« Beau-Papa » de François Dumortier
Du 15 févr. 2023 – au 26 févr. 2023
Succulente Première mondiale à la Comédie Royale Claude Volter dans une mise en scène fulgurante. Écrite par François DUMORTIER, la pièce « Beau-Papa » est une comédie de mœurs bruxelloise rafraîchissante qui détrône avec verve et belle impertinence le règne de l’argent et le mythe de la réussite sociale. Un délice pour ceux qui ont le cœur à rire…ou à pleurer. Beau-Papa, Belle-Maman, des vocables euphémiques pour conjurer l’intrusion! Sans doute, un spectacle plein d’avenir.
On est à Bruxelles, avec l’accent de RTL. Le jeune Simon (Alexis Goslain) travaille surtout la nuit. Il est illustrateur d’albums jeunesse au pays de la BD. Personnage principal: une Libellule qui s’appelle Hercule. Drôle de nom pour un insecte aussi léger et gracieux! Aucune crainte du ridicule. C’est la création qui compte, n’est-ce pas?
Il vit avec sa compagne Margot (Laure Chartier) dans un appartement exigu où ils accueillent régulièrement un alter ego, Jeff, qui a largué toute velléité d’embourgeoisement en devenant chômeur par prédilection, pressé de se déboulonner des obligation liées au monde du travail, jetant aux orties avec une désinvolture incroyable la quête du profit pour celle des cool délices de l’amitié et de la vie Bohême. On n’est pas loin du boulevard Montgom’ tout de même…avec l’étincelant Jean-François Brauer.
Alors que Simon doit terminer son quatrième projet, Margot lui annonce que René, son paternel qui vit en France, est sur le point de débarquer en visite chez eux dans le Norrrrd! Le beau-père, avec ses airs de Bernard Blier, est interprété avec brio par un fabuleux Joël Riguelle. Il a toujours été très critique vis-à-vis de la relation sans le sous de sa fille. Aussi, pour l paix des ménages, ‘inventive Margot – un prénom à la Georges Brassens -, a déjà préparé le terrain, elle a fait le lit d’un énorme mensonge qui devrait permettre aux chatouilleux père et beau-fils de se rapprocher enfin.
En résulte toute une gastronomie de boulevard pleine de vivacité qui n’a rien à envier aux modèles du genre. Le Vaudeville moderne tout à fait hilarant monte comme des œufs en neige. Tous les codes y sont, en version 21e siècle. Les tranches de vie s’embrouillent… les méprises et les quiproquos fleurissent. Le langage est vif, les inventions les plus abracadabrantes jouent à cache-cache avec la cruauté du réel. On assiste à des sommets d’ invraisemblance, sous des dehors, ma foi, fort plausibles. C’est d’ailleurs tout l’art. Le rire, attisé en continu par chacun des personnages si attachants fait … qu’on se délecte devant l’ incessant chassé croisé des squatteurs.
Alors, le fleuve de mensonges débite à toute allure. Dans un rythme endiablé, ça défile, ça déroule, et ça vous enroule dans des cascades de rire. Que de plaisir et au tournant, des coups d’œil moqueurs sur la vie d’artiste, la vie rangée des voitures, le mythe du fonctionnaire ou plutôt, celui du banquier ou du grand patron en vacances aux Maldives. Les discussions vont donc bon train dans l’appart modeste et banal du jeune couple sans enfant. ILs auront dû accueillir, non seulement ledit Beau-Papa – mais aussi sa délirante jeune et sauvage nana toute blonde, avèèè un délicieux acceng du Midi. C’est la coach sportive du monsieur, …. Tiens donc! Rôle endossé par l’exquise Bénédicte Philippon.
Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres