité où elle  prend conscience l’horreur du meurtre commis et  de l’abominable destin qui accable les amants. Zuzana Marková, rompue au bel canto italien, interprète avec la plus grande vérité ce  personnage féminin broyé par une société éminemment oppressante. Elle  dispense avec fulgurance ses immenses phrasés palpitants  sur un solo de violoncelle et projette de manière étincellante  un feu  nourri de traits de virtuosité  exceptionnelle.  En plein cœur de  la performance de l’artiste, il y cette inoubliable  cadence où Lucia dialogue avec son rêve  fracassé. Sa voix s’enroule sur les sonorités cristallines étonnantes d’un armonica de verre – instrument défiant le monde réel, inventé par Benjamin Franklin en 1761. Tenu par Sascha Reckert, il est  situé dans la fosse, à deux  coudées des flûtes insistantes et de la sublime  harpe.  Les couleurs glaçantes de la  dilution de la raison de Lucia  et  le spectre de la mort avec ses sonorités chromatiques s’accrochent jusqu’aux confins de la coupole de l’opéra. Les luxuriantes vocalises, trilles, arpèges brisés et notes suraiguës finales  de la chanteuse évoquent autant  la réalité insupportable de la situation, que  la folie d’un monde en perdition,  et un appel au secours désespéré,  rejeté par  le ciel. Ou la libération finale attendue après un véritable calvaire de souffrances… 

Opéra Royal de Wallonie-Liège, de Lucia di Lammermoor

ET la folie? Donnizetti connaît ! On n’ignore pas qu’après avoir vécu à Naples comme directeur musical des théâtres royaux de 1828 à 1838, Donizetti s‘était  fixé à Paris. Atteint d’une paralysie générale et de troubles mentaux, il fut interné à l’hôpital psychiatrique d’Ivry, puis  ramené à l’automne de l’année suivante dans sa ville natale, où il mourut, le 8 avril 1848…

Du vendredi 19 au mardi 30 novembre 2021

20H00 OPÉRA ROYAL DE WALLONIE-LIÈGE | THÉÂTRE ROYAL

Dominique-Hélène Lemaire Pour Arts et Lettres




 

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SPECTACLES

 Novembre 2021 : reprise au théâtre Varia d’un fracassant « Tramway nommé Désir » dirigé par Salvatore Calcagno

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L’univers de Tennessee Williams  se trouve transposé au cœur d’un été torride  dans un quartier sordide quelque part en Sicile. Oublié, le film d’ Elia Kazan  avec Marlon Brando et Vivien Leigh sorti en 1951 qui avait reçu 4 Oscars en 52 pour son propos fracassant.Le spectateur est pris ici dans un spectacle fleuve serti dans notre propre époque. Les habiles  jeux de lumière sont créés par Amélie Géhin  et les maquillages très élaborés  par Edwina Calgagno. En effet, Salvatore Calcagno conçoit la scène contemporaine comme une rencontre quasi sensuelle de différents langages artistiques.

..Cinématographique: des clips glauques  on ne peut plus chauds signés Zeno Graton, mais a-t-on, vraiment besoin de mettre les points sur les i ?  Faut-il de bout en bout diriger l’imaginaire du spectateur ?

..Musical ah! L’extraordinaire pianiste, le jeune Meraviglioso Lorenzo Bagnati qui crée  au piano un  scintillant  dialogue harmonique avec Blanche et son Gaspar de la nuit! Tout de même un peu long…

.. Chorégraphique, l’Afrique du Nord ou l’Asie Mineure  sont au rendez-vous avec la voluptueuse Rehab Mehal? Bien que de bon ton, dans notre société multiculturelle actuelle, est-ce fidèle  au propos de Tennessee Williams où la fracture socio-culturelle est infranchissable ? Et enfin ..Plastique, ah!  Bastien Poncelet, ce  merveilleux danseur éphèbe  énigmatique et  fascinant. C’est le seul vrai  pôle  de plaisir de ce spectacle multiforme.  

 

 

 On peut imaginer sans mal  la  superbe résidence symbolique de la famille ruinée, parée de hautes colonnes : “Belle Reve” est le nom de l’ancienne demeure où Stella (Marie Bos) et Blanche (Sophia Leboutte) ont grandi dans une splendeur fanée. Un « bon temps enfui à jamais  »  mais très  destructeur  car il empêche Blanche d’affronter toute réalité nouvelle.  Alors  que Blanche   a découvert avec stupeur les relations homosexuelles de son mari, qui s’est ensuite  suicidé,  Stella, sa jeune sœur rebelle  et irresponsable, selon elle,  a fui les lieux avec un amoureux bien en dessous de sa condition sociale. … Toutes choses qui remontent tout de même ?  à une époque assez révolue.  

 

Les mensonges, l’alcool, le sexe et la fumée serviront d’écran  à cette Blanche complètement déboussolée. Néanmoins dans l’interprétation, le rapport entre les deux sœurs ressemble plus  à celui d’un rapport  dominant  et violent mère-fille. C’est dérangeant. Que dirait Tennessee Williams ?

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Ironiquement, l’appartement minable de Stanley et Stella où accoste Blanche, se compose d’une  vague cuisine, d’une chambre et d’une salle de bains sommaire. On n’avait que faire des parties vidéos pour illustrer la misère ambiante. Des fausses perles comme cloisons. C’est tout sauf un paradis. C’est le  lieu terrible  où, une à une, toutes les  affabulations   de Blanche fondront dans une atmosphère suffocante de violence.

 

À la fin, la Stella  décharnée par la pauvreté  ne sera  plus cette jeune femme amoureuse de son mari « parfait » nommé Stanley. Lucas Meister, très physique, est un beau gosse qui bouge comme  un moniteur de Club Med. Craquant physiquement peut-être,  mais entier et immuable dans ses jugements. On peut dire qu’il reste d’un bout à l’autre du spectacle  le même jeune prolétaire arrogant et buté qu’il était au début.  Il  reste bloqué, humilié et  outré par la discrimination et le mépris que lui impose Blanche. Exaspérée par son machisme et son manque d’éducation, elle le traite de Pollack, terme  hautement dénigrant. Campant sur ses positions, il est incapable d’identifier ses propres lacunes et  n’est prêt en rien à changer quoi que ce soit  pour sa femme et son enfant à naître.  Il a une  nature  vulgaire et phallocratique, mise en lumière par les jeux de poker bien arrosés avec ses amis. On retrouve  Tibo Vandeborre dans le rôle ténébreux de Mitch.

 Le contraste  est flagrant   si on le compare avec  l’évolution psychologique et dramatique  des deux sœurs. Si Stella avait accueilli sa sœur dans son foyer au début  avec la plus grande bienveillance, elle  ne peut pas croire que Stanley  se soit rué sur Blanche pour en abuser. Elle la croit définitivement démente  et laisse les médecins emporter sa sœur ravagée par l’alcool et les désillusions vers l’hôpital psychiatrique. Ceci nous ramène bien sûr  à une image du profond malaise et  à l’isolement dont souffrait Tennessee Williams, vivant difficilement son homosexualité dans un  contexte d’exclusion toxique à l’époque.

 

Blanche, telle une star déchue omniprésente et intense,  n’est plus qu’une ruine. La femme coquette qui n’a jamais été désirée par son mari - c’est bien  là le drame -  a tout perdu et s’est  jetée à corps perdu  dans la promiscuité pour rassasier sa  faim désespérée d’amour et d’argent. Pathétique et plus démunie que tout, elle brandit désespérément  son dernier  rêve puéril de rejoindre un hypothétique “beau” qui refera d’elle une princesse. Hélas,  c’est le superbe porteur de fleurs androgyne (Bastien Poncelet)  qui annoncera la victoire de la Mort sur le Désir : l’emblème de sa Vie.

 

Dominique-Hélène Lemaire

Un tramway nommé Désir

Tennessee Williams

Traduction inédite Isabelle Famchon
Direction artistique et mise en scène Salvatore Calcagno
Avec Lorenzo Bagnati, Marie Bos, Salvatore Calcagno, Sophia Leboutte, Réhab Mehal, Lucas Meister, Pablo-Antoine Neufmars, Bastien Poncelet, Tibo Vandenborre

 

Créé  originellement au Théâtre de Liège

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SPECTACLES

Le pouvoir de dire Non, La " Cerise sur le ghetto" par Sam Touzani

LE POUVOIR DE DIRE NON

 «Cerise sur le ghetto » est un spectacle magnifiquement engagé et passionnant, mais surtout qui vous émouvra aux larmes. Bourré d’humour berbère,  islandais,  ashkénaze,  arabe, sicilien, turc, grec, français, italien, espagnol, belge,  – c’est vous qui choisissez –  il  forme un bouquet d’humanité et invite à une réflexion généreuse et bienveillante sur nos relations avec les autres!  

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Sam Touzani, à la fois auteur et  joueur… et prophète d’humanité,  libère la parole et  se raconte pour survivre à l’innommable.  Dans un spectacle de feu, il propose une série de flashbacks pittoresques et émouvants sur  son histoire  familiale, tour à tour  faite du  sel des larmes et des épices du cœur. Il parcourt  passionnément   trois générations emblématiques qui bordent la Grande Histoire avec les accents poignants du réel.

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 « 1943-1945 Les maigres pâturages ont depuis longtemps disparu, et les Nomades ont reflué vers les oasis. Mais les cultivateurs des ksour n’ont pas eu de récolte/ … /. La recherche de l’eau et de « quelque chose à manger » a entraîné vers le Nord un vaste exode de bêtes et de gens, d’abord lent et sporadique, puis massif comme une avalanche. Des scènes navrantes surexcitent la sensibilité des Européens, témoins impuissants ; des êtres humains décharnés, au dernier degré de la misère physiologique, recourent, pour tromper la faim, à toutes les pratiques qu’on lit dans les descriptions anciennes. »

  Tout débute donc dans les  montagnes du Rif marocain, où la famine et la  misère  sont  si écrasantes que même des enfants prennent, même seuls, le chemin de l’exode. C’est le cas du grand-père de Sam, qui a douze ans.    Sam, le petit fils,  verra le jour dans un deux-pièces chauffé au charbon à Molenbeek en 1968. Ado en 1989, il mangera un jour innocemment  des cerises en plein Ramadan. Opprobre général.  Il reçoit en plein visage alors la haine de sa communauté contre l’Occident,  son inconcevable obsession de sacralisation de la pureté… le mépris des femmes,  et de tout ce qui n’est pas musulman. La mosquée veut lui imposer le rêve toxique d’un djihad mal compris. Heureusement la Belgique veille.

 Dès lors, riche d’expériences cinglantes, Sam, le fils d’immigrés, l’artiste, le comédien plein de verve, le danseur souple, rassemble ses forces pour combattre le communautarisme dans un questionnement sincère, entre la culture d’origine  de sa famille héroïque et celle du pays qui l’a adopté. Il refuse le marquage identitaire.  Il va réussir à   relier les rives souterraines de ses multiples identités sans les réduire à une seule… Et cela jette des larmes de bonheur dans un public conquis.


Irrévérencieux, habile, convainquant,  il débusque dans une langue savoureuse,  le  cercle infernal de la culpabilité  qui ronge tous ceux qui quittent leurs terres, leurs parents, leur langue pour partir loin, très loin, là où poindra l’aurore de l’espoir, la lumière de jours nouveaux… Il réhabilite la femme, l’épouse, la mère, qui on retrouvé la grâce et la dignité de dire NON !

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Merci à lui et son comparse, le musicien génial, Mathieu Gabriel, qui de son corps et de sa bouche convoque mille et une atmosphères de légende humaine.

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres


Texte : Sam Touzani | Jeu : Sam Touzani | Musicien : Mathieu Gabriel | Dramaturgie & Mise en scène : Gennaro Pitisci assisté de Maïté Renson| Régie : Josse Derbaix, David Vernaillen & Simon Benita | Vidéos : Guillaume Nolevaux.

Coproduction : Brocoli Théâtre, Les Temps d’Art, Espace Magh, Central et Atelier Théâtre Jean Vilar.
Le Brocoli théâtre bénéficie de l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Administration générale de la Culture, Service du Théâtre et est soutenu par la COCOF.



REPRÉSENTATIONS POUR LES ÉCOLES & ASSOCIATIONS : MA 3/3, JE 5/3 VE 6/3 | 13H30 | GRATUIT
Infos et réservations pour ces représentations destinées aux écoles & associations : Brocoli Théâtre 0496 50 43 27 brocoli@skynet.be

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SPECTACLES

Un fracassant « tramway nommé Désir » à l'Atelier Jean Vilar


Ah! Les beaux jours? …Par Tennessee Williams.

Presque un spectacle fleuve que le metteur en scène, Salvatore Calcagno, transpose au cœur d’un été torride en Sicile. Le spectateur est pris dans un filet de résonances étonnantes qui ne cessent de se croiser. Salvatore Calcagno conçoit la scène contemporaine comme une rencontre quasi sensuelle de différents langages artistiques : musical d’abord, ah! L’extraordinaire pianiste, le jeune Meraviglioso Lorenzo Bagnati qui crée un mystérieux   dialogue harmonique avec Blanche et son Gaspar de la nuit! Plastique, ah!  Bastien Poncelet, ce danseur éphèbe  énigmatique et  fascinant. Cinématographique: des clips on ne peut plus chauds signés Zeno Graton. Enfin chorégraphique, l’Afrique du Nord ou l’Asie Mineure au rendez-vous avec la voluptueuse Rehab Mehal? Ajoutez à cela les jeux de lumière d’Amélie Géhin  et les maquillages très élaborés d’Edwina Calgagno… Ce qui est sûr c’est que le  metteur en scène décidément très créatif  serre  néanmoins au plus près le contexte américain qui a finalement très peu changé, où l’origine socio-économique ou géographique peut conditionner le destin de façon déterminante.

Résidence symbolique, parée de hautes colonnes, “Belle Reve” est le nom de l’ancienne plantation où Stella (Marie Bos) et Blanche (Sophia Leboutte) ont grandi dans la splendeur fanée après la guerre de Sécession. Un « bon temps » destructeur qui empêche Blanche d’affronter toute réalité. L’alcool, le sexe et la fumée lui servent d’écran. Les mensonges aussi.


À la fin poignante d’ « Un tramway nommé Désir » Blanche, telle une star omniprésente et intense,  n’est plus la femme coquette qui a tout perdu et s’est vue forcée de se jeter dans la promiscuité pour rassasier sa quête désespérée d’amour et d’argent. Pathétique et plus démunie que tout, elle brandit désespérément  son dernier  rêve puéril de rejoindre un hypothétique “beau” qui refera d’elle une princesse. Hélas, le superbe porteur de fleurs androgyne (Bastien Poncelet) annoncera la victoire de la Mort sur l’emblème de sa Vie, le tramway fracassant du Désir.


Ironiquement, l’appartement minable de Stanley et Stella où accoste Blanche à La Nouvelle Orléans, se compose d’une cuisine, d’une chambre et d’une salle de bains. Des fausses perles comme cloisons. C’est tout sauf un paradis, un lieu où, une à une, toutes les illusions  de Blanche fondront dans une atmosphère suffocante malgré le nom prestigieux et symbolique de l’adresse : “Elysium Fields”.

À la fin, Stella ne sera  plus la jeune femme amoureuse de son mari “parfait”. Stanley. Lucas Meister, très physique, est un beau gosse qui bouge comme un mannequin. Craquant physiquement, mais entier et immuable dans ses jugements. On peut dire qu’il reste le même jeune prolétaire arrogant et buté qu’il était au début. D’un bout à l’autre, il reste bloqué, humilié et  outré par la discrimination et le mépris que lui impose Blanche. Exaspérée par son machisme et son manque d’éducation, elle le traite de Pollack, terme  hautement dénigrant. Campant sur ses positions, il est incapable d’identifier ses propres lacunes et à les changer pour sa femme et son enfant. Sa nature statique et phallocratique est mise en lumière par les jeux de poker bien arrosés avec ses amis qui soulignent  par contraste l’évolution psychologique et dramatique de Stella et de Blanche. On retrouve  Tibo Vandeborre dans le rôle ténébreux de Mitch.

Stella qui au début avait accueilli sa sœur dans son foyer avec la plus grande bienveillance ne peut pas croire que Stanley ait finalement abusé de Blanche et laisse les médecins emporter sa sœur ravagée par l’alcool et les désillusions vers l’hôpital psychiatrique. Ceci nous ramène à une image du profond malaise et de l’isolement dont souffrait Tennessee Williams, vivant difficilement son homosexualité dans le contexte d’exclusion toxique de l’époque.

Dominique-Hélène Lemaire  

Un tramway nommé Désir

Tennessee Williams

Traduction inédite Isabelle Famchon
Direction artistique et mise en scène Salvatore Calcagno
Avec Lorenzo Bagnati, Marie Bos, Salvatore Calcagno, Sophia Leboutte, Réhab Mehal, Lucas Meister, Pablo-Antoine Neufmars, Bastien Poncelet, Tibo Vandenborre

Créé au Théâtre de Liège

Lieux et dates :

Du 28 Janvier au 1er Février Jean Vilar à Louvain-la-Neuve
11 au 13 Mars à Mons
15 Février Marche-en-Famenne
21 au 30 Avril Théâtre Varia à Bruxelles
5 au 9 Mai Théâtre de Namur

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LE ROI PERCHE est  un drame historique en 3 actes,  librement inspiré de la vie de Louis II de Bavière écrit par Olivier Schmidt12273280080?profile=original

Les PERSONNAGES: 

LUDWIG

Connu sous le nom de Louis II de Bavière

RICHARD WAGNER

Compositeur

ELISABETH « SISSI »

Impératrice d’Autriche

SOPHIE CHARLOTTE DE BAVIERE

Première épouse de Ludwig

RICHARD HORNIG

Ecuyer et amant de Ludwig

BERNHARD VON GUDDEN

Psychiatre

MARIE DE HOZENZOLLERN

Mère de Ludwig

OTTO

Frère de Ludwig

Et LES AMANTS DE LUDWIG ,  Page… Ecuyer…

 

 

                                                                              « Ludwig » :

                                    Spectacle éligible aux P'tits Molières 2018  joué à la Clarencière

                                                   Les vendredi 2 et samedi 3 mars 2018 à 20h30

                                         Ecriture et mise en scène de Olivier Schmidt
                                                                                 Sur une idée originale de Kevin Maille 
                                  Par : Julien Hammer, Rafael Vanister, Charlotte Moineau, Olivier Schmidt et Séverine Wolff

 

 Regarder: 

12273280680?profile=originalUn fils rebelle à l’emprise  d’une mère castratrice ? Un homme faible et enfermé dans ses chimères? Un jeune homme lunaire, exalté et romantique dont on contrarie les pulsions « malsaines » vis-à-vis de ses nombreux écuyers  et que l’on veut faire épouser par une cousine, …à effet thérapeutique ?   Louis Il de Bavière fut  surnommé le roi perché pour le nombre de ses châteaux fantastiques exaltant l'éthique de la chevalerie médiévale et le génie de la France du Grand Siècle. Inspiré par les travaux de Violette le Duc, Louis II  fit construire de  superbes châteaux de style  romantique flamboyant dont  le plus célèbre est le Neuschwanstein.  Il  sauva de la faillite Richard Wagner,  avec qui il éprouvait en plus de l’admiration sans bornes,  une attirance sexuelle non déguisée, mais à sens unique, selon ce que nous raconte Olivier Schmidt, l’écrivain et le metteur en scène. Victime de son homosexualité le révulsait et défrayait la chronique.  Mécène du musicien visionnaire, il dépensa des sommes démesurées pour lui, finançant, contre l’avis du conseil d’état, la construction du Palais des festivals de Bayreuth. Il imposa  l’œuvre  de Wagner mais fut  finalement contraint de l’exiler en raison de son comportement totalement intéressé. Il fut  aussi l'étrange confident et protégé de sa belle cousine, la célèbre Sissi, impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, la seule qui échappa à sa solitude, sa misanthropie et sa  misogynie chroniques.  Il guerroya néanmoins  pour défendre l'identité de son royaume,  au sein de  l'Empire allemand. Accablé par l'effondrement français en 1870, il se réfugia dans ses montagnes, construisant ses fascinants palais  de légendes et s'isolant dans un monde que personne ne pourrait atteindre ni détruire… Comme le héros wagnérien, Tannhäuser, Louis II  était à la recherche de l'impossible rédemption. Destitué pour " aliénation mentale » et enfermé au château de Berg, il trouva la mort, à l'âge de quarante et un ans, dans le lac de Starnberg dans des circonstances énigmatiques. Accident? Suicide? Assassinat?12273281265?profile=original

Ecouter:

Sur le plateau tourbillonnent seulement cinq comédiens, que l’on croirait  bien plus nombreux, tant le rythme des entrées et des sorties et des jeux de miroir de l’histoire est intense. Ils  jouent une bonne dizaine de personnages historiques… les costumes  uniquement noir et blanc au début sont rutilants, le charme des deux comédiennes, une souvenir de Romy Schneider.   Et tous  sont   taillés dans la beauté, sombre, sauvage,  lisse ou élastique d’êtres en pleine exaltation. Ils projettent  leurs  répliques à la diction parfaite  avec une splendide justesse de ton: Julien Hammer, Rafael Vanister, Charlotte Moineau, Séverine Wolff, Olivier Schmidt  manient la palette théâtrale des mouvements  avec une aisance tout aussi parfaite, malgré … ou à cause peut-être de l’exiguïté des lieux. La mise en scène se doit d’être millimétrée. On a droit à un concentré  de pureté d’expression comme si le jeu théâtral devenait l’objet d’une mystérieuse alchimie. Le texte, écrit  un peu à la  manière de Jean Teulé  est bourré de vivacité, de surprises,  de belles phrases bien balancées ; on tombe très rapidement  amoureux, non des pulsions avérées du roi « fou » mais de cette langue belle et rythmée qui fouille les tréfonds de l’âme, et de la construction de l'intrigue tendue  et en forme de  crescendo infernal et inéluctable.12273281684?profile=original

 

Méditer:

Les thèmes développés nous concernent et nous touchent au plus près, qu’il s’agisse de l'intégrité de la personne, de liberté, de tolérance et de respect de l’autre pour un être « borderline »  comme l’était Louis II de Bavière  ou  qu'il s'agisse de la quête du bonheur versus les contraintes d’une société avide de formatage, ... Et de la Mort, bien sûr. En un mot : c’est émouvant et  brillant, à tout point de vue!

apprécier:  

https://www.theatrelacroiseedeschemins.com/ludwig

 

 

voyager: 

http://www.liberation.fr/voyages/2014/08/01/louis-ii-le-roi-perche_1074218

http://programme-tv.nouvelobs.com/magazine/secrets-d-histoire-s4185/louis-ii-de-baviere-le-roi-perche-1238004/

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file6vkn46dkzjlg38dq38i.jpg?itok=Lq2B5eKe« Le clair est noir le noir est clair » (acte I scène I, v.11)

Sublime Crescendo de douleurs

 L’anima, c’est une noire sirène, sombre égérie qui incarne un mal si persuasif que  l’héroïque Macbeth, malgré un fond naturel porté sur  la vertu et la pureté, ne peut lui échapper et se laisse glisser dans le Mal comme on glisse dans un cauchemar. On assistera tout au long de la représentation aux hallucinations et  à l’effondrement progressif d’un homme en chute libre, écorché par l’atrocité de ses crimes, tourmenté par la peur grandissante, avalé par la démence du pouvoir. En scène, le metteur en scène genevois, Valentin Rossier. Troublé par le poids de ses actes, ses genoux ploient de plus en plus bas, il se tord de douleurs et de coliques, le visage défait. Le verbe prend les chemins arides de la lamentation, l’intonation se fait torture grinçante, incarnant les effets d’un empoisonnement lent …issu de la géhenne des prédictions fatales. « Ah les pensées ne sont rien à côté des terreurs que l’on imagine ! »  Comment se purger du mal et de l’indifférenciation des valeurs? (« Fair is foul, and foul is fair ») La folie ne l’épargne pas, comme dans  la  scène où  Macbeth est seul à  voir le spectre de son ami Branquo surgir parmi les invités du soir.

 

Mais revenons à celle qui l’inspire si maléfiquement!  Lady Macbeth aussi est splendidement seule que lui,  un homme dont elle ne cesse de mépriser la faiblesse.  La comédienne fait preuve d’une expressivité affirmée de la voix, du geste, des postures, des regards et même des silences. A travers ses étreintes elle  exprime à la fois une sensualité glaçante et un désir  glacial de pouvoir. Voyez comme elle embrasse faussement Branquo, le cœur honnête habillé du charme discret de l’exquis François Nandin!  Voyez comme elle minaude avec les convives! « Pourquoi aurions –nous peur ? Nul ne peut contredire notre pouvoir ! » dit-elle, juste avant de sombrer elle-même dans la folie ! La comédienne  sulfureuse qui l’incarne se nomme Laurence d’Amelio... 

La lecture  sensorielle de cette œuvre de Shakespeare par Valentin Rossier en donne une adaptation audacieuse et esthétique. La plus humaine des tragédies du grand William devient une mosaïque de visions et de rêves abominables exprimés à haute voix et un faisceau de solitudes adressé au silence de l’espace. Les répliques s’écrasent dans les tentures vert d’eau et sur la moquette comme autant de verres de whisky brisés. A l’envers du foisonnement romantique shakespearien, nous voici dans une unité de lieu très classique. Nous sommes dans le hall luxueux et vide d’un grand hôtel, devant l’omniprésence d’un ascenseur de métal lisse, transporteur de carnages, lieu de  tous les fantasmes et  de tous les imaginaires. Portes du Mal que caressent les sorcières.  Là, Shakespeare serait sûrement ravi de la trouvaille ! La moquette saumon est partout pour amortir le choc des émotions et un vaste sofa de cuir noir à gauche accueille les rêves infernaux. Sur le mur d’en face, un bar transparent, façon étagères de laboratoire, est  couvert de flacons identiques, contenant les mythiques élixirs écossais.  Un miel irrésistible  où viennent butiner tous les personnages comme les mouches - de Sartre?  Héroïsme, violence, sexualité, addiction s’y rencontre. Le seau à glace devrait en principe éteindre la  lave les péchés. Sauf que sur les mains de Lady Macbeth, les taches originales du Mal persisteront jusqu’à la mort, et au-delà, sans doute ! Il est dit que   « Ce qui commence dans le mal s'affermit par le mal… » Sans espoir de retour.

 L’image contient peut-être : une personne ou plus et texte

Ce spectacle complexe et de très haute tenue intéressera le spectateur moderne qui  redoute l’avènement du pire des mondes. C’est une constante :  Le sang n’appelle-t-il pas toujours le sang ? L’équipe entière des comédiens belgo-suisse,  dont on admire  la belle tension théâtrale,  reste vaillante  à travers les  carnages en série et joue sans fausses notes.   La modernité de la mise en scène attire par sa justesse, son inventivité et son efficacité.

La question du recours à  la sollicitation surnaturelle interpelle. « Elle peut être le mal, ni le bien. Si c’est un mal, pourquoi me donna-t-elle le gage du succès …Commençant par la vérité?» s’exclame Macbeth, irrésistiblement tenté par la tentation et bientôt asservi par elle! Lui qui croit régner, devient non seulement la proie du pouvoir mais aussi du tout-savoir,  comme le  lui rappelle ironiquement  Hécate dans un bruissement visuel anthracite! Les trois sorcières, absolument graphiques et réelles ont une présence  cinématographique. Ambiguïté, puisqu’elles disparaissent chaque fois  brutalement, comme par magie. Elles jouent donc  ardemment tant sur le plan physique que   sur le plan  spirituel, à double-sens et sur les double-sens. Depuis l’antiquité, l’ambiguïté du langage n'est -elle pas  le propre  des prédictions? Trio peu banal: Barbara Baker, Maxime Anselin et Edwige Bailly sont  trois opératrices de  grand art scénique et  ne cessent de fasciner par leurs  soigneuses chorégraphies,  le tout, dans un contexte qui semble si inconfortablement familier!

 

La distribution:
Valentin Rossier (CH):
Macbeth
Laurence d'Amelio (B):
Lady Macbeth
Gilles Tschudi (CH):
Le Roi; Macduff; invité au banquet; Hécate
François Nadin (CH):
Banquo; le Docteur
Edwige Baily (B):
Sorcière; Malcolm; meurtrière; invitée au banquet
Maxime Anselin (B):
Sorcière; Donalbain; meurtrier
Barbara Baker (CH):
Sorcière; meurtrière; invitée au banquet; dame de compagnie 
 
Jusqu'au 14 octobre 2017
Au Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64-70, 1210 Région de Bruxelles-Capitale

https://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=503&type=8

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administrateur théâtres

 14117695_10154377613991544_4150590107710612032_n.jpg?oh=100078abf25b85297a52c27076e19345&oe=5845EE3FPetit billet pour une grande reprise. L’Atelier Jean Vilar s’exporte à l’ouverture de la  nouvelle saison théâtrale au Public avec la reprise d’une pièce satirique à souhait,  « La famille du collectionneur » qui met en scène un magnifique  festin de comédiens, tous plus racés dans le stéréotype, les uns que les autres. Ils  se gourmandent autour du personnage principal, un Amateur digne des caractères de la Bruyère, pas loin de l’Avare de Molière, joué avec intensité, feu et drôlerie par Maître Alexandre von Sivers. What else? 14183750_10153815443550267_5483149337018931971_n.jpg?oh=46d9b8e2f313d8e02c3da9c21a19a6c4&oe=5838F769

  La pièce signée  Carlo Goldoni (1707-1793) le réformateur du théâtre comique italien, renaît dans des costumes Vogue 1950 et  dans un décor solide comme une forteresse imprenable. Comme dans certaines fontaines italiennes, deux séries (inégales) de marches se rencontrent au pied d’un mur. Sauf que le mur est celui de l’incompréhension mutuelle et de la vengeance au centre duquel se trouve une porte à deux battants laqués d’or lorsqu’ils s’ouvrent de brefs instants. C’est dans ce bureau ouvert à l’imaginaire  que le comte Anselme range, trie, étiquette, classe ses précieuses collections, tandis que, du haut de ses appartements, son élégante épouse Isabelle/Cécile Van Snick mène la maisonnée désargentée, de main de fer.

 Hilarants, les  deux jolis-cœurs, clients de la famille au sens romain du terme : l’un est docteur l’autre, on ne sait pas : Docteur Bassette/Toni D’Antonio et Monsieur Delbosco/Nicolas Ossowski. Ils ont un format de Don Juan et Quichotte Panza, ce dernier la panse bien en avant. A se tordre de rire.

Monsieur Valmy/John Dobrynine, le père de Dorothée, la jeune épousée– enfin quelqu’un de sérieux - a lui tout du gentleman ou gentilhomme de l’époque sans être noble. Il est simple mais riche négociant, il a l’éducation, lit le grec, personnifie  la  sagesse et surtout  un amour paternel peu commun, émouvant. Le duo d’enfer, Dorothée et Isabelle la comtesse incontestable, marche sur les flammes de l’hypocrisie et de la haine haut de gamme et navigue sur  les marches brûlantes de l’autorité. Aucune, bien sûr, n’est à prendre au sérieux. Vous l’aurez compris, la jeune intruse  qui a été  monnayée pour renflouer les caisses du comte Anselme  est une belle-fille  honnie par la belle-mère. Emmanuel-Philibert/Valéry Stasser est le mini mari de  cette jeune dulcinée, éperdu d’amour respectueux pour sa maman, éploré de déplaire à son papa, divisé en trois par sa jeune femme exigeante. Un rôle d’un comique absolu mais touchant.   

Le mur gris perle de la forteresse est un immense lambris de médaillons, où des  trappes secrètes  ravissent chaque fois le spectateur surpris. Ainsi jaillissent à tout moment moult objets, accessoires et commentaires fusant de l’intérieur. Notamment ceux d’une domesticité intelligente mais scélérate, surtout roublarde et intéressée, prête à trahir avec la meilleure foi du monde. Sylvio/Emmanuel Guillaume et Agatha/Manon Hanseeuw forment un magnifique duo d’opérette.  Cela grince donc dans la demeure. Cependant que le grand Anselme se préoccupe innocemment de ses chères collections, complètement hors-jeu, hors du temps, dans son espace secret, indécrottable égoïste heureux, tout à sa passion des médailles et vieilles antiquités.

On allait oublier Gigi/Maroine Amimi, l’escroc arménien, à lui seul, un bouquet de comique saltimbanque au cœur d’une adaptation succulente et  mise en scène électrisante de Daniela Bisconti.

C’est donc  avec cette troupe immensément farceuse que le  Public célèbre dans sa grande salle l’ouverture d’une nouvelle saison.

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Du 1er septembre au 8 octobre:

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=453&type=1

http://www.atjv.be/La-Famille-du-collectionneur

 

 

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administrateur théâtres

2549246019.jpgLe théâtre des Martyrs a inauguré sa saison 2014-2015 avec une première performance  du Théâtre en Liberté dirigé par Daniel Scahaise, un spectacle foudroyant de cruauté  qui montre les limites à ne pas enfreindre au risque de payer le prix fort. Difficile de s’en remettre.  L’interprétation est fort traditionnelle comparée à celle de Tom Lannoye dans sa « Mamma Medea » qui était d’une inventivité étourdissante. Ici nous allons patauger dans le drame immonde des protagonistes, faisant face à des remparts de ville méditerranéenne au pied desquels s’affairent des humbles gens des années 30-40. Chapeaux à voilettes, châles. Les tableaux sont particulièrement pittoresques. De jolies jeunes  villageoises en habits noirs pour la plupart. On tresse des fleurs, on brode des paillettes sur des voiles, on plie du linge, des hommes silencieux regardent. Voilà le chœur planté. Il sculptera avec grande fluidité toute la tragédie, faisant émerger une sagesse qui ne peut se nourrir des passions extravagantes. Ah ! Que l’on aime tout ce petit peuple de figurants (élèves du Conservatoire Royal de Bruxelles)!

1550198084.jpgSurvient la Folie personnifiée. Hélène Theunissen, une comédienne chevronnée l’incarne, avec toute la violence dramatique dont elle est capable. La  Médée d'Euripide est déchirée entre son amour pour Jason et sa colère d'être  remplacée par une autre femme. Ses imprécations sont des explosions de rage et de  douleur incontrôlables. Elle renverse échelles et guirlandes. Elle se lamente sur la problématique de l’étranger qui doit faire beaucoup de concessions pour être accepté par la cité où il vit. Thématique qui traverse les siècles. Aussi la magicienne trahie choisira d'accomplir un acte odieux pour toucher Jason au plus profond de son être… Médée, une  terroriste, quoi ! Dont on dira que, bien que  mère criminelle, elle est  une femme courageuse qui s'élève seule contre le pouvoir des hommes. Elle est habile, pleine de mauvaise foi, profite de la moindre occasion pour mettre en œuvre ses sombres desseins, endort les soupçons, ironise, manipule à mort.

3869623297.jpgLes discours  maladroits du  très lâche Jason (un très convaincant Stéphane Ledune) sont  mielleux à souhait et ne manquent pas d’habile hypocrisie. S’il se remarie, c’est… pour protéger ses enfants, dit-il! Pathétique et humain!  Et le chœur de commenter que si Jason a été injuste, nul malheur n’est plus grand que d’être loin du sol natal ! On oublie de dire que la noble  Corinthe a accueilli des fuyards criminels…  

2649291396.jpgMais ce qui passe le moins dans le texte lourd comme du plomb fondu, c’est que la vengeance personnelle prend le pas sur l’amour des enfants. « Tuer les enfants, rien ne ravagera plus mon mari !» Euripide décrit une folie destructrice que tous les Grecs craignaient le plus au monde : la vengeance.  La folie frôle de près le culte de la mort et on revient de ce spectacle fort meurtri. « La passion a eu raison de ma raison » dit-elle en lavant une dernière fois ses enfants aux portes de la ville ! Le feu empoisonné de la vengeance de l’exil et de l’adultère consumera le roi et sa fille. Le peuple en habits de fêtes nuptiales déplore : « Le sort favorise celui-ci, celui-là mais qui est heureux? Personne. Zeus dans l’Olympe organise bien des choses, à l’inattendu, les dieux livrent passage… » Ouf ! La distribution inclut quelques-uns de nos comédiens préférés : Jaoued Deggouj, Bernard Marbaix, Sylvie Perederejew ,Dolores Delahaut. Seul le petit peuple fait un peu de bien dans cette sombre tragédie où les protagonistes, hommes  et femmes  donnent une piètre image de notre condition humaine!

Le mot de la fin revient évidemment au metteur en scène : Nous voudrions, toute l’équipe et moi, que le spectateur suive la représentation comme un acte de foi, qu’il soit aussi inquiet, aussi envoûté, aussi fixé sur l’évènement qu’on lui propose que s’il assistait à un sacrifice. Nous aimerions que le spectateur ne se reconnaisse que dans les sentiments extrêmes, hors de toute contingence quotidienne,  qu’il soit pris dans un kaléidoscope de sentiments violents, comme dans un rituel, à travers les sens, la sensibilité et la disponibilité spirituelle. MEDEE est pour nous, non seulement la tragédie de la vengeance et de l’exil, mais un véritable sacrifice rituel. La cérémonie de la passion déchaînée dans toute sa splendeur. Son horreur absolue.

http://www.theatredesmartyrs.be/index2.html  Jusqu'au 24 octobre

 

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Histoire de la folie à l'âge classique

12272839463?profile=originalIl s'agit d'un essai de Michel Foucault (1926-1984), publié à Paris chez Gallimard en 1961.

 

Philosophe et historien, Michel Foucault s'est attaché, de l'Histoire de la folie à sa non moins monumentale Histoire de la sexualité (1976-1984), à trouver dans l'«ordre» du discours le lieu du pouvoir. Il entreprend de montrer ici que les figures du savoir et celles du discours sur la folie obéissent à une même loi profonde, en l'occurrence une structure qui met l'accent sur les théories, les pratiques et la sensibilité d'une époque donnée.

 

Première partie. La Renaissance, selon Michel Foucault, voit dans le fou une figure culturelle de la plus haute importance, qu'elle substitue à la mort dans la fonction de mise en question de l'ordre et du sens. Le passage de la Renaissance à l'âge classique se caractérise par le «grand renfermement»: est fondé en 1657 l'Hôpital général - expression du pouvoir royal -, dont les divers bâtiments abriteront indifféremment pauvres, fous et sans-abri. Ainsi des populations entières, jugées hors normes, passeront sous le contrôle administratif de l'État pressé par des facteurs économiques et sociaux. Le «grand renfermement» apporte protection et nourriture aux mendiants, aux chômeurs et aux fous, à condition qu'ils acceptent la contrainte physique et morale de l'internement.

 

Deuxième partie. Après la Révolution française, le scandale éclate: on comprend qu'on a enfermé indifféremment, dans les mêmes lieux, les fous et les criminels. Ce système est alors remplacé par une forme d'internement plus scientifique et humain, où l'on sépare certaines catégories de criminels des fous. La stratégie de guérison consistera à tenir le malade pour responsable de sa maladie; une fois accompli ce processus d'intériorisation, le patient se trouvera guéri - non sans avoir été, au préalable, observé et puni par ses gardiens.

 

Troisième partie. C'est désormais par l'intermédiaire de la personne du médecin que la folie est reconnue comme une aliénation d'un type spécifique, dont l'étude appartient au domaine médical. Freud marquera l'étape suivante dans l'histoire de la raison et de la folie en isolant, en tant qu'objet scientifique, la relation qui s'instaure entre le patient et le médecin, en faisant d'elle la composante essentielle du traitement de la maladie mentale. Foucault clôt son analyse sur des références à une forme fondamentale d'altérité qui se situe hors de portée de la raison et de la science: la «fulguration» de poètes comme Artaud, Hölderlin et Nerval qui ont échappé à ce «gigantesque emprisonnement moral» et entrevu une expérience fondamentale de la déraison qui les situe au-delà de la norme sociale. Altérité qui amorce une contestation radicale de la culture occidentale.

 

Le travail historique amorcé par Foucault dans Histoire de la folie inaugure une thématique de la discontinuité des discours qui modifie la relation de l'historien au passé. Par le choix des thèmes étudiés, Foucault a illustré la nécessité d'une restructuration des priorités en Histoire. La folie, le langage, la médecine, la punition, autant de thèmes marginaux aux yeux des historiens, que Foucault en revanche place au centre de l'enquête historique. Renversement qui impose aux historiens de substituer à une éventuelle «histoire de la folie», l'analyse des discours successifs sur la folie. Illustrant son propos de récits et de faits, Foucault montrera que tout discours sur la folie est, qu'il y ait enfermement ou non, un discours d'exclusion.

 

Cette Histoire de la folie commence ainsi par la description de la mise à l'écart et de l'enfermement des lépreux à l'intérieur d'un vaste réseau de léproseries disséminées aux portes des villes européennes pendant tout le Moyen Age, descriptions imagées qui s'ouvrent toujours par une analyse du regard des autres sur l'exclu: «Les lépreux avaient reçu le châtiment de Dieu, mais en même temps ils constituaient un rappel physique et matériel de la puissance divine et du devoir de charité chrétienne.» Foucault introduit dès ces premières pages les deux thèmes parallèles de l'exclusion géographique et de l'intégration culturelle qui vont structurer l'ensemble du livre. Ainsi la «Nef des fous» enfermait à son bord des malheureux à la recherche de leur raison, «prisonniers au milieu de la plus libre, de la plus ouverte des routes». Le thème du désordre se formule à l'époque de la Renaissance en terme d'excès et d'irrégularité, et non en termes de troubles physiques ou cliniques du fonctionnement.

 

En élaborant ce nouveau contenu culturel - raison et folie à l'âge classique, santé mentale et aliénation à notre époque - et en montrant sa transformation radicale au fil du temps, Foucault se donne l'outil intellectuel nécessaire pour appréhender l'«altérité pure» dont l'analyse est au centre de son projet. Alors qu'au Moyen Age et à la Renaissance se déroule un débat dramatique entre la société, voire l'individu, et la démence, de nos jours ce débat est remplacé par la sérénité d'un savoir qui occulte le vécu de la folie. Désormais l'homme social doit coïncider avec le «sujet de droit», identité rendue possible par la philosophie politique des Lumières; «fou» n'est pas l'individu atteint de maladie par rapport à l'homme «sain», «fou» n'est autre que l'individu «situé au point de rencontre entre le décret social de l'internement et la connaissance juridique qui discerne la capacité des sujets de droit». Tel sera le fondement juridico-social de notre psycho-pathologie.

 

Cependant, pourquoi, depuis la fin du XVIIIe siècle, n'est-il donc plus possible de se maintenir dans la différence de la déraison? C'est en répondant à cette question que l'ouvrage de Foucault intéresse la littérature et en modifie la perception: «La vie de la déraison ne se manifeste plus que dans des oeuvres comme celles de Hölderlin, de Nerval, de Nietzsche ou d'Artaud - indéfiniment irréductibles aux aliénations qui guérissent.» Les oeuvres de ces auteurs impliquent un bouleversement radical: «Désormais et par la médiation de la folie, c'est le monde qui devient coupable (pour la première fois dans le monde occidental) à l'égard de l'oeuvre; le voilà requis par elle, contraint de s'ordonner à son langage, astreint par elle à une tâche de reconnaissance, de réparation.» En s'attachant à ce que l'oeuvre littéraire comporte de «meurtrier et de contraignant», Foucault parvient ainsi à montrer comment la déraison appartient à ce qu'il y a «de plus décisif, pour le monde moderne, en toute oeuvre», et ouvre, par là même, une voie de compréhension nouvelle à la modernité littéraire. C'est pourquoi l'influence de cet ouvrage majeur s'étendit aussi bien aux sphères de la critique littéraire qu'aux domaines de l'Histoire et de la philosophie. Maître d'un style limpide, volontiers lyrique et toujours élégant, sans jamais user d'aphorismes péremptoires, Foucault s'associe à ces quelques rares penseurs qui ont entrevu le travail souterrain de la déraison.

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Au dedans d'elle même

La position est banale, cadrage qui donne la sensation de mouvement, composition en diagonale. Celle du fou, de la folle, de cette naturelle folie qui nous titille. Flo est menacée de folie. Son refuge est la folie.

Et pis quoi encore..!


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"Faitchiermerde", parce qu'on ne dit mot de sa présence sur la toile.

Parce que tout le monde s'en fout de toi..!

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administrateur théâtres

« En attendant Bojangles » au Centre Culturel d’Eau de Gemmes

Hélène, puisque c’est d’elle que l’on parle, jamais  ne sera  la vieille accroupie de Ronsard… Jouée par Anne Charrier, aux côtés de Didier Brice, elle rayonne dans un spectacle enchanteur et enchanté et …terriblement courtois. Je parle de l’amour, bien sûr!  L’enfant, source de bonheur, joué par Victor Boulenger est-il décrié, sous son  nom vulgaire d'enfant-roi? Certes, non, c'est tout le contraire!  *Coup de foudre  donc  pour cette famille-enfant au triangle parfait, dessinant le visage joyeux du bonheur

 

Page après page, Le père a la parole et la loi de l’amour sous sa plume. Il transmet le roman de l’intranquilité de la vie et de sa miroitante fantaisie pour  ceux qui y croient.

L’enfant rebelle adoré reconstitue le puzzle de l’amour et se nourrit de son histoire comme s’il buvait du lait. Il parle fort, comme si déjà ses géniteurs avaient rejoint les esprits myrteux de l’ami Ronsard. Il est donc adulte.  …Et vous?  Dans ses mains – et dans les nôtres – un bouquet de mimosas et la poésie dont a été tissée toute son enfance. Un talisman, une aubaine, pour qui sait la voir, une musique sacrée qui donne les clefs du paradis sur terre, pour qui sait l’être!  Jamais le Néant! 

La femme aux mille et un prénoms, qui jamais ne sera une vieille accroupie, véhicule toutes les intentions de bonheur et leur réalisation et pourchasse  routines vermoulues et  fonctionnaires vert-de-gris. Elle met le feu aux avoirs, illustre la folie de la passion qui  ira jusqu’à la mort.  Et dans sa sagesse infuse, elle  prend la langue au pied de la lettre, telle une vestale de l’humour. Contrevenante des marées noires, elle choisit de fixer les étoiles, même dans un divan endormie, et flotte sa vie jusqu’au bout, entraînée par l’amour. Et lui, la suit,  bien sûr, comme dans l’Eté Indien. 
« On ira
Où tu voudras, quand tu voudras
Et on s’aimera encore Où tu iras…»
 


L’auteur de ce conte a retrouvé les accents succulents de Boris et de l’écume des jours. Il célèbre la communion de la folie amoureuse et signe …Olivier BourdeautVictoire l’a saisi en plein vol et signe l’adaptation théâtrale et la mise en scène dans des décors de Caroline Mexme

Le spectateur se laissera séduire dès le premier son de cloche qui célèbre des noces profondes, celles qui se veulent absolues, quelles que soient les contingences, les noces des serments éternels qui ne verront jamais les amants désunis. Colin/Georges envisage Chloé/ Constance et les autres, comme un arbre magique, celui de notre éternel ami, Georges qui aimait tant Suzon? « Tu sais, fiston, Suzon a beaucoup d’imagination, elle joue avec tout, même avec sa filiation. Mais dans notre arbre généalogique, ta Maman, ce sont les racines, les feuilles, les branches et la tête en même temps, et nous, nous sommes les jardiniers, nous allons faire en sorte que l’arbre tienne debout et qu’il ne finisse pas déraciné. »

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes souriantes, personnes qui dansent et personnes debout

La critique emballée n’en dira pas plus, si ce n’est pour  se réjouir de la langue musicale follement bien habitée par le délicieux triangle  des comédiens, leur diction ravissante, leurs émotions à fleur de plume, leurs mouvements souples comme dans les rêves.   On se souviendra d’une mise en scène alerte, raffinée, subjugante même, puisqu’on entre de plein pied dans la danse foisonnante et volatile du texte,  malgré où grâce à l’économie de moyens. Le décor, c’est avec les mots et les gestes qu’il est planté  avec grâce infinie.  Bref, cette mise en scène est stupéfiante de puissance évocatrice. Il faut souligner que la musique et les choix de la bande sonore signée Pierre-Antoine Durand pavent l’histoire triste et belle de sublimes clair-obscurs.  La bande lumière (Stéphane Baquet) ,  de son côté  s’occupe de faire taire  le malheur… et d’ auréoler les instants joyeux.    Le choix des costumes ( de Virginie Houdinière)  s’emboîte dans l’histoire avec candeur. Les éclats de rire en mode majeur ou mineur surviennent comme autant de bulles de saveur partagée.  L’ensemble, très équilibré, et sans faute de goût,  vous insuffle un bonheur aussi bien apprivoisé que l’oiseau, Mademoiselle Superfétatoire, une grue demoiselle de Numidie, que Maetelinck aurait sûrement vêtue de bleu. Cette pièce à vol d’oiseau,  jouée entre Paris et Bruxelles, villes de douce connivence, est donc un bijou inclassable et irrésistible sauf à le classer dans la Voie lactée …parmi les étoiles.​ On remercie le Centre Culturel d’Auderghem  pour cette charmante   mise en chef-d’oeuvre théâtral.


Une pièce d’après le roman d’Olivier BOURDEAUT (300.000 exemplaires vendus)« En attendant Bojangle »
Mise en scène : Victoire Berger-Perrin 
Avec : Anne Charrier, Didier Brice et Victor Boulenger
Adaptation : Victoire Berger-Perrin
Décors : Caroline Mexme
Costume(s) : Virginie Houdinière
Lumières : Stéphane Baquet
Musique : Pierre-Antoine Durand
Assistant(e) mise en scène : Philippe Bataille. Chorégraphie Cécile Bon. Collaboration artistique Grégori Baquet
Durée : 1h30

Centre Culturel D’Auderghem

Boulevard du Souverain 183, 1160 Bruxelles 02 660 03 03

Du 11 au 16 décembre 2018

  

*GEORGES (au public la mère immobile, le temps arrêté) « J’étais donc arrivé à ce moment si particulier où l’on peut encore choisir, ce moment où l’on peut choisir l’avenir de ses sentiments. Je me trouvais désormais au sommet du toboggan, je pouvais toujours décider de redescendre l’échelle, de m’en aller, fuir loin d’elle. Ou bien je pouvais me laisser porter, enjamber la rampe et me laisser glisser avec cette douce impression de ne plus pouvoir rien décider, confier mon destin à un chemin que je n’avais pas dessiné, et pour finir, m’engloutir dans des sables mouvants, dorés et ouatés. Je voyais bien qu’elle n’avait pas toute sa tête, que ses yeux délirants cachaient des failles secrètes, que ses joues enfantines dissimulaient un passé d’adolescente meurtrie, que cette belle jeune femme, apparemment drôle et épanouie, devait avoir vu sa vie passée bousculée et tabassée. Je m’étais dit que c’était pour ça qu’elle dansait follement, pour oublier ses tourments, tout simplement. Je m’étais dit bêtement que ma vie professionnelle était couronnée de succès, que j’étais presque riche, plutôt beau mâle et que je pouvais aisément trouver une épouse normale, avoir une vie rangée, tous les soirs prendre un apéritif avant le dîner et à minuit me coucher.»  


Dominique-Hélène Lemaire

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