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concert (109)

administrateur théâtres

La vie, l'amour, etc...

Michel Fugain  ✨, la joie de vivre en partage,  au ✨Whall de Woluwe-Saint-Pierre

 

Il fallait être là, hier soir, dans la confortable salle du Whall à Woluwe-Saint-Pierre, où chaque spectateur bénéficie d’une vue impeccable sur le spectacle. Pendant deux heures, Michel Fugain, 83 ans, a offert à Bruxelles une leçon de vitalité, de résilience et de bonheur de vivre. Un régal !

 

Il célèbre le succès ininterrompu du "Big Bazar" jusqu'en 1977 grâce à ses chansons :  Une belle histoire, Attention mesdames et messieurs, Fais comme l’oiseau, Chante… Comme si tu devais mourir demain, La Fête, Bravo Monsieur le monde, Les Acadiens et Le Printemps, rien que des hymnes d'amour, de bonheur, de liberté et de paix.

 Vent debout, généreux et chaleureux, entouré de musiciens complices, il a donné un concert vibrant d’énergie, où la lumière sculpte chaque chanson comme un tableau. Tout au long du spectacle on valse entre chansons, mots d’esprit, verve parisienne, ses précieux souvenirs, les escaliers de la Butte, le temps des cerises, qu’il chante lui aussi. Comme des dizaines d’autres grands artistes avant lui… il s’y frotte avec émotion, et entraîne un public ému qui entonne, a capella. Il évoque bien sûr la genèse de ce Big Bazar ; c’est l’histoire de nos jeunes années, disons… les 50 dernières ! On retrouve à chaque tournant le peps inimitable d’un artiste qui a traversé les tempêtes de la vie – les deuils, les blessures intimes, les épreuves de santé – sans jamais cesser de croire à la force des chansons partagées. Le spectacle fait une boucle avec au début et à la fin « Chante, la vie chante… » un baume contre le découragement. Mieux que le baume du tigre contre les piqûres de moustiques.

 

 Comme il le confiait récemment : « J’ai su garder mon innocence ». C’est sans doute là son secret, cette fraîcheur qui irrigue encore sa musique et son regard. Et puis, il a gardé toute la chaleur vibrante de sa voix.

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✨ Un concert cousu main avec le fil d’or de sa relation avec Sanda, 22 ans plus jeune, son épouse depuis dix ans. Fière de ses boucles couleur Marilyn, elle est la fille d’un écrivain dissident roumain ayant fui le régime de Ceaucescu. Elle-même, une artiste célébrée en Roumanie avant de croiser le chemin de Michel Fugain, dans un piano-bar corse.  La Corse, un havre de paix, où la montagne tombe dans la mer. Il a d’ailleurs choisi l’île de Beauté pour y finir ses jours. Sanda incarne à ses côtés la force bienveillante et l’ancrage amoureux. « Un amour qui peut changer le plomb en or ; avec un peu d’alchimie, il suffit d’un sourire ! » Leur connivence discrète sur scène, parfois esquissée d’un simple regard, fait scintiller le spectacle.✨

 

Ce qui frappe aussi, c’est la gratitude que Michel Fugain ne cesse d’exprimer vis à vis de tous les artistes et paroliers qu’il a rencontrés. … les Copains d’abord ! Comme Brassens, non ? Et puis la chanson n’est-elle pas d’abord un acte de communion ? En plus, il préfère, dit-il, les petites salles. Cela gomme un peu l’aspect commercial des grand-messes tonitruantes et rapproche le chanteur de son public. À Woluwe, chaque spectateur a le sentiment d’être convié à une fête insouciante où l’optimisme est une barricade contre le malheur. Fais comme l’oiseau !

 

Tout cela ne l’empêche pas de distribuer quelques sérieux coups de griffes aux réseaux sociaux, au platistes, aux bourrins, aux influençeu.r.se. s de tout poil. « De l’air, de l’air, donnez-nous de l’air !» Un truc dont les Roumains semblent raffoler !

 

À travers quelques inconnues, les succès revisités, les rythmes entraînants, ah ! Les Acadiens et les Acadiennes… les respirations plus intimes aussi, c’est toute une trajectoire qui se dessine : celle d’un artiste qui ne nie rien des ombres traversées divorce, maladies, deuils... En particulier l'une des pires épreuves de la vie : la perte de sa fille Laurette, morte à 22 ans en 2022 de leucémie foudroyante. Et pourtant, Michel Fugain choisit inlassablement la lumière. Comme si, à chaque note, il réaffirmait la beauté d’exister, ici et maintenant, ...auprès de sa blonde.

 

Hier soir, Michel Fugain a rappelé à Bruxelles que chanter, c’est encore et toujours une manière de dire oui à la vie. Et ce oui, dans la ferveur palpable du Whall, sonnait comme une ivresse. Un beau roman, une belle histoire...

 

Mais il n’a pas fini et vous déclare sans frémir, que la Faucheuse (ah ! L’ami Georges, encore lui !) est là ! Qu'elle le conduise,  Mais Au… père éternel, forcément ! Parole d’Auvergnat !

 

Et la salle se lève. Le couple se serre les mains sous un déluge de lumière « Viva la vida ! », De la pure magie humaine dans ce final solaire… toutes les mains rayonnent comme des étoiles. Il ajoute : … Bruno à la guitare…. etc. !

 

Au fait, c’était quoi le titre du concert ?

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

https://michelfugain.fr/ 

https://whalll.be/evenement/michel-fugain/

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administrateur théâtres

Fugues et fougue en vogue à Rixensart

Le 25 septembre 2025, en l'Eglise Saint -Sixte, La 13e balade musicale de Rixensart a accueilli en ouverture de saison une jeunesse souriante, enthousiaste, galvanisée par sa complicité et son talent. «  Le talent, c’est l’intensité du désir» comme le dit Amélie Nothomb. Partant, une soirée exceptionnelle; de celles qui vous remontent le moral! Car des musiques sublimes rassemblent et conduisent à l’émerveillement.

 Donc, un jus musical de haute gamme et surtout, la présence de ce magnifique ensemble de cordes composé d’une bonne vingtaine de jeunes artistes: les « Young Belgian Strings» sous la direction d’un pétulant Dirk Van de Moortel. Créés en 2014 par ce très passionné Dirk Van de Moortel, Les Young Belgian Strings ne sout pas sans soutien, ils œuvrent sous le Haut Patronage de Sa Majesté la Reine.

Leur rutilant orchestre à cordes est composé de jeunes talents, diplômés ou étudiants, issus de tous les Conservatoires et Hautes Écoles de Musique de Belgique. Des francophones et des néerlandophones unis dans un bel esprit d’harmonie culturelle! C’est pour les musiciens sélectionnés l'occasion de se rencontrer, d'échanger leurs expériences, de parfaire leur apprentissage, pour se produire sur les plus prestigieuses scènes internationales. Ce travail vient en complément de la formation musicale dans leurs institutions, ce qui leur permet de se préparer à une future carrière dans de grands orchestres mondiaux.

Les YBS démontrent à l’évidence, que la musique est un langage universel sans frontière linguistique ou autre. Quel exemple! Les musiciens, dont la limite d'âge est fixée à 30 ans, sont sélectionnés lors d'auditions devant jury et restent en général 3 ans dans l'orchestre, qui se renouvelle ainsi naturellement. Le parrain? Devinez! Le très noble Lorenzo Gatto. Who else? 

Ils ouvriront la soirée avec la 13e symphonie pour orchestre à cordes de Mendessohn. Ces premières symphonies furent écrites entre 1821 et 1823, alors qu'il avait entre douze et quatorze ans. Décidément la jeunesse est à l’honneur ce soir! Et il y aura 21 facettes à ce diamant musical ce soir, de la brillance, des scintillements millimétrés, une énergie créative qui procure un incroyable un baume de jouvence. Voilà pour ce bouquet de mimosa musical au parfum envoûtant, mais où donc trouver la rose?

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 Il y avait aussi, lors de ce fabuleux concert, la présence annoncée de cette jeune personne, Mahault Ska, pianiste belge virtuose, déjà couverte de lauriers en dépit de son jeune âge, une vraie Alice au pays des oreilles… Toute sagement vêtue d’une longue robe de châtelaine d’un rose délicat et brillant, elle enchante d'emblée de sa présence presque surnaturelle. D’un autre temps? Ses longues boucles châtain coiffées en tresses moyenâgeuses accompagnent de façon muette le rythme de la fresque musicale qu’elle va donner, tandis que la magie de ses longues mains vous prendra par le cœur.

Nous voilà transportés dans le romantisme absolu de l’immense Concerto pour piano op. 54 en la mineur de Robert Schumann. Parmi le public, les yeux se cherche tant l’émerveillement est palpable! Elle nous joue cette œuvre mythique avec une force inouïe, logée on ne sait comment dans ses minces et frêles bras de jeune fille. La voilà transformée en …Clara au clavier. Sa frappe est tantôt décidée et franche; délicate aussi et par moments, faisant naître d’amples vagues déferlantes. Les cordes frissonnent. Il y a ce dialogue soutenu avec le premier violon, des promenades dansées avec l’orchestre, des allers-retours entre passion et fougue et des parenthèses poétiques intimes pleines d’émotion.

Entre les mouvements, il a le silence profond et respectueux de l’assemblée muette d'admiration. Les violoncelles et contrebasse ont leurs moments de gloire, cela pulse entre les tendres soupirs et larmes des violons. Le piano souligne les motifs et console avec ses longues phrases mélodiques. Le plaisir craquant des pizzicati marque le retour de la joie. Au point que la pianiste elle aussi, semble faire rire son clavier. Elle ose des pointes de légèreté et d’humour avant le retour de la gravité tonique et entraînante de l’œuvre. Le final est un déluge d’émotion, de joie conquérante. C’est d’une virtuosité effarante, on a le souffle coupé. Triomphe, la jeune fille n’en peut plus de saluer,  et on ne cesse de  la rappeler. 

Elle livre en cadeau les Jeux d’eau de Debussy, une mosaïque de couleur, et des séquences fracassantes dans une maîtrise parfaite et le contrôle absolu. Des trilles fulgurantes alternent avec des éclats de douceur et tout l’orchestre, subjugué, écoute debout, le ruissellement des notes de la soliste. À nouveau une salve de saluts, et elle se rassoit, pour un dernier bis qui s’échappe de ses mains et de ses doigts avec une vivacité et une agilité absolument fascinantes.

 

 «Een zalig Asturias» dirait-on sur les ondes de Klara! Le piano a disparu, place après la pause à trois œuvres espagnoles, crépitantes de vie. En commençant par l’œuvre phare et pleine de charme d’Albéniz qui a bercé tant de générations. Dirk Van de Moortel dirige avec force de gestes vifs et musclés, et ci et là, il lance des indications de légèreté destinées, on pourrait le croire, à des danseuses imaginaires dans un coucher de soleil qui n’en finit pas.

 Dans les deux œuvres suivantes, c’est l’évasion et le peps dans le rythme brûlant de danses hispaniques d'outre Atlantique. Le chef ose le déhanchement, la castagnette veille, le flamenco enivre, le tango s’invite, la joie est solaire. La gestuelle de Dirk est intense et souple, presque féline. Elle allume un sourire ébloui dans ses yeux. Les talons s’échauffent. Le rythme gagne les mains du public. Fuga con Pajarillo de Matheo Romero et Danzon de Arturo Marquès, des vocables qui vous font déjà... 

...fuguer à l’autre bout du monde.

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

Liens utiles: 

ASBL Balade Musicale à Rixensart (BMR)

email : info@balademusicale-rixensart.be

Prochain concert?  NB.  les places s'envolent...

Le jeudi 23 octobre, 20:00 Au Centre Culturel, 38 Place Communale - 1332 Genval

reservation@balademusicale-rixensart.be

 

 

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administrateur théâtres

Une rentrée académique peu ordinaire à Namur!

Rentrée académique 2025-2026 de l’IMEP :

la fête des Voix et la splendeur des Tableaux

 Au grand manège de Namur

Ce 19 septembre, la rentrée académique de l’IMEP s’est ouverte sous le signe de la jeunesse, de la vitalité, de l’excellence et du généreux partage. Trois chœurs étudiants se sont relayés avec maestria avant de céder la place  au brillant orchestre symphonique de l’IMEP, dirigé pour la première fois  par un  ex élève D’AYRTON DESIMPELAERE : THIMOTHÉE GRANDJEAN.  Ce musicien talentueux  que nous avions découvert déjà aux Balades musicales de Rixensart, a offert  au public une soirée rutilante,  d’une densité musicale et émotionnelle rare, après quatre jours seulement de travail assidu avec l’ensemble de l’IMEP.  

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Après le vibrant accueil de Guido JARDON – Directeur général de l’IMEP, c’est dans un éclat de vitalité, digne du  Blaue Reiter, que le Chœur Pop de l’IMEP sous la direction de FLORENCE HUBY  a lancé la soirée. Sous sa direction enthousiaste, les voix étudiantes ont su conjuguer rigueur et énergie pour faire résonner dans l’allégresse des titres phares du cinéma musical contemporain. D’abord,  dans The Greatest Show extrait de The Greatest Showman (2017), le chœur a restitué toute la flamboyance de ce numéro d’ouverture qui célèbre la naissance mythique  de l’histoire du show-business. Dynamique, entraînant, porté par des rythmes pop parfaitement calibrés, l’ensemble a fait vibrer la salle  suspendue par une intense curiosité.  Ensuite,  I've got Faith, duo mythique de Stevie Wonder et Ariana Grande, écrit pour le film Sing (2016)! nous a fait mesurer l’aisance des étudiants à naviguer entre les styles, embrassant les sonorités soul et pop avec vivacité et naturel, sans perdre en précision vocale. L’IMEP démontre d’emblée sa force pédagogique : former des interprètes capables de briller dans des répertoires les plus variés. Car voici aussitôt l’académique. Avec Le Grand Chœur des étudiant·e·s  sous la direction DENIS SEGOND  en passe d’explorer deux univers de spiritualité et de lumière.

Chanté en latin, The Spheres, le premier mouvement de la Sunrise Mass d’Ola Gjeilo (2008), a plongé l’auditoire dans une atmosphère cosmique de sonorités a cappella éthérées d'une extrême justesse. Les voix, suspendues dans l’espace, semblaient venir d’ailleurs, comme si le Kyrie grégorien s’était dissous dans les sphères célestes. Une interprétation habitée, où la jeunesse éternelle a flirté avec l’infini. Quant au merveilleux Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré, composé par un jeune homme de vingt ans encore étudiant, on l’écoutait, les yeux fermés…  Quelle maîtrise de la clarté  dans  la ligne mélodique !  Interprété avec une grande sobriété, l’œuvre s’est élevée dans une lumière douce,  tout le long de l’immense  balcon surplombant la magnifique scène du Grand Manège de Namur. Un long éblouissement dans cette salle  à la splendide acoustique.   Evoquant déjà les contours du futur Requiem, le chœur en  a donné une interprétation aérienne, nuancée, ample et tendre, alliant exigence technique et  une très belle  profondeur expressive. Quel bonheur! 

Puis, surprise, on assiste à  la joyeuse entrée  des choristes du  Chœur des étudiant·e·s sous la  direction charmeuse de BENOÎT GIAUX. Ils pénètrent suer le plateau en  dansant  les premières notes de la valse la plus célèbre du monde : An der schönen blauen Donau. Question de célébrer  au passage le bicentenaire de la naissance de Johann Strauss II ? Ils vont faire la fête!  Arrangée pour chœur et piano, la pièce a retrouvé toute sa grâce viennoise, ce balancement si particulier où le deuxième temps s’avance un peu trop tôt et le troisième s’étire langoureusement. Les étudiants ont su recréer le charme du fleuve musical de Strauss, avec élégance et précision. Ce fut un moment de fête, une invitation à la danse, qui a laissé le public le sourire aux lèvres, la joie ou les souvenirs heureux au fond du cœur. Et après ce quatuor de délicatesse, d’émotion, de tendresse et de puissance, les choristes s’échappent, … en courant ! Du jamais vu… . Le temps presse, il faut laisser la place à l’entrée de L’orchestre symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean. On a viré le lutrin, Thimothée dirige… sans partitions !   Le public, déjà comblé, attend avec impatience. Les silences sont… vivants !

La soirée  va s’élever  vers la fresque symphonique. Sous la baguette claire et habitée de THIMOTHÉE GRANDJEAN, l’orchestre symphonique de l’IMEP  livre une interprétation magistrale des Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski, transfigurés par la palette orchestrale de Maurice Ravel.

Œuvre née en 1874 de l’émotion suscitée par la mort prématurée du peintre Victor Hartmann, la suite de Moussorgski  nous invite  à travers une série de tableaux, à  une promenade imaginaire dans une exposition. Ravel, en 1922, a donné à cette partition une vie nouvelle en l’ouvrant aux couleurs de l’orchestre. Et quelles couleurs ! Thimothée Grandjean a su rendre la richesse de cette fresque en lui donnant un incroyable souffle narratif et une puissance dramatique vibrante. Chaque tableau  prend littéralement chair. Tout d'abord,  la Promenade, noble et hésitante, fil conducteur de la soirée. Elle se heurte au grotesque et inquiétant Gnomus, avec ses percussions grinçantes mais sans aucune lourdeur. De l'humour? On oscille entre gouttes de sève vitale et explosions dignes d’un thriller. Les sonorités sont pures, fluides, vivantes… Lors d’un beau tempo lent, les yeux se chargent de larmes… le cœur saigne peut-être. Les mains fines et lumineuses du jeune chef d’orchestre ordonnent la musicalité, suspendent les silences. Est-on dans le rêve ? Certes, dans la mélancolie suspendue du Vieux Château, où le saxophone se fait troubadour. Avec quelques perles de harpe, c’est du moins ce dont on se souvient. On retient l’effervescence enfantine des Tuileries,   le pas lourd et oppressant de la charrette de Bydlo, confié au tuba?  L’humour pétillant du Ballet des poussins dans leur coque fait… glousser !  Eh oui cela caquète joyeusement… et les bois... roucoulent. 

Les soupirs longs des violons  s'éteignent avec des finales enlevées très nettes et très soignées. Il y a aussi une sorte de danse des heures, affolées… qui rappellent Berlioz et des percussions brûlantes qui vrillent le coeur. Au-delà des images de l’exposition elle-même, on ressent le destin qui s’exprime, grave, sentencieux, ample et majestueux. Un coup de gong discret remet sa roue fatidique en marche. C’est toute la texture des sonorités de cuivres qui suggère cette atmosphère grandiose. Il y a ces flûtes surexcitées, ces gazouillis, ces pizzicati pleins de peps et des couleurs exquises…  Mais bientôt les violons grésillent comme un renouveau, les harpes ponctuent et toutes les cordes vibrent sur une seule note.  Si le programme  nous  détaille précisément chaque tableau, on perd donc le fil et on se laisse emporter par les vagues et les harmonies  musicales. C’est la vie qui semble éclater dans toute sa splendeur, avec des  accents d’invulnérabilité. On est soudain comme emporté dans le vent, le désert et le sable.  Est-ce grâce à l’apothéose de La Grande Porte de Kiev, triomphe orchestral, hymne grandiose qui résonne comme une cathédrale de sons ? Tous ces jeunes musiciens ont déployé une maturité saisissante, alliant discipline et lyrisme, une voracité de vie, tout à l’écoute de leur jeune et vibrant chef capable d’insuffler tant d’ émotion et précision technique. Leur interprétation ardente a rendu hommage à l’amitié brisée qui inspira  à Moussorgski ces improbables créations musicales sur tableaux, et à la splendide flamboyance orchestrale de Ravel. Voilà, lors de cette inoubliable soirée, un formidable élan vital partagé. Quel cadeau!

 Les rentrées des classes, les rentrées académiques, que l’on soit lointain élève ou professeur chevronné, il n'y a rien à faire, on savoure, cela fait pétiller l’esprit et le cœur. Cette brillante  école, un IMEP rayonnant, nous a vraiment comblés de joie.  De la pop contemporaine aux prières intemporelles, des valses viennoises aux fresques symphoniques russes, cette extraordinaire rentrée a révélé toute la richesse d’une institution qui forme des musiciens complets, ouverts, passionnés, où il  apparaît que L’IMEP ne se contente pas de transmettre une technique : il éveille des artistes, capables de traverser les styles et les siècles, de l’intimité d’un choral à l’embrasement d’un orchestre. Bref, une  soirée  qui fut à la fois un miroir de l’exigence pédagogique et une célébration de la jeunesse en musique. Après? Champagne, non? 

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

 
 
19 septembre 2025 20h: 
Pour commencer une nouvelle année académique en beauté et en grandeur, retrouvez les trois chœurs de l’IMEP, des voix qui transcendent le temps et l’espace! En effet, vous entendrez tout d’abord le Chœur pop, le Grand Chœur, et le Chœur de chambre. Ensuite vous aurez la joie de redécouvrir l’Orchestre Symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean. Les Tableaux d’une exposition est une œuvre pour piano composée par Moussorgski en 1872. Maurice Ravel nous offre en 1922 une version pour orchestre qui fera date. Sa magnifique orchestration permet à l’orchestre de faire voyager l’auditeur de tableau en tableau, comme dans une galerie imaginaire. C’est un moment riche en émotions et en surprises qui attend le public.

- Le Chœur pop de l’IMEP sous la direction de Florence Huby
The Greatest Show (extrait du film musical The Greatest Showman, 2017)
Faith (duo de Stevie Wonder et Ariana Grande, extrait de la B.O. Du dessin animé Sing! en 2016.)
- Le Grand Chœur des étudiant.e.s de l’IMEP sous la direction de Denis Segond
Le cantique de Jean Racine op. 11 de Gabriel Fauré
Le premier mouvement (The Spheres) de la Sunrise Mass de Ola Gjelo
- Le Chœur de Chambre des étudiant.e.s de l’IMEP sous la direction de Benoît Giaux
“An der schönen blauen Donau” op. 314 de Johann Strauss sur un texte de F. von Gernerth et un arrangement pour chœur et piano de F. Th. Cursch-Bühren
- Orchestre Symphonique de l’IMEP sous la direction de Thimothée Grandjean
Les Tableaux d’une exposition de M. Moussorgski (M. Ravel) 
 
Rue Rogier 82, Namur, Belgium
081 24 70 60
info@grandmanege.be
grandmanege.be

 

 

 

 

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administrateur théâtres

Trois siècles de musique en une soirée à Bozar

La rentrée flamboyante de l’Orchestre National de Belgique à Bozar

 Le vendredi 12 septembre, l'Orchestre national de

Belgique faisait sa rentrée à Bozar avec un programme couvrant trois

siècles de musique. La soirée a débuté par "La Fontaine de

Jouvence" de Julia Wolfe, suivie du "Concerto pour

violon" d'Antonín Dvořák, interprété par le jeune soliste Augustin

Hadelich, puis s’est conclue avec les "Danses

symphoniques" de Sergueï Rachmaninov. L'orchestre était dirigé par le

chef hollandais d’origine Antony Hermus,

dont l'énergie débordante a enflammé et conquis

la salle entière.

Balayant trois siècles de création musicale, sous la baguette pétulante de son chef Antony Hermus, l’Orchestre National de Belgique a offert un voyage contrasté – entre incandescence contemporaine, lyrisme romantique et grandeur crépusculaire.

Le bal s’ouvrait avec Fountain of Youth (2019) de Julia Wolfe, artiste en résidence à Bozar cette saison. Depuis des millénaires, la quête de la fontaine de jouvence fascine les imaginaires : eau miraculeuse, jeunesse retrouvée, éternité rêvée…Elle existe, paraît-il en Floride, à St Augustine, depuis le début du 16e siècle.  Pour Julia Wolfe, la source n’est autre que la musique. Sa partition s’élance comme une mécanique enfiévrée, faite de roulements, de raclements, de trémolos vibrants et de percussions cliquetantes. Le magma sonore évoque tour à tour la frénésie d’insectes tropicaux et le bouillonnement intérieur de la vie. Les cuivres hurlent, percent la texture, puis un long crescendo débouche sur une aube radieuse, où tout se dilue en lumière. Jazzy, syncopée, achevée sur un double   silence abyssal, la fresque de Julia Wolfe interroge autant la vitalité du corps que l’élan de l’esprit. Une pièce puissante, qui a cueilli la salle à bras-le-corps, entre surprise, bouleversement et fascination.

Vint ensuite le Concerto pour violon en la mineur de Dvořák (1879), écrit pour Joseph Joachim et porté ce soir par l’incomparable Augustin Hadelich. L’orchestre et le soliste entrent en matière avec une fougue immédiate, puis s’ouvrent à des phrases d’un lyrisme ample, baignées d’une lumière tchèque aux sonorités folkloriques des contrées de l’Est.  Dans l’Adagio, le violon sublime devient confidence, urgence, rêverie suspendue, émotion vibrante et soutenue, si tant est que le soliste finit par   serrer l’instrument littéralement contre son cœur avant de repartir dans ses volutes. Le finale, vif et dansant, convoque toute la tradition populaire de Bohême : cascades de double notes, archet fulgurant, joie exultante. La partition exigeant une grande virtuosité ne lui aura laissé que peu de répit, et son final, un sommet de difficulté technique, est grandiose.  La salle, captivée, ne laisse pas partir l’artiste : cinq rappels, un long bis jazzy, rutilant, pétillant…d’humeurs variées au cœur même du romantisme. La salle rugit en le saluant ! L’artiste est comblé. Quel formidable adieu !  

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En seconde partie, Les Danses symphoniques (1940), ultime chef-d’œuvre orchestral de Sergueï Rachmaninov, plongent le public dans une fresque aux allures de testament. Trois mouvements comme trois moments de la journée, comme trois visages du compositeur en exil : jeunesse évanouie, nostalgie douloureuse, lutte entre ténèbres et lumière. L’ouverture mêle rythmes entraînants et éclats cuivrés posés sur un tapis de cordes bruissantes de souvenirs de jeunesse, avec la voix inattendue du saxophone alto. Le deuxième mouvement, valse fantomatique, résonne comme une danse macabre, traversée de larmes discrètes de la harpe et de regrets fatalistes de sa Russie perdue. Les douze cloches finales du dernier mouvement   matérialisent la fuite du temps et la maladie de l’artiste, mais la tension laisse place à des vagues d’espoir et de lumière car le final convoque le Dies irae et un chant orthodoxe victorieux : combat entre mort et résurrection, tension extrême avant l’apaisement lumineux. Hermus insuffle vigueur et vérité à cette marche triomphale, où l’on entend presque résonner le mot de T. S. Eliot : « Ma fin est mon commencement ». Choose life !

Voilà bien une rentrée orchestrale éclatante, où l’énergie contemporaine, le romantisme ardent et la gravité crépusculaire se sont unis dans un même jaillissement. Et où, plus que jamais, la musique s’est révélée… fontaine de jouvence sous le soleil de septembre.

 Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

https://www.bozar.be/fr/calendrier/belgian-national-orchestra-hermus-hadelich

 

Pour en savoir plus sur les danses symphoniques de Rachmaninov

 

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administrateur théâtres

En mode… ravissement molto precioso !

 

On s’est retrouvé, ce jeudi 7 août, dans la magnifique salle du Théâtre royal du Parc à Bruxelles pour l’ouverture de la 19e édition du festival Classissimo, sous la houlette de Marc Grauwels, flûtiste et directeur artistique du festival Une promesse de belle qualité… Alors, qu’en sera-t-il pour la 20e ?

 

Le festival démarre en beauté avec l’Orchestre de chambre de Waterloo, dirigé par Guy Van Waas au clavecin et à l’orgue, dans un programme sans entracte entièrement consacré à Pergolèse.  Le point d’orgue sera un Stabat Mater à couper le souffle.

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Côté voix, on découvre la jeune soprano Aline Giaux, pour la première fois aux côtés du contre-ténor d’exception Logan Lopez Gonzales. Deux voix qui se conjuguent avec grâce, se projettent et rencontrent l’âme des spectateurs.

 

Lui, en élégante tenue de soirée noire. Elle, pleine de grâce, en longues manches d'un blanc immaculé,  qui lui donnent des allures d’ange. Tous deux séduisent d’emblée, par leur image autant que par la sensibilité musicale qu’ils déploient. Pas à pas, vocalise après vocalise, ils nous entraînent dans une ascension vers une transfiguration de l’œuvre. Leur maîtrise vocale est impeccable, souple, nuancée, jamais affectée. Dans une forme de dépouillement habité, la beauté de leur timbre va droit à l’essentiel : nous inviter à la contemplation du Beau, du Bon, du Vrai. C’est tout simplement saisissant.

 

On flotte, librement, dans le courant des émotions. La jeune mère est éplorée, certes. Le monde gronde. Mais tout semble baigné de plus en plus de lumière et d’espérance. La souffrance sera dépassée. Le lien mère-fils est si fort, si absolu, qu’au 7e tableau, on croit voir apparaître un Christ jeune et resplendissant, venu rassurer sa mère sur l’éternité de l’amour partagé. Entre chaque tableau de ce chemin vers la joie, la salle retient son souffle. On écoute, en empathie profonde, cette musique qui nous touche au cœur. Car seul l’amour sauve.

 

Et ce qu’on a vécu ce soir-là ne se vit pas en écoutant un CD, même le meilleur.

 

Le concert avait débuté dans une belle cohérence, une fluidité souriante, avec l’ouverture de La Serva Padrona et le Concerto en sol pour flûte et orchestre de Pergolèse, interprété dans un tempo allegro spirituoso. Un peu de joie avant les larmes de la Vierge! La flûtiste Kalliopi Bolovinu, armée de son piccolo, nous a emmenés avec fermeté, douceur et délicatesse dans des champs et des vergers peuplés d’oiseaux ivres de bonheur.

 

C’est ça, le paradis ?

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 @Flagey en Février

CONCERTS

A l’An Prochain? @Flagey

 

Las… ils sont derrière nous, Les Flagey Piano Days. Véritable ode à la musique et à l’art, ils transcendaient les frontières du temps et de la culture pour offrir une expérience inoubliable à un public chaleureux et enthousiaste.

 Ils fêtaient l’inauguration du nouveau piano Steinway acquis tout récemment à Hambourg et étaient pour la première fois guidées par une célèbre et fringante pianiste, Anna Vinnitskaya. De quoi aimanter des spectateurs curieux et passionnés par l’excellence musicale. Ainsi, au deuxième jour, il nous a été donné d’écouter dans une salle pleine comme un œuf, trois œuvres moins connues.

Tout d’abord, La suite instrumentale  Kijé Op.60 de Sergei Prokofiev écrite à l’origine sous forme de musique d’un  film éponyme, produit par les studios de cinéma Belgoskino de Leningrad et sorti en mars 1934. Il s’agissait de la première tentative de Prokofiev en matière de musique de film et de sa première commande. Une œuvre qui balance entre   satire politique  et  épopée.

Histoire réelle, Kijé est un  personnage fictif * qui  fut tenu pour réel par l’administration russe, une histoire pleine d’absurdité !  Ceci  entraîna d’ailleurs une multitude de quiproquos très réels et parfois douloureux pour ceux qui en furent victimes . La nouvelle dont Prokofiev s’inspire fait partie d’ un recueil d’anecdotes paru en 1901 sous la plume de l’auteur Tynianov. Il s’agit, on s’en doute, d’une satire de la bureaucratie russe et l’empereur, irascible et capricieux, comme un évident portrait de …Staline. Au cours de la suite  on assiste ironiquement  à la naissance claironnante d’un petit fifre, suivie d’une Romance mélancolique ourlée des sanglots d’une colombe grise et triste. On assiste à un mariage villageois  ample et pompeux, sachant que tout est ridicule puisque le personnage soi-disant réel n’existe pas. Mais on verse avec bonheur dans la neige délicate, l’espace de vitesse et de liberté, d’une course vertigineuse en Troïka. La poésie est mariée aux instruments de musique: fifres et archets puis, la vie part en fumée, et nous quitte comme elle est arrivée, dans un enterrement ironique…

Un sublime et peu joué   Premier Concerto pour piano de Sergueï Rachmaninov, composé à l’âge de 18 ans prend la suite, porté par  l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège et Anna Vinnitskaya, lauréate du Concours Reine Elisabeth 2007. Beaucoup de peps juvénile, après une ouverture spectaculaire qui vous frappe de plein fouet. Des cuivres éclatants des percussions de tonnerre et enfin le toucher magique de la pianiste de rêve pour réveiller l’âme de la musique.  Tantôt cajolerie tendre, tantôt abandon, et dans le sourire de la  pianiste, la secrète joie d’avoir ouvert les portes du cœur. Anna Vinnitskaya  en féé musicale, préside à un entrelac de sentiments sublimes comme sur une tapisserie précieuse. De magnifiques soli instrumentaux conversent avec  elle en toute fluidité.  La matière musicale est contrôlée, précise et suave, le regard suspendu aux mains du chef d’orchestre, Samuel Jean.  Tout aussi lyrique et passionnant se révèle pour finir la soirée sous la baguette de Samuel Jean « Aladdin »une musique de scène   faisant  revivre la magie des Mille et une nuits, créée par le danois Carl Nielsen pour accompagner une reprise de l’Aladdin du dramaturge  Adam Oehlenschläger au Théâtre Royal Danois en février  1919.

 Autant dire que Les Piano Days à Flagey sont chaque hiver un  événement d’exception  qui  réunit un bouquet d’artistes confirmés , chacun porteur d’une vision unique et d’indiscutable énergie artistique. Lors de cette édition 2024, avec des noms d’affiche  tels que  De Spartak Margaryan et Levi Stechtmann, en passant par les prodigieux frères Arthur et Lucas Jussen, les concerts ont fait fleurir virtuosité et authenticité devant des publics conquis.

La fusion d’influences et de styles a mis en avant la vitalité et de la créativité de ce festival bruxellois dont les divers concerts étaient souvent sold out.

Mais les Flagey Piano Days ne se contentent pas de ravir les amateurs de musique classique, ils célèbrent  chaque année également le jazz dans toute sa splendeur, grâce à des virtuoses tels que Yaron Herman et Stefano Bollani. Et avec la présence envoûtante du compositeur et pianiste australien Zubin Kanga, l’événement devient une exploration captivante des sonorités ultra-contemporaines.

En tant que lieu de rencontre entre les générations d’artistes et de passionnés, les Flagey Piano Days incarnent effectivement l’esprit de découverte et de renouveau. Ils nous invitent à nous immerger dans un univers où la musique, année après année, nous enivre et nous transporte, réchauffant nos cœurs au cœur de l’hiver, y semant le vif espoir du printemps. A l’an prochain ?

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

info: https://www.flagey.be/fr/activity/10393-anna-vinnitskaya-oprl

*Ainsi, par un caprice phonétique de la langue russe  sous le règne de Paul Ier prend naissance un être fictif dont l’entourage de l’empereur n’osera jamais révéler l’inexistence. On en profite aussitôt pour attribuer à Kijé une faute que personne ne voulait endosser, une fausse alerte qui avait réveillé Sa Majesté. L’empereur ordonne l’exil de Kijé en Sibérie. L’institution militaire russe, respectant l’ordre à la lettre, envoie donc vers la Sibérie une escorte sans prisonnier. Par la suite, Paul Ier, sujet à des crises d’angoisse, se méfiant de son entourage, cherche à promouvoir des officiers non issus de la noblesse. Kijé, en tant que militaire modèle aux états de service parfaits, sans attaches ni « piston » d’aristocrates ou de personnages haut placés, est d’abord gracié, puis nommé capitaine, enfin colonel chef de régiment. Une maison lui est attribuée, ainsi que des serviteurs!

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SPECTACLES

Voyage musical et spirituel

A Christmas Journey by la Monnaie Children’s and Youth Choirs

 22 Novembre 2021. Leur  album est  enfin dans les bacs ! Le voilà, le voici, sous le regard bienveillant de Benoît Giaux, chef de choeurs,  qui y a mis toute son âme. Sous le label Cypres qui fête ses 30 ans en cette saison 2021-2022, il se déguste comme un menu de découvertes, il se lit comme une méditation fleurie de l’esprit de Noël.  Un disque  rassembleur, sorti du cœur de Bruxelles, en hommage à L’Europe qui nous est proche. La priorité est  aux langues latines : du  wallon  au  catalan, et germaniques :  du flamand aux accents jazzy du rêve américain. Plus de 7 siècles d’histoire de la musique: du Moyen-Age à Tino Rossi.

 En 1997 nait une  collaboration entre la Monnaie et l’académie de musique d’Auderghem qui forment  les Chœurs d’enfants et de jeunes de la Monnaie : 120 jeunes de dix à dix-huit ans  désireux d’accéder à  une formation musicale   valorisante  qui leur donnera, sur base d’audition,  à  découvrir le plaisir et l’étude  de la musique chorale de haut niveau.  Originellement  divisés en deux chorales distinctes appelées La Choraline et la Maîtrise, ils forment  un seul grand groupe placé sous la direction artistique du chef de chœur Benoît Giaux.

Après des concerts  de Noël très apprécié  dans la salle du trône  palais Royal devant la famille royale belge par deux fois,  en 2016 et en 2018, l’idée est venue d’une création pour pérenniser cette extraordinaire aventure musicale. Ainsi, le compositeur et arrangeur Aldo Platteau a fait de  minutieuses recherches pour sélectionner des pièces qui composeraient sept tableaux de Noëls populaires et traditionnels à travers un voyage dans le temps. D’une façon ou d’une autre il s’agit d’un héritage culturel et religieux qu’il est essentiel de faire vivre.

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 Aldo Platteau a enseigné la composition et le chant d’ensemble à l’Académie de musique d’Auderghem, et les écritures approfondies au Conservatoire royal de Liège. Il enseigne actuellement le contrepoint et les différents styles d’écriture musicale, de la Renaissance au XXème siècle, au Conservatoire royal de Bruxelles et la composition de musiques appliquées et interactives au Conservatoire royal de Mons (Arts2).

Un très beau travail de composition soutient donc  l’œuvre à travers le large panel de de chants de Noël sélectionnés, avec des enchaînements harmoniques très élégants pour constituer le fil continu vers la lumière de la Sainte Nuit. Rejoindre l’intemporel.  Il invite à la paix et la  joie engendrées par  cette musique populaire entre toutes, celle  qui a bercé notre enfance et  a le don  de rassembler les foules dans la rue comme dans les sanctuaires. Le travail  d’écriture a d’abord ciblé les voix pour ajouter par la suite les instruments : un quatuor de cordes, une contrebasse, un piano, un accordéon et des percussions anecdotiques qui confèrent une  très savoureuse fraîcheur à l’ensemble. Cinq jours d’enregistrement à la poursuite du beau et du plaisir de l’Art ont rassemblé des jeunes de toutes origines. L’harmonie, incontestablement, est le maître mot. Le raffinement veut que s’ajoutent aux chœurs d’enfants, les très belles voix de 4 MM Soloists, des jeunes talents, triés sur le volet.  En effet, après au minimum une année passée au sein de l’Académie des chœurs, les jeunes qui démontrent un réel potentiel de soliste sont invités à devenir MM Soloists. Il s’agit des ténors Pierre Derhet et Maxime Melnik et des sopranes Margaux de Valensart et Virginie Léonard.    

Depuis leur création, les Chœurs ont donné de nombreux concerts, non seulement en Belgique mais aussi à l’étranger. Ils doivent également assurer les productions d’opéra et de concerts du Théâtre Royal de la Monnaie requérant des voix d’enfants.

En plus du travail de la technique vocale et de la lecture, ils y ont l’occasion de travailler d’autres domaines étroitement liés au chant tels que la respiration, la posture, le mouvement et l’appréhension de l’espace. Actuellement, environ 20 % de ces jeunes se dirigent ensuite vers des études artistiques supérieures et éventuellement une carrière professionnelle.

 On ne peut que conseiller de mettre l’esprit de Noël réinventé sous les sapins avec ce très précieux disque  qui sera aussi disponible à la vente après les concerts donnés  le 18 décembre dans la grande salle de  la Monnaie lors du Concert de Noël des Chœurs d’Enfants et de Jeunes et à à l’Aula Magna à Louvain-la-Neuve  le 12 décembre et le 19 décembre à l’Église Saint-François à Waterloo.

Dominique-Hélène Lemaire  Pour le réseau Arts et Lettres

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Et sur terre, paix aux hommes de bonne volonté. And on earth, peace to men of good will…

 

 

En piste : La somptueuse Messe en si mineur BWV 232 de Jean-Sébastien Bach pour 5 solistes, chœurs et orchestre  (1832–45).  Le Chœur New Baroque Times était dirigé par  Pablo Garcia et Thierry Lequenne et laissait à de  nombreux solistes l’occasion de partager leurs talents pour interpréter cette somme musicale.  On vous donne les noms :  

 

Aurélie Moreels, Amélie Renglet, Sopranos I

Ana Sofia Ventura, soprano II

Boris Kondov, alto I

Alain Gahima, alto II

Pierre Derhet, ténor

Joris Stroobants, basse

 

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Philippe Gérard dirigeait le bel orchestre de  la  Chapelle musicale de Tournai comprenant  outre les  différents pupitres de cordes, des flûtes traversières, hautbois, bassons, trompettes, timbales, continuo. Il s’agissait d’une production  particulièrement extraordinaire, et certainement un  grand défi pour l’ensemble, mais   le chef   a su doter cette œuvre baroque monumentale  d’une  rare ivresse  musicale. Elle était présentée dans le cadre de la Balade musicale de Rixensart,  dont l’organisateur passionné,  Jean-Pierre Peres,  avait  lui aussi, de son côté  fait   un   pari osé  de présenter une œuvre d’une telle importance. Elle est d’ailleurs  selon lui, à  rapprocher des autres « sommes » musicales telles que  l’Art de la fugue, l’Offrande musicale ou les Variations Goldberg. Jean-Sébastien Bach lui-même ne  dit-il pas vouloir dédier cette œuvre sacrée à «  la délectation spirituelle des amateurs et, surtout, des connaisseurs de ce genre de travail »…

 

Et tout de suite les premières notes du Kyrie déboulent comme coup de tonnerre  sur  une matière musicale chatoyante et une intervention  vigoureuse  du ténor. L’entrée en scène des deux sopranos verra briller de beaux timbres et de belles tenues de notes. Ensuite ce sont des  violons printaniers qui relaient la prière au chœur d’hommes, rejoints  très vite   par  celui des femmes,  dans une beauté enveloppante. L’église est pleine à craquer, l’espace est utilisé à son maximum, mais quel déluge de bonheur musical!  Cuivres et percussions introduisent l’allégresse du Gloria dans un flux d’énergie enflammée. Les femmes répandent le  pax hominibus bonae voluntatis  comme une profonde vague de prière pour la paix. Le sourire de la soprano précède des violons un peu aigrelets, et elle enfile les paroles latines  sans presque respirer. Le public retient son souffle.  C’est visiblement l’énergie du bonheur d’interpréter, de partager  qui dispense ces superbes sonorités.  Le public  se  sent uni dans la tension musicale et se trouve  inondé de  couleurs.

 

Dans  cette  première partie du concert,  mettons  également en évidence un magnifique solo de flûte traversière et le duo soprano et ténor, un sombre  qui tollis peccata mundi  du choeur et orchestre qui arrache des larmes  avec des entrelacs de voix qui évoquent   le chant  d’un   monde blessé.  Au cours de la soigneuse et discrète  chorégraphie, un jeu de cache-cache entre le chœur et l'avant-scène,  survient un remarquable  alto solo sur hautbois d’amour et cordes  avec  le qui sedes at dexteram patris. Le ballet musical n’est pas fini, voilà le solo basse et cor solo avec deux bassons qui signent  le quoniam tu solus sanctus. Enfin le Chœur se  dresse pour un Cum spiritu tuo étincelant, presque martial, Onward Christian Soldier … C’est une déferlante qui nettoie le monde de tous ses péchés et accueille la lumière. Oui, un tsunami musical peut être salvateur, dirigé par le tourbillon de l’Esprit. L’émotion de l’assemblée est palpable, traversée par une sorte de suspens.   

 

 

La deuxième partie s’ouvre sur le Credo, à la fois spirituel et musical,  tant le compositeur  entrecroise ces deux substances avec succès. Et incarnatus est  développe  un  exemple  de foi , d’humilité et de révérence absolument contrasté avec la douleur tragique et le rythme pesant du Crucifixus. Sans doute aussi le poids du joug de l’obéissance au père… mais cette ambiance est détrônée par la surprenante victoire de l’ et resurrexit ! Voilà Le rire de Dieu, l’extraordinaire, l’impensable, chantés avec le feu de Dieu. Les choristes  ont du phosphore dans la voix, l’orchestre jubile. Les sopranes Aurélie Moreels et  Amélie Renglet sont acrobatiques dans le  Confiteor qui plane par-dessus les violoncelles et le continuo. Les portes du paradis s’ouvrent sur le Sanctus , le vent de l’esprit soufflerait sur le chœur et l’assemblée ? Une ivresse spirituelle se joint à une joie presque dionysiaque : cuivres pétillants, syllabes détachées comme pétales de fleurs. Un court instant,  c’est toute la tapisserie Champagne du Chant du monde de  Lurçat qui  surgit dans l’imaginaire. Etranges phénomènes que les correspondances. Pierre Derhet, habite pleinement le Benedictus tandis que le chef d’orchestre semble transfiguré par la musique, envoûté, certainement. Tout cela pour en arriver à un exaltant Dona nobis pacem,  da tutti :  un miroir de paix, fleuri, les cuivres  et percussions en fête.

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Les solistes : Aurélie Moreels, Amélie Renglet,Ana Sofia Ventura,Boris Kondov, Alain Gahima, Pierre Derhet, Joris Stroobants, et le chef d’orchestre Philippe Gérard, pressés par le public de leur accorder un bis… ou deux… Osanna !    

 

Balade musicale à Rixensart du jeudi 17 février 2022 à 20h

Eglise St Sixte, place communale à Rixensart / Genval

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Notez la date du prochain,

c’est le 31 mars avec le 1er concerto de Chopin : Anaïs Cassiers
accompagnée par la Camerata IMEP dirigée par Ayrton De Simpelaere

Réservations :
reservation@balademusicale-rixensart.be

 

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Concerts

Le jeune Brussels Philarmonic Orchestra débute sa saison au Conservatoire de Bruxelles

…In a nutshell, dit-on!  Sachez que le BPO n’est pas le BPO. On pourrait aisément  le confondre avec  l’ orchestre de la VRT, le Brussels Philarmonic –fondé par l’ INR  d’antan (l’Institut National de Radiodiffusion,  cela vous dit sûrement quelque chose …) en 1935, naguère sous le nom de Grand Orchestre Symphonique.   Il est dirigé actuellement  par le grand chef d’orchestre Stéphane Denève en résidence à Flagey.   Ceci n’est pas une pomme, on s’en doutait, juste des  noms similaires…avec des dates de naissances toute différentes.

 Le « Brussels Philharmonic Orchestra », créé lui à Bruxelles, au théâtre Saint- Michel en septembre  2002, poursuit le but louable  d’offrir aux diplômés des conservatoires l’occasion de mettre en pratique leurs  aptitudes musicales en faisant partie d’un grand  orchestre symphonique permanent et de  se lancer ainsi dans leur carrière musicale. Place aux jeunes donc. Place à des répertoires très éclectiques et ambitieux.  Le BPhO …appelons-le ainsi, puisqu’il y a une « h » dans leur adresse électronique,  développe des voies d’avenir. Il est devenu une  réalité confirmée dans la vie artistique de notre pays et à l’étranger.  Les musiciens se réunissent de façon intensive pour préparer les grandes œuvres du répertoire classique et d’autres plus modernes, avec une attention  particulière pour des compositeurs belges.

La vie est belge! Les musiciens du Brussels Philharmonic Orchestra proviennent de vingt-six pays et quatre continents mais avec une prédominance de la nationalité belge, originaire des trois régions et des deux communautés.  La musique au service de l’unité et de la paix.  Tous  sont portés par  le feu de  la musique, la joie du partage, la force des émotions et le souci de rassembler autour des différences. Contribuer ainsi au progrès social et culturel. Pour que le monde vive… au même diapason.

Peut être une image de une personne ou plus, personnes debout et intérieur

Les jeunes musiciens épaulés par des instrumentistes chevronnés  sont dirigés avec complicité par le chef  David Navarro Turres, né au Chili. Les organisateurs recherchent également à promouvoir des jeunes solistes belges, une belle occasion pour permettre  ce soir  au jeune  espagnol Andrés Navarro au  piano et Julie Gebhart, soprano,  de se produire  dans la magnifique grande salle du Conservatoire de  Bruxelles lors du très beau concert d’ouverture donné ce samedi 23 octobre 2021, cette fois avec une cinquantaine d’instrumentistes.


C’est  un  vent d’espoir partagé qui flottait ce soir dans la salle du Conservatoire. Une énergie magnifiquement partagée, une petite victoire, sur la pandémie qui nous accable.

Difficile aussi de faire  des choix dans le beau programme présenté. Pour commencer, dans  la Moverture  de Daniel Capelletti, c’est l’atmosphère insouciante et ludique qui prédomine, tout de suite rattrapée par la nostalgie, et des cascades de tendresse, Le premier thème réapparaît, comme une brise connue. La reprise sautillante s’engouffre  alors dans une apothéose de percussions.

 Au centre du programme il y a  le concerto pour piano No. 2 de  Camille Saint-Saëns.  Sostinuto ! Un début massif et puissant, et des contrastes de douceur malgré le sens aigu du drame. Des arabesques élégantes se disputent le souffle épique. Quel créateur, ce chef ! D’abord un peu tendu, le  jeune soliste, Andrés Navarro surveillé de près par-dessus l’ épaule du chef, se lance dans des arpèges de bonheur. Le jeune  a vaincu la peur, il joue avec des sonorités liquides et conclut avec panache. Le deuxième mouvement a des légèretés de ballerines, des jeux d’échos l’agilité des bonheurs bucoliques. Les cordes sont frottées comme autant de cigales. Clin d’œil solaire entre ce que l’on pourrait voir comme … un lien père et fils! La musique est filiation. Le troisième mouvement devient feu  musical ardent avec des  reflets spectaculaires, la frénésie de danses de sorcières ? Le jeune pianiste donne tout : la virtuosité, la maîtrise absolue,  et participe à un final fracassant. En bis ?  Un Granados introspectif… beau  et flûté comme l’ode à l’alouette,  du  poète romantique anglais Percy Bysshe Shelley. Ode to a Skylark. La musique transforme.


 Le Mahler dégage tout de suite une atmosphère de chasse au trésor. On y trouve une matière musical souple, des bois gracieux, des sonorités apaisantes des violons dansants. Et aussi de fracassantes ruptures, de profonds abîmes, et de l’illumination malgré l’horloge du temps qui rappelle la réalité. Notre humilité. Alors la confiance gronde dans le cœur, un fil d’Ariane guide le voyageur -spectateur. L’apparition de Julie Gehbard dans  une lourde jupe de brocart doré et son haut de danseuse ballerine, fait impression. Les cordes dessinent l’automne et son dénuement. La chanteuse se nourrit de la complainte vibrante des cuivre et des cordes en larmes dans une douceur de coucher de soleil. Assise, les mains jointes, le destin va–il frapper ? La vie va-t-elle fleurir ? L’orchestre miroite sous la baguette du chef. La souffrance se lève dans l’orchestre, une affliction grandissante et inexorable. Tuée par cette chose rare, restée tapie au fond de la boite de Pandore, nommée Espérance. Sommes-nous ces poupées pendues à un fil ? Fragiles mais vivantes. La harpe diffuse de l’encens, allume un cierge brillant. La dame s’est levée, elle semble s’adresser à la lune . L‘orchestre la berce lorsque son chant s’éteint. Applaudissements.  La joie de se retrouver dans ce lieu séculaire.

Dominique-Hélène Lemaire  Pour Arts et Lettres

Programme

Daniel Capelletti / Moverture
Camille Saint-Saëns / Piano concerto No. 2
Gustav Mahler / Symphony No.4 (chamber version by David Navarro-Turres)

 3 Prochaines dates:

+ A la Cathédrale le 17/11/2021

réservations: 

www.cathedralisbruxellensis.be

+Concert for Hope      27/11/2021

+  le 16/12/2021 20h00 Grande salle du Conservatoire Royal de Bruxelles

 Au programme :

The Night Before Christmas »  – Daniel Capelletti
« Double concerto Cinq canyons » – André Ristic
« Schéhérazade » – R. Korsakov


Simon DIRICQ – saxophone 
Charles MICHIELS – clarinette basse 
David NAVARRO-TURRES
, chef d ‘orchestre 

Réservations ici

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administrateur théâtres

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Move to Music and Movies

Flagey  en fête en avant-fêtes avec la Chapelle musicale Reine Elisabeth?  Il s’agit de la 9e édition du Music Chapel Festival  qui a lieu du 5 au 8 décembre 2018. Le festival s’intéresse aux liens du cinéma et de la musique. L’occasion de participer à une intense immersion au sein du laboratoire artistique de la Chapelle musicale, en résidence pendant ce festival Flagey, explique Bernard de Launoit, le CEO de la Chapelle.

Les événements ont débuté  avec un concert digne de l’appellation Mozartiade. Un concert de prestige au studio 4 en deux parties qui a rassemblé autour de Frank Braley et du clarinettiste et chef d’orchestre, Paul Meyer, les jeunes artistes en résidence pour un programme  très attendu consacré à Mozart et les chefs d’œuvre d’Hollywood avec l’ORCW.

On ne présente plus Frank Braley qui gagna à 22 ans  à peine le premier prix du Concours Reine Elisabeth en 1991, un exploit qui lui a ouvert les portes de la direction de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie depuis 2014.

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Dans le Concerto pour violon et orchestre n° 5 en la majeur KV219  qui ouvre la soirée, la violoniste  Julia Pusker offre un violon de rêve et soulèvera d’emblée de grands bravos. Paul Meyer imprime de belles images aux pupitres de l’orchestre de chambre. Les cadences de la violoncelliste sont emplies de confidences et de grâce, elle produit de superbes aiguës, des trilles ciselés, mêlés d’accès de passion. Le deuxième mouvement lui fait convoquer des paysages de douceur et de délicatesse. Elle accompagne les mouvements orchestraux, de légers hochements de tête témoins de l’intériorité qui l’habite. Sa seconde cadence évoque la sérénité d’un jardin d’émotions paisibles au travers d’un éloge de la beauté. Mais elle peut aussi rugir et donner la clef du thème avec conviction et clarté. On en vient à se demander ce que ce concerto venait faire dans le film de M.Caton Jones, Basic Instinct II, 2006… sans doute une respiration indispensable !    

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C’est Frank Braley qui sera le pianiste et le chef d’orchestre du Concerto pour piano no 9 en mi bémol majeur, dit Jeune homme, K. 271.Tout de suite les tonalités lutines et farceuses parcourent l’ensemble. Il sculpte les courbes avec panache, entretient les trilles comme s’il jardinait une vigne sacrée. A moins que ce ne soit son feu sacré qui multiplie les flammes comme feux follets en liberté. Dans sa cadence il  se plaît à alterner questions lourdes et réponses joyeuses. Les sombres cordes de l’Andantino se chargent de douleur intense,aussitôt magnifiées   en forme d’offrande par le clavier  hypersensible de Frank Braley. Dès que le soleil se lève sur les cordes, le pianiste regorge de bienveillance, l’espoir se ranime. Et l’orchestre respire. Les jeux d’échos pulsatiles entre le pianiste et l’ensemble vibrent  avec émotion. La nouvelle cadence se charge d’interrogations poignantes.  Au cœur de l’humilité extrême, un  cœur d’artiste bat et vit.Les contrastes orchestraux reflètent le doute aussitôt  balayé par les thèmes ressuscités avec brio par les trilles éblouissants et légers du soliste. Un bain de bonheur  et de nouveauté que ce concerto pourtant entendu mille fois! …Et dans Five Easy pieces, 1971 de B.Rafaelson.

La Mozartiade  vespérale  se poursuit avec Le Concerto pour violon no 4  en ré majeur KV. 218 dirigé par Frank Braley, infatigable et l’éblouissante violoniste  Hyeonijn Jane Cho. Des allures de diva, une présence passionnante, une puissance passionnée. On remarque la fermeté des coups d’archets, la projection ensorcelante de sonorités les plus raffinés et  de couleurs les plus variées Les phrasés semblent s’enchaîner les uns aux autres sans lisière visible. Les cadences présentent tour à tour, finesse d’exécution, charme, colère, douceur. Les fameux sanglots longs, les crises, les extases  peuplent tous les registres. On est devant une performance miroitante entre soliste exceptionnelle et orchestre grâce à la baguette de son chef d’orchestre. Le Menuetto est habité, l’Allegretto ouvre la porte sur l’insouciance, le sens de la fête, le goût du jeu et de l’innocence….On assiste à des épousailles d’artistes avec la  belle candeur du chef d’orchestre – such a wonderboy –  et B.de Palma, Passion, 2012.

Mozart disait que la clarinette était son instrument préféré.  C’est elle qui plane par-dessus un orchestre  offrant   une  matière musicale  généreuse, sonore, vibrante dans le Concerto pour clarinette en la majeur K 622, composé par Mozart quelques mois avant sa mort. Les  bois plaintifs sont couronnés par les sonorités rondes du clarinettiste Paul Meyer qui dirige l’orchestre tout en jouant,  placé  debout, au centre, et face au public. Il se tourne alternativement  vers ses différents pupitres pour les inviter à la danse. Ses parties solistes sont faites d’élans,de dégringolades joyeuses, accompagnées de quelques larmes vite étouffées. Mais il se fait aussi discret quand il accompagne l’orchestre de trilles fabuleux,  rythmant  le tempo vif et enjoué. On revoit  bien sûr Out of Africa (1986), l’élixir d’infini, les vagues de sentiments qui exaltent. Des violons presque « off » soutiennent le motif léger de la clarinette. Les dynamiques sont tout en retenue, au bord des larmes essuyées, en empathie totale avec l’orchestre. Au deuxième mouvement, la clarinette se détache comme une apparition de lumière au-dessus de l’orchestre Il y a-t-il de la flûte enchantée dans l’air, par deux fois ? L’assurance du soliste est princière, ses sons sont fruités et il jongle avec les aiguës et les basses.  Les échos successifs de l’orchestre résonnent de gammes elles aussi, enchantées avant un bouquet final, peu bavard, net et assumé.


Et le lendemain, à Flagey, on jouera encore Mozart! Quant au  vendredi soir, pour cette 9e édition du Music Chapel Festival, consacrée aux compositeurs de musique de films,  c’est l’OPRL et Nir Kabaretti  qui mettront à l’honneur le Concerto pour violon de Korngold en compagnie de Kerson Leong, jeune artiste canadien en résidence à la Chapelle Musicale Reine Élisabeth.  Gary Hoffman, violoncelliste accompli qui a participé récemment au premier festival pour violoncelle organisé cet automne à Bruxelles,  enseigne au sein de la même institution et fera vibrer son magnifique instrument dans  une oeuvre mythique du répertoire de violoncelle: le Concerto d’Elgar ( Lorenzo’s Oil, Hilary and Jacky, August Rush). Le mode concert permet bien sûr de déployer la fulgurance de ces magnifiques œuvres symphoniques et d'en révéler à un public conquis,  les immenses trésors chatoyants.     

Retrouvez le programme complet  de cette splendide  9e édition ici et  là. 


Dominique-Hélène Lemaire

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administrateur théâtres

A deux pas du huit mars, nous avons eu la chance d’assister dimanche à un ravissant concert  100% féminin, à part le tourneur de pages : Jean-Pierre Moemaersancien professeur d'accompagnement  d’Eliane Reyes.

 Nous sommes dans le cadre des « salons de la mélodie » à la chapelle de Boondael. Ce salon musical  a été  créé par Jean-Pierre Moemaers et Sébastien Romignon Ercolini  dans le but  de faire revivre à Ixelles le temps où des  hommes et femmes de lettres et mélomanes éclairés,  recevaient chez eux en privé au cœur de leur salon, les artistes du moment, leur permettant ainsi de faire découvrir à leurs amis les beautés connues ou  méconnues du répertoire intemporel de la mélodie et du Lied.   «Les salons de la mélodie»  permettent à un public moderne  toujours plus enthousiaste de venir apprécier  ces intimes instants si précieux de la musique de chambre.

Une clé magique pour entrer dans l’univers musical proposé cette après-midi  a été la fameuse Fantaisie en Ré mineur de W.A.Mozart joué avec une intensité et une tendresse sans borne par Eliane Reyes, qui nous a mis les larmes aux yeux.  Tour à tour soliste (Brahms,  Chopin)  et accompagnatrice de choix de la soprano Cécile Lastchenko, elle  et se donne au public avec  ardeur et s'efface devant la chanteuse dont la voix sonne à la perfection et dont la diction irréprochable, quelle que soit la langue, reste  toujours claire et bien articulée.      12273276067?profile=original Cécile Lastchenko, cette  jeune artiste pleinement chaleureuse, débordante d’énergie,  irradie la joie de la musique de façon lumineuse et engagée.  On l'a vu hypnotiser un public ébloui, dans la production  très remarquée à  l’Opéra de Liège de « La favorite » et aussi  lors de  ce   concert de prestige  du 7 décembre dernier à Flagey,  assuré  par des   jeunes chanteurs de la Chapelle Musicale Reine Élisabeth . Accompagnés par l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, les artistes proposaient  un concert autour des duos qui ont façonné l’histoire de l’Opéra. La soprano Cécile Lastchenko  fut déjà très remarquée. Elle vient  maintenant d’être  sélectionnée ainsi que 5 autres artistes de la Chapelle  parmi 312 candidats de 22 nationalités différentes comme candidate au Concours Reine Elisabeth, dont  la première épreuve aura lieu le 1 et 2 mai prochains à Flagey.

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Charme et Féminité

Dans le concert donné cette après-midi où l’émotion était à fleur de peau,   sa voix d’une superbe maturité a mobilisé une incroyable palette des sentiments dans une maîtrise de la théâtralité très bien menée et à travers un programme très éclectique.

 

MOZART – Fantaisie en Ré mineur

  1. BRITTEN – Les Illuminations (« Royauté »« Villes »)

RAVEL – Shéhérazade  ‘« Flûte enchantée »

  1. MAHLER – Das Knaben Wunderhorn « Das irdische Leben » 3’

BRAHMS – Intermezzo op. 118 N°2

  1. BRITTEN – The Turn of the Screw « How beautiful it is » (The Governess)
  2. DEBUSSY – L’enfant Prodigue « Azaël, pourquoi m’as-tu quittée ? » (Lia)


CHOPIN – Fantaisie impromptue 

  1. ABSIL – Trois poèmes de Klingsor « Chanson du chat » « Ma mère l’Oye »« Où le coq a-t-il la plume ? »
  2. SHOSTAKOVITCH – Satires « Kreutzer Sonata »
  3. GERSHWIN – Porgy and Bess « Summertime » 2’12273276291?profile=original

  Son tempérament dramatique  manie aussi bien le sarcasme que le désir romantique, la douleur et le désespoir,  que la satire et le surréalisme. Mais avant tout, elle  ne cesse de faire preuve de profondeur, elle touche la fibre la plus intime, berce l’imagination, se doublant d’une bienfaisante conteuse pleine d’humour. La générosité est  d’ailleurs un  point de  fusion musicale entre les deux femmes : la pianiste Eliane Reyes l’accompagne  en effet avec un mélange de discrétion et de  connivence affirmée.  Élans maternels fusionnés, entre  voix et  clavier ? Ensemble elles semblent vouloir diffuser la force de l’instinct de vie, le choix lumineux que l’on peut faire de celui-ci, en opposition avec le monde parfois désincarné et surréaliste qui nous entoure.  Toutes deux représentent la force de l’espoir et de la transmission,  la foi en l’humanité jamais abandonnée.  Ensemble, elles incarnent  un rêve de paix et de  désarmante compassion à travers une resplendissante… féminité.

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http://www.lessalonsdelamelodie.com/Avec le soutien de Mme Dominique Dufourny, Bourgmestre; Yves de Jonghe d'Ardoye, Député honoraire - Échevin de la Culture et des membres du Collège des Bourgmestre et Échevins d'Ixelles  http://www.eliane-reyes.com/agenda/

http://www.cecilelastchenko.com/  

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administrateur théâtres

Un concert hors gabarit : Oser le rêve !

16

MARS
20:00 - 23:30

Le Klara Festival a exhumé  des partitions fortes pour son édition 2018. Le thème était l’imagination. On sera comblés au-delà de toute mesure par ce concert d’une puissance stupéfiante donné à Bozar le 16 mars dernier.  Prefatory Action to Mysterium (1903-1915) de Scriabine, comme il est dit dans le programme, était une œuvre qui allait surpasser tout ce qui s’était fait jusqu’alors dans l’histoire musicale. Une œuvre visionnaire, radicalement messianique qui devait changer le Monde! Le rêve de Scriabine  interrompu par sa mort (1915)  fut rattrapé par le compositeur russe Alexandre Nemtin (1936-1999) qui y travailla pendant trente ans pour  le compléter en polir les innombrables facettes.

Alexander Scriabin, Mysterium

Stanislav Kochanovsky, conductor
Vadim Tsibulevsky, Konzertmeister 

Scriabine vit dans ce que l’on appelle l’automne culturel de la Russie tsariste. L’art symboliste répond au matérialisme croissant de son époque, par une nostalgie des valeurs spirituelles  et de l’unité perdue entre esprit et matière. Il y a deux mondes, comme le pensait Platon : le monde sensible que nous expérimentons, et le monde métaphysique idéal qui se cache derrière lui : là où règne le Beau, le Bien, le Vrai. En allant plus loin, le philosophe russe Vladimir Soloviev exprime l’idée que la vraie beauté née d’une idée et d’une matière qui s’interpénètrent est une force qui peut améliorer la réalité !  Ce pouvoir actif, les russes le nomment « théurgie » … Et nous : « good vibes ? », ces ondes greffées dans la beauté qui inondent et transforment ? La force transformatrice de l’art ! Et en allant plus loin encore, voilà que Scriabine est touché par les idées enracinées dans l’hindouisme, selon lesquelles, la conscience du corps matériel évolue vers l’esprit universel… Ainsi, il conçut son Mystère comme un accélérateur de transformation cosmique. Ainsi, Scriabine, très conscient de son utopie, pense que « L’Acte préalable »  sera un premier pas dans la bonne direction. La musique, comme chemin de révélation? Son rêve est d’impliquer le plus de participants possible. Serait-il, en 1910, créateur d’Art Multimedia? Un moteur de métamorphoses?   

“There will not be a single spectator. All will be participants. The work requires special people, special artists and a completely new culture. The cast of performers includes an orchestra, a large mixed choir, an instrument with visual effects, dancers, a procession, incense, and rhythmic textural articulation. The cathedral in which it will take place will not be of one single type of stone but will continually change with the atmosphere and motion of the Mysterium. This will be done with the aid of mists and lights, which will modify the architectural contours."  

Lors de la production du Klara Festival, l’œuvre devient un gigantesque  jeu de sons et lumières d’une époustouflante densité.  Non seulement les sons mais les couleurs balayent la salle et le plateau. Voici le premier acte : l’Univers.  Le pianiste  russe se fait entendre à travers les agissements puissants des cuivres et le fracas du tonnerre créateur. Dans l’exploration de l’univers en formation, le bleu fuse avec les vents, les échos se multiplient, le clavier ordonne et les violons frissonnent. Des suites s’organisent et se rassemblent. Assiste-t-on à la création de l’univers ou à celle des premiers chromosomes vivants ?  Pourvu que rien ne vienne geler la vie frémissante.   Il faut reconnaître l’espoir insensé qui se gonfle sur les cordes, repérer le chant léger et aigu d’un duo de hautbois et de violon, bientôt absorbé par une marche de géants aux percussions. Le piano renaît. Avec lui l’intelligence des violons  et la lumière entre dans la caverne.  Une flûte écrirait-elle le mot liberté dans l’espace ? Le pianiste a recueilli le message en trilles colorées de douceur. Un flot de vocalises descendantes se heurte aux vagues tumultueuses de percussions sourdes, le chœur se lève. Le cri déchire l’espace. Les percussions disent  un  Big Bang  visionnaire suivi d’une longue onde de silence. Le chœur rêve d’éternité et s’organise en une éclosion lente et spectaculaire. Les cuivres sonnent à la perfection tels  des voix d’outre ciel. Le piano répond avec des gazouillis d’infini. On a reconnu quatre notes primordiales qui ne cesseront tout au long de l’œuvre de phosphorer, au sens étymologique du terme.

L’image contient peut-être : une personne ou plus, foule et intérieur

  Comment capture-t-on l’essentiel ? Il faut se laisser porter, accueillir la grâce. Se laisser emporter par le thème, un aphorisme répété mille fois. Se laisser rêver sur les changements de faisceaux de lumières colorées qui épousent les sonorités et les voix, entrer  dans  l’alchimie secrète des ondes sonores et lumineuses, sonder l’univers et l’humanité en marche.   N’est-ce pas ainsi que maintenant on étudie les étoiles, grâce au jeu des spectrographes?

Le deuxième acte décrit dans une sorte d’ivresse musicale la chute  nécessaire de l’humanité, ses douloureuses blessures,  son combat et sa route difficile vers une vision de réconciliation et de pardon. Sa quête de l’harmonie spirituelle. Le troisième acte est une transfiguration  très bien décrite décrit dans les notes de Nemtin :  « La coda s’ouvre avec une sorte de transfiguration. Au climax commence un rite doux, avec le son de cloches et d’un chœur. Presque tous les motifs mélodiques des trois parties sont répétés. À la fin, le chœur chante à l’unisson le motif de quatre notes de la mort. Cela ne ressemble pas à la mort, mais semble plutôt une étape vers un autre niveau de la vie. Au début – quand les cloches sonnent –, les quatre notes résonnent fort, puis s’éteignent et tout disparaît, se dissout. C’est précisément, il me semble, ce qui se passe à la fin. L’univers qui fuit dans toutes les directions commence à se rassembler sur une seule note – fa dièse, la note que Scriabine aimait tant. L’Acte est terminé. »

Dans cette troisième partie on est touché au plus profond par des effets grandioses du tuba, la douceur des hautbois, les jeux de sonorités fruitées, les charges bruyantes. Les quatre notes sont déclinées à l’infini par tous les pupitres comme des mantras en forme  ascendantes et chromatiques. L’orgue a fait son apparition : à la fois rayonnement incandescent et un éclat d’une extrême délicatesse. Le mystère s’empare des cordes qui jouent de façon presque invisible. Du  bercement  régulier des arpèges,  apparaît le beau grain de  voix de la soprano qui produit de larges vocalises,  stables et pleines, sorte d’élixir de sérénité fascinant. L’imaginaire est large comme le rêve d’Icare, sauf qu’il n’y aura pas de chute!  A chaque retour des quatre notes fondamentales, débarque une caravane de lourds parfums capiteux, du sable mou  et chaud, un résumé de l’Univers. Le pianiste réveille l’énergie, l’orchestre amplifie les mouvements,  décuple les forces en présence, Le chœur de 60 choristes de la radio Hongroise est debout. Avec la soprano, l’ensemble ressemble à un gigantesque mandala,  on ne sait plus d’où viennent les émotions. On assiste à une sorte de transfiguration de flux passionnels, de joie créative, de scansions et de pulsions impensables. Du Beau, du Vrai, du Bien sûrement,  en gestation perpétuelle… ad libitum. La saga fantastique est fascinante, on ne voudrait surtout pas que cela s’arrête ! Une plume vole et se laisse choir avec délices. Comment ne pas être transportés ? On a vu des milliers de flocons de lumière tomber paisiblement sur le Monde.  On a entendu le carillon de noces terrestres.  On a accompagné la soprano s’élevant vers le ciel et disparaissant dans un point lumineux et on s’est laissé ensorceler dans l’apothéose du final, avec du bleu strident jeté sur les spectateurs. Voilà une expérience inoubliable par sa force poétique. Voilà ce que peut faire l’art quand il nous bouleverse.

Rue Ravensteinstraat 23, 1000 Brussels, Belgium

https://www.facebook.com/klarafestival/videos/1976647999025705/?t=25

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administrateur théâtres

12273273076?profile=originalZoom sur …Rossini

 

Nous voici  à un Gala très bruissant de belles personnalités. Sa Majesté le Roi ALBERT II  et la Reine  PAOLA,  figure emblématique du soutien qu’apporte la famille royale depuis des décennies,   à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, sont dans la loge royale à Bozar, en  ce vendredi 23 mars, veille de semaine sainte. Après une première partie  très bien réglée d’un récital de brillants airs de musique profane de  Mozart ( La Clémence de Titus, les Noces de Figaro, La flûte Enchantée…) où l’on a pu apprécier particulièrement  le  charme intense et la fraîcheur de Julia Szproch, soprano, la superbe musicalité de l’intense Katarina Van Droogenbroeck,mezzo-soprano et la très  affirmée Cécile Lastchenko, soprano, ce sont les mélodies sacrées de Rossini qui vont emplir les voûtes de la Belle salle Henry… comme si on était dans une cathédrale! Mélodies Sacrées par leur beauté incandescente, et Sacrées par leur contenu. Rutilantes par leur qualité et en avant-première du Temps Pascal.

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 Voici que dès les premières mesures du Stabat Mater de Rossini, on donne la main en pensée, aux inquiétudes du Requiem de Mozart avec la couleur sombre de l’introduction, les solistes qui semblent se relever d’une flagellation, et traduisent la puissance de la douleur abasourdissante.  Néanmoins, en filigrane du terrible  « Dum pendebat filius » «  Où son pauvre enfant était suspendu ».  On perçoit déjà un désir  joyeux de transfiguration, il est  introduit par les violons.

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Cependant, nous ne sommes pas au théâtre, nous sommes au cœur de la Passion. Bart Van Rijn, prince de la musique,  projette l’énergie du jeune Orchestre d’Anvers tous azimuts. Les instruments sont d’époque. Il y a une fraîcheur, une lumière et une justesse de timbre incroyables.  Les cuivres, brillent plus, les fils d’or des violons scintillent, les  hautbois et les bassons  donnent de la lumière, les trombones et les contrebasses sculptent le drame.

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Un superbe moment de gloire et de jeunesse radieuse est interprété par le très solaire  ténor Pierre-Emmanuel Roubet. Nous voici inondés de félicité comme à l'Opéra. Le Cujus animam est  dans la foulée des  airs du Barbier de Séville ou de Guillaume Tell. La générosité et la vitalité absolue de  l’interprète  sont soudain recueillies par des accords sombres et dramatiques de l’orchestre.

 

Qui est homo… Sophie Sproch et Cécile Lastchenko, l’une des chanteuses belges sélectionnées pour le Concours Reine Elisabeth 2018,  vont livrer la tristesse et l’affliction de toutes les mères et les pères  devant  la perte d’un fils ou d’une fille. La dimension humaine est égale à la dimension sacrée.  Dans le duo  l’admirable mezzo-soprano Sophie Koch, maître de chant à la Chapelle –   qui a interprété récemment le rôle de Mère Marie de l’Incarnation dans Dialogues de Carmélites à la Monnaie–  se montre palpitante,  dramatique, profonde et souple, empreinte d’immense modestie, laissant endosser à   la frémissante soprano Cécile Lastchenko, non seulement les racines de la vie, mais son épanouissement.    Ensemble elles vont ramener la vie dans la mort.   Le chef d’orchestre dirige avec fermeté les pleurs discrets des concertistes. Le deux femmes  soudées par la beauté de la musique,  concluent  par des accords a capella, puis l’orchestre livre  à son tour   l’ampleur de empathique son émotion. 

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Trois frémissements de timbales annoncent les tempi implacables du destin écrit dans le ciel, pour  la superbe basse, Bertrand Duby,  qui donnera le frissonPro peccatis suae gentis Pour les péchés de sa nation « Vidit Jesum in tormentis » – Elle le voit, dans sa Passion « Et flagellis subditum »– Sous les cinglantes lanières…. Le cœur des mystiques bondit de compassion,   et la tendresse musicale fuse en crescendo. Mais à travers l’ivresse de la douleur, l’œuvre fait  fleurir la sérénité. Comme chez Fauré. Du Beau et du Sublime éthéré et diaphane à la fois, greffé sur la douleur humaine et son absolue dignité.

 

Eja, mater, fons amoris, le  solo basse et chœur a cappella  sont pathétiques, suaves, harmonieux, d’une mélancolie touchante, langoureux, allant jusqu’aux larmes,  par la pureté de l’interprétation. On touche l’extase de l’amour.

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Le moment absolu,  Fac ut portem  s’avère d’une architecture éblouissante « ut sibi complaceat », dans un jeu d’échos vivants et magnifiques. On est au cœur du message biblique. Seul l’Amour sauve.    Puis suivront des adresses à la Vierge enflammées comme de l’encens, l’humanité implore sur tapis de pizzicati. Le souffle épique se mêle au religieux, les accents sont brûlants et  finissent par se consumer sur des gestes  apaisants : les caresses du chef d’orchestre. Et après chaque très  beau moment, des bribes d’applaudissements incoercibles s’échappent de mains de spectateurs indociles,  innocents  lampions dans la nuit…

 

On arrive à la fin. L'Inflammatus, où le chœur accompagne la soprano solo déchaîne les  flammes.  Ils sont  dans l’acceptation d’un sacrifice démesuré, la douleur devient ivresse au pied de la croix, lieu de renaissance. Quando corpus morietur… bouleverse au-delà de toute expression.   Prière vibrante, vivante, immortelle. L’Octopus Choir développe à la perfection la pureté et  la dimension céleste.  L’Amen  incarne une fête totale de l’esprit et des sens, avec des rafales successives d’illumination et une élévation vers l’immensité de l’infini…. L’Amour?    L’urgence ou le devoir de  vivre ?  

Music Chapel
Gala Concert – 23.03.2018 – Bozar

Concert d’Anvers
Octopus Choir
Bart Van Reyn, conductor
Sophie Koch, mezzo-soprano
Cécile Lastchenko, soprano
Julia Szproch, soprano
Katarina Van Droogenbroeck, mezzo-soprano
Pierre-Emmanuel Roubet, tenor
Bertrand Duby, bass

Musical Program Gala 2018  

 Le programme offre une très émouvante traduction du texte latin, …dont on aurait d’ailleurs bien aimé avoir pu disposer ! C’est une retranscription romantique du poète flamand Guido Gezelle: 

 

Naast het kruis, met weenende oogen, stond de Moeder, diep bewogen, daar, gegalgd, heur kind aanhing.
Dwers door ‘t midden van heur herte, vol van zuchten, leed en smerte, ‘t scherpe zweerd der droefheid ging.
Ach’ hoe droef, hoe vol van rouwe, was die zegenrijke vrouwe, moeder van dat eenig kind!
Ach! hoe treurde zij, hoe kreet zij, ach! wat boezem pijnen leed zij naast Hem, die zij zoo bemint!
Wie die ook niet weenen zoude, zoo hij ‘t bitter leed aanschouwde dat Maria’s ziel verscheurt’
Wie kan zonder medelijden, Christus Moeder zoo zien lijden, daar zij met haar Zoon hier treurt?
Om de schuld van onze zonden, ziet zij Jesus vol van wonden, heel doorgeeseld, overal!
Ziet zij ‘t dierbaar Kind in ‘t strijden, met de dood, verlaten lijden, eer, eilaas, het sterven zal
Moeder, liefde doet u kwijnen; geef mij deel in al die pijnen, dat ik met u mede ween.
Laat mijn herte nimmer staken, God mij aangenaam te maken, vlammende voor hem alleen.
Maagd der Maagden, mijn gebeden, hoort ze, zonder bitterheden; helpt mijn medelijdend hert
Door de wonden die Hem schonden, Moeder, en aan ‘t kruishout bonden, deele ik zijn pijn en smert
Mocht ik klagen al mijn dagen mocht ik met u smerten dragen, eer mijn sterfdag voorenviel
Mij bij ‘t kruis met u vereenen! met u sterven, met u weenen!is het wenschen mijner ziel
Maagd, der maagden roem en zegen! werk mij in dien wensch niet tegen; gun mij dat ik met u klaag.
Mochte ik eens in Christus’ wonden, zijn verborgen, zijn verslonden,’k ware in ruste: och, hoor mijn vraag!
Mocht ik Christus’ kruise dragen, hebben daarin mijn behagen, heel doordronken zijn, voortaan!
Dan zal Jezus mijns ontfermen, en Gij Maagd, zult mij beschermen, als ik zal voor ‘t oordeel staan.
Laat in Christus’ dood en lijden op dien dag mijn hert verblijden, herontwekken mijne jeugd.
En, als ‘t lichaam komt te sterven,laat mij dan voor eeuwig erven ‘s Hemels weergalooze vreugd. – Amen

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 https://www.stabatmater.info/dutch/  

Stabat Mater dolorosa
Iuxta crucem lacrimosa
Dum pendebat Filius

1

Debout, la Mère douloureuse

Au pied de la croix, en larmes

Où son enfant était suspendu

Cuius animam gementem
Contristatam et dolentem
Pertransivit gladius

2

Et dans son âme gémissante

Inconsolable, défaillante

Un glaive aigu s'enfonçait.

O quam tristis et afflicta
Fuit illa benedicta
Mater unigeniti!

3

O comme elle était affligée, anéantie

La mère bénie

Du fils de Dieu

Quae moerebat et dolebat,
Et tremebat cum videbat
(Pia Mater, dum videbat)
Nati poenas incliti

4

Elle gémissait et soupirait

Et tremblait lorsqu’elle voyait

Les souffrances infligées à son enfant

Quis est homo qui non fleret,
Christi Matrem si videret
In tanto supplicio?

5

Quel homme ne pleurerait pas

En voyant la mère de Dieu

Endurer un tel supplice ?

Quis non posset contristari,
Piam Matrem contemplari
Dolentem cum Filio?

6

Qui pourrait sans tristesse

Contempler la pieuse Mère

Souffrant avec son fils

Pro peccatis suae gentis
Vidit Iesum in tormentis,
Et flagellis subditum.

7

Pour toutes les fautes humaines

Elle vit Jésus livrés aux tourments

Et meurtri par les fouets

 

Vidit suum dulcem natum
Moriendo desolatum
Dum emisit spiritum

8

Elle vit son enfant si doux

En train de mourir dans la désolation

Et rendre son dernier souffle

Eia Mater, fons amoris
Me sentire vim doloris
Fac, ut tecum lugeam

9

O Mère, source d’amour

Fais-moi ressentir la violence de tes douleurs, Fais que je pleure avec toi

Fac, ut ardeat cor meum
In amando Christum Deum
Ut sibi complaceam

10

Fais que mon cœur s’embrase

D’amour pour le Christ mon Dieu

Afin que je puisse lui plaire

Sancta Mater, istud agas,
Crucifixi fige plagas
Cordi meo valide.

11

Exauce-moi, ô sainte Mère

Pose  les  plaies du Crucifié

Dans mon cœur, profondément

Tui nati vulnerati,
Tam dignati pro me pati,
Poenas mecum divide.

12

  De ton  Fils, couvert de plaies

Qui a tant souffert pour moi,

 Partage avec moi  les tourments

Fac me vere tecum flere,
(Fac me tecum, pie, flere)
Crucifixo condolere,
Donec ego vixero.

13

Laisse-moi pleurer comme toi auprès du Crucifié

Tant que je vivrai

Iuxta crucem tecum stare,
Te libenter sociare (Et me tibi sociare)
In planctu desidero

14

Laisse-moi me tenir auprès de la Croix et m’associer pleinement à ton deuil

Virgo virginum praeclara,
Mihi iam non sis amara
Fac me tecum plangere

15

Ô Vierge des vierges,

Ne sois pas amère avec moi

Laisse-moi pleurer avec toi

Fac, ut portem Christi mortem
Passionis eius sortem,
(Passionis fac consortem)
Et plagas recolere.

16

Fais que je puisse porter la mort du Christ, partager ses souffrances  Et vénérer ses  blessures

Fac me plagis vulnerari,
Cruce hac inebriari,
(Fac me cruce inebriari)
Ob amorem Filii
(Et cruore Filii)

17

 

Et que ses propres plaies me blessent

Et que la Croix me remplisse d’ivresse Par amour pour lui

Inflammatus et accensus
(Flammis ne urar succensus)
(Flammis orci ne succendar)
Per Te, Virgo, sim defensus
(Per Te, Virgo, fac, defendar)
In die iudicii.

18

Si je suis brûlé et consumé,

Par toi Ô Vierge que je sois défendu

Au jour du Jugement

 

 

Fac me cruce custodiri
(Fac me cruce sublevari)
Morte Christi praemuniri
(Morte Christi conservari)
Confoveri gratia
(Cumulari gratia)

19

Fais que la Croix me protège

Que la mort du Christ me prémunisse,

Et me remplisse de Grâce

Christe, cum sit hinc exire,
Da per Matrem me venire
Ad palmam victoriae

19a

Christ, quand le temps sera venu de quitter ce monde, donne-moi de venir auprès de toi  par la grâcede ta Mère et d’embrasser les palmes de la victoire 

Quando corpus morietur,
Fac, ut animae donetur
Paradisi gloria. Amen.

Sempiterna saecula.  

Et quand mourra mon corps

Accorde à mon âme la gloire du paradis. Amen Pour les siècles des siècles.  

https://www.stabatmater.info/french/

 

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

Il a remporté le concours Reine Elisabeth en 2013,  il est maintenant en résidence à Flagey et ses liens avec la Belgique sont privilégiés. Il  jouera ce soir  son fameux 3e concerto pour piano de Prokofiev.  Cela se passe  à l’occasion  des  Piano Days à Flagey,  un rendez-vous de l’avant printemps qui devient maintenant une tradition de 5 jours de festival  où se succèdent grands pianistes de musique classique  et de jazz mais également de jeunes virtuoses…  Par élection,  nous avions épinglé le concert du samedi soir, sachant qu’il y participait,  avec au programme :

  • Guillaume Connesson — Kadath & Le soleil couchant (2017)
  •  Igor Stravinsky — L’Oiseau de feu (suite) (version 1919)
  •  Sergei Prokofiev — Piano Concerto no. 3 in C, op. 26

Nous ne serons nullement déçus par  l’exécution brillante, dense et corsée  de l’opus de Guillaume Connesson sous la baguette follement imaginative de Stéphane Denève qui embarque les spectateurs dans un univers  méphistophélique cuivré où se côtoient des plaintess d’âmes en détresse, un cité d’or perdue dans un désert  où pleuvent des cascades de sons en forme de glaçons ou de sable, un éparpillement de voix confuses et des bourdonnements de vie domestique paisible,   avalés par la fièvre subite  d’assauts guerriers sur un rythme de sacre du Néant. Les mesures finales éblouissent dans de sombres ricanements.  Voilà une puissante et fantastique  introduction au conte de L’oiseau de feu créé  par Stravinsky.

 Quelques mots sur l’histoire d’Ivan Tsarévitch  qui aperçoit un jour un oiseau  fantastique fait d’or et de flammes. Il le  poursuit et il réussit  à lui arracher une de ses plumes scintillantes. Sa poursuite l’a mené jusque dans les domaines de Kachtcheï l’Immortel,  une  redoutable  puissance qui s’empare de maints preux chevaliers pour les changer en pierre. Les filles de Kachtcheï et les treize princesses captives, intercèdent et s’efforcent de sauver  le jeune homme. Par chance, l’Oiseau de feu survient et dissipe les  sortilèges. Le château de Kachtcheï disparaît laissant les jeunes filles, les princesses, Ivan Tsarévitch et les chevaliers délivrés …s’emparer des précieuses pommes d’or du jardin. La version 1919  de Stravinsky débute par des murmures fantomatiques, des enlacements tendres et un festin de gloussements et de pépiements d’où émegent et fusent violons et flûte.  Un climat de torpeur solaire s’installe avec  la langueur des cordes  et la harpe rêveuse encadrée par les flûtes.  Stéphane Denève, tout comme dans l’exécution précédente,  ordonne  des frappes fantastiques, une parade de fracassements bercés par le battement élégant des violoncelles. L’expressivité aérienne du chef d’orchestre se transforme en pulsations et en vibrations intenses. Les sons claquent, la terre tremble. Ce qui semble être une apothéose spectaculaire se métamorphose en un filet de sonorités humbles, en courbes souriantes apaisées, illuminées d’or. La forme des plumes magiques?   Le tempo est lent et majestueux, indolent presque imperceptible et se fond dans le chatoiement de la harpe.  Ainsi se clôt la berceuse avant le final rutilant gorgé de vitalité et de couleurs. Le chef d’orchestre est flamboyant.

Et enfin, rencontre avec le musicien de nos rêves, un façonneur de beauté  un architecte virtuose de la musicalité: Boris Giltburg que l’on écoute avec le Brussels Philaharmonic en  troisième partie  de programme, une apothéose. Boris  Giltburg entre dans le jeu du concerto de Prokofiev, bondissant. Il roule des pointillés précis, tresse des notes incandescentes. Evoque des accès de tendresse et de rêve, enlace  des torrents de cheveux d’anges puis se pet è construire de façon trépidante. Il a un tempérament de feu il catalyse des coulées de lave brûlante des éclaboussures sismiques des jaillissements de Stromboli en délire. L’orchestre propose un chant séculaire aux accents paisibles. Boris reprend au clavier, façon séraphique. La promenade se transforme en course d’obstacles  franchis avec grâce, pour déployer un jeu de douceur  et de rêverie lisse et lumineuse.  A travers l’errance,  des paysages s’évanouissent et  la saveur de l’éphémère infuse.  Encore une  reprise de l’aventure paroxystique et un ralentissement subit et le reste est silence…   Les spectateurs sont suspendus au temps.

 

 La  souplesse brillante de l’orchestre entoure les gouttes de bonheurs simples au clavier, leur humilité, leur délicatesse et  l’écoute de L’Univers.  Lorsque le pianiste reprend le thème ou le joue à l’unisson, c’est une véritable amplification poétique qui naît sous les doigts du magicien. Le clavier est devenu une divine monture,  nimbée de voiles transparents et lumineux.  L’aventure musicale, menée dans un train d’enfer à travers la poussière d’étoiles, est fougueuse, maîtrisée  et impeccablement souveraine. Et le jeune virtuose reste,  malgré les applaudissements et l’adoration du public, modeste et heureux de donner encore : deux bis où l’orchestre  entier écoute et savoure,  les yeux fermés deux interprétations à grande intensité émotive : deux  Études-Tableaux  de  Rachmaninov op. 39 - no. 8  en ré mineur et  no. 6 en la mineur. 

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administrateur théâtres

12273270890?profile=originalDernièrement a eu lieu un festival européen au cœur de l’Europe, le festival EuropArt.  « Si tu veux devenir international chante ton pays…! c’est Beethoven qui le dit ! Et le fondateur de ce festival,  c’est … Guillaume Grignard, pianiste, détenteur d'un master en science politique, Directeur Artistique du festival EuropArt, fondateur de Musique en Liberté ASBL, actuellement aspirant chercheur FNRS dans le domaine des sciences politiques. 

Pianiste né en 1987, Guillaume Grignard est diplômé du Koninklijk Conservatorium Brussel, dans la classe de Piet Kuijken. Il s’est formé avec de nombreux pédagogues réputés comme Roberte Mamou, André de Groote ou Jan Vermeulen. Il est également diplômé de l’académie de musique de Péruwelz où il obtient plusieurs distinctions comme élève le plus méritant de son académie. Enfin, il s’est distingué dans certains concours en étant notamment lauréat du concours Charlier. Passionné par le répertoire de musique de chambre, il s’est formé auprès de la violoncelliste Vivianne Spanoghe et du pianiste Thomas Dieltjens. Avec ses partenaires, il s’est produit régulièrement en concert en Belgique et en France. Parallèlement à cela, Guillaume Grignard s’intéresse à l’improvisation. Dès l’âge de douze ans il exécute ses premières compositions et au conservatoire il a pu se perfectionner avec Helmut de Bakker et Boyan Vodenicharov, ce qui a considérablement élargi ses compétences en la matière. Esprit bouillonnant et superactif,  Actuellement, Guillaume Grignard est aspirant chercheur FNRS en science politique…

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La vocation de ce festival européen est de convoquer des  jeunes artistes des quatre coins de notre belle Europe et de constituer une Europe musicale. Les pièces de concert ont un dénominateur commun, être moins connues du grand public et représenter un pays qui nous est moins connu.

 

Le 3 mars dernier, au concert d’ouverture de la 7e édition de ce festival EuropArt,  c’était la république tchèque, la France et l’Allemagne qui étaient au rendez-vous au Musée des instruments de Musique. Ensuite Autriche, Bulgarie Pologne se retrouvaient  à l’abbaye de Forêt.  22 autres pays ont  été représentés sur différentes scènes bruxelloises.   Le 8 mars dernier, le théâtre Mercelis accueillait  le jeune Florian Noack, piano, et le Quartz Ensemble, un quintet à vents qui fête ses 26 ans.

Au programme:

Carl Nielsen (1865-1931) : Quintette à vent (1922)

Blaž Pucihar (1977) : Prima Sonata pour flûte et piano (2003)

Georges Enescu (1881-1955) : Cantabile et presto pour flûte et piano (1904)

Francis Poulenc (1899-1963) : Trio pour piano, hautbois et basson (1926)

Francis Poulenc (1899-1963) : Sonate pour deux clarinettes (1918)

Francis Poulenc (1899-1963) : Sextuor pour piano et quintette à vent (1932)
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Le Quintette à vent, op 43 de Carl Nielsen (1922) pour flûte, hautbois, clarinette, cor et basson donné en ouverture du concert a été une découverte.  Une œuvre sereine et paisible où s’enchainent 11 variations sur un même thème. On est frappés par des sonorités rutilantes, un cor et un basson généreux, une clarinette primesautière, de beaux duos,   des rythmes de violons invisibles gonflés de rires. La clarinettiste nous offre d’ailleurs quelques gloussements farceurs.  Le thème fait penser à une  marche accablante sous le soleil, remplacé furtivement  par des balbutiements futiles de la clarinette, puis  des sarcasmes excentriques,  sur  tempo pressé,  puis se  reconstitue en toute sérénité à la fin du morceau.

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 Partons  à la découverte de la première Sonate pour flûte et piano de Blaz Pucihar (1977). Florian Noack démarre sur un rythme jazzy, le spectateur est tout de suite fasciné par son jeu de  mains sublime. La flûte est toujours aussi farceuse, Notes et trilles acides, douceur et badinerie, Florian Noack fait résonner son instrument.  Le Cantabile et presto pour flûte et piano de Georges Enescu,(1881-1955) enflamme le pianiste, entre l’ardeur d’une narration et la douceur d’une romance. Les mélanges de sonorités avec la flûte  se produisent: ces moments de fusion rares où l’oreille est séduite mais ne connait plus la source…  Après la pause c’est Francis Poulenc (1899-1963) qui tient l’affiche.   

Le trio pour hautbois basson et piano est enjoué, bienveillant et élastique. On passe d’une ample rêverie à des rythmes de films muets bourrés d’humour. Les dialogues sont moelleux, « Deux n’étions et n’avions qu’un cœur… ! » avec des développements mélodiques plein d’esprit. Florian scande la musique avec grande complicité, il a l’humilité nécessaire de l’accompagnateur qui encadre sans écraser. On se laisse gagner par l’émotion si généreusement partagée. Après: La sonate pour deux clarinettes de Poulenc, sorte de parade aviaire décontractée, dont on écoute les hululements nocturnes les yeux fermés.

Ce concert se referme sur Le Sextuor pour piano, flûte, hautbois, clarinette,  basson  et cor, ( 1932). Rivalité de sautillements et de torpeurs langoureuses, les instruments diffusent fumées et alcools,  le pianiste fait naître des notes innocentes avant  que la partition ne plonge dans une effervescence libre de toute contrainte. C’est ludique en diable. Le pianiste ne fait qu’appuyer les vents, se distingue à peine par quelques notes, un glas déguisé, une nostalgie… Un être est solitaire quelque part et pleure en silence. En musique, les larmes sont belles et pourtant, pas un violon à l’horizon !

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Et puis, un bis d’adieu, pur élixir de romantisme sous les doigts de Florian Noack:  le Nocturno de Vadim Petrov, qu’il joue le sourire aux lèvres… et dont il respire le rythme. Nous voilà au coucher de soleil, à Prague, sur le pont Charles?  Ah! Le charme des villes européennes et leurs musiques!

Florian Noack, piano - Ensemble Quartz

https://europart.brussels/festival/

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administrateur théâtres

La Cinquième saison de la « Balade Musicale à Rixensart » va s’achever le jeudi 22 mars avec un « Concert Mozart » donné à l’église de Saint Sixte à Genval avec l’orchestre Piacevole sous la direction de Luc Dewez,  avec la pianiste Anaïs Cassier et la soprano Laura Telly Cambier. L’an dernier, la quatrième saison de la Balade Musicale se clôturait en apothéose avec le Requiem de Fauré dirigé avec brillance par Ayrton Desimpelaere,  depuis deux ans  Chef-assistant, à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, Chef D'orchestre à l’ IMEP Institut Supérieur de Musique et de Pédagogie et au Namur Chamber Orchestra. Il est appelé à une brillante carrière. La 6e saison est en préparation et promet d’être tout aussi chatoyante.

Revenons à cette belle soirée  du 1er mars 2018 qui accueillait Florian Noack au piano pour «  Air avec trente variations »  BW988 « Variations Goldberg » de Jean-Sébastien Bach (1685-1750).

Cette œuvre  phare de Jean-Sébastien Bach est un réel défi dans le parcours d’un jeune musicien, même le plus aguerri. Dans cette œuvre, il ne s’agit pas de vouloir s’affirmer en tant que virtuose et interprète de sentiments romantiques, de narration musicale pittoresque ou de construction fantastique ou dramatique. Il s’agit avec Bach de se mettre  intégralement  dans un état d’empathie et d’écoute de l’œuvre, percevoir ce qu’elle communique et essayer de le transmettre. Il faut pour cela une immense dose de concentration tant pour l’appropriation de la construction contrapuntique  que pour la mise en chantier de chaque variation qui part et revient au même point, chaque variation correspondant à une mesure de l’aria. Le cycle se termine par une réitération de l’aria  laissant penser que tout peut recommencer.  Le pianiste doit être un  trait d’union entre le compositeur et l’œuvre.

Aucun texte alternatif disponible.

L’œuvre au départ conçue pour clavecin utilisait deux claviers. Au piano c’est d’une rare complexité que d’arriver à fondre les deux en un. Ainsi Florian Noack a  préparé ce concert avec le plus grand soin et c’est  la première fois qu’il le présente devant un public. Il a pris le temps de méditation nécessaire pour se nourrir de l’œuvre magistrale. Il explique d’ailleurs que chaque note, chaque nouvelle phrase se nourrit de la précédente, comme dans une édification vivante d’un mystérieux système qui advient minute après minute, sous ses doigts de virtuose. Tout est lien et enchaînement, de la caresse des premières pages de la partition, à  l’énergie dévorante, sans cesse renouvelée et aux sublimes moments d’apaisement. Ce sont les frissons de l’âme qui interagissent et fabriquent la matière musicale. Fermeté, souplesse, le charme inné et non fabriqué de l’artiste se complètent avec bonheur. L’exécution est parcourue de courtes respirations pour que la musique puisse reprendre son envol. Brillante dynamique : les mains se croisent et se décroisent à l’endroit, à l’envers dans un tricotage passionné, habité. Avoir la chance d’être au premier rang dans cette église accueillante donne une proximité inespérée avec le pianiste qui semble palper chaque note avec empressement passionné. Et pourtant le visage ne trahit qu’une intense concentration, seul le corps et le jeu discret de pédales indique les fluctuations de la prestation. Chaque page tournée amène un lot de climats et de couleurs différentes par moment la surprise de notes syncopées, de trilles vaillantes  parmi un bouquet de sonorités pleines. Voici un sablier musical beau et éphémère qui n’est pas sans rappeler les vanités des peintres du 17e siècle.  

Il y a par moments la rencontre de l’énergie lumineuse, les sourdines, l’intimité des ralentis, une innocence d’âge d’or. Would this soothe your pains ? C’est pleinement méditatif et transparent. Puis revient l’approche bouillonnante, les notes  fortement piquées, la volubilité, les tempi accélérés, le toucher moelleux de l’homme envoûté par la partition. Tour à tour on perçoit la recherche, l’offrande, la libéralité. On atteint la nudité de l’essentiel, une élégance de cœur rassasié et un sourire intérieur, éloge de la confiance dans le rapport extra - ordinaire à l’Autre. L’épanchement de Joie où notes de cœur et de tête se confondent, finit par construire une exaltation partagée, dénuée de toute théâtralité,  mais visionnaire de notre condition humaine. Il est évident que ce jeune musicien a su se laisse traverser par le génie surhumain de Jean-Sébastien Bach.

 Un double bis bouleversant est offert... 

il s'agissait de :
Bach -1ère Suite Française en ré mineur, "Allemande"
&

  

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administrateur théâtres

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Y en a qui ont le cœur si large 
Qu'on y entre sans frapper 
Y en a qui ont le cœur si large

Qu'on en voit que la moitié 

Rue des deux gares 1070 Bruxelles, le 26 décembre 2017, les applaudissements gonflés de bonheur  soutiennent  les ovations plus qu'enthousiastes lors de  la dernière représentation de « C’était au temps… » Un spectacle « nostalgie » et « copains d’abord ! »  qui a affiché complet tous les soirs, pendant quinze jours d’affilée!  Un hommage émouvant à la voix du grand Jacques Brel signé Jean-Marie Delattre. Ils sont huit, embarqués dans l’aventure, échoués aux tables d’une  antique guinguette  en plein cœur de Bruxelles qui a traversé le temps,  prêts à faire la fête et à refaire le monde avec le tram 33.

Y en a qui ont le cœur si frêle
Qu'on le briserait du doigt
Y en qui ont le cœur trop frêle
Pour vivre comme toi et moi 

Jef, Madeleine, Mathilde, Eugène et Sancho (Stéphane Oertli, quels airs de  mousquetaire!)  ont rendez-vous chaque année chez Eugène (le truculent Alain Eloy) pour célébrer joies et tristesses. Le texte de Jean-Marie Delattre est léger, bien ficelé et plausible pour qui veut s’adonner au merveilleux, savourer  le retour aux jeunes années,  tendre son cœur à  la féerie  d’une voix mythique retrouvée, entonner des hymnes de  bienveillance qui écrasent  les velléités de  disputes. On se goberge alors de la découverte d’arrangements musicaux  fort adroits et truffés d’humour. Ami, lève ton verre, termine cette année, accueille la nouvelle, la main plus large que le cœur,  ouverte comme « Une île ! » …Au large de l’espoir, Voici venu le temps de vivre...Voici venu le temps d'aimer ! 

Z'ont pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Question de dépaysement, chacun  a pris nouveau départ sous la houlette de Nathalie Stas, metteur en scène géniale et chorégraphe d’exception, puisqu’elle règle les moindres frémissements ou les moindres battements d’œil de son équipe en goguette!  Les comédiens dans l’âme vont se mettre à chanter à  gorge déployée tandis que les brillantes musiciennes jouent la comédie à bras le corps, aussi  lestes  que les demoiselles des parapluies de Cherbourg. O jeunes années!  Leurs mimiques durent des secondes à peine, la palette des sentiments scintille comme la mer sous le vent d’ouest. On a du mal à choisir qui regarder lorsque, de  part et d’autre de la scène, elles se partagent les couplets du grand Jacques. Lune  ou Soleil ?  Madeleine, l'innocence même dans sa robe à jupons 1958 peuplée de citrons,  fait rêver, incarne l’optimisme et la joie de vivre. Mathilde, c’est le spleen, le mystère, la profondeur,vêtue d'une courte chasuble mai 68,  en daim couleur fauve. Qui donc, de Mathilde ou de Madeleine, Marc De Roy jouant Jef, choisira-t-il en fin de compte?  Les chansons de Brel éclosent à fleur de peau, dans la fleur de l’âge, et pourtant, au creux du florilège et des lilas,   …les bonbons, c’est tellement bon! Et les deux musiciennes-comédiennes, Nathalie Delattre et Véronique Sonneville, sont  pétillantes et éblouissantes.

Y en a qui ont le coeur si tendre
Qu'y reposent les mésanges
Y en qui ont le  trop tendre
Moitié hommes et moitié anges

Y en a qui ont le coeur si vaste
Qu'ils sont toujours en voyage
Y en a qui ont le cœur trop vaste
Pour se priver de mirages 

Jovialité, convivialité, rudesses et lucidité et fous-rires animent les  conversations. Le bal des costumes  enchante  l’œil, ranime le temps…. Les  copains d’infortune qui se rencontrent au bistrot des ivrognes finissants parlent du désir amoureux, des ruptures, des racines, des voyages,  des femmes, des bourgeois, des vieux, des cons, des cocus. Ils boivent, dansent tangos, rumbas et  valses,  et chantent tous divinement! Le décor  prend vie intense. La scénographie de Francesco Deleo est de la partie, comme au Théâtre des Galeries ! Comme un  puissant rivage musical  le trio orchestral plonge dans les époques et borde remarquablement cette île du passé, où règne Eugène en tablier ! Le réverbère rappelle les amoureux de Penney, même époque, l’aubette fait refuge pour amoureux, et la bière coule à flots.

Z'ont pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

Une comédie musicale est sortie de l’œuf, fraîche, lumineuse, gonflée de vent d’ouest, bourrée de vitamines. La voix du grand Jacques revient par moments avec une langueur océane,  portée par le large,  comme une vague, reprise avec amour par la troupe de saltimbanques comblés par le bonheur de jouer. Ils ont su polir le  bijou poétique de mille facettes nouvelles et faire œuvre magnifique de transmission. On se prend alors à rêver aussi aux madones du grand Georges,  son grand ami : Jeanne, Hélène et ses sabots, et le petit cheval toujours devant ! Cela devrait pouvoir s’écrire aussi… non ?  On en a déjà des larmes et des fleurs aux yeux.

Y en a qui ont le cœur dehors
Et ne peuvent que l'offrir
Le cœur tellement dehors
Qu'ils sont tous à s'en servir

Celui-là a le cœur dehors
Et si frêle et si tendre
Que maudits soient les arbres morts
Qui ne pourraient point l'entendre

A pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris

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La troupe au complet du Spectacle "C'était au temps", la comédie Musicale qui a fait Brusseler du Grand Brel ! — with Stijn Bettens, Marc De Roy,Pierre Plume, Jean-marie Delattre, Anne Creuen,Nathalie Delattre, Véronique Sonneville, Stéphane Oertli, Alain Eloy and Pauline Oreins at Le Fou Rire Théâtre.

http://brel-cetaitautemps.be/wp-content/uploads/2017/11/Brel.dossier.2017-11-23.pdf

 

http://brel-cetaitautemps.be/equipe/artistes/

https://cetaitautemps.be/

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administrateur théâtres

Stabat Mater, opus 58  Antonín  Dvořák (1841-1904) œuvre pour soli, chœur et orchestre

Cécile Lastchenko- soprano
Pauline Claes - mezzo
Sébastien Romignon-Ercolini - tenor
Kris Belligh - Bariton
Namur Chamber Orchestra

Direction:Ayrton Desimpelaere


Grand concert de la Régionale A Cœur Joie de Bruxelles sous la direction d' Ayrton Desimpelaere, au profit de l’ASBL « Camp de Partage »

Le jeune chef belge Ayrton Desimpelaere (né en 1990) fait partie  d’une génération montante d’artistes qui se retrouve comme par enchantement dans les salles les plus prestigieuses.  Le jeune maestro talentueux a eu l’occasion de diriger la demi-finale du Concours Tchaïkovski à Moscou en 2015 devant un jury prestigieux présidé par Valery Gergiev et retransmis  sur Medici.tv. Au cours de la saison 2016-2017 il a dirigé la Flûte Enchantée  en version à vocation pédagogique, à L’Opéra Royal de Wallonie où il a eu l’occasion bénie de pouvoir côtoyer tout au cours de l’année,  d’immenses personnalités du monde musical, grâce à son assistanat dans la direction d’orchestre. Depuis 2015, il assure la direction du chœur de la régionale A Cœur Joie de Bruxelles composée de 180 choristes et depuis 2014 il dirige un répertoire d’œuvres sacrées lors des  stages de Chant choral à Loos (France) qui rassemble chaque année une centaine de choristes. Cette année l’œuvre sacrée choisie est La petite messe solennelle de Rossini.  Dernièrement, il a également dirigé lors du Singing Brussels Celebration Weekend à Bozar,  660 élèves issus d’une vingtaine d’écoles primaires bruxelloises interprétant  l’œuvre musicale originale imaginée pour le projet Cantania par le compositeur belge Jean-Philippe Collard-Neven.

Pour ce  prodigieux Stabat Mater, Le NCO (Namur Chamber Orchestra), une formation de 12  jeunes musiciens issus des Conservatoires royaux belges  et qui s’est produite dans de nombreux festivals belges ainsi qu’en France, s’est  augmenté de musiciens professionnels  supplémentaires pour former un orchestre symphonique sous la baguette de leur chef Ayrton Desimpelaere qui dirige également l’immense cohorte musicale des choristes de  la formation A Coeur Joie. Les bénéfices du concert iront généreusement au profit de l’ASBL «Camp de Partage». Quatre solistes éblouissants complètent le tableau : La soprano Cécile Lastchenko (°1989), La mezzo-soprano Pauline Claes, le ténor Sébastien Romignon Ercolini et la basse Kris Belligh.

La version initiale pour quatre solistes, chœur et piano a été composée par Dvořák après la mort de sa fille Josefa en 1875. Il a ensuite mis le travail à l'écart sans l'orchestrer. Peu de temps après, il a perdu deux autres enfants en 1877. À ce stade, il est retourné au manuscrit qu'il avait  abandonné l'année précédente pour composer l’œuvre orchestrale.


Le texte  latin du Stabat Mater  date  du milieu du XIIIe  siècle, mais  les sentiments évoqués dans  ce poème ont une valeur intemporelle.  Le moine franciscain qui l’a écrit et dont l’identité n’est pas certifiée, a trouvé son inspiration religieuse dans la souffrance de Marie au pied de son Fils cloué sur la croix. Ce texte  ainsi que le traitement  musical que  Dvořák a composé  nous touche profondément et exprime l’universalité  notre compassion avec la souffrance  de l'homme.

 

Le concert s’est donné dans la salle Henry le Bœuf  du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles le 10 juin 2017. Ayron Desimpelaere a su équilibrer les différentes interventions, chœur, orchestre et soli. De terrestre, - ce que pense le jeune chef de la version  qu'il a livrée -   son interprétation apparaît à certains moments purement cosmique et reflète une force bouillonnante de synergies qui fusent  dans la fresque chorale monumentale. Le chœur très nombreux d’amateurs ne déçoit pas - rien d’approximatif ou d’hésitant -   il est  très à la hauteur. Il est  juste sans doute regrettable  que le concert n’ait probablement pas été enregistré.

Le jeune chef  a su insuffler à son orchestre une belle dynamique empreinte de tension dès le prélude où le crescendo lugubre aboutit  rapidement dans un paroxysme apocalyptique pour être ensuite adouci par des bois aux sonorités très pures. Les constructions successives sont monumentales.   Le Quis est Homo est magnifiquement débuté par Pauline Claes et rallié avec émotion profonde par le tenor Sébastien Romignon-Ercolini  pour aboutir avec souplesse dans un quartet bien balancé.  La désolation est absolue dans la voix de  basse de Kris Belligh. Difficile de ne pas être frappé par la tristesse.  Le public peut  dès lors accompagner mesure après mesure  le Eia Mater Fons Amoris qui  diffuse tout au long du chemin de douleurs, douceur et cris de colère à travers des vagues de pleurs océaniques… Fac Ut Ardeat Cor Meum est magnifiquement conclu par Kris Belligh. La salle entière accompagne les souffrances du Crucifié, les yeux fixés sur les mains du maestro qui  sculpte la douleur.

Le chœur peut alors se lâcher dans la puissance de la  tendresse, un sorte de berceuse cosmique: Tui Nati vulnerari dont la deuxième partie résonne comme une marche triomphale, cuivres et percussions à l’appui, vents pleins d’espérance.  C’est  ensuite le tour du ténor Sébastien Romignon-Ercolini aux accents très romantiques  méditerranéens qui dans le  Fac me vere tecum flere,  arrache des larmes par sa juste et belle entente avec le choeur. La salle est  définitivement conquise et attend avec impatience  son duo avec l’exquise tendresse de Cécile Lastchenko : Fac ut portem Christi mortem…  Le timbre est chaleureux, la voix est souple et les aigus bien ronds sont  assurés. 

Le quartette et le chœur et l’orchestre  concluront dans  une  puissance resplendissante magnifiquement édifiée par Ayrton Desimpelaere où se combinent, implorations respectueuses, enracinement de la force de la foi, silence, et confiance joyeuse dans la danse des anges et le triomphe absolu  de l’amour. Les voix a capella des hommes et des femmes, puis l’orchestre seul et les derniers Amen s’évanouissent avant l’A Dieu final.  Les applaudissements de bonheur éclatent de toutes parts.

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 Sachez finalement que  le maestro, après avoir pris le micro pour des émouvants remerciements pour la collaboration généreuse de tous ses partenaires et de toutes les personnes qui ont soutenu ce fabuleux projet,  offre  en bis ce que son cœur lui dicte et ce que le public attend secrètement: Eia Mater Fons Amoris.

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http://www.bozar.be/fr/activities/125430-stabat-mater-de-antonin-dvorak 

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https://www.rtbf.be/musiq3/actualite/musique/detail_la-matinale-invite-du-15-06-ayrton-desimpelaere?

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administrateur théâtres

Hommage à Philippe Herreweghe

 

02.05.2017 — 20:00
La Grande Salle Henry Le Bœuf accueille la célébration
des 70 ans de Philippe Herreweghe,
une toute grande
figure de notre scène musicale belge.
 
Le Collegium Vocale Gent, l’Anvers Symphony Orchestra, Bozar,
deSingel AMUZ et Outhere Musique:
avec qui ce prince de la musique a toujours eu une relation étroite et privilégiée
ont uni leurs  talents pour mettre sur pied ce soir, en son honneur,
un festival d'un soir, plein d’humour et de poésie...

 

 Les artistes :

Christoph Prégardien direction & chant
Collegium Vocale Gent  choeur
Patricia Kopatchinskaja violon
Steven Isserlis  violoncelle
Marie-Elisabeth Hecker  violoncelle
Andreas Brantelid  violoncelle 
Damien Guffroy contrebasse ​
Martin Helmchen piano

Edding Quartet
Christoph Schnackertz 
piano 


Le programme
Bartok (1881-1945) Sonate pour violon seul Sz. 117, BB 124, ∙ extrait (1944)  
Schumann (1810-1856) Fantasiestücke, op. 73 
Ravel (1875-1937) Sonate pour violon et violoncelle, ∙ extrait (1922)
Schubert (1797-1828) Lieder ∙ sur des poèmes de Johann Wolfgang Goethe Schubert Quintette à cordes, en ut majeur, D. 956, ∙ extrait (1828)  
Dvořák (1841-1904) Ze Šumavy, op. 68
Schubert An die Sonne D 439 ∙ sur un poème de Johann Peter Uz (1816)
Mendelssohn-Bartholdy(1809-1847) Psalm 'Warum toben die Heiden' 
Schubert Die Geselligkeit 'Lebenslust'

Ce sont  tous de jeunes instrumentistes, chanteurs et chef d’orchestre  qui  sont là pour  rendre à  Philippe Herreweghe un hommage musical particulièrement  vivant et chaleureux. En effet, la violoniste Patricia Kopatchinskaja et le pianiste Martin Helmchen ont tous deux signé des enregistrements à ses côtés. La jeune violoncelliste au toucher délicat, Marie-Elisabeth Hecker, s’est également illustrée sous sa baguette, de même que le contrebassiste Damien Guffroy, membre de l’Orchestre des Champs Elysées. Steven Isserlis, violoncelliste proche du Gantois, partage avec ce dernier une véritable passion pour Schumann. L’Edding Quartet a enregistré deux albums pour le label Phi ; il se joint à Andreas Brantelid dans le très touchant Quintette de Schubert, pièce maîtresse de ce concert, très émouvante dans ses timbres et ses couleurs. Merveilleuse institution de Herreweghe, le Collegium Vocale Gent est aussi présent et se place pour chanter, en cette occasion si particulière, sous la direction de Christoph Prégardien, avec Christoph Schnackertz au piano  une partition surprise. Il s’agit du  Happy Birthday pour piano, cordes et voix d’Arnold Bretagne (1976) un ensemble humoristique de variations sur le thème bien connu. La salle entière ne se fera pas prier pour participer et ensuite acclamer Philippe Herreweghe qui n’a pas pu résister à sauter sur scène pour remercier l’assemblée, égrenant en quatre langues quelques historiettes savoureuses sur le temps qui passe sans rider l’âme ni le coeur…

 
En 1970 Philippe Herreweghe, encore étudiant, fondait le chœur du Collegium Vocale Gent. Ce fut le début d'un itinéraire fascinant  pour le chef et son ensemble acquérant une renommée mondiale et  exerçaient une  de nouvelles approches par  leurs interprétations de Bach. Herreweghe a fondé ensuite d'autres ensembles, tels que  la Chapelle Royale de Paris (1977) et l'Orchestre des Champs-Élysées (1992). Il est aussi la cheville ouvrière de divers festivals de  musique, comme  celui de Saintes en France et le  Collegium Vocale Crete Senesi en Italie. Depuis 1997, Philippe Herreweghe a joué un rôle actif à  l’Antwerp Symphony Orchestra en tant que chef d'orchestre invité principal. Herreweghe est maintenant considéré comme l'un des plus grands chefs de sa génération. Il a maintes fois été  convié comme Chef d'orchestre invité à l’étranger pour des formations prestigieuses telles que  le Concertgebouw d'Amsterdam, l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig ou même l'Orchestre de chambre Mahler.

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Un très beau livre-programme a été édité à  l’occasion des 70 ans de l’artiste.
Et les fans du compositeur et chef d’orchestre, se hâteront de se procurer le tout nouveau coffret de 5 CD label φ
(PHI) qui revient sur la magnifique carrière du gantois. La compilation de 5 CD est constituée d’extraits des plus
grands compositeurs tels que Lassus, Schein, Bach, Beethoven, Mahler, Dvořak ou Stravinsky. Philippe Herreweghe
y livre ses réflexions musicales et personnelles à travers une série d’entretiens réalisés par Camille De Rijck,
regroupés dans le livre-CD. Une iconographie d’archives à découvrir pour le plaisir des yeux et une biographie
réactualisée. En effet, au fil des ans Philippe Herreweghe a construit une importante discographie de plus de 100
enregistrements commencée en 2010 avec son propre label φ (PHI) pour préserver toute sa liberté artistique
au travers d’un catalogue riche et varié.
 

Cette soirée du 2 mai 2017 à Bozar ouvrait  par la même occasion le festival Bach Heritage, dont le commissaire n’est autre que... Philippe Herreweghe. Des musiciens de talent, parmi lesquels Herbert Schuch et Jean Rondeau, et des ensembles renommés se succèderont pour célébrer le Cantor de Leipzig et son immense contribution à l’histoire de la musique. Magnifique programme en perspective, le dimanche 7 mai à 20h, on retrouvera Philippe Herreweghe en compagnie de l'Orchestre des Champs Elysées retransmis en direct depuis la salle Henry Le Boeuf de Bozar, avec Christine Gyselings  qui commentera ce concert, intitulé "L'art de la fugue".  À l’occasion de ce festival,

                                                            (02 MAI ’17 — 21 MAI ’17)

 BOZAR LITTERATURE a demandé à quelques poètes d'écrire un poème portant sur Bach pour la publication "Thirteen Ways of Looking at J.S. Bach".

 

http://www.bozar.be/fr/activities/108706-bach-heritage-festival

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administrateur théâtres

Stabat Mater dolorosa, 
La mère douloureuse se tenait debout

juxta crucem lacrimosa, 
Au pied de la croix en larmes. 

dum pendebat filius 
Tandis qu’on y suspendait son Fils. 

Cujus animan gementem, 
Dont l’âme gémissante 

contristatam ac dolentem, 
désolée et dolente

per transivit gladius 
fut transpercée par le glaive

O quam tristis et afflicta, 
O Combien triste et déchirée

fuit illa benedicta 
fut cette âme bénie

Mater Unigeniti
de la Mère du Fils unique 


Quae mœrebat et dolebat, 
Elle gémissait se désolait

et tremebat dum videbat 
et tremblait à la vue 

nati pœnas incliti 
des angoisses de son Fils divin 

Quis est homo qui non fleret, 
Quel homme n’aurait pleuré

Christi Matrem si videret, 
en voyant la Mère du Christ

in tanto supplicio 
subissant un tel supplice. 

Quis non posset contristari 
Qui aurait pu sans être consterné

Christi Matrem contemplari 
contempler la Mère du Christ

dolentem cum Filio ? 
gémissant avec son Fils ?

Pro peccatis suæ gentis, 
Pour les péchés de la race humaine

vidit Jesum in tormentis 
elle vit Jésus dans les tourments 

et flagellis subditum 
subissant la flagellation 

Vidit suum dulcem natum 
Elle vit son doux enfant 

Morientem desolatum 
dans la désolation 

dum emisit spiritum 
à l’heure où il rendit l’esprit 

Eia mater, fons amoris, 
Mère source d’amour,

me sentire vim doloris 
fais que je partage ta douleur

Fac ut tecum lugeam 
et tes pleurs 

Fac ut ardeat cormeum, 
Fais que mon cœur s’enflamme

in amando Christum Deum 
pour l’amour du Christ-Dieu

Ut sibi complaceam 
afin que je lui complaise 

Sancta Mater, istud agas, 
Sainte Mère, fais aussi 

Crucifix fue plagas, 
que mon cœur s’unisse

cordi meo valide 
aux souffrances du Crucifié 

Tui nati vulnerari,
A ton enfant meurtri

Tam dignati pro me pati,
que je suis digne de m’unir

Poenas mecum divude 
afin qu’il partage avec moi ses peines

Fac me vere tecum flere 
Permets qu’avec toi je pleure

Crucifixo condolere 
pour souffrir avec le Crucifié

Donec ego vixero
et cela tant que je vivrai.

Juxta crucem tecum stare 
Permets qu’au pied de la Croix près de toi

te libenter sociare
je m’associe à toi

in planctu desidero 
au plus fort de ta douleur. 

Virgo virginum prœclara
Vierge entre toutes choisie

mihi jam non sis amara 
qu’à moi jamais douleur aussi amère 

Quis non posset contristari 
ne me soient infligée près de toi. 

Fac ut partem Christi mortem 
Fais que je porte en moi la mort du Christ

passionis fac consortem 
qu’associé à sa passion 

et plagas recolere 
je revive ses souffrances

Fac me plagis vulnerari
Fais que blessé de ses blessures 

Cruce hac inebriari
je sois enivré de sa croix 

Et cruore Filii 
et du sang versé par ton Fils 

Inflammatus et accensus
Pour que je ne brûle point des flammes éternelles

Per te,Virgo, sim defensus 
ô vierge protégé,

in die judicii par toi, 
je sois au jour du jugement 

Fac me cruce custodiri 
Christ lorsqu’il me faudra sortir de ce monde 

Morte Christi prœmuniri
permets que conduit par ta mère j’accède

Confoveri gratia 
à la palme de la victoire 

Quando corpus morietur 
Quand mon corps mourra

Fac ut animae donetur 
fais que soit donné à mon âme

Paradisi gloria 
la gloire du Paradis.

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Le Stabat Mater de Pergolesi, part à la rencontre de cette méditation extraordinaire sur la douleur de Marie devant le supplice et la mort de son fils, composée par le moine franciscain Jacopone da Todi au XIIIe siècle. Cette œuvre ne cesse de vous mettre encore et toujours les larmes aux yeux… huit siècles plus tard. Dans sa mise en musique, J.B Pergolesi nous donne à scruter nos consciences et à envisager toute chose qui dépasse l’humain et le délivre de son orgueil insensé. C’est en 1736, à l’âge de 26 ans et tuberculeux que Pergolesi composa cette dernière œuvre dans un monastère près de Naples, avant d’y mourir.

 Quis est homo qui non fleret,

Matrem Christi si videret

in tanto supplicio?

Quel homme sans verser de pleurs

Verrait la Mère du Seigneur

Endurer si grand supplice ?

Un texte et une musique poignants mis délicatement en chant choral par Anthony Vigneron avec ses solistes professionnels qui composent l’Ensemble Vocal de l’abbaye de la Cambre. Des voix délicieuses... Julie CalbeteCoenjaerts Marie-Laure Gilles Thomas et Anne Hélène Moens que nous avons découverte à l'occasion de ce concert, puisqu'elle y tenait le rôle de soliste principale.

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L’orchestre nous est venu de Budapest: le Concerto Armonico.  Ce sont de jeunes étudiants, qui jouent sur instruments d’époque et qui n’hésitent pas à démontrer par mille œillades de connivence, qu’ils s’amusent franchement lorsqu’ils jouent ensemble. Une très bonne chose d'ordinaire, mais là, l'allégresse n'avait rien de spirituel. Il semblait que le premier violon était particulièrement porté sur la badinerie avec des comparses dans la salle … Une hilarité tout de même assez dérangeante devant la douleur humaine qu’exprime cette belle œuvre de Pergolesi. Il en était de même -  et de façon encore plus évidente -  hors de la surveillance d’Anthony Vigneron, lors les deux cantates de Bach qui ont précédé le Stabat Mater: "Ich habe genug" BWV 52 et" Non sa che sia dolore" BWV 209.  Celles-ci illustraient bien  la joie intense de cette victoire éclatante sur la mort qui imprègne l’antienne du Laetare de l’office du dimanche précédent, ainsi que l'avait souligné le père Tanguy en début de concert. Ce qui n’est quand même pas une raison suffisante pour …presque chahuter en jouant de vos violons, chers musiciens de Budapest !

Tout comme le Stabat Mater, le texte de Bach est lui aussi empli de profondeur: "Aber dort, werd ich schauen süssen Friede, stille Ruhe!" "Da entkomm ich aller Not, die mich noch auf der Welt gebunden". Le texte italien n'est pas moins poignant: "Non sa che sia dolore chi dall' amico suo parte e non more. "

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Soulignons tout de même l’admirable et exquise exécution à la flûte de Jean Michel Tanguy, élève de Jean Pierre Rampal, lauréat de Genève, ancien soliste de l’Orchestre National de Belgique et professeur à la Hochschule de Mannheim, qu’il nous a été donné d’écouter aux côtés du claveciniste très inventif …Miklos Spanijl qui dirigeait l’orchestre pendant ces très belles cantates de Bach.

520498981.jpg?width=300Un événement exceptionnel avec l'orchestre Concerto Armonico Budapest et l'Ensemble Vocal de l'Abbaye de la Cambre sous la direction d'Anthony Vigneron Au programme: Stabat Mater Œuvre musicale de Giovanni Battista Pergolesi Cantates de J.S Bach Ich habe genug BWV 82 Non sa che sia dolore BWV 209

Les photos d'Arts et Lettres:

 https://www.facebook.com/pg/plusde500billetsdeDHL/photos/?tab=album&album_id=1190678201059378

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