Monts et merveilles d’une jolie pièce de vaudeville née en 1950.
...Dans un château du Périgord, règne la très despotique comtesse Appoline de Mont-Vermeil. Une merveilleuse Danielle Fire l’incarne. La Dame tient tout son beau monde dans le creux de sa main. Tout ploie devant elle : son neveu vétérinaire, Hubert le mal marié (Arnaud Van Parys) ; Gisèle (Ambre Grimmiaux), la jeune demoiselle de compagnie pas très futée ; Lucie (par l’excellente Margaux Frichet), la jolie et impertinente soubrette mais à la cervelle d’oiseau. Elle est amoureuse de Patrice, un très fourbe majordome, qui a trouvé un moyen d’extorquer régulièrement à la comtesse des revenus supplémentaires. Brillamment joué par Bernard d’Oultremont. Cet escroc tout sucre, tout miel a en effet réussi à attirer sa patronne fantasque dans le monde des courses hippiques, et par un savant montage, à encaisser à son compte, de plantureux paris, via un bookmaker imaginaire.
Ce joli monde ronronne paisiblement quand arrive à l’impromptu Antoinette (ah ! voici Stéphanie Moriau) très vite flanquée de son barman – Jules – (un sensationnel Xavier Percy aux allures …de Peaky Blinders, version parisienne). On rit tellement ils détonnent dans ce ravissant cadre aristocratique. Restauratrice dans un joyeux troquet des Halles, la titi de Paris, dite « Nénette », use d’un vocabulaire et d’intonations dignes de Zazie dans le métro. C’est désopilant à souhait. Or, projetant d’épouser son Jules, elle a appris avec stupéfaction qu’elle serait déjà mariée, avec un certain baron Hubert de Mont-Vermeil. Tout s’éclaire, elle se souvient que dix ans plus tôt, on lui avait volé son sac avec ses papiers et que donc son identité a dû lui être subtilisée par une intrigante pressée pour se faire épouser par le naïf baron (et puis de filer avec le coffre-fort) ! C’est ainsi que la jeune femme débarque au château pour pouvoir divorcer de cet encombrant premier mari.
Mais « …pas question de divorcer chez les Mont-Vermeil » dixit l’inénarrable comtesse. Et ce jour-là, moins que jamais, car on attend la visite du cardinal de Tramone afin de le prier d’accélérer une nomination à Rome d’un cadet de la famille …
L’arrivée en scène franchement jubilatoire de Michel de Warzée en cardinal est le nœud de cette histoire très bien charpentée. Il donne d’ailleurs toute son envergure à l’ouvrage. Quiproquos et cachotteries s’emmêlent. Et le public de se tenir les côtes et glousser de bonheur.
Ladite « Nénette » a juré évidemment ne pas quitter le château avant d’avoir obtenu gain de cause, et s’écrie : « J’y suis, j’y reste ! ». Voilà pour le titre de la pièce. Une phrase, plus que royale, qui fête de maintenant ses 75 ans d’existence, et vous fera rire toute la soirée, dans ses diverses interprétations. Les auteurs, Raymond Vincy et Jean Valmy, oubliés de nos jours, avaient tout de même sacrément du rythme et de la verve ô combien savoureuse ! Une langue qui convient à merveille au style un peu Vieille France de la Comédie Claude Volter, avec des artistes qui ont le don de vous mettre le cœur en fête ! Et comme ce sont les fêtes, c’est l’occasion, non?
Stéphanie Moriau incarne cette Antoinette effrontée, usant tour à tour du franc parler des Halles et maniant avec humour les mièvreries alambiquées de la langue de la « haute » lorsqu’elle se met à interpréter le personnage en cure en Suisse, censé être cette première épouse du dénommé Hubert. Très beaux jeux de changements d’identité ! Et quel formidable pique-nique avec le très débonnaire ecclésiastique ! Cette comédie de mœurs étincelante, follement hilarante, qui fait exploser les clivages sociaux, a vraiment tout pour plaire. La pièce a aussi fait les grands jours de l’émission télévisée renommée « Au théâtre ce soir » sur les chaînes françaises in illo tempore. Des spectacles, on s’en souvient, dans les années 60 et 80, toujours absolument … gondolants ! Question décors, ils sont magnifiques et signés Francesco Deleo. De toute beauté ! Comme la pièce.
Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

MISE EN SCÈNE / Michel de Warzée
ASSISTANTE / Ambre Grimmiaux
DÉCORS /Francesco Deleo
COSTUMES / Danielle Fire et Stéphanie Moriau
CRÉATION LUMIÈRE ET RÉGIE / Bruno Smit
REMERCIEMENTS / Le Theâtre Royal des Galeries
Anne Marien, Huguette Van Hamme, Yves Piette
Conception du programme Jean Claude Seynave
































Du jeudi 25 février au samedi 26 mars 2016 au théâtre du Parc





