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administrateur théâtres

Jeanne avec Nicole Croisille au Centre Culturel d’Auderghem

Solitude, cynisme,  paranoïa, tendresse quand même…

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Jeanne : un rôle de femme qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense ! Marin : un rôle de jeune-homme mal dans sa peau, déconnecté de tout, au bord de la faillite relationnelle, mais  mû par la force de la vie. Craquant comme un bouton d’or au printemps. L’or de scène où coule une énergie de Don Quichotte qui va à l’encontre de la violence sociale qui enferme les aînés dans des prisons de silence et de désintérêt général. L’or de l’espoir qui se mêle de changer quelque chose  au désert d’une vie  bas de gamme. L’or  de la patience à l’épreuve d’une femme de fer qui tantôt vitupère tantôt crie au loup et hallucine. …Sa tanière est pourtant protégée d’une série impressionnante de verrous.  La « vioque » comme elle se nomme sans détours, vit dans une tour au 23e étage, cernée  par  l’infini du ciel et de ses nuages libres et gracieux, où elle espérait rêver le bonheur. Elle  ne sort à peu près plus, passant  ses heures à découper en bandelettes des magazines publicitaires, travail de souris qui détricote  une vie. Une vie de secrétaire exemplaire, objet de désir et de luxure  pour un  patron sans amour. Une femme  atteinte d’une maladie rare incidemment jetée  de la société où elle a passé toute sa vie. Un baiser perfide  sur la joue, une coupe de mousseux et des pistaches qu’elle déteste comme A Dieu.

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La rencontre improbable avec le jeune homme s’est faite  à l’occasion d’une action électorale de la mairie, qui  s’est mise à proposer divers services sociaux  aux démunis de l’arrondissement,   visées électorales  très peu dissimulées à la clef. Le personnage stéréotypé de l’assistante sociale (Florence Muller) est conçu pour provoquer le rire. On rit moyennement. D’un rire un peu jaune, un peu délavé. Trop de répétitions. L’auteur veut ratisser trop  large.

La mission du jeune homme providentiel est de  porter des repas aux vieux du quartier. Pour Marin, c’est l’occasion de tisser de chaque côté du plateau une relation d’intimité. Une première dans sa vie de nul,  transparente et fade.  Voilà une Jeanne qui se livre comme jamais elle ne l’avait fait et  le livreur de repas  se rassasie enfin de confidences vraies, pour la première fois de sa vie, découvrant  avec émerveillement le cheminement du bonheur et de l’échange. C’est le plus beau de l’histoire. Prendre un râteau pour déblayer une fin …de plus en plus noire, mais apprécier pleinement la chute inattendue.

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Nicole Croisille est loin de sa chanson… « Parlez-moi de lui » ! En jupe plissée écossaise, elle rentre ici dans le type grinçant des octogénaires d’Agatha Christie et s’en  trouve fort bien : Tatie Danielle, en moins coriace, en plus friable. Mais le jeune homme? Le charismatique Charles Templon, bourré d’humour, sterling gold?   Il  incarne  un personnage immaculé et succulent, pétri de bienveillance, d’écoute de l’autre, de respect, d’empathie et de joyeuse humeur, à l’opposé de la dame 100% caractérielle, perverse et manipulatrice qui hante les lieux.  » Pourquoi vous vivez seule d’ailleurs ? » la question cruciale. Adroite mise en scène de Jean-Luc Revol du texte  Jean Robert Charrier dans des décors de Sophie Jacobs et des costumes de Michel Dussarat. Aux lumières, François Menou et à la sono, Bernard Valéry pour alterner réalité et passages des songes à travers le miroir de l’âme.  

Dominique-Hélène Lemaire

JEANNE


Du mardi 12 au samedi 16 mars
 2019 à 20h30 et le dimanche 17 mars 2019 à 15h

Une pièce de Jean Robert-Charrier
Mise en scène : Jean-Luc Revol
Avec : Nicole Croisille, Charles Templon, Florence Muller, Geoffrey Palisse
Décors : Sophie Jacob
Costume(s) : Michel Dussarrat
Lumières : François Menou
Musique : Bernard Valéry
Durée : 1h40

 http://ccauderghem.be/index.php?mact=Agenda,cntnt01,DetailEvent,0&cntnt01id_event=229&cntnt01returnid=65

Réservation par téléphone : lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 11h à 17h, le mardi de 11h à 15h et le samedi de 10h à 14h. 02/ 660 03 03

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administrateur théâtres

Image may contain: one or more people and people standingLes femmes savantes au théâtre des Martyrs (Bruxelles)

Un délire organisé qui fait du bien!

De tous les Trissotins que nous ayons pu voir il est de loin le meilleur. Le plus manipulateur. Grand mince et ténébreux, sans la moindre trace de perruque ou de ruban, les tics de richesse tant appréciés du temps de Molière, il se présente avec l’habit de …Baudelaire? Sans en posséder le moindre tissu poétique. Mais ces dames sont sous le charme et frémissent de tout leur être devant le trompe l’œil et le trompe les coeurs, qui n’en veut qu’à la fortune familiale! Ah le triste suborneur! Il faut nommer Stéphane Ledune pour une interprétation réellement glaçante.

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Le dieu des dames femmes sachant « manier les symboles et les signes » s’appelle Vaugelas. L’illustre grammairien. Ces femmes avides de pureté janséniste, frétillent à la moindre rime, conspuent les syllabes ordurières, picorent les insanités, se repaissent de verbosité. Elles s’apprêtent au coup de foudre pour le Grec ancien (Maxime Anselin) , non contentes du galimatias latin. Gavées de formules scientifiques, elles font fi des valeurs pourvu que, dames intensément frivoles, elles soient sujettes aux honneurs des savants esprits.

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Peste soit l’animal, le mari qui n’a rien à dire, perd sa seule alliée des bonheurs terrestres, la très avantageuse Sylvie Perederejew jouant Martine que l’on met honteusement à la porte pour simple crime linguistique. A Dieu le parler vrai, la bonne chère, les petits plats dans le four et la grande joie de vivre. Heureusement que le pater familias dont il ne porte guère que le nom, a un compère à ses côtés, le plus exquis des frères, Ariste ( un très aimable et aristocratique Laurent Tisseyre) qui l’écoute et qui, par son habileté et sa belle intelligence, le tirera de son infaillible trépas!

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Mais le colloque féminin serait bien fade sans la présence fulgurante d’une véritable sexbomb nommée Bélise (l’explosive France Bastoen) dont les émois à répétition feraient réveiller les morts. Et puis il y a la guerre entre les deux sœurs, jalouses de toute évidence! La grande, c’est Armande (Lara Ceulemans ), en col Claudine et robe religieuse bleu Marine, fort courte ma foi, autant que les idées, mais baignée dans une chevelure à faire baver les vieillards en quête de Suzanne. Et la sœurette, Henriette (Salomé Crickx), des airs de révolutionnaire qui refuse l’ascendant maternel, une mystérieuse fille de l’air, qui, blême de confusion, préférerait être muette que de braver les confrontations. Notons que le discours acéré lui vient, comme l’esprit vient au filles, au fur et à mesure que l’intrigue avance et que l’amour grandissant qu’elle éprouve pour Clitandre fait le jour … et sans doute la nuit. Ce dernier se voit bien sûr honni par la très féministe académie domestique doublée d’un impitoyable tribunal .

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On en vient donc à nos deux préférés : Clitandre (Dominique Rongvaux) , le futur beau-fils qui, très loin de se laisser faire, vient bravement se mêler au public dans la salle. Et son nouveau père, le très épicurien Benoît Van Dorslaer qui tout au long de la pièce, doit opérer la difficile conversion du mari terrorisé par sa femme, vers une condition d’homme libre, heureux de vivre. Mais qu’il est donc difficile de franchir cette porte qui l’anéantit! L’ état à atteindre, c’est l’idéal d’honnête homme, bien-sûr! Toutes le pièces de Molière en témoignent. Avouez que cet homme aurait dû être canonisé au lieu d’être jeté à la fosse commune. Comme le public se régale!

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Le metteur en scène qui œuvre au mandala de personnages a un sens de l’équilibre parfait. Chaque pierre ajoutée à l’ouvrage a du sens et du poids. Toutes les forces se rencontrent et se tiennent comme pour encourager un écho durable chez le spectateur. L’absence de décor conventionnel d’une vraie maisonnée souligne combien le décor est futile dans nos vies. Le metteur en scène s’inspire du principe de frugalité shakespearien au profit d’un travail magistral sur l’analyse psychologique, fouillée au maximum. Comme pour un hui-clos moderne, voilà un mur. En panneaux de contreplaqué, de couleur brute, le bruit de la craie blanche pour écrire, une porte de vielle salle de bain percée de trois carreaux absents, ouverts sur le néant et deux chaises de bois peintes en blanc. Une perspective plate en deux dimensions, sol et mur. C’est Tout. Il faut nommer le roi de la fête du rire délectable: Frédéric Dussenne.

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Au fur et à mesure que les actes se déroulent, le décor se ressert, un plafond de même texture vient même s’emboîter, la troisième dimension? La part manquante? Enlevé c’est pesé, a-t-on jamais vu une interprétation de Molière plus éternelle que celle-là? L’éphémère est devenu visionnaire. Le féminisme pourtant balbutiant chez les femmes de Molière y trouve son compte et le pauvre mari que l’on prend en pitié est bien ridicule quand-même dans sa tirade de la place de la femme à la maison! C’est tout l’art de dire, de suggérer, de sub-liminer.

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Quel dépouillement, ce lit de fer blanc, seul nouveau meuble habillant le plateau après l’entracte. Il évoque tout à la fois la lointaine ruelle dans laquelle les femmes de lettres accueillaient les courtisans dans leurs salons, mais aussi le harcèlement pathétique dont fait preuve un Trissotin digne d’ enfermement. Il n’a finalement rien pour lui, comme le souligne très bien Hélène Theunissen (Philinthe). Il peut à peine à se maîtriser devant une Henriette plus qu’inquiète devant ses assauts répétés. Trissotin, la pierre qui blesse ? On la jette dans la rivière et on garde tout le mandala dont chaque élément a une saveur policée par les vents de l’esprit et du cœur. Et vive Madeleine de Scudéry! Et la langue de Molière, dis ? La langue? Comme la fleur, il nous l’a donnée! (d’après …France Gall!)

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Dominique-Hélène Lemaire

GÉNÉRIQUE DU SPECTACLE
TEXTE Molière
JEU Maxime Anselin, France Bastoen, Lara Ceulemans, Salomé Crickx, Stéphane Ledune, Sylvie Perederejew, Dominique Rongvaux, Hélène Theunissen, Laurent Tisseyre, Benoît Van Dorslaer
DÉCOR Vincent Bresmal
COSTUMES Romain Delhoux
LUMIÈRES Renaud Ceulemans
RÉGIE Christophe Deprez
MISE EN SCÈNE Frédéric Dussenne

Ridicules, ces femmes savantes ? « Je prends au contraire au sérieux le débat philosophique qui les agite » « L’enjeu, pour Philaminte, Armande et Bélise, est d’importance, car il ne s’agit pas moins que du statut des femmes dans une société patriarcale, et leurs propos ne sont pas dépourvus de sens.»  F.D.

COPRODUCTION Théâtre en Liberté, L’acteur et l’ecrit – Compagnie Frédéric Dussenne, LA SERVANTE, Théâtre des Martyrs 
Photos : Isabelle De Beir

DATES
Les représentations auront lieu du 15 au 26 janvier 2019.
Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, le dimanche 20.01 à 15h00.
Bord de scène mardi 15.01.

INFOS & RÉSERVATIONS
02 223 32 08 – http://theatre-martyrs.be/

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« L’Ecume des jours » de Boris Vian à l’AT-JV. Vous y allez aussi?

Chick, Chloé et Colin. Une guitare électrique emmanchée d’un jeune homme de haute stature, le sourire  éblouissant adorable d’une jolie fille à  la chevelure blonde ondulée,  aussi menue qu’une souris aux côtés de son compagnon  à  la barbe noire, Colin, et  …un trou de souris, bien plus grand que nature dans la tapisserie du temps retrouvé, servent de piliers à la  nouvelle adaptation théâtrale de « L’Ecume des jours » de Boris Vian.

 Humour féroce, empire des extases de l’amour,  poésie fantastique, musique du grand Duke, divers fracas du monde, déferlent aussitôt sur des planches brûlantes d’invention. L’inspiration Jazz est omniprésente,  la gestuelle et le parler francophone 2021 s’infiltre innocemment  dans  la mise en scène absolument magique  de Sandrine Molaro et de  Gilles-Vincent Kapps pour le Théâtre de la Huchette à Paris et sans nul doute, nous en faisons vœux, une longue tournée, débutée en Belgique  à l’Atelier Jean Vilar.

Le texte de Boris Vian est scandé pour la scène par Paul Emond, grand maître  en  adaptations théâtrales, et soigneusement pollinisé. Sa note d’intention est bruissante d’intentions artistiques tout aussi  inspirées   que réussies.  Son texte étincelant est d’un rythme et d’une musicalité intenses. Le pianotail révèle ses moindres saveurs, la danse du biglemoi fait surgir le désir,  l’appartement des lumières s’obscurcit à force de nénu-phares plus noirs que la mort. Et tombe la neige et ses cristaux immaculés sucés sur la langue. La langue de Boris Vian, bien sûr. Elle fouette, elle secoue, elle attache et s’excuse tendrement. Le chat se plie avec bienveillance  aux dernières volontés de la fidèle souris!     

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Parlons aussi de l’immense trou de souris. Il est peut-être un souvenir de tableau de Magritte, ou le trou à raclures de la patinoire  (pas  celles de taille-crayon), ou le lit conjugal des ébats amoureux de Colin et Chloé, ou, la forme du nénuphar dév-horreur. Ou un  simple trou de serrure pour la clef des rêves…  

Prenons ensuite  les trois comédiens changeant sans cesse de cape et de personnages d’hiver ou d’été (à  cause des Noces, bien sûr ! ). Ils sont enivrants.  …C’est eux qui nous promènent avec goût sur les sentiers de l’imaginaire dans une incomparable habileté scénique. Ils se distribuent les rôles comme des enfants dans un jeu de récréation. Selon le principe d’ « incarnation et de désincarnation permanent qui permet un mouvement permanent du dialogue à la narration et donne au spectacle»  …un  incontestable cachet  poétique «  dans un va-et-vient  entre répliques, énoncé, musique et chant ».

Dans la neige scintillante de ce spectacle,  au travers  du rêve  teinté des nuages roses du texte  et de soleil couchant embaumé de parfums délicats,  il reste deux traces parallèles et dévorantes. On est frappé par le parallélisme entre l’addiction de Chick à Jean-Paul Sartre dont on entend parfois bourdonner le débit atrocement sérieux, et la mort grandissante fermement installée dans les poumons de Chloé. Un crescendo de douleur. 

  Maxime Boutéraon,  principalement  personnage de Colin, est bouleversant.  Antoine Paulin,  un Chick magnifique, et splendide dans tous ses rôles, de Nicolas le majordome, à Jésus Christ compatissant et silencieux.  Et Florence  Fauquet? Une diction exquise et un bouquet de jeunesses  piaffantes et belles, des roses vivant simplement  le bonheur d’exister. Beautiful people. 

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Le spectacle se ressent comme un bienfaisant bain de sensations de jouvence. Il se déguste en mode « carpe diem »  avec délectation, tant et si bien, qu’à peine terminé, on le reverrait bien en boucle  continue, pour le charme, l’émotion, l’euphorie, et malgré la tragédie. Car c’est justement le côté artistique intense, côté cinq étoiles d’ailleurs,  qui fait mouche et  réjouit tant le cœur, et l’esprit, et tous les sens. Tant de grâce! Temps de délices. Tant d’amour. Et tant qu’à faire, condamner en pieds de nez magistraux, l’argent, la guerre et le travail obligatoire, les vrais et  gigantesques fossoyeurs de nos vies.

  • Metteuse en scène : Sandrine Molaro
  • Metteur en scène : Gilles-Vincent Kapps
  • Interprète(s) :  Florence Fauquet, Maxime Boutéraon, Antoine Paulin
  • Lumières : Laurent Béal
  • Scénographe : Erwan Creff
  • Musiques : Gilles-Vincent Kapps
  • Costumes : Julie Allègre

Dominique-Hélène Lemaire


https://www.atjv.be/L-Ecume-des-jours-1819 Du 22 au 27 novembre 2018 Au Théâtre Jean Vilar – Louvain-la-Neuve

Infos et réservations : 0800/25 325 – 

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administrateur théâtres

Les souffrances du jeune Gauthier, exorcisme de la douleur...

....Gauthier est un clown sans frontières. Sambuca est son ange triangulaire... Face aux victimes de la guerre, de la misère ou de l'exclusion, aujourd'hui, il perd le sens de sa vie à un point qui pourrait lui être fatal.....

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Attendu que la mort  de la chanteuse Amy Winehouse ( 27 ans) dans son appartement de Londres est restée inexplicable (Back to Black!) ;

Que Gauthier est né sans le vouloir ;

Que sa générosité  naturelle et sans limite l’a mené des Philippines au Liban, en passant par un an cœur du  Cambodge, pour faire renaître le sourire  dans le cœur et les yeux d’enfants orphelins, déshérités, enfermés dans des camps ;

Qu'il s’est inondé  pendant dix ans de toute la misère du monde et n’a plus un coin sec où pleurer ;

Que son ange triangulaire - que certains nommeront conscience, psy, meilleur ami imaginaire ou non - va faire tout pour lui faire retrouver le goût de vivre et la flamme rayonnante indispensable à tout être humain, selon la formule bien connue de « rise and shine ! » ou de « this little light of mine ! » ;

Que nous assistons à une authentique séance de shamanisme pour chasser les fantômes malfaisants et trompeurs, volutes de fumée  lumineuse et transes garanties ;

Que l’on touche de près  à l'absurdité de la souffrance, aux questionnements, et  à certains souvenirs personnels, de part et d'autre de la frontière entre la scène et le public, mais où est passée la frontière?  

Que Gauthier a livré toute son histoire à Pietro ;

 Et...

Pas n’importe lequel: Pietro Pizzuti, en personne et que celui-ci, l’a recueillie, comme il recueille les migrants du Parc Maximilien  et  a construit au milieu du délire,  un personnage fulgurant, chasseur de tous les faux-semblants et de toutes les impostures ;

Que sieur Alain Eloi, véritable caméléon ensorceleur, spécialiste du changement de  peaux et de mots, n’est pas le flic des ONG, mais fait résonner la sagesse au milieu de la catastrophe et a été présent aux côtés de Gauthier depuis  le jour de sa naissance ;

Que la richesse intérieure de Gauthier - Clown et Comédien - est aussi inépuisable que ses bulles ;

Que la colère et le doute animent le jeu, dès les premières répliques ;

Que le décor est un chaos  poétique et surréaliste savamment  organisé ; 

Que l’association Clown sans frontières Belgique qui part régulièrement aux quatre coins du monde et en Belgique est une organisation solidaire qui ne table que sur le pur bénévolat, et sur le  timide soutien d’un public  heureusement révolté par la souffrance qu’endurent des millions d’enfants  en  situation de guerre, d'abandon ou de famine ;

Que ce sont la guerre et la violence qui n’ont pas de frontières ;  

Qu'en définitive le jeu  des deux acteurs est magnifique et palpitant d’un bout à l’autre ;

Que Gauthier est prêt à  arrêter les pilules qui le maintiennent en vie pour oublier l’horreur vécue au coeur  des ténèbres,  et qu’il a vu qui étaient les vrais salauds…rapport aux gosses, et rapport à Amy Winehouse…sans doute ;  

Qu’il ne voit même plus  ce qu’est devenue son âme, qu’il a perdu sa liberté de penser, d’agir, que rien ne va plus… tant il a  côtoyé l’innommable ;

À quoi bon faire rire ces enfants?

Mais que l’Ange l’a sommé de CONTINUER,

Et que  l'aube s'est levée quand Gauthier a promis de TRANSMETTRE,

 

Pour toutes ces raisons aussi futiles qu'inimaginables,  il faut se précipiter voir cette pièce qui n’est pas une pièce, ni une pièce de musée mais une pièce d’artillerie contre l’injustice, la haine, le pourrissement. Une pièce à conviction, car elle redonne le souffle vital, le bon sens, et plus généralement le rire aux lèvres, grâce aux sortilèges des nez rouges et leur armée de pitreries, 

Et puis, c’est tellement dense, qu’il vous faudra un temps d’arrêt pour ressentir profondément ce que cela fait, et comment gérer vos nouvelles émotions, et comprendre qu’il en faut peu pour être heureux et se mettre à rayonner chacun avec ses propres talents…

 

Et surtout, l’écriture explosive et onirique de la mise en scène porte la belle signature de Christine Delmotte, véritable révélatrice d’humanité! Sorcière si éprise de liberté qu'elle puise  le pouvoir de ses philtres magiques  dans les plis de son âme, de ses racines, de sa capacité à aimer, de ses rages et de ses  failles où  transparaît  la LUMIERE! 

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http://www.atjv.be/Qui-a-tue-Amy-Winehouse

                                                Qui a tué Amy Winehouse ?

                                                              De Pietro Pizzuti, mise en scène de Christine Delmotte avec Gauthier Jansen et                                                                Alain Eloy. Du 17 janvier au 3 février 2018 à 20h30 à l’Atelier Théâtre Jean                                                                      Vilar et du 28 février au 31 mars 2018 auThéâtre des Martyrs.

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administrateur théâtres

PATER aux Riches Claires jusqu'au 10 février!

L’image contient peut-être : 1 personneThe House is on fire! On ne peut pas dire  que la jeune femme  vive de souvenirs, elle n’en n’a plus. Ni de  même de photos.  Par contre, sa sensibilité artistique lui fait  rapporter son histoire personnelle à celle de ... la Sainte Barbe, décrite par Cranach l’Ancien! Comme dans une affaire  criminelle, elle met sur pied un patient travail de reconstitution, elle veut savoir pourquoi « il » est parti, « ille » est parti, laissant tout derrière lui : sa femme et ses deux filles. Lui le père Absent.

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Roleplaying. Elle  fait comme si elle  rejouait  à la poupée. Cela lui permet de  prendre enfin les commandes de sa vie, en sculptant ses fantasmes sur une victime consentante. Pour combler l’absence, elle choisit   un  nouveau père, partenaire de chaque soir. Le dernier en date? Un pur marollien se prête au jeu. Louis a 78 ans, plein de mansuétude. Il est impeccablement habillé et véhicule un sourire … de bouddha. Lèvres serrées porteuses d’un éternel sourire, regard amusé,  il se laisse aller au jeu de la belle avec une sorte de bienveillance de bon papa ! Réussira-t-il à la reconstruire? Et pour ce père partenaire d’un soir, que d’émotions, de se retrouver, après avoir parcouru la partition l’après-midi  et à peine répété, devant un public. D’un côté  comme de l’autre des feux de la rampe, personne ne sait ce qui l’attend. Et la belle de se calibrer en justesse de ton, à chaque aventure.

In charge! Elle dirige les mises en scène avec une douce fermeté, ses  gestes ont la précision de ceux d’une infirmière.  Ses  images paternelles, elle les veut vivantes pour mieux les … mon enfant !   Elle parcourt invariablement les différents stades de son scénario. Elle se risque à les approcher pour ressentir la chaleur oubliée, perdue. La chaleur tout court. Le bonheur. Le dernier stade, c’est la Rédemption. Arrivée au village de l’enfance révolue près de Valenciennes, elle ira jusque devant la porte close, mais tirera-t-elle la sonnette? Osera-elle cette confrontation longuement fantasmée avec A comme Absent ou Ailleurs,  A comme …?  Ou recommencera-t-elle  inlassablement chaque soir et en boucle  à gravir les étapes  des impossibles retrouvailles?  Peut-être, qu’à force, l’expérience renouvelée chaque soir la rendra capable de se réconcilier avec elle-même d’abord, d’envisager de faire enfin son deuil et ne plus se laisser tenailler par le manque cruel?

La méthode de mise en scène se fonde sur un éventail de techniques très heureuses.  A travers la danse, les changements de costume, les bulles de rire,  les fragments de journal intime, le voyage,  la comédienne dissèque sa douleur et tisse une belle connivence avec le public. Les pensées de la jeune femme s’impriment  silencieusement en temps réel sur un écran. On est dans ses doigts, avide de deviner le mot qui  va se profiler  sur l’écran.  Il y a ce brillant  extrait de visite guidée de l’expo de maître Cranach à Bozar (2010)  qui  s’arrête sur le « Martyrdom of Saint Barbara, ca. 1510, Lucas Cranach the Elder », qui dépeint   les souffrances  de Sainte Barbe, martyrisée par un père jaloux. Un prénom, on l’avouera,  beaucoup plus joli en version anglaise,  ou …en chanson française !  Toutes deux, la sainte et Elle, Barbara,  partagent le mal du père… plus que celui de de la mer !  Il y a  aussi ces jeux avec le rétroprojecteur… au propre et au figuré!  Les crépitements de l’incendie de la maison natale… que l’on est impuissant à éteindre. Tandis que les  ravages de l’incendie se fondent avec l’œuvre de  l’artiste du 16e siècle, l’écho poétique de la voix de la comédienne brûle en volutes qui ensorcellent l’âme du spectateur. Il aura reçu en partage intime, l’authentique autobiographie  de Barbara Sylvain.  

https://lesrichesclaires.be/evenement/pater/ 

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administrateur théâtres

« Métamorphoses » d’après Ovide 

Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses !
Ô Soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu'elles sont.

Edmond Rostand, Chantecler Acte I, scène 2

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                                                       Le rideau rigide et noir se lève sur un paysage désolé d’arbres en postfabriqué,  ou en contre-plaqué, qui ressemblent  à de tristes poteaux télégraphiques… Mais…surprise!  Les voilà qui  communiquent encore! La preuve : cette séance d’extase  osmotique où  les neuf comédiens se sentiront tout à coup, partie de la vie secrète de l’arbre et de son flux vital. L’arbre est à jamais principe vital d’énergie et rêve collectif.  Pourtant,  les hommes ont détruit leur milieu naturel et des rescapés émergent d’un méchant abri, une bicoque bien top étroite pour tant de monde. Un  personnage se met à déchiffrer des pages d’un livre tombé du ciel.  Ce sont les premières  pages des « Métamorphoses » d’Ovide, livre fondateur. Elles sont lues avec chaleur respectueuse par  Laurent Tisseyre.  Le précieux  papier n’est-il pas métamorphose industrielle d’un arbre vivant et bruissant d’oiseaux désormais disparus?   Il n'y a plus que le verbe et les étreintes furtives pour relier puissamment les vivants. Il fera éclore des textes associés,  plantés comme des fleurs sur les lèvres des comédiens.

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                                                               La pièce  se fait foisonnement d’échos proches ou lointains, qui remue les cendres de mondes disparus pour en  recueillir les dernières germinations. De précieuses boutures dans des pots de fleurs  portent chacune  les prénoms des comédiens (Maxime (Anselin), François (Badoud), Dolorès (Delahaut), Stéphanie (Goemaere), Thierry (Lefèvre), Sylvie (Perederejew)Camille (Raséra), Hélène (Theunissen), Laurent (Tisseyre). Elles semblent  la seule richesse  qui a réussi à conserver la saveur du vivant. Elles reçoivent de tendres caresses et  des soins jaloux.   C’est au tour de Sylvie Perederejew d’entonner le chant du monde: « Tout change, rien ne périt ; le souffle vital circule, il va de-ci de-là et il prend possession à son gré des créatures les plus différentes ; des corps des bêtes il passe dans celui des hommes, du nôtre dans celui des bêtes ; mais il ne meurt jamais. »

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                                                         C’est ensuite au tour du petit cahier de Kinji Imanishi de prendre son envol. Verba volant… scripta manent ! Années 30,  la  jeune écologue japonaise, craint de voir ses recherches interrompues par l'entrée en guerre du Japon. Elle a consigné dans un cahier d'école les principes et les intuitions qui ont guidé son travail sur le vivant. Tout n’est pas que concurrence et la sélection naturelle, elle propose une  sagesse et une vision nouvelle du tableau de la nature. Tous les organismes sont en relation.  Et ainsi de suite, la mosaïque de sagesses diverses se compose et s’enchaîne sous la direction de Pascal Crochet,  transformé en prophète. Sachez-le : selon Ovide, Pythagore, le premier,  fit grief aux hommes de servir sur les tables la chair des animaux mais  ne fut pas écouté… « Que votre bouche ne touche qu'à des aliments obtenus sans violence ! »  On  frissonne en écoutant la belle histoire d’amour de  Philemon et Baucis, ce vieux couple pieux fidèle et si hospitalier transformé en chêne et en tilleul à un seul tronc par les dieux Zeus et Hermes. 

                                                        Le spectacle bourgeonne sur plusieurs plans: non seulement à travers le florilège mais aussi à travers les chorégraphies, les jeux de lumières,  et le jeu théâtral et sur  différents niveaux, comme à l’opéra. Il y a notamment un  lieu d’ablutions lumineuses, où semblent  se jouer de multiples métamorphoses. Le rêve ?

                                                        Certains spectateurs ressortiront affectés, pour qui découvre l’urgence des soins que l’on doit apporter au chevet d’une nature moribonde, d’autres, déjà très sensibilisés  par la problématique ressortirons encore plus angoissés que nature, tant le message est pétri d’urgence. On constate que les comédiens ont  dû longuement travailler ensemble pour mettre au point ce  plaidoyer vibrant pour la survie du vivant. Comment ne pas adhérer à leur discours solidaire et généreux, artistique et poétique, où le plaidoyer pour l’arbre est intimement lié à celui de l’homme, comme le prouve le discours de Francis Hallé, une autre pépite générée par le brassage des Métamorphoses. C’est  véritablement  l’amplification théâtrale et les racines adventives du propos qui  importent.  Et le tout semble s’écouler,  comme  l’inéluctable fleuve du « panta rhei » du cher Héraclite.

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                                                        Enfin, une pensée finira par ne plus pouvoir nous quitter: « Il m’apparaît de plus en plus clairement que nous sommes en train de créer les conditions de notre propre perdition… que nous nous autorisons toutes les bonnes choses dont nous jouissons aujourd’hui au détriment du futur. Nous n’avons pas le droit d’hypothéquer l’existence des générations futures à cause de notre simple laisser-aller. Nous devons nous poser la question, et c’est un commandement moral : qu’avons-nous le droit de faire ou de ne pas faire ? On ne devrait plus s’interroger sur ce que l’homme peut découvrir et développer, mais plutôt se demander ce que la nature est encore capable de supporter. Notre appétit de consommation ne doit pas constamment croître comme ce fût le cas jusqu’à présent. Nous sommes dans une situation clinique, au chevet d’un malade. Et nous sommes ici simultanément les patients et les médecins. Si nous ne sommes pas prêts au sacrifice, il n’y a guère d’espoir. »  

                                                       La salle, remplie de jeunes des écoles médusés,  écoute le message polysémique. Les uns avec consternation,  d’autres, bouleversés jusqu’aux larmes devant la neige noire qui tombe sur la cabane, alors que des voix étranges aux messages incompréhensibles  investissent les « arbres ». Cependant que  les comédiens,  tels les  bourgeois de Calais marchant au supplice, regardent le corps nu d’une femme se fondre et s’unir à la terre… Voilà donc une épopée philosophique grand format assez effrayante,  mais qui remet la sacralité de la vie et la renaissance au premier plan!

http://theatre-martyrs.be/saison/metamorphoses/1D4EF2AE-01CE-0DBF-02AB-BE93A00D9A03/

 

JEU Maxime AnselinFrançois BadoudDolorès DelahautStéphanie Goemaere, Thierry Lefèvre, Sylvie PerederejewCamille RaséraHélène TheunissenLaurent Tisseyre
SCÉNOGRAPHIE & COSTUMES Satu Peltoniemi
TRAVAIL DU MOUVEMENT Anne-Rose Goyet
COSTUMES Anne Compère
CRÉATION SONORE Raymond Delepierre & Pascal Crochet
CRÉATION LUMIÈRES Florence Richard
RÉGIE Nicola Pavoni & Justine Hautenauve
DIRECTION TECHNIQUE / CONSTRUCTION DU DÉCOR Stéphane Ledune, Frédéric Nicaise & Simon Detienne
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Boriana Todorova
CONCEPTION & MISE EN SCÈNE Pascal Crochet

PRODUCTION Théâtre en Liberté
COPRODUCTION La Coop asbl
Avec l’aide de Distinguo et le soutien du Centre Des Arts Scéniques.
Avec le soutien de Shelterprod, Taxshelter.be, ING et du Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge.

Photos : Isabelle De Beir

 

On en parle dans la presse :

 http://www.lalibre.be/culture/scenes/metamorphoses-sculpturales-aux-martyrs-5a57c982cd7083db8b82f592

http://www.lesuricate.org/metamorphoses-dovide-theatre-martyrs/

http://focus.levif.be/culture/scenes/critique-theatre-ovide-au-camping/article-normal-785519.html

Dossier pédagogique: http://theatre-martyrs.be/wp-content/uploads/2017/12/TMADOSPED-M%C3%A9tamorphoses.pdf

 

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administrateur théâtres

Chronique de chronique !

 Le monde selon Gardner

Vivre ! Face aux tragédies de  leur histoire,  les juifs proposent un mécanisme de défense : l'humour juif, un rire  qui est à prendre au sérieux et est une formidable réponse à l'antisémitisme.  Le «Maître» étalon moderne de cet humour étant  Woody Allen. Dans« Conversations avec mon père » comédie dramatique de Herb Gardner, (New York 1992) on peut observer une peinture éclatée  de l’Amérique juive new-yorkaise de 1936 à 1976. L’avènement de la parole  joue dans cette pièce un rôle  crucial.

17-conversations-lancon4.jpgThe American Dream: you’re most welcome in the Melting Pot! A quel prix ?  La reconstitution de la saga familiale explosée en  avalanches de flashbacks en présence d’un témoin contemporain (Charlie, Axel De Booseré)  expose  de façon lucide et jubilatoire la  question  de l’exil, des souvenirs du pays d’origine, de l’intégration du migrant dans la communauté,  du  douloureux abandon ou non  de la culture propre,  au profit d’un métissage avec la culture d’adoption. Les ravages de l’antisémitisme. Sur le plan universel,  que transmet-on à nos enfants, de générations entre générations, quelle est la définition d’un bon père, d’une bonne mère, d’enfants heureux ? La complexité des rapports familiaux et-elle la même à travers toutes les cultures, Quel rapport a-t-on, ou pas, avec la religion officielle du groupe?  Bref, qu’est-ce qu’une culture?  Tout au long de cette épopée familiale, on prend  conscience de façon de plus en plus  émouvante de la difficulté d’être. Un thème shakespearien.

La mise  en scène parfaitement scandée et éclairée est signée Jean-Claude Berutti.  La figure paternelle indestructible  du jeune Charles et de son frère, n’est autre qu’Itsik Elbaz, un personnage bourré de contradictions et qui s’avère de plus en plus incandescent au fur et à mesure que la pièce s'enflamme. Itsik Elbaz jouait l’an dernier dans « Pour en finir avec la question juive » au théâtre le Public.    Le reste des 11 comédiens est une formidable palette d’artistes qui partagent visiblement leur  félicité théâtrale autant  sur  la scène qu’avec le public. Rien n’étant plus important dans la culture juive que les noms,  citons-les gaiement: François Bertrand, William Clobus, Axel De Booseré, Ferdinand DespyItsik Elbaz, Antoine Herbulot, Clément Papachristou, Bernadette Riga, Marvin Schlick, Lotfi Yahya Jedidi, Aylin Yay

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 Patron du café couleur tabac,  rebaptisé de façon caustique The Flamingo, Itzhak Goldberg, nouvellement dénommé Eddie Ross,  cherche à  faire oublier ses origines ashkénazes en se fondant dans le moule yankee. Son esprit lucratif naturel va-t-il aller jusqu’aux compromissions ? Sacrifiera-t-il sa liberté ou gardera-t-il sa dignité? Gusta-Gloria, la mère, marquée par le Shtetl natal  vestale de lointains souvenirs, reste étrangère et est la plupart du temps hors-jeu. Elle cuisine, elle chante des berceuses, elle veille sur les lanternes rouges disposées sur les tables du café,  refuse de parler autre chose que du yiddish.  La comédienne  se nomme Aylin Yay.    Charlie, le fils cadet refuse tout bonnement de parler… avant trois ans, comme Einstein? Il se réfugie dans l’écriture. Il  deviendra une plume d’or.  Le frère, Joey se fait malmener pour ses origines  par les boys de l’école et des quartiers avoisinants. La guerre des gangs en miniature. Le harcèlement en grand format! Il recevra les plus hautes marques d’honneur militaire américain. Le père, ancien boxeur, veut être américain à tout prix.  Il sait ce que la différence implique en termes de rejet et fait l’impossible pari de s’assimiler. Il verra sa parole abolie.   Les tranches de vie se déroulent sous le  regard  placide d’une tête de bison et  l’impénétrable sourire du président Roosevelt accroché à un mur du café. Zaretsky, le locataire, un vieil acteur magnifiquement joué par l’innénarrable Lotfi Yahya Jedidi,  fulmine contre la mauvaise bonne idée du patron. Il proclame : « Moi au moins, je reste  moi ».  Leur disputes sont homériques, le public savoure.  Le pittoresque ravit. Les rires alternent avec les pleurs. La question de l’Absolu interpelle.  S’il y a un bémol, c’est celui de la projection des voix, qui pour cause de mise en scène, ne font souvent pas face au public. Évitez donc les bas-côtés de la salle!

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Le spectateur est  emportés dans l’océan de sentiments exacerbés et profondément humains comme dans le ‘Fiddler on the Roof’ et traverse avec délices les murs du non-dit grâce au talent conjugué de cette bande de saltimbanques  si différents et si attachants. Notamment  les jeunes William Clobus et Antoine Herbulot.  Ils ont l’art de dire, de conter et de jouer bonheurs, souffrances et déchirements  qui surnagent  inévitablement après la violence infligée aux Juifs lors des pogroms en Russie et  celle des persécutions de la barbarie nazie. Des souffrances qui habitent encore en 1976, ce café de Canal street, à New-York.

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http://www.atjv.be/Conversations-avec-mon-pere

Toute la distribution

Auteur Herb Gardner-Version française Jean-Claude Grumberg-Mise en scène Jean-Claude Berutti-AvecFrançois Bertrand (Nick), William Clobus (Charlie à 12 ans), Axel De Booseré (Charlie), Ferdinand Despy (Sammy / Monsieur Bleu), Itsik Elbaz (Eddie), Antoine Herbulot (Joey à 12 ans / Finney), Clément Papachristou (Joey), Bernadette Riga (Hannah), Marvin Schlick (Jimmy Scalso), Lotfi Yahya Jedidi (Zaretsky), Aylin Yay (Gusta)-Assistant à la mise en scène François Bertrand-Scénographie Rudy Sabounghi-Costumes Colette Huchard-Maquillages et coiffures Rebecca Flores-Lumières Christophe Forey-Réalisation des décors et des costumes Ateliers du Théâtre de Liège-Création son Pierre Dodinval

mardi 30 janvier20h30
mercredi 31 janvier20h30
jeudi 01 février19h30
vendredi 02 février20h30
samedi 03 février20h30
dimanche 04 février16h00
mardi 06 février20h30
mercredi 07 février20h30
jeudi 08 février19h30Rencontre avec les artistes
vendredi 09 février20h30

 

Liens utiles :

Note d'intention

 http://arts-sceniques.be/rencontre/conversations-avec-mon-pere/

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administrateur théâtres

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout et texteC’est … Spectaculaire! Le jeune Georges Lini et son comparse Stéphane Fenocchi avaient bien juré de se faire un jour un Feydeau, mais  sorti des ornières des calèches du temps passé. Ni crinolines, ni chapeaux, ni salons précieux et leurs antichambres.   Voici une version vraiment funambule de ce vaudeville où le théâtre de corps balaye tous les accessoires, les ornements, les portes qui claquent et les lambris dorés. Le rideau se lève sur un toit en légère pente?  Le pont d’un navire? La tombe grise et nue  de l’écrivain ravi de voir ses personnages sortir de l’ombre? Un observatoire noyé par les vanités ? Une société contemporaine exsangue désarticulée par l’urgence de l’action ?  

C’est … Impressionnant!  Avec son architecture invraisemblable de jeu de dupes et  la mise en place de triples quiproquos, c’est comme qui dirait, une analyse entomologique  d’une crise qui s’enclenche dans une inexorable mécanique comme les  pratique le maitre de l’absurde, du paradoxe, du comique et des situations hallucinantes... Dynamique infernale d’autodestruction?  Pour ce faire,  les comédiens-acrobates chaussés de semelles antidérapantes  jouent haut et sans filets, carrément perchés sur les toits. Ils jaillissent comme de diables de leurs lucarnes aussitôt refermées avec fracas, l’air est-il si irrespirable ? Sont-ils des survivants?  Ils  s’accrochent comme ils peuvent dans leur monde en dérive, surnagent grâce au texte qui résiste, sans le moindre silence!  Les trappes s’ouvrent et se ferment comme autant de pièges, la pente devient de plus en plus vertigineuse. On  redoute la chute ?   C’est … Surprenant. C’est … Affolant. C’est … Angoissant ! Personne n’ose prononcer le mot qui  vient pourtant aux lèvres de tous : ... Fou ?  

Cette aventure de cordée impossible est servie par une distribution parfaite. A commencer par Marie-Paule Kumps  en belle-mère diabolique et   sa fille Yvonne délaissée par son jeune mari médecin,  une très élégante  Isabelle Defossé.  France Bastoen campe Suzanne Aubin, entendez - Suzanne au bain - une voluptueuse maîtresse de  Moulineaux, un Stéphane Fenocchi omniprésent.  Etienne, le maître des entrées et des sorties, c’est le sympathique Michel Gautier. Anatole Aubin l’autre mari-volage, c’est  le vertigineux Eric De Staercke, le champion des  glissades et entrechats sur les toits. Quelle divine souplesse!  Restent l’agent immobilier, un rôle taillé sur mesures pour Thierry Janssen et une inénarrable  gamine plus que  délurée,  cuvée 2000 : Louise Jacob.  Tous, plus pressés les uns que les autres, ils taillent le verbe et l’action sans le moindre répit dans un crescendo rythmique renversant.   Le spectateur  se sent   aspiré  par le  vertige  final. La dépense physique et émotionnelle de comédiens, hommes et femmes est totale. Quel modèle d’investissement et de don de soi ! Le public qui a ri aux éclats a été  profondément remué au passage, par cette  comète  d’ironie infernale si bien orchestrée qui fuse de toutes parts.    

C’est …  hallucinant.

Déjà vigoureusement applaudi, dans une forme différente et tout aussi explosive au théâtre des Martyrs en 2013, c’est un vaudeville à revoir on vous le jure !   

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Toute la distribution:

Auteur Georges Feydeau /Mise en scène Georges Lini

Avec France Bastoen (Suzanne), Isabelle Defossé (Yvonne), Eric De Staercke (Aubin), Stéphane Fenocchi (Moulineaux), Michel Gautier (Etienne / Madame d'Herblay), Louise Jacob (Rosa / Pomponnette), Thierry Janssen (Bassinet), Marie-Paule Kumps (Madame Aigreville)

Scénographie et costumes Thibaut De Coster, Charly Kleinermann /Vidéo et son Sébastien Fernandez /Lumières Jacques Magrofuoco  /Assistante à la mise en scène Nargis Benamor  /Régie générale, son, lumières Manu Maffei  / Régie plateau Jean-Philippe Hardy, Vincent Lamer  /Habilleuse Emmanuelle Froidebise  /Construction décor L'Entrepool (Vincent Rutten)  /Techniciens lumières Mathieu Bastyns, Damien Zuidhoek  / Technicien son Eric Degauquier  /Direction technique Jacques Magrofuoco  /Stagiaire assistanat Malika Temoura  /Stagiaire observation Elise Deschambre

 

http://www.atjv.be/Un-Tailleur-pour-dames

 

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administrateur théâtres

Mises en résonance : « Magritte, Broodthaers & Contemporary Art » Ceci n’est pas une rétrospective…

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Pour le 50e anniversaire du décès de Magritte, voilà deux compères réunis ! En 150  tableaux, sculptures, installations, films et documents, on peut parcourir  les liens de pensée esthétique entre Magritte et Marcel Broodthaers et en observer les nombreux prolongements auprès d’artistes  contemporains, à la manière d’une amplification plastique, poétique et actuelle. C’est ouvert 7 jours sur 7 aux Musées Royaux des Beaux-Arts à Bruxelles jusqu’au 18 février.

L’ami de Magritte, Marcel Broodthaers, poète et artiste belge est né dans la commune de Saint-Gilles à Bruxelles, en 1924 et est décédé à Cologne en 1976. Avant quarante ans, il pratique diverse métiers peu lucratifs, mais nimbés de liberté bohème chérie – écrivain, poète, libraire, guide d’expositions, journaliste et photographe… En 1964, le poète belge Marcel Broodthaers se vend aux arts plastiques en se nommant « artiste Pop ». Il abandonne sa Muse pour se mettre à fabriquer des produits visuels. Grand admirateur de Mallarmé, il justifie son changement de cap  en résonnance avec son fameux  « coup de dés » qui a inventé « l'espace moderne et contemporain de l'art ». Un manifeste contre l'exaltation romantique qu’il veut démythifier.

Il entrera dans le monde de l’art par la porte d’un pragmatisme ironique. Puisque ses livres de poésie ne se vendent pas, il en fera de l’art. « Moi aussi, je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose et réussir dans la vie. Cela fait un moment déjà que je ne suis bon à rien. Je suis âgé de quarante ans. L’idée enfin d’inventer quelque chose d’insincère me traversa l’esprit. Et je me mis aussitôt au travail… » Lors de sa première exposition, à la galerie Saint-Laurent à Bruxelles,  il expose donc une pile d’invendus de son dernier recueil, Le Pense-Bête (1964), agglutinés  dans  une enveloppe de plâtre. « Tiens, des livres dans du plâtre ! » Enfin, voilà le public qui réagit, ignorant que le poète enterrait sa muse!   « L’idée d’inventer quelque chose d’insincère me traversa l’esprit ». Et voilà des  casseroles remplies à ras bord de coquilles de moules vides avec ou sans sauce, accolées les unes aux autres dans un geste de dérision  caustique. Diable ! 68, c’est l’époque des pavés et de la provoc! Et les assemblages d’objets hétéroclites et jeux d’images et de mots marchent mieux que la poésie! Il meurt à 52 ans à Cologne et est enterrée au cimetière d’Ixelles.

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Sous la conduite de Michel Draguet, le commissaire en collaboration avec Charly Herscovici de la Fondation Magritte et Maria Gilissen, la veuve de Broodthaers, l’exposition « Magritte, Broodthaers & Contemporary Art »  parcourt l’œuvre de Magritte en en sens inverse du temps, depuis sa dernière toile achetée en remontant vers les tableaux de ses débuts, tout en associant son ami Broodthaers à chaque  étape et  le clin d’œil amusé d’artistes associés à  leur démarche  comme  Andy Warhol, Robert Rauschenberg,  Jaspers Johns, César, Ed Ruschan Sean Landers, David Altmejd, George Condo, Joseph Kosuth, Gavin Turk, …dans une mise en scène ludique, intéressante, presque théâtrale. Ce sera l’occasion de découvrir ces autres artistes à travers le  parcours à rebours de l’univers de Magritte. D’alpha à oméga : d’une pastille de Lune devant des feuillages (La page blanche 1967) jusqu’au Soleil éblouissant de la tombe (L’au-delà, 1938).


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L'Année Magritte a  commencé ce 11 mars 2017 dans le repère du surréalisme: "l'auberge-galerie d'art surréaliste où Magritte avait l'habitude de s'asseoir,  à La fleur en Papier doré, 55 Rue des Alexiens, à Bruxelles". René Magritte, né à Lessines en 1898, réside successivement  à Charleroi où il passe une enfance houleuse, Perreux-sur-Marne, Jette et enfin Schaerbeek. Très jeune, il nourrissait une véritable passion  pour le super héros  "Fantomas" ainsi que les auteurs de romans policiers  tels qu’Edgar Allan Poe, Maurice Leblanc ou encore Gaston Leroux. Il ne se remettra jamais du suicide de sa mère dans la Sambre, alors qu’il avait 14 ans. Lorsqu'il suit ses cours  à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1916-1920), il est d ‘abord  influencé par l’Impressionnisme et découvre ensuite le "Futurisme", un mouvement né en Italie  qui rejette les traditions esthétiques traditionnelles. C’est une révélation pour lui,  lorsqu’il découvre le Canto d'amore  (1914) de Giorgio De Chirico maître de l'art métaphysique,   qui lui fait comprendre que la question n'est pas de savoir comment peindre mais bien ce qu'il faut peindre.

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L'"idée" devient donc pour Magritte la question essentielle. Il confronte les différentes réalités : l’idée, le mot,  l’écriture, l’image. Magritte est celui qui  veut rendre  la pensée visible, il s’interroge sur  le statut de la peinture, de l'objet, du langage, sur le rapport entre signifié et signifiant. Il estime que le langage trahit la réalité de l’objet. Magritte réunira sur ses toiles des objets appartenant à la banalité du quotidien de manière inhabituelle et surprenante, créant ainsi mystère et questionnements sans réponse, offrant un champ vierge de présupposés et libre pour l’imaginaire.

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Son but est de déboussoler le spectateur pour lui faire entrevoir d’autres réalités. Pour bouleverser notre vision, il crée des atmosphères denses,  figées, minérales. Il utilise la frigidité des couleurs, des perspectives faussées, des tailles d’objet disproportionnées… et donne ainsi naissance à l’absurde. L’antidote des émotions? Ou la transmission de l’inquiétude métaphysique ? Un bel exemple: le peigne, le blaireau, l’allumette, le ciel à la place des murs, le verre vert  plus grand que l’armoire à glaces où se reflète une fenêtre absente du décor dans « Les Valeurs personnelles » (1952).

"La peinture n'est pas un miroir qui reproduit les apparences du monde. C'est un miroir qui produit tout ce qu'il veut, y compris le dos des choses, leur face cachée. Confondre la peinture avec un art de la reproduction est une sottise."

  Après trois années très productives à Paris, il expose en 1929 son œuvre légendaire « Ceci n’est pas une pipe »  au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles mais l’accueil est toujours indifférent et c’est  New York (1936) et  Londres (1938) qui enfin, le consacreront. A Bruxelles, deux groupes de surréalistes se rapprochent pour se moquer des surréalistes parisiens qui hantent les salons: celui de Paul Nougé, fondateur du surréalisme bruxellois et adversaire de l'écriture automatique chère à André Breton et, et celui du peintre René Magritte. Plus intransigeants, ils ne considèrent pas  la littérature et l'art comme des fins en soi et ils en appellent à  des prises de conscience subversives, pour dénoncer l’oppression religieuse et l'ordre bourgeois.

12273258098?profile=original Magritte est devenu un artiste-phare du 20e siècle, mondialement connu et sa gloire posthume est pratiquement sans limite. La célèbre œuvre  Magritte, « Ceci n’est pas une pipe »,  dont le titre éloquent est « La trahison des images » (1929) est revenue en Belgique, le temps de l’exposition. Une belle brochure  vademecum en trois langues, rédigée par le passionnant Jean-Philippe Theyskens, historien de l'art et guide-conférencier aux musées  est à la disposition du public pour la visite. Amusez-vous, empipez-vous!  Et n’hésitez pas à passer un moment créatif dans l’atelier Magritte, Broodthaers & you!

Service de réservations :
Téléphone : +32 (0)2 508 33 33
Email : reservation@fine-arts-museum.be 

L'exposition est exceptionnellement ouverte tous les jours (7/7) ainsi que le Musée Magritte Museum

du 13.10. 2017 au 18.02.2018.

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administrateur théâtres

Extrait du discours de Patrice Lumumba le 30 juin 1960

« Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire.

Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres.

Qui oubliera qu’à un noir on disait ‘Tu’, non certes comme à un ami, mais parce que le ‘Vous’ honorable était réservé aux seuls blancs !

Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.

Nous avons connu que la loi n’était jamais la même, selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. »

https://nofi.fr/2017/09/patrice-lumumba/42817

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Pertinent et percutant, Rémi De Vos croise  ici  un vaudeville modernisé portes ouvertes à tous vents, le théâtre de l’Absurde,  le pamphlet et le dîner de cons … pour obtenir un cocktail explosif qui sert de subtile métaphore  en noir et blanc, pour condamner  la société ultra-libérale,  dans son acception la plus péjorative. Tout en mettant en lumière  la faillite de la colonisation de l’Afrique, la pièce dénonce la violence qui donne au pouvoir et à l’argent tous les droits d’écraser, de maltraiter ou d’exploiter autrui et même …la planète où l’on vit.

 

2017. La pièce se déroule à Huis-ouvert sur la pluie diluvienne qui rend  la circulation impossible, autour d’une villa 2.0 dans une banlieue aisée de Kinshasa, où habite depuis 30 ans un couple d’expatriés sans enfants, Ruben et Mathilde, femme élégante, désœuvrée et esseulée.   Le cadre intérieur est frigorifiquement blanc… avant qu’il ne s’ouvre sur la noirceur de l’histoire. Référence obligée à Joseph Conrad et son roman  Heart of Darkness (Au cœur des ténèbres). Les personnages s’abreuvent régulièrement de whisky pour tenter de noyer l’absence de valeurs,  d’éloigner les catastrophes et gommer les énergies négatives.  Le malaise congolais  infuse.  Louise (Priscilia Adade) est au service du couple depuis deux ans. Elle est traitée par le maître des lieux …comme on ne traite pas les domestiques,   mais  avec bienveillance,  comme une secrète confidente par l’épouse.  Panthère (Jérémie Zagba) incarne un sien « cousin »,  avec lequel la jeune africaine prendra sa revanche sur sa servitude obligée.

 Il y a un couple invité de nouveaux-arrivants : Daniel et Corinne, qui ne s’accordent qu’en apparence, la cravate de l’un assortie au bleu roi de la robe de l’autre. Daniel désire ardemment rencontrer Paul Dyabanza (Ansou Dhiediou), un membre du gouvernement pour faire affaire  dans le créneau du caoutchouc. Les regards de Daniel (Benoît Van Dorslaer) dérivent sur la beauté sculpturale de Louise,  la domestique africaine, ridiculement montée sur stilettos,  par décision du patron. Daniel tient d’entrée de jeu un discours  totalement insupportable vis-à-vis de sa femme. Superbe répartition des rôles.

Philippe Jeusette campe un formidable Ruben, géant bruyant, aux pieds d’argile qui voit  progressivement ses espoirs de fortune fondre sous le ciel africain détrempé. Tout l’art de la redoutable palette de comédiens dirigés par Frédéric Dussenne sera de dégager au fur et à mesure une condamnation muette  et accablante de ces expats qui se croient tout permis, affolés par l’appât du gain ou le désir charnel exotique. Le spectateur se met rapidement à souhaiter  redonner une dignité aux africains dont les apartés en langue locale, les  regards et les postures en disent si long.    Dans ce jeu de souricière, les femmes européennes sont quelque peu épargnées. Toutes deux - l’une, blasée de la vie (Mathilde /Valérie Bauchau) et l’autre, (Corinne/Stéphane Bissot) d’une naïveté de Perette ou de Bécassine - savent quelque sagesse et  émotions humaines garder.  Toutes deux, dans des genres diamétralement opposés, sont rompues à un   langage corporel  extrêmement éloquent, le seul où elles se sentent un peu moins bridées.

Au cours de la rencontre, la tension monte et Paul Dyabanza en profite pour diffuser à doses de  moins en moins discrètes, des vérités de moins en moins agréables à entendre pour les deux bouffons blancs. « Ici, même quand sa famille a disparu, on lui reste attaché, Les morts sont aussi importants que les vivants » assène-t-il à Corinne, qu’il trouve plus acceptable que les autres expats, par son côté « peuple ». Une terrible phrase de Lumumba lui échappe : …. « Nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. »

 L’auteur ménage soigneusement  jusqu’à la fin la montée en puissance des serviteurs de l’homme blanc, et la menace qui pèse sur l’avenir des Européens assoiffés de profit. Et la fin explose en  brillante  pantalonnade sociologique, aussi désopilante que cruelle et lucide.  

A souligner, les superbes jeux de lumière signés Renaud Ceulemans et la scénographie de Vincent Bresmal.

Du 12.09 > 14.10  Au THÉÂTRE DE POCHE

http://www.rideaudebruxelles.be/13-videos/680-botala-mindele

Écriture: Rémi De Vos
Dramaturgie et mise en scène: Frédéric Dussenne 
Avec Priscilla Adade, Valérie Bauchau, Stéphane Bissot, Ansou Diedhiou, Philippe Jeusette, Benoît Van Dorslaer, Jérémie Zagba.

Scénographie: Vincent Bresmal 

Crédit photos: Alice Piemme

http://www.rideaudebruxelles.be/

Du 17 au 21 octobre 2017
Aula Magna - Place Raymond Lemaire à 1348 Louvain-la-Neuve
Infos et rés. : 0800/25 325 - www.atjv.be/Botala-Mindele

 

 

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LEGS MATERNELS au théâtre le Public

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L’image de la pièce reflète bien le chaos du monde

D’après D’après les nains aux pieds d’argile que nous sommes, c’est le texte qui manque le plus : nul verbe et si peu de lumière. La mise à plat du monde a réussi à battre le verbe à plat de couture et à éteindre les lumières. Si la pièce est une écriture plurielle, pourquoi ne pas avoir envoyé le pluriel féminin en scène, avec toute sa tendresse solaire ? Ce duo disparate nous dérange par son incongruité, ses balbutiements, ses tâtonnements, ses rugissements de boyscouts perdus dans le noir qui jouent au brigandage. Sa lenteur est franchement exaspérante. Touché-coulé ! Voilà !Hourrah ! C’est pourtant ce qu’elles voulaient démontrer ! Dans ce bric-à-brac d’idées, elles veulent laisser le mouvement ralentir, s’arrêter même, chose utopique, et redonner une nouvelle impulsion. Mais, sommes-nous cet hypothétique Dieu qui tient le ciel et les étoiles au-dessus des fourmis rouges ?

Elles ne marchent pas sur des œufs, elles les écrasent. Il est vrai que nous serons 9 milliards en 2060, là, elles ont bien raison de vouloir freiner la reproduction humaine ! Elles sont bien généreuses, mais pathétiques. L’histoire des cueilleurs-chasseurs versus les agriculteurs, qui forme l’ossature de la pièce, est bien maldroite et éculée. Nous n’avons pas huit ans… Qu’apportent-elles de nouveau : les doléances d’un siècle mort dans l’œuf, un catalogue de lieux-communs, une collection de poncifs ? Où sont les histoires promises ?

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Pire, pour une veille de huit mars, elles ne font que suivre la consigne ! Après la grotte qu’elles ont investie de leurs peintures rupestres, les revoilà réfugiées dans une cuisine, où elles épluchent en toute convivialité leurs œufs à peler. Appelés à régner ? Non, cela ne fait pas rire. Juste un arrière-goût de lac salé ! On aurait aimé des bouffées de rêves, des mots poétiques, des chants, la matrice d’un monde nouveau. Ce texte si peu abouti et la gestuelle infantilisante écrasent nos espoirs de renouveau. des propos de mémères révolutionnaires, jeunes et vielles, mais pas un mot vrai de Louise Michel ou de Hannah Arendt, ni de Victor Hugo, – pourquoi pas, que diable ! –dont les noms sont à peine effleurés dans leur testament. Une fin sur le modèle de « Je te donne… », la partie la plus émouvante de la pièce, mais creuse quand même.

On les aurait voulues plus inventives, car à nouveau, elles ne font que suivre la consigne masculine, en disant vouloir donner le pendant des duos masculins légendaires tels que Sancho Panza et autres Sganarelle. La mise en scène, piètre oeuvre de patronage, ne sauve pas la mise, tant elle est décevante. Il n’y a que l’enthousiasme débordant des comédiennes. Est-ce assez ?

Dans leur discours sans perles ni diamants, elles semblent avoir oublié que ce sont nos enfants qui seront nos éclaireurs et nous montrent le chemin quand nous butons dans le noir et que c’est eux qui nous lèguent jour après jour, le merveilleux espoir du changement !

 Et pourtant, combien généreuse est l'intention des  comédiennes: 

Patricia Ide : Vous nous lirez après le spectacle...

Nous voulons tenter de porter à la scène une pensée en marche, libre. A nous quatre inventer une réflexion qui se construit au fil du spectacle. Sans asséner, sans cynisme, sans enjoliver, juste de la pensée enthousiaste qui se régénère d’elle même en passant du plus quotidien au plus universel, en passant partout où l’on aura pu passer en quelques mois de préparation. 

Quatre femmes qui se stimulent pour raconter deux chercheuses en voyage qui déroulent un pensée légère et profonde.

Et espérer que le public nous emboîte le pas !

Magali Pinglaut : C’est l’histoire de la nécessité qui a surgi un jour entre deux femmes Patricia et moi, de questionner sur le plateau notre apport au monde d’aujourd’hui.

En tant que mères...

En tant que citoyennes..

Quel est ce foutu monde qu’on lègue à nos enfants ?

Que vont-ils pouvoir en faire ?

C’est l’histoire aussi d’un refus de sombrer dans le «  tout est foutu »

On fait avec peu. On tente. On cherche et on raconte ça. On raconte qu’on cherche. Avec notre outil: le théâtre !

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LEGS MATERNELS

Auteure : Veronika Mabardi

Mise en scène : Layla Nabulsi

Avec Patricia Ide, Magali Pinglaut et Louis-Philippe Duquesne, régisseur

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=463 ;

 

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administrateur théâtres

Maris et femmes

Qui part ? Qui reste ?

That’s the question ! Dans un skyline anonyme fait de vastes panneaux jouant aux gratte-ciel, avec beaucoup d’imagination, on peut essayer de croire que c’est le New York de Woody Allen. On vous procure  d’ailleurs des  lunettes spéciales à la billetterie pour forcer le trait. Dommage que l’on n’a pas saisi la chance de chausser la dernière  qui était dans le  panier. Faut dire que se battre pour une paire de lunettes, cela ne la fait pas pour un couple de spectateurs sans date de péremption.

Bref, on courait ventre à terre pour  revoir nos deux  tuyauteurs de rêve préférés :  Tania Garbarski et Charlie Dupont, et assister au décorticage de la libido et des problèmes zexistenciels. Las, le soufflé de boulevard n’est ni monté ni descendu, il aurait eu besoin d’un sérieux coup de blancs  en neige, car c’est le manque de délire  et de malin plaisir qui est le plus frustrant. Beaucoup de coups dans l'eau: le coup de la panne de couple, la panne d’écriture, la panique à bord, prêts à empanner ? Pantins de pantomime. Pamphlet? Bref le panégyrique de la séparation « on reste bonzamis » !  Une comédie conjugale finalement  tellement sérieuse pour du Woody à lunettes dont le film date tout de même de 1992!  Panta rei ! Est-ce le décalage du siècle ?

"Jack et moi, nous nous séparons et on va très bien !" : l’entrée en scène est glaciale et n'émeut pas. Ensuite s’enchaînent des dialogues par trop mécaniques où l’on cherche vainement  l’empathie  ou la spontanéité. Poupées de cire et poupées de son? Seule la jeune étudiante Rain (Inès Dubuisson ), Lolita agressive qui dès le plus jeune âge a consommé presque tous les amis de son père, est vraiment convaincante dans sa fausse ingéniosité…   Dans la distribution des couples en goguette, perdus dans le brouillard des illusions,  il faut tout de même remarquer l’intense performance d'une poudrière complètement sexe: Une incandescente patineuse sur sols de couples gelés : Aurélia Bonta master en aérobics, végétarienne et diplômée en Psychologie qui donne la réplique à Damien Gillard ! Dame ! Quel peps d’enfer! Quelles embrassades  goulues !

 Mais notre préférée, parmi les paumés du petit soir,  c’est bien sûr Sally, la  wonderwoman shootée au snobisme et à l’E.T.U.C. (everything under control). Directe et directive, elle  veut maîtriser  les moindres détails de sa vie   et cela  l’empêche royalement d’en jouir ! Elle a besoin de réfléchir sur tout, pendant, avant et après, quelle que soit la proposition, même la plus intime. Elle s’explose dans la colère et se lâche dans l’égocentrisme. Tania Garbarski est une vraie révélation lorsqu’elle joue cette mante bourgeoise, susceptible et autoritaire face à un nouveau partenaire ténébreux et soft, le Michaël (Nicolas Buysse)  que Judy, à défaut de le prendre, lui a fourré dans les bras.

Certes, les fragilités de la poétique Judy (Isabelle Defossé) sont fort attendrissantes, mais tellement hors-texte, presque incongrues,  devant la férocité sous-jacente des couples assoiffés d’idéal, mais  atteints de démolitionite organisée. La naïveté canadienne renversante de Gabe (Charlie Dupont), son  partenaire  indécis, aveugle et lâche, traverse la pièce comme  un bateau fantôme dérisoire. L’image de l’écrivain?  

https://www.theatrelepublic.be/

Comédie conjugale

MARIS ET FEMMES

Scénario Woody Allen
Adaptation théâtrale Christian Siméon. Mise en scène Michel Kacenelenbogen. Avec Aurélia Bonta, Nicolas Buysse, Isabelle Defossé, Inès Dubuisson, Charlie Dupont, Tania Garbarski et Damien Gillard 

DU 12/11/16 AU 31/12/16

Création - Grande Salle 
Représentations du mardi au samedi à 20h30 sauf le 12/11/2016 et le 31/12/2016 à 21h00
Spectacle complet : jusqu'au 20
/12

      

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administrateur théâtres

Première scène, Elle : Tu me prends pour une bille? Quelques scènes plus tard, Lui : Tu me prends pour une bille?

Pierre Arditi a triomphé dans « La Vérité »  en 2011, le voici écumant  dans les eaux marécageuses du nouveau spectacle de Florian Zeller : « Le  Mensonge ».  Paul, le mari d’Alice ment par habitude, par bonté d’âme, par bienveillance, comme preuve d’amitié et même d’amour. Peut-on l’accuser d’être hâbleur, roublard, hypocrite et dissimulateur ? Démonstration.

 In vino veritas. La vérité est dans le vin n’est-ce pas ? Pas étonnant que sa jeune femme ait  toutes les  peines du monde à avaler  le Château Mabille millésimé tant  l’humeur est tendue ce soir-là. Le Mensonge plane. L’heure est à la Vérité. La scène de ménage est prête à éclater.  Nous  en sommes  à quelques instants de recevoir à dîner  leurs meilleurs amis, Laurence et Michel. Trinqueront-ils dans la complicité à la fin de l’exercice ? On le leur souhaite! Qui, de fait,  souhaite pour soi ou les autres, déchirures,  humiliations,  et perte de confiance  mutuelle à cause des mensonges?

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Cette comédie sur  les 50 nuances de la vérité se reflète dans les magnifiques jeux de lumière sur un  décor  fait de panneaux translucides blancs qui composent l’intérieur très design de l’appartement. On est au salon, plus que dépouillé, quelques fauteuils identiques, deux dressoirs vides surplombés de peintures baroques luminescentes.  A droite une femme observe derrière son masque, à gauche une escalade de chairs nous renvoie le reflet d’une société aux mœurs légères et décadentes. Au fond, dans le dégagement qui mène à la cuisine est-ce un hologramme ou une toile à la Zubaran  qui représente des coquillages symboliques. C’est tout. Plus aucun changement de décor tout au long de la pièce mais une multitude de virages  lumineux entre les vérités de chacun. Du Pirandello de boulevard 2000. On n’est pas sorti de la caverne !  

La mise en scène de Bernard Murat  à la façon d’un étourdissant slalom, exploite les mouvements de scène et les mimiques  corporelles changeantes ad libitum. Body language never lies ?  Le public ne s’y fie pas ! Au contraire, c’est une occasion  pour lui d’observer à la loupe toutes les postures des menteurs et des menteuses ! Pleines lumières sur les ficelles utilisées et l’empreinte du faux. Mais les manipulateurs se trahissent par des lapsus, des actes manqués, des contradictions, des poses théâtrales, des intonations de bonne foi effarouchée. Et le dossier à charge se constitue… laissant la porte ouverte, pour celui qui l’écoute,  à la permission de mentir à son tour!  Le jeu s’emballe et se multiplie par 4 personnages, avec  la  répétition systématique  des  questions du partenaire, les généralisations de cas particuliers, la temporisation, la reprise des arguments de l’autre retournés contre lui, les doubles discours. Mais les bribes de vérité s’échappent comme d’un panier trop rempli et se fraient un passage dans les fractures - c’est le propre de la lumière -  malgré tous les efforts de dissimulation. Et c’est  fort  plaisant, car chacun peut s’entr’apercevoir dans ce miroir  éclaté.   Paul n’a pas l'intention de tromper, il veut protéger ses relations avec ses amis, avec sa femme. Il appelle cela la délicatesse !  C’est vrai. Le mensonge est inexcusable, c’est vrai aussi. Les vérités factuelles peuvent avoir des causes différentes, et le réel apparaît alors  différent pour tout le monde : quoi de plus vrai ?

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Avec les 30 ans d’amour de Pierre Arditi et Evelyne Bouix, Josiane Stoléru, Jean-Michel Dupuis, applaudis avec fracas par le public du Centre Culturel d’Auderghem, où l’on ne trouvait, le jour de la première, plus le moindre strapontin de libre. Pendez-moi, si  mon billet ment!

http://www.ccauderghem.be/index.php?mact=Agenda,cntnt01,DetailEvent,0&cntnt01id_event=59&cntnt01returnid=83

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play_434_lisbeths_(2).jpg« Lisbeths » (2006) de Fabrice Melquiot au théâtre Le Public  

 La douce canicule de cette mi-septembre se meurt vite dans l’atmosphère renfermée de la salle des voûtes du théâtre Le Public et la pièce devient vite  irrespirable, …entendez, dans le sens de l’absence de respirations! En effet, les deux comédiens vont mener train d’enfer, aspirés dans la fébrilité de leur poursuite amoureuse à travers les ronces de la vie.

George Lini et Isabelle Defossé ont tout donné ! La langue  est haletante, truffée d’interruptions, de rires trompeurs,  de lapsus, de choses échappées à l’inconscient, de bulles effarouchées, d’hésitations essoufflées, de précipitations  vertigineuses dans un jeu théâtral intelligent et juste.  Ils ne savent pas comment s’approcher, coincés dans leurs carapaces bourrées d’épines. Pas facile l’amour chez les oursins, comment remonter à la surface ?

 Les giclées de « enfin bref » sont autant de cris d’alarme brûlants. Le sol du plateau est un lit de braises. « Enfin bref », c'est le mot qui assassine le présent, qui court haletant vers un futur qui se dérobe, qui angoisse et qui terrorise.  A lui seul il symbolise  l'urgence d'un désir inassouvi, sans jamais l'ombre d'un espoir de contentement, avec à la clef la déception comme clef de voûte de la vie, dans une course absolue et effrénée, à l'assaut des ombres et non des choses et des gens, tels qu'ils sont! 

 Le duo fantastique des deux comédiens Georges Lini & Isabelle Defossé détient un  puissant pouvoir d’invitation à la réflexion. Cette pièce fulgurante du savoyard  Fabrice Melquiot pourrait-elle briser le cycle infernal de nos temps pressés et utiles... ?   Et si on éduquait les gens au contentement et non à l’avidité permanente ? Une avidité stimulée par la publicité, qui affirme qu’il nous manque toujours impérieusement quelque chose.  Une civilisation du besoin chronique et permanent, sans cesse ressassé, qui  instille dans les esprits la dure sensation de manque.  Ils ont les yeux dans les yeux, le corps à corps, mais pas la sérénité de  l’accord ! Le spectateur ne ressortira pas indemne, touché, mais heureusement pas coulé !

 « Ils ont tout et pourquoi cela ne marche pas » se demande-t-on?  Cette question ne cesse de hanter le spectateur souvent pris à témoin par les comédiens, ballotté dans l’ivresse des mots, des dialogues et des narrations croisées au cours de joutes qui ne sont pas que verbales puisque le corps est maître à bord. Ainsi, le spectateur est entraîné, troublé, subjugué par  l’énergie théâtrale époustouflante du  ballet des amoureux qui évoluent tels des papillons de nuits affolés, dans un clair-obscur plus livide que le désespoir. Et pourtant  la fille avait des rêves, elle avait su larguer les amarres, et pourtant elle avait - mine de rien- semé la lumière, rêvé d’un enfant dans la blancheur d’une innocence retrouvée,  galbée de verres de laits à la chaîne et de craies blanches prêtes à écrire une nouvelle vie.

Le phénomène de l’amour - ce qui fait que nous existons à nos yeux et aux yeux des autres - devrait être la tendre aspiration de chaque homme et de chaque femme. Mais la pièce  se fait de plus en plus pessimiste  et l’inaccessible étoile reste bel et bien inaccessible pour les deux personnages, à force de se concentrer sur leur propre désir et non sur celui de l’autre. Et pourtant tout avait  si bien commencé, un peu comme dans L’Ecume des jours: sur les  sentiers peu fréquentés  du fantastique et de la poésie.

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 Petits commerçants, petits consommateurs d’amour, ils s’éteignent aussitôt allumés, des lucioles perdues dans le grand noir !  Et l’homme est impuissant  devant son destin, vissé à une  angoisse obnubilante comme un coquillage sur son navire car sa Lisbeth, tout d’un coup, n’est  plus la Lisbeth qu’il connaissait dans les moindres recoins : elle a changé ! Elle est une Lisbeth plurielle et réelle. Et cela  Pietr ne l’accepte pas! …S’il pouvait se dire qu’elle est  tout bonnement vivante, traversée par le désir d’enfant et assoiffé de  lui ! Incapable de renoncements, il la fige dans son imaginaire, la cloue comme un papillon sur la planche de l’entomologiste, alors que la vie, c’est justement l’adaptation perpétuelle et le changement! Pauvres humains plus piquants encore,  mais bien moins sages, que les oursins!

 

http://www.chargedurhinoceros.be/index.php?option=com_content&view=article&layout=edit&id=118

...À plus de quarante ans, Pietr se contente de brèves aventures : représentant de commerce, ce n’est pas un métier pour être en couple, on n’est jamais là. Lisbeth fait irruption alors qu’il n’attendait plus rien. Ils se plaisent et décident rapidement de faire un enfant, dans un hôtel, face à l’océan. Elle patiente sur le quai de la gare. Quand il descend du train, il voit cette femme qui vient vers lui, tout sourire, toute lumière. Ce n’est plus Lisbeth, c’est une autre Lisbeth, c’est une inconnue. Mais il reste pourtant l’envie d’atteindre cet amour absolu …

De Fabrice Melquiot, mise en scène de Georges Lini, avec Isabelle Defossé et Georges Lini

Du 6 septembre au 29 octobre 2016 à 20h30 au Théâtre Le Public à 20h30

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=434

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fabrice_Melquiot

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administrateur théâtres

« Je ne te servirai plus de poupée gonflable… » 13344542_10209700038360510_6635381921918966401_n.jpg?oh=85edead30bb57179bf7c393c0a8362c2&oe=58029A9F

Tout commence par ce qui semble être un massage cardiaque, à moins qu’il ne soit d’une autre nature… La comédienne est belle à ravir : frange bombée de poupée, casque de cheveux aux reflets auburn  et dorés intenses, parfaitement peignés, joues roses, bouche en cœur ravissante sur une dentition parfaite. Lascivité mécanique. Un corps musclé et souple, beau de partout et sous tous les angles. Des habits d’écolière comme Alice et  presque une princesse égyptienne, pour le maquillage. La diction est exquise, les mouvements, de vrais miroirs de l’âme. Symboliquement infantile. Son nom : Daphné Huynh, prononcez Win. And she won, believe me!

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Comment l’esprit vient aux  filles… et aux femmes de ce début du 21e siècle est la question innocente posée par  Naomi Golmann, la jeune auteur du spectacle dont c’est le premier opus. A l’heure où le foulard et la burqa risquent de mettre en danger les faibles acquis du mouvement féministe (une goutte dans l’océan de l’histoire), voici  Daphné et Naomi transformées en  équipe féminine de choc  pour faire la peau à la Walt niaiserie qui encombre le corps et l’esprit de tant de jeunes filles et femmes modernes. Ce n’est pas que ces deux complices  nient l’utilité des contes, bien au contraire. Enfants, elles ont aimé les contes et savouré  plus tard la lecture complexe de la « Psychanalyse des contes de fées »  de Bruno Bettleheim  où chacun peut se retrouver dans la symbolique de l’un ou l’autre personnage de Perrault ou d’Andersen.   Ces contes, racontés et lus aux  jeunes enfants,  relus à l’aube de l’école primaire, avaient un caractère fondateur sur la notion de bien et de mal, sur la cruauté qui existe et sur les épreuves que chacun doit s’attendre à surmonter pour accéder à la maturité et devenir des adultes équilibrés et heureux.

Ils avaient  un impact symbolique considérable sur l’évolution des enfants jusqu’à… l’avènement des générations Disney. Malgré quelques plantes et monstres  bien effrayants, la représentation cinématographique, quoique très esthétique et merveilleuse a quelque chose d’enfermant, et semble avoir ôté aux contes lus ou racontés leur mystérieux pouvoir de développement de l’imaginaire et de l’introspection. Le modèle édulcoré et univoque de la princesse belle à ravir, gonflée de partout, semble avoir vidé les contes de  leur sens et de leur substance.  Le cœur de la nouvelle princesse – mais est-elle une princesse ? est un trou béant. «  Qu’on m’arrache le cœur, qu’on l’enferme dans une boîte et qu’il s’arrête de me battre! » se plaint la jeune comédienne. La princesse n’est plus qu’une coquille vide en attente de panoplies de Barbie et d’un  hypothétique prince charmant.  

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Le texte de BABYDOLL écrit par Naomi Golmann est le résultat d’un questionnement personnel intime et profond, d’une écriture très forte, cathartique sans doute,  lentement distillée sur une période de trois ans.  Féroce, sexy et pudique à la fois,  cette écriture dénonce les  dérives de notre imaginaire dans un langage cru et parler vrai, truffé de double-sens en séries. A notre époque, tout d’abord la princesse n’existe pas, elle est la boulimie des hommes comme Nabilla Benattia et autres consœurs, un fantasme ambulant créé pour  lui plaire, et si possible aussi vide qu’une poupée de porcelaine qui aurait perdu son mécanisme. Ou alors, totalement cynique.  De plus, le prince n’est qu’un Peter Pan fétichiste, « puer aeternus », enfant-roi qui refuse de grandir et qui, lorsqu’il rencontre la jeune fille, a  souvent déjà derrière lui  une solide exposition à la pornographie. Vivent les nouvelles technologies! Nous sommes à l’envers du conte! Les syndromes de Cendrillon, Belle-au-bois-dormant, Blanche-Neige et autres sont disséqués avec humour et raison. Car la réification de la femme, quoi qu’on en dise, va bon train! Parodiant Simone de Beauvoir, Naomi Golmann  déclare « On ne naît pas femme, on pratique les hommes et on le devient. »

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Sur scène et dans la mise en scène au scalpel percutante et  poétique de l'auteur, l’esprit, le corps et les cinq sens en éveil se confondent et se répondent comme dans une série harmonieuse de haikus.  Lewis Carroll est l’esprit frappeur, et Walt Disney l’esprit frappé. Pole dancing verbal et écriture physique se croisent en un ballet fulgurant de vérités. La  parodie des  dérives modernes : le jeunisme obligé,  la séduction féminine codifiée à outrance, l’hyper sexualisation dès le plus jeune âge, bat son plein  pour devenir  à son tour,  une sorte de conte  post-moderne, raconté avec verve par deux jeunes femmes désenchantées. Est-ce ainsi que les hommes vivent?

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Par : Daphné Huynh
Ecriture et Mise en scène : Naomi Golmann
Lumières : Arnaud V. Acker 
Musique originale : Witold Bolik

Crédit photos spectacle : Antoine Lanckmans

Crédit photo affiche : Christian Laloux

mercredi 8, jeudi 9 et vendredi 10 juin 2016 à 20h30

AU THEATRE DE LA CLARENCIERE

Rue du Belvédère 20-1050 Bruxelles

Infos Réservation : 02 / 640 46 17

http://www.laclarenciere.be/

Presse :

- L'économie du matin - http://www.economiematin.fr/news-theatre-crowdfunding-bb-doll-zuckerfree-cie-bruxelles

Helpline?

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administrateur théâtres

Y’A DES OBJETS QU’ON PEUT PAS POSSÉDER, C’EST EUX QUI NOUS POSSÈDENT. Perdu dans les rues de Londres, Jasmin, jeune loup de la finance débarqué de Montréal, rencontre un garçon prénommé Hadi qui cherche à lui vendre un tapis précieux aux motifs fascinants. Ce qui pourrait être une banale transaction se transforme en une véritable énigme quand le vendeur demande à Jasmin le mot de passe qui conclura le « deal ». Quête initiatique défiant l'espace et le temps, Warda nous emmène en un claquement de doigts des rives de la Tamise aux portes de l'Orient et des quais de l'Escaut à l'antique cité de Babylone. Une comédie à la lisière du fantastique où langues et identités s'entrechoquent sous le regard amusé du philosophe Michel Foucault.

 Des milliers de nœuds mais pas de trame! Préparez-vous au meilleur comme au pire! Préparez-vous aux élucubrations intercontinentales et surtout ne faites pas grincer votre fauteuil pendant le spectacle ! De grâce, pitié pour eux, ils tiennent à peine ! Et surtout, préférez le tapis comme moyen de transports, car de toutes façons, le parking de la Tulipe est ‘volbezet’.

Le bouquin de MICHEL FOUCAULT dont  se gargarise LILY (CHRISTINA TOTH ), l’étudiante en philo Newyorkaise qui habite chez COLOMBE (VIOLETTE CHAUVEAU) est franchement hermétique. Roucoulement de syllabes hétéroclites, elle se shoote  à l'hétérotopie ou d’éthérotopie, c’est selon la place du  h, n’est-ce pas? Mais les bouquets de fleurs sont fantastiques : Ils sont l’image captive du jardin. Le jardin du tapis, sans doute!

Pour dérouter, les parler diffèrent: flamand, français du Québec, bruxellois, berbère, anglo-américain. Les  frontières  linguistiques s’estompent, masculin-féminin, passé-présent, vie réelle et vie rêvée se confondent. Choix lucide ou destinée ? Le body language est le plus fort. Le contact  du pied nu avec le tapis quatre saisons où s’accouplent fleurs et oiseaux, pur mélange laine et soie, vieux de plusieurs siècles est une expérience inoubliable. Ca, c’est l’étincelant jeune cadre dynamique et connecté du Québec qui vous le dit. Sa mère s’appelait Rose. Elle a disparu quand il avait 14 ans. Présence théâtrale étincelante d’HUBERT LEMIRE dans le rôle de JASMIN. Tiens, encore un nom de fleur!     

WARDA, quel nom barbare pour une rose ! A rose is a rose, is a rose, is a rose … comme le dit la poétesse.  Bien sûr que c’est un motif! On déteste qu’on nous mette les points sur les I et les barres aux T. Le motif revient à l’infini dans le miroir des spectateurs, tapi dans le tapis sans trame de l’imaginaire. Sauf que, le tapis a soudain explosé dans un attentat terroriste, note d’actualité ou prémonition? Explosion de culture? Vol du tapis ? Il a bel et bien disparu!   

Au coin du plateau, à chaque changement de scène une écrivaine aussi aimable qu’une fée Carabosse vous enfume. Elle vit recluse pour se protéger des autres et du monde. C’est tout juste si elle ne renvoie pas le public chez lui !  De sa voix rugueuse, elle  ne cesse d’intervenir pour remonter l’histoire et apostropher le public. Ceci n’est pas du Brecht! Il n’y a rien à expliquer ni  à comprendre, qu’elle cesse de couper nos fils! Elle est laide, rébarbative et misanthrope. Qu’on la pende, dirait la reine! Personnage incarné par MIEKE VERDIN (ANNELEEN).   

Par contre, on est tout yeux et tout oreille  pour le jeune marchand de tapis, SALIM TALBI (HADI/Ali), beau comme un rêve  qui vend du paradis en servant le thé. Soif d’idéal ? Warda-Rose : « je suis un jardin et ça boit beaucoup! »

Tout est dans le regard. S’il n’y a pas de regard - demandez à Warda - il n’y aura pas de tapis ! Warda -Rose a vu le paradis et le raconte à ses frères qui exécutent le tapis! But, there’s a bug in the rug ! Pourquoi tout le monde fait semblant de croire que quelqu’un a tué Warda? On vous a dit qu’elle a disparu, elle n’est pas nécessairement morte ! Vous avez vu la double porte blanche? Elle est juste à côté, là où elle doit être! Si vous voyez ce que je veux dire ! Vous prendrez bien un thé avec Alice? Ensuite nous rangerons les citrons ensemble!

Avec Violette Chauveau, Hubert Lemire, Salim Talbi, Christina Toth, Mieke Verdin

 Écriture Sébastien Harrisson / Mise en scène Michael Delaunoy

 

Une production de la compagnie de théâtre Les Deux Mondes (Montréal) en coproduction avec le Rideau de Bruxelles. Avec le soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des Arts du Canada, du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et de Wallonie-Bruxelles International.

 N.D.L.R Vous me direz peut-être que je n'ai rien compris, mais il n'y a rien à comprendre!

http://www.rideaudebruxelles.be

 

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administrateur théâtres

Pour sa 34e édition, Art Brussels s’installe dans un nouveau lieu, Tour & Taxis.

Art Brussels dévoile les détails des sections Rediscovery, Discovery et Solo et son projet artistique phare.

Cet ancien site de dédouanement et d’entreposage, construit en 1904, est un modèle spectaculaire d’architecture industrielle. De taille réduite par rapport à l’édition précédente, la foire accueille cette année 141 galeries venant de 28 pays, réparties sur trois sections principales : PRIME, DISCOVERY et une nouvelle section, REDISCOVERY.

En outre, 24 galeries participent à SOLO, une section consacrée à la présentation d’œuvres d’artistes individuels. Cette année, le comité international a sélectionné un tiers (32 %) de nouveaux venus, parmi lesquels :

Ben Brown Fine Arts (Londres), Luis Campaña (Berlin), Laurent Godin (Paris), Peter Kilchmann (Zurich), Tina Kim (New York), Parisa Kind (Francfort), Antoine Laurentin (Paris, Bruxelles), Lyles & King (New York), Pace (Londres, Pékin, Hong Kong, Menlo Park, New York), Thomas Schulte (Berlin), Timothy Taylor (Londres), Elisabeth & Klaus Thoman (Vienne), Wilkinson (Londres), Martin van Zomeren (Amsterdam). Deux tiers (68 %) des exposants ont participé à l’édition précédente, et bon nombre d’entre eux (30 %) font preuve d’un engagement durable depuis plusieurs années, tels qu’Albert Baronian (Bruxelles), Bernier/Eliades (Athènes, bientôt à Bruxelles), Meessen De Clercq (Bruxelles), dépendance (Bruxelles), Grimm (Amsterdam), Xavier Hufkens (Bruxelles), Jablonka Maruani Mercier (Bruxelles, Knokke), Rodolphe Janssen (Bruxelles), Krinzinger (Vienne), Mitterand (Paris), Mot International (Londres, Bruxelles), Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles), Almine Rech (Bruxelles, Paris, Londres), Michel Rein (Paris, Bruxelles), Tucci Russo (Torre Pellice) Pietro Sparta (Chagny), Sorry We’Re Closed (Bruxelles), Daniel Templon (Paris, Bruxelles), Valentin (Paris)…

DISCOVERY

Cette section, qui présente une plus jeune génération d’artistes et soutient le travail de galeries émergentes, a joué un rôle important dans le développement du profil d’Art Brussels comme « foire de découverte ». DISCOVERY a été lancée l’an dernier en vue de réunir et de présenter des artistes internationaux prometteurs dont l’œuvre n’est pas encore très connue en Europe. Cette section accueille cette année 30 galeries (soit 21% des galeries participantes) exerçant depuis maximum huit ans. Ensemble, elles présentent des œuvres de 61 artistes, toutes créées entre 2013 et 2016. Véritable occasion pour les collectionneurs et les professionnels de l’art de faire des découvertes, cette section consolide la réputation d’Art Brussels en tant que foire où l’on peut identifier des artistes au début de leur carrière. Cette année, les nouveaux venus sont:

Sabrina Amrani Gallery (Madrid), angels (Barcelone), Arcade (Londres), :BARIL (Cluj-Napoca), BWA Warszawa (Varsovie), Château Shatto (Los Angeles), Document Art (Buenos Aires), General Store (Picton), Iragui (Moscou), Ellis King (Dublin), Neumeister Bar-Am (Berlin), The Sunday Painter (Londres) et Rita Urso (Milan). Les galeries peuvent exposer un à trois artistes sur leur stand. Le comité de sélection des galeries de la section DISCOVERY est composé de : Michael Callies, dépendance (Bruxelles) | Aaron Cezar, Directeur de Delfina Foundation (Londres) | Zoë Gray, Commissaire d’exposition à WIELS (Bruxelles) | Katerina Gregos, Commissaire d’exposition et Directrice Artistique d’Art Brussels| Nikolaus Oberhuber, KOW Gallery (Berlin).

REDISCOVERY

Cette section joue également un rôle majeur dans le développement du profil déjà bien établi de la foire comme « lieu de découverte ». Quatorze galeries présentent des œuvres d’artistes importants de l’avant-garde historique, vivants ou décédés, ayant été sous-estimés, négligés ou indûment oubliés. La sélection se concentre sur la création artistique entre 1917 et 1987 ; elle établit un lien entre les prémices de l’art conceptuel et l’avènement de pratiques néo-conceptuelles et souligne l’importance d’une mémoire de l’histoire de l’art. REDISCOVERY aspire à contrebalancer le « présentisme » inhérent aux foires d’art contemporain en mettant en évidence des artistes étonnants, inconnus et originaux n’ayant pas encore percé dans le courant dominant de l’histoire de l’art. Quelques artistes phares présentés dans la section Rediscovery :

Roy DeCarava (1919-2009, É.-U.) était le premier photographe américain à recevoir une bourse du Guggenheim. Ce pionnier de la photographie afro-américaine a marqué une rupture avec la tradition du documentaire social de son époque, et fut en outre un militant actif des droits civils (Jenkins Johnson gallery, San Francisco).

Eduardo Terrazas (° 1936, MX) est un membre fondateur de la scène artistique contemporaine mexicaine dont l’œuvre embrasse différentes disciplines, incluant l’architecture, le design, la muséologie et l’urbanisme. Terrazas s’est fait connaître pour avoir développé une forme d’abstraction spécifique qui combine des éléments géométriques avec des composantes du folklore mexicain, naviguant entre art contemporain et artisanat traditionnel (Timothy Taylor, Londres).

Bob Law (1934-2004, UK) était un des pères du minimalisme britannique, connu pour ses grandes toiles et dessins composés uniquement de nuances de noir et de simples dessins abstraits (Richard Saltoun, Londres) ;tandis que Boris Lurie (1924-2008, É.-U.) était le fondateur controversé du NO!art, un mouvement d’avant-garde anti-art qui a vu le jour à New York en 1959 et fustigeait la société de consommation (Odile Ouizeman, Paris).

Vera Molnar (° 1924, HU) est une pionnière de l’art numérique et algorithmique (Galerie Oniris – Florent Paumelle, Rennes). La photographie expérimentale de Barbara & Michael Leisgen (° 1940, DE & ° 1944, AT) a fait office de contrepoids à la photographie conceptuelle, typologique, pratiquée dans les années 70 (Beta Pictoris Maus, Birmingham). L’artiste féministe indéfinissable Hessie (° 1936, CU) produit des œuvres diverses et variées, avec de la peinture, des textiles, des objets du quotidien, voire du rebut (Arnaud Lefebvre, Paris).

SOLO

Comme les années précédentes, Art Brussels continue à porter une attention particulière aux présentations individuelles. 24 galeries exposeront des projets SOLO d’artistes de 18 pays (Europe, Moyen-Orient, Amérique et Asie), ce qui en fait le groupe le plus international et géographiquement diversifié de la section SOLO d’Art Brussels à ce jour.

Sélectionnée par Katerina Gregos, cette section comporte une variété de pratiques artistiques, aussi bien d’artistes émergents qu’historiques, de générations différentes, représentant des courants allant du conceptuel, du formel et du minimaliste au politique et au post-colonial.

Larissa Lockshin (Canada, ° 1992), Albert Baronian (Bruxelles) Ester Fleckner (Danemark, ° 1983), Avlskarl Gallery, (Copenhague) David Medalla (Philippines, ° 1942), Baró Galeria (Sao Paulo) Ori Gersht (Israël, °1967), Brand New Gallery (Milan) Anoek Steketee (Pays-Bas, ° 1974), Flatland Gallery (Amsterdam) Shaun Gladwell (Australie, °1972), Galerie Analix Forever (Genève) Iván Navarro (Chili, ° 1972), Galerie Daniel Templon, (Paris/Bruxelles) LAb [au] (Belgique, fondée en 1997), Galerie Denise René (Paris) Taysir Batniji (Palestine, ° 1966), Galerie Éric Dupont (Paris) Sammy Baloji (République Démocratique du Congo, ° 1978), Galerie Imane Farès (Paris) István Csákány (Roumanie, °1978), Galerie Krinzinger (Vienne) Bob and Roberta Smith (UK, °1963), Galerie Kusseneers (Bruxelles) Levi van Veluw (Pays-Bas, ° 1985), Galerie Ron Mandos (Amsterdam) Rokni Haerizadeh (Iran, ° 1978), Isabelle Van Den Eynde (Dubai) Georges Tony Stoll (France, °1955), Jérôme Poggi (Paris) Noémie Goudal (France, ° 1984), Les Filles Du Calvaire, (Paris) Jochen Höller (Autriche, ° 1977), Mario Mauroner (Vienne) Nicolás Lamas (Pérou, ° 1977), Meessen De Clercq (Bruxelles) Marinella Senatore (Italie, ° 1977), MOT International (Londres, Bruxelles) Darren Almond (UK, °1971), New Art Centre (Salisbury) Pier Paolo Calzolari (Italie, ° 1943), Ronchini Gallery (Londres) Dinh Q. Lê (Vietnam, °1968), Shoshana Wayne Gallery (Santa Monica) Yann Gerstberger (France, °1983), Sorry We’re Closed (Bruxelles) Kristof Kintera (République tchèque, ° 1973), D + T Project (Bruxelles).

PROJETS ARTISTIQUES

‘Cabinet d’Amis : the accidental collection of Jan Hoet’ est le projet artistique phare de l’édition d’Art Brussels 2016. Il s’agit d’une sélection d’œuvres de la collection de feu Jan Hoet. Hoet (1936-2014) était un commissaire d’exposition internationalement reconnu, qui a fait sensation en 1986 avec son exposition révolutionnaire Chambres d’Amis. Ensuite, il a assuré le commissariat de Documenta IX à Kassel, ainsi que plusieurs autres expositions importantes. Il est de surcroît le fondateur du S.M.A.K, le musée d’art contemporain à Gand. En Belgique, il était une des rares personnalités du monde de l’art contemporain à être connues de tout un chacun. Son dévouement et sa passion pour l’art sont sans équivoque et l’idéalisme, l’opiniâtreté et le goût de la provocation du personnage contribuent à sa réputation légendaire. La collection de Jan Hoet est hautement idiosyncrasique ; elle résulte plus de relations forgées avec des artistes tout au long de sa carrière que d’une accumulation d’œuvres intentionnellement rassemblées. Beaucoup de pièces sont des dons d’artistes. Le résultat est éclectique et insolite, soulignant le caractère non-conformiste de son propriétaire. Bien que la collection compte près de 500 œuvres, la plupart d’entre elles sont de taille modeste. L’exposition présente des œuvres d’artistes belges et de bien au-delà, renommés, internationalement salués ou moins connus, artistes avec lesquels Hoet a travaillé en étroite collaboration.

Parmi les artistes présentés, on peut citer : Joseph Beuys, Christian Boltanski, Michaël Borremans, Ricardo Brey, Marcel Broodthaers, Cai Guo-Qiang, Thierry De Cordier, Raoul De Keyser, Wim Delvoye, Jessica Diamond, Marlene Dumas, Jimmie Durham, Günther Förg, Rodney Graham, David Hammons, Joseph Kosuth, Kris Martin, Bjarne Melgaard, Marisa Merz, Cady Noland, Dennis Oppenheim, Panamarenko, Giulio Paolini, Richard Prince, Nedko Solakov, Luc Tuymans, Patrick Van Caeckenbergh et Franz West. Katerina Gregos est curatrice de l’exposition, organisée avec l’aimable concours de la famille de Jan Hoet. Elle se tiendra à l’Hôtel de la Poste, un espace à l’intérieur du site historique et nouveau port d’attache d’Art Brussels, Tour & Taxis. La scénographie de l’exposition est conçue par l’artiste, Richard Venlet, qui vit et travaille à Bruxelles. L’exposition bénéficie du généreux soutien d’Anglo Belge Special Risks et de Stibbe.

CAMPAGNE DE COMMUNICATION 2016

Chaque année, Art Brussels choisit un artiste pour concevoir sa campagne de communication. L’approche créative de la campagne 2016 a été confiée à OTTOMURA.

OTTOMURA est un collectif belge fondé en 2010 par trois photographes pour répondre à des commandes, ensemble ou individuellement, sans que cela interfère avec leur pratique photographique personnelle. Le collectif se concentre sur les médias visuels et touche résolument à tous les genres : documentation d’exposition, mode, photojournalisme, missions à caractère commercial… Les images de la campagne d’OTTOMURA ont été produites à Tour & Taxis, sur le nouveau lieu d’accueil d’Art Brussels, en vue de souligner les caractéristiques de ce bâtiment industriel spectaculaire de 1904. Les artistes se sont lancés dans une série d’expériences in situ, avec de la fumée colorée dans les espaces vides du bâtiment, créant une atmosphère éthérée, plongée dans une attente latente, qui s’animera entre le 21 et 24 avril 2016.

Anne Vierstraete, Managing Director : « Avec son déménagement à Tour & Taxis, Art Brussels affine la qualité de sa liste de galeries participantes et renforce son lien de longue date avec la scène artistique particulièrement dynamique de Bruxelles. Ce faisant, elle se rapproche géographiquement des expositions proposées dans son programme OFF, des galeries et de l’offre artistique générale en ville qui animera Bruxelles à la fin du mois d’avril.

Le célèbre Brussels Design Market aura également lieu à Tour & Taxis durant le week-end d’Art Brussels, diversifiant ainsi l’offre avec des centres d’intérêt complémentaires. Le déménagement est une excellente occasion de rehausser la qualité d’autres paramètres tels que la scénographie de la foire qui sera confiée cette année à Tom Postma Design. Qui plus est, faisant écho à la réputation de Bruxelles de haut lieu de la gastronomie, Art Brussels va offrir une expérience culinaire créative, sous la supervision d’un des maîtres de la fine cuisine en Belgique, Jean-Michel Loriers (JML). Enfin et surtout, Art Brussels tient à remercier ING pour son soutien continu depuis 2005; ING présentera une installation in situ de Peter Kogler, spécialement conçue pour la foire. »

ART BRUSSELS : CONTEMPORAIN DEPUIS 1968

Bien qu’elle garde son profil jeune de ‘foire de découverte’, Art Brussels est une des foires les plus anciennes et les plus établies d’Europe. Fondée en 1968, sous le nom « Art Actuel », par un petit groupe de galeristes belges respectés qui invitaient chacun une galerie étrangère à y exposer, la foire avait un caractère nomade au cours de ses premières années, et se déplaçait dans des lieux aussi différents que le Casino de Knokke (1972) ou le Palais des Beaux-Arts à Bruxelles (1976). En 1989, la foire a déménagé au Heysel, l’emplacement de l’ancienne Expo 58, où elle est restée jusqu’à l’année dernière. Jusqu’en 1997, l’asbl des Galeries belges d’Art contemporain a géré la foire, avant sa reprise par le groupe Artexis-Easyfairs, actif au niveau international dans la gestion d’espaces d’expositions et l’organisation d’événements multi-formats.

Depuis ses débuts, Art Brussels a évolué en une incontournable foire d’art contemporain internationale, parmi les meilleures d’Europe. Elle reçoit chaque année plus de 400 candidatures. En déménageant dans son nouvel écrin, Art Brussels poursuit son évolution, conservant son profil de foire à la pointe de la découverte, qui présente des galeries et des artistes émergents et inconnus, au sein des sections DISCOVERY et REDISCOVERY, de même que des galeries établies de réputation internationale au sein de la section PRIME.

Informations pratiques:

Contacts Presse Belgique et Europe: Gerrie Soetaert Press & Communication Gerrie Soetaert |

gerrie.soetaert@skynet.be M : +32 (0) 475 47 98 69

Royaume-Uni et Etats-Unis: Pelham Communications Rachel Guthrie | rachel@pelhamcommunications.com T : +44 (0) 208 969 3959 Images Presse Art Brussels 2016

Art Brussels 2016 se déroule à Tour & Taxis du vendredi 22 avril au dimanche 24 avril 2016, de 11h00 à 19h00

Preview : Jeudi 21 avril 2016, de 11h00 à 17h00 Vernissage : Jeudi 21 avril 2016, de 17h00 à 22h00

Vernissage : Jeudi 21 avril 2016, de 17h00 à 22h00

Lieu; Tour & Taxis Avenue du Port 86C, 1000 Bruxelles, Belgique 

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administrateur théâtres

Une CRÉATION MONDIALE -  « KENNEDY » de Thierry Debroux,

 Le 5ème spectacle de la saison du Théâtre Royal du Parc :

Trois dates:       

Du 14 avril au 14 mai 2016 :– Bruxelles - création

Les 2 et 3 juin 2016 : Théâtre Montansier – Versailles

Juillet 2016 : Festival Off d’Avignon - Théâtre du Chêne Noir


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En quelques mots…

La pièce nous fait entrer dans l’intimité du président des États-Unis lors de cette fameuse soirée au Madison. Marilyn Monroe vient de susurrer «Happy Birthday». John (Jack pour les intimes) et Bobby règlent leurs comptes dans une chambre d’hôtel sous le regard d’une mystérieuse inconnue qui semble tout connaître des deux frères. Un suspense psychologique mis en scène par Ladislas Chollat dont le spectacle Le Père a triomphé à Paris et remporté plusieurs Molières dont celui du «Meilleur spectacle». Il a travaillé avec Fabrice Lucchini, Line Renaud, Robert Hirsch, Dominique Pinon  Créateur d’une sorte de bombe psychologique méticuleusement documentée  et truffée d’irrationnel,  Thierry Debroux est l’auteur du texte dense et percutant.

 

  Est-ce un fantasme ? La femme est-elle l’avenir de l’homme ? C’est ce que semble suggérer  cette femme multiple et  déstabilisante qui hante les rêves des deux frères Kennedy sous les traits séduisants d’Anouchka Vingtier, resplendissante de féminité dans chacune de ses apparitions. Dans chaque éclat du miroir qu'elle tend aux deux frères, chacun  peut tour à tour  y contempler le doute, la conscience, la destinée, le libre-arbitre, le souvenir, la mort ? Ou bien l’égérie,  la muse,  la libératrice, la   consolatrice, l’amour, peut-être ?  A chaque fois, la beauté de l’ange, qui vous tient la main et voudrait vous aider à changer votre destin.  Elle l’avoue elle-même : « Ich bin eine « Mystère » … » Pendant  parodique d’ « Ich bin ein Berliner ? » Tour à tour, un ying et un yang splendidement incarnés qui ne fascinent pas que le président.  Entendez-la :

Jack : Qui êtes-vous ?

La femme : C’est un prénom que tu veux ? De toute façon, tu ne te souviens jamais des prénoms. C’est dommage que tu sois cloué là...La vue est sublime d’ici.

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Jack : Comment savez-vous que j’allais occuper cette suite ? Je ne le savais pas moi-même...

La femme : Ich bin eine «  Mystère » !

Jack : Bon, ça suffit. J’appelle la sécurité...

La femme : Tu veux que j’approche le téléphone ? C’est le corset qui te gêne ? L’homme le plus puissant du monde porte un corset à cause de son mal de dos tout cassé. Je trouve ça plutôt mignon. Mais attention, ce corset pourrait te jouer des tours... 

  Personnages et décor hyper-réaliste font tout de suite penser aux tableaux d’Edward Hopper. Les admirables costumes de Jackye … Fauconnier et les décors de Geneviève Périat  prolongent avec  humour l’illusion artistique. Les vidéos d'époque coulent comme un immuable sablier sur l'action psychologique. Elle se situe le 19 mai 1962 dans une suite luxueuse d’un hôtel de New York.

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  Alain Leempoel (JFK), Dominique Rongvaux (Bobby) et Anouchka Vingtier composent  le trio d’enfer qui va rejouer comme un thriller, l’Histoire qui s’arrêtera le 22 novembre 1963 à Dallas.  L’action plonge  dans la souffrance abyssale du président : il a le dos qui part en miettes. Il fait le point avec son frère Bobby et  confie par bribes, les relations difficiles du clan avec le père qui, grâce à l’argent, l’a fait élire président. Le texte pointe les manipulations,  l’absence d’amour de Rose, sa mère, le mariage malheureux avec Jackie, l’hypocrisie des apparences.  Sa relation  avec Marilyn fait voir à JFK combien en fait,  ils se ressemblent.  Au passage, le texte détrousse les dossiers compromettants avec les caïds de la Maffia, la pègre de Chicago, les  rouages cachés de la famille Kennedy et les  malédictions qui la rongent. Est-ce ainsi que nous ignorons tout des puissants qui nous dirigent? Est-ce ainsi que nous aimons parfois dans nos familles ?

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  Le mythique JFK est un infirme qui pourrait hurler de douleur et cache sous son bronzage légendaire et son sourire de héros,  un immense mal-être physique et moral. Il ne sait pas combien de temps il pourra cacher au monde ses infirmités. « Un président infirme ne fait pas rêver, alors je dissimule ! » articule-t-il. Se présenter aux  yeux du monde, lui aussi, en chaise roulante, lui fait horreur. « Plutôt crever ! »  Son monde intime est un cauchemar, il avoue ne pouvoir se supporter que grâce aux drogues et au sexe. Cerné par ses hallucinantes rencontres avec la Femme-miroir, il attend désespérément les injections de procaïne  du docteur Feelgood  et parle vraiment pour la première fois avec son frère Bobby tandis que La Femme-miroir décortique sans relâche, chacun des deux frères, à la façon d’une entomologiste pour percer leur vérité.

  La mise en scène dynamique  de Ladislas Chollat s’emploie à maintenir brillamment le rythme soutenu d’un roman d’espionnage. On assiste, le souffle coupé,  à de violentes chevauchées d’amour dans une sorte de course constante contre la mort! Le jeu scénique intense du trio est impeccable et  millimétré mais le Temps gagne toujours.  Humilité: « Si toi qui portes le monde sur les épaules, tu n’es pas maître de ton destin, qui pourra se vanter de l’être… ? »

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 http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/36.html

KENNEDY
de Thierry Debroux.

Du jeudi 14 avril au samedi 14 mai

Avec : 
Alain Leempoel
Dominique Rongvaux 

Anouchka Vingtier

Mise en scène : Ladislas Chollat 
Assistanat: Catherine Couchard
Scénographie : Emmanuelle Roy
Lumières : Alban Sauvé
Costumes : Jackye Fauconnier
Création make up et coiffure : Bouzouk 
Musique : Frédéric Norel
Durée : 1h30 sans entracte

Avec l’aide de Panache Diffusion et de la Compagnie Nationale 12.

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administrateur théâtres

1274660243.jpgVoyage métaphorique ?
Falling asleep? Eveil, ou réveil ?  « Falling: A Wake », c’est le titre original  de la pièce de l’auteur canadien Gary Kirkham. Traduction en français : « Une veillée ». Il est certain que vous ne vous endormirez pas! Le bruit infernal de l’explosion de l’avion qui s’écrase à côté d’une ferme « sur un point indéterminé de nulle part » a de quoi réveiller le spectateur en manque de sieste ! La pièce se base sur un fait réel : le crash dramatique du vol 103 de Pan Am suite à un attentat terroriste en 1988. Il y a presque trente ans. Les 150 victimes de l’airbus Germanwings, c’était l’année dernière, à Pâques.

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Au début de l’histoire, des pièces d'un avion commencent à tomber du ciel, et l'un des passagers, sanglé dans son siège. Un beau jeune homme au visage limpide. Le vieux couple du professeur de mathématique Harold et Elsie qui avait choisi de reprendre la ferme paternelle, découvre cette chose totalement ahurissante et apocalyptique dans leur univers clos, qu’ils annoncent avec humour, quelque part sur un chemin, par une pancarte surréaliste : « Si vous pouvez lire ce ci, c’est que vous êtes perdu !»   Et en avant les phrases sibyllines, surréalistes, vêtues de sens multiples, touchantes comme les galets littéraires semés par Samuel Beckett ou Harold Pinter. 825857779.jpgLe froid humide, l’absence de lumière de la cave souterraine où se joue la pièce contribue à l’atmosphère lugubre. Si on sort les couvertures sur scène, on les sort aussi dans les fauteuils de l’assistance, question de se mettre au diapason. Harold et Elsie réagissent à cet accident terrifiant, métaphore de la fin du monde, chacun à leur manière. Harold (Alexandre Trocki) s’empresse auprès de sa femme, en lui prodiguant mille attentions amoureuses et tendresse de longue date. Il fait la lumière à commencer par une torche, puis une lanterne puis une armée de bougies, photophores et chandeliers, pendant que la femme veille le mort, et se met à lui parler. Son âme et-elle encore là ou est-elle déjà partie ? Elsie (Brigitte Dedry) prend l’initiative d’une longue conversation à sens unique avec le jeune homme mort. Elle risque la prière. Lui, recrée minutieusement sur la scène de l’accident un semblant de vie  domestique quotidienne en amenant auprès de la femme qu’il aime, fauteuil de salon, tapis, chocolat chaud…A la façon de ces oiseaux fidèles, faiseurs de nids, indissociables et tendres.

3968818209.jpgEt puis, si tout cela n’était qu’invention commune? Recherche désespérée de sens? Une pure invention, comme le jeu des enfants, quand leur imagination est palpitante en regardant les étoiles et en entendant les cris féroces de la nuit. Et si, sur scène on voyait se réaliser la magie de l’amour? Et si ces comédiens vieillis étaient tout simplement en train de mettre en commun leur âme d’enfant ? Et si cette mise en scène était la catharsis d’une douleur ancienne innommable? Une perte insupportable? Peut-on nommer la douleur la plus grave pour des parents? Vous êtes bel et bien en plein voyage métaphorique! La dernière phrase tombe : comme une pièce détachée de métal brûlant. « Mais comment peut-on expliquer tout cela ?» « Il n’y a rien à expliquer !» 
La mise en scène de Virginie Thirion, jointe à la scénographie et aux costumes de Marie Szersnovicz ont de quoi glacer le corps mais pas le cœur…La création sonore palpitante, grande composante de la pièce, est signée Marc Doutrepont.

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UNE VEILLEE

De Gary Kirkham.
Avec Alexandre Trocki et Brigitte Dedry.

Belle comédie dramatique

DU 08/03/16 AU 30/04/16

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=420&type=1

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Pièce de résistance par Marie Baudet in La Libre, le 10 février 2016
Tendresse grinçante et résistance par Marie Baudet in La Libre, le 18 février 2016
Alexandre Trocki, la force tranquille par Catherine Makereel in Le Soir, le 20 février 2016
Les veillées de Gary Kirkham : le travail du deuil sous le masque du domestique par Sébastien Barbion in Le Rayon Vert Cinéma, le 21 février 2016
Une veillée *** par Eric Russon in Moustique, le 24 février 2016
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Le mot de  Virginie Thirion :

Cette pièce canadienne, création mondiale en langue française que nous vous proposons, est une petite perle sensible et tellement humaine. Un duo porté par Alexandre Trocki et Brigitte Dedry, dans une mise en scène de Virginie Thirion. Souvenez-vous du tendre J’habitais une petite maison sans grâce, j’aimais le boudin, la saison dernière.

Ainsi commence l’histoire :

«Si vous pouvez lire ceci, c’est que vous êtes perdus». Voilà comment on arrive chez Harold et Elsie.

Le début de la nuit, il fait froid.

On entend le faible bruit d’un avion au loin.
Ensuite, le fracas sourd d’une explosion.
Silence.
Quelque part, un chien aboie.

Elsie : C’était quoi ce bruit ?
Harold : Je sais pas… un orage peut‐être.
Elsie : Quoi ?
Harold : Je disais, un orage peut-être.
Elsie : Il fait froid. Tu as mis quelque chose de chaud ?
Harold : Oui, j’ai un manteau.

Harold sort avec une lampe torche. Il porte des bottes en caoutchouc et le manteau de sa femme.

Quelque part entre Harold Pinter et Samuel Beckett, Harold et Elsie, fermiers par hasard, élevant des poules en pleine campagne, « un point indéterminé de nulle part, parce que si nous étions au milieu de nulle part, on pourrait encore nous trouver… », comme le dit si bien Harold, ancien professeur de mathématique qui a gardé le souci de la précision. Deux personnages tout en humour et tendresse. Si je devais pointer l’enjeu majeur de la mise en scène, ce serait celui-ci : servir la tendresse et l’humour présents dans le texte, dans l’histoire. C’est une vraie gageure, s’agissant de deux êtres confrontés à l’insupportable. Et pourtant. Ils résistent, chacun à leur manière. Elsie parle, elle raconte, elle choisit ce qu’elle veut croire, elle maintient le contact, elle parle pour tenir la tristesse à distance, pour maintenir son mari proche. Harold résiste en acte : d’accord, un événement imprévu et dramatique, emprunt de mort, les expulse de chez eux. Mais il ne s’avoue pas vaincu pour autant, il lutte pied à pied, accumulant fauteuil, lampe, tapis, pantoufles, bougies…. n’hésitant pas à recréer du confort et une possibilité de vie là où l’inimaginable et le traumatisant s’étaient imposés. Et à deux, unis par un amour nourri et construit tout au long de leur histoire et de leurs épreuves communes, ils font reculer l’insupportable injustice de la vie, l’adversité, le chagrin, l’isolement.

Brigitte Dedry et Alexandre Trocki sont les deux interprètes. Ils ont pour eux cette finesse, cette intelligence du texte, et cette belle capacité à en faire entendre les délicatesses. Avec eux, nous découvrons et explorons ce que les personnages se disent vraiment lorsqu’ils se parlent. Nous découvrons comment l’auteur a parfaitement construit leur histoire, lors de cette incroyable nuit, et comment il a subtilement balisé leur cheminement vers la paix et la sérénité.

– Virginie Thirion –

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administrateur théâtres

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"Le 7ème continent" de Thierry Janssen - Photo Bruno Mullenaerts
Autour du cercueil de l'homme de leur vie, trois femmes assemblent petit à petit les pièces d'un puzzle affectif et envisagent le monde à l'aune des relations humaines.

Franck, Jack, Mick ? Shocking ! 

Dans le Nord-est du pacifique, entre la Californie et Hawaï, les déchets produits par les activités humaines et déversés dans les océans sont acheminés par les courants marins vers un nouveau "continent" boulimique dont la taille atteint près de 3,5 millions de km². A l'image d'un puissant siphon marin, le vortex attirerait vers lui tous les résidus de notre société de surconsommation. Toutefois, contrairement au siphon, les déchets ne sont pas "aspirés" mais accumulés et bien visibles. Voilà pour le titre! C’est  aussi le nom d’une œuvre d’art présentée à l’exposition : «  2050. Une brève histoire de l'avenir ». Source d’inspiration de l’auteur de la pièce?  

L’histoire raconte la rencontre de trois veuves (des résidus ?) amoureuses du même homme, sûrement très extraordinaire pour avoir su mener une triple vie sans jeter le moindre soupçon.  Shocking. La double vie ne semblant, par les temps qui courent,  pas assez palpitante pour intéresser le public, Thierry Janssen lance l’idée d’une troisième femme dans  le tableau, histoire de secouer un peu les esprits et d'amorcer une nouvelle dynamique.

Le 7ème continent -8- (c) Bruno Mullenaerts.jpg

 Et cela marche du tonnerre. Le public se passionne pour trois « être » différents. Kristin, 40 ans, Miss Météo est bon chic bon genre, coincée et maladroite. Anaïs, 35 ans, est activiste chez Greenpeace, elle écume de colère et de révolte. Lola, 21 ans,  est  handicapée, elle souffre  du  syndrome  d’Asperger qui fait d’elle un robot encyclopédique incapable d’éprouver la moindre émotion. Bien sûr, les trois  femmes se reconnaissent toutes comme l’unique objet de désir de l’homme défunt  et se disputent son souvenir et  leur avenir à coups de mots cinglants.  En crêpages de chignon successifs  bien  caustiques, les caractères se dessinent, toutes griffes dehors, le charme en bandoulière, le sabotage amoureux et le dépit au fond du cœur. Mais sous le choc du deuil de l’homme et la découverte du triple mensonge, commenceraient-elles à s’écouter ? Elles sentent soudain qu’elles ont besoin l’une de l’autre pour comprendre. Femme des années 2020, qui sont-elles? Vont-elles accoucher d’un nouveau monde ? La mémoire archaïque leur dit que nous avons besoin de la nature et que  la nature a maintenant besoin de nous. Et si ces dames se mettaient à réinventer et l’homme et la planète ?

Et si au lieu des luttes de pouvoir, elles s’unissaient pour refaire un monde différent, capable d’enrayer la prolifération  de  cet odieux 7e continent?  Et si  l’intérêt de la planète se tricotait dès la naissance, au cœur des relations familiales ou intimes avec pour  premier horizon le respect de l’autre, comme modèle affectif pour changer le monde ? Loin du chacun pour soi, de l’intérêt personnel, de  la vanité et de la puissance ? Si on décidait d'inventer  d'autres relations humaines?  Question de court-circuiter  l’histoire humaine telle qu’elle se déroule depuis les origines ?  Quelle utopie fantastique dans la plume de ce comédien rêveur d’un monde vraiment meilleur et sous l’œil du metteur en scène inventif qu’est Michel Kacenelenbogen. Tout a commencé avec Louis Aragon : « Le poète a toujours raison / Qui voit plus haut que l'horizon / Et le futur est son royaume / Face à notre génération / Je déclare avec Aragon / La femme est l'avenir de l'homme ». Et bien sûr, Jean Ferrat. Thierry Janssen continue:

Comment prendre soin de la terre alors qu’une grande partie des habitants de celle-ci est opprimée, souillée, brutalisée ? Comment respecter et jouir des dons de la nature alors que la plupart des êtres humains se crachent haine et violence au visage ? Face à notre mère terre comme face à un miroir, elle nous renvoie notre lâcheté, les conséquences de nos actes irréfléchis et la laideur de nos âmes corrompues... 

Spectacle écrit par un homme qui grâce au théâtre, raisonne par l’absurde.  Le raisonnement fort tiré par les cheveux frise le délire artistique, mais  le funérarium espère enterrer le pire de notre monde et ouvrir sur une page que l’on brûle chacun d’écrire. Spectacle-choc des idées, choc amoureux de la présentation, choc crucial  de l’innovation. Une écriture sur mesure pour cette formidable trinité de femmes de choc : Bénédicte Chabot, Kim Leleux et Inès Dubuisson, soutenue par une  mise-en scène délectable.

"Le 7ème continent" de Thierry Janssen - Au théâtre le Public

Le 7ème continent -5- (c) Bruno Mullenaerts.jpg 

http://theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=419&time=tom

Rue Braemt, 64-70
Brussels, Belgium
0800 / 944 44 (numéro gratuit)
Jusqu'au 30 avril (relâche du 29/03 au 09/04)
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