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soliste (5)

administrateur théâtres

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Move to Music and Movies

Flagey  en fête en avant-fêtes avec la Chapelle musicale Reine Elisabeth?  Il s’agit de la 9e édition du Music Chapel Festival  qui a lieu du 5 au 8 décembre 2018. Le festival s’intéresse aux liens du cinéma et de la musique. L’occasion de participer à une intense immersion au sein du laboratoire artistique de la Chapelle musicale, en résidence pendant ce festival Flagey, explique Bernard de Launoit, le CEO de la Chapelle.

Les événements ont débuté  avec un concert digne de l’appellation Mozartiade. Un concert de prestige au studio 4 en deux parties qui a rassemblé autour de Frank Braley et du clarinettiste et chef d’orchestre, Paul Meyer, les jeunes artistes en résidence pour un programme  très attendu consacré à Mozart et les chefs d’œuvre d’Hollywood avec l’ORCW.

On ne présente plus Frank Braley qui gagna à 22 ans  à peine le premier prix du Concours Reine Elisabeth en 1991, un exploit qui lui a ouvert les portes de la direction de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie depuis 2014.

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Dans le Concerto pour violon et orchestre n° 5 en la majeur KV219  qui ouvre la soirée, la violoniste  Julia Pusker offre un violon de rêve et soulèvera d’emblée de grands bravos. Paul Meyer imprime de belles images aux pupitres de l’orchestre de chambre. Les cadences de la violoncelliste sont emplies de confidences et de grâce, elle produit de superbes aiguës, des trilles ciselés, mêlés d’accès de passion. Le deuxième mouvement lui fait convoquer des paysages de douceur et de délicatesse. Elle accompagne les mouvements orchestraux, de légers hochements de tête témoins de l’intériorité qui l’habite. Sa seconde cadence évoque la sérénité d’un jardin d’émotions paisibles au travers d’un éloge de la beauté. Mais elle peut aussi rugir et donner la clef du thème avec conviction et clarté. On en vient à se demander ce que ce concerto venait faire dans le film de M.Caton Jones, Basic Instinct II, 2006… sans doute une respiration indispensable !    

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C’est Frank Braley qui sera le pianiste et le chef d’orchestre du Concerto pour piano no 9 en mi bémol majeur, dit Jeune homme, K. 271.Tout de suite les tonalités lutines et farceuses parcourent l’ensemble. Il sculpte les courbes avec panache, entretient les trilles comme s’il jardinait une vigne sacrée. A moins que ce ne soit son feu sacré qui multiplie les flammes comme feux follets en liberté. Dans sa cadence il  se plaît à alterner questions lourdes et réponses joyeuses. Les sombres cordes de l’Andantino se chargent de douleur intense,aussitôt magnifiées   en forme d’offrande par le clavier  hypersensible de Frank Braley. Dès que le soleil se lève sur les cordes, le pianiste regorge de bienveillance, l’espoir se ranime. Et l’orchestre respire. Les jeux d’échos pulsatiles entre le pianiste et l’ensemble vibrent  avec émotion. La nouvelle cadence se charge d’interrogations poignantes.  Au cœur de l’humilité extrême, un  cœur d’artiste bat et vit.Les contrastes orchestraux reflètent le doute aussitôt  balayé par les thèmes ressuscités avec brio par les trilles éblouissants et légers du soliste. Un bain de bonheur  et de nouveauté que ce concerto pourtant entendu mille fois! …Et dans Five Easy pieces, 1971 de B.Rafaelson.

La Mozartiade  vespérale  se poursuit avec Le Concerto pour violon no 4  en ré majeur KV. 218 dirigé par Frank Braley, infatigable et l’éblouissante violoniste  Hyeonijn Jane Cho. Des allures de diva, une présence passionnante, une puissance passionnée. On remarque la fermeté des coups d’archets, la projection ensorcelante de sonorités les plus raffinés et  de couleurs les plus variées Les phrasés semblent s’enchaîner les uns aux autres sans lisière visible. Les cadences présentent tour à tour, finesse d’exécution, charme, colère, douceur. Les fameux sanglots longs, les crises, les extases  peuplent tous les registres. On est devant une performance miroitante entre soliste exceptionnelle et orchestre grâce à la baguette de son chef d’orchestre. Le Menuetto est habité, l’Allegretto ouvre la porte sur l’insouciance, le sens de la fête, le goût du jeu et de l’innocence….On assiste à des épousailles d’artistes avec la  belle candeur du chef d’orchestre – such a wonderboy –  et B.de Palma, Passion, 2012.

Mozart disait que la clarinette était son instrument préféré.  C’est elle qui plane par-dessus un orchestre  offrant   une  matière musicale  généreuse, sonore, vibrante dans le Concerto pour clarinette en la majeur K 622, composé par Mozart quelques mois avant sa mort. Les  bois plaintifs sont couronnés par les sonorités rondes du clarinettiste Paul Meyer qui dirige l’orchestre tout en jouant,  placé  debout, au centre, et face au public. Il se tourne alternativement  vers ses différents pupitres pour les inviter à la danse. Ses parties solistes sont faites d’élans,de dégringolades joyeuses, accompagnées de quelques larmes vite étouffées. Mais il se fait aussi discret quand il accompagne l’orchestre de trilles fabuleux,  rythmant  le tempo vif et enjoué. On revoit  bien sûr Out of Africa (1986), l’élixir d’infini, les vagues de sentiments qui exaltent. Des violons presque « off » soutiennent le motif léger de la clarinette. Les dynamiques sont tout en retenue, au bord des larmes essuyées, en empathie totale avec l’orchestre. Au deuxième mouvement, la clarinette se détache comme une apparition de lumière au-dessus de l’orchestre Il y a-t-il de la flûte enchantée dans l’air, par deux fois ? L’assurance du soliste est princière, ses sons sont fruités et il jongle avec les aiguës et les basses.  Les échos successifs de l’orchestre résonnent de gammes elles aussi, enchantées avant un bouquet final, peu bavard, net et assumé.


Et le lendemain, à Flagey, on jouera encore Mozart! Quant au  vendredi soir, pour cette 9e édition du Music Chapel Festival, consacrée aux compositeurs de musique de films,  c’est l’OPRL et Nir Kabaretti  qui mettront à l’honneur le Concerto pour violon de Korngold en compagnie de Kerson Leong, jeune artiste canadien en résidence à la Chapelle Musicale Reine Élisabeth.  Gary Hoffman, violoncelliste accompli qui a participé récemment au premier festival pour violoncelle organisé cet automne à Bruxelles,  enseigne au sein de la même institution et fera vibrer son magnifique instrument dans  une oeuvre mythique du répertoire de violoncelle: le Concerto d’Elgar ( Lorenzo’s Oil, Hilary and Jacky, August Rush). Le mode concert permet bien sûr de déployer la fulgurance de ces magnifiques œuvres symphoniques et d'en révéler à un public conquis,  les immenses trésors chatoyants.     

Retrouvez le programme complet  de cette splendide  9e édition ici et  là. 


Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

Voilà la 13e édition de Lille Piano(s) Festival achevée depuis une bonne semaine et il nous reste de très beaux souvenirs. Si nous n’avons pas pu courir  aux quatre coins  la ville où rivalisaient claviers et autres boîtes à musique - au Forum départemental des sciences à Villeneuve-d’Ascq, à la Villa départementale Marguerite Yourcenar à Saint-Jans-Cappel, et à la Maison natale Charles de Gaulle à Lille sans oublier le Furet du Nord et la Gare Saint-Sauveur -  nous nous sommes partagés entre  le Nouveau Siècle, résidence de l’Orchestre national de Lille, et le Conservatoire. Selon les organisateurs, le  taux de fréquentation a été de  17 % supérieur à l’année dernière. Un très grand succès compte tenu de la liesse européenne  pour les heurs et malheurs du  ballon rond.

13502634_928332577293943_4494094193331760144_o.jpg?width=450Notre premier coup de cœur fut le vendredi soir à l’auditorium du Nouveau Siècle, avec la richesse pianistique du récital Alexandre Tharaud interprétant Les variations Goldberg de J.-S. Bach. Le plateau de bois blond illuminé de silence et de respect accueille un musicien aux énonciations fermes, aux cascades et ascensions vertigineuses. Les galops effrénés et les survols aériens  succèdent  aux lents enchantements. Les poignets de l’artiste semblent suspendus à quelque fil mystérieux. On ne perd pas une note des suites frissonnantes, de belles notes détachées, des éparpillements ludiques et même des pas de danse! Et l’aveu, en filigrane, de notre condition humaine éphémère, effeuillée tendrement à la manière d’un bouquet de coquelicots. Des pétales de vie lentement dispersés d’où émerge la sérénité. Soliste très réputé de sa génération,

13517458_928332050627329_5232199208256050418_o.jpgAlexandre Tharaud se produit dans les plus grands festivals à travers le monde. Il a enregistré ses variations chez ERATO.

Puis vint la rencontre avec l’égérie du festival, l’une des plus grandes personnalités du piano d’aujourd’hui, Anne Queffélec, soliste renommée,  meilleure interprète de l’année 1990, invitée à travers le monde entier.  Elle se dit attachée à la ville de Lille pour des raisons familiale et musicales. Elle est heureuse de créer du lien avec le public, elle aime l’esprit d’ouverture du festival, elle souligne la qualité des claviers offerts et la très belle organisation des répétitions et des concerts. On est dimanche à 11 heures au Conservatoire.

 13497797_928332047293996_2421304744615565636_o.jpg?width=450Le programme éclectique qu’elle propose  est une œuvre de joaillerie. Elle alterne en effet Gnossiennes et Gymnopédies d’Eric Satie, des  morceaux de  Ravel, Poulenc et Debussy  avec un florilège d’œuvres méconnues du début du 20e siècle de Déodat de Séverac, Pierre-Octave  Ferroud, Reynaldo Hahn, Florent Schmitt, Charles  Koechlin et même un certain  Gabriel Dupont, mort de tuberculose: Après-midi de Dimanche (extrait des Heures dolentes).  La salle est bondée, au parterre comme à l’étage, pour savourer les plaisirs de la musique intimiste ou bucolique. Plus qu’un récital, appelons cela une rêverie commune où se rencontrent l’œuvre, l’interprète et des auditeurs dont elle a habilement capté l’écoute profonde dès le début du concert. La pluie claque sur la coupole du Conservatoire ?  Elle en est fort aise, elle est reliée aux éléments naturels qui renforcent son propos. De la nostalgique Première Gymnopédie, nous  plongeons  dans la langueur  et les légatos lumineux et le toucher aérien de la Rêverie de Debussy. Mais voilà que  perce le spleen sous une pluie battante dans la 3e Gnossienne. Nonchalante de Ferroud est vive et syncopée, libre Esméralda qui danse sous la pluie ! On se délecte des sonorités, des arpèges rêveurs, des silences de neige, et de rythmes de tableaux d’une exposition… bien qu’ils ne soient  nulle part dans le lancinant Glas de Schmitt! Une vraie magie musicale au bout des doigts fait que  résonnent des cloches, fenêtre ouverte sur le monde qui bruisse, chantent des voix de marins (Le chant des pêcheurs de Koechlin), de la main droite miroitent fugaces, au sein de fiévreuses attentes, des nuages des feuilles et des clairs de lune (Debussy). On est sidéré par la qualité des timbres et la composition orchestrale des couleurs, et même d’habiles jeux de dissonances caverneuses, avec chaque fois un soin extrême pour les dernières mesures comme dans Hivernale de Hahn.

  C’est avec une sonate de Scarlatti qui termine ce récital de rêve une promenade en Italie offerte par l’interprète. Les  mains  se croisent à vive allure, les note se piquent de soleil, voici l’écoulement liquide de la joie dans des flots de dentelle musicale, et des roucoulements ininterrompus. Le public remercie debout cette grande dame qui l’a fait pénétrer  au cœur du mystère de la musique. Rendez-vous est pris pour le soir même à 20h, au Nouveau siècle où elle jouera le concert pour piano BWV 1055 de Bach dans un rythme envoûtant. Là encore, on avait rendez-vous avec le ravissement.

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Nous attendons avec grande impatience  sa venue au  concert d’ouverture du Festival Musiq3 à Bruxelles  les trois premiers jours de juillet. C’est  sans doute l'un des concerts les plus attendus  de ce festival,  en  voici le programme :

 

Wolfgang Amadeus Mozart, Sonate en sol majeur pour violon et piano KV 301

Maurice RavelKaddish

Fazil SayCleopatra pour violon seul, op. 34

Aram KhatchatourianGayaneh : Danse du sabre

Claude Debussy, Sonate en sol mineur pour violon et piano

Jules Massenet, La Méditation de Thaïs

 

Anne Queffélec et Tobias Feldman sont animés d’une même profondeur, à la fois sereine et lumineuse. Si Elle est une égérie du piano français, gracieuse et souriante, littéraire dans son approche du clavier, Lui est un jeune virtuose, qui a époustouflé tous les observateurs au dernier Concours Reine Elisabeth de violon.  Et nous avons hâte de les entendre ensemble ! 

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administrateur théâtres

                         Le vendredi 18 mars 2016 se  tenait au Studio 4 de Flagey une soirée caritative en faveur des enfants souffrant du cancer et de leucémie, organisée pour l’asbl SUN CHILD. Retour en arrière : en 1991, se constituait à l’initiative du Rotary de Waterloo, le Fonds Georges Kamp asbl, en reconnaissance à l'un de ses anciens présidents décédé des suites d’un cancer. Sun Child est aujourd’hui l’une des plus importantes œuvres d'aide à l'enfance  et est soutenue par la Fondation contre le cancer.  L’association prodigue aide sociale, morale et financière aux familles et soutient la scolarité des jeunes malades. Des volontaires font le lien entre l'école et l'hôpital. Sun Child organise aussi le transport des enfants gravement malades issus de milieux défavorisés vers les divers lieux de soins  avec 1000 missions de transport cette année.  L’association fournit une aide régulière à 150 familles précarisées et compte 1000 heures de présence auprès des enfants. Plus  de cent enfants accompagnés de leur famille participent chaque année aux séjours de vacances organisés par Sun Child. Un bel exemple de collaboration entre des sponsors dont l’aide matérielle est indispensable et une armée de volontaires très généreux de leur temps.

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  C’est  Palmo Venneri  le  directeur musical du HSCO Hulencourt Soloists Chamber Orchestra et  le directeur du Hulencourt Art Project  qui  a réalisé  pour la 5e année consécutive la  programmation de ce concert philanthropique  prestigieux. Un concert qui  prend  des airs de festival tant la programmation est variée et originale,  et accueille des artistes de tout premier plan.  Palmo Venneri  a pu réunir  le  pianiste  mythique Valery Afanassiev , le violoniste français Augustin Dumay attaché à la Chapelle Musicale,  et le chef d’orchestre japonais Sachio Fujioka. Il a fait appel à des chanteurs lyriques tels que la soprano  Julie Calbete  du Conservatoire Royal de Bruxelles, la  mezzo-soprano polonaise  Kinga Borowska, le baryton-basse Jean Delobel et  le chant soigné et approfondi d’Ivan Goossens, ténor  qu’accompagnaient  les Solistes d’Hulencourt, avec pour les chœurs, la participation de l’Ensemble vocal de l’Abbaye de la Cambre.

12525467_867328220061046_5421062698105856966_o.jpg Le concert commence avec une création mondiale. C’est une commande d’Augustin Dumay au compositeur belge Jacques-Alphonse De Zeegant : son  concerto n°2 pour violon et orchestre.  Quatre mouvements dont le premier débute par un solo d’Augustin Dumay. Une œuvre  très scandée par des accords de cordes, des cris fauves de vents, des percussions affirmées et de majestueux cuivres. Les solos roulent sur des échos de cordes et des éclats de bois  soutenus fidèlement par  la tendresse de la harpe. Des parties méditatives s’enchaînent, sortes de tableaux où se réveillent tour à tour des  tempi guerriers et des retours nostalgiques. Le quatrième mouvement  fourmille de pizzicati aux violoncelles, on repère quelques sonnailles de cloches et de chaleureux arpèges dans les cuivres. Le bouillonnement des percussions s’oppose au bruissement fruité des bois. Un bonheur sauvage saisit le violon soliste bondissant et  la salle sourit devant des syncopes un peu jazzy et  quelques  bruits d’ailes avant les derniers coups d’archet! Une composition  XXième siècle  qui entraîne dans le voyage musical sans effets dissonants et sans que le public ne soit perdu en chemin. C’est très appréciable.

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 On passe ensuite  au déploiement de couleurs  chatoyantes de la symphonie N° 1 (quatre mouvements en un) de  Samuel Barber, compositeur mondialement vénéré pour  son Adagio pour cordes.    L’occasion de se  laisser emporter par des  salves de sourires musicaux du jeune violoniste Stefan Tarara*  ou éblouir par un festival de papillonnements posés sur de fortes percussions. L’effervescence des cuivres festoie, les violons sonnent l’hallali ou entament des explosions printanières urgentes. Les bois regorgent de sève musicale, la répétition, la duplication est partout, des archets aux maillets. Après  le mouvement très apaisé de l’Andante tranquillo, presque paresseux, dominé par la harpe et les  hautbois, la direction du chef japonais Sachio Fujioka redevient  énergique pour la passacaille.  Le chef se donne corps et âme,  ne cessant  de  percuter fiévreusement sa poitrine de sa main gauche.  Les cuivres sont enveloppants, les violoncelles et contrebasses égrènent des arpèges ardents et insistants. La dramaturgie s’amplifie dans les crescendos de la finale. L’orchestre est soudé et les notes en cascades descendantes  déferlent et font penser à la chute d’empires orgueilleux. Tout semble consommé et les applaudissements rugissent dans la salle.

 

Ce n’est que la deuxième fois que l’on joue  l‘oeuvre suivante. Il s’agit de « la partition perdue… » la  Messe de Karol Kurpinski pour 4 voix, orgue et orchestre . Le programme nous dit que depuis près de 200 ans, il n'y avait plus trace de la partition de la messe de K. Kurpinski, compositeur polonais (1785-1857) jusqu'au  jour où elle réapparut lors d'une vente publique et fut acquise par M. Piotr Jeglinski qui, rencontrant le compositeur belge Jacques Alphonse De Zeegant, lui confia l'orchestration  pour la présenter   à Varsovie le 11 novembre 2015 à l’occasion de la Fête de l’Indépendance de la Pologne. Ce n'est qu'après avoir pris connaissance des œuvres de Kurpinski et étudié les méthodes de composition de l'époque  que Jacques-Alphonse De Zeegant entreprit d'orchestrer l’œuvre en y ajoutant quelques introductions, quelques passages entre les différentes phrases, tout en respectant l'écriture originale et en répartissant les parties vocales entre solistes et chœur. Jouer cette messe à l’approche des fêtes de Pâques confère sans doute à l’œuvre un climat particulièrement propice à une interprétation très intériorisée, et on peut dire que les 4 solistes et le Chœur ont donné toute leur richesse vocale à  la prestation. Particulièrement la soprano Julie Calbete a été remarquée par son rayonnement irrésistible de naturel et de fraîcheur,une voix légère et savoureuse, confondante d'aisance vocale dans des vocalises subtilement maîtrisées. La prestation de l' Ensemble Vocal de l'Abbaye de la Cambre a été remarquable dans sa dynamique  dramaturgique, conférant à cette messe un caractère envoûtant. Le public a eu bien du mal à s’empêcher d’applaudir après  l’interprétation extraordinaire du Credo, une dramaturgie en soi, avec un sublime équilibre entre le chœur et les solistes. L’orgue  a soutenu un Sanctus noble et grave, beau comme une cathédrale. L’Agnus Dei  sera bouleversant, vocalement de très haut niveau, particulièrement  grâce à Jean Delobel dont  le beau timbre lumineux a séduit l’assemblée. Tutti : Miserere Noooooo-bis!   

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Il n’y a pas le temps d’accorder un entracte, car voici la star pianistique de la soirée : Valery Afanassiev dont on redécouvre la rigueur précise, les clairs obscurs obsédants, les notes détachées, le jeu de mains et de poignets souple et élastique tandis que les doigts immenses semblent se raidir dans une frappe qui a la force de battoirs.  Son visage semble boire le clavier.  Ses embrasements font  presque oublier  qu’un orchestre est derrière lui dans cette interprétation magistrale du  Concerto pour piano n° 9, Jenamy dit Jeunehomme, K. 271, de Mozart écrit à Salzbourg en 1777, à l’âge de 21 ans.  Et ce n’est pas tout, il nous offrira ensuite un  autre Mozart en bis : la fantaisie en do mineur K 475.

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 Pour terminer cette splendide démonstration artistique,  voilà toute la fougue d’Augustin Dumay, incarnée dans un archet déchaîné,  étourdissant de couleurs et de variété dans une œuvre aux difficultés musicales apocalyptiques : Tzigane de Ravel pour violon et orchestre! Le public, ami de la musique, philanthrope  ou  simplement curieux aura été comblé par son langage très personnel.

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http://www.sunchild.be/index.php/fr/about

http://www.arthulencourt.eu/

http://www.dezeegant.com/fr

http://juliecalbete.eu

http://musicchapel.org/kinga-borowska/

http://www.jeandelobelbarytonbasse.portfoliobox.me/agenda

https://fr.wikipedia.org/wiki/Valeri_Afanassiev

* http://en.romania-muzical.ro/articole/art-index.htm?g=11&c=3271

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administrateur théâtres

« Chiangia dolce moi Dio l’arco dell’Ira in Iride paciera ! »

 

Il Diluvio Universale: une œuvre courte et nue, sans bavardages, mais nimbée de grâce et de résonnance. Une divine allégorie à sens universel. Pas étonnant, nous sommes au cœur de l’église Saint-Loup à Namur et nous fêtons l’ouverture du Festival de Namur et ses 50 ans d’existence. Pas étonnant non plus, car nous sommes sous la houlette du jeune chef argentin   totalement inspiré: Leonardo Garcia Alarcon à la tête de sa Cappella Mediterranea et du fidèle Chœur de Chambre de Namur.

 

Il a exhumé un œuvre sicilienne, - partition oubliée, trésor englouti - d’un certain Michelangelo Falvetti. On sait  que celui-ci est né en 1642 dans la Calabre tout proche. Fort d'une excellente formation musicale et des nouveautés montéverdiennes, il connaît le style de Carissimi. Il est nommé Maître de Chapelle à la Cathédrale de Palerme, où il bénéficie du mécénat du vice-roi espagnol. Mais cinq ans avant la première exécution d' « Il Diluvio  Universale », la ville de Messine  est le centre d'une forte révolte fortement réprimée par le pouvoir central: suppression des droits et privilèges acquis de longue date, destructions des édifices publics, etc... Le retour à la paix est donc bienvenu après une pénible mise en quarantaine. On peut se douter que les thèmes de désobéissance, de punition divine et de rédemption, contés en musique devaient captiver l’auditoire. En effet Michelangelo Falvetti est devenu maître de chapelle à la Cathédrale de Messine où il décédera 10 ans plus tard, en 1692.

 

Le  mythe  du Déluge est universel et appartient à nombre de civilisations.  Dans la foi chrétienne, la  vengeance divine est toujours tempérée par une renaissance possible. L’eau comme le feu en sont les instruments ravageurs mais il y a toujours la promesse d’une nouvelle éclosion (Isaïe 6-13). Le titre de l’œuvre fera frémir certains, sensibles aux catastrophes écologiques annoncées. Il est vrai que cette notion de cataclysme global donne encore plus de force au message musical.  

 

Il Diluvio  n'est pas un oratorio – quoiqu'il en soit proche – ni un drame sacré. Il tient des deux. Falvetti l'a d'ailleurs nommé lui-même « dialogue ». Un dialogue entre Dieu et vous… Entre la partition d’un compositeur oublié et un directeur musical contemporain passionné de renaissances, entre un chœur de Namur sublime et des concertistes et solistes passionnés par l’aventure.  L’exquise Mariana Flores incarne Rad, l’épouse de Noé. Un dialogue à cinq voix entre Dame Nature, l’émouvante  Nature humaine (Caroline Weynants), Noé et Rad la famille rescapée de la colère divine, la Mort et Dieu. Et l’on tremble devant la musicalité et  la force créatrice de la composition, devant la théâtralité de la mise en scène, la sublime beauté des voix, la finesse des pupitres anciens (théorbes, harpe, violes de gambes, violoncelle, cornets, sacqueboutes et orgue) et surtout, l’humour et l’empathie des percussions.

 « No temo morte » assure Rad, la femme de Noé - elle a tout compris. Et le percussionniste livre un commentaire  émouvant, à la façon d’un chœur antique dans le chœur, des sons frappés ou humblement étouffés sur ce qui ressemble à une jarre de terre. Tout un mystérieux langage de signes. Remarquable aussi, cette prière duelle de confiance à Dieu chantée par le couple uni par l’amour. Le chœur se lève et répète la prière indéfiniment jusqu’à ce que Dieu parle, à la  tribune, une voix puissante venue d’en haut. C’est renversant.  Le duo enlacé de Noé et Rad confirme « temo ed adoro ». La voix d’or de  Fernando Guimares symbolise intensément à la fois la force et la fragilité humaine.  Il tenait le rôle de l’Orfeo au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en automne dernier.

 L’arrivée triomphale de la Mort (Matteo Belotto) ravie de la destruction de l’humanité  n’est pas moins impressionnante. Le déguisement, le maquillage, le sarcastique et les imprécations qui manient tous les registres vocaux font d’elle un personnage signé James Ensor. Dans l’église, tout le monde retient sa respiration après la tempête d’instruments qui s’arrête soudainement au bord du néant. Les tableaux musicaux d’une extrême richesse n’ont pas fini de se succéder. On retient particulièrement cette Nature humaine affligée (Caroline Weynants) qui soudain relève la tête et dont le chant est recueilli et encensé par un subtil jeu de tambourin virtuose* sans doute improvisé. La Sicile  a toujours été à la croisée des cultures.

Pour enchaîner, il y a  ces superbes modulations nostalgiques des cinq choristes qui semblent glisser en échos perpétuels pleurant « la Natura estinta ». On en a les larmes aux yeux. Séchons-les vite, car Noé et Rad supplient « Placati Dio di bonta…» L’Arc en Ciel soudain paraît, une œuvre de la Lumière Divine entonnée par  les voix féminines liquides de bonheur, répétées par les vents, enfin par  le chœur des hommes tout entier animé de feu céleste. C’est simplement prodigieux. Et le chœur final exulte ! Dans  son premier Bis Leonardo Garcia Alarcon  accompagnera le chœur en chantant lui-même les paroles magiques du glorieux : « Ecco L’Iride paciera ! ». Que chaque âme fidèle cueille les fruits de la Vie sur les belles branches de la paix ! Bouleversée, la salle entière est debout pour acclamer les artistes qui ont tout donné sous ces voûtes de pierres sacrées.

« Tutto nel mondo è burla » extrait de Fallstaff, dernier opéra de Verdi est le mot de la fin, un deuxième bis frénétique  en forme de tornade musicale  frénétiquement applaudie !

*Keyvan Chemirani, oudou, zarb et daf


 Mariana Flores, soprano – Rad, Fernando Guimares, ténor – Noé, Evelyn Ramirez Numoz, mezzo soprano - La Giustizia Divina, Fabian Schofrin, contre-ténor - La Morte, Matteo Belotto, basse – Dio, Amélie Renglet, soprano - L’Acqua, Caroline Weynants, soprano - La Natura Humana, Thibaut Lenaerts, ténor, Sergio Ladu basse 
 
 
 
 
 
 
 
Choeur de Chambre de Namur
Cappella Mediterranea
Leonardo García Alarcón, direction

Photos: courtesy of Stephane Dado (and Geneviève Gilson)

  

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Un violon triste.

Un Violon,  pleure sa passion,

Devant un public mélomane,

Tout en désir de communion. 

Sans sa belle, pertuisane

perçant, tranchant, coupant son coeur,

par son départ, dévastateur,

Elle mit le feu à leur amour.

Ignorant le coeur blessé, lourd

d'une peine qui tenaille,

L'homme, et l'instrument défaillent

Vois, l'archet péniblement se meut 

Il raconte ainsi de l'amoureux

Déchiré, le désespoirs encourt.

Le soliste s'accorde au violon

Son instrument, son seul panthéon

Des larmes coulent de ses esses.          

Alors, fait trois tours de valse,  

Sur trois temps il va et valse,

Pour se sécher la joue caisse.              

Son cœur a mal de troubadour,.

Plaintes; vibrati, crient au secours 

Ce coeur perdu, joue les cordes.

Donnent vie aux notes, il délace             

Son âme, qui se donne, accorte.                

Module pour sa Dame, … Là, en blanc            

Belle, pareille au cygne du lac, et sasse                              

Un air adamantin,...Du romantisme brillant         

                                   

Pour lui alors, elle se met, à danser             

A tourner, tourne, et tourne encore       

Se magnifie offre son corps                      

Lestement, d’une belle retenue                        

Quand même, elle devient belle et nues     

Aérienne, dans un ciel doré

                  

L'Art d'une  traduction gestuelle                        

Qui dit la vérité d’un chagrin,                          

Par l'acte posé, son repenti, 

Geste acté, décrit sans alibi..

De la peine du petit, …fait de pin                                    

Qu’on sait, doux en bois caramel   

                                

Le cygne vit, lucide, les notes,

Que le bel instrument Chuchote

Bémols, dièses, compris de tous !                               

Tous, qui murmurent en bel unisson,

Avec lui, l’émotion belle et douce 

Voulant consoler, ils chanteront 

Unis en un seul corps, lèveront,

Les mains, … ensemble, ils l’applaudiront

Valses, de vraies salves d’Odéon

Salves, de valses pures émotions

 

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