Qui part ? Qui reste ?
That’s the question ! Dans un skyline anonyme fait de vastes panneaux jouant aux gratte-ciel, avec beaucoup d’imagination, on peut essayer de croire que c’est le New York de Woody Allen. On vous procure d’ailleurs des lunettes spéciales à la billetterie pour forcer le trait. Dommage que l’on n’a pas saisi la chance de chausser la dernière qui était dans le panier. Faut dire que se battre pour une paire de lunettes, cela ne la fait pas pour un couple de spectateurs sans date de péremption.
Bref, on courait ventre à terre pour revoir nos deux tuyauteurs de rêve préférés : Tania Garbarski et Charlie Dupont, et assister au décorticage de la libido et des problèmes zexistenciels. Las, le soufflé de boulevard n’est ni monté ni descendu, il aurait eu besoin d’un sérieux coup de blancs en neige, car c’est le manque de délire et de malin plaisir qui est le plus frustrant. Beaucoup de coups dans l'eau: le coup de la panne de couple, la panne d’écriture, la panique à bord, prêts à empanner ? Pantins de pantomime. Pamphlet? Bref le panégyrique de la séparation « on reste bonzamis » ! Une comédie conjugale finalement tellement sérieuse pour du Woody à lunettes dont le film date tout de même de 1992! Panta rei ! Est-ce le décalage du siècle ?
"Jack et moi, nous nous séparons et on va très bien !" : l’entrée en scène est glaciale et n'émeut pas. Ensuite s’enchaînent des dialogues par trop mécaniques où l’on cherche vainement l’empathie ou la spontanéité. Poupées de cire et poupées de son? Seule la jeune étudiante Rain (Inès Dubuisson ), Lolita agressive qui dès le plus jeune âge a consommé presque tous les amis de son père, est vraiment convaincante dans sa fausse ingéniosité… Dans la distribution des couples en goguette, perdus dans le brouillard des illusions, il faut tout de même remarquer l’intense performance d'une poudrière complètement sexe: Une incandescente patineuse sur sols de couples gelés : Aurélia Bonta master en aérobics, végétarienne et diplômée en Psychologie qui donne la réplique à Damien Gillard ! Dame ! Quel peps d’enfer! Quelles embrassades goulues !
Mais notre préférée, parmi les paumés du petit soir, c’est bien sûr Sally, la wonderwoman shootée au snobisme et à l’E.T.U.C. (everything under control). Directe et directive, elle veut maîtriser les moindres détails de sa vie et cela l’empêche royalement d’en jouir ! Elle a besoin de réfléchir sur tout, pendant, avant et après, quelle que soit la proposition, même la plus intime. Elle s’explose dans la colère et se lâche dans l’égocentrisme. Tania Garbarski est une vraie révélation lorsqu’elle joue cette mante bourgeoise, susceptible et autoritaire face à un nouveau partenaire ténébreux et soft, le Michaël (Nicolas Buysse) que Judy, à défaut de le prendre, lui a fourré dans les bras.
Certes, les fragilités de la poétique Judy (Isabelle Defossé) sont fort attendrissantes, mais tellement hors-texte, presque incongrues, devant la férocité sous-jacente des couples assoiffés d’idéal, mais atteints de démolitionite organisée. La naïveté canadienne renversante de Gabe (Charlie Dupont), son partenaire indécis, aveugle et lâche, traverse la pièce comme un bateau fantôme dérisoire. L’image de l’écrivain?
https://www.theatrelepublic.be/
Comédie conjugale
MARIS ET FEMMES
Scénario Woody Allen
Adaptation théâtrale Christian Siméon. Mise en scène Michel Kacenelenbogen. Avec Aurélia Bonta, Nicolas Buysse, Isabelle Defossé, Inès Dubuisson, Charlie Dupont, Tania Garbarski et Damien Gillard
DU 12/11/16 AU 31/12/16
Création - Grande Salle
Représentations du mardi au samedi à 20h30 sauf le 12/11/2016 et le 31/12/2016 à 21h00
Spectacle complet : jusqu'au 20/12
Commentaires
Ce que Tania EN DIT:
Problèmes de couples: C’est l’histoire primesautière, quoique subtile, d’un couple qui vient annoncer à ses meilleurs amis qu’il va se séparer, provoquant le chaos et le désarroi. Comme souvent chez Woody Allen, c’est aussi drôle que désespéré et on a un panorama de tous les problèmes auxquels les couples font face à un moment ou à un autre.
Réfléchir et rire: Pour les trois dernières pièces dans lesquelles on a joué, on a proposé aux spectateurs ce qu’on aurait eu envie d’aller voir au théâtre. Charlie est particulièrement difficile et trouve que huit pièces sur dix sont chiantes. Pour faire venir les gens au théâtre aujourd’hui, il faut que ce soit à la fois divertissant et intelligent. Woody Allen est très fort pour ça.
MARIS ET FEMMES, D’APRÈS WOODY ALLEN, DU 14 AU 18 MARS, AU THÉÂTRE DE LIÈGE.
Il n'est pas à proprement parler un écrivain (encore qu'il ait signé de beaux livres), c'est un grand cinéaste, passionné de littérature (française en particulier). Nous l'aimons beaucoup à la Cause Littéraire et nous tenons à fêter ses 81 ans. Happy birthday Woody ! We love you !Allan Stewart Konigsberg, dit Woody Allen, est un réalisateur, scénariste, acteur et humoriste américain, né le 1er décembre 1935 à New York.
"Il ne fait aucun doute qu’il existe un monde invisible. Cependant, il est permis de se demander à quelle distance il se trouve du centre-ville et jusqu’à quelle heure il est ouvert. "