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comique (24)

administrateur théâtres

Avec Denis Carpentier, Cécile Florin, Catherine Claeys et Pierre Pigeolet 

 

Teaser : Fantastique, cette salle qui rit sans la moindre retenue… Il y a cette réplique qui vous rappelle un siècle d’humour bienveillant. « Qui c’est ? » Tout le monde connaît la réponse. « Le plombier » , ça coule de source. Merci Raymond , non, Fernand! Ça fait des lustres que cela fait rire, et, comme il est bon de RIRE ! Cela a quelque chose… d’éternel.

L’histoire roule sur une série fracassante d’embouteillages, plus emberlificotés les uns que les autres, et sans sens giratoire, vous vous en doutez ! Soit un cirque ahurissant de comiques de situation. Mais ne vous attendez pas à du Feydeau ou du Labiche, non, ils sont morts et enterrés depuis belle lurette, pas une once de jeux spirituels de salon dans cette comédie de boulevard moderne. D’ailleurs, il y a-t-il encore des boulevards, ou des salons ?

En revanche, les méprises et les chaînes de quiproquos gardent toute leur saveur et leur extraordinaire ressort comique. Le metteur en scène a remonté les moteurs à fond et ça marche, à fond.

Pour tout dire, sans divulgâcher, trois zèbres dans la trentaine aux dégaines fort disparates se cognent comme des papillons fous aux portes et fenêtres d’un mari jaloux, pas encore cocu mais alerté.  

L’idée géniale du mari consiste à tout faire pour éviter que sa femme ne tombe sous le charme d’un élégant agent immobilier rencontré au hasard d’une visite. Un mec sacrément dangereux avec presque autant de charme qu’un authentique membre de la famille Kretz, chemise blanche ouverte, jeans et basquets… sourire ravageur.  Arnaud, le mari inquiet est incarné par le formidable Pierre Pigeolet, un pilier de Théâtre des Galeries, omniprésent, dans son ardeur nerveuse à prévenir le mal personnifié par un triple Denis Carpentier. Sacré bière !

 La rencontre fortuite du fameux sieur Éric risque en effet de faire basculer le couple Marion-Arnaud dans les affres tumultueuses des 7 ans de cohabitation, redoutable écueil de lassitude qui guette les amoureux les plus sincères….

La jeune femme avec son ravissant carré blond, ses allures de chef d’entreprise, est éblouissante. Légère et court vêtue - quel jeu de jambes campées sur talons aiguilles - Cécile Florin ménage son entrée en scène. Pourtant, d’une certaine manière maître du jeu, elle est armée d’une logique implacable et nullement prête à se laisser berner par la moindre entourloupe. Le combat des chefs peut commencer. Mise en scène très astucieuse d’ Alexis Goslain. Jeux de costumes très pétillants d’esprit. A la manoeuvre : Sophie Malacord. Et aux lumières : Laurent Comiant.

Ah ! On allait oublier la voisine, archétype de la commère curieuse et bavarde et hypocrite, qui se voit impliquée dans le tourbillon moqueur des chassés croisés. Un personnage haut en couleurs qui n’hésite pas à surjouer, et cela fait aussi rire de bon cœur. Catherine Claeys allume les applaudissements.

 On admire au passage le décor petit bourgeois semi moderne et décontracté, bleu ciel et crème signé Francesco Deleo.  Pour les accessoires, un conseil : ne pas mélanger gerbes et couronnes, si ce n’est par… dérision. Donc, un point en plus.  " Molière de la meilleure comédie 2023 "

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Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour le réseau Arts et lettres  

 

 

Du 18 septembre au 13 octobre 2024 au théâtre Royal des Galeries

Billetterie : du mardi au samedi de 11h à 18h - 02 / 512 04 07

https://www.trg.be/une-idee-geniale

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SPECTACLES

Au théâtre des Martyrs: "L’histoire approximative mais néanmoins touchante et non écourtée de Boby Lapointe"

Salade russe, avec ou sans Mayo ?

Debout les crabes, la marée monte ! Bobby Lapointe l’alliterophile absolu de la chanson française, le prince de l’imagination, se réveille ce soir, sous le jeu vivant et bon enfant de trois mauvaises herbes poussant d’ordinaire leur spectacle de par les rues ensoleillées du royaume de Belgique. Mais c’est bientôt l’hiver, et les manteaux, écharpes et parapluies ont envahi les rues, les gens se pressent pour échapper aux morsures de la froidure, et les baladins cherchent des murs…La bise venue, rien ne valait donc mieux pour les artistes batteurs de pavés, que l’accueillante fourmilière du Théâtre des Martyrs. Un lieu sûr pour ces saltimbanques chercheurs d’abri côtiers, rêveurs d’été, enchanteurs de plages, capteurs de sirènes et de pirates en goguette, et enfileurs de tableaux historiques à l’envers.

Ils sont 5 vaillants bricoleurs, unis comme les doigts de la main, mais on n’en voit que trois. Leur mission est de promouvoir notre belle langue française, affirment-ils, sans toutefois vouloir brandir haut et fort le flambeau du lexique ni celui de l’ami Grévisse. L’orthographe – on le sent, on le redoute – ils la traitent …par dessus la jambe. Comme dans Boby!

Mais qu’importe, s’il ne s’agit que réveiller les voix des géants endormis de notre chanson française ! Ceux qui ont tissé l’enfance des Boomers de tout poil. Georges Brassens, et sa moustache bien peignée, la pipe en coing (pour l’asseng) , une guitare ou une femme sur les genoux…et son parent pauvre : Sieur Bobby Lapointe. les artistes en culottes courtes veulent nous faire rire à coups répétés d’anti-héros chansonniers, ou de chansonniers anti héros. …Ce n’est pas la même chose, figurez-vous ! Mais pas mal de coups d’épée dans l’eau. Toute monde ne s’improvise pas Don Quichotte.

Mais soyez sans crainte : les reprises des tubes de Bobby se font à la bonne franquette, même si la mise en œuvre musicale est un peu légère. On avait adoré à la Samaritaine, Dieu ait son « æme », le trio féminin Tibidi , qui interprétait Boby Lapointe. Elles étaient absolument craquantes dans le genre : charme fou, diction parfaite, harmonie des voix, chorégraphie…


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Ces messieurs s’adonnent aux plaisirs des rimes et des clowns sur scène, mais la mayo prend-elle pour autant ? Pour que le rire joyeux fuse, il ne suffit pas de malmener la chronologie, jouer l’absurdie, Merci Lydie, ou de contrepéter à tire l’harigot, il faut que le grain de folie intoxique… On leur souhaite donc un peu plus d’arsenic ou de digitaline ou quelques graines d’hellébore, pour que le feu ne reste pas celui d’un déjeuner de soleil ou celui de quelques brindilles en fumeroles … Debout les fourmis ! Ou les cigales, c’est comme vous l’entendrez !

Au gré de leurs moultes prestations en places publiques, les artistes ont rassemblé assez d’éléments épars de la vie du bonhomme Lapointe que quitta sa Katy pour l’éternité, pour en faire un spectacle grand format, sous chapiteau permadur et qui tienne la route en hiver. Keep trying !

Dominique-Hélène Lemaire 

 THEATRE DES MARTYRS

 Petite salle - 27.11 > 14.12.19 - 1h15 - sans entracte

Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, les dimanches 01 & 08.12 à 15h00.
Bord de scène vendredi 06.12 animé par Michael Delaunoy.

JEU Valentin Demarcin, Benoit Janssens, Virgile Magniette
LUMIÈRES Renaud Ceulemans
REGARD EXTÉRIEUR & RÉGIE Axel Cornil & Allan Bertin
CRÉATION COLLEXTIVE Les compagnons pointent
PRODUCTION Les compagnons pointent

RÉSERVATIONS
par téléphone +32 2 223 32 08 ou via le site http://theatre-martyrs.be/

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Image may contain: one or more people and people standingLe comte Ory de Rossini (1828) L’amour aiguillonne et l’épouse est …friponne

Quand Rossini présente à Paris « Le Comte Ory » (1828), le public parisien accueille l’opéra-bouffe avec un enthousiasme sans bornes. C’est son avant-dernier opéra, il est écrit en français.  Rossini adapte en grande partie « Il viaggio a Reims »,une œuvre qu’il avait écrite pour le couronnement de Charles X.   Contre toute attente, il cessera de composer pour l’opéra à l’âge de 37 ans, avec sa dernière œuvre : « Guillaume Tell », pour se tourner vers  ses autres passions: la gastronomie et la vie mondaine. Ainsi ouvrit-il  un salon très prisé par les intellectuels de son époque.

Le Comte Ory

Savoureux mélange de genres, d’époques et de virtuosités, Le Comte Ory 2018, dont le personnage éponyme est interprété avec verve et puissance solaire par Antonino Siragusa, magnifique ténor en moine paillard, séduit vraiment  par sa légèreté,  sa brillance, son esprit français et sa joie de vivre.  Bouffée de bonheur estudiantin, le comique gracieux et leste est partout. Ce n’est pas sans rappeler des souvenirs de certaines chansons populaires.  « Partant pour la croisade, un seigneur fort jaloux De l’honneur de sa dame et de son droit d’époux Fit faire une ceinture à solide fermoir Qu’il attacha lui-même à sa femme un beau soir… »  Cette chanson paillarde remonte peut-être elle aussi, à l’époque de Rossini, une époque pour le moins compassée,  hypocrite et austère où l’on s’éclatait en chansons! Le livret du fameux Eugène Scribe, inspiré d’une ballade médiévale,  est truffé de sous-entendus, la rime est riche et prospère en humour. Une analyse psychanalytique en dirait long sur la  nature du  château inexpugnable.  Si l’on décide de suivre le texte à la lettre, on moissonne les sous-entendus à foison.

Le metteur en scène Denis Podalydès signait en décembre 2017 la création de  cette joyeuse œuvre polissonne, il y a un an, à l’Opéra-Comique de Paris.  Le choix pour les décors se porte sur un autre sociétaire de la Comédie française, Eric Ruf, et  le couturier français, Christian Lacroix,  dessine les costumes gothique flamboyant.  Le mot d’ordre semble être de chanter de manière  le plus souvent parodique, moqueuse, limite graveleuse… ne vous en déplaise! Les lumières de Stéphanie Daniel (Molière 2017 du créateur de lumières) contribuent  régulièrement à une dénonciation éclatante  des subterfuges et travestissements… Les mouvements de la chorégraphie et de  la tension amoureuse sont  réglés par Cécile Bon,  la même qui  a travaillé dans « En attendant Bojangles ».   Les chœurs très stylés sont réglés avec souplesse et humour par Pierre Iodice,  formé au conservatoire de Marseille, rappelons-le,  et  qui dirige depuis 2015 le chœur de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège.  Enfin, la distribution très homogène  offre une palette de très beaux talents d’une musicalité impeccable, très agréable à écouter.

Premier décalage, le temps des croisés se mue en conquête de l’Algérie en 1830. Les costumes  sont déclinés en haut de forme,  redingotes, culottes, bottes que l’on ôte au pied du lit, pour les messieurs et, pour les dames, chapeaux Comtesse de Ségur et  somptueuses robes évasées à  profond décolleté. Les paysannes vont, légères et court-vêtues.  C’est l’époque de la richesse bourgeoise de la restauration, qui bien sûr  raffole d’histoires scabreuses, de séducteurs et de libertins  pour soulager leur rigide quotidien.

Le Comte Ory

Dans la création de Podalydès (2017) le château de Formoutier est  redevenu un vrai moutier ou valsent les chaises d’église, mais  sans aucun rapport avec l’abbaye de Thélème.  C’est un couvent, où se languit la belle comtesse Adèle, souffrant d’un mal étrange et persistant, admirablement  interprété lors de son entrée en scène, presque hululé, par la sublime Jodie Devos,  abandonnée au début du premier acte, à une atroce solitude physique et morale. Elle garde son merveilleux timbre cristallin et fruité pour  développer le personnage par la suite.  Sa suivante,  Dame Ragonde, sous les traits de  la très alerte Alexise Yerna,  explique de façon joyeusement théâtrale que l’ état cataleptique de sa maîtresse est dû  à l’absence cruelle de l’époux, parti cueillir des lauriers dans les plaines musulmanes.

Le Comte Ory

Autre décalage, Podalydès ne résiste pas à l’envie de dépeindre l’emprise de la religion catholique du 19e siècle  sur les personnages de l’histoire, profitant de faire débarquer les compagnons du comte,  déguisés en nones libertines, question d’enfermer,  l’ivresse du désir sous le voile et les chapelets et de la rendre plus folle encore. 

Après une  introduction musicale tonique projetée sur fond d’une  peinture d’époque représentant les rivages d’Afrique,  les assauts guerriers, le carnage,  le siège  d’une ville…,  le voile se lève sur l’intérieur du couvent éclairé par une  lumière sourde qui  tombe à travers les croisillons de hautes fenêtres inaccessibles.

Le Comte Ory

La guerre au puritanisme est engagée.  Le bric-à-brac hétéroclite d’un mobilier d’église s’offre à la vue.  On a empilé une chaire d’église, un confessionnal, un saint-sacrement, des prie-Dieu, des chaises et le va-et-vient de l’ermite  joufflu qui promet  de les soigner de tous leurs maux les jouvencelles du village qu’il accueille à bras ouverts. C’est le Comte Ory déguisé. La foule de villageois apportant des fruits et des laitages, chante des rimes bucoliques où se chevauchent badinage, feuillage et filles  presque sages. Ah le délicieux timbre de Julie Mossay en Alice ! Le moine, présent des cieux, se met à boire. La flûte de l’orchestre  joue l’espièglerie, les vocalises moqueuses sur le mot « prière » installent un climat comique d’une belle impertinence, et un paralytique touché par la grâce,  lâche même soudainement ses béquilles ! « Venez, mes toutes belles, je donne des époux ! » promet le vertueux homme, prêt à accueillir les prières des demoiselles dans son humble chaumière à tout moment. Voilà, le ton canaille est franchement donné !

Le Comte Ory

 La scène suivante confirme l’esprit fripon de l’ouvrage car  elle met en scène le « gouverneur » du Comte (en fait le pendant masculin de la gouvernante  d’une dame) qui se plaint  amèrement de la dureté de sa  mission. Laurent Kubla  tient magistralement ce rôle, même s’il est taillable et corvéable à merci et se plaint amèrement en enchaînant les graves les plus vertigineuses. Il est  envoyé par le père du comte pour essayer de récupérer  le  gredin de fils fugueur accompagné d’un machiavélique  Raimbaud, (Enrico Marabelli) à la présence scénique dynamique.  La colère du « gouverneur » monte au rythme de son désir secret de se livrer à  d’autres plaisirs. La fin de l’air le retrouve assis à califourchon sur la chaise d’église,  comme  pour entamer un 80 chasseurs.

Le Comte Ory

On n’a pas eu la berlue… Du confessionnal et des armoires, sortent des belles aux épaules dénudées et aux voix lascives…  Le reste est de la même eau, bien que toujours bénite. Un peu grises, elles chantent à tue-tête « Sortons d’ici ! » mais restent toutes, rivées à l’aventure. Le comique d’oppositions règle l’opéra d’un bout à l’autre. Rien de vulgaire cependant,   tout est tracé au cordeau, dans la suggestion et les double-sens. Où que l’on tourne les yeux ou les oreilles, le désir de conquête amoureuse est incandescent et inassouvi…

Le Comte Ory

Si, Dame Angèle, qui n’a rien de franchement angélique, se dérobe aux projets  d’Isolier,   le cousin dont elle est tombée amoureuse et qui accessoirement sert de page  au comte Ory,  elle se prête sans vergogne,  à au  marivaudage impénitent, bien qu’elle assure n’aimer que lui.  Jodie Devos, sûre de son pouvoir,  est  étincelante dans ce rôle de diva et  ses vocalises  acrobatiques ont la fraîcheur et la sève brute de la séduction juvénile.

Le Comte Ory

 Le double sens devient apothéose dans l’air d’Isolier incarné par une femme,  José Maria Lo Monaco qui clame «  on verra qui de nous deux l’emportera » et assure que « le noble page du Comte Ory sera un jour « digne » de lui ! »  Encore un double sens !  Les bravi saluent les voix croisées éblouissantes du généreux Antonio Siragusa pour le Comte Ory  et  la pureté naïve des beaux phrasés du page  José Maria Lo Monaco  tandis qu’ils  s’escriment,   joignant  le corps  à la voix dans un combat de bras de fer, au propre  comme au figuré.  On le voit, cet opéra est pure jouissance de surprises, de contrastes et de vie.

Le Comte Ory

 L’humour musical généré par la direction pétillante de l’impétueux Jordi Benàcer est irrésistible. Il surligne, dans une grande connivence avec le public,  les moindres postures,  jeux de mots et déplacements ou changements d’humeur.  Il nous fait  pressentir  le rythme  fluctuant des voix, comme s’il disposait d’un stéthoscope enregistrant les phases  du désir brûlant régulièrement bridé.  Son orage est parodique et sa sa prière-beuverie ressemble à un De profundis estudiantin! Tant et si bien que le public se retrouve  finalement vraiment complice dans la scène  à trois, sur la couche  de la comtesse, car seul  le Comte Ory déguisé  cette fois en sœur Colette,  semble ignorer combien ils sont, ou feint de savoir compter jusque trois.  Le méli-mélo amoureux…amour charnel (Ory) et amour pur (Isolier) se termine par le retour imminent du croisé de mari,  qui n’y verra sans doute que du feu …. Comme dans la chanson  estudiantine.


Dominique-Hélène Lemaire

A L’opéra de Liège du 21 décembre au 2 janvier 2019

Avec : Antonino Siragusa (Le Comte Ory), Jodie Devos (Comtesse Adèle), Josè Maria Lo Monaco (Isolier), Enrico Marabelli (Raimbaud), Laurent Kubla (Le Gouverneur), Alexise Yerna (Dame Ragonde), Julie Mossay (Alice), Stefano De Rosa (Mainfroy), Xavier Petithan (Gérard), Ludivine Scheers, Réjane Soldano, Stefano De Rosa, Benoit Delvaux, Alexei Gorbatchev (Coryphées)

A Charleroi Le Samedi 5 janvier 2019 – 20:00
► Lieu 
PBA / Grande Salle
► Réservation 
071 31 12 12
www.pba.be / https://bit.ly/2N9rqk1

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1._le_domino_noir_officielles_logo_c_lorraine_wauters_-_opera_royal_de_wallonie-25.jpg« O douce soirée! Moment enchanteur!  Mon âme enivrée renaît au bonheur! » Chaque année, une jeune et riche  aristocratique nommée Angèle quitte le couvent pour se rendre à un bal masqué sous le  couvert d’un «Domino noir». Horace  est tombé amoureux d'elle, l’an dernier au bal de Noël donné par la Reine sa cousine,  et  il la retrouve aujourd’hui. Angèle porte bien son nom…  « Qui je suis? Une fée, un bon ange qui partout suit vos pas, dont l'amitié jamais ne change, que l'on trahit sans qu'il se venge,  et qui n'attend pas même, hélas un amour qu'on ne lui doit pas! » Tout l’art sera de faire tomber un à un les masques afin que les deux amants  soient capables de s'unir. 

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 Daniel-François-Esprit Auber a écrit de la musique sur un livret de Scribe qui est léger et brillant, Berlioz le décrivant comme "vivant et amusant, une de ses plus belles partitions". Avec Anne-Catherine Gillet et Cyrille Dubois dans les rôles principaux, nous avons été enchantés. Mais le reste de la production n’est pas moins scintillant. Un brillant François Rougier dans le rôle de Juliano, le compagnon d’Horace et Brigitte la suivante d’Angèle forment un  duo  jubilatoire mi-paon, mi-mimosa comme en témoignent leurs incroyables parures. Antoinette Dennefeld,  tellement primesautière dans son air  "Au réfectoire, à la prière" à l’acte III.

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 Beaucoup moins poétique et un peu lourdeau, ce faux accent anglais de Lord Elfort qui, gonflé de jalouse possession a laissé sa femme à l’hôtel et vient faire des ronds de jambe au bal masqué, déguisé en  prétentieuse pintade/hérisson, grossissant ses plumes après chaque réplique ou couplet, en vertu de la ponctuation. Mais il faut bien que l’on se moque… Beau masque!  

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Dans un jeu d’aiguilles fantastiques,  le temps s’emmêle et Angèle,   ayant perdu son amie et fuyant le bal comme Cendrillon,   se retrouve à jouer le rôle de servante Aragonaise auprès de la plantureuse Jacinthe, une ultra généreuse Marie Lenormand,  gouvernante  de  Juliano le vieux garçon…  Un morceau de choix, où courtisée par quarante gaillards, et contrefaisant un accent du terroir,  elle leur tient la dragée… haute!  Horace qui est arrivé, la reconnait… Quelle imposture et quel supplice! Se pourrait-il qu’elle ait la cuisse légère? Pour récupérer les clefs du couvent elle se présente en noir fantôme à  Gil Perès (un  drolatique Laurent Kubla), l’amoureux de Jacinthe et concierge du couvent,  qu’elle terrorise… Encore une métamorphose  réjouissante! Pire encore, la voilà  devenue Abbesse surmontée d’une tiare en forme de tout Eiffel… à qui le jeune Horace confie ses peines de cœur, cette fois sans la reconnaître!  Mais il suffira d’un coup d’ordonnance royale pour réordonner cette ludique et malicieuse  Midsummer night’s dream à la française. Coup de chapeau à dame Ursule sous la voix bien timbrée de Sylvia Bergé.

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Les décors, les costumes façon Boris Vian, et les mélanges techno / opéra de nos grands-parents ont de quoi faire rire et  combler nos attentes d’univers féerique en Absurdie.  Ce  beau morceau de dépaysement lyrique et visuel est mis en scène par  les metteurs en scène Valérie Lesort et Christian Hecq, l’homme de Nivelles qui habite à Paris et  dont c’est la première mise en scène lyrique. Il est Sociétaire de la Comédie Française.  Ensemble, ils déploient  une belle verve dans la construction et un esprit de gaieté éblouissant!  

 

 

Ainsi le théâtre caracole  joyeusement , les comédiens-chanteurs sont engagés, la musique  joue gaiement les quadrilles sous la baguette enjouée de  Patrick Davin  tandis que les portes  mystérieuses du Bal et du couvent, s’ouvrent et se referment gracieusement et qu’un chapelet ininterrompu  de voix  charmeuses et cabotines, de timbres ravissants naviguent  avec aisance  sur une partition  que l’on croyait oubliée. Qui donc  pourrait prétendre que l’on n’entend que de la musique italienne à L’Opéra de Liège? 

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/stefano-mazzonis-di-pralafera-une-figure-remarquable-directeur-de

Une presse unanime! 

https://www.forumopera.com/le-domino-noir-liege-0-de-matiere-grasse-100-de-plaisir

  

http://toutelaculture.com/spectacles/opera/domino-noir-opera-romantico-vaudevillesque-servi-belle-legion-de-chanteurs-comediens/

 

http://www.crescendo-magazine.be/retour-brillant-dun-chef-doeuvre-parfait/

 

https://www.olyrix.com/articles/production/1811/domino-noir-daniel-francois-esprit-auber-opera-royal-liege-wallonie-avis-critique-chronique-article-compte-rendu-patrick-davin-valerie-lesort-christian-hecq-anne-catherine-gillet-cyrille-dubois-antoinette-dennefeld-francois-rougier-marie-lenormand-laurent

http://www.lalibre.be/culture/scenes/opera-un-domino-drolatique-poetique-et-magique-5a91479bcd70f0681dd6bd72#.WpNE5KTI3ls.facebook

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Que du beau monde ce dimanche  après-midi à la  première du Barbier de Séville à l'Opéra Royal de Wallonie !  Pas moins de quatre belges dans la distribution ! Avec tout d’abord, la toute  resplendissante et exquise  Jodie Devos dans son premier grand rôle sur  une  scène lyrique européenne, à 27 ans à peine. Soprano Coloratur, elle ne manque pas de nerf et  tient  le rôle de Rosina avec puissance, virtuosité  et  une malice théâtrale incomparable. La mezzo-soprano Alexise Yerna  tient avec immense générosité le rôle drôlissime de Berta, l‘autre  personnage féminin, tout aussi impertinente que Rosine dans  cette œuvre de Rossini. Continuons dans les superlatifs : Figaro, c’est l’illustre baryton  belge Lionel Lhote, aux prouesses vocales remarquables, flanqué d’un apprenti coiffeur  muet mais délirant - une femme poids plume,  d’une inventivité et d’une mobilité scénique soufflantes. Attention, elle fait vraiment le poids, face à l’humpty dumpty hilarant  qui sert de concierge au Dottore Barnabo, Barbaro ou Brabando ? (… on s’y perd !),  le vieillard qui  veut décidément épouser la jeune Rosine!  On retrouve un adorable  Gustavo De Gannaro dans le charmant comte Almaviva, si discret sur son état de fortune et si délicat dans ses états d’âme. L'excellent Laurent Kubla, inénarrablement sérieux et compassé  mais  totalement drôle incarne Basilio, l’inséparable  comparse d’Enrico Maria Marabelli, tout simplement extraordinaire dans le rôle de ce vieux barbon jaloux de Bartolo, voilà, c’était cela, son nom! Ensemble sur scène, ils  forment un curieux binôme explosif qui fait souvent penser à Don Quichotte et Sancho Panza,  hormis le caractère !

12273125064?profile=original Mais c’est surtout l’esprit de la Commedia dell’ arte qui s’invite à chaque instant dans ce Barbier de Séville hilarant, avec quelques anachronismes bien dosés,  du comique de situation et d’action particulièrement efficace et bondissant,  créant des fous rires en cascades chez les spectateurs réjouis par l’allure du spectacle. Par politesse, certains se retiendront, d’autres éclatent de rire sans complexe. La société bourgeoise de l’époque de Rossini en prend pour son grade ! Touché, coulé !   C’est que cette belle ouvrage est  mise en scène avec l' élixir  parfait de l' humour  parodique  par Stefano Mazzonis Di Pralafera, le directeur des lieux. La diction italienne a été jalousement corrigée, et  patiemment mise au point par ses soins! Un mot encore, les sous-titres néerlandais ne manquent pas d’humour, ils vont, paraît-il,  puiser  leur sel dans le phrasé hergéen!

 12273125297?profile=originalLes chœurs, peu nombreux mais très efficaces,   ont  soigneusement peaufiné leur participation sous la très méridionale baguette du jeune chef Perre Iodice, de l’opéra de Marseille.  Celui-ci remplace depuis Ernani, l’ancien  chef de chœur attitré de l’Opéra de Liège Marcel  Semirama, qui s’est retiré de la vie professionnelle après de longues et fructueuses  années de service artistique. Et tout cela avec le  joyeux maestro Guy Van Waas qui participe aux élucubrations tragico-comiques jubialtoires en allant jusqu’à oser jouer Le valeureux Liégeois au clavecin en plein milieu d’une scène!

 Les quatre soirs font  déjà salle comble. C’est une reprise brillante, remaniée avec des gags du jour à haut potentiel désopilant, le tout servi par une qualité musicale très haut de gamme.

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/il-barbiere-di-siviglia/propos-de-loeuvre

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Les Joyeuses Commères de Windsor

De  Otto Nicolaï

Direction musicale: Christian Zacharias - Mise en scène : David Hermann

Avec : Franz Hawlata (Sir John Falstaff), Anneke Luyten (Frau Fluth), Werner Van Mechelen (Herr Fluth), Sabina Willeit (Frau Reich), Laurent Kubla (Herr Reich), Davide Giusti (Fenton), Sophie Junker (Anna Reich), Stefan Cifolelli (Stefan Cifolelli), Patrick Delcour (Dr.Caius), Sébastien Dutrieux (le thérapeute).

L’opéra de Liège accueille en ce début d’année 2015 une oeuvre dont l’ouverture figure souvent au programme des concerts du Nouvel An mais peu présente sur la scène lyrique internationale, malgré sa renommée. Ancré dans la tradition du singspiel, cet opéra aux airs volontairement italiens confirme le pouvoir de séduction de rôles féminins jouant les virtuoses de la malice.

Cet opéra d’Otto Nicolaï ne fut joué que 4 fois du vivant du compositeur,  au Königliches Opernhaus  de Berlin après sa première représentation le 9 mars 1849. Le livret d'Hermann von Mosenthal se base sur la comédie de William Shakespeare The Merry Wives of Windsor écrit en 1602. Dira-t-on que  dès 1893 le très célèbre Falstaff de Verdi lui volera la vedette ?

 

Falstaff, un affreux bon vivant bedonnant a le malheur de déclarer sa flamme intéressée en même temps à deux commères, mariées et complices… Tensions dans les couples : Monsieur Fluth est d’une jalousie maladive. Monsieur et madame Reich se disputent sur les prétendants qu’ils veulent imposer à leur fille Anna, qui aime un adorable Fenton.   Mais dans  son interprétation  résolument moderne, le metteur en scène David Hermann, présente Falstaff, le futur dindon de la farce, comme un objet de désir et de convoitises. Rendez-vous est pris avec la psychanalyse. En effet, Le metteur en scène a supprimé tous les dialogues, tirés de Shakespeare, et a ajouté à la production un psychanalyste en chair et en os,  flanqué de son divan, de sa pharmacie et de ses assistantes. Deus ex machina, ou narrateur résumant régulièrement l’action, il confesse régulièrement en son cabinet chaque personnage ou se lance dans la thérapie de couples. S’ajoute  donc à la drôlerie naturelle de l’opéra-comique concoctée par le compositeur allemand, un rôle moderne parlé en français, tenu avec le plus grand sérieux par Sébastien Dutrieux. Les décors acidulés ne sont pas sans rappeler les stéréotypes d'une banlieue chic des séries télévisées américaines des années 70. Vous serez régalés de la diversité et de l’inventivité des costumes et des accessoires: une collaboration raffinée entre les décors de Rifail Ajdarpasic et les costumes d’Ariane Isabell Unfried.   Falstaff est vu ici comme l’objet de tous les désirs et de toutes les convoitises, un fantasme qui prend réellement corps au troisième acte lors d’une mise en abime romantique où l’on retrouve Puck /Obéron  avec des citations de la musique de Weber, dans une atmosphère de fantasmagorie Shakespearienne  totalement onirique.

Sur toute l’œuvre, souffle un esprit parodique bienvenu. La musique dirigée avec vivacité et humour par  le grand Christian Zaccharias,  reflète aussi l’ambiance joyeuse de l’Allemagne du sud. Les femmes se donnent rendez-vous dans un Weinstube solidement kitsch dont le  fronton en triangle lumineux singe, à en croire  celui de l’opéra de Liège. Beaucoup de jeux de mots farceurs fusent entre l’allemand et le français, une action débordante anime la scène, sans aucun temps mort, les colères explosent, les griefs domestiques déferlent. Les voix sont au diapason de l’action. Anneke Luyten  investie corps et âme, projette avec force une bourgeoise brûlante, impatiente et déterminée. Le baryton Werner Van Mechelen véritable maître de comédie, séduit par sa présence scénique et sa diction exemplaire.  Laurent Kubla joue de son timbre élégant et souple qui souligne une belle expressivité.

Le jeune amoureux d’Anna (une délicieuse Sophie Junker) à la voix suave plus que caressante et juvénile (Davide Giusti) est un basquetteur à cheveux longs, au phrasé de Roméo complètement craquant!   Des applaudissements nourris et des ovations  accueillent chaque artiste lors du salut final dont on peut  souligner la distribution très homogène, totalement impliquée dans l’action, les deux prétendants Patrick Delcour et Stefan Cifolelli, assumant leur rôle avec beaucoup d’humour et de présence, sans parler de Flastaff-Franz Hawlata, qui s’éclate dans l’ambiguïté de son rôle.

Nouvelle production: Opéra Royal de Wallonie-Liège,
en coproduction avec Opéra de Lausanne

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/les-joyeuses-commeres-de-Windsor

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12273023481?profile=original12273023069?profile=original12273023893?profile=original Opéra de Liège: La Gazzetta de Rossini,

 

Jan Schultsz, direction musicale
Stefano Mazzonis di Pralafera, mise en scène
Cinzia Forte, Enrico Marabelli, Laurent Kubla, Edgardo Rocha, Julie Bailly …

 

Pour clôturer la saison  2013-2014 dans la bonne humeur et saluer le début de l’été et ses festivals, cinq petits jours de très belle représentation lyrique. Rien de mieux que de se rendre dans la Cité Ardente au magnifique Opéra de Liège et applaudir un conte d’été, une farce désopilante de Rossini, ayant pour titre « La Gazzetta », une oeuvre méconnue dont on vient de retrouver en 2012 à Palerme le quintet manquant. Vous entendrez  donc de surcroît, une première mondiale !  Cette œuvre allie la  pétillance et la drôlerie de l’opéra bouffe et  un propos nettement satyrique. En effet le directeur de l’Opéra royal de Wallonie, Stefano Mazzonis di Pralafera est soucieux de redécouvertes et d’inédits qu’il inscrit  au programme de sa saison lyrique.

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 Un Don Pomponio très pittoresque  (Enrico Marabelli*) et Anselmo (Jacques Catalayud)  sont descendus dans une auberge parisienne avec leurs deux filles, Lisetta (Cinzia Forte) et l’exquise Doralice (Julie Bailly). Pomponio passe une annonce dans une gazette pour marier Lisetta avec un parti bien nanti, mais  la coquine  entretient déjà  une idylle avec l’aubergiste Filippo (le baryton Laurent Kubla). De son côté, Doralice est courtisée par le beau Traversen (Roger Joachim*), mais préfère convoler avec Alberto ( le ténor Edgardo Rocha) très doué en lamentations et qui parcourt le monde à la recherche de l’épouse idéale, « une Mademoiselle ».


Midsummer Night’s Dream à l’italienne:  une avalanche de quiproquos très déconcertants jouant sur l’échange d’identités  affole Pomponio,  le pauvre père qui se rendre compte qu’il n’est  même plus capable de reconnaître sa propre fille déguisée dans une habile scène de turqueries. Confondu et vaincu, il se rendra finalement aux arguments de la belle la laissera épouser qui elle veut.

 Les deux jeunes filles pleines d’esprit, de bagou et de beauté ravageuse rivalisent d’astuces pour détourner leurs pères de leurs desseins matrimoniaux et exploitent toutes leurs ressources expressives et vocales pour convaincre les récalcitrants. Les jeunes amants sont émouvants, romantiques et tendres comme on les rêve !  Belle fusion, sur scène de la musique du verbe, du chant et du geste. Le chef des chœurs est Seminara.

 L’ORW nous offre un spectacle de qualité dont la badinerie amoureuse séduit  mais aussi le contenu satyrique à propos des mariages arrangés ou des nouveaux modes de rencontres matrimoniales en vigueur  à notre époque sur internet. Un décor entre balai de paille et smartphone dernier cri. Laurent Kubla, Lilo Farrauto, Enrico Marabelli et Edgardo Rocha sont Filippo, Tommasino, Don Pomponio et Alberto   Mais un décor peut en cacher un autre,  derrière la façade d'époque de l'hôtel L'Aquila, se cache un décor résolument 20è siècle  où défilent même des images de la CNN en continu! La surprise surréaliste – les décors sont de Jean-Guy Lecat – c’est de relier La Gazzetta aux médias actuels qui en prennent pour leur grade avec légèreté et comique délectables. Sur scène une troupe bigarrée d’artistes et des solistes au mieux de leur voix.  Chaque costume est une œuvre d’art. Ils sont signés Fernand Ruiz.   On hésite entre le carnaval de Venise et les super héros des années 80 ou qui sait, l’imaginaire de Lewis Caroll !

A tout prendre, rien que Cinzia Forte vaut le déplacement, Elle a des airs de Madona et une voix enchanteresse qui domine les chœurs avec grande fraîcheur.  Suave plaisir des yeux et des oreilles. Imaginez une blonde  ultra-sexy, moulée dans une  robe rouge et talons aiguilles assortis, affublée d’une valise Barbie… qui débarque en touriste à Paris au début du siècle (lequel ?)  …et qui chante son bonheur à gorge déployée ! On est remué par son  duo d’amour dans les ascenseurs avec Laurent Kubla. Un marivaudage très étudié et saisissant de vérité. Je t’aime… moi non plus, façon 19/21ème, chacun dans sa bulle avec un point de rencontre très touchant. Amis de l'opéra, vous retrouverez Laurent Kubla** lors du festival Opéra en plein air cet été dans La Bohême dans une distribution talentueuse avec  Albert-André Lheureux pour la mise en scène et Elvis Pompilio aux costumes.

 

Et qu’on se le dise, La  Gazzetta, cette nouvelle production chatoyante de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège durera un peu plus que ce que durent les roses puisque vous pourrez regarder et écouter la dernière retransmission en direct  de la saison sur le web dès le 26 juin à 20h sur le site de l’Opéra royal de Wallonie ORW à Liège.

 

 

* que l’on aura l’immense plaisir de retrouver la saison prochaine dans le spectacle d’ouverture de la saison «  La Cenerentola »

** dernièrement à l’OPRLW dans « La grande Duchesse de Gerolstein »

 Et Laurent Kubla ?  Cet été, au Palais des Princes-Evêques à Liège ou aux Châteaux de Bois-Seigneur-Isaac et Ooidonk ! ici :  http://www.070.be/opera/Jury/laurent-kubla-marcello/

Opéra de Liège: La Gazzetta de Rossini, Direct live le 26 juin 2014

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Insolite compagnie Biloxi ? Ou comment dynamiser, révéler et amplifier par une mise en scène et une scénographie étourdissantes, les textes les plus riches et les plus …insolites !  Ajoutez à cela,  la présence  magnétique  d’un Pietro Pizzuti immense dans  son  feu d’artifice d’affects à fleur de peau ...et vous aurez une idée de ce qui se passe sur scène, lors de la représentation du « Roi se meurt » d’Eugène Ionesco  au  théâtre des Martyrs en cette fin de saison. Très dommage d’ailleurs que ce spectacle ait été programmé si tard dans l’année car les sorties scolaires  autorisées  par les directions  d’écoles s’arrêtent souvent après  les vacances de Pâques!

 

Le texte est un tissu de thèmes, tous plus  satyriques  les uns que les autres. Il vise   la fragilité de la planète sur laquelle nous vivons, la relation à L’Autre,  les abus du pouvoir absolu et  les questions existentielles universelles. Ionesco, au seuil de la mort écrivit  cette pièce dans l’urgence pour tenter d’apprivoiser celle-ci. Il met en scène  le roi Bérenger qui règne depuis quelques  siècles et refuse formellement   d’accepter  l’annonce de sa fin prochaine, prévue dans une heure trente ici,  dans la salle du trône glaciale  de ce plateau, lui dit-on. Il se débat furieusement contre la fatalité et veut  s’accrocher aux quelques bribes de ce royaume qui s’amenuise de minute en minute, sous nos yeux. La vie, notre royaume ? La vie n’est-elle qu’un rêve ? Ou un catalogue de catastrophes naturelles dirigées par les astres ou par l’orgueil humain? « Il était une fois un roi très vieux et très puissant, qui commandait aux astres et aux hommes, qui avait fondé toutes les villes, inventé toutes les machines, écrit toutes les œuvres, et qui était si occupé qu’il avait fini par croire qu’il était immortel. » Au lieu d’un roi décrépi en barbe blanche, nous avons devant les yeux un comédien traversé par  une énergie solaire, les pulsions et les passions  qui est soudainement frappé à mort. Il rend son agonie est plus poignante que le solo d’un danseur de chez Béjart. Torse, nu, pieds nus et en jeans, il nous emmène dans une lutte paroxystique pour retenir la vie et échapper aux boues de la mort pour ensuite nous engager dans une inoubliable catharsis lorsqu’il accepte de plonger dans le fleuve de l’oubli.  

 

 Deux femmes qui l’aiment différemment lui prodiguent conseils et encouragements. L’une, la reine Marie (Anaïs Tossings), sa seconde épouse lui rappelle sans relâche son attachement amoureux  inconditionnel et les jeux futiles de l’amour, des bals et des plaisirs  dont il est si friand.  L’autre, la reine Marguerite, l’admoneste vertement et l’accuse de ne s’être jamais préparé à l’inévitable. Le jeu de l’actrice donne le frisson, au point de se demander si ce n’est pas la femme du diable ou carrément la mort qui règne sur la scène. Elle se fait profondément détestable et est accompagnée d’un ange de la mort non moins redoutable : une femme médecin et bourreau - exécutrice. Mystérieuses déesses de la mort, toutes deux conjurent pour qu’il accepte enfin la fatalité et se déleste enfin de ses illusions, une par une, lui indiquant sous leur doigts habiles et caressants le chemin de la raison et de la sérénité. Deux formidables comédiennes: Valérie Bauchau et Catherine Decrolier.  LE ROI SE MEURT - Compagnie Biloxi 48 -4.jpg

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On peut  aussi voir cette pièce aussi comme l’angoisse de la création pour l’écrivain qui, ne trouvant pas l’inspiration, s’endort et rêve qu’il meurt. Catharsis du lâcher prise et du renoncement, il se réveille …au paradis ?  Un paradis qui le fait se remettre joyeusement à écrire devant son ordinateur, entouré de ses livres et de sa chaîne HiFi , ayant  osé regarder en face  toutes ses chimères et ses angoisses.  

 

Dans Le roi se meurt, « Ionesco décrit une expérience intime et douloureuse : son agonie à la suite d’une longue maladie, à 53 ans. Écrite dans l’urgence en une dizaine de jours, la pièce a eu sur lui un effet thérapeutique. Drôle, sublime, profondément humain, cet inclassable chef-d’œuvre illumine tout le théâtre d’Ionesco par son étrange onirisme qui réussit à transmettre le choc intolérable de l’annonce d’une mort prochaine. Un texte aux résonances universelles.» Un texte porté par une splendide distribution et une mise en scène (Christine Delmotte) incontestablement riche de signifiés et toujours débordante d’une multitude de  détails inventifs qui transforme le comique en tragique immensément tragique.

Autour de PIETRO PIZZUTI : Béranger 1er, le Roi

Valérie Bauchau : La Reine Marguerite,  première épouse (morte ?) du roi Bérenger 1er

AnaïsTossings : La Reine Marie  deuxième épouse du roi Bérenger 1er

Catherine Decrolier : la doctoresse, chirurgienne, astrologue et bourreau de justice

Les manants:

Flora Thomas : Juliette  femme de ménage et Fabian Finkels, le garde

Jusqu’au 25 mai 2014 au


 THEATRE DE LA PLACE DES MARTYRS


Place des Martyrs 22  - 1000  Bruxelles


Infos Réservations : 02 / 223 32 08 

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administrateur théâtres

1606895_10151903374689212_1488373188_n.jpg?width=960Le Grand Soir
de Jean-Louis Leclercq et Patrick Chaboud

Créé au Magic Land Théâtre en 2009, Le Grand Soir fait son come-back ! Il nous revient réactualisé, initiateur de nouvelles révoltes mais aussi fournissant de nouvelles solutions !

Si vous vous demandez toujours pourquoi laisser une planète propre à nos enfants quand on voit le bordel de leur chambre ?
Ou pourquoi la raquette de Fédérer a plus de valeur que celle des Inuits qui se les caillent aux pieds ?
Alors venez découvrir les réponses (et bien d’autres) qu’offrent Paul Klut, ex-humoriste révolté reconverti en conférencier politique, et son incroyable acolyte Maurice !

Un spectacle décalé, drôle, persifleur et sarcastique, avec Jean-Louis Leclercq et Stéphane Stubbé, jusqu'au 15 février aux Riches-Claires !
Infos et réservations : 02 548 25 80 * www.lesrichesclaires.be
http://vimeo.com/84202408

Mise en scène : Patrick Chaboud
Auteur : Jean-Louis Leclercq et Patrick Chaboud
Avec Jean-Louis Leclercq et Stéphane Stubbé

http://www.meletout.net/klark/klark-theatre/

images?q=tbn:ANd9GcRf3n2OBSt7Cd6W3mYu6OfIVbZfQAk3YUFNtDkFJQuhR_dbSk1q  Ranimer le Désir!

Bienvenue à la tribune de Jean-Louis Leclercq et Stéphane Stubbé, deux joyeux lurons, le maître et l’assistant ès rires, railleries et rodomontades révoltées additionnée de malicieuse générosité. Ensemble, ils composent une série de sketches jubilatoires comme ceux du Fameux Speaker’s Corner à Hydepark. Le décor n’est d’ailleurs pas beaucoup plus élaboré, une tribune suffit, le talent fait le reste, et la pertinence du persiflage. Paul Klut, ex-humoriste révolté est donc reconverti en conférencier politique et son génial acolyte Maurice! Le conférencier appelle aux armes, donne rendez-vous pour une manifestation, où, ironie du sort, ils seront tout juste deux, sauf peut-être avec vous s’ils vous ont convaincus. Un duo qui n’est pas sans rappeler les facéties du grand Don Quichotte et de Sancho Panza. "Nous devons arrêter de regarder passer le monde avec l’indifférence des vaches qui regardent passer un train… de viande de bœuf."

Les sujets de réflexion abondent : les ados, les riches et les pauvres, les téléphones portables, les notices de médicaments, les journées mondiales, les tics langagiers, les bureaux de poste, les afghans dans les caves, la composition impossible des bureaux de vote, les scandales de tout poil.

Mais en définitive nous avons juste besoin « d’avoir envie » et de dire zut à la peur qui fait peur,  pour un prêt à vivre dans la sobriété heureuse ! Une clé du bonheur dans un monde rêvé ? Les artistes pleins de fraîcheur et de bonhommie sont là pour faire rêver et nous rappeler notre nature profonde.

Un haut débit qui enchante, avec un très bel interlude chansonnier  "Un Barbier de Saint Gilles " hilarant - merci à la superbe voix de Stéphane Stubbé, le ténor. Le génie comique est au rendez-vous avec cette touche nostalgique et émouvante des amuseurs publics qui, tout en caressant l’irrévérence, ont des choses à nous dire. Et notre rire de faire généreusement écho à leur vérité, solidarité oblige!

Stéphane Stubbé? Vous vous souvenez? L'inénarrable Winston Churchill dans "No sport"?

http://lazzi.over-blog.com/pages/Stephane_Stubbe-2677442.html

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 LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
Un spectacle sur-mesure pour vos fêtes de fin d'année!
Du 20 au 31 décembre 2013 au Théâtre Royal de Liège
Direction musicale: Cyril Englebert | Mise en scène: Stefano Mazzonis di Pralafera
Ou comment sabrer le champagne avec panache!

A la guerre comme à la guerre! Bruxellois, si vous voulez un dépaysement courrez à Liège, à pied, à cheval ou en voiture, en train pourquoi pas (ils font une offre à 5 euros aller-retour pour les fêtes, renseignez-vous à la SNCB!) Pas de traîneaux, y pas de neige! C’est à deux pas de la place de la République ou de la rue Joffre, des noms qui ont des airs de France, on s’y croirait déjà ! Où donc? Mais à l’Opéra, c’est là où l’on fête avec brio liégeois, l’Esprit Français. On y mange aussi, et délicieusement de surcroît, dans un valeureux décor fraîchement rénové digne des salles Viennoises, pour un prix très doux.

12272980299?profile=originalChorégraphies aux reflets passé-présent, musique des folies parisiennes, parole franche et légère, parodie au premier et au second degré sont au rendez-vous. En effet le directeur général de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège qui est aussi metteur en scène, remet l’œuvre au goût du jour, Frères Taloche  à l’appui pour la mise en abyme, ou abîme, comme vous voudrez, (on accepte les deux orthographes…) Quoi ? Un vieil opéra bouffe du Sieur Offenbach qui signa en 1866 un œuvre sulfureuse à propos de la hiérarchie dictatoriale et de l’esprit belliqueux des va-t’en guerre de l’époque, dans la plus pure tradition de l’opéra-comique. Il veut retrouver le genre primitif et vrai d’une grande musique qui amuse et qui émeut, où c’est le public raillé qui le louange ! « Napoléon III et l’impératrice Eugénie, le tsar Alexandre II, le prince Bismarck, les rois du Portugal et de Suède, le vice-roi d’Egypte ou le prince de Galles se pressent aux premières représentations de cet opéra-bouffe! Et pourtant à l’époque nul ne sera dupe: ils sont la cible d’Offenbach. Lui seul pouvait réussir le tour de force d’être adulé par ceux dont il s’inspirait si cyniquement! »

Stefano Mazzonis di Pralafera a décidé de monter une « Grande-Duchesse de Gérolstein » (1867) revisitée, en réécrivant le texte dans le style de la téléréalité culinaire (si cela vous dit quelque chose, sinon, allez juger sur pièce !) Après la mise en bouche succulente des frères Talochenous pénétrons dans les grandes cuisines de la duchesse avec moultes tables roulantes et fourneaux étincelants, un âtre dans lequel rôtit un agneau, des serveuses en noir et blanc, des poêlons de cuivre, des bacs de bière sur roulettes. « Dansons, dansons, c’est la danse du cuistot » chante une joyeuse foule de bon-vivants à cœurs déployés. Décors astucieux de Jean-Guy Lecat. Parfois, oui on chante, on boit et on danse par nostalgie de la fin-de-siècle ou pour des années folles à venir! Pour conjurer la guerre! Quand tout est perdu, il vaut mieux… rire!

act_1_3.jpg?width=452Le chef Boum (un  Lionel Lhote très  convaincant) se rengorge: « Qu’il est bon d’être MOI! » Tout un programme ! Mais pour le plongeur Fritz (Sébastien Broy, pour la première fois sur la scène de l’OPRLW) et sa chère Wanda (qui n’a rien d’un poisson, l’exquise Sophie Junker) : « Au diable la consigne et vive l’amour !». La Dame duchesse est bien en émoi, car elle veut son Fritz ! En tailleur de brocard jaune la dame au p’tit chien promène son Pékinois ou ce qui en tient lieu avec des airs de Madonna. Patricia Fernandez est débordante d’« esprit » regorgeant de lascivité et de sensualité. Son désir rime avec empire, sa dictature élève et abaisse ses serviteurs, la loi est au fond de la voix. « Ah que j’aime les militaires! » entonne-t-elle avec légèreté ! On est à deux pas de la guerre de 1870. Et nous « fêtons » bientôt le centenaire de 14-18… cette guerre qui a changé définitivement la face du monde! Et nous regardons impuissants, les images de conflits qui sévissent d’un bout à l’autre de la planète…

Même si la duchesse peut tout acheter selon son bon plaisir, cette jeune domestique, la petite Wanda, lui porte vraiment sur les nerfs! Mais c’est l’histoire du Sabre qui soudain fait resurgir la voix de nos aïeuls dont l’enfance a été bercée par ces musique de la Belle Epoque « Voici le sabre ; voici le sabre tu vas le mettre à ton côté ! » Tout-à-fait ce que chantait mon grand-père s’exclame une sexagénaire, pendant la pause, il m’en souvient encore! Ici la parodie de la parodie rend le spectacle encore plus pétillant qu’au temps des crinolines! La maîtresse de la chorégraphie est Laurence Fanon qui valse spirituellement entre jeux d’amour et de massacre…   

12272981885?profile=original La réécriture est très adroite, entre sabre, plumeaux, panache, cocarde, toque et tire-bouchon. On est franchement menés joyeusement en bateau! Le vocabulaire culinaire et militaire filent le parfait amour ! Immanquablement il y aura une histoire de vengeance, puisque dame Jalousie se cache dans tous les couloirs! Mais sur le ton de la fantaisie,  précise la Grande Dame ! « Il faut qu'il tombe, sous nos coups! » rugissent les conjurés déconfits (Paul, Puck et Redbul)! Ah la perte de pouvoir, quel détestable affront! Il y a ce superbe ballet de préparation de la chambre nuptiale du jeune couple  avec une troupe de danseurs fascinants. La chambre des mariés sera tour à tour envahie par les vœux de bonheur nuptial de l'armée de danseurs et par les cris d’une foule guerrière : « Au fourneau, au fourneau ! Il faut aller vaincre ou mourir ! »

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  Il y a cette longue scène d’aveu pathétique où la duchesse s’adresse à Fritz pris au piège de son glorieux palace, et le supplie en cachant son identité : « Ah dites-lui que je l’aime et que je suis belle » ! Un air de nos aïeules ? Il y a les costumes inventifs de Jérôme Bourdin… Il y a cette finale de réalisme matérialiste : le bonheur est peut-être là, « quand on n’a pas ce que l’on aime, on aime ce que l’on a ! » Sagesse populaire, conclue par des folies bergères de Moulin ...Liégeois, tailles et couleurs de guêpes courte vêtues, très toniques qui vous donneront la frite! Il n’y a plus qu’à sabrer le champagne! Et joyeux centenaire à tous!

12272981283?profile=original(©Croisier)

LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
Un spectacle sur-mesure pour vos fêtes de fin d'année!
Du 20 au 31 décembre 2013 au Théâtre Royal de Liège
Direction musicale: Cyril Englebert | Mise en scène: Stefano Mazzonis di Pralafera

Ou comment sabrer le champagne avec panache !

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/la-grande-duchesse-de-gerolstein

 

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Georges Feydeau

Tailleur pour dames

Librairie Théâtrale, 1887.

 

Cette saison, Bruxelles fait la fête aux boulevards. On a mis en scène un bouquet  de vaudevilles étincelants, pas moins d’une douzaine.  Un antidote contre la dureté des temps? La similitude des époques, si bien raillées par James Ensor ? « Tailleur pour dames » de Georges Feydeau n’échappe pas à la règle des bons mots, de la vivacité du verbe, du langage perlé ou diamanté,  à vous de choisir! La caricature sociale  correspond  bien à notre 21e siècle débutant… L’emprise de l’argent, la souveraineté des vanités, les appétits du pouvoir couplés au sexe bien plus qu’à l’amour. La volatilité des couples, sans nul doute, une nouvelle moralité! Le cynisme, le sarcasme et le rire libérateur sont restés les mêmes dans notre monde survolté.  La langue chatoyante, par contre, est moins  courante à notre époque. Chez Feydeau elle prend des airs féeriques et fait  grand  bien à  entendre!

C’est ainsi que malgré le nombre d’œuvres proposées on se presse au guichet pour aller voir « Tailleur pour dames » de Georges Feydeau, au théâtre des Martyrs.  C’est une toute jeune compagnie qui a monté ce chef d’œuvre : « La Compagnie des abîmés » °2005. Ils sont  réjouissants, d’une tonicité et d’un enthousiasme contagieux. Nous les avons vus  dans leurs débuts au Théâtre Mercelis avec "Venise sous la neige". Un spectacle délirant à propos de Chouchous et de Chouvénie  qui  met en scène un dîner de  couples où l’une des convives s'invente une langue et un pays imaginaire. La soirée prend alors une tournure très houleuse et  tout vole en éclats comme dans tout vaudeville qui se respecte.

530496_10151812020912087_38321042_n.jpg?width=357Leurs talents explosent dans cette interprétation magistrale  et savoureuse  de « Tailleur pour dames ». Le décor ? Couleur « 50 shades of grey », cela vous dit quelque chose ? Il cache dans ses jupes des portes qui claquent tout à fait invisibles. Le plateau est une case d’un  damier noir et blanc où vont s’entredéchirer  messieurs et dames broyés dans le laminoir burlesque de l’infidélité. Jeu de dames oblige!  Les costumes aussi sont dans les teintes de gris noir ou blanc, à la façon des films muets. Esthétique très graphique et dictions parfaites virevoltent autour d’un divan rouge et rond comme une pomme perfide.  Au deuxième acte, quelques notes de bleu, le septième ciel ? …Dans un entresol improvisé, atelier de couturière désaffecté. Ah les voilà dans de beaux draps, ces personnages déchaînés,  splendidement costumés,  ayant tous  troqué leurs identités pour camoufler leurs méfaits conjugaux ! Unchain my heart !   Il faut suivre! Monsieur Machin, vous connaissez ? Médecin ou tailleur ?   Enlevez le bœuf, c'est de la vache ! Qui connait encore l’expression?  Allez vous ressourcer dans ce bonheur de scène de haute voltige ! Au troisième acte, retour à la case départ : vivent les postures et les impostures! Trois incomparables couples de scène: l’irrésistible Justine Plume et Gauthier de FauconvalCédric Lombard et Sylvie Perederejew, Nicolas Mispelare et  Elisabeth Wautier  et deux personnages totalement désopilants, la tyrannique Claudie Rion et Etienne, l’inénarrable valet, Mychael Parys.   A nouveau une splendide mise en jeu par Victor Scheffer, maintenant dans la très belle grande salle du théâtre des Martyrs!

http://fr.wikisource.org/wiki/Tailleur_pour_dames

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la_dame_def_sans_vignette.jpg?width=280Le quotidien bourgeois du début du XX° siècle s’expose sur toutes ses coutures en cette saison au théâtre du Parc et jusqu’au 31 décembre !  « LA DAME DE CHEZ MAXIM » est l’un des joyaux de l’écriture de Georges Feydeau, une comédie burlesque au souffle épique  qui dénonce  le caractère grotesque, sinon absurde du conformisme social.

 En piste : Une Môme de Paris couleur crevette (une impayable Julie Duroisin) qui jongle avec la langue du ruisseau comme avec  celle de l’art poétique de Boileau ! « Non mais ! » Et qui enfile les cœurs des messieurs comme des perles en faisant révérences irrévérencieuses « et vas-y donc c’est pas mon père ! »  Elle va ébranler l’édifice tranquille d’un couple de la  bourgeoisie parisienne  bien-pensante.  La femme docteur Lucien  Petypon (prononcer « petit ») est certes une vielle toupie dévote qui adore le surnaturel  et croit aux apparitions religieuses ( Anne-Pascale Clairembourg, craquante étude de caractère). 5..JPG Ce médecin (un Stéphane Fenocchi d’une formidable humanité), flanqué de son ami Mongicourt (Nicolas Ossowski) se veut moderne et est prêt à utiliser le fameux  « fauteuil extatique » lors de ses séances de bistouri, une application moderne des recherches qui se font à l’époque, à Vienne. Allusion non déguisée aux méthodes du fondateur de la psychanalyse et utilisation récurrente de l’objet à des fins du plus haut comique de situation.  Mais là n’est pas la question. Le comique qui tourne au cauchemar est celui du  pauvre toubib - noceur d’un soir – qui va payer très  cher son unique écart nocturne avec la Môme Crevette. Entraîné dans l’aventure par son ami  et va entamer une chute aux enfers fulgurante dès le saut du lit, ou plutôt de la carpette. Pris en otage par  la jeune danseuse, il va devoir  faire bonne figure face à un oncle, le général Petypon  du Grêlé (John Dobrynine) venu lui demander d'assister au mariage de sa jeune pupille Clémentine avec l’un de ses officiers nommé Corignon (Sébastien Schmit), ex-amant de ladite Crevette. Décidée à se venger de l’abandon de celui-ci, la Môme Crevette va se faire passer pour la femme du docteur. La voilà  invitée  à la  noce, bien contre le gré du médecin qui n’arrive pas à arrêter la machine infernale dans laquelle il a été embarqué. C’est une occasion rêvée pour la Môminette  de se moquer de  la bêtise des dames  de province. 6..JPGElle ne se gêne nullement  pour  leur chanter à tue-tête une des  pépites de la chanson grivoise : Le Bonheur d'être demoiselle.  9..JPG Un  moment inoubliable, sans rien de vulgaire, qui fait  se  plier de rire le public du théâtre du Parc en entier. Un autre thème dans cette joyeuse partition est l’imminence perpétuelle de duels pour dettes d’honneur qui assaillent le pauvre mari, lui qui ne ferait pas de mal à une mouche!

 10..JPG Une cascade d’imbroglios et de coups de théâtre se succèdent à un rythme  de plus en plus effréné. Gabrielle, la très dévote  mère tourière  épouse du docteur est partout et le  pauvre  homme s’évertue à empêcher qu’elles se rencontrent. L’homme est ballotté comme un  jouet  dans l’océan de quiproquos par un destin comico-cynique. La mécanique de Feydeau est implacable. A la fin il n’y a pas assez de portes pour faire surgir les personnages en folie, ils tombent des murs, du ciel presque et viennent atterrir sur le dur plancher de la réalité. La mise en scène est  non seulement un  va et vient fulgurant entre portes tronquées, trappes, escaliers et cabinets dérobés mais elle  bouleverse les codes habituels du boulevard par les  mille et un détails inventifs qui cernent le cauchemar et frisent la folie. Avec  la metteuse en scène géniale qu’est Miriam YOUSSEF, on pénètre de l’autre côté du miroir. Et vous emporterez avec vous l’image inoubliable du  dernier tableau qui  est d’une qualité onirique à couper le souffle! Joli début d’année 2014, si vous y allez le 31 !

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2013_2014_002

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« Matière à Rire »

Voilà une belle mort sans doute que celle de mourir de rire ! Mais plût au ciel que nous restions bien vivants et le plus longtemps possible ! D’ailleurs le texte de Véronique Dumont " Album ou les chevaliers, c’est une autre histoire " - contrairement au titre de la pièce - est très clair là-dessus : « Une des personnes du groupe : Tu as une dernière volonté ? Lui : Je veux pas mourir. »12272948653?profile=original

Véronique Dumont s’est emparée d’un sujet tabou pour notre société : La mort. La mort est la seule certitude humaine que l’on a, quant à notre avenir. Notre société en retarde le moment et en adoucit les conditions - l’aseptise et la cache - mais elle continue à faire peur et à hanter les Arts et les Lettres, de la musique à la philosophie. L’auteur de cette création a donc eu pour intention, non de banaliser la chose - la vie et l’actualité s’en chargent suffisamment - mais d’apporter au spectateur quelque chose qui lui fasse du bien. 12272949474?profile=original

Quelque chose qui le distantie de son angoisse. Cetains utilisent la philosophie ou le cheminement spirituel. Pour l’auteur et metteur en scène, LE RIRE est une thérapeutique efficace. Ses personnages sont des surdoués d’idiotie, mode clown bien connu. Cela leur permet comme dans les fous de Shakespeare de sonder sans complexe des questions qui nous échappent. La « pièce » (ou le music-hall, allez savoir !) se structure en cinq fables qui exposent des situations de la triste condition humaine, envisagées sur un ton comique. Les fabliaux essaient d’insuffler à des situations humaines de plus en plus tragiques un traitement médico-poético-méli-mélo-rococo-rigolo.12272949667?profile=original 12272950494?profile=originalMais sachez que la scène hyperréaliste des deux vieilles pathétiques au seuil de la mort a de quoi glacer d’effroi, plutôt que de rire aux éclats. La déchéance physique ou morale n’est pas matière à rire. On ne peut balayer un tabou d’un coup de mise en scène comique ! Et la descente aux enfers dans cette création suit son cours inexorable. L’intention de l’auteur est respectable mais le résultat dans la salle reste plutôt mitigé. Même si ce que le public va regarder n’est qu’une représentation de la vie et non la vie, le spectateur ressort fort embarrassé devant cette cruelle mise à vue.

Maints dociles spectateurs (ou des spectateurs jetés dans l’inconfort) n’ont eu que le rire pour se sauver devant le pauvre homme qui perd un enfant, et devant cette vieille femme qui peine à se trainer dans un déambulateur dans une  interminable scène sans paroles. Certains s’en sont voulu après …d'avoir ri! Peut-être qu’au cinéma, cela intéresserait des cinéphiles vu l’excellent jeu scénique. Ce sont en effet de très bons exercices de style qui conviendraient parfaitement à des examens de Conservatoire. Trop de gens sont confrontés, dans la réalité, à de telles situations, pour s'autoriser à  présenter cela au public sous forme de délassement.

12272951477?profile=original12272952068?profile=originalLe premier « acte » est pourtant très au point (lumières, costumes, jeu, texte) car comme le dit Camus : « l’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. » Ce surprenant épisode « chevaliers » est magnifiquement mis en scène, fin et drôle à souhait, et fait échapper entre les plaques de l’armure des chevaliers des dévoilements très justes sur notre société. Et puis, cela tourne au vinaigre dans « le tricot magie » où l’infortune humaine et la méchanceté sont à vif. Peut-on vraiment en rire ? Vous riiez, vous quand vous lisiez "Le petit Chose" d’Alphonse Daudet ?

L’acte « It’s funny » se devait d’être drôle, par le titre du moins. C’est lui un morceau délirant, totalement incohérent, presque hors-jeu… toujours splendidement interprété et mis en scène, ce n’est pas ce que l’on reproche ! On se souvient aussi avec grand bonheur de la mise-en-scène éblouissante de « Trois grandes femmes » de Edward Albee, l’année dernière au théâtre Le Public par la même Véronique Dumont.

Dernier clin d’œil, pour ceux qui veulent rire : la jovialité de la troupe en pleine forme qui termine le spectacle par une danse "vitale" plutôt que "macabre" est certes un beau morceau de surréalisme, mais nous ne sommes certainement pas morts de rire ce soir-là.

http://www.atjv.be/Album-ou-Les-Chevaliers-c-est-une-autre-histoire Création mondiale

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        Vous cherchiez un remède contre le blues du changement de saison ? Un spectacle qui a été applaudi sur des ruines provençales  sous les étoiles ? Un duo de comédiens étincelants, jeunes  et complices ? Suivez les facéties, intermèdes et clowneries de la compagnie Plume, dans l’un des derniers spectacles présentés par Bernard Damien à l’XL théâtre du Grand Midi. Il va en effet bientôt s’établir définitivement en France dès le 31 décembre 2013. Ses fidèles spectateurs le regretteront, car la disparition d’un tel théâtre dans la vie culturelle Bruxelloise a de quoi laisser un grand vide. Vide comme un grenier vide.

 12272941256?profile=originalVide grenier ? C’est l’un des textes surréalistes écrits par Feydeau et présentés au public dans ce spectacle à rire baptisé : « Eclats de rirrres » ! Mieux vaut rire que pleurer d’ailleurs,  même si Bernard Damien se réjouit lui de quitter nos cieux belgo-gris ou couleur de lait. Cette série clin d’œil - et l’œil de la comédienne Amélie SEGERS a de quoi faire tressaillir ! – apporte détente, et sourire bon enfant. On se prend à se laisser passionner par le jeu  scénique très vif et très varié des deux nez rouges qui gardent leur précieux nez  planté sur leur chapeau. Raffaele GIULIANI qui s’est illustré dans plusieurs pièces magistrales dans ce théâtre en fuite nous est apparu ici sous un angle tout différent : celui de clown pas triste. Les deux comédiens travaillent de concert tout en subtilité et sensibilité. On glousse, on rit, on flirte avec le non-sens et l’on s’amuse de tous les semblants, vrais ou faux,  les quiproquos et situations surréalistes qui plaisent tant à la Belgique.12272941868?profile=original Les sujets sont pêchés par les spectateurs  dans des seaux et cuvettes vides : animaux domestiques, lettre d’amour, mésaventures, voyages en train...   Comme quoi, il a  parfois quelque chose dans le vide ! Et il se passe des choses : comme de la magie théâtrale sur cette scène improvisée à coups de parapluies. Il y a ce perpétuel  duo de monologues  rafraîchissants entre ces deux comédiens dont le sourire et les mimiques étonnent, réchauffent et pétillent sans jamais saouler. Autodérision à la clé.  Feydeau  le dit d'ailleurs: il détèèèste les monologues, remarquez, on s'en doutait un peu!

Un monsieur qui n’aime pas les monologues:

«Non ! je m’en vais ! cela m’agace ! Il y a là, à côté, cette grande brune, vous savez, cette grande brune qui dit des monologues… Eh bien ! Elle en dit un en ce moment !…

Des monologues ! a-t-on idée de cela ! Si j’étais la préfecture de police, je les défendrais ! C’est faux ! Archi-faux ! Un homme raisonnable ne parle pas tout seul ; il pense, et alors il ne parle pas ! C’est ce qui le distingue des fous qui parlent et qui ne pensent pas. Admettre le monologue, c’est rabaisser l’humanité ! On devrait le défendre ! cela me rend malade !»

« Moi, je n’admets le monologue… qu’à plusieurs ; parce qu’alors ce n’est plus un monologue ! » « Tenez, c’est comme les acteurs ! Eh ! bien je les supprimerais, les acteurs ! Ce sont eux qui tuent le théâtre !  » « Tenez ! le théâtre ! on dit toujours : "Il n’y a plus d’auteur ! " Eh bien !  ça n’est pas vrai ! La vérité, c’est qu’il n’y a plus de pièces ! » …Plus de théâtre non plus,  très bientôt. Plus que deux ultimes spectacles*  et place au RRRRRideau de Bruxelles qui va bientôt  pouvoir poser ses bagages et jouer aux Bernard-l’hermite dans ce lieu qui nous est si cheRRR !

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Rirrres,  puisqu’il ne faut pas pleurer !

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d'après ....les monologues de FEYDEAU

 

 DÈS CE SOIR ET ENCORE DEMAIN, rions de bon cœur aux facéties burlesques  de la Compagnie des PLUMES qui virevolte  de jeux d'esprits en jeux de mots, de situations vaudevillesques en épisodes tragi-comiques !

Un moment de plaisir, de rire et de détente à l'XL Théâtre du Grand Midi.

En coproduction avec La Cie des PLUMES que vous avez pu applaudir à L' XL Théâtre lors de la création de UN CERTAIN PLUME de Henri MICHAUX

 

avec

Amélie SEGERS et Raffaele GIULIANI

 

Du 17 au 21 septembre 2013 à 20h30 - Petite Salle

 

Réservations conseillées au 02 513 21 78

 

XL Théâtre du Grand Midi - Direction Artistique Bernard Damien - rue Goffart, 7a 1050 Bruxelles

http://www.xltheatredugrandmidi.be/   info sur les deux derniers spectacles

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Du 19 septembre au 20 octobre 2013, au théâtre du Parc

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La plongée dans nos nuits par  Dominique Serron et Vincent Zabus : « Enfin, après 1001 nuits, la transformation complète de l’homme le révèle, aimant et pleinement pacifié. »

 

La réalité ? On a pendu la crémaillère chez Laurent (éditeur, la quarantaine) et Laure, qui ont emménagé dans un appartement improvisé dans une ancienne librairie  désaffectée, autre réalité. Peut-être celle de L’ombre du Vent … A cet événement, ils ont choisi le thème de la fête : les contes de mille et une nuits… Hasard ? Nécessité ? La réalité appelle-t-elle l’imaginaire ou est-ce le contraire qui se passe?  Une dispute Shakespearienne a surgi au sein du couple, « the green-eyed monster » plante ses crocs au fond du cœur de l’homme ! Laurent est jaloux ! Il a besoin de sa dose de valériane pur pouvoir dormir mais il a évidemment  perdu la clé de l’endroit où elle est rangée.

 

12272938870?profile=original Nouvelle réalité: c’est  Monsieur  Ibrahim, (l’épicier de la rue Bleue, vous vous souvenez ?) qui débarque et lui présente des cornes de gazelle pour le consoler: «  Mangez ! Et lisez !!! Laissez‐vous envahir l’esprit… » Début du voyage initiatique façon Lewis Caroll. Ces gâteaux magiques, une fois croqués, deviennent les gâteaux aux amandes dégustées par Shazaman et Shariyâr, deux sultans d’un autre âge et d’un autre espace, affolés par « la trahison féminine ».  Entretemps - si l’on peut dire -  l’art de la suggestion, les costumes, les voiles qui voilent et dévoilent,  la danse, les éclairages subtils ont réveillé l’imaginaire du lecteur. L’Orient est là.  Le spectateur, lui, se sent happé dans  la  galaxie théâtrale : c’en est fait de lui, il n’est plus spectateur. Il est  acteur aux côtés de mille et un personnages et a libéré son propre imaginaire.

 

12272939064?profile=originalL’esprit de Laurent se peuple des personnages des contes que lui racontait sa mère. Tout un programme ! L’imaginaire est à la fois évasion et prison, comment s’en sortir ? La sève de l’histoire est la fresque des peurs et des angoisses humaines. Nous sommes dans le théâtre de l’invisible. Voilà les deux sœurs, Shéhérazade (une Antigone orientale  admirablement jouée par France BASTOEN) et sa sœur Dounia… même intelligence, même complicité, même humanité, même soif de justice, hors la  fin funeste d’Antigone. Shéhérazade brave l’autorité paternelle (un Patrick BRÜLL flamboyant). Elle veut arrêter le massacre. Elle a le plan que l’on connait. Elle va métamorphoser le cruel Shariyâr.  Ou Laurent, qui sait ? Ou le spectateur? 

 

12272939859?profile=originalL’histoire a été co-écrite par Dominique SERRON et Vincent ZABUS. Une écriture fluide, généreuse, pétillante d’humour et fourmillant de références. Elle puise sa source dans une très belle humanité et  elle émerveille. Pas étonnant que surgissent alors  tous ces personnages fabuleux et si vivants à la fois, au sein d’imaginaires si bien conjugués ! Les failles de Laurent  sont les chemins qu’il faut  emprunter résolument pour accéder aux questions essentielles. Tous finissent  par se sentir transformés : écrivains, comédiens, spectateurs. Le grand Sigmund a lui aussi traversé la trame de  l’écriture.  La psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim agit en sourdine.   Et le miracle de la réconciliation finit par advenir après des tribulations fantastiques qui mélangent hardiment Laurent, son frère, son père, son patron et sa femme adorée et les personnages de contes.

 

12272940081?profile=originalComme dans l’Oiseau bleu de Maeterlinck, il y a une fée mystérieuse qui guide Laurent dans ses pérégrinations et ses  épreuves.  Le nombre trois est mythique.  Laurent en est conscient et  joue le livre dont il est le héros! Il vogue avec une  présence et une aisance extraordinaires d’un personnage à l’autre. Son regard, ses gestes, ses répliques ne cessent d’interroger passionnément. Malgré ses quarante ans, il a gardé   toute la fraîcheur d’une âme enfantine. Vous vous souvenez du jeune Guy Béart ? C’est un peu lui… Mais de qui parle-t-on ?  Mais du comédien, bien sûr, Laurent CAPELLUTO ! Une personnalité très  attachante et impétueuse. Et Laure, innocente, féminine et moderne en diable, qui est-elle ? Qui est le miroir de l’autre ? Laure ou la délicieuse Laure VOGLAIRE, comédienne ? « Qui suis-je ? » est la question récurrente.  

 

12272940660?profile=originalUne  pièce  incontestablement novatrice et  passionnante. La mise en scène est éblouissante. Les décors poétiques s’effacent, se fondent, s’élèvent, volent presque! Tout y est : depuis les 40 voleurs jusqu’au tapis volant en passant par d’autres contes moins connus.  Musiques envoûtantes (Jean-Luc FAFCHAMPS, assisté d’Aldo PLATTEAU), lumières et costumes féeriques. Beauté scénique à chaque tableau que l’on doit se retenir  d’applaudir.  La troupe de l’Infini Théâtre est merveilleuse, jeune, audacieuse, créative à l’infini. Ils n’ont  certes pas volé leur titre : « the sky is the limit ! »

Mise en scène : Dominique SERRON.

Scénographe: Ronald BEURMS.

Costumes: Renata GORKA.

Lumières: Nicolas OLIVIER.

Création Musicale: Jean-Luc FAFCHAMPS.

Assistant : Valentin DEMARCIN.

Assistante: Florence GUILLAUME.

Assistant stagiaire: Antoine COGNIAUX.

12272941455?profile=originalAvec:
Laurent CAPELLUTO (Laurent (le mari de Laure), le portefaix, le prince endormi)
Laure VOGLAIRE (L'épouse de Lui, la première pucelle, la femme enterrée vivante)
France BASTOEN (Shéhérazade, la deuxième pucelle, la mère de l'adolescent)
Vincent HUERTAS (Le frère de Laurent, le sultan Shazaman, Masrour...)
Jasmina DOUIEB (Jasmina (l’amoureuse du frère), Douniazade (sœur de Shéhérazade)...)
Patrick BRÜLL (Le père de Laure, le Vizir (père de Shéhérazade), Robert l’Ifrite...)
Othmane MOUMEN (Monsieur Ibrahim (l’épicier), les trois Qalandars, la vieille Sacamal...)
Vincent ZABUS (Jean-Jacques (le patron de Laurent), le sultan Shariyâr, Djafar le vizir déguisé)

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Photos:  Isabelle De Beir

En savoir plus: http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2013_2014_001

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Une très vieille légende, "Entre vrai et faux-semblant, jeu et hors-jeu, fiction et réalité ". Un comédien-fétiche légendaire. Et des milliers de fans... d’une comédie qui a fait recette !

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La légende a plus de 20 ans. Elle raconte l’histoire d’un personnage de théâtre imaginaire qui est impatient de rencontrer son auteur et son acteur pour naître au monde. Le voilà soudain qui crève le rideau et toute notion de logique. Et atterrit sans ménagements dans la dure réalité. Du théâtre ou de la vie ? Les abonnés au non-sens, réveillez-vous, vous aurez la part qu’il convient de rire incompressible et de compassion immense pour ce personnage si dérisoire et si humain ! Il y a aussi le machiniste des lumières qui ne cesse d’intervenir en paroles muettes, comme à une répétition. Un allumeur de réverbères ? Une chose est sûre, le régisseur n’a rien d’un "deus ex machina". Au contraire, le pauvre André est assailli d’injonctions contradictoires ! Andros... l'homme?

L’acteur impuissant et terrifié se réfugie dans sa réalité : un petit coussin, son doudou d’enfance que le personnage envoie par-dessus bord à la moindre occasion ! Enfant, dîtes-vous. C’est bien de l’imaginaire de l’enfant qu’il s’agit ! Le personnage derrière le personnage imaginaire, derrière l’auteur, derrière l’acteur est un clown, sorte d’enfant éternel dans ses 6 ou sept ans. Juste avant que l’âge de raison ne cueille sa fraîcheur et son innocence. Homme, petit homme, "Homme, tu es tout petit, petit homme, ta tendresse a raison, ta raison n'atteint pas le haut de tes trois pommes" I love you! D'un balai, il a fait une rapière!

Petit homme … Il affronte vaillamment d’autres personnages imaginaires, joue aux cartes avec le roi Lear, rencontre peut-être Maeterlinck au bord des limbes, mais ne dit rien à ce sujet. Va fièrement donquichotter le hasard, rencontrer le temps – Maeterlinck, encore ! L’Amour aussi, tant qu’à faire ...et sept milliards d'êtres humains réunis sur une même scène, l'instant d'une performance inédite et d'une pièce unique dans l'histoire du théâtre.

Eve Bonfanti et Yves Hunstad, auteurs-comédiens singuliers sont bouillants d’humour à chaud et de finesse. « On vous expliquera après le spectacle », répète l’homme qui a caché ses boucles sous une coiffe moyenâgeuse, à la dame du troisième rang qu'il n'a de cesse de taquiner! Comme Raymond Devos? Pourquoi une dame, d’ailleurs ? On l’attend le comédien, avant le spectacle, de longues minutes, presque trois quarts d'heures, rodage du nouveau théâtre Saint-Michel oblige..., on leur pardonne, c'est leur spectacle d'inauguration. Et il finit par venir, à coup d'applaudissements, comme une vedette attendue. On l’attend aussi après le spectacle, puisqu'il avait donné rendez-vous à la dame du 3e rang! Il se passe de longues minutes, presque trois quarts d'heures, mais il ne viendra pas. Quelques mots à Eve Bonfanti, et les voilà repartis pour d'autres tournées... On emporte avec soi les fils précieux de l'illusion théâtrale et le souvenir d’un cadeau ingénu, jeté à tous vents.

Un spectacle à résonnance poétique universelle qui n’a pas vieilli d’un cheveu ! Vous aurez raison d’y aller ! Et peut-être, de devenir fan vous-même!

 


 

http://www.fabriqueimaginaire.com/index.php?page=news

Théâtre Saint-Michel                                         Salle Culturelle Saint-Michel ASBL                                        

Rue Père Eudore Devroye 2                                         1040 Bruxelles - Belgique

Administration                                                             Téléphone : 02 737 04 44 info@theatresaintmichel.be

Direction et Artistes associés à la programmation              Thibaut Nève et Cédric Juliens                                      Téléphone : 02 737 04 42

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12272935653?profile=original"Reprenons l’ordre chronologique : a)  L’écriture de Roberto Athayde  b) Ce qu’en fit Annie Girardot en 1974, c) Ce qu’en fit le théâtre Le Public en 2013"

 

 Conçu par l’auteur brésilien Roberto Athayde, ce seul en scène était une attaque virulente contre les délires politiques des dictateurs en Amérique du Sud. Une métaphore osée qui met en scène une instit pathétique (silence dans les rangs !) pour combattre un système qui boucle la parole, encourage la délation et réduit l’humain à un porte-faix …. Mais plus personne ne parle chez nous  de ce cinéaste, dramaturge, écrivain  et poète brésilien.

 

Le monologue de Madame Marguerite a fait fureur en France dès qu’Annie Girardot créa sur scène en 1974 ce personnage névrosé de Madame Marguerite. Institutrice de CM2, Madame Marguerite pratiquait avec ses élèves un absolutisme pédagogique quasi intégriste. Elle se sentait investie d’une mission vitale, détenait un savoir obscurantiste absolu (!) ainsi que le pouvoir totalitaire (!). Ses sautes d’humeur, de la basse flatterie à  l’insulte en passant par un registre de propos malveillants exposaient une caricature bienvenue du délire de la violence. Joué  à l’époque devant un auditoire médusé au Paul-Emile Janson à l’ULB avec tout le talent et la férocité dont Annie Girardot était capable, on ne pouvait sans doute pas taxer ce spectacle d’outrancier.    

 

12272935666?profile=originalAvec Le tandem Virginie Hocq (à la mise en scène) et Marie-Paule Kumps (l’institutrice omni-théâtrale), on plonge dans le surréalisme si cher à notre pays. Car le texte a vraiment pris un sérieux coup de vieux tandis que les images du couloir de la salle de classe belge sont  hyper-réalistes. (Bravo à Céline Rappez pour sa scénographie et ses costumes ton sur ton avec les murs jaunes et le tableau vert!)  Les portraits royaux cuvée 2013 sont de la dernière actualité… Dès l’entrée les spectateurs sont conditionnés à être des élèves soumis et sans défense, sauf celle de rire !  Mais comment être touché par ce texte devenu plutôt banal à nos yeux? Certes, il rend compte des gains inestimables de Mai 68, époque révolue, où il était indispensable de combattre le délire dictatorial en général, offrir la liberté sexuelle, libérer les femmes, changer la relation maître-élève. Las, tout cela semble être bien dépassé et finit par ennuyer. Surtout que l'on  reçoit  aussi en plein visage  des tonnes  de préjugés durs à cuire vis-à-vis de l’homosexualité. Et on subit, impuissants, la banalisation et les dégâts de l’utilisation des drogues, tabac compris.

12272936477?profile=originalDe récréatif et vachement critique, le spectacle devient glauque, orné de vulgarités de tous genres et lourd de  platitudes.  Dommage car, après quelques décrochages et bâillements au milieu des rires assidus des spectateurs bien conditionnés, on arrive enfin dans le vif du propos. Alors, les dix dernières minutes du spectacle sont foudroyantes car elles dénoncent la vitesse de l’évolution d’une société où tout d’un coup les choses vous échappent. Comme dans la terrible maladie d’Alzheimer. Cela est très émouvant et splendidement joué par Marie-Paule Kumps. Le travail du jeu de l’actrice est remarquable dans la montée de  son délire psychiatrique.  Madame Marguerite est devenue superbement folle dans cette parodie, car la société est devenue folle!

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UNE CRÉATION ET PRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC. PHOTO©BRUNO MULLENARTS.

Assistanat à la mise en scène: Monia Douieb

Scénographie et costumes : Céline Rappez

Couturière : Carine Duarte

Lumière : Maximilien Westerlinck

Régie : Louis-Philippe Duquesne

Stagiaire régie : Aurore Mignolet

Photos: Morgane Delfosse

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=340&type=1

MADAME MARGUERITE

de ROBERTO ATHAYDE Adaptation Jean-Loup Dabadie

DU 05/09/13 AU 26/10/13

Marie-Paule Kumps sera l'Invité du Public le 5/10/2013

Quelques photos, ainsi que celles d'Arts et Lettres: ici

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Du théâtre de Boulevard, typiquement parisien, dernière pièce dans la programmation Paris-théâtre du centre culturel d'Audergem. "Une semaine . ..pas plus." à l'affiche, pour une semaine seulement,  jusqu’au  28 avril.

Rendez-vous l'année prochaine pour un nouveau cycle!  Dès le  14 octobre avec la comédie de Boulevard de Nicolas Poiret et Sébastien Blanc : "MEME PAS VRAI !"

"Une semaine ...pas plus! "  est une pièce écrite par un jeune auteur parisien : Clément Michel qui s’est accordé le premier rôle de la pièce:  Paul !"

Une comédie de Clément MICHEL – Avec Sébastien CASTRO, Maud LE GUENEDAL et
Clément MICHEL – Mise en scène de Arthur JUGNOT.

 

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Délassant mais pourrait être plus spirituel...ou comment l'esprit vient aux hommes!  

 

12272892297?profile=originalUne histoire fort basique dans un décor tout aussi basique. Un intérieur sans atmosphère entre le bureau et le studio de célibataire. Paul au téléphone avec Martin (l'excellent Sébastien Castro) se plaint de sa relation avec Sophie qu’il ne peut plus voir en peinture après quatre mois de cohabitation. Elle est pourtant enveloppante, gentille et sympa. Trop parfaite sans doute, à part la voix, il la voudrait avec des failles pour se sentir mieux !

Mais il lui manque cette composante masculine essentielle, en totale voie de disparition qui se nomme Courage. Pour la faire fuir, il propose un break, un ménage à trois temporaire avec Martin, au fallacieux prétexte que la mère dudit Martin serait subitement morte, sûr que ce genre de cohabitation ne peut que faire voler les relations en morceaux !


De violents quiproquos se construisent sur des incompréhensions grosses comme des baleines. Lors de l’expérience, non seulement Martin se montre sous des dehors d’homme idéal : respectueux, attentionné, discret, cuisinier et bricoleur joyeux, excellent créateur d’atmosphère. Sophie adore la paupiette de saumon à la mozzarella avec un filet… de jalousie bien sentie de la part de Paul. On vous laisse imaginer la suite : les retournements où elle voudra, ainsi que le scénario le prévoyait, quitter Paul, pour des raisons évidentes.

Mais, effet miroir humoristique, elle n’a pas cette composante féminine  essentielle, en totale voie de disparition qui se nomme Cruauté ! Comique de punching ball en sous-titre d’accidents catastrophiques de camions qui écrasent tour à tour épouses, mères et épouses-mères! Si l'écriture s'avère relativement efficace, l'élément déclencheur de cette copieuse piperade de discours hypocrites et de mensonges paraît bien mince pour engendrer l’adhésion du spectateur obligé de supporter nombre de propos inutilement scatologiques. Probablement que l’idée de départ de la pièce était aussi un peu faiblarde.
Dommage pour des comédiens talentueux qui rivalisent de savoir-faire comique. Certains spectateurs se sentiront même peu empathiques à cause de la voix grinçante prise par la comédienne. Une note satyrique bienvenue émerge cependant de ce vaudeville : l’infantilisation chronique du mâle et la victoire solitaire de la femme totalement maîtresse du jeu.

http://www.ticketnet.be/fr/manifestation/idmanif/6692/idtier/289298#

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administrateur théâtres

12272886487?profile=originalHAMLET

D'après William Shakespeare, mise en scène de Michel Dezoteux.

Du 12 au 30 mars 2013 à 20h30, les mercredis à 19h30.

 

Un vent de folie plane sur le Varia !

« Ce rythme qui t'entraîne jusqu'au bout de la nuit
Réveille en toi le tourbillon d'un-vent-de-foliiiiie…. ».

 

Chacun cultive sa propre folie : « Le monde est fou, fou, fou Voyez-vous... ». Ebouriffée, iconoclaste, voici une variation très  musicale et très moderne de l’Hamlet de Shakespeare, conçue par Michel Dezoteux. Charivari insensé…

Apparence du départ : le très  classique appartement cossu dont l’angle droit  à voilures blanches  ouvre l’œil du public. Changement d’angle : ABBA , le  groupe mythique débarque, c’est le choc ! Les personnages vont à contre-courant de notre imaginaire. La belle Ophélie qui flottait paisiblement  au fil de l’eau, bercée par une rivière en fleurs comme dans la célèbre toile du peintre britannique John Everett Millais, a sombré  dans les ténèbres de l’histoire. Elle est maintenant gringalette, grimée comme un clown, junkie en robe « mais il est où le soleil ? » A la fin, les morts attendus, s’entassent après une course folle entre des gratte-ciels où palpitent des squelettes radiographiés, rouge sang !

Nous voici donc au début dans un lounge au mobilier tape-à-l’œil, moitié laqué blanc 18e, moitié New-York 20e,  pour nous faire un coup au cœur. Car le spectacle est palpitant. Hé oui, la pièce de l’illustre écrivain a été re-sculptée - certains regretteront sans doute ce menu allégé - autour de la folie, thème principal de l’ouvrage. Cette création aux agencements spectaculaires  n’en est pas moins émouvante. Un comédien coulisse entre rampe et clavier, entre rêve et réalité.  L’alliage des dialogues et du soutien musical live est extrêmement ciselé.  Ophélie (Fanny Marcq ) s’envole  avec aisance du bord du micro au  haut de la galerie,  « Encore une chanson ? .

 Mais  surtout, ce qui est drôle pour une tragédie, ce spectacle est  D R Ô L E. Le roi Claudius apparemment  le frère jumeau d’Othello (Denis Mpunga)  est atteint d’amour fou, en plus de sa folie dictatoriale. Folie simplificatrice de l’épuration ? Une foule de personnages de Shakespeare ont disparu. Un  pastiche du médecin fou de la « comédie des illusions », jouée au théâtre du Parc récemment, incarne Pollonius (Blaise Ludik), le père d’Ophélie et de Laerte. Drôle, un fossoyeur sort du terroir ardennais pour confirmer qu’ « un drôle » (prononcez « droll ») rime avec troll et est parfois porteur de sagesse! La reine Gertrude névrosée (Candy Saulnier) ressemble très ironiquement à Blanche-Neige. Le comique désopilant de l’acteur-traître en lunettes de soleil  qui joue sur deux tableaux…séduit.  Il est à se demander si Michel Dezoteux ne joue pas lui-même la folie… comme il joue lui-même du saxo ! C’et paraît-il son propos puisque ce spectacle fait partie d’un triptyque sur la folie, …source de création. La brutalité de l’instinct et des pulsions conduit à l’art, dit « brut » ! dixit Michel Dezoteux. (A suivre !)

Il est évident que le public, massivement jeune, a ri aux éclats et que les spectateurs plus âgés ont applaudi aussi frénétiquement que les jeunes, à la dynamique de cette mise en scène osée, baroque et sulfureuse. Fanny Marcq et Karim Barras sont fabuleux. L’inventivité dans l’utilisation du décor plaît. Les costumes à la David Bowie et surtout l’orchestration musicale très souple, à droite de la scène, ourlent parfaitement les propos. Un micro ….insigne moderne du pouvoir est planté là, au  beau milieu du plateau. Ouf !Le très touchant Hamlet  (Karim Barras ) s’adresse régulièrement au public, de façon plus que sensée et gagne son adhésion, malgré sa « folie » très, très  feinte.  On reconnait que  le texte du Grand William n’arrête pas de donner des frissons, même émietté par le metteur en scène.

COMPOSITION MUSICALE : Rosario Amedeo, MUSICIENS : Rosario Amedeo aux claviers, Michel Dezoteux aux saxophones et Sonny Troupé à la batterie.

SCENOGRAPHIE : Marcos Vinãls Bassols, LUMIERE : Marc Lhommel.

CREATION MAQUILLAGE : Jean-Pierre Finotto, MAQUILLEUSE : Laura Lamouchi.

CREATION COSTUMES : Odile Dubucq,  REALISATION : Odile Dubucq, Isabelle Airaud, Sarah Duvert, Sylvie Thevenard, Chandra Velut.

MISE EN SCENE: Michel Dezoteux. AVEC:             Rosario Amedeo, Karim Barras, Blaise Ludik, Fanny Marcq, Denis Mpunga, Candy Saulnier, Baptiste Sornin et Sonny Troupé à la batterie.

http://www.varia.be/fr/les-spectacles/hamlet7/

Jusqu'au 30 mars

 

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administrateur théâtres

12272874880?profile=originalUn Chapeau de paille d’Italie  De Eugène Labiche

Mise en scène Gilles Bouillon par la compagnie du  Centre Dramatique Régional de Tours, À l’Aula Magna, un accueil de L’ATJV (Atelier Théâtral Jean Vilar)

 

...Où le mot noces rime avec atroce!

Tout commence par le cauchemar d’un quidam réveillé en sursaut tandis que le temps s’écoule à l’envers. Le temps de rentrer de plein fouet dans un magnifique spectacle parodique du temps passé ! Ou du futur, qui sait ? Chapeau, les Français !

Une double poursuite s’organise, ridicule et surréaliste. Futuriste aussi pour le dynamisme, le mouvement et la vitesse. Il y a ceux qui courent derrière leur marié, qui lui poursuit un chapeau. Comique de situation. Les comédiens sont en habits de noces fin de siècle - les superbes costumes sont de Marc Anselmi - et animent une débandade de polichinelles jamais rêvée sur les planches. Explication : une femme élégante prise au piège de l’adultère se présente avec son amant à la porte du futur marié dont le cheval a malencontreusement avalé le chapeau de paille d’Italie. Plainte musclée de l’amant, un « petit criquet » africain : Il faut d’urgence réparer l’injure (retrouver un chapeau identique) ou le mari de la friponne risque fort d’étrangler sa femme si elle revient nu-tête de son équipée. Les ferrets de la Reine revisités à la mode bourgeoise.

Rien de plus au programme si ce n’est la course effrénée derrière des chimères, le mobilier qui vole et les vols planés des comédiens, une visite chez la modiste de nos grand-mères et au pire, un 80 Chasseurs saugrenu. Et des salves de rires parmi les spectateurs tant le spectacle est une chorégraphie endiablée réussie. C’est burlesque et beau. La scénographe Nathalie Holt, par son art de l’ellipse, la dimension poétique de ses agencements, collages, couleurs, matières, donne aux cinq décors des cinq actes toute la fluidité que nécessite l’aventure de cette dramaturgie du mouvement, étonnamment explosive, aux harmoniques contemporaines. Les tableaux qui fusent derrière le rideau sont autant de scènes bouffonnes que l’on croirait peintes à la main. Le texte a peu d’importance. C’est la gestuelle et la plasticité du spectacle qui plaisent. Unité de tons : il y a une succession de décors gris à fleurs, chevaux et hypocrites rayures assorties aux costumes de noce qui mettent les personnages en scène avec humour, à la manière de James Ensor. Unité de sons : cela gesticule chante et crie à s’en déjanter les mandibules! On retrouve l’ironie, la dérision et le sarcasme. Un personnage semble tout droit sorti de Watteau : c’est le cousin amoureux de la cousine, thème récurrent dans la pièce. Il a des allures de Gilles ou de Pierrot Lunaire avec ses pantalons bouffants trop larges et trop courts. Cela donne le dernier coup de pinceau à la pantomime. Une pantomime du spectacle de la bourgeoisie, il va sans dire. « Vous me rappelez les orgies de la Régence » fulmine le beau-père ! Et le pianiste d'égrener ses notes d'un air énigmatique.

Comique de genre : la scène érotico-musicale dans les riches salons de la baronne de Champigny. « Allons berger, sors ton pipeau et y jouons un air en commun ! » Comique de posture : le futur beau-père (pépiniériste) est un « porc épic » affublé d’un pot de myrte qu’il arbore comme un bâton de maréchal. Et Georges Brassens saute aussitôt à l’oreille : « Avec son p’tit pot, l’avait l’air d’un c… ma mère! » Comique de répétition « Mon gendre, tout est rompu ! » une phrase de la plus belle essence de comportement bourgeois. Comique douloureux : « Père, vous m’avez sacrifiée » se lamente la future épouse déjà délaissée. « Que veux-tu, il était rentier» s’excuse le père! Comique de cabrioles, d’un bout à l’autre, ce n’est décidément pas avec cette pièce, que l’on mourra pour des idées! Mais qu’importe!

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=498

Tout le dossier du spectacle et les photos :

http://www.cdrtours.fr/un-chapeau-de-paille-ditalie/

Dramaturgie: Bernard Pico Scénographie: Nathalie Holt Costumes: Marc Anselmi Lumières: Michel Theuil Musique: Alain Bruel Assistante mise en scène: Albane Aubry Maquillages et coiffures: Eva Gorszczyk Régie Générale: Laurent Choquet Construction du décor réalisée par l’équipe technique du CDR de Tours sous la direction de Pierre Alexandre SiméonAvec Frédéric Cherboeuf Jean-Luc Guitton Marc Siemiatycki Denis Léger- Milhau Léon Napias Xavier Guittet Stéphane Comby Cécile Bouillot Charlotte Barbier Camille Blouet Juliette Chaigneau Laure Coignard Julie Roux Clément Bertani Mikaël Teyssié Musicien Alain Bruel
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