Rentrée académique 2025-2026 de l’IMEP :
la fête des Voix et la splendeur des Tableaux
Au grand manège de Namur
Ce 19 septembre, la rentrée académique de l’IMEP s’est ouverte sous le signe de la jeunesse, de la vitalité, de l’excellence et du généreux partage. Trois chœurs étudiants se sont relayés avec maestria avant de céder la place au brillant orchestre symphonique de l’IMEP, dirigé pour la première fois par un ex élève D’AYRTON DESIMPELAERE : THIMOTHÉE GRANDJEAN. Ce musicien talentueux que nous avions découvert déjà aux Balades musicales de Rixensart, a offert au public une soirée rutilante, d’une densité musicale et émotionnelle rare, après quatre jours seulement de travail assidu avec l’ensemble de l’IMEP.

Après le vibrant accueil de Guido JARDON – Directeur général de l’IMEP, c’est dans un éclat de vitalité, digne du Blaue Reiter, que le Chœur Pop de l’IMEP sous la direction de FLORENCE HUBY a lancé la soirée. Sous sa direction enthousiaste, les voix étudiantes ont su conjuguer rigueur et énergie pour faire résonner dans l’allégresse des titres phares du cinéma musical contemporain. D’abord, dans The Greatest Show extrait de The Greatest Showman (2017), le chœur a restitué toute la flamboyance de ce numéro d’ouverture qui célèbre la naissance mythique de l’histoire du show-business. Dynamique, entraînant, porté par des rythmes pop parfaitement calibrés, l’ensemble a fait vibrer la salle suspendue par une intense curiosité. Ensuite, I've got Faith, duo mythique de Stevie Wonder et Ariana Grande, écrit pour le film Sing (2016)! nous a fait mesurer l’aisance des étudiants à naviguer entre les styles, embrassant les sonorités soul et pop avec vivacité et naturel, sans perdre en précision vocale. L’IMEP démontre d’emblée sa force pédagogique : former des interprètes capables de briller dans des répertoires les plus variés. Car voici aussitôt l’académique. Avec Le Grand Chœur des étudiant·e·s sous la direction DENIS SEGOND en passe d’explorer deux univers de spiritualité et de lumière.
Chanté en latin, The Spheres, le premier mouvement de la Sunrise Mass d’Ola Gjeilo (2008), a plongé l’auditoire dans une atmosphère cosmique de sonorités a cappella éthérées d'une extrême justesse. Les voix, suspendues dans l’espace, semblaient venir d’ailleurs, comme si le Kyrie grégorien s’était dissous dans les sphères célestes. Une interprétation habitée, où la jeunesse éternelle a flirté avec l’infini. Quant au merveilleux Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré, composé par un jeune homme de vingt ans encore étudiant, on l’écoutait, les yeux fermés… Quelle maîtrise de la clarté dans la ligne mélodique ! Interprété avec une grande sobriété, l’œuvre s’est élevée dans une lumière douce, tout le long de l’immense balcon surplombant la magnifique scène du Grand Manège de Namur. Un long éblouissement dans cette salle à la splendide acoustique. Evoquant déjà les contours du futur Requiem, le chœur en a donné une interprétation aérienne, nuancée, ample et tendre, alliant exigence technique et une très belle profondeur expressive. Quel bonheur!
Puis, surprise, on assiste à la joyeuse entrée des choristes du Chœur des étudiant·e·s sous la direction charmeuse de BENOÎT GIAUX. Ils pénètrent suer le plateau en dansant les premières notes de la valse la plus célèbre du monde : An der schönen blauen Donau. Question de célébrer au passage le bicentenaire de la naissance de Johann Strauss II ? Ils vont faire la fête! Arrangée pour chœur et piano, la pièce a retrouvé toute sa grâce viennoise, ce balancement si particulier où le deuxième temps s’avance un peu trop tôt et le troisième s’étire langoureusement. Les étudiants ont su recréer le charme du fleuve musical de Strauss, avec élégance et précision. Ce fut un moment de fête, une invitation à la danse, qui a laissé le public le sourire aux lèvres, la joie ou les souvenirs heureux au fond du cœur. Et après ce quatuor de délicatesse, d’émotion, de tendresse et de puissance, les choristes s’échappent, … en courant ! Du jamais vu… . Le temps presse, il faut laisser la place à l’entrée de L’orchestre symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean. On a viré le lutrin, Thimothée dirige… sans partitions ! Le public, déjà comblé, attend avec impatience. Les silences sont… vivants !
La soirée va s’élever vers la fresque symphonique. Sous la baguette claire et habitée de THIMOTHÉE GRANDJEAN, l’orchestre symphonique de l’IMEP livre une interprétation magistrale des Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski, transfigurés par la palette orchestrale de Maurice Ravel.
Œuvre née en 1874 de l’émotion suscitée par la mort prématurée du peintre Victor Hartmann, la suite de Moussorgski nous invite à travers une série de tableaux, à une promenade imaginaire dans une exposition. Ravel, en 1922, a donné à cette partition une vie nouvelle en l’ouvrant aux couleurs de l’orchestre. Et quelles couleurs ! Thimothée Grandjean a su rendre la richesse de cette fresque en lui donnant un incroyable souffle narratif et une puissance dramatique vibrante. Chaque tableau prend littéralement chair. Tout d'abord, la Promenade, noble et hésitante, fil conducteur de la soirée. Elle se heurte au grotesque et inquiétant Gnomus, avec ses percussions grinçantes mais sans aucune lourdeur. De l'humour? On oscille entre gouttes de sève vitale et explosions dignes d’un thriller. Les sonorités sont pures, fluides, vivantes… Lors d’un beau tempo lent, les yeux se chargent de larmes… le cœur saigne peut-être. Les mains fines et lumineuses du jeune chef d’orchestre ordonnent la musicalité, suspendent les silences. Est-on dans le rêve ? Certes, dans la mélancolie suspendue du Vieux Château, où le saxophone se fait troubadour. Avec quelques perles de harpe, c’est du moins ce dont on se souvient. On retient l’effervescence enfantine des Tuileries, le pas lourd et oppressant de la charrette de Bydlo, confié au tuba? L’humour pétillant du Ballet des poussins dans leur coque fait… glousser ! Eh oui cela caquète joyeusement… et les bois... roucoulent.
Les soupirs longs des violons s'éteignent avec des finales enlevées très nettes et très soignées. Il y a aussi une sorte de danse des heures, affolées… qui rappellent Berlioz et des percussions brûlantes qui vrillent le coeur. Au-delà des images de l’exposition elle-même, on ressent le destin qui s’exprime, grave, sentencieux, ample et majestueux. Un coup de gong discret remet sa roue fatidique en marche. C’est toute la texture des sonorités de cuivres qui suggère cette atmosphère grandiose. Il y a ces flûtes surexcitées, ces gazouillis, ces pizzicati pleins de peps et des couleurs exquises… Mais bientôt les violons grésillent comme un renouveau, les harpes ponctuent et toutes les cordes vibrent sur une seule note. Si le programme nous détaille précisément chaque tableau, on perd donc le fil et on se laisse emporter par les vagues et les harmonies musicales. C’est la vie qui semble éclater dans toute sa splendeur, avec des accents d’invulnérabilité. On est soudain comme emporté dans le vent, le désert et le sable. Est-ce grâce à l’apothéose de La Grande Porte de Kiev, triomphe orchestral, hymne grandiose qui résonne comme une cathédrale de sons ? Tous ces jeunes musiciens ont déployé une maturité saisissante, alliant discipline et lyrisme, une voracité de vie, tout à l’écoute de leur jeune et vibrant chef capable d’insuffler tant d’ émotion et précision technique. Leur interprétation ardente a rendu hommage à l’amitié brisée qui inspira à Moussorgski ces improbables créations musicales sur tableaux, et à la splendide flamboyance orchestrale de Ravel. Voilà, lors de cette inoubliable soirée, un formidable élan vital partagé. Quel cadeau!
Les rentrées des classes, les rentrées académiques, que l’on soit lointain élève ou professeur chevronné, il n'y a rien à faire, on savoure, cela fait pétiller l’esprit et le cœur. Cette brillante école, un IMEP rayonnant, nous a vraiment comblés de joie. De la pop contemporaine aux prières intemporelles, des valses viennoises aux fresques symphoniques russes, cette extraordinaire rentrée a révélé toute la richesse d’une institution qui forme des musiciens complets, ouverts, passionnés, où il apparaît que L’IMEP ne se contente pas de transmettre une technique : il éveille des artistes, capables de traverser les styles et les siècles, de l’intimité d’un choral à l’embrasement d’un orchestre. Bref, une soirée qui fut à la fois un miroir de l’exigence pédagogique et une célébration de la jeunesse en musique. Après? Champagne, non?
Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres
19 septembre 2025 20h:
Pour commencer une nouvelle année académique en beauté et en grandeur, retrouvez les trois chœurs de l’IMEP, des voix qui transcendent le temps et l’espace! En effet, vous entendrez tout d’abord le Chœur pop, le Grand Chœur, et le Chœur de chambre. Ensuite vous aurez la joie de redécouvrir l’Orchestre Symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean. Les Tableaux d’une exposition est une œuvre pour piano composée par Moussorgski en 1872. Maurice Ravel nous offre en 1922 une version pour orchestre qui fera date. Sa magnifique orchestration permet à l’orchestre de faire voyager l’auditeur de tableau en tableau, comme dans une galerie imaginaire. C’est un moment riche en émotions et en surprises qui attend le public.
- Le Chœur pop de l’IMEP sous la direction de Florence Huby
The Greatest Show (extrait du film musical The Greatest Showman, 2017)
Faith (duo de Stevie Wonder et Ariana Grande, extrait de la B.O. Du dessin animé Sing! en 2016.)
- Le Grand Chœur des étudiant.e.s de l’IMEP sous la direction de Denis Segond
Le cantique de Jean Racine op. 11 de Gabriel Fauré
Le premier mouvement (The Spheres) de la Sunrise Mass de Ola Gjelo
- Le Chœur de Chambre des étudiant.e.s de l’IMEP sous la direction de Benoît Giaux
“An der schönen blauen Donau” op. 314 de Johann Strauss sur un texte de F. von Gernerth et un arrangement pour chœur et piano de F. Th. Cursch-Bühren
- Orchestre Symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean
Les Tableaux d’une exposition de M. Moussorgski (M. Ravel)
Rue Rogier 82, Namur, Belgium