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classique (220)

administrateur théâtres

Boris Giltburg revient à Flagey!

C’est Beau au carré, Boris Giltburg et Beethoven. C’est qu’il a présenté un cycle des sonates du compositeur dont on fêtera le bicentenaire en 2027. Lors de deux concerts d’une intensité rare, où l’audace rencontre …la grâce. Sa vision est toute personnelle, vivante et profondément sincère.

Jamais démonstrative, toujours pensée, nourrie d’une conversation intérieure intime avec le maître, son interprétation cisèle véritablement toutes les émotions.

Sa virtuosité est à la fois extraordinaire et immensément raffinée. Par l’âme et le corps le musicien sculpte chaque nuance, fait naître des éventails de timbres et de couleurs d’une beauté renversante. Et c’est à croire qu’ils se répandent presque librement sur son clavier. Là est la magie. Les registres se répondent, se fondent, s’illuminent avec immense naturel …tout comme les fameuses correspondances de Baudelaire.

 Devant : l’odeur du jour neuf. Ainsi naissent les mondes souterrains et insoupçonnés de Beethoven : une rage où tout brûle, des chapelets de drames, des joies rustiques, des épures où tout est lumière, la poésie où tout est suspendu. L’humain et le divin se côtoient dans l’harmonie et le temps se fige. Quelle architecture si purement romantique …. Et à la fois, totalement cérébrale.

À travers ce cycle, Giltburg souligne l’audace révolutionnaire des sonates de Beethoven qui traverse le classicisme pour ouvrir la porte au romantisme, bouleverser les formes, et inventer un nouveau langage. …Sacré ?

La saveur du bonheur. Le spectateur vit un perpétuel renouvellement de communion entre le compositeur et l’interprète. Quelle impressionnante trilogie ! Et quel miracle de la rencontre !

Hier soir, à Flagey, on ne les connaissait peut-être pas toutes, ces sonates… mais qu’importe.  Dans une salle tamisée comme tenue à la chandelle, le public écoute, souffle coupé, happé par une interprétation de ces qualités extrêmement rares. Le chant épique s’élève, la musique circule, respire, s’élève, telle une liturgie laïque, …à deux pas de Noël.

Lorsque retentissent les salves de joyeux applaudissements, Giltburg sourit, s’incline, offre un bis. Une simple offrande, humble et pudique. Rien de triomphal : juste l’âme nue de Beethoven, cette essence que Purcell célébrait déjà dans son Ode à Sainte Cécile, « la musique, fille du ciel ».

Avec ce projet titanesque, partagé sur deux soirées mémorables à Flagey, Boris Giltburg a offert une plongée au cœur d’un patrimoine que l’on croyait connaître et qu’il sut révéler sous un jour vraiment nouveau. Et, notre cher Wilhelm Kempf doit se réjouir, tout là-haut ! Qu’en pensez-vous ?

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

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administrateur théâtres

Fugues et fougue en vogue à Rixensart

Le 25 septembre 2025, en l'Eglise Saint -Sixte, La 13e balade musicale de Rixensart a accueilli en ouverture de saison une jeunesse souriante, enthousiaste, galvanisée par sa complicité et son talent. «  Le talent, c’est l’intensité du désir» comme le dit Amélie Nothomb. Partant, une soirée exceptionnelle; de celles qui vous remontent le moral! Car des musiques sublimes rassemblent et conduisent à l’émerveillement.

 Donc, un jus musical de haute gamme et surtout, la présence de ce magnifique ensemble de cordes composé d’une bonne vingtaine de jeunes artistes: les « Young Belgian Strings» sous la direction d’un pétulant Dirk Van de Moortel. Créés en 2014 par ce très passionné Dirk Van de Moortel, Les Young Belgian Strings ne sout pas sans soutien, ils œuvrent sous le Haut Patronage de Sa Majesté la Reine.

Leur rutilant orchestre à cordes est composé de jeunes talents, diplômés ou étudiants, issus de tous les Conservatoires et Hautes Écoles de Musique de Belgique. Des francophones et des néerlandophones unis dans un bel esprit d’harmonie culturelle! C’est pour les musiciens sélectionnés l'occasion de se rencontrer, d'échanger leurs expériences, de parfaire leur apprentissage, pour se produire sur les plus prestigieuses scènes internationales. Ce travail vient en complément de la formation musicale dans leurs institutions, ce qui leur permet de se préparer à une future carrière dans de grands orchestres mondiaux.

Les YBS démontrent à l’évidence, que la musique est un langage universel sans frontière linguistique ou autre. Quel exemple! Les musiciens, dont la limite d'âge est fixée à 30 ans, sont sélectionnés lors d'auditions devant jury et restent en général 3 ans dans l'orchestre, qui se renouvelle ainsi naturellement. Le parrain? Devinez! Le très noble Lorenzo Gatto. Who else? 

Ils ouvriront la soirée avec la 13e symphonie pour orchestre à cordes de Mendessohn. Ces premières symphonies furent écrites entre 1821 et 1823, alors qu'il avait entre douze et quatorze ans. Décidément la jeunesse est à l’honneur ce soir! Et il y aura 21 facettes à ce diamant musical ce soir, de la brillance, des scintillements millimétrés, une énergie créative qui procure un incroyable un baume de jouvence. Voilà pour ce bouquet de mimosa musical au parfum envoûtant, mais où donc trouver la rose?

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 Il y avait aussi, lors de ce fabuleux concert, la présence annoncée de cette jeune personne, Mahault Ska, pianiste belge virtuose, déjà couverte de lauriers en dépit de son jeune âge, une vraie Alice au pays des oreilles… Toute sagement vêtue d’une longue robe de châtelaine d’un rose délicat et brillant, elle enchante d'emblée de sa présence presque surnaturelle. D’un autre temps? Ses longues boucles châtain coiffées en tresses moyenâgeuses accompagnent de façon muette le rythme de la fresque musicale qu’elle va donner, tandis que la magie de ses longues mains vous prendra par le cœur.

Nous voilà transportés dans le romantisme absolu de l’immense Concerto pour piano op. 54 en la mineur de Robert Schumann. Parmi le public, les yeux se cherche tant l’émerveillement est palpable! Elle nous joue cette œuvre mythique avec une force inouïe, logée on ne sait comment dans ses minces et frêles bras de jeune fille. La voilà transformée en …Clara au clavier. Sa frappe est tantôt décidée et franche; délicate aussi et par moments, faisant naître d’amples vagues déferlantes. Les cordes frissonnent. Il y a ce dialogue soutenu avec le premier violon, des promenades dansées avec l’orchestre, des allers-retours entre passion et fougue et des parenthèses poétiques intimes pleines d’émotion.

Entre les mouvements, il a le silence profond et respectueux de l’assemblée muette d'admiration. Les violoncelles et contrebasse ont leurs moments de gloire, cela pulse entre les tendres soupirs et larmes des violons. Le piano souligne les motifs et console avec ses longues phrases mélodiques. Le plaisir craquant des pizzicati marque le retour de la joie. Au point que la pianiste elle aussi, semble faire rire son clavier. Elle ose des pointes de légèreté et d’humour avant le retour de la gravité tonique et entraînante de l’œuvre. Le final est un déluge d’émotion, de joie conquérante. C’est d’une virtuosité effarante, on a le souffle coupé. Triomphe, la jeune fille n’en peut plus de saluer,  et on ne cesse de  la rappeler. 

Elle livre en cadeau les Jeux d’eau de Debussy, une mosaïque de couleur, et des séquences fracassantes dans une maîtrise parfaite et le contrôle absolu. Des trilles fulgurantes alternent avec des éclats de douceur et tout l’orchestre, subjugué, écoute debout, le ruissellement des notes de la soliste. À nouveau une salve de saluts, et elle se rassoit, pour un dernier bis qui s’échappe de ses mains et de ses doigts avec une vivacité et une agilité absolument fascinantes.

 

 «Een zalig Asturias» dirait-on sur les ondes de Klara! Le piano a disparu, place après la pause à trois œuvres espagnoles, crépitantes de vie. En commençant par l’œuvre phare et pleine de charme d’Albéniz qui a bercé tant de générations. Dirk Van de Moortel dirige avec force de gestes vifs et musclés, et ci et là, il lance des indications de légèreté destinées, on pourrait le croire, à des danseuses imaginaires dans un coucher de soleil qui n’en finit pas.

 Dans les deux œuvres suivantes, c’est l’évasion et le peps dans le rythme brûlant de danses hispaniques d'outre Atlantique. Le chef ose le déhanchement, la castagnette veille, le flamenco enivre, le tango s’invite, la joie est solaire. La gestuelle de Dirk est intense et souple, presque féline. Elle allume un sourire ébloui dans ses yeux. Les talons s’échauffent. Le rythme gagne les mains du public. Fuga con Pajarillo de Matheo Romero et Danzon de Arturo Marquès, des vocables qui vous font déjà... 

...fuguer à l’autre bout du monde.

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Liens utiles: 

ASBL Balade Musicale à Rixensart (BMR)

email : info@balademusicale-rixensart.be

Prochain concert?  NB.  les places s'envolent...

Le jeudi 23 octobre, 20:00 Au Centre Culturel, 38 Place Communale - 1332 Genval

reservation@balademusicale-rixensart.be

 

 

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administrateur théâtres

Une rentrée académique peu ordinaire à Namur!

Rentrée académique 2025-2026 de l’IMEP :

la fête des Voix et la splendeur des Tableaux

 Au grand manège de Namur

Ce 19 septembre, la rentrée académique de l’IMEP s’est ouverte sous le signe de la jeunesse, de la vitalité, de l’excellence et du généreux partage. Trois chœurs étudiants se sont relayés avec maestria avant de céder la place  au brillant orchestre symphonique de l’IMEP, dirigé pour la première fois  par un  ex élève D’AYRTON DESIMPELAERE : THIMOTHÉE GRANDJEAN.  Ce musicien talentueux  que nous avions découvert déjà aux Balades musicales de Rixensart, a offert  au public une soirée rutilante,  d’une densité musicale et émotionnelle rare, après quatre jours seulement de travail assidu avec l’ensemble de l’IMEP.  

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Après le vibrant accueil de Guido JARDON – Directeur général de l’IMEP, c’est dans un éclat de vitalité, digne du  Blaue Reiter, que le Chœur Pop de l’IMEP sous la direction de FLORENCE HUBY  a lancé la soirée. Sous sa direction enthousiaste, les voix étudiantes ont su conjuguer rigueur et énergie pour faire résonner dans l’allégresse des titres phares du cinéma musical contemporain. D’abord,  dans The Greatest Show extrait de The Greatest Showman (2017), le chœur a restitué toute la flamboyance de ce numéro d’ouverture qui célèbre la naissance mythique  de l’histoire du show-business. Dynamique, entraînant, porté par des rythmes pop parfaitement calibrés, l’ensemble a fait vibrer la salle  suspendue par une intense curiosité.  Ensuite,  I've got Faith, duo mythique de Stevie Wonder et Ariana Grande, écrit pour le film Sing (2016)! nous a fait mesurer l’aisance des étudiants à naviguer entre les styles, embrassant les sonorités soul et pop avec vivacité et naturel, sans perdre en précision vocale. L’IMEP démontre d’emblée sa force pédagogique : former des interprètes capables de briller dans des répertoires les plus variés. Car voici aussitôt l’académique. Avec Le Grand Chœur des étudiant·e·s  sous la direction DENIS SEGOND  en passe d’explorer deux univers de spiritualité et de lumière.

Chanté en latin, The Spheres, le premier mouvement de la Sunrise Mass d’Ola Gjeilo (2008), a plongé l’auditoire dans une atmosphère cosmique de sonorités a cappella éthérées d'une extrême justesse. Les voix, suspendues dans l’espace, semblaient venir d’ailleurs, comme si le Kyrie grégorien s’était dissous dans les sphères célestes. Une interprétation habitée, où la jeunesse éternelle a flirté avec l’infini. Quant au merveilleux Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré, composé par un jeune homme de vingt ans encore étudiant, on l’écoutait, les yeux fermés…  Quelle maîtrise de la clarté  dans  la ligne mélodique !  Interprété avec une grande sobriété, l’œuvre s’est élevée dans une lumière douce,  tout le long de l’immense  balcon surplombant la magnifique scène du Grand Manège de Namur. Un long éblouissement dans cette salle  à la splendide acoustique.   Evoquant déjà les contours du futur Requiem, le chœur en  a donné une interprétation aérienne, nuancée, ample et tendre, alliant exigence technique et  une très belle  profondeur expressive. Quel bonheur! 

Puis, surprise, on assiste à  la joyeuse entrée  des choristes du  Chœur des étudiant·e·s sous la  direction charmeuse de BENOÎT GIAUX. Ils pénètrent suer le plateau en  dansant  les premières notes de la valse la plus célèbre du monde : An der schönen blauen Donau. Question de célébrer  au passage le bicentenaire de la naissance de Johann Strauss II ? Ils vont faire la fête!  Arrangée pour chœur et piano, la pièce a retrouvé toute sa grâce viennoise, ce balancement si particulier où le deuxième temps s’avance un peu trop tôt et le troisième s’étire langoureusement. Les étudiants ont su recréer le charme du fleuve musical de Strauss, avec élégance et précision. Ce fut un moment de fête, une invitation à la danse, qui a laissé le public le sourire aux lèvres, la joie ou les souvenirs heureux au fond du cœur. Et après ce quatuor de délicatesse, d’émotion, de tendresse et de puissance, les choristes s’échappent, … en courant ! Du jamais vu… . Le temps presse, il faut laisser la place à l’entrée de L’orchestre symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean. On a viré le lutrin, Thimothée dirige… sans partitions !   Le public, déjà comblé, attend avec impatience. Les silences sont… vivants !

La soirée  va s’élever  vers la fresque symphonique. Sous la baguette claire et habitée de THIMOTHÉE GRANDJEAN, l’orchestre symphonique de l’IMEP  livre une interprétation magistrale des Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski, transfigurés par la palette orchestrale de Maurice Ravel.

Œuvre née en 1874 de l’émotion suscitée par la mort prématurée du peintre Victor Hartmann, la suite de Moussorgski  nous invite  à travers une série de tableaux, à  une promenade imaginaire dans une exposition. Ravel, en 1922, a donné à cette partition une vie nouvelle en l’ouvrant aux couleurs de l’orchestre. Et quelles couleurs ! Thimothée Grandjean a su rendre la richesse de cette fresque en lui donnant un incroyable souffle narratif et une puissance dramatique vibrante. Chaque tableau  prend littéralement chair. Tout d'abord,  la Promenade, noble et hésitante, fil conducteur de la soirée. Elle se heurte au grotesque et inquiétant Gnomus, avec ses percussions grinçantes mais sans aucune lourdeur. De l'humour? On oscille entre gouttes de sève vitale et explosions dignes d’un thriller. Les sonorités sont pures, fluides, vivantes… Lors d’un beau tempo lent, les yeux se chargent de larmes… le cœur saigne peut-être. Les mains fines et lumineuses du jeune chef d’orchestre ordonnent la musicalité, suspendent les silences. Est-on dans le rêve ? Certes, dans la mélancolie suspendue du Vieux Château, où le saxophone se fait troubadour. Avec quelques perles de harpe, c’est du moins ce dont on se souvient. On retient l’effervescence enfantine des Tuileries,   le pas lourd et oppressant de la charrette de Bydlo, confié au tuba?  L’humour pétillant du Ballet des poussins dans leur coque fait… glousser !  Eh oui cela caquète joyeusement… et les bois... roucoulent. 

Les soupirs longs des violons  s'éteignent avec des finales enlevées très nettes et très soignées. Il y a aussi une sorte de danse des heures, affolées… qui rappellent Berlioz et des percussions brûlantes qui vrillent le coeur. Au-delà des images de l’exposition elle-même, on ressent le destin qui s’exprime, grave, sentencieux, ample et majestueux. Un coup de gong discret remet sa roue fatidique en marche. C’est toute la texture des sonorités de cuivres qui suggère cette atmosphère grandiose. Il y a ces flûtes surexcitées, ces gazouillis, ces pizzicati pleins de peps et des couleurs exquises…  Mais bientôt les violons grésillent comme un renouveau, les harpes ponctuent et toutes les cordes vibrent sur une seule note.  Si le programme  nous  détaille précisément chaque tableau, on perd donc le fil et on se laisse emporter par les vagues et les harmonies  musicales. C’est la vie qui semble éclater dans toute sa splendeur, avec des  accents d’invulnérabilité. On est soudain comme emporté dans le vent, le désert et le sable.  Est-ce grâce à l’apothéose de La Grande Porte de Kiev, triomphe orchestral, hymne grandiose qui résonne comme une cathédrale de sons ? Tous ces jeunes musiciens ont déployé une maturité saisissante, alliant discipline et lyrisme, une voracité de vie, tout à l’écoute de leur jeune et vibrant chef capable d’insuffler tant d’ émotion et précision technique. Leur interprétation ardente a rendu hommage à l’amitié brisée qui inspira  à Moussorgski ces improbables créations musicales sur tableaux, et à la splendide flamboyance orchestrale de Ravel. Voilà, lors de cette inoubliable soirée, un formidable élan vital partagé. Quel cadeau!

 Les rentrées des classes, les rentrées académiques, que l’on soit lointain élève ou professeur chevronné, il n'y a rien à faire, on savoure, cela fait pétiller l’esprit et le cœur. Cette brillante  école, un IMEP rayonnant, nous a vraiment comblés de joie.  De la pop contemporaine aux prières intemporelles, des valses viennoises aux fresques symphoniques russes, cette extraordinaire rentrée a révélé toute la richesse d’une institution qui forme des musiciens complets, ouverts, passionnés, où il  apparaît que L’IMEP ne se contente pas de transmettre une technique : il éveille des artistes, capables de traverser les styles et les siècles, de l’intimité d’un choral à l’embrasement d’un orchestre. Bref, une  soirée  qui fut à la fois un miroir de l’exigence pédagogique et une célébration de la jeunesse en musique. Après? Champagne, non? 

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

 
 
19 septembre 2025 20h: 
Pour commencer une nouvelle année académique en beauté et en grandeur, retrouvez les trois chœurs de l’IMEP, des voix qui transcendent le temps et l’espace! En effet, vous entendrez tout d’abord le Chœur pop, le Grand Chœur, et le Chœur de chambre. Ensuite vous aurez la joie de redécouvrir l’Orchestre Symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean. Les Tableaux d’une exposition est une œuvre pour piano composée par Moussorgski en 1872. Maurice Ravel nous offre en 1922 une version pour orchestre qui fera date. Sa magnifique orchestration permet à l’orchestre de faire voyager l’auditeur de tableau en tableau, comme dans une galerie imaginaire. C’est un moment riche en émotions et en surprises qui attend le public.

- Le Chœur pop de l’IMEP sous la direction de Florence Huby
The Greatest Show (extrait du film musical The Greatest Showman, 2017)
Faith (duo de Stevie Wonder et Ariana Grande, extrait de la B.O. Du dessin animé Sing! en 2016.)
- Le Grand Chœur des étudiant.e.s de l’IMEP sous la direction de Denis Segond
Le cantique de Jean Racine op. 11 de Gabriel Fauré
Le premier mouvement (The Spheres) de la Sunrise Mass de Ola Gjelo
- Le Chœur de Chambre des étudiant.e.s de l’IMEP sous la direction de Benoît Giaux
“An der schönen blauen Donau” op. 314 de Johann Strauss sur un texte de F. von Gernerth et un arrangement pour chœur et piano de F. Th. Cursch-Bühren
- Orchestre Symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean
Les Tableaux d’une exposition de M. Moussorgski (M. Ravel) 
 
Rue Rogier 82, Namur, Belgium
081 24 70 60
info@grandmanege.be
grandmanege.be

 

 

 

 

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administrateur théâtres

Trois siècles de musique en une soirée à Bozar

La rentrée flamboyante de l’Orchestre National de Belgique à Bozar

 Le vendredi 12 septembre, l'Orchestre national de

Belgique faisait sa rentrée à Bozar avec un programme couvrant trois

siècles de musique. La soirée a débuté par "La Fontaine de

Jouvence" de Julia Wolfe, suivie du "Concerto pour

violon" d'Antonín Dvořák, interprété par le jeune soliste Augustin

Hadelich, puis s’est conclue avec les "Danses

symphoniques" de Sergueï Rachmaninov. L'orchestre était dirigé par le

chef hollandais d’origine Antony Hermus,

dont l'énergie débordante a enflammé et conquis

la salle entière.

Balayant trois siècles de création musicale, sous la baguette pétulante de son chef Antony Hermus, l’Orchestre National de Belgique a offert un voyage contrasté – entre incandescence contemporaine, lyrisme romantique et grandeur crépusculaire.

Le bal s’ouvrait avec Fountain of Youth (2019) de Julia Wolfe, artiste en résidence à Bozar cette saison. Depuis des millénaires, la quête de la fontaine de jouvence fascine les imaginaires : eau miraculeuse, jeunesse retrouvée, éternité rêvée…Elle existe, paraît-il en Floride, à St Augustine, depuis le début du 16e siècle.  Pour Julia Wolfe, la source n’est autre que la musique. Sa partition s’élance comme une mécanique enfiévrée, faite de roulements, de raclements, de trémolos vibrants et de percussions cliquetantes. Le magma sonore évoque tour à tour la frénésie d’insectes tropicaux et le bouillonnement intérieur de la vie. Les cuivres hurlent, percent la texture, puis un long crescendo débouche sur une aube radieuse, où tout se dilue en lumière. Jazzy, syncopée, achevée sur un double   silence abyssal, la fresque de Julia Wolfe interroge autant la vitalité du corps que l’élan de l’esprit. Une pièce puissante, qui a cueilli la salle à bras-le-corps, entre surprise, bouleversement et fascination.

Vint ensuite le Concerto pour violon en la mineur de Dvořák (1879), écrit pour Joseph Joachim et porté ce soir par l’incomparable Augustin Hadelich. L’orchestre et le soliste entrent en matière avec une fougue immédiate, puis s’ouvrent à des phrases d’un lyrisme ample, baignées d’une lumière tchèque aux sonorités folkloriques des contrées de l’Est.  Dans l’Adagio, le violon sublime devient confidence, urgence, rêverie suspendue, émotion vibrante et soutenue, si tant est que le soliste finit par   serrer l’instrument littéralement contre son cœur avant de repartir dans ses volutes. Le finale, vif et dansant, convoque toute la tradition populaire de Bohême : cascades de double notes, archet fulgurant, joie exultante. La partition exigeant une grande virtuosité ne lui aura laissé que peu de répit, et son final, un sommet de difficulté technique, est grandiose.  La salle, captivée, ne laisse pas partir l’artiste : cinq rappels, un long bis jazzy, rutilant, pétillant…d’humeurs variées au cœur même du romantisme. La salle rugit en le saluant ! L’artiste est comblé. Quel formidable adieu !  

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En seconde partie, Les Danses symphoniques (1940), ultime chef-d’œuvre orchestral de Sergueï Rachmaninov, plongent le public dans une fresque aux allures de testament. Trois mouvements comme trois moments de la journée, comme trois visages du compositeur en exil : jeunesse évanouie, nostalgie douloureuse, lutte entre ténèbres et lumière. L’ouverture mêle rythmes entraînants et éclats cuivrés posés sur un tapis de cordes bruissantes de souvenirs de jeunesse, avec la voix inattendue du saxophone alto. Le deuxième mouvement, valse fantomatique, résonne comme une danse macabre, traversée de larmes discrètes de la harpe et de regrets fatalistes de sa Russie perdue. Les douze cloches finales du dernier mouvement   matérialisent la fuite du temps et la maladie de l’artiste, mais la tension laisse place à des vagues d’espoir et de lumière car le final convoque le Dies irae et un chant orthodoxe victorieux : combat entre mort et résurrection, tension extrême avant l’apaisement lumineux. Hermus insuffle vigueur et vérité à cette marche triomphale, où l’on entend presque résonner le mot de T. S. Eliot : « Ma fin est mon commencement ». Choose life !

Voilà bien une rentrée orchestrale éclatante, où l’énergie contemporaine, le romantisme ardent et la gravité crépusculaire se sont unis dans un même jaillissement. Et où, plus que jamais, la musique s’est révélée… fontaine de jouvence sous le soleil de septembre.

 Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

https://www.bozar.be/fr/calendrier/belgian-national-orchestra-hermus-hadelich

 

Pour en savoir plus sur les danses symphoniques de Rachmaninov

 

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administrateur théâtres

09 août 2025.  Avec Gluck, un invisible Victor Hugo, et Mozart réunis dans la même soirée, sans compter Schubert et Verdi, on a de quoi faire battre le cœur de n’importe quel mélomane. A night at the Opera?  Merci au maître de musique, Marc Grauwels de nous avoir concocté des rencontres musicales aussi foisonnantes et surprenantes lors du festival Classissimo.  

Silence religieux. Les Champs-Élysées de Gluck s’ouvrent sur un menuet: danse pure, aérienne, d’une flûte radieuse et de la pianiste qui l’accompagne. Chemise à fleurs (même stylisées) oblige, le flûtiste, Marc Grauwels en Gauguin de la musique, y fait flotter chaque note comme une respiration suspendue. La scène est à lui, il se balance comme roseau au vent. Comment séparer musique et danse?

Ensuite vient la plainte noble et poignante de Marie-Juliette Ghazarian, mezzo-soprano, en longue robe de soirée, vert forêt noire. Rien n’est égal à mon malheur, « J’ai perdu mon Eurydice » — un cri d’amour éperdu, soutenu par la sobre tendresse du piano de Marie Datcharry.

Aussi vêtue d’une longue robe vert pastoral, la soprano Marion Bauwens se drape dans Schubert: Der Hirt auf dem Felsen. Se déploie alors un dialogue à trois voix : soprano, clarinette et piano. La clarinette de Ronald Van Spaendonck, d’abord ombre discrète, se fait de plus en plus volubile, même, carrément dansante elle aussi. La pianiste se berce dans les accords insistants percutés avec régularité et vigueur. Un magnifique solo de la clarinette précède la joie du berger ,heureux de s’élancer vers le printemps … éternel! Quel regard sur l’infini dans les dernières notes printanières de  cette ravissante soprano!

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Et, surprise! Marc Grauwels, rompant le charme, annonce subitement une pause pour la voix! Les chanteuses ont disparu! Il explique qu’une flûte peut très bien imiter tout un orchestre ! En témoignent ces fameuses fantaisies brillantes, souvent jouées dans les salons au 19e siècle, surtout tellement prisées par ceux qui ne pouvaient pas se payer l’opéra! Ce sera un vrai défi de virtuosité et de précision pour qu’une flûte puisse imiter tout un orchestre et même une voix! Mais la maestria et l’humour font tout et le public aurait presqu’envie de … d’accompagner et de chanter La Traviata! Pendant l’exercice ! Magique, cette flûte traversière et bourrée d’esprit!

Après l’entracte, ce que les chanteuses vont faire est inouï! Nous faire imaginer un ins-tru-ment, car cette fois c’est la flûte qui est invisible!

Marion nous présente en effet  «  Une flûte invisible» ,œuvre de Camille Saint Saens pour voix, flûte et piano. Sur un poème de Victor Hugo. La soprano porte la tendresse d’un message d’amour invisible, la flûte en est l’écho invisible et mystérieux.

Une flûte invisible soupire,

Et, par instants, un chant léger

Semble, dans l’air qu’on croit respirer,

S’élever comme un vague sourire.

Ce doux charme qui vous attire

Vient-il de loin ou de si près ?

Est-ce une voix dans l’air discret,

Ou n’est-ce qu’un souffle qui expire ?

 Puis, c’est au tour de Marie-Juliette Ghazarian de flirter avec l’invisible. Sur le même poème, dans une amplification musicale d’ André Caplet, ce favori des jeunes pianistes… Le timbre est plus sombre, élégamment voilé, avec l’impression que la voix vient du lointain, comme  le parfum d’un souvenir.  

Ensuite, Marie-Juliette, toujours soutenue par la flûte traversière, bien présente celle-ci, et  la fidèle  pianiste ,enchaîne les cœurs avec « La flûte enchantée». Clin d'œil, c’est une mélodie pour voix et orchestre de Maurice Ravel sur des vers d'un artiste des années 1900, Tristan Klingsor

Enfin, le jeu des imitations instrumentales reprend. C’est au tour de la clarinette de tenter l’expérience de mimer la voix absente. Avec Louisa Miller, de Verdi.

Puis les deux compères, sans doute galvanisés par l’aventure, se piquent de remonter… Rigoletto! Rien de plus drôle cette Dona e mobile! Il y a de quoi se tordre de rire! On espère même que ce sera le Bis! Les instruments remplacent la voix lyrique. Sans paroles, mais avec phrasé et respiration, ils redonnent aux airs de Verdi toute leur vitalité dramatique. Marc Grauwels a même du taire les applaudissements pour se livrer à ce programme de haute voltige, toujours soutenu avec sourire par la fidèle Marie Datcharry au piano.

L’apothéose de la soirée? Un final Mozartien, l’accord parfait. Les deux chanteuses se réunissent en duo de sylphides en voiles verts, pour interpréter avec beaucoup d’allant deux joyaux de Mozart :  "Ah perdona al primo affetto" (La Clemenza di Tito) et "Via resti servita madama brillante" (Les Noces de Figaro)

Des dialogues vif-argent, bien joués, comme à l’opéra,  où voix et instruments se mêlent, comme pour sceller cette amitié musicale née sous la coupole du Théâtre Royal du Parc. Ce soir, Flûte et Voix se sont échangé leurs âmes devant un public à la fois médusé et heureux. Tantôt suppléantes, tantôt indissociables, elles racontaient la même vérité : que la musique est toujours une histoire d’amour.

@Festival Classissimo Du 07 au 13 août 2025

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

   

 

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administrateur théâtres

En mode… ravissement molto precioso !

 

On s’est retrouvé, ce jeudi 7 août, dans la magnifique salle du Théâtre royal du Parc à Bruxelles pour l’ouverture de la 19e édition du festival Classissimo, sous la houlette de Marc Grauwels, flûtiste et directeur artistique du festival Une promesse de belle qualité… Alors, qu’en sera-t-il pour la 20e ?

 

Le festival démarre en beauté avec l’Orchestre de chambre de Waterloo, dirigé par Guy Van Waas au clavecin et à l’orgue, dans un programme sans entracte entièrement consacré à Pergolèse.  Le point d’orgue sera un Stabat Mater à couper le souffle.

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Côté voix, on découvre la jeune soprano Aline Giaux, pour la première fois aux côtés du contre-ténor d’exception Logan Lopez Gonzales. Deux voix qui se conjuguent avec grâce, se projettent et rencontrent l’âme des spectateurs.

 

Lui, en élégante tenue de soirée noire. Elle, pleine de grâce, en longues manches d'un blanc immaculé,  qui lui donnent des allures d’ange. Tous deux séduisent d’emblée, par leur image autant que par la sensibilité musicale qu’ils déploient. Pas à pas, vocalise après vocalise, ils nous entraînent dans une ascension vers une transfiguration de l’œuvre. Leur maîtrise vocale est impeccable, souple, nuancée, jamais affectée. Dans une forme de dépouillement habité, la beauté de leur timbre va droit à l’essentiel : nous inviter à la contemplation du Beau, du Bon, du Vrai. C’est tout simplement saisissant.

 

On flotte, librement, dans le courant des émotions. La jeune mère est éplorée, certes. Le monde gronde. Mais tout semble baigné de plus en plus de lumière et d’espérance. La souffrance sera dépassée. Le lien mère-fils est si fort, si absolu, qu’au 7e tableau, on croit voir apparaître un Christ jeune et resplendissant, venu rassurer sa mère sur l’éternité de l’amour partagé. Entre chaque tableau de ce chemin vers la joie, la salle retient son souffle. On écoute, en empathie profonde, cette musique qui nous touche au cœur. Car seul l’amour sauve.

 

Et ce qu’on a vécu ce soir-là ne se vit pas en écoutant un CD, même le meilleur.

 

Le concert avait débuté dans une belle cohérence, une fluidité souriante, avec l’ouverture de La Serva Padrona et le Concerto en sol pour flûte et orchestre de Pergolèse, interprété dans un tempo allegro spirituoso. Un peu de joie avant les larmes de la Vierge! La flûtiste Kalliopi Bolovinu, armée de son piccolo, nous a emmenés avec fermeté, douceur et délicatesse dans des champs et des vergers peuplés d’oiseaux ivres de bonheur.

 

C’est ça, le paradis ?

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administrateur théâtres
Y’a d’la... Y’a d’la voix !

Sachez que La v o i x va bientôt régner en majesté, au Théâtre Royal du Parc. Du  7 au 13 août, le festival de musique Classissimo revient, comme chaque année, dans son lieu de prédilection, au cœur de la ville, avec une 19e édition fort prometteuse consacrée simplement à la v o i x. Espérons qu’après l’expérience, c’est nous qui serons …sans voix !

Une thématique aussi vaste qu’intime, lors de  huit  soirées où elle se fera tour à tour prière, émotions tragiques, dramatisation, mémoire, engagement ou pure jubilation musicale et auditive. Miroir de l’âme.

Y’a d’la voix ! accueillera aussi bien des artistes chevronnés qu’une jeunesse dynamique, bâtisseuse d’avenir.

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Les programmes sont éclectiques : des pages sacrées de Pergolèse, aux polyphonies du monde, au riche répertoire lyrique, à l’engagement,  à des  œuvres de Piazzola ; le festival abolit les frontières esthétiques tout en restant fidèle à ses exigences artistiques. Et tant pis si le mot “éclectique” est devenu parfois un cliché journalistique : ici, il n’est pas galvaudé. Il est vécu avec fierté.

 Dans le large choix du florilège, voulez-vous que je vous propose trois rendez-vous majeurs à ne pas manquer ?

 Je dirais tout de suite, le Stabat Mater de Pergolèse qui ouvre le Festival le 7 août. Il s’annonce comme un sommet d’émotion et de beauté de l’époque baroque. Ce chef-d’œuvre de la musique sacrée est une méditation poignante sur la douleur de la Vierge, agenouillée au pied de la Croix, où elle voit mourir son fils. Cette œuvre sera portée par de très belles voix soprano et  contre-ténor, et un ensemble instrumental  pétillant. Une œuvre qui a « l'effusion lyrique de l'opéra et la profondeur spirituelle de l’oratorio ». Un Chemin de Croix en 12 stations bouleversantes où les spectateurs, confortablement assis dans le cadre feutré du théâtre, ne pourront que retenir leur souffle, sans aucun … bâillement !

 Autre moment fort : le concert avec de jeunes et talentueux "graduates" de l'école internationale de Musica Mundi (le 10 août), qui réunit de jeunes  musiciens  venus du monde entier, pour faire leurs études musicales dans notre pays. C’est, à l’évidence, l’esprit généreux du dialogue interculturel qui préside dans cette école. Deux de leurs lauréats, âgés d'à peine 20 ans, Ilke isi Tunker(TU)violon et Dobromir Dobrev(BU)piano  viennent de recevoir  une bourse d'étude pour la prestigieuse école supérieure de musique Royal College of Music of London. Ces jeunes talents proposeront un programme Beethoven et Ravel  avec toute la fraîcheur et l’intensité dont ils sont les garants. Heureux qui communique ! Et ce, dans le langage artistique le plus universel qui soit. Heureux ceux qui  peuvent recevoir ce cadeau ! On sera à l’affût de cette tension  encore adolescente qui, parfois, fait voler les partitions. Comme on se réjouit ! Mais ce n'est pas tout, vous irez à la rencontre de l'immense citoyenne du monde, née en Belgique, Joëlle Srauss:  à elle seule, tout un laboratoire musical! Surprise, surprise. Parole de Condor! 

 Enfin, les amoureux d’art lyrique seront comblés avec la soirée “ A Night at the Opera” (le 9 août), où de grandes voix belges et internationales se retrouveront pour interpréter des pages frissonnantes du répertoire, condensées en une soirée d’initiation pour les uns, de plaisir raffiné pour les autres, à l’écoute d’un choix d’airs célèbres et de duos emblématiques, servis par des artistes, jeunes  ou  confirmés, ..passionnés. Consultez le site pour tous les détails.

 Bref, un festival ouvert, curieux et chaleureux, mu par une ferme volonté de transmission. Un idéal de vie !

Sans compter que chaque soirée est présentée de façon vivante et enthousiaste par le flûtiste et directeur musical, Marc Grauwels.  Tantôt concert pour familles, parfois formules plus serrées et courtes, invitations au dialogue entre les genres, tout est pensé pour que chacun – mélomane aguerri ou auditeur novice – y trouve … d’la joie !  Cela s'adresse à un public, sans doute…fort éclectique, lui aussi.

En clôture de ce festival, le mercredi soir 13 août, un fantastique hommage à l'Ukraine par trois artistes, deux sopranos et un pianiste: "Ne me demande pas, pourquoi mes yeux pleurent". Accents de nostalgie, de peine amoureuse, de profond attachement à la terre natale mais aussi, force d'âme indomptable et fierté vibrante des origines. Dans un Programme varié, mêlant Haydn, Mozart des compositeurs italiens, Fauré, Bernstein et ... tout le folklore ukrainien!  

Alors, prêts à vous laisser ravir ? Le Théâtre Royal du Parc cet été ? Transformé en un véritable laboratoire vocal : un lieu où la voix, sous toutes ses formes, s’élève, émeut, bouleverse et enchante.

 

https://www.classissimo.brussels/ Accueil

 
 
 
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administrateur théâtres

Pour la troisième fois au Théâtre Royal du Parc, et avec le succès que l’on sait, Patrice Mincke s'empare de l'un des textes les plus célèbres du répertoire de Molière : «  Le Misanthrope ». Foin cette fois, de sujets d’ordre domestique où sont  livrées à notre risée des études de caractère cinglantes qui suscitent les bienfaits du rire.

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Ici s’engage un délicat débat de société: Philinte ou Alceste?

Dixit La Bruyère : « Ne nous emportons point contre les hommes en voyant leur dureté, leur ingratitude, leur injustice, leur fierté, l’amour d’eux-mêmes et leur oubli des autres: ils sont ainsi faits, c’est leur nature: c’est pouvoir supporter que la pierre tombe ou que le feu s'élève » ( De L’homme)

Philinte, pour sa part est … catégorique «  Et mon esprit n’est pas plus offensé de voir un homme fourbe, injuste, intéressé que de voir des vautours affamés de carnage, des singes malfaisants et des loups pleins de rage. »

Ce nouveau «Misanthrope» millésimé 2024 donné au Théâtre Royal du Parc est une splendeur d’interprétation et de jeu théâtral. Acrobatiques, les comédiens jouent tous « haut et sans filets » avec l’énergie  de la jouvence et du renouveau théâtral éternels. Ici, on est au sommet de l’art, dans un gratte-ciel de la ville moderne, avec les nuages pour témoins… Et l’herbe tendre pour la tentation. Femmes et marquis  s’ébattent dans de superbes liaisons dangereuses.  Pas moins de 1.808 alexandrins volent avec  saveur  exquise et modernité,  La troupe  est  éblouissante, jetant à tout moment des brassées de rires  parmi les spectateurs. Que du bonheur. 

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Touché coulé: Alceste, le super-héros de la rumination atrabilaire a une faiblesse. Il a sans le moindre scrupule déclaré la guerre à  Philinte, son meilleur ami,  l’accusant  de comportements hypocrites avec de vains quidams, au nom de la politesse. Mais en même temps,  le voilà paradoxalement envahi par un brûlant désir de reconnaissance et d’intimité avec sa jeune maîtresse, une glamour girl frivole qui manipule ses courtisans avec une adresse aussi féroce qu’ingénue. Solaire, sulfureuse, pleine de verve, la Gossip Girl occupe la scène avec une énergie démentielle. Mais que donc est venu faire Alceste dans cette galère?

Dès la première scène  il enrage : « Je ne trouve partout que lâche flatterie, / Qu'injustice, intérêt, trahison, fourberie ».  O n penche bien sûr aussitôt pour Alceste, nous qui vivons dans un monde en plein dérèglement planétaire, nous  qui sommes glacés d’effroi devant l’effondrement de nos modes de vie, de nos valeurs. Ne sommes-nous pas assaillis de sujets qui fâchent, comme jamais on aurait pu être fâché? Même l’essence de notre pensée humaine semble être en danger…

Mais, voyez, vigoureuse à jamais, malgré tous ses défauts et les accusations graves qui l’accablent et la confondent, Célimène,  intrépide Pauline Desmet, ne baissera pas la tête et voguera sur les vagues de la modernité. N’ayez aucune crainte pour elle!

« Moi, renoncer au monde avant que de vieillir, / Et dans votre désert aller m’ensevelir ! »

Peut être une image de 3 personnes et texte qui dit ’Be the One’

Majestueux, les colosses de l'économie numérique GAFA  président à  la mise-en-scène et  la scénographie.  Ce miroir nous force à regarder en face le monde qui change. À nous, cependant, les aînés  ...et les suivants,  de continuer à transmettre perles et joyaux  du passé, comme ces  illustres textes du patrimoine culturel français,  mais, …se mettre en travers? Alceste souffre-t-il d’un défaut d’hubris doublé d’un douloureux aveu d’échec devant le monde en marche? Or, qui a jamais pu entraver l’évolution?

Bref, notre Alceste est un formidable paquet d’humanité, et c’est pour cela qu’on l’aime, lui et son merveilleux interprète, nul autre qu’Itsik Elbaz avec à ses côtés, un être d’une tout aussi belle tranche, d’une rare sensibilité  pour incarner la sagesse et la modération de Philinte: Stéphane Fenocchi. Quant à, Molière  il est tour à tour les deux, non ?  

Et vous, qu’en penserez-vous?

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour Arts et Lettres

 

 

"Le Misanthrope" de Molière, au Parc, du 7/03 au 6/04/2024

A vos réservations 🎫 https://bit.ly/TRP-BILLETERIE 💕

Crédit Photos:  Aude Vanlathem

 

 Distribution:  Julien Besure (Clitandre), Denis Carpentier (Acaste), Bénédicte Chabot (Eliante), Damien De Dobbeleer (Oronte) , Pauline Desmet  Célimène), Itsik Elbaz (Alceste), Stéphane Fenocchi (Philinte) , Benjamin Van Belleghem (garde / valet d'Alceste,  Anouchka Vingtier (Arsinoé ) .

 Dans une mise  en scène de  Patrice Mincke, Assistanat: Sandrine Bonjean

 La Scénographie de  Vincent Bresmal, Matthieu Delcourt,

 Les Costumes de  Chandra Vellut et Cécile Manokoune

 Aux Lumières :  Alain Collet

Création musicale :  Daphné D’Heur

 Maquillage et coiffures  de Tiuku Deplus et Florence Jasselette

 

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administrateur théâtres

 @Flagey en Février

CONCERTS

A l’An Prochain? @Flagey

 

Las… ils sont derrière nous, Les Flagey Piano Days. Véritable ode à la musique et à l’art, ils transcendaient les frontières du temps et de la culture pour offrir une expérience inoubliable à un public chaleureux et enthousiaste.

 Ils fêtaient l’inauguration du nouveau piano Steinway acquis tout récemment à Hambourg et étaient pour la première fois guidées par une célèbre et fringante pianiste, Anna Vinnitskaya. De quoi aimanter des spectateurs curieux et passionnés par l’excellence musicale. Ainsi, au deuxième jour, il nous a été donné d’écouter dans une salle pleine comme un œuf, trois œuvres moins connues.

Tout d’abord, La suite instrumentale  Kijé Op.60 de Sergei Prokofiev écrite à l’origine sous forme de musique d’un  film éponyme, produit par les studios de cinéma Belgoskino de Leningrad et sorti en mars 1934. Il s’agissait de la première tentative de Prokofiev en matière de musique de film et de sa première commande. Une œuvre qui balance entre   satire politique  et  épopée.

Histoire réelle, Kijé est un  personnage fictif * qui  fut tenu pour réel par l’administration russe, une histoire pleine d’absurdité !  Ceci  entraîna d’ailleurs une multitude de quiproquos très réels et parfois douloureux pour ceux qui en furent victimes . La nouvelle dont Prokofiev s’inspire fait partie d’ un recueil d’anecdotes paru en 1901 sous la plume de l’auteur Tynianov. Il s’agit, on s’en doute, d’une satire de la bureaucratie russe et l’empereur, irascible et capricieux, comme un évident portrait de …Staline. Au cours de la suite  on assiste ironiquement  à la naissance claironnante d’un petit fifre, suivie d’une Romance mélancolique ourlée des sanglots d’une colombe grise et triste. On assiste à un mariage villageois  ample et pompeux, sachant que tout est ridicule puisque le personnage soi-disant réel n’existe pas. Mais on verse avec bonheur dans la neige délicate, l’espace de vitesse et de liberté, d’une course vertigineuse en Troïka. La poésie est mariée aux instruments de musique: fifres et archets puis, la vie part en fumée, et nous quitte comme elle est arrivée, dans un enterrement ironique…

Un sublime et peu joué   Premier Concerto pour piano de Sergueï Rachmaninov, composé à l’âge de 18 ans prend la suite, porté par  l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège et Anna Vinnitskaya, lauréate du Concours Reine Elisabeth 2007. Beaucoup de peps juvénile, après une ouverture spectaculaire qui vous frappe de plein fouet. Des cuivres éclatants des percussions de tonnerre et enfin le toucher magique de la pianiste de rêve pour réveiller l’âme de la musique.  Tantôt cajolerie tendre, tantôt abandon, et dans le sourire de la  pianiste, la secrète joie d’avoir ouvert les portes du cœur. Anna Vinnitskaya  en féé musicale, préside à un entrelac de sentiments sublimes comme sur une tapisserie précieuse. De magnifiques soli instrumentaux conversent avec  elle en toute fluidité.  La matière musicale est contrôlée, précise et suave, le regard suspendu aux mains du chef d’orchestre, Samuel Jean.  Tout aussi lyrique et passionnant se révèle pour finir la soirée sous la baguette de Samuel Jean « Aladdin »une musique de scène   faisant  revivre la magie des Mille et une nuits, créée par le danois Carl Nielsen pour accompagner une reprise de l’Aladdin du dramaturge  Adam Oehlenschläger au Théâtre Royal Danois en février  1919.

 Autant dire que Les Piano Days à Flagey sont chaque hiver un  événement d’exception  qui  réunit un bouquet d’artistes confirmés , chacun porteur d’une vision unique et d’indiscutable énergie artistique. Lors de cette édition 2024, avec des noms d’affiche  tels que  De Spartak Margaryan et Levi Stechtmann, en passant par les prodigieux frères Arthur et Lucas Jussen, les concerts ont fait fleurir virtuosité et authenticité devant des publics conquis.

La fusion d’influences et de styles a mis en avant la vitalité et de la créativité de ce festival bruxellois dont les divers concerts étaient souvent sold out.

Mais les Flagey Piano Days ne se contentent pas de ravir les amateurs de musique classique, ils célèbrent  chaque année également le jazz dans toute sa splendeur, grâce à des virtuoses tels que Yaron Herman et Stefano Bollani. Et avec la présence envoûtante du compositeur et pianiste australien Zubin Kanga, l’événement devient une exploration captivante des sonorités ultra-contemporaines.

En tant que lieu de rencontre entre les générations d’artistes et de passionnés, les Flagey Piano Days incarnent effectivement l’esprit de découverte et de renouveau. Ils nous invitent à nous immerger dans un univers où la musique, année après année, nous enivre et nous transporte, réchauffant nos cœurs au cœur de l’hiver, y semant le vif espoir du printemps. A l’an prochain ?

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

info: https://www.flagey.be/fr/activity/10393-anna-vinnitskaya-oprl

*Ainsi, par un caprice phonétique de la langue russe  sous le règne de Paul Ier prend naissance un être fictif dont l’entourage de l’empereur n’osera jamais révéler l’inexistence. On en profite aussitôt pour attribuer à Kijé une faute que personne ne voulait endosser, une fausse alerte qui avait réveillé Sa Majesté. L’empereur ordonne l’exil de Kijé en Sibérie. L’institution militaire russe, respectant l’ordre à la lettre, envoie donc vers la Sibérie une escorte sans prisonnier. Par la suite, Paul Ier, sujet à des crises d’angoisse, se méfiant de son entourage, cherche à promouvoir des officiers non issus de la noblesse. Kijé, en tant que militaire modèle aux états de service parfaits, sans attaches ni « piston » d’aristocrates ou de personnages haut placés, est d’abord gracié, puis nommé capitaine, enfin colonel chef de régiment. Une maison lui est attribuée, ainsi que des serviteurs!

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administrateur théâtres

CONCERTS

Le train de l’imaginaire avec Gaëlle Solal

… lors du 4e concert de la 9e Balade Musicale à Rixensart

Comme il n’y a pas  à proprement parler de frontières entre musique classique et musique traditionnelle populaire, il est difficile de choisir entre apollinienne ou dionysiaque pour parler de la pétillante guitariste française Gaëlle Solal, lauréate  entre autre du prestigieux concours international de guitare classique Michele-Pittaluga d’Alessandria en Italie. L’artiste nous a offert lors de  son  récital du 20 janvier 2022 pour le 4e concert de la 9e Balade Musicale à Rixensart, une magnifique élaboration mélodique  des œuvres de Heitor Villa-Lobos and beyond.

Villa-Lobos, autodidacte,  compositeur très prolifique, grand admirateur de JS Bach,  a écrit plus de 1000 pièces et a mené une vie riche, aventurière et  fantasque tout en étant le fondateur du modèle éducatif pour l’apprentissage de la musique au Brésil, embrassant dès 1930 une grande carrière politique et pédagogique  avec sa nomination de  directeur de l’éducation musicale de Rio de Janeiro.  

Le choro, forme musicale  de prédilection  de Villa-Lobos oscille entre la musique populaire et la musique classique. Il nait à la fin du xixe siècle et au début du xxe  et  révèle toute l’âme brésilienne. Il se joue en groupe autour d’une table, chargée de mets et de boissons. Tout le monde participe, c’est une musique de partage et de spontanéité.   Ces  groupes musicaux ( flûte, cavaquinho et guitares) animaient les fêtes (forrobodós) jouant de la polka, du lundus, des habaneras et des mazurcas et d’autres genres érudits européens, de manière syncopée.

 Gaelle Solal est née à Marseille en 1978. Elle réside à Bruxelles depuis 2011 et depuis septembre 2020 , elle est professeur invitée au Conservatoire Royal de Gand. Femme de caractère et de générosité, elle habite vraiment sa musique. Elle  nous a livré un programme plein d’entrain et de cœur,  mis au point après plusieurs années de recherche et d’écriture  lors de ses propres arrangements de musiques brésiliennes découvertes lors d’un périple épiphanique à Rio de Janeiro en 2009, après avoir assisté au Festival Villa-Lobos organisé à Radio France.  Ainsi elle nous offre de  rencontrer d’immenses musiciens brésiliens, dit-elle, qui sont  plutôt méconnus dans nos régions.  Son œuvre de transmission  est tout à fait  dans les cordes de la Balade Musicale de Rixensart quand il s’agit de  la découverte et la beauté.

Ainsi,  dans un agréable jeu de correspondances,  elle  a adroitement rangé deux par deux, une série de pièces courtes qui alternent les œuvres du  grand Villa-Lobos et celles de musiciens qui l’ont influencé ou qui l’ont suivi ou illustré : Pixinguinha, Guinga, l’extraordinaire guitariste français Roland Dyens, Ernesto Nazareth, Antonio Carlos Jobim, Egberto Gismonti  et Garoto.  Une croisée de chemins donc, que nous transmet avec feu la pétulante artiste.

 Tuhu, le titre de son CD sorti  le 4 décembre 2020 sous le label Eudora Records,  fait référence au train de la vie, joint à un  espiègle  clin d’œil à la fascination  que le petit Heitor avait pour les trains et aussi à la langue de sa mère dans laquelle Tuhu, le joli surnom de son fils, signifie petite flamme.

Peut être une image de 2 personnes, intérieur et mur de briques

 

Au cœur de l’église Saint-Sixte de Genval, dès les premières notes de sa belle prestation, la musicienne  infuse à travers le climat imaginaire de la musique, une atmosphère de de liberté, de danse, de joie, de  plaisir de vivre. Quelles que soient les conditions de vie que l’on puisse imaginer ou vivre –  et c’est délectable  de pouvoir  s’extraire, l’espace d’un concert de la morosité ambiante. L’écoute du public est concentrée et admirative.  Il y a cette pièce émouvante :  le prélude numéro 2 dédié au petit garçon de Rio , un hommage à l’enfance de Villa-Lobos, qui découvrit sa passion pour la musique au contact des musiciens de rue.  Il y a des mélodies tendres et romantiques – où est le clair de lune ? – Il y a des danses très serrées et sensuelles, pleines de rythme. Il y a la virtuose qui évoque les chutes d’eau, les vagues de drames, le rythme sautillant humoristique d’esprits de la forêt, – les farfadets existent-il a Brésil ? Il y a son éclatante féminité,  des éclats de rire, de la connivence avec le public,  ou de colère,  de l’ivresse (Agua e vino) et de la torpeur de sieste au soleil. Gaëlle Solal  raffole  des  pizzicati, de petites percussions mutines impromptues, et termine toujours sur un recueillement subit et inattendu.  Bref,  elle  propose  une musique brûlante, échevelée, vive et pleine de caractère.

Et d’insister : tout est Musique, populaire et classique. La Musique est  par-dessus tout une rencontre à tout niveau : un lieu où l’on fait vibrer son âme au diapason du compositeur,  au sien propre et à la multitude de ceux des auditeurs. Et quand l’authenticité rencontre l’esthétique, tout est gagné ? Ajoutons que réécouter le CD dans son foyer permet bien sûr de revivre les émotions subtiles du concert mais aussi  adjoint une dimension de perfection, une plus profonde intensité,  un  timbre plus parfait et une belle  spatialité du son qui invitent à la méditation.  

Dominique-Hélène Lemaire pour Arts et Lettres

A vos agendas : Le prochain concert de Balade Musicale à Rixensart aura lieu le 17 février 2022. C’est une super production avec  la Chapelle musicale de Tournai, direction Philippe Gérard Au programme :   la Messe en si de J-S.Bach  (Chœur et solistes à déterminer)

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administrateur théâtres

Concerts

Le jeune Brussels Philarmonic Orchestra débute sa saison au Conservatoire de Bruxelles

…In a nutshell, dit-on!  Sachez que le BPO n’est pas le BPO. On pourrait aisément  le confondre avec  l’ orchestre de la VRT, le Brussels Philarmonic –fondé par l’ INR  d’antan (l’Institut National de Radiodiffusion,  cela vous dit sûrement quelque chose …) en 1935, naguère sous le nom de Grand Orchestre Symphonique.   Il est dirigé actuellement  par le grand chef d’orchestre Stéphane Denève en résidence à Flagey.   Ceci n’est pas une pomme, on s’en doutait, juste des  noms similaires…avec des dates de naissances toute différentes.

 Le « Brussels Philharmonic Orchestra », créé lui à Bruxelles, au théâtre Saint- Michel en septembre  2002, poursuit le but louable  d’offrir aux diplômés des conservatoires l’occasion de mettre en pratique leurs  aptitudes musicales en faisant partie d’un grand  orchestre symphonique permanent et de  se lancer ainsi dans leur carrière musicale. Place aux jeunes donc. Place à des répertoires très éclectiques et ambitieux.  Le BPhO …appelons-le ainsi, puisqu’il y a une « h » dans leur adresse électronique,  développe des voies d’avenir. Il est devenu une  réalité confirmée dans la vie artistique de notre pays et à l’étranger.  Les musiciens se réunissent de façon intensive pour préparer les grandes œuvres du répertoire classique et d’autres plus modernes, avec une attention  particulière pour des compositeurs belges.

La vie est belge! Les musiciens du Brussels Philharmonic Orchestra proviennent de vingt-six pays et quatre continents mais avec une prédominance de la nationalité belge, originaire des trois régions et des deux communautés.  La musique au service de l’unité et de la paix.  Tous  sont portés par  le feu de  la musique, la joie du partage, la force des émotions et le souci de rassembler autour des différences. Contribuer ainsi au progrès social et culturel. Pour que le monde vive… au même diapason.

Peut être une image de une personne ou plus, personnes debout et intérieur

Les jeunes musiciens épaulés par des instrumentistes chevronnés  sont dirigés avec complicité par le chef  David Navarro Turres, né au Chili. Les organisateurs recherchent également à promouvoir des jeunes solistes belges, une belle occasion pour permettre  ce soir  au jeune  espagnol Andrés Navarro au  piano et Julie Gebhart, soprano,  de se produire  dans la magnifique grande salle du Conservatoire de  Bruxelles lors du très beau concert d’ouverture donné ce samedi 23 octobre 2021, cette fois avec une cinquantaine d’instrumentistes.


C’est  un  vent d’espoir partagé qui flottait ce soir dans la salle du Conservatoire. Une énergie magnifiquement partagée, une petite victoire, sur la pandémie qui nous accable.

Difficile aussi de faire  des choix dans le beau programme présenté. Pour commencer, dans  la Moverture  de Daniel Capelletti, c’est l’atmosphère insouciante et ludique qui prédomine, tout de suite rattrapée par la nostalgie, et des cascades de tendresse, Le premier thème réapparaît, comme une brise connue. La reprise sautillante s’engouffre  alors dans une apothéose de percussions.

 Au centre du programme il y a  le concerto pour piano No. 2 de  Camille Saint-Saëns.  Sostinuto ! Un début massif et puissant, et des contrastes de douceur malgré le sens aigu du drame. Des arabesques élégantes se disputent le souffle épique. Quel créateur, ce chef ! D’abord un peu tendu, le  jeune soliste, Andrés Navarro surveillé de près par-dessus l’ épaule du chef, se lance dans des arpèges de bonheur. Le jeune  a vaincu la peur, il joue avec des sonorités liquides et conclut avec panache. Le deuxième mouvement a des légèretés de ballerines, des jeux d’échos l’agilité des bonheurs bucoliques. Les cordes sont frottées comme autant de cigales. Clin d’œil solaire entre ce que l’on pourrait voir comme … un lien père et fils! La musique est filiation. Le troisième mouvement devient feu  musical ardent avec des  reflets spectaculaires, la frénésie de danses de sorcières ? Le jeune pianiste donne tout : la virtuosité, la maîtrise absolue,  et participe à un final fracassant. En bis ?  Un Granados introspectif… beau  et flûté comme l’ode à l’alouette,  du  poète romantique anglais Percy Bysshe Shelley. Ode to a Skylark. La musique transforme.


 Le Mahler dégage tout de suite une atmosphère de chasse au trésor. On y trouve une matière musical souple, des bois gracieux, des sonorités apaisantes des violons dansants. Et aussi de fracassantes ruptures, de profonds abîmes, et de l’illumination malgré l’horloge du temps qui rappelle la réalité. Notre humilité. Alors la confiance gronde dans le cœur, un fil d’Ariane guide le voyageur -spectateur. L’apparition de Julie Gehbard dans  une lourde jupe de brocart doré et son haut de danseuse ballerine, fait impression. Les cordes dessinent l’automne et son dénuement. La chanteuse se nourrit de la complainte vibrante des cuivre et des cordes en larmes dans une douceur de coucher de soleil. Assise, les mains jointes, le destin va–il frapper ? La vie va-t-elle fleurir ? L’orchestre miroite sous la baguette du chef. La souffrance se lève dans l’orchestre, une affliction grandissante et inexorable. Tuée par cette chose rare, restée tapie au fond de la boite de Pandore, nommée Espérance. Sommes-nous ces poupées pendues à un fil ? Fragiles mais vivantes. La harpe diffuse de l’encens, allume un cierge brillant. La dame s’est levée, elle semble s’adresser à la lune . L‘orchestre la berce lorsque son chant s’éteint. Applaudissements.  La joie de se retrouver dans ce lieu séculaire.

Dominique-Hélène Lemaire  Pour Arts et Lettres

Programme

Daniel Capelletti / Moverture
Camille Saint-Saëns / Piano concerto No. 2
Gustav Mahler / Symphony No.4 (chamber version by David Navarro-Turres)

 3 Prochaines dates:

+ A la Cathédrale le 17/11/2021

réservations: 

www.cathedralisbruxellensis.be

+Concert for Hope      27/11/2021

+  le 16/12/2021 20h00 Grande salle du Conservatoire Royal de Bruxelles

 Au programme :

The Night Before Christmas »  – Daniel Capelletti
« Double concerto Cinq canyons » – André Ristic
« Schéhérazade » – R. Korsakov


Simon DIRICQ – saxophone 
Charles MICHIELS – clarinette basse 
David NAVARRO-TURRES
, chef d ‘orchestre 

Réservations ici

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administrateur théâtres

Centenaire de Camille Saint-Saens à L'Aula Magna

SPECTACLES

A l’ombre de Saint-Saens

10/10. Au lendemain de l’anniversaire de la  naissance de Camille Saint Saens,  c’était rien moins que l’âme de  Camille qui  voletait ce soir du 10 octobre  2021 dans l’Aula Magna,  lors d’une splendide  fantaisie musicale et poétique  présentée  par l’Atelier Jean Vilar  et le Festival Musiq3 Brabant Wallon.  C’était  la dernière étape de la tournée  du  magnifique spectacle au programme des festivals de Wallonie :

« L’OMBRE DE SAINT-SAENS » 


  Le formidable Camille Saint Saens  a rendu son dernier souffle et ne veut pas quitter la vie intense et libre qu’il  a menée.  L’octogénaire  se rhabille une dernière fois et son âme,  ivre de musique et de désir, virevolte devant nos yeux  nous dévoilant ses derniers feux et ses dernières ardeurs.

  Le compositeur est ressuscité dans une  une mise en scène  simple et pleine d’adresse.  Elle est signée Sylvie Wilson et convie sur le plateau  poésie, rêve et créativité. Avec un lustre, deux cadres de peinture de grands maîtres et un fauteuil de cuir, le tour est joué.  Nous suivons avec curiosité toute  une grammaire de théâtre   d’ombres  qui dévoile les  passages secrets entre  présent et passé. Mais  en premier lieu, question de nous replonger dans la magie de l’enfance, ce sont les ombres  chinoises  faites main Philippe Beau qui nous invitent au voyage imaginaire.

Traquant  les moindres frissons de son âme  si   bavarde, le compositeur   attrape enfin une tache de soleil sur l’écran, et  tout revit  soudainement en dizaines d’éclats lumineux. Il  danse et embrasse ses émotions,   déroulant devant nos yeux  tout  l’invisible de  sa vie passionnée. La grande salle est  plongée dans un silence respectueux et parfait.  Mais son alarme de la mort est  si glaçante  qu’elle prend à la gorge :   où est le soleil ? où sont les fleurs ? C’est la fin, le froid et l’implacable solitude. On veut essuyer les pleurs de l’homme qui nous quitte.  L’artiste qui interprète ce rôle prodigieux est Thierry Hellin. Textes de Sylvain Coher.   

  On a tous aussi  bien sûr la magie de la musique avec dans  l’oreille au moins l’un de ses  nombreux « tubes » : le célèbre Carnaval des animaux, la Danse macabre, la Troisième symphonie avec orgue, ou la Bacchanale de Samson et Dalila, et c’est  le magnifique ensemble Kheops qui peu à peu, traverse les miroirs du temps,   se révèle à nos yeux et dialogue avec le compositeur. Une merveille. De même que les costumes (Caroline Sanvoisin),  dignes de grands maîtres de la peinture qui  habillent  Marie Hallynck au violoncelle, Ayako Tanaka au violon , les deux partenaires du célèbre  Muhiddin Dürüoglu,  maitre des arrangements musicaux au piano.

Compositeur le plus joué de son vivant, Camille Saint-Saëns a composé près de 600 œuvres, il s’est illustré dans tous les genres musicaux, il est l’auteur de 13 ouvrages pour la scène lyrique dans l’ombre de Samson et Dalila, mais il a composé la première musique de film de l’histoire du cinéma.   Il a été le témoin des créations de Faust, de Carmen, de Louise, de Pelléas et Mélisande et du Sacre du Printemps,  il  a  rencontré Berlioz et Rossini, il  a survécu à  Debussy, il est là quand  Ravel ou Stravinsky arrivent sur le devant de la scène. Il est l’un des plus grands pianistes de son temps, un interprète à la virtuosité et à la mémoire inégalées dont chaque apparition sur scène est un événement. Il est aussi un organiste prodigieux – le meilleur du monde, selon Liszt. Durant près de 80 ans d’une carrière ininterrompue. Saint-Saëns  voyage de Buenos Aires au Caire donne des  milliers de concerts, dirige des orchestres, assiste aux répétitions de ses œuvres scéniques et ne cesse de composer. Il est partout, et donc on comprend sa sainte colère quand on ne semble retenir de lui  que Le carnaval des animaux. Juste fureur de celui à qui on enlève la fureur de vivre !

 Illustre  voyageur à l’esprit curieux et à l’oreille attentive, il se veut  passeur de culture entre sphère latine et germanique, entre Orient et Occident, entre musique du passé et de l’avenir . ll est libre … Max !  Et c’est le souffle de cette liberté qui enchante tout au long du spectacle.


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Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

Cette année, nous célébrons les 450 ans de la mort de Bruegel. Avec Jan van Eyck et Paul Rubens, Pieter Brueghel est considéré comme l'un des tout grands maîtres de la peinture flamande du XVIe siècle. Membre de la Guilde de Saint-Luc d'Anvers, Brueghel s'est rendu en Italie et a été exposé à la culture humaniste. Le nom de la  guilde rapelle celui de  l'évangéliste Saint-Luc, patron des artistes, identifié par Jean de Damas comme ayant peint le portrait de la Vierge. En 1563, Bruegel s'installa à Bruxelles pour se rapprocher du centre  financier, du pouvoir et des clients potentiels. C'était une plaque tournante pour les artistes et la nouvelle noblesse urbaine. La même année, il épouse Mayken Coecke, fille de Pieter Coecke et Mayken Verhulst, à l'église Notre-Dame de la Chapelle de Bruxelles, et habite à proximité, au 132 de la  rue Haute, dans les Marolles, où il peint ses tableaux les plus célèbres, des  chefs-d'œuvre tels que Paysage d'hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux ou La Danse des paysans.   Au XVIe siècle, ce quartier était particulièrement prospère et se trouvait non loin de la résidence principale de Charles Quint au palais du Coudenberg, au Mont des Arts. Le peintre  a été  enseveli en 1569 dans la même église Notre-Dame de la Chapelle, l'endroit même où le concert: "Bruegel l'humaniste espiègle, un décor musical" s'est tenu le 3 octobre  dernier. 

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***"BREUGHEL (Pierre), ou BRUEGHEL le vieux, dit le Paysan, le Drôle, ou le vieux Breughel, peintre de paysage, de scènes burlesques, de diableries, d’histoire en petit, etc., et graveur sur bois, à l’eau-forte et au burin, né à Breughel, village près de Breda, on ne sait au juste en quelle année; d’après les uns en 1510, d’après les autres en 1530. Le nom de famille de cette belle lignée artistique n’a jamais été connu. Pierre Brenghel, souche de tous ces vaillants peintres, prit le nom de son village et n’en signa jamais d’autre. Et même celui-ci est orthographié de deux manières, Brueghel et Breughel. La première manière est la version primitive, celle que les peintres de ce nom ont adoptée pour signature; la seconde a pourtant prévalu dans l’orthographe moderne. Breughel était né paysan et fils de paysan; mais la nature en le créant artiste, lui avait donne un esprit inventif, curieux, gai et fort original. Sa vocation ne fut pas contrariée. On le plaça chez un homme célèbre, peintre, architecte, géomètre, Pierre Coecke, d’Alost. Il demeura dans la maison de celui-ci et porta plus d’une fois dans ses bras, dit Van Mander, la petite fille de son maître, sans se douter que cette petite fille serait un jour sa femme.." 

Avec la collaboration du KCB, ce concert-spectacle était basé sur l’idée d’illustrer certaines des peintures de Brueghel projetées sur écran avec des chansons et des musiques contemporaines du peintre. Le concert a été présenté sur des instruments anciens de la Renaissance, réunissant l'ensemble Les Sonadori, la mezzo-soprano Elisabeth Colson et l'organiste Fabien Moulaert, sous la direction d'Alain Gervaux, dans une coproduction de Voce et Organo - le département de recherche du Koniklijk Conservatorium Brussel - et Les Sonadori. Un programme détaillé expliquait chaque morceau de musique en parallèle avec la peinture de Brueghel ou des images d’objets illustrant son époque.Le programme est construit en cinq parties décrivant "amour et séduction", "jeux et danses", "histoire des Pays-Bas", "morale et dérision avec le personnage du Fou" et "piété" avec des œuvres de Clemens non papa, Thomas Crequillon, Pierre de la Rue, Lupus Episcopius, Benedictus Appenzeller ... publiées par Tielman Susato et Pierre Phalèse à Anvers au XVIe siècle. Ce programme sera également donné  au festival de Besançon-Montfaucon, au festival Mars en Baroque à Marseille et à La Courroie près d'Avignon.

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Quand  les musiciens de Brueghel  ont  débuté leur concert  par une procession, c’était comme si nous avions été projetés jadis, à l’époque des troubadours, des banquets et des danses de village. Leur riche répertoire et leur sonorités envoûtantes ont soudainement pris vie dans le sombre silence de l'Église, pour charmer un public tout de suite  conquis.  Des thèmes éternels  ont été chantés, joués et exposés avec  grand  amour de l'art: l'amour,  la gaudriole, la folie, la  guerre, la mort et les psaumes religieux. Nous avons  écouté avec ravissement  des chants plus cristallins que l'eau de Spa bleue, soutenus par des instruments anciens, flûtes et cordes, immensément  dynamiques, rappelant les paysages séculaires décrits par Brueghel. Des hivers, comme on en fait plus.. Voce et Organo et Les Sonadori ont tous contribué à mettre l'accent sur  l'humanité profonde  du peintre, pour qui sans doute jouer et peindre  était devenu une bénédiction de type  presque  sensuel. Lorsque la vibration de la musique correspond aux couleurs vibrantes et à l'humour vif de Brueghel, observateur sans concession de son temps, nous plongeons dans une  Renaissance qui ressemble  un peu à notre monde. Ou l'on pense immanquablement au poème des Correspondances de Baudelaire. Quand l'art devient une force motrice et donne un sentiment d'intemporalité, le spectateur est saisi d'un  mystérieux sentiment d'appartenance. Quand la musique devient le lien d'amour entre les gens et  que les peintures incarnent la beauté et les  angoisses humaines, on est comblé. 

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Une fois le concert terminé,  si vous visitez cette même  église de jour, vous pourrez peut-être aussi partir à la chasse d'esprits «échappés» de diverses peintures de Bruegel : La grande Evasion. Ils sont  cachés partout dans l’église, à vous de les découvrir!  Ils sont là pour célébrer la vie et l’œuvre du peintre  humaniste. En effet, diverses figures des peintures du maître flamand se sont échappées des  tableaux du maître pour s'accrocher ici et là. quittant pour la première fois  leur cadre  et  leur monde à deux dimensions pour se transformer en personnages réels. Ils se réunissent pour rendre hommage à l’homme qui les a peints et titiller l’imagination des visiteurs à l'esprit curieux. Ils y  resteront jusqu'à la fin  2019.

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A visiter également: l'exposition "Beyond Bruegel" qui rend hommage à l'artiste dans le majestueux Palais de la Dynastie, près de la KBR, la Bibliothèque nationale de Belgique, au Mont des Arts.

L'expérience artistique novatrice au Palais de la dynastie présente des projections immersives qui magnifient les œuvres de Brueghel et mettent en valeur des détails exquis. En tant que visiteur, vous pouvez comprendre le style et l'oeuvre du peintre dans divers espaces. Vous serez ensuite émerveillés par la  vision à 360 degrés qui illustre le monde fantasmé de Brueghel, à la fois si  terre-à-terre et si  imaginaire. Vous  foulerez des paysages où l'on rencontre  Dulle Griet ( La Folie) et une  armée de fantassins. Sur le bateau, au pied de la tour de Babel, vous irez à la rencontre des personnages uniques issus de l'imagination débordante de l'artiste. On peut suivre la projection en trois langues; anglais, français et néerlandais. Mais, les véritables peintures, ne sont pas loin, à quelques pâtés de maisons seulement:  passez au Musée juste à côté! Les amateurs de Brueghel qui visitent le"Beyond Breugel" expo  sont  aussi attendus pour saliver devant  la  carte et déguster ensuite une série de petits mets de choix au "Plein Publiek", un concept de cuisine hyper-créatif lié à l'exposition et conçu par le très talentueux ex Top chef Paul Delrez.

- "Beyond Bruegel" au "Palais de la Dynastie" au Mont des Arts à Bruxelles.
6 avril 2019 - 31 janvier 2020 www.beyondbruegel.be

- MUSEES ROYAUX DES BEAUX ARTS DE BELGIQUE

Bruegel. The Originals Les chefs-d'œuvre de Pieter Bruegel l’Ancien aux MRBAB

> 15.09.2020


Rue de la Régence / Regentschapsstraat 3
1000 Bruxelles

La version anglaise de cet article: Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

C'est la 16ème édition les 14, 15 et 16 juin 2019  Voici le célèbre FESTIVAL DE LILLE PIANO (S)

 Envie de visiter Lille en juin? Cela prend seulement une demi-heure en train à partir de BRUXELLES-ma-Belle. Que diriez-vous d'un voyage à Lille pour découvrir le festival de piano le plus fantastique qu’il soit, et sa longue liste de festivités.

   

 Jean-Claude CASADESUS, en est l’illustre fondateur.  Ces rencontres musicales ont été  créées il y a 15 ans. Elles  sont  maintenant en pleine floraison, avec d'excellents interprètes et chefs d'orchestre invités! Et  Jean-Claude CASADESUS, au cœur de ce magnifique  festival, vous charmera  par des choix musicaux  très judicieux.  Chaque année au mois de juin, 3 jours sont consacrés exclusivement aux claviers sous toutes leurs formes: concerts symphoniques, récitals, sessions de jazz, masterclasses, improvisations, créations, spectacles combinant d'autres disciplines artistiques, animations musicales, rencontres d'artistes ... Prenez vos rendez-vous sur  le Lille Festival de piano (s)!

 

Une véritable odyssée musicale

 

A la mi-juin 2019, le FESTIVAL PIANO (S) LILLE fête donc  ses 15 ans avec l'Orchestre National de Lille. Un public éclectique appréciera une véritable odyssée musicale à travers  divers instruments autres que le piano : l'orgue, le clavecin, le clavicorde, le marimba, le vibraphone, le synthétiseur, l'accordéon et le bandonéon.  Tout commence pour le public  le vendredi 14, sera en plein feu le samedi 15 et se termine le dimanche 16 juin 2019 par un concert fantastique au Nouveau Siècle avec le grand Nelson Freire à la tête du second concerto emblématique de Brahms.

 

Depuis quinze ans, de nombreuses soirées de claviers investissent divers  lieux pittoresquesdans le vieux Lille : auditoriums, gare, musées, bibliothèques, discothèques, tout simplement la rue et même l’année dernière,  l’abbaye de Vaucelles à quelques kilomètres de là. Année après année, de très beaux profil musicaux  sont  sélectionnés avec soin et viennent  du monde entier. De jeunes talents confirmés en particulier.

Qualité, créativité, éclectisme et ouverture restent les maîtres mots.  Ce sont les valeurs qui sous-tendent ce  festival lumineux et rayonnant  en Haut-de-France depuis sa création.

Jean-Claude Casadesus nous parle des 15 ans du festival au micro de Diapasons  https://rcf.fr/culture/musique/diapasons

 Lieux

 

 Le Nouveau Siècle, est situé au cœur du centre-ville, avec de beaux hôtels et restaurants tout autour.  Cet  auditorium  moderne bénéficie d’une acoustique absolument magnifique. C'est la résidence de l'Orchestre National de Lille. Des lieux plus petits, tels que la salle du Québec, accueillent des manifestations plus intimes et de plus petits concerts.

Parmi les temps forts, épinglons: Vanessa Wagner et son dernier programme musical. Le journal Le Monde la décrit comme "la pianiste la plus agréable de sa génération". A  noter également: l'Orchestre de Picardie avec deux merveilleux concerts, l'un avec Franck Braley, notre vedette belge et trompettiste Romain Leleu. L'autre avec Adam Laloum. Pour la première fois dans la cathédrale de La Treille, trois concerts d'orgue seront organisés avec Thierry Escaich et Olivier Latry, ainsi que Ghislain Leroy, le maitre des lieux.

La gare Saint-Sauveur, le Conservatoire, le Palais des Beaux-Arts, ND de la Treille et l'abbaye de Vaucelles ouvrent donc  leurs portes pour organiser tous ces concerts, le tout à des tarifs très raisonnables. Il va sans dire que le prix modéré des billets est un réel atout   qui vise à   soutenir la culture musicale et élargir l’audience intéressée par la musique. On compte sur ces lieux plus insolites  et leurs acoustiques multiples pour toucher un nouveau public, de plus en plus large. Incidemment, cela  donne à chacun également une occasion de redéfinir sa propre approche, jeunes ou moins jeunes.

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Soit dit en passant, que Jean-Claude CASADESUS, fondateur de l'Orchestre National de Lille, a encore  repris la direction du festival - pour la toute dernière fois - a-t-il dit! Une apothéose  donc pour les multiples programmes  produits dans les divers lieux et les environs les plus attractifs de Lille.

Les programmes

Naturellement, les classiques passent en premier! Avec des noms très célèbres tels que : Nelson Freire, Pascal Amoyel, Lise de la Salle, Boris Giltburg, Denis Kozhukhin ... Mais aussi du Jazz! Avec Rhoda Scott et Jacky Terrasson, le samedi 16 juin au Nouveau Siècle, Salle Québec à 19h. Si vous souhaitez vous inscrire à de fantastiques improvisations avec Thomas Enco / Vassilena Serafimova  sur musiques de BACH,  c’est le samedi 16/06 à l'Abbaye de Vaucelles à 11h00.
Mais pourquoi ne pas aller profiter du Tango,  juste pour changer? Avec Astoria Tango, vendredi 15 juin, au  Nouveau Siècle, Salle Québec, 19h30.  Et encore? Pour les romantiques, le piano de Nicolas Stavy et l’écrivain Éric-Emmanuel Schmitt se concentreront  sur l’œuvre de Chopin. De manière plus moderne, Edouard Ferlet mettra la technologie au service de la virtuosité, dans le carnaval des animaux. Mais vous pouvez aussi choisir le quatuor Tana, qui  flirte avec  Brahms et des compositeurs contemporains.

Tout est ici : https://www.lillepianosfestival.fr/2019 

Dominique-Hélène Lemaire ( Arts et Lettres) 

Aussi Sur Branchés Culture:

https://www.facebook.com/LillePianosFestival/

 

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administrateur théâtres

Bien que cette version ne soit pas une production théâtrale - il n'y a aucun décor terrifiant des portes de l’enfer, aucune chorégraphie, ni de fantomatique  ballet de nonnes pécheresses, aucun costume du Moyen-Âge fantastique, ni de casques, épées ou chevaux de tournoi - le public des Bozar a été enchanté par cette magnifique  version concertante.  Evelino Pidò a dirigé les artistes avec fougue à travers les tempêtes sauvages de sentiments humains et le désir dévorant du pouvoir et des richesses qui peuple l'allégorie, jetant au passage une énorme pierre dans notre jardin!


Le contraste saisissant de la lourde musique chevaleresque mêlé à l’ambiance festive de chansons à boire,  face aux  lignes fluides et des valeurs spirituelles de l’amour courtois et du divin, a su  émerveiller le public tout au long de  la soirée. L'arme secrète, c'est sans doute  la beauté de l’interprétation raffinée  des deux femmes, Alice et Isabelle en particulier. La soprano colorature Lisette Oropesa, dans  sa magnifique robe jaune safran imprimmée de grands coquelicots noirs, a chanté l'opéra avec vigueur et passion, d'un bout à l'autre, sans fatigue apparente, enchaînant  aigus, graves et vocalises avec le plus grand naturel. La vision authentique de la bonté et de la lumière de l'amour était assortie d'une pureté de son extraordinaire. L'exquise soprano espagnole Yolanda Auyanet, dans le rôle d'Alice, faisait, elle aussi, preuve d'une capacité à couvrir les notes les plus graves et les plus hautes  dans une émission  de souffle continu et une  projection de voix remarquable.Bref, du Bel Canto à l'italienne saisissant et une  inébranlable patience dans l' argumentation  visant à démanteler les stratagèmes des  mécréants. Toutes deux, telles une armée de saintes femmes se trouvaient  résolument engagées dans la lutte contre tout ce qui pouvait nous  tirer vers le bas, projetant un faisceau de lumière  au coeur des sombres violences du 13e siècle… et celles du nôtre, par la même occasion.

Alice, l'innocente  soeur de lait de Robert, se bat courageusement pour l'âme de son frère adoré,  contre ce père démoniaque, Bertram, qui  a pris, dit-elle, les traits trompeurs d’un fidèle chevalier. Dès les premières lignes, Alice l'a percé à jour, son âme pure détectant le Mal qu'il incarne, grâce au souvenir d'un tableau de leur lointain village normand, où l'archange  combattait le dragon. Terrorisée, elle le nomme d'emblée "L'Autre". Mais bien sûr, son frère n' écoute rien. Il lui  faudra tout l’opéra pour s’adoucir,  au nom de leur mère bien-aimée, qui dans sa dernire lettre adressée  à son fils,  lui conseillait de se méfier du diabolique Bertram. Ce dernier  est pleinement incarné par la somptueuse basse française Nicolas Courjal,  vraiment fascinant  dans ses maléfices et son imparable séduction. Sa note la plus basse, frappant le terrible mot français «mort», a été suivie d'un silence  mortel dans la salle,  jetant un froid glacial dans toute  l'assemblée.

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Le stupéfiant ténor russe  Dimitry Korczak, a assumé le rôle de Robert avec autant de vaillance et d’esprit  qu’il pouvait en  trouver,  face  à  la figure implacable de l'incarnation de  Méphistophélès. On l’imaginerait tout de même plus à sa place  dans le rôle d’Orpheo et d’Eurydice. Robert le Diable est en fait un noble normand impénitent,  assoiffé de pouvoir, d´or et de femmes, au génie diabolique hérité de son père, exilé en Sicile pour ses nombreux méfaits perpétrés dans sa ville natale. Heureusement que la rédemption par l'amour, on y croit!

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 On se souvienda aussi du remarquable Raimbaut (chanté par un gent troubadour, le ténor Julien Dran avec plein de  soleil dans la voix) et au passage, on retient aussi la belle performance  du ténor belge, Pierre Derhet, l'émissaire juvénile du prince de Grenade, chanté avec une superbe rondeur et une  belle projection. Enfin,  la belle élocution, la dynamique et la présence du choeur, hommes et femmes,  préparé par Martino Faggiani, sont  à couper le souffle,  contribuant  grandement à l´éblouissante réussite de cette soirée.

Bozar 02/05 April 2019

Dominique-Helene Lemaire

https://www.lamonnaie.be/fr/program/838-robert-le-diable

Direction/ EVELINO PIDÒ
Maîtrise des choeurs/ MARTINO FAGGIANI
Assistant musical/ JONATHAN SANTAGADA

ROBERT/ DMITRY KORCHAK
Bertram/ NICOLAS COURJAL
Raimbaut/ JULIEN DRAN
Alberti / Prêtre/ PATRICK BOLLEIRE
Isabelle/ LISETTE OROPESA
Alice/ YOLANDA AUYANET
Héraut / Maître de cérémonie/ PIERRE DERHET (MM Academy Laureate)
Dame d’honneur/ ANNELIES KERSTENS
Chevaliers/ MARC COULON, ALEJANDRO FONTÉ, DAMIEN PARMENTIER, RICHARD MOORE
Joueur/ GERARD LAVALLE

La Monnaie Symphony Orchestra and Chorus
MM Academy / Benoît Giaux

Production/ DE MUNT / LA MONNAIE
Co-presentation/ BOZAR MUSIC

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administrateur théâtres

Ars in Cathedrali 27/12/2018 Concert de Noël

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Pureté exquise des voix, présence chorale, musicalité, tendresse, complicité, réflexion… Immersion dans l’enchantement de Noël

La puissance dramatique, la ferveur, la contemplation mystique voluptueuse ont rendez-vous avec les anges de la cathédrale. Une estrade, dressée au centre du transept, juste en dessous des grandes orgues accueille les douze interprètes de « L’Ensemble Vocal de l’Abbaye la Cambre »  et leur chef, Anthony Vigneron,  brassant l’espoir et la lumière,  présence dans les moindres interstices musicaux. L’architecture et l’acoustique de la cathédrale favorise l’envol des voix et les résonances des orgues. C’est  l’amour entre des interprètes et celui qui les dirige,  qui déborde et inonde une assemblée prise par l’enchantement de Noël.




Entre chaque chant, les textes sobres et profonds de Christian Merveille font mouche, invitant à la méditation sur l’histoire de la nativité, sur la condition humaine. Chaque naissance n’est-elle pas une promesse?   Le conteur invite à prendre conscience des silences habités, de l’invisible qui soudain devient tangible, de l’infini relié par les mots et de la présence, du souffle, du Verbe.  Il nous invite à  nous laisser transformer, humblement,  par les mots,  la musique, ce temps de grâce qui enveloppe l’assemblée.

L’ouverture du concert  qui  a débuté par un murmure,  le  « Calme des nuits » de Camille Saint-Saëns (1835-1921)  nous plonge dans le mystère «  bien plus vaste que les jours ». Chanter «  est un manière d’être au monde…» Cela nous aide à retrouver l’enfant, l’être primordial qui est en nous. Celui qui est au cœur du texte « En prière » de Gabriel Fauré. (1845-1924)

Répands sur nous le feu de Ta grâce puissante ;

Que tout l’enfer fuie au son de Ta voix ;

Dissipe le sommeil d’une âme languissante

Qui la conduit à l’oubli de Tes lois !

Anthony Vigneron embrasse l’air, souffle  le vent,  distille la  musicalité comme s’il conduisait un bateau ivre. Il est jeune passionné de musique romantique française et allemande. Il détrousse aussi les partitions perdues. L’ « Ave Maria » de Martial Caillebotte est l’une de ces œuvres perdues ou  oubliées dont il ressuscite la beauté, l’énergie et la ferveur.

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L’organiste, Xavier Deprez, que l’on peut voir à l’œuvre sur un grand écran tout au long de la soirée, peuple la soirée de morceaux méditatifs, comme pour ponctuer le propos de Christian Merveille. On le voit pétrir avec exaltation l’harmonisation  du compositeur belge François-Auguste Gevaert (1828-1928) de la pièce « Le message des anges ». Et comme dans nos antiques campagnes, voilà l’assemblée invitée par Anthony Vigneron à se joindre au refrain dans un immense sentiment de renouveau et de réveil de rites oubliés.

François-Auguste Gevaert reviendra encore après la pause avec «Les trois rois » et « Entre le bœuf et l’âne gris » deux noëls harmonisés par ses soins. Le transcendant est dans la douce brise de la musique qui flotte sous les voûtes séculaires. « O Beata mater » d’August De Boeck (1865-1937) résonne comme une symphonie vocale autour de la merveilleuse soliste. Pour terminer, un double festin nous attend: « Panis angelicus» de César Franck et Hostia, extrait de « Consurge Filia Sion », Oratorio de Noël, opus12. 12 : Un chiffre symbolique d’union, de partage et de tolérance. Généreux, Anthony Vigneron livre  en bis une version brillante et  du « Venite Adoremus » auquel il associe l’assistance heureuse  d’être appelée à se  joindre aux merveilleux choristes dans le cadre exceptionnel de la cathédrale.  

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“When the song of the angels is stilled, when the star in the sky is gone, when the kings and princes are home, when the shepherds are back with their flocks, the work of Christmas begins: to find the lost, to heal the broken, to feed the hungry, to release the prisoner, to rebuild the nations, to bring peace among the people, to make music in the heart”.
Howard Thurman

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« Quand le chant des anges s’arrête, quand l’étoile dans le ciel  s’en est allée, quand rois et princes sont  dans leur demeure, quand les bergers sont de retour avec leurs troupeaux, alors commence  l’œuvre de Noël: retrouver les perdus, guérir les blessés, nourrir les affamés, libérer le prisonnier, reconstruire les nations, apporter la paix parmi les peuples, faire chanter la musique du cœur. » traduction libre
  

Dominique-Hélène Lemaire


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administrateur théâtres

La Gioconda à la Monnaie jusqu'au 12 février 2019

Une prodigieuse « Cloaca Maxima » vénitienne à la Monnaie!

 Février 9, 2019 


Olivier Py qui revient pour la cinquième fois à la Monnaie, aime travailler à contre-courant.   Les   merveilleuses scènes et effets de lumière de Canaletto sur les rives du Grand Canal bordées de palais Renaissance et gothiques ? On oublie ! Adieu même à « Mort à Venise» et  l’impressionnant sens de la beauté de Thomas Mann traduit par l’inoubliable réalisateur Luchino Visconti (1971) dans son film éponyme. Voici le Crépuscule des Êtres Humains dans un opéra en forme de polar, où le Mal l’emportera définitivement. Du début à la fin, le désir brutal, le pouvoir phallocratique et la luxure  étouffent la scène dans  un monde souterrain et  sinistre.

 L’enfer à petite échelle : le sexe et la mort dansés, mimés, chantés  comme s’il fallait en faire un mode de vie ! Le carnaval se traduit par danse macabre.   Des actes plats, sans préliminaires ni réflexions posthumes, exposant  leur  urgence brute et  définitive. Le décor choisi est  le grand égout de Venise, avec ses murs sombres et sans fin et le bord glissant et dangereux de choses qui transpire de partout. Les gondoles se sont transformées en cercueils.


Roberto Covatta, Scott Hendricks & Ning Liang – La Joconde par Olivier Py (© Baus)

Finalement, deux gigantesques bateaux de croisière, ruisselants de lumière  seront de passage  à travers le cloaque rempli d’eau où pataugent les artistes,  question de  rappeler brutalement que Venise, pendant des siècles, le cœur même de notre culture occidentale, a toujours été  menacée par de  perfides appétits. Ou est-ce Venise elle-même qui est le mal? Olivier Py et Pierre-André Weitz (scénographie et costumes) ne mâchent pas leurs mots et  avancent que « La beauté de Venise, c’est la mort, la grandeur de Venise, c’est le déclin, la puissance de Venise, c’est le Mal ».  Le déclin inexorable  de l’Europe des Lumières qui a créé l’esprit  du progrès et le rejet de l’obscurantisme   les conduit apparemment à cette triste déclaration. Une déclaration encore plus évidente  se fait   dès  l’ouverture de l’œuvre, sous la forme d’une  baignoire (de l’époque nazie?) dans laquelle un gnome,  un joker, ou un clown  subit le supplice de l’eau  mais que sarcastiquement cela ne dérange même pas! Ce personnage muet, le Mal ex machina,  prendra de la puissance, grandira en taille et en nombre tout au long de l’action. Image de choc: entre de mauvaises mains, l’eau que l’on pense naturellement être  source de vie,  peut provoquer la mort de toute personne  soumise à son pouvoir meurtrier.  « Du pain et des jeux »  réclame la foule: «Viva il doge e la republica!». Que le doge soit ogre ou pantin, la boucle du Mal est refermée.

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À  l’époque, Amilcare Ponchielli était considéré comme le plus important compositeur italien de la génération après Verdi, mais nous le connaissons aujourd’hui principalement pour La Gioconda, et en particulier pour son célèbre ballet, «La danza delle ore». L’histoire, basée sur «Angelo, le tyran de Padoue» de Victor Hugo, se déroule dans une Venise du XVIIe siècle, où complots et régates forment la toile de fond des heurs et malheurs  de la belle chanteuse La Gioconda (l’immense soprano Béatrice Uria-Monzon). Harcelée par Barnaba (le puissant baryton Franco Vassallo),  noir espion de l’Inquisition, la jeune femme a tout sacrifié pour sauver Enzo (Stefano La Colla), l’homme qu’elle aime et  va jusqu’à sauver  sa rivale, Laura, la femme dont  lui  est  amoureux. Elle est mariée à Alvise Baldoèro, un des chefs de l’Inquisition vénitienne.  Sa complainte dans l’Acte III, scène 5 explique son désarroi et son courage «  O madre mia, nell’isola fatale frenai per te la  sanguinaria brama di reietta riva. Or più tremendo è il sacrifizio mio .. o madre mia, io la salva per lui, per lui che l’ama!»  Gioconda  parle de l’indicible  à l’acte IV, scène 2,  dans  l’air déchirant «Suicidio», dont elle donne une  version échevelée et bouleversante.  » Sa seule issue pour tenir parole.
« La Gioconda en un seul mot, ce serait « agapè », en grec. Elle possède ce grand amour inconditionnel qui n’attend rien en retour, entièrement dévoué à l’autre. » explique Béatrice Uria Monzon.

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Pendant ce temps, le tout puissant et pervers Barnaba  utilise La Cieca, sa  pauvre mère aveugle, pour faire chanter La Gioconda, qu’il souhaite soumettre à son désir. Ne parlons pas d’amour !  Il a même  l’idée de la faire juger comme une sorcière méritant d’être brûlée. … Mais « Ne sommes-nous pas toutes des filles de sorcières que vous avez brûlées ? »  Quoi qu’il en soit, Barnaba est déterminée à la détruire car elle incarne  l’amour maternel inconditionnel le plus pur  et  ose entretenir des relations des plus pieuses avec Dieu. On la voit comme  une créature divine délicate, ressemblant à une  statuette de femme de la dynastie Tang, chantée par la contralto angélique Ning Liang. Son air céleste dans le premier acte «Voce di donna o d’angelo» résonne  comme  un élixir d’innocence et de bienveillance et de sagesse. C’est ainsi que  le metteur en scène Olivier Py nous propose un opéra noir de bout en bout.

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En outre, la scène 2 de l’acte III n’est pas sans rappeler des visions affreuses d’un Othello en furie. Nous savons que Victor Hugo aimait Shakespeare. “Invan tu piangi, invan tu speri, Dio non ti puo esaudir no! in lui raccogli in tuoi pensierei preparati a morir! » chanté par Alvise Badoèro, le mari de Laura. Superbes graves de la basse Jean Teitgen. Mais la pauvre épouse est cyniquement contrainte d’avaler elle-même le poison sur fond de chœurs d’enfants en voix off!  Heureusement cette invention de  Victor Hugo dans la célèbre scène de jalousie,  sauvera celle que le mari en colère n’a pas étranglée de ses mains  fumantes de haine et de vengeance.   

La musique enfin, s’offre comme un immense soulagement…  Elle  forme un contraste saisissant et magnifique avec l’atmosphère  délétère de l’action,  produisant  des grappes juteuses  de passion et de vie. Une  beauté torrentielle et puissante, bouffée d’air dans l’environnement toxique. Un tour de force grandiose pour supporter toute cette noirceur. Ou alors lisez un thriller style la trilogie mongole  Yeruldelgger avant de venir, pour amortir le choc.   Le flamboyant « grand opera all’italiana » est dirigé par Paolo Carignani avec une double distribution  exceptionnelle pour les six rôles principaux, tous  terriblement exigeants, la partition étant redoutable.

 Le public est complètement  emporté  par la qualité de l’orchestre, ses textures Verdiennes élaborées et ses harmonies véhiculant une gamme stupéfiante de sentiments, allant de la peur viscérale  à la mort, en passant par le suicide, mais décrivant également les différentes affres d’amour ressenties par tous, à l’exception de  Barnaba. Les performances répétées des choeurs (Martino Faggiani) sont à couper le souffle, de même que celles des danseurs de ballet, tandis que les six solistes sont tous  également  resplendissants dans leur interprétation parfaite des sentiments romantiques fracassants.  Une  galerie  étincelante a pris vie  au cœur de la Cloaca Maxima vénitienne!

 IL FAUT QUE LE DRAME SOIT GRAND, IL FAUT QUE LE DRAME SOIT VRAI.— VICTOR HUGO


Dominique-Hélène Lemaire

Du 29 janvier au 12 février 2019

crédit photos © Baus

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administrateur théâtres

Image may contain: one or more people and people standingLes femmes savantes au théâtre des Martyrs (Bruxelles)

Un délire organisé qui fait du bien!

De tous les Trissotins que nous ayons pu voir il est de loin le meilleur. Le plus manipulateur. Grand mince et ténébreux, sans la moindre trace de perruque ou de ruban, les tics de richesse tant appréciés du temps de Molière, il se présente avec l’habit de …Baudelaire? Sans en posséder le moindre tissu poétique. Mais ces dames sont sous le charme et frémissent de tout leur être devant le trompe l’œil et le trompe les coeurs, qui n’en veut qu’à la fortune familiale! Ah le triste suborneur! Il faut nommer Stéphane Ledune pour une interprétation réellement glaçante.

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Le dieu des dames femmes sachant « manier les symboles et les signes » s’appelle Vaugelas. L’illustre grammairien. Ces femmes avides de pureté janséniste, frétillent à la moindre rime, conspuent les syllabes ordurières, picorent les insanités, se repaissent de verbosité. Elles s’apprêtent au coup de foudre pour le Grec ancien (Maxime Anselin) , non contentes du galimatias latin. Gavées de formules scientifiques, elles font fi des valeurs pourvu que, dames intensément frivoles, elles soient sujettes aux honneurs des savants esprits.

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Peste soit l’animal, le mari qui n’a rien à dire, perd sa seule alliée des bonheurs terrestres, la très avantageuse Sylvie Perederejew jouant Martine que l’on met honteusement à la porte pour simple crime linguistique. A Dieu le parler vrai, la bonne chère, les petits plats dans le four et la grande joie de vivre. Heureusement que le pater familias dont il ne porte guère que le nom, a un compère à ses côtés, le plus exquis des frères, Ariste ( un très aimable et aristocratique Laurent Tisseyre) qui l’écoute et qui, par son habileté et sa belle intelligence, le tirera de son infaillible trépas!

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Mais le colloque féminin serait bien fade sans la présence fulgurante d’une véritable sexbomb nommée Bélise (l’explosive France Bastoen) dont les émois à répétition feraient réveiller les morts. Et puis il y a la guerre entre les deux sœurs, jalouses de toute évidence! La grande, c’est Armande (Lara Ceulemans ), en col Claudine et robe religieuse bleu Marine, fort courte ma foi, autant que les idées, mais baignée dans une chevelure à faire baver les vieillards en quête de Suzanne. Et la sœurette, Henriette (Salomé Crickx), des airs de révolutionnaire qui refuse l’ascendant maternel, une mystérieuse fille de l’air, qui, blême de confusion, préférerait être muette que de braver les confrontations. Notons que le discours acéré lui vient, comme l’esprit vient au filles, au fur et à mesure que l’intrigue avance et que l’amour grandissant qu’elle éprouve pour Clitandre fait le jour … et sans doute la nuit. Ce dernier se voit bien sûr honni par la très féministe académie domestique doublée d’un impitoyable tribunal .

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On en vient donc à nos deux préférés : Clitandre (Dominique Rongvaux) , le futur beau-fils qui, très loin de se laisser faire, vient bravement se mêler au public dans la salle. Et son nouveau père, le très épicurien Benoît Van Dorslaer qui tout au long de la pièce, doit opérer la difficile conversion du mari terrorisé par sa femme, vers une condition d’homme libre, heureux de vivre. Mais qu’il est donc difficile de franchir cette porte qui l’anéantit! L’ état à atteindre, c’est l’idéal d’honnête homme, bien-sûr! Toutes le pièces de Molière en témoignent. Avouez que cet homme aurait dû être canonisé au lieu d’être jeté à la fosse commune. Comme le public se régale!

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Le metteur en scène qui œuvre au mandala de personnages a un sens de l’équilibre parfait. Chaque pierre ajoutée à l’ouvrage a du sens et du poids. Toutes les forces se rencontrent et se tiennent comme pour encourager un écho durable chez le spectateur. L’absence de décor conventionnel d’une vraie maisonnée souligne combien le décor est futile dans nos vies. Le metteur en scène s’inspire du principe de frugalité shakespearien au profit d’un travail magistral sur l’analyse psychologique, fouillée au maximum. Comme pour un hui-clos moderne, voilà un mur. En panneaux de contreplaqué, de couleur brute, le bruit de la craie blanche pour écrire, une porte de vielle salle de bain percée de trois carreaux absents, ouverts sur le néant et deux chaises de bois peintes en blanc. Une perspective plate en deux dimensions, sol et mur. C’est Tout. Il faut nommer le roi de la fête du rire délectable: Frédéric Dussenne.

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Au fur et à mesure que les actes se déroulent, le décor se ressert, un plafond de même texture vient même s’emboîter, la troisième dimension? La part manquante? Enlevé c’est pesé, a-t-on jamais vu une interprétation de Molière plus éternelle que celle-là? L’éphémère est devenu visionnaire. Le féminisme pourtant balbutiant chez les femmes de Molière y trouve son compte et le pauvre mari que l’on prend en pitié est bien ridicule quand-même dans sa tirade de la place de la femme à la maison! C’est tout l’art de dire, de suggérer, de sub-liminer.

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Quel dépouillement, ce lit de fer blanc, seul nouveau meuble habillant le plateau après l’entracte. Il évoque tout à la fois la lointaine ruelle dans laquelle les femmes de lettres accueillaient les courtisans dans leurs salons, mais aussi le harcèlement pathétique dont fait preuve un Trissotin digne d’ enfermement. Il n’a finalement rien pour lui, comme le souligne très bien Hélène Theunissen (Philinthe). Il peut à peine à se maîtriser devant une Henriette plus qu’inquiète devant ses assauts répétés. Trissotin, la pierre qui blesse ? On la jette dans la rivière et on garde tout le mandala dont chaque élément a une saveur policée par les vents de l’esprit et du cœur. Et vive Madeleine de Scudéry! Et la langue de Molière, dis ? La langue? Comme la fleur, il nous l’a donnée! (d’après …France Gall!)

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Dominique-Hélène Lemaire

GÉNÉRIQUE DU SPECTACLE
TEXTE Molière
JEU Maxime Anselin, France Bastoen, Lara Ceulemans, Salomé Crickx, Stéphane Ledune, Sylvie Perederejew, Dominique Rongvaux, Hélène Theunissen, Laurent Tisseyre, Benoît Van Dorslaer
DÉCOR Vincent Bresmal
COSTUMES Romain Delhoux
LUMIÈRES Renaud Ceulemans
RÉGIE Christophe Deprez
MISE EN SCÈNE Frédéric Dussenne

Ridicules, ces femmes savantes ? « Je prends au contraire au sérieux le débat philosophique qui les agite » « L’enjeu, pour Philaminte, Armande et Bélise, est d’importance, car il ne s’agit pas moins que du statut des femmes dans une société patriarcale, et leurs propos ne sont pas dépourvus de sens.»  F.D.

COPRODUCTION Théâtre en Liberté, L’acteur et l’ecrit – Compagnie Frédéric Dussenne, LA SERVANTE, Théâtre des Martyrs 
Photos : Isabelle De Beir

DATES
Les représentations auront lieu du 15 au 26 janvier 2019.
Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, le dimanche 20.01 à 15h00.
Bord de scène mardi 15.01.

INFOS & RÉSERVATIONS
02 223 32 08 – http://theatre-martyrs.be/

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administrateur théâtres

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Move to Music and Movies

Flagey  en fête en avant-fêtes avec la Chapelle musicale Reine Elisabeth?  Il s’agit de la 9e édition du Music Chapel Festival  qui a lieu du 5 au 8 décembre 2018. Le festival s’intéresse aux liens du cinéma et de la musique. L’occasion de participer à une intense immersion au sein du laboratoire artistique de la Chapelle musicale, en résidence pendant ce festival Flagey, explique Bernard de Launoit, le CEO de la Chapelle.

Les événements ont débuté  avec un concert digne de l’appellation Mozartiade. Un concert de prestige au studio 4 en deux parties qui a rassemblé autour de Frank Braley et du clarinettiste et chef d’orchestre, Paul Meyer, les jeunes artistes en résidence pour un programme  très attendu consacré à Mozart et les chefs d’œuvre d’Hollywood avec l’ORCW.

On ne présente plus Frank Braley qui gagna à 22 ans  à peine le premier prix du Concours Reine Elisabeth en 1991, un exploit qui lui a ouvert les portes de la direction de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie depuis 2014.

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Dans le Concerto pour violon et orchestre n° 5 en la majeur KV219  qui ouvre la soirée, la violoniste  Julia Pusker offre un violon de rêve et soulèvera d’emblée de grands bravos. Paul Meyer imprime de belles images aux pupitres de l’orchestre de chambre. Les cadences de la violoncelliste sont emplies de confidences et de grâce, elle produit de superbes aiguës, des trilles ciselés, mêlés d’accès de passion. Le deuxième mouvement lui fait convoquer des paysages de douceur et de délicatesse. Elle accompagne les mouvements orchestraux, de légers hochements de tête témoins de l’intériorité qui l’habite. Sa seconde cadence évoque la sérénité d’un jardin d’émotions paisibles au travers d’un éloge de la beauté. Mais elle peut aussi rugir et donner la clef du thème avec conviction et clarté. On en vient à se demander ce que ce concerto venait faire dans le film de M.Caton Jones, Basic Instinct II, 2006… sans doute une respiration indispensable !    

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C’est Frank Braley qui sera le pianiste et le chef d’orchestre du Concerto pour piano no 9 en mi bémol majeur, dit Jeune homme, K. 271.Tout de suite les tonalités lutines et farceuses parcourent l’ensemble. Il sculpte les courbes avec panache, entretient les trilles comme s’il jardinait une vigne sacrée. A moins que ce ne soit son feu sacré qui multiplie les flammes comme feux follets en liberté. Dans sa cadence il  se plaît à alterner questions lourdes et réponses joyeuses. Les sombres cordes de l’Andantino se chargent de douleur intense,aussitôt magnifiées   en forme d’offrande par le clavier  hypersensible de Frank Braley. Dès que le soleil se lève sur les cordes, le pianiste regorge de bienveillance, l’espoir se ranime. Et l’orchestre respire. Les jeux d’échos pulsatiles entre le pianiste et l’ensemble vibrent  avec émotion. La nouvelle cadence se charge d’interrogations poignantes.  Au cœur de l’humilité extrême, un  cœur d’artiste bat et vit.Les contrastes orchestraux reflètent le doute aussitôt  balayé par les thèmes ressuscités avec brio par les trilles éblouissants et légers du soliste. Un bain de bonheur  et de nouveauté que ce concerto pourtant entendu mille fois! …Et dans Five Easy pieces, 1971 de B.Rafaelson.

La Mozartiade  vespérale  se poursuit avec Le Concerto pour violon no 4  en ré majeur KV. 218 dirigé par Frank Braley, infatigable et l’éblouissante violoniste  Hyeonijn Jane Cho. Des allures de diva, une présence passionnante, une puissance passionnée. On remarque la fermeté des coups d’archets, la projection ensorcelante de sonorités les plus raffinés et  de couleurs les plus variées Les phrasés semblent s’enchaîner les uns aux autres sans lisière visible. Les cadences présentent tour à tour, finesse d’exécution, charme, colère, douceur. Les fameux sanglots longs, les crises, les extases  peuplent tous les registres. On est devant une performance miroitante entre soliste exceptionnelle et orchestre grâce à la baguette de son chef d’orchestre. Le Menuetto est habité, l’Allegretto ouvre la porte sur l’insouciance, le sens de la fête, le goût du jeu et de l’innocence….On assiste à des épousailles d’artistes avec la  belle candeur du chef d’orchestre – such a wonderboy –  et B.de Palma, Passion, 2012.

Mozart disait que la clarinette était son instrument préféré.  C’est elle qui plane par-dessus un orchestre  offrant   une  matière musicale  généreuse, sonore, vibrante dans le Concerto pour clarinette en la majeur K 622, composé par Mozart quelques mois avant sa mort. Les  bois plaintifs sont couronnés par les sonorités rondes du clarinettiste Paul Meyer qui dirige l’orchestre tout en jouant,  placé  debout, au centre, et face au public. Il se tourne alternativement  vers ses différents pupitres pour les inviter à la danse. Ses parties solistes sont faites d’élans,de dégringolades joyeuses, accompagnées de quelques larmes vite étouffées. Mais il se fait aussi discret quand il accompagne l’orchestre de trilles fabuleux,  rythmant  le tempo vif et enjoué. On revoit  bien sûr Out of Africa (1986), l’élixir d’infini, les vagues de sentiments qui exaltent. Des violons presque « off » soutiennent le motif léger de la clarinette. Les dynamiques sont tout en retenue, au bord des larmes essuyées, en empathie totale avec l’orchestre. Au deuxième mouvement, la clarinette se détache comme une apparition de lumière au-dessus de l’orchestre Il y a-t-il de la flûte enchantée dans l’air, par deux fois ? L’assurance du soliste est princière, ses sons sont fruités et il jongle avec les aiguës et les basses.  Les échos successifs de l’orchestre résonnent de gammes elles aussi, enchantées avant un bouquet final, peu bavard, net et assumé.


Et le lendemain, à Flagey, on jouera encore Mozart! Quant au  vendredi soir, pour cette 9e édition du Music Chapel Festival, consacrée aux compositeurs de musique de films,  c’est l’OPRL et Nir Kabaretti  qui mettront à l’honneur le Concerto pour violon de Korngold en compagnie de Kerson Leong, jeune artiste canadien en résidence à la Chapelle Musicale Reine Élisabeth.  Gary Hoffman, violoncelliste accompli qui a participé récemment au premier festival pour violoncelle organisé cet automne à Bruxelles,  enseigne au sein de la même institution et fera vibrer son magnifique instrument dans  une oeuvre mythique du répertoire de violoncelle: le Concerto d’Elgar ( Lorenzo’s Oil, Hilary and Jacky, August Rush). Le mode concert permet bien sûr de déployer la fulgurance de ces magnifiques œuvres symphoniques et d'en révéler à un public conquis,  les immenses trésors chatoyants.     

Retrouvez le programme complet  de cette splendide  9e édition ici et  là. 


Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

« Don Pasquale »

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La première de « Don Pasquale » de Donizetti à Paris en 1843 signait aussi  la fin de la tradition de l’opéra buffa du 19e siècle.

 Alors que l’ « Elixir d’Amour » reste la plus succulente des comédies de Donizetti, cette œuvre qu’il écrivit quelques mois avant sa mort fait preuve d’une sagesse bienveillante et heureuse vis-à-vis de la vieillesse, qu’il traite avec une belle dose humour et d’humanité. Il y a dans cet opéra une touche dramatique extrêmement  émouvante, admirablement interprétée par le personnage principal très travaillé, Don Pasquale, ah! le sublime Michele Pertusi!

L’histoire. Ernesto (Joel Prieto) veut épouser sa bien-aimée Norina, mais son oncle, Don Pasquale, veut qu’il prenne une femme plus noble, de sorte qu’il n’ait plus à prendre soin d’un neveu plutôt flemmard qui se promène en pyjamas. Mais Ernesto refuse. Sur quoi, Don  Pasquale décide de prendre femme pour produire son propre héritier et ainsi se délier de toute obligation  vis-à-vis du neveu impénitent. Le Docteur Malatesta, sacrement corrosif,  propose de le présenter à  une sœur putative qui n’est autre que Norina. Une fois dans les lieux, celle-ci met tout sens dessus dessous. Ce qui est magnifiquement exprimé par la mise en scène du Français Laurent Pelly qui applique la notion à la lettre, en apôtre fidèle de la façon d’écrire de l’Ecume des jours, …dans ses passages cruels et capture  à la perfection l’esprit  opera buffa. On se souvient de son « Don Quichotte » en 2010 et du « Coq d’Or » il y a deux ans, beaucoup plus poétiques.

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Décor de Chantal Thomas, et lumières de Duane Schuler qui  oppose les nuances de gris murailles aveugles avec l’invasion  flamboyante de la dame des lieux quittant sa voilette  ton sur ton,  pour un tutu théâtral solaire or et orange.  La féroce Sofronia/Norina est la reine des pestes et se lance dans des dépenses somptuaires, traite son mari - il y a un faux notaire (Alessandro Abis) – en bien pire que  toutes les soubrettes du Bourgeois Gentilhomme, Avare et Malade  Imaginaire confondues. Un sympathique corps des balais de tout âge  produit un moment de respiration  pleine de verve rebelle vis-à-vis  de l’insupportable maîtresse. Un chœur joyeusement  mené par Martino Faggiani.  On adore ! The house‘s on fire. Le pauvre Don Pasquale, cherchant un moyen pour s’enfuir du chaos créé par sa femme, appelle le divorce de ses vœux. Cherchant conseil auprès de Malatesta, son fidèle docteur,  solidement  campé par un  Lionel Lhote moustachu, intrigant et cynique,  Pasquale  s'aperçoit qu'elle a une affaire secrète. Il brûle de la  découvrir en flagrant délit dans le jardin. Lorsque  Pasquale confronte sa femme  qui  se révèle être Norina, à qui l'amoureux a apporté la lune,   il est ravi de ne pas être marié, et souhaite dans une pirouette bienvenue, bon vent aux deux jeunes amants. Plus faucons que tourtereaux. 

 

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Cet opéra regorge de passages musicaux célèbres allant de l'aria d'ouverture de Norina au duo entre Malatesta et Norina, en passant par «Cercherò lontana terra» d'Ernesto, sa célèbre sérénade et le duo d'amour «Tornami». Dans le cast du 14 décembre nous n’avons pas eu le bonheur de  nous  délecter de l’adorable star Danielle de Niese  remplacée alors qu’elle avait chanté la veille dans l’autre distribution par la soprano belge  Anne-Catherine Gillet, une langue de feu qui n’hésite pas à chanter dans les positions les plus extravagantes. Mais le moment le plus pétillant de  l'opéra est le soi-disant «duo Patter» dans lequel Malatesta et Pasquale ont l'intention de révéler l'infidélité de Sofronia.  On demande aux deux hommes de chanter à grande vitesse des passages extrêmement rythmiques dans un tempo effréné. Cela conduit  bien sûr à l’hilarité générale. Avec cela, moult claquements de portes émaillent l’histoire, on ne sait jamais de quelle trappe sortiront les personnages… Et le chef d’orchestre extraordinaire, Alain Altinoglu, sur lequel les yeux se posent à de nombreuses reprises, est le grand régisseur du rire musical et du comique de scène.   La nouvelle déco sarcastique  du salon du pauvre hère ressemble à  bientôt à des pierres tombales et des  fleurs de cimetière… C’est drôlement féroce,  mais n’allez pas croire que cette production soit revisitée par Feydeau en personne, même si le metteur en scène est français. Pour la fin d’année, la Monnaie nous offre donc un humour un peu grinçant, emballé dans un cube en tranches de vie qui n’ont rien de très réjouissant, et l’on se prend à compatir avec un Don Pasquale au bout de son rouleau, qui de mari ridicule passe finalement pour une victime solidement égratignée par une jeunesse égoïste et sans états d’âme et qui ne  réussit à s’en sortir … qu'à un cheveu.  

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Direction musicale  ALAIN ALTINOGLU
Mise en scène et costumes  LAURENT PELLY
Décors  CHANTAL THOMAS
Éclairages  DUANE SCHULER
Chef des chœurs  MARTINO FAGGIANI

Libretto di Giovanni Ruffini e Gaetano Donizetti, tratto dal Ser Marcantonio di Angelo Anelli

Don Pasquale  MICHELE PERTUSI
PIETRO SPAGNOLI (11, 13, 18, 20, 23)


Dottor Malatesta LIONEL LHOTE
RODION POGOSSOV (11, 13, 18, 20, 23)


ErnestoJOEL PRIETO
ANICIO ZORZI GIUSTINIANI (11, 13, 18, 20, 23)


Norina DANIELLE DE NIESE
ANNE-CATHERINE GILLET (11, 13, 14, 18, 20, 23)


Un Notaro ALESSANDRO ABIS

Orchestre symphonique et chœurs de la Monnaie
Académie des chœurs de la Monnaie s.l.d. de Benoît Giaux

Production SANTE FÉ OPERA (2014), GRAN TEATRO DEL LICEU (BARCELONA, 2015)
Présentation DE MUNT / LA MONNAIE

VENDREDI 21 DÉCEMBRE À 20:00 SUR MEZZO LIVE HD (EN DIRECT)

Dominique-Hélène Lemaire

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