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concert (104)

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Les concerts de Chambre de l’Orangerie de Seneffe12272747075?profile=original

 

                         Ils se donnent chaque été dans le domaine du Château de Seneffe. La session 2012 a commencé à bureau fermé, c’est dire le succès remporté par cette festivité de charme et de beauté musicale. Le jeudi 19 juillet, « Brillant et Virtuose » a réuni  des compositeurs et des interprètes prodigieux. Fauré, Saint-Saens et Beethoven avec rien moins que Lorenzo Gatto et Jean-Claude Vanden Eynden. Le lendemain « Fêtes Nocturnes »  réunissait Schubert, Brahms, Michel Lysight - une première mondiale - et Martinu avec six artistes d’exception. Les sons du violon et du piano se sont invités avec leurs comparses dans les cœurs qui  ont vibré sous l’archet dynamique de la  talentueuse de Véronique Bogaerts et gémi avec la violoncelliste extraordinaire Marie Hallynck. La créative Sophie Hallynck nous a joué de la harpe d’une  façon innovante et inoubliable. Les musiciens masculins  n’étaient pas en reste avec le jeu subtil au piano de l’impétueux Muhiddin Dürrüoglu, la clarinette pleine de verve de Ronald Van Spaendonck et Vincent Heppe, alto aux modulations élaborées tantôt romantiques, tantôt mutines.

Mais le morceau qui a retenu particulièrement notre attention est cette pièce composée en 2010 par notre compatriote Michel Lysight appelée « Oxymores ». Une musique qui remplirait d’aise Claude Debussy qui trouve que la musique « doit chercher humblement à faire plaisir au public ». Le premier mouvement débute dans des gazouillis qui s’affrontent et se font des pieds-de-nez, clarinette vs violoncelle. Le piano intervient pour remettre un peu de sérieux sur scène. Rappelée à l’ordre, le violoncelle bascule dans une complainte jusqu’aux tréfonds de la gravité. Bien sûr la clarinette prend le contrepied ! Fâcherie syncopée du piano, moquée aussitôt par les deux instruments de mèche. Gloussement indigné du piano et chacun joue ensemble et tout seul. L’oxymore dans toute sa splendeur. Silence assourdissant du public, créativité muette du compositeur.  Le deuxième mouvement change de tempo car le piano a pris les rênes d’une mélodie triste, doucement musée par la clarinette puis par le violon. Les instruments s’entendent sur la tristesse. Le thème lancinant produit de purs soupirs. Un canon à trois voix émerge mais les dissonances sont dans l’air. L’air de rien, ils s’écoutent et des pizzicati en forme de gong scandent le diminuendo. Le troisième mouvement est fait de bulles sèches (oxymore, tu nous tiens !) au piano puis à la clarinette et enfin sous les doigts de Marie Hallynck. Les notes pointées s’accordent avec humour et frénésie. L’interaction  subtile de la partition, des interprètes et du public forme un moment musical inoubliable. Et des applaudissements nourris saluent cette première mondiale. Le compositeur Michel Lysight qui est présent est sans doute ravi.

« Fêtes Nocturnes » (1959), de Bohuslav Martinu est une pièce non moins intéressante et réunit les six artistes. « Yavait-t’une ville » de Nougaro s’insinue dans l’introduction. De subtils mélanges de timbres piano et harpe chatouillent l’imagination tandis que les cordes font superbement bande à part à la façon d’un antique folklore Ecossais ou Irlandais. La clarinette s’insinue dans les pauses et le piano a ri, d’une seule dent. Au deuxième mouvement la harpe sonne le glas, les violons gémissent la clarinette succombe. Puis la harpe se transforme en guitare, Fêtes Galantes ? Les ondes du piano s’y mêlent. C’est Beau. Place aux autres : les  cordes. Un vent s’engouffre par toutes les fenêtres et fait voler les mousselines. On est décidément dans le Lake District avec Keats. Mélancolique, son dernier souffle peut-être. Le troisième mouvement est fantastique, de la berceuse à l’appel au clairon… de la harpe. Souvenirs de boléro de Ravel, Sophie Hallynck, la harpiste frappe les cordes avec un battoir. C’est un mode de Niebelungen ou de Little People façon Murakami (1Q84) qui pirouettent devant un public médusé. Le dernier mouvement rejoué en bis entraîne encore plus d’applaudissements. Une nocturne musicale hors du commun, venez donc  emprunter cette sente magique l’an prochain ! Le plaisir durera jusqu’au dimanche et peut-être au-delàs. 

Préparez-vous à venir écouter les concerts « Classics &Classics »  organisés aussi par L’Orangerie asbl. Ils  se déroulent pendant tout l’automne à Bruxelles  dans la  D’ieteren Gallery. Ils proposent de découvrir des chefs-d’œuvre musicaux et de caresser des yeux  les très belles carrosseries du temps passé.

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administrateur théâtres

Enfin la clôture des activités scolaires ? Cool!

                                                                                        Venez vous réjouir  au festin  de la  musique espagnole dans un lieu bien de chez nous : à FLAGEY, du 29 juin au 1er juillet.  TOUTES LES ESPAGNES depuis  son âge d’or jusqu’à nos jours…seront rassemblées  lors du FESTIVAL MUSIQ’3 – FLAGEY - FESTIVAL DE WALLONIE 201212272816890?profile=original

 

 Leonardo García Alarcón est l’invité d’honneur du Festival de Wallonie 2012. C’est en compagnie de ses trois ensembles - Clematis, Cappella Mediterranea et le Choeur de Chambre de Namur – qu’il inaugurera cette édition 2012.

 

Né en 1976 à La Plata en Argentine, il commence ses études de piano à 6 ans. A l’âge de 14 ans, sa participation à un ensemble sur instruments d’époque lui permet de se familiariser avec la pratique de la basse continue, pour s’adonner ensuite au clavecin et à l'orgue. Poursuivant l’étude du piano, il entreprend parallèlement des études de direction d'orchestre à l'Université Nationale de La Plata. En 1997, il s’installe en Europe.Il a étudié le clavecin et l'orgue, et a été assistant de Gabriel Garrido pendant de nombreuses années, avant de fonder son propre ensemble, la Cappella Mediterranea, avec lequel il a donné des concerts dans de nombreux festivals, en particulier au Festival d'Ambronay. À la suite de la représentation de Il diluvio universale de Michelangelo Falvetti (1642–1692), il reçut la médaille de citoyen d'honneur d'Ambronay. Le CD enregistré à cette occasion remporte le Diaposon d'or, du mois d'octobre 2011. Leonardo García Alarcón enseigne au Conservatoire de Genève et effectue en parallèle des recherche sur le jeu de la basse continue au XVIIe siècle. Il a repris la direction artistique du Chœur de Chambre de Namur en 2010. Il partage la direction de l'Ensemble Clematis avec la violoniste Stéphanie de Failly.

 

Au cours du festival vous pourrez aussi apprécier l’intimité du clavecin du Padre Soler par Diego Ares. Les sonorités métissées des chants judéo-andalous de La Roza Enflorese, l’amour sorcier de Falla, ainsi que le jeu d’Oxalys et du trio Amparo Cortes. Les voyages dans les déserts d’Andalousie ou dans les toiles de Goya que nous font faire les pianos d’Albéniz ou de Granados, sous les doigts de leurs meilleurs interprètes (Luis Fernando Perez, Javier Perianes, Angel Sanzo).

 

 

Un rendez-vous d’instrumentistes des plus variés :

En tête les gambistes Jordi Savall et Philippe Pierlot, les violonistes Lorenzo Gatto, Shirly Laub et Mira Glaudeanu avec l’Orchestre baroque du Conservatoire, les pianistes Brigitte Engerer et Boris Berezovsky, le guitariste Milos Karadaglic, le Ricercar Consort, les clarinettistes Benjamin Dieltjens et Ronald Van Spaendonck, l’Ensemble Astoria, les violoncellistes Marie Hallynck et François Salque, les accordéonistes Christophe Delporte et Vincent Peirani, sans oublier le bandonéon de Manu Comté … et bien d’autres encore...

 

Enfin, Le Festival Musiq’3, c’est aussi, des dizaines de brillants musiciens, étudiants du Conservatoire de Bruxelles en formation de chambre ou d’orchestre, des animations, flashmobs, ateliers, concerts de jazz, films, expositions,

… et des spectacles pour enfants tels une histoire du piano par Eliane Reyes et Bruno Coppens ou un Homme de la Mancha concocté spécialement pour les familles.

 

Pas de fête sans la danse, elle aussi à l’honneur : Boléro, Fandango,Habanera, Mambo, Flamenco résonneront à tous les étages, tandis qu’un marathon du Tango réunira des danseurs venus des quatre coins de l’Europe.

 

 

Trois jours d’intenses émotions en ce début d’été. C'est l'embarras du choix, quels que soient vos goûts musicaux, difficile de trouver mieux pour commencer la période de vacances estivales.

 

 Rendez-vous sur le site pour télécharger le programme complet.

INFOS & TICKETS 02 550 13 30 - 02 641 10 20 www.festivalmusiq3.be

Date et lieu : du 29/6 au 1/7 - Flagey – place Sainte Croix – 1050 Bruxelles

La suite? dans les commentaires, par vous et moi! A bientôt!

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administrateur théâtres

les Midis Minimes (Conservatoire royal de Bruxelles)

Gagnez vos places pour les Midis Minimes

Du 02 au 31 juillet, à 12h15, au Conservatoire royal de Bruxelles

 

Pour sa 26ème édition, les Midis-minimes débutent avec un concert d’ouverture qui associe le Quatuor Danel, un des plus grands quatuors d’aujourd’hui, et le jeune et talentueux Quatuor Alfama, pour l’irrésistible Octuor op. 20 de Mendelssohn !


La suite des concerts traduira cette même jubilation des artistes à explorer les répertoires et les effectifs selon des approches neuves et créatives, en faisant jouer librement les affinités et les coups de cœur, depuis les chants immémoriaux de la Sibylle ou la musique traditionnelle sénégalaise jusqu’aux quatuors de Chostakovitch ou encore au lumineux Souvenir de Florence de Tchaïkovski, ultime concert de l’été…


Concrètement, y aura-t-il quelque chose de changé ? Rien pour le public ni pour l’équipe si ce n’est le sentiment que tout ce qui fait la personnalité des Midis-Minimes continue à se déployer naturellement, avec une programmation captivante et variée – toujours déclinées selon les cinq jours de la semaine –, accessible au plus grand nombre dans les meilleures conditions d’écoute et pour un prix inchangé.

http://www.midis-minimes.be/fr/calendrier.php


Mais, de façon plus immatérielle, il règnera sans doute ce sentiment heureux de savoir que les musiciens – dont certains sont des partenaires de la première heure – trouveront au festival une plus grande reconnaissance de leur travail et de leur art. Pour tous, la fidélité aura porté ses fruits.

A partir de 2012, et pour une durée de 4 ans - soit la durée de son prochain contrat-programme – il voit la subvention de la Fédération Wallonie-Bruxelles augmenter de façon substantielle. Cette augmentation profitera directement à ceux qui, depuis la fondation du festival, en 1986, se sont constitués comme ses premiers mécènes: les artistes. Au lendemain des festivités de notre 25e anniversaire, cette hausse de subvention atteste aussi la confiance des pouvoirs publics en l’avenir du festival et nous permet de repartir pour 25 ans (au moins) !


MUSIQ'3 VOUS OFFRE DES PLACES !

http://www.rtbf.be/musiq3/concours/detail_gagnez-vos-places-pour-les-midis-minimes?id=35273

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Il était une fois une Sonate  en trois mouvements : Allegro appassionato, Moderato cantabile et Orlando furioso. Ou la construction en  trois parties de ce mémorable concert donné à la salle Henry le Bœuf , salle comble, devant la famille royale en conclusion du prodigieux concours de violon Reine Elisabeth 2012 dont c’est la 75e édition. Trois concurrents extraordinaires: une Amazone Coréenne bleue, un Prince Japonais et un Titan de Russie. Jouer c’est se surpasser. C’est ce que les trois jeunes artistes ont fait, tenant en haleine un public captivé. Trois concerti monumentaux sous la baguette virevoltante de Michel Tabachnik, musicien éclairé débordant de vitalité. Au Programme :

- Concerto Nr 1 en sol mineur op 26 de Max Bruch, soliste: Shin Hyun Su, troisième lauréate

- Concerto  en mi mineur opus 64 de Félix Mendelssohn, soliste: Narita Tasuki, deuxième lauréat

- Concerto  en ré majeur opus 35 de Tchaikovsky,  soliste: Andrey Baranov, premier lauréat

Allegro Appassionato 

Shin Hyun Su assume un phrasé incisif qui tranche avec le puissant murmure de l’orchestre que Michel Tabachnik conduit avec une  souplesse virevoltante. Le voilà, tempérant les cors anglais, insufflant du  recueillement avant la vague passionnelle qui précède le premier solo de la tragi-musicienne. Celle-ci, Tantôt extrait des intonations salées comme des larmes de son instrument, tantôt et offre un déferlement de musicalité. Dans l’Adagio, elle sait aussi faire sourdre tout en finesse, comme un ruisseau invisible, des modulations romantiques de son archet. Les commentaires de l’orchestre se nourrissent de gravité une pluie de pizzicati évoque les tressaillements d’une invisible harpe. La musique, serait-ce faire ressortir l’invisible? Les quatre cors et les deux trompettes jettent soudain une amplitude de tonalités qui repoussent au loin tous les horizons. Le rêve et la sérénité lumineuse se sont installés. Le moment de grâce se termine sur deux petites notes descendantes. L’Allegro energico porte bien son nom : jeu subtil de  l’exultation victorieuse. L’Amazone bleue est en parfaite symbiose avec l’orchestre dont le cœur bat la chamade. Les percussions scandent un final glorieux. Tout est dans le geste du dernier coup d’archet.   

Moderato cantabile

Narita Tasuki émeut par sa grâce, son élégance et sa virtuosité tranquille. Un seigneur de la musique qui explore la partition avec aisance et maîtrise. Le duo avec les vents est empreint de tendresse et de générosité. Le musicien produit des respirations lentes  et des sommets délicats. La transparence de la porcelaine. Sa créativité artistique s’imprime dans la flexibilité  de son corps. Se prend-il pour un roseau dansant au gré du ruissellement des clarinettes ? Deux cors et deux trompettes brillantes soudain se liguent pour préparer l’écrin du monologue  extraordinairement émouvant du soliste. Son  babillage intime se dépose aux pieds de l’orchestre sous le charme. Dans le mouvement suivant, les plaintes sonores et douloureuses de l’orchestre seront bientôt couvertes par la volubilité juvénile du jeune artiste. Les répétitions en force du cadre dramatique de l’œuvre forcent le soliste à exprimer la chose qui meuble toute son interprétation : l’harmonie. Alors les violons glissent imperceptiblement dans des couleurs bienveillantes. La fin du deuxième mouvement  est une construction séraphique du plaisir. Le troisième se termine dans l’allégresse, la légèreté et l’intensité. Vivacité à l’état pur, perlée de hautbois avant l’estocade finale.

 Et deux splendides bis: le  caprice Nr 1 de Paganini et ...une perle japonaise.

Orlando furioso

La vie est un combat sans merci. Contre le malheur qui imprègne toute chose,  Andrey Baranov forge des sonorités d’une puissance incomparable. Cet athlète musical entraîne l’orchestre dans le dépassement absolu. Ses soli de virtuose sont mouvementés et douloureux. Transfiguré par la musique, il ferait chanter un morceau de marbre ! Paroxystique dans la douceur comme dans la  force. On est dans de l’expressionisme fantastique. Un Titan, dont la concentration est phénoménale et l’expressivité, celle de toutes les Walkyries réunies. Slaves,  bien sûr ! Mystère : la finale égrènera des étoiles.    

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12272812890?profile=originalCe soir, sous la baguette de l’immense AUGUSTIN DUMAY, trois des six lauréats du Concours Reine Elisabeth nous offrent leur rêverie musicale  lors du prestigieux CONCERT DES LAUREATS.

Au programme :

 - Concerto Nr 5 en la majeur KV 219 de Wolfgang Amadeus Mozart, soliste :  Tseng Yu Chien

 - La sonate « Le trille du Diable » en sol mineur de Giuseppe Tartini, soliste : Esther Yoo

- Tzigane (arr. David Walter) de Maurice Ravel, soliste :  Artiom Shishkov

- Poème opus 25 d’Ernest Chausson, soliste : Artiom Shishkov

- Fantaisie sur des thèmes de Carmen de Franz Waxman, soliste : Esther Yoo

Tsen Yu-Chen, 5e lauréat, voltige tranquillement dans les parfums du  concerto de Mozart, cisèle de très belles sonorités. C’est un morceau de bravoure, exécuté avec finesse et maestria. Il alterne intimité et vaillance. Son adagio est plein de légèreté et  il se laisse parfois prendre à la confidence avec le Chef d’Orchestre avant de développer son dernier solo à la façon d’un hommage à la jeunesse éternelle… et invincible ? Même les cors ont été convaincus ! On ressent une sollicitude profonde dans la conduite enveloppante d’AUGUSTIN DUMAY qui entraîne les solistes par-dessus son épaule, comme un premier de cordée puis les laisse à leurs soli avec le respect profond qu’il éprouve pour les jeunes talents.  Bonheur de magister.

L’apparition d’Esther Yoo, 4e lauréate,  dans sa divine robe de  mousseline rouge Carmen cause des remous. La sonate pour violon  de Tartini  qu’elle présente est tout de suite habitée par ce qui fait la beauté et l’intelligence à la fois.  Joyeuse,  elle s’échappe dans des acrobaties ludiques. Le deuxième mouvement mélange majesté et tendresse. Sa virtuosité pétulante emballe des rythmes pressés pour se fondre à nouveau dans des vagues ralenties qui semblent chercher le sens intime des choses. Plusieurs reprises aussi vivantes que  des poissons volants alternent avec la houle romantique profonde, brodée de Ralentandi très étudiés. L’intention poétique est présente, ce qui caractérise un grand violon.  Et la fin est une dentelle d’écume suspendue à la vague qui virevolte en solo devant un public subjugué.

Voici enfin Artiom Shishkov, 6e lauréat dans Tzigane de Ravel. La première phrase est une longue incantation pathétique énoncée… passionnément. Elle se termine sur un souffle qui jette aussitôt des murmures  dans la harpe sertie au cœur de l’orchestre. Reprise tendre qui a tout des souffrances du jeune Werther. Dans la douceur exquise d’une nuit musicale s’élève un chant d’oiseau grave. La harpe aussitôt fait naître une forêt enchantée. Il y a l’apparition de danses autour du feu des violons. Le soliste rend son couplet plus festif. Celui-ci s’éclate en pizzicati miroitants. La joie est communautaire et le violon-étoile, pris de joie, se livre au bonheur de la musique. Le public exulte.

 Après la pause, c’est encore Artiom Shishkov qui joue le  Poème opus 25 d’Ernest Chausson.   Il attend que les profonds roucoulements de cordes repris à l’octave s’estompent pour nous emmener dans une complainte vibrante, reprise par les respirations profondes du tapis de violons. Multes modulations s’enchaînent avant le premier accord. Etonnant. Puis le soliste reprend son chant rhapsodique qui se répercute en mille éclats de sonorités lumineuses. Le plateau musical gonfle comme un gâteau vivant. Cela tremble du côté des violoncelles pendant la progression ascensionnelle du thème. Libération de la mélodie qui s’élève vers des cimes … et plane. C’est tout. C’est beau.

 Acclamée encore, Esther Yoo revient pour interpréter les envolées de Carmen. Le visage  concentré à l’extrême, c’est tout à la fois:  la  fièvre de l’exaltation personnifiée, la facétie, la versatilité, la détermination splendide, le tonus musical et le sentiment d’immortalité. … invincible Jeunesse ?

"La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée" disait Platon.

Une pensée pour vous donc, MADAME qui fêtez ce jour vos 84 ans en même temps que la jeune lauréate, et le 75e anniversaire du concours Reine Elisabeth. Vous, fidèle à la Belgique, fidèle à vos engagements culturels et sociaux. Vive la reine cinquième des Belges ! Coïncidence ou rêverie ? C’est ce soir qu’Esther Yoo fête aussi ses dix-huit ans.  L’orchestre entonne le « Happy Birthday » de circonstance,  repris par le public et, cerise sur la magnifique pièce montée qu’est ce concert, voici Navarra suite espanola, dédié tout particulièrement à la Reine. Les trois lauréats se retrouvent sur l’avant-scène et joignent leurs violons, jouant  à l’unisson. L’orchestre ajoute le souffle chaud de l’Espagne et  de mystérieuses castagnettes. C’est la feria ! Tous debout, les cœurs et les mains se joignent dans des applaudissements généreux et la Reine rejoint la liesse, du bord de sa loge royale.  

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administrateur théâtres

MOZART : Anima Eterna Brugge & Collegium Vocale Gent

Mercredi 30.05.2012 20:00   Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Jos van Immerseel direction - Andrea Brown soprano - Sophie Harmsen alto - Markus Schäfer ténor - Thomas Bauer basse - Harry van der Kamp basse - Anima Eterna Brugge , Collegium Vocale Gent

Au programme : Wolfgang Amadeus Mozart : Grabmusik, KV 42 et le  Requiem, KV 626

 

Oeuvre  de jeunesse et musique sacrée de Mozart peu connue, la « cantate pour la passion », Grabmusik, KV 42,  fut écrite en 1767 alors qu’il avait à peine onze ans. Cette « cantate de la passion » est une survivance du mystère, genre théâtral qui remonte au 15e siècle. Œuvre édifiante, elle possède un texte dans la langue du peuple qui met en scène L’Âme pleurant sur le tombeau du Christ. L’Ange rappelle à L’Âme qu’elle est en faute puisque c’est pour la sauver, que le Christ s’est sacrifié et  a affronté la mort. L’Âme se repend et chante en duo avec L’Ange avant  que le chœur final ne  célèbre le fils de Dieu : «Jesu, wahrer Gottes Sohn ».  Thomas Brauer (L’Âme) et Andrea Brown (L’Ange) forment un duo très équilibré et bien contrasté. Tonnerre puissant, grave et humble face à  un ange presque cajoleur. Les parties orchestrales sont chantantes, douces, délicates comme un écrin de nature paradisiaque.

 

Après la pause voici le  célèbre Requiem de Mozart en ré mineur,  la toute dernière composition de Mozart, commandée par un richissime aristocrate autrichien Franz de Walsegg. Celui-ci prévoyait de faire interpréter le Requiem comme sa propre composition en mémoire de sa jeune épouse, Anna, décédée le 14 février 1791 à l'âge de 20 ans. Négligeant d’y travailler pendant l’été, Mozart mourra le 5 décembre 1791 sans achever cette œuvre commanditée. Sa veuve, Konstanze Weber, tentera l’impossible pour la faire achever par  son élève Süssmayer qui imitera même la signature du maître afin de recueillir la somme promise.

Ces deux œuvres de musique sacrée, l’une juvénile et l’autre empreinte de la réflexion de toute une vie donnent le frisson à maintes reprises. L’orchestration de Jos van Immerseel ( Die Seele : l’âme, dites vous ? ) est poignante.  On est devant un triptyque éblouissant de dynamisme. Il est  composé de 35 musiciens  qui jouent debout, façon solistes, libres de leurs mouvements, en particulier les trompettes. C’est L’Anima Eterna de Bruges qui donne à ce concert texture  et couleurs étonnantes.  Le deuxième volet du triptyque est représenté par un chœur peu nombreux: Le Collegium Vocale de Gand. A peine seize solistes qui semblent tous avoir des partitions particulières et font trembler d’émotion toute la salle Henry Le Boeuf. Le troisième  volet,  expose à l’avant-plan quatre solistes magnifiques. Mention spéciale pour l’autre basse, Harry van der Kamp et Markus Schäfer, tenor. Les deux voix féminines sont celles de Sophie Harmsen et l’angélique  Andrea Brown.  Quatre voix qui composent une harmonie particulière,  quatre directions, comme des points cardinaux qui semblent embrasser la terre entière. Quatre points  qui symbolisent aussi  la croix: horizontalement, l’ouverture à tout peuple de la terre et verticalement,  la transcendance. Ces quatre voix rassemblent tout ce qu’il y a d’humain. On se sera tous retenus d’applaudir après l’exultation du « Sanctus » qui n’est pourtant pas de la main de Mozart. Il faut croire que maître et élève se complétaient à la perfection, l’illusion est totale. Dans le «Benedictus » il y  a une sensation profonde de paix universelle, d’harmonie, tous conflits éteints : un moment de grâce. Après le lien instrumental, « Hosanna in excelsis » est la conclusion naturelle.  Le «Lux Aeterna », est la finale étincelante du concert : « Et lux perpetua luceat eis ». Le public se lance dans des salves d’applaudissements  mémorables en hommage à une musique rayonnante.

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Murray Perahia

Vendredi 01.06.2012 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 

Il est né en 1947 dans le  Bronx à New York dans une  famille de Juifs Séfarades parlant la langue ladino, langue écrite créée par les rabbins de la péninsule Ibérique. La plupart des membres de la famille qui sont restés à Thessalonique ont été déportés et tués pendant l'Holocauste. Couvert de récompenses, il a produit une discographie impressionnante : l'intégrale des concertos pour piano de Mozart, une série d'œuvres pour piano de Bach dont les Variations Goldberg, des études de Chopin, ainsi que les dernières sonates pour piano de Schubert et l'intégrale des concertos pour piano de Beethoven.  Il est également le chef invité principal de l'orchestre de l'Academy of St Martin in the Fields, avec laquelle il enregistre et donne des représentations. Aujourd'hui il vit à Londres. La reine Elisabeth II l'a fait Chevalier commandeur honoraire de l'Ordre de l’Empire Britannique.

Le public qui l’attend dans la salle Henry Le Bœuf ce soir frémit d’impatience de l’entendre. Au programme :

Ludwig van Beethoven, Sonate pour piano n° 14, op. 27/2, "Mondschein"


Robert Schumann, Faschingsschwank aus Wien, op. 26

Franz Schubert, Sonate pour piano op. 120, D 664


Frédéric Chopin, Polonaise n° 1, op. 26/1, Prélude op. 28/8, Mazurka op. 63/3, Scherzo n° 1, op. 20

Le choix des œuvres est le fruit d’une aspiration poétique où Murray Perahia se place dans la position de Robert Schumann, ébloui par son séjour à Vienne en 1839 et où il rend hommage aux figures qui ont hanté sa jeunesse : Beethoven et Schubert. Il n’est donc pas étonnant que l’œuvre d’ouverture choisie soit la  Sonate au Clair de lune, faite de soie sauvage où les grondements voluptueux contrastent avec l’innocent lyrisme de la main droite. Place à Schumann en personne  et son Carnaval de Vienne au mouvement d’ouverture fait de  pure énergie : notes roulées, déferlant entre accords plaqués. La Romanze est un passage aéré plus tendre  et plus pensif, qui se précipite à nouveau dans la fougue joyeuse évoquant l’animation des rues de Vienne dans la folie du Carnaval. Le Scherzino développe un mouvement syncopé, mélangé d’humour par la répétition taquine du thème, notes pointées, contrastées avec des effets de romantisme grandiose joués fortissimo. Le finale est décoiffant, - bas les masques ! -  volubile et incandescent : «  fingers on a hot tin roof ! »

C’est  Murray maintenant qui porte le masque de Schubert dans l’opus 120. Bucolique, léger, mutin, taquin. Au bout de la ligne musicale, le pêcheur a attaché un cœur qui bat la chamade et il pêche en eaux profondes. Murray Perahia a l’art de décrire l’eau cristalline qui éclabousse la musique et le pêcheur. C’est un créateur d’atmosphères particulièrement poétiques. S’attardant quelques moments dans des interrogations méditatives  répétées avec insistance, Murray Perahia retrouve allégresse et insouciance. Enfin voici la musique de Frédéric Chopin, accueilli avec admiration dans son cercle par Robert Schumann et  dont Murrray Perahia célèbre la parenté poétique.  Le jeu est juvénile, empli de volupté et d’esprit ludique. Il est le maître de fondus enchaînés, s’amuse à mêler le rire et la valse hésitation, un entre-deux subtil entre désir et déception pour aboutir sur une tornade sentimentale où des pianissimos sont pris dans la tourmente. Surgit une confession tendre, presque narrative clôturée par un accord vif et surprenant de la main droite. Le reste est exposition du bouillonnement intérieur chaotique et intense. Ce concert cousu d’émotion, sera couronné par trois bis fabuleux,  à fleur de touches, aux sonorités hautement définies, brillantes comme des fruits mûrs et lâchées avec une aisance souvent taquine.12272807291?profile=original

 

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Bienvenue au concert des Estourdions ce vendredi 4 mai à 20h, à la Chapelle de Lindthout.

Au programme: Chants du Monde, chants Renaissance anglaise et française, mélodie russe, bulgare, etc...répertoire varié, dirigé par Véronique Ravier. Venez partager notre enthousiasme!

En deuxième partie, l'ensemble vocal féminin Kalliopi: Poulenc, Fauré, Haydn.

Ce serait un plaisir de vous y rencontrer.

Cordialement,

Pascale

Entrée libre. Un drink  est offert après le concert.
2a, Avenue des Deux Tilleuls, 1200 Bruxelles (entre  métro Montgomery et Mérode)

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administrateur théâtres

12272802088?profile=originalOrchestre National de Belgique

 Sensualité et pudeur   Vendredi 20.04.2012 20:00    Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Andrey Boreyko direction - Anna Vinnitskaya piano – Orchestre National de Belgique , Chor der Städtischen Musikverein Düsseldorf

Nikolay Rimsky-Korsakov, La grande Pâque russe, Ouverture, op. 36
Maurice Ravel, Concerto pour piano et orchestre en sol majeur
César Franck, Psyché, poème symphonique

Réputé tant pour sa baguette expressive et raffinée que pour ses choix de programme palpitants, Andrey Boreyko, 53 ans,  sera à partir de septembre 2012 le nouveau directeur musical de l'ONB. Cette fois, il place une œuvre de César Franck aux côtés d'un Rimski-Korsakov éclatant d'imagination, et du Concerto pour piano en sol majeur de Ravel, tour à tour exubérant et soudainement sensuel. Qui d'autre que la ravissante Anna Vinnitskaya pour susciter des émotions si disparates ?

Au centre du programme, une étoile filante, car porte-bonheur musical : Anna Vinnitskaya  (°1983 Novorossisk , Russie). Cette jeune femme  a remporté le premier prix au Concours Reine Elisabeth  de piano en 2007 et elle  interprète cette fois-ci le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel (1929-1931). Cette œuvre de Ravel mêle fantaisie, turbulence des extrêmes et  fines lignes harmoniques. Le concerto très versatile, partant, plein d’humour, comporte une foultitude d’ambiances où l’on décèle l’influence du séjour du compositeur en Amérique.  Un claquement de fouet a donné le signal du départ du premier mouvement, l’Allegramente qui invite la pianiste à engager une course frétillante  avec le piccolo.  Exécutant avec maîtrise des changements incessants de tempos, batifolant avec les arpèges, Anna Vinnitskaya  nous offre un ballet de parfums légers comme des plumes. L’abondante  chevelure bouclée retenue par une barrette, elle chevauche son clavier comme une amazone, étincelante d’énergie et d’espièglerie mais aussi, émouvante de douceur. 12272802684?profile=originalLa pianiste  au visage extatique  adressé au ciel, laisse courir ses doigts  sur le clavier dans l’extraordinaire Adagio Assai comme mille chevaux s’éparpillant dans la liberté de la steppe.  Et à la fin de ce prodigieux  adagio, elle produira une sorte de ruissellement lumineux d’une rare élévation. Le dernier mot revient au chef d’orchestre, Andrey Boreyko dont  le  frémissement imperceptible de la main gauche suspendue au-dessus de l’orchestre marque la dernière note avant le silence. La prestation sera saluée avec chaleur par le public ravi d’une salle Henry le Bœuf presque comble.

Sans se faire prier, la délicieuse pianiste se rassoit et c'est Ravel encore pour "l'encore!"

 

Retour sur ce non moins  séduisant chef d’orchestre, Andrey Boreyko. Dès son entrée en scène, ses gestes enveloppent, diffusent la vénération de la musique et de l’harmonie. Nous sommes devant la Délicatesse personnifiée. Dans la Grande Pâque russe (1887-1888), poème symphonique de Rimski-Korsakov, Andrey Boreyko se fait maître radieux de la féerie printanière. Il donne relief et transparence, puisque les arbres ne portent encore que de légers feuillages tendres. Ses dons d’enluminure détaillent chaque timbre avec minutie, révèlent les couleurs, exhortent les rythmes. Les dialogues légers des violons et violoncelles laissent la place à un puissant souffle général en crescendo qui se fond dans l’or des cuivres. Chant orthodoxe?  La voix profonde d’un cor soulignée par les violoncelles s’élève avant le martèlement rythmé de pieds païens. Après un bref solo de violon, c’est l’élan vital tous azimuts : batterie imposante, le triangle, la cloche, le xylophone et les cymbales.

En dernière partie du programme Psyché (1887-1888) de César Franck achève l’enchantement de la lumière du printemps. Cela commence par un long murmure avant que les vents ne s’emparent de la musique. Les violons festonnent les cuivres donnent le crescendo, et ce sont des vagues paresseuses qui éclaboussent la scène musicale. Construction progressive de l’évocation de Psyché transportée par les zéphyrs auprès d’Eros son amant, mais avec l’interdiction de voir son visage. Le magnifique chœur de Düsseldorf entonne avec ferveur  la certitude que « l’amour est source de toute vie quand sur elle descend l’ineffable caresse du grand ciel inondé de rayons ». La lumière est visiblement le thème  du concert. L’orchestre reprend avec force la phrase d’avertissement « Rappelle-toi ! » Le ton joueur des violons, les vents insouciants, précèdent les vagues profondes du désir jusqu’à la transgression fatale. « Amour, Elle a connu ton nom, malheur sur elle ! »  Mais Franck, profondément chrétien,  ne pouvait se contenter du châtiment. Une complainte majestueuse des violons  prie Eros de « lui rendre l’accès aux bleus jardins et aux parvis sacrés ». Les arpèges sublimes de la harpe accompagnent le dernier arc-en-ciel musical qui élève le couple divin dans la lumière. Le miracle de l’amour est enfin accompli. Le pardon, sans nul doute.   

 

 

 

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administrateur théâtres

12272799258?profile=originalSolistes de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth

BOZARSUNDAYS

Dimanche 18.03.2012 11:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 Chaque année, dans un idéal d’excellence, et le rêve d’une carrière assurée,  des étudiants de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth participent au Concours musical international Reine-Élisabeth-de-Belgique. La Chapelle est soutenue par de nombreux mécènes culturels. Elle participe au perfectionnement de jeunes talents du monde entier dans plusieurs disciplines musicales. Dans chacune des quatre disciplines, les étudiants de la Chapelle sont suivis personnellement par un Maître en résidence: Violon (Augustin Dumay), Piano (Abdel Rahman El Bacha), Violoncelle (Gary Hoffman)(nouvelle classe), Chant (José Van Dam), Musique de chambre (Quatuor Artemis)

Ce dimanche matin, la salle Henry Le Bœuf du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles  accueillait trois jeunes talents qui nous ont offert un programme de choix:

Christia Hudziy piano - Noëlle Weidmann violoncelle

Edvard Grieg, Sonate pour violoncelle et piano, op. 36, 1er mouvement
Leos Janacek, Pohadka

Harriet Langley violon - Dana Protopopescu piano

César Franck, Sonate en la majeur

L’une d’entre elles, qui a travaillé à la Chapelle depuis six ans, est une jeune fille de 19 ans. Elle s’appelle Harriet Langley, elle  est australienne, de mère coréenne. Elle a déjà parcouru le monde entier et  va présenter le concours Reine Elisabeth de violon ce printemps 2012. Non seulement elle a l’occasion grâce à cette formation de développer sa personnalité musicale aux côtés d’un très grand maître prêt à lui transmettre tout son savoir faire, mais elle est très reconnaissante, ainsi que ses collègues artistes  que la Chapelle - cas unique dans la formation musicale en Europe -  leur permette de se produire sur de nombreuses scènes prestigieuses y compris à l’étranger. Après le concert nous les avons rencontrées, toutes trois  aussi charmantes, et amoureuses de la musique.  

Christia Hudziy au  piano et Noëlle Weidmann (dont c’est la première année à la Chapelle)   au violoncelle nous ont joué la Sonate pour violoncelle et piano, op. 36, 1er mouvement d’Edvard Grieg.  Ce n’est pas une mince affaire que de convoquer l’intérêt musical un dimanche matin à 11 heures quand dehors sonnent les cloches d’une superbe matinée de printemps. Ce duo féminin très accompli  a réussi à capter toute notre concentration. Sensibilité et vigueur étaient au rendez-vous tandis que dans le second morceau, Pohadka de Leos Janacek, l’inventivité  et les surprises fusaient des cordes du violoncelle. Le début commence comme un véritable conte de fées. Une voix semble nous souffler «  Il était une fois… Pohadka, a fairy tale ». Et c’est le cas,  vérification faite, Pohadka veut dire en tchèque « conte polulaire… » C’est dire si l’interprétation était suggestive !   On se demande comment Christia et Noëlle, qui jouent en se tournant le dos ont tant de connivence musicale et de bonheur complice. Le double chant qu’elles tressent dans le dernier mouvement  est enchanteur.

 

César Franck, Sonate en la majeur. Le duo avec Dana Protopopescu au piano était sublime. Harriet, la violoniste boit des yeux les mains de la pianiste et lui renvoie une  sculpture musicale  complexe et passionnée. La fougue croisée des deux instruments se complaît dans les notes graves, la violoniste souligne les accents marqués en fin de phrase par un geste d’accompagnement ferme et gracieux. L’archet semble se libérer et grimper vers des notes de plaisir estival. Puis des ondes de retour vers l’intériorité retombent en cascades.

 Il y a au cœur de l’œuvre un récitatif joué les yeux fermés, un chef d’œuvre pour

qui veut se recueillir. Il semble que toute la misère du monde soit envoyée vers le ciel, avec l’espoir enfermé  comme  dans une bouteille à la mer. Et ce message, on est sûr que Dieu l’aura entendu. Les lignes mélodiques sont pures, escortées avec délicatesse par les  arpèges au  velouté très mélodique de la pianiste.  La tendresse et le romantisme du début se mutent en  volonté de faire exploser la joie de vivre.  

C’est au tour du public d’exploser de bonheur, quand dehors, en plein midi, sonnent les cloches d’une superbe matinée de printemps.

 

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administrateur théâtres

L’orchestre National de Lille se produit à Gand

12272797499?profile=originalJean Sibelius Pelléas et Mélisande
Robert Schumann Concerto pour violoncelle et orchestre
Piotr Ilyitch Tchaïkovski Roméo et Juliette

Kirill Karabits direction  / Anne Gastinel violoncelle /  de Bijloke, le 17 mars 2012

 Nous ne sommes pas allés jusque Shanghai  ni au bout de la Russie mais jusqu’à Gand, dans la très belle salle  historique « de Bijloke »  que nous  avons découverte avec joie, pour aller écouter l’Orchestre National de Lille sous la direction de Kirill Karabits.  Les concerts se donnent dans la grande salle magnifiquement restaurée de l’ancien hôpital du 13e siècle, sous une voûte d’époque  impressionnante, en chêne massif amené par bateaux, via l’ancien  port du Zwin et de Damme.

 Il n’y a pas si longtemps,  l’ONL était à  au studio 4 de Flagey, une salle à la très belle acoustique également.  Ce sont des gens du voyage !  Avec eux, dans le cœur historique de la ville de  Gand, nous avons voyagé à travers la  musique entre Sibélius,  Finlande ; Schumann, Allemagne ; Tchaïkovski,  Russie ; Kirill Karabits, Ukraine  et Anne Gastinel, France.

12272798066?profile=originalEn ouverture de concert nous avons écouté une interprétation très expressive de  Pelléas et Mélisande de Sibélius, qui, après en avoir écrit une musique de scène, a su traduire l’intensité de l’œuvre de Maurice Maeterlinck (… Belgique) en une suite de neuf pièces courtes et suggestives. Pas plus de 30 minutes de bonheur musical, mais neuf tableaux très pittoresques  et fort bien orchestrés par le jeune Kirill Karabits (°1976). Cela va de la majestueuse rondeur des tours du  château, aux scènes agrestes, aux déchirements  dramatiques qui se terminent dans le néant. Les cordes introduisent le thème, répété par un solo de basson. C’est l’envol de pizzicati comme une nuée d’oiseaux. L’avertissement lugubre ne se fait pas attendre :  un long roulement de percussions. La voix pure de Mélisande nous parvient à travers un cor anglais, comme une cantilène.  On est sur la plage « At the sea shore » avec le bourdonnement continu des altos. Entre instruments à vent et violons qui amplifient les thèmes, les sonorités sont denses, harmonieuses. Un plaisir de musiciens  que les membres de l’orchestre partagent avec un public  attentif et ému.  Les percussions et les contrebasses se font  ambassadrices des coups du destin. « Mélisande at the spinning wheel » présente une image dramatique de  belle au bois dormant qui s’achemine vers le désastre.  Les percussions  introduisent avec force les instruments du  malheur, et les contrebasses égrènent avec grâce – le geste des contrebassistes est pure élégance –  l’implacable fuite du temps… et de l’amour.  Trois notes répétitives, presque des soupirs, sont  soutenues par l’harmonie majestueuse des violons  et marquent les derniers instants de Mélisande, dans une  complainte, douce, lente et intense. Le chef d’orchestre  a dû contenir de la main  les envolées romantiques des musiciens car il semble privilégier la douceur et une certaine retenue, avant toute chose.

 

La violoncelliste française Anne Gastinel interprétera avec tragique le concerto pour violoncelle de Schumann. L’orchestre expose des sonorités éclatantes et vibrantes lorsque le violoncelle se tait.  Il faut dire que ce concerto fut composé pour l’anniversaire de Klara et que le morceau ne peut pas se complaire dans les méandres d’une âme torturée. C’est avec joie retrouvée que l’on écoute l'ouverture de Roméo et Juliette de Tchaïkovski. Rien ne manque : une musicalité parfaite, un chef d’orchestre de plus en plus passionné, une construction minutieuse de l’émotion et des antagonismes meurtriers. La harpe se prend pour une guitare, les couleurs chatoyantes de l’orchestre  sont captives,  suspendues  dans la voûte  séculaire de la salle de concert. De  brefs silences prédisent des élans joyeux, des ricochets de cordes, un rythme  parfois presque guerrier et syncopé dans le thème de la haine et de la discorde. Et aussi la sérénité de l’amour indestructible qui défie l’éternité, qu'il soit passion ou tendresse. Kirill Karabits tressaute, se démène  et  emmène dans son sillage  les musiciens avec vigueur,  il est le chef de la tempête. Mais  toujours, l’horloge régulière du destin bat la mesure: les éternelles contrebasses.  Les cuivres reprendront le thème une dernière fois,  de façon plaintive. La harpe s’éteint sous la puissance de formidables écrasements de timbales, cymbales et grosse caisse  qui n’en finissent pas de gronder. Une musique magnifiquement taillée, comme un diamant,  par le jeune chef d’orchestre ukrainien.

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http://www.onlille.com/

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administrateur théâtres

Grigory Sokolov

Vendredi 16.03.2012 20:00

12272797868?profile=originalPalais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Grigory Sokolov piano

           

            Jean-Philippe Rameau, Suite en ré


            Wolfgang Amadeus Mozart, Sonate pour piano N° 8 en la mineur,     KV    310
          

Variations et Fugue en si bémol majeur  sur un thème de G.F. Haendel, op. 24, de Johannes Brahms

            3   Intermezzi de Johannes Brahms, op. 117

 

Géant russe matamore du piano ou Petit Poucet rêveur qui égrenait dans sa course, des notes ?  Il n’y en a  pourtant que 7… il en crée mille. Elles ont un feutré, un tissé (mains), un palpé, un flûté, un galbé, un ornementé, incomparables.   Sokolov, le succulent pianiste né au creux du 20 éme  siècle, nous offre des gouttes de rosée, des ombres fantastiques, des doux froufrous, du vin de vigueur. Il est la bohême du piano, l’anticonformiste, le créateur.

 

L’auberge est au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles dans la salle prestigieuse Henry Le Bœuf. Rameau ouvre le concert. Les tendres Plaintes, Les niais de Sologne, Les soupirs  et toute la suite en ré fusent du clavier, convoqués par un alchimiste intemporel.  Dans la pénombre, Grigory Sokolov installe l’intimité, penché sur son clavier comme sur un grimoire. Un champion des deux roues penché  sur son guidon, une dentelière à sa dentelle. On est dans le mystère de la  belle au bois dormant, le monde s’est éteint et en renaît un autre. Jeux de poignets, trilles invisibles, notes piquées, marche joyeuse, belles nuances et accents émouvants. Le piano, plus que le clavecin, doit sûrement rire avec cette salve de chatouilles. Une fête de nuances, le clavecin est pantois.  Détrompez-vous, il s’agit d’un chat agile,  (pas le Chat Botté, quoique… ), qui poursuit dans le clavier une souris invisible. Frissons spectaculaires. Le toucher badin cède à la poursuite effrénée; les mains bataillent pour occuper tout l’espace du clavier. C’est le jaillissement de sève vitale qui en est la cause.  Music is dynamics.  Incroyable maîtrise : cela se termine par un pas de deux, gracieux, d’un couple de danseurs étoiles sur les touches. Quelque part, il y a un maître de marionettes,  invisible, oublié tant les mains sont fascinantes.

 

La technique parfaite et brillante de Grigory Sokolov nous  offre une fête jubilatoire dans la sonate de Mozart. Il y a des accents raffinés, une liberté de ton et une multiplicité de saveurs généreuses. Le nectar musical oscille entre des notes aigrelettes et une ample  robe amarante. Andante cantabile con espresssione : rien n’est plus juste.  Le tempo est plus lent, les notes plus graves. Les aiguës sont assourdies grâce à des pianissimos inconcevables. On est dans un nid de duvet et pourtant chaque note bien détachée semble être appuyée à fond dans le clavier. Mystère de la fabrication. Un oiseau soigneux, de préférence une alouette, lisse son plumage, quand soudain forgées à grands feux, des notes graves explosent. Le nez sur son clavier, Grigory Sokolov écoute la respiration intime de l’instrument puis transforme ses mains dans le Presto en véritable corps de ballet.

 

L’éventail des nuances des Variations de Johannes Brahms nous  laisse stupéfaits. Un  déchaînement titanesque façon Vulcain fait suite aux  « Hands dancing on thin ice  » de l’introduction. Sokolov butine ensuite des notes sucrées avec gourmandise. Une cavalcade endiablée précède la salve d’accords plaqués avec détermination suivie de près par  l’ébullition de lave en fusion. …Et le déplissage accéléré de jeunes feuilles tendres se déploie sous une course de nuages. Comme le dit Wagner "Wandel und Wechsel liebt wer lebt: das Spiel drum kann ich nicht sparen."  "Qui vit aime le changement et la variété: ce jeu je ne peux m'en passer." Richard Wagner (Rheingold). L’élasticité extrême du toucher ne finira jamais d’étonner. On imagine un artiste peintre en pleine créativité, débordant d’inspiration balayant sa toile en rafales dynamiques et en touches pointées. Après de splendides variations chromatiques pleine de douceur, ce sont 20 mains qui chantent, grondent et menacent. Rappellent avec vigueur le thème d’Haendel.  Provoquent un ruissellement d’orage estival et enfantent une musique surhumaine.

 

 12272797675?profile=originalCoupant court aux applaudissements Grégory Sokolov se jettera  avec ivresse dans les Intermezzi où l’on retrouve une berceuse aux notes rondes comme des perles et des bulles éclatant avec douceur. Voici  une longe ondulation, la roue du temps ?  Elle tourne, dévale, hésite,  remonte une pente imaginaire avant de se coucher sur le flanc. Vaincue ? Ensuite la supplique appuyée mais humble, d’une sorte de Kyrie Eleison. L’ensemble  finit sur une langoureuse caresse qui ne veut pas s’évanouir. Au moins six rappels et autant de « bis » éblouissants, passionnés et tendres. Et bien sûr, la note bleue.  Grigory Sokolov, un bateau ivre.

 

 

 

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administrateur théâtres

Ivan Karizna - Eliane Reyes en concert (Bozar Sundays)

Ivan Karizna - Eliane Reyes12272794892?profile=original

BOZARSUNDAYS

Dimanche 26.02.2012 11:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 Les BOZARSUNDAYS sont « LE » rendez-vous des familles amateurs de l’art dans toutes ses expressions. Après le petit-déjeuner en famille, les générations se séparent. Les adultes ont le choix soit de visiter une exposition en compagnie d’un guide, soit d’assister à un concert pendant que les enfants à partir de 3 ans participent à un atelier bilingue et explorent la fibre artistique qu’ils portent en eux. Quelques dimanches par an, un film est programmé pour toute la famille. Ce dimanche 26 février a accueilli un concert chatoyant de sonorités dans la salle Henry Le Bœuf.

Joli programme :

Robert Schumann, Fantasiestücke pour violoncelle et piano, op. 73
Ludwig van Beethoven, Sonate pour violoncelle et piano n° 4, op. 102/1
Sergey Prokofiev, Sonate pour violoncelle et piano, op. 119

 Ivan Karizna violoncelle - Eliane Reyes piano

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Deux jeunes interprètes débordants d’amour de la musique saluent un parterre presque complet.  Nous étions allés au concert pour Eliane Reyes (née en 1977) , nous découvrons Ivan Karizna  (né en 1992) un jeune musicien magnétique qui fait, rire, rêver, pleurer et méditer grâce à son jeu vibrant et subtil. Son  lien intime avec son instrument émerveille, il joue souvent les yeux fermés, distillant son énergie intérieure, faisant éclater la passion et poursuivant les moindres  frémissements de l’âme de cordes, en glissades vertigineuses. Not Love Alone, Spirit. And Power. Une trilogie de perfection.  Parfois  il parcourt  l’instrument dans tous les sens comme  s’il partait à l’assaut de terres inviolées. Des touches tour à tour vives,  tendres, sombres virevoltent sous nos yeux, mystérieux papillons  flamboyants  qui égrènent l’émotion.  On connait Elyane Reyes  et ses doigts de fée lorsqu’elle  se penche sur son instrument comme sur un berceau  et fait jaillir tantôt la romance et la  lumière tantôt l’esprit de conquête et la fougue.  Ensemble, ils distillent une très belle interprétation de l’opus 73 de Schumann.

La Sonate pour violoncelle et piano n° 4 de Beethoven  est magnifiquement maîtrisée. Les très belles ornementions pianistiques, les attaques vaillantes, les accords frappés avec passion alternent avec des envolées bucoliques ; pause. Les notes graves que l’on aime au violoncelle répondent au piano, énonciateur de  mystère pour se transformer en chant nostalgique. Les festons de trilles gracieux s’interposent avant la reprise des accords francs et de la fougue du 2e mouvement. Le 4e débute dans le suspense pour terminer dans une vivacité de printemps qui éclate.

Et voici le chef-d’œuvre : le morceau de Prokoviev, bouillant, scandé plein de surprises pincées aux cordes, de battements de cœur échappés du  piano, déployant des poupées russes toujours renouvelées et de plus en plus ciselées. Turbulences et  le violoncelle se prend pour Paganini, des notes ondulent en écho. Des pizzicati jazzy font imaginer un groupe de trompettes fantomatiques.   Une allégorie de la beauté expose toutes ses courbes. Tongue in cheek , le thème dansant jazzy reprend. Surbrillance, défoulement, les cheveux d’ Ivan Karizna  volent, son visage épanoui aspire la musique à grandes goulées. On est dans une fête villageoise, il y a des accords burlesques  et un violon sur le toit. Le toucher frissonnant de pizzicati précède des regards par-dessus l’épaule à la pianiste, avant d’entonner un duo de romance. On perçoit le rire intérieur du violoncelliste qui fait babiller les cordes, l’archet s’effiloche sous tant de vigueur, le piano ne cède rien sur le terrain passionnel qui cherche l’apothéose, la construit et la trouve.

Les deux virtuoses sont applaudis, comme on applaudit lors d’une soirée grandiose. Ensemble ils nous feront un dernier cadeau - slave bien sûr -  en forme de bis éblouissant : le "Quadrille" de l’Opéra "Not Love Alone" de Rodion Schedrin.

http://www.bozar.be/activity.php?id=11297

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administrateur théâtres

12272794497?profile=original

Johann Sebastian Bach, Partita n° 3, BWV 827
Ludwig van Beethoven, Sonate pour piano n° 7, op. 10/3
Frédéric Chopin,
- Ballade n° 1, op. 23
- 2 Polonaises, op. 26
Karol Szymanowski, Sonate pour piano n° 1, op. 8

 

 

Explosion printanière, hier soir, aux Beaux-Arts de Bruxelles. C’est Rafał Blechacz qui est au clavier devant une salle médusée par sa virtuosité et sa frappe inspirée. Le programme parcourt plusieurs siècles : Bach, Beethoven, Chopin et Szymanowski, une découverte pour nombre d’entre nous. Le jeune pianiste polonais, lauréat du prestigieux Concours Chopin de Varsovie d’octobre 2005 où il remportait le premier prix, ainsi que quatre autres  prix spéciaux, a l’étoffe d’un virtuose  de très  grande envergure.  Le Concours Chopin - qui se tient tous les cinq ans à Varsovie - l’un des plus anciens et des plus illustres concours internationaux de piano, a accueilli d’éminents lauréats : Martha Argerich, Maurizio Pollini, Krystian Zimerman... Dans la corbeille de prix,  Rafał Blechacz  y fut distingué pour  la meilleure interprétation d'une sonate de Chopin.  C’est tout dire.   

D’emblée, dès le début du concert, on est saisi par sa personnalité juvénile, accomplie,  sensible et surtout,  discrète. Dans la succession des morceaux qu’il interprète il s’efface presque lors des applaudissements. Aurait-t-il peur du tonnerre ? Génération Y ?

Dans la Partita n° 3, BWV 827 on apprécie aussitôt un flot de vie étourdissante. L’effervescence est telle qu’on se demande quand le musicien respire. Douceur, en chapelets de pianos sans aucune emphase, et retenue sont très présentes dans l’Allemande. La Sarabande est plutôt une promenade bucolique pleine de fraîcheur, où l’on s’arrête pour humer les parfums de l’air. Note de cœur et note de tête s’entremêlent harmonieusement. C’est donc le printemps soudain,  avec la lourde fragrance d’un seringa ou d’un lilas dans les paisibles heures de l’après midi. La Burlesca nous donne d’agréables sautillements de ruisseau limpide sur des pierres brillantes. Le jeune homme est encore pressé dans la gigue. Les doigts batifolent sur le clavier à une vitesse extravagante.

Le contraste est saisissant dans la sonate pour piano N°7 de Beethoven. Le fourmillement des doigts y est toujours mais avec des appuis spectaculaires  entraînant de larges ruissellements. Sa maîtrise est  parfaite. Avec une  connaissance précise de la partition qu’il connait par cœur, il  parcourt avec aisance  toutes les couleurs sonores possibles du thème. Les 5 notes ralenties de la main gauche se propagent en multiples échos vibrants. L’accompagnement change de camp, il est à droite. Une promenade très émouvante  scelle la tendresse de deux âmes, …ou de deux âges. Cela s’achève dans le quatrième mouvement par des roulades, des roucoulements. De riches bourdonnements  exprimés par une masse de trilles,  un rythme syncopé, un tapis d’herbes folles en accompagnement  sont finalement  aspirés par une  dernière gamme vertigineuse.

Le public est totalement conquis. Le reste du concert sera tout aussi brillant. Avec la Ballade n° 1, op. 23 de  Chopin il y a la douceur et la puissance de vagues musicales qui se répandent sur le clavier. Des lambeaux de rêves effilochés  contrastent avec des grondements telluriques, parsemés de poussière d’étoiles. Intériorité et passion débridées se disputent le clavier. Au calme profond succède une finale étincelante. Les deux polonaises soulignent encore plus la personnalité ardente du jeune-homme dont on sent la tendresse profonde pour Chopin. Georges Sand serait-elle dans la salle ? Célébration d’harmonie de sensualité et de passion. Les sonorités de cristal dialoguent avec des frôlements de harpe. Le moindre motif - très simple - est aussitôt habillé d’atours prestigieux et  resplendissants qui se propagent avec force du haut en bas du clavier. L’expressivité sera à son comble dans la sonate pour piano N° 1 de Karol Szymanowski, qui rassemble avec fougue  une tempête de sentiments et de soudaines accalmies. Les accords rebondissent, et font place à des confidences  et murmures  puis à de lourdes perles vibrantes,  le tout dans un crescendo de vent qui se lève. Sourire discret de l’interprète qui nous réserve deux bis en forme de révérence. Ah les natifs de Pologne !

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=10922&selectiondate=2012-3-14

Rafal Blechacz Mercredi 14.03.2012 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 

 

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administrateur théâtres

12272794488?profile=originalHymne au cinéma et au  compositeur de musique de film Georges Delerue, par l'Orchestre National de Lille, le mercredi 7 mars, 20h15 au Flagey Studio 4

Georges Delerue, compositeur français  né le 12 mars 1925, mort à Los Angeles le 20 mars 1992 a récolté un Oscar, trois Césars, fut le  musicien de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Oliver Stone et bien d’autres et contribua par sa musique à  donner au cinéma ses lettres de noblesse. Un hommage lui est rendu  par  l’Orchestre National de Lille sous la direction  de l’extraordinaire Dirk Brossé. “Every day, music gives the strength to move that one stone in the river one millimetre forward.” La femme de Georges Delerue, Colette, est ce soir dans la salle.

 «  Né à Roubaix, musicien amateur, jeune apprenti dans une usine de limes, rien ne le prédestine à un avenir hors du commun… rien sauf une véritable « vocation » qui lui permettra finalement de collectionner les récompenses au Conservatoire de sa ville, au Conservatoire de Paris et même au Concours de Rome. Très vite repéré, Georges Delerue se fait un nom au théâtre, à la télévision puis dans le cinéma par le biais de court-métrages. À partir de là, il s’impose rapidement comme l’un des plus grands compositeurs de musiques de films, signant de véritables chefs d’œuvre pour François Truffaut, Philippe de Broca, Jean-Luc Godard, Alain Resnais, Jean Becker, Gérard Oury, Alain Corneau, John Huston, Oliver Stone ou Bernardo Bertolucci, entre autres. Il décroche trois Césars pour « Préparez vos mouchoirs», de Bertrand Blier et « L’Amour en fuite» puis « Le Dernier Métro» de François Truffaut ainsi qu’un Oscar pour « A Little Romance» de George Roy Hill.

 

Le programme :  

Le «Mouvement concertant pour orchestre » (1990) est son ultime composition. Une pièce ramassée qui dure 14 minutes. Au centre de la pièce, la clarinette, le hautbois le basson et la flûte semblent improviser des lignes mélodiques sur un « tapis de cordes ». Puis c’est le retour aux  cadences rapides et fortes. La puissance dramatique s’exprime dans les cuivres de la finale. On est tout yeux pour Dirk Brossé dont le langage corporel est on ne peut plus intense. Dans sa tunique noire, ses gestes gracieux semblent être une chorégraphie silencieuse qui donne naissance à la  musique. On hésite entre le maître-orfèvre du geste silencieux ou le danseur étoile qui, évoluant sur le petit mètre carré de son podium, fait s’enflammer cordes, bois, percussions et cuivres.  

Dirk Brossé, entre autre directeur musical du prestigieux festival international du film à Gand est aussi « master of ceremonies » lorsqu’il expose la trame du programme. Les Variations Libres pour un libre penseur musical (1975) est un hommage aux lettres contenues dans le nom de  Ludwig van Beethoven. On ne sait si c’est la musique ou le chef d’orchestre qui est imprégné de grâce de fermeté et de souplesse. Les sonorités sont très belles.  

Le Concerto de l’Adieu (Diên Biên Phu) pour violon nous entraîne dans des accords dramatiques qui précèdent le solo de violon très expressif. On écoute avec recueillement  HRACHYA AVANESYAN, musicien arménien vivant à Bruxelles qui depuis 2006 se perfectionne à la Chapelle musicale Reine Elisabeth avec Augustin Dumay. Dès les premières notes il arrache des larmes. Il est à la pointe de l’émotion, de la nostalgie, de la souffrance.

 Une Suite Epique d’après le ballet Les Trois Mousquetaires très descriptive présente dela musique brillante, des rythmes amples pour la pavane de la reine, la fierté et puissance dans la danse de d’Artagnan etu panache dans la finale. Hommages dans un hommage et mise en abîme musical, voici l’Hommage à François Truffaut, suite que George Delarue dirigeait de son piano. Puis son hommage à Oliver Stone ave Salvador - Siège à Santa Ana. La suite de Broca est  un hommage au cinéaste disparu, une création mondiale imaginée par Colette Delerue et Stéphane Lerouge en collaboration avec l’ONL.
De très grands compositeurs actuels ont aussi tenu à rendre hommage à George Delerue au moyen de courtes pièces originales, toujours orchestrées par le fascinant Dirk Brossé qui achève de nous émouvoir avec « la Nuit américaine » de Georges Delerue, Grand Choral. Grand Evening.

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administrateur théâtres

 If Mozart and Monk were brothers, histoire de musiques

 

Le  récital de piano organisé par le Rotary  Club Bruxelles –Vésale a été un triomphe. L’histoire d’amour de la musique déclinée par deux virtuoses (28 et 35 ans) très complémentaires, Liebrecht Vanbeckevoort et Jef Neve nous a été contée en huit perles hier soir au Conservatoire de Bruxelles. 12272793497?profile=original

M&M (Mozart  & Monk), Sonny and Cher, Body and Soul, Sense and Sensibility, Majeur-Mineur, Classique-Moderne, tout y était. Ils se font face, chacun derrière son  « grand » piano.  L’histoire de la musique se déroule sous leurs doigts dans un dialogue fourmillant de sourires de connivences et de bonheur de mimer l’improvisation. Le fil rouge du programme est en effet la fantaisie, l’impromptu, le tombé du ciel. Car Jef Neve,  en créateur d’atmosphère après la belle fantaisie en do mineur KV 475 de Mozart jouée avec retenue et minutie par Liebrecht Vanbeckevoort - Call me Liebrecht - fourrage dans les entrailles de son instrument, le confondant avec une harpe de l’univers et joue ensuite un tapis de vibrations:  « Lush Life» de Stryhorn, les yeux vissés au ciel. Il donne l’impression d’avoir réveillé  un millier d’instruments mystérieux qui tremblent et murmurent. Le public est charmé et saisi.

Imperceptiblement le duo des artistes s’engage en plein Schubert, dans l’Impromptu Nr. 90.  « Musicale loopjes » et arpèges tissent une musique dans le droit fil. La trame, c’est le plaisir. Et voici le fameux  « Body and Soul » de Monk, pour deux pianos. Jef Neve joue en se soulevant de son tabouret et nous livre une chevauchée débordante de ressenti. C’est au tour de Liebrecht de faire exploser sa spontanéité dans la Tarentelle de Franz Liszt, extrait de Venise et Naples, Nr. 3, Années de pèlerinage, 2ème année, Italie.  Très belle sonorité de l’instrument, frappe de passion et précision, nuances délectables, douceur et tendresse des registres, carillons de notes, jaillissement joyeux d’orchestre de verre et fulgurance de notes graves. Liebrecht dit de Litszt  (L & L) qu’il est le plus grand pianiste de l’histoire, qui a tout fait pour aller au-delà des limites du possible. L & L partagent le plaisir de jouer et de célébrer la créativité. Et le public d’applaudir, frénétiquement.12272793889?profile=original

La sixième perle du jour est une composition Da Capo « depuis le début », abrégé en D.C.  de Jef Neve. Rappelons au passage que c’est lui qui est à l’origine de la bande son du film « The Artist » dix fois oscarisé. « Endless DC » évoque le thème lancinant d’une vis sans fin qui aboutit en crescendo dans un champ paisible fait de lumière, puis le rythme reprend subrepticement dans une sorte d’envoûtement. Sonnailles lugubres en fortissimo, un battement de cœur après la course et un inexorable coup de ciseau pour finir.

 La septième perle se joue en duo et en échos qui déroutent nos yeux. Quatre notes descendantes  et répétitives jouent le suspense avant l’assaut du rythme de la   «Rhapsodie espagnole» de Maurice Ravel. Suite de rythmes en forme de point d’interrogation, sabayons croisés, festival de notes pointées, turbulences de tissus ornés de volants : un menu de fête. L’accord des deux musiciens ressemble à un vol de colibris qui se partagent une fleur avec passion. Ces quatre mouvements de la rhapsodie témoignent  d’une maîtrise et d’une vivacité extraordinaires. La « Rhapsodie in Blue » de George Gerswin qui plane sans fin au dessus de l’Atlantique, réunissant deux continents séparés,  sera ponctué de rires de mouette rieuse (Jef Neve) et de gloussements de plaisir dans le public, menant tout droit à l’ovation générale. Standing ovation.

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On a oublié de dire que Liebrecht était le 6e lauréat du concours Reine Elisabeth 2007. On se souvient de son éblouissante interprétation en finale du Concerto pour piano n°3 en ut majeur, op.26 de Serge PROKOFIEV.

 

 

 

 

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administrateur théâtres

 I Solisti del Vento, Vanden Eynden

Vendredi 27.01.2012 20:00

Conservatoire Royal de Bruxelles

 

Jean-Claude Vanden Eynden piano - I Solisti del Vento

Bohuslav Martinu, Sextuor pour vents et piano, H 174 (flûte, hautbois, clarinette, deux bassons et piano)
Ludwig van Beethoven
Sonate pour piano n° 8, op. 13, "Pathétique"


Alexandre Tansman 6 intermezzi, 4 Impressions (2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes et 2 bassons)

Sonate pour piano n° 8, op. 13, Pathétique (arr. Druzecky, pour vents et contrebasse)

  

Vents d’est, vent d’ouest : une rencontre. Sous le titre d’ « Impressions pathétiques », I Solisti del Vento et Jean-Claude Vanden Eynden ont présenté  un programme très original devant un public d’habitués des salles de concert. Difficile sans doute de réunir une plus grande affluence, ce concert étant placé le surlendemain  de celui de Martha Argerich, à deux pas du dimanche de Brendel et du concert du célèbre pianiste hongrois András Schiff, à la tête de sa Cappella Andrea Barca le 31 janvier au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

Ce concert nous a donné l’occasion de découvrir le grand compositeur tchèque Bohuslav Martinu et son Sextuor pour vents et piano, H 174 et des œuvres d’Alexandre Tansman ainsi que la récriture très convaincante de la Sonate « pathétique » par un contemporain de Beethoven : Jiry Druzecky.

En ouverture on reconnait vite une ambiance jazzy dans cette composition écrite à Paris en 1929 par Bohuslav Martinu. Il fut en effet une figure importante de L’Ecole de Paris (Poulenc, Honegger, Milhaud), fréquentant  le groupe des six, comme le nommait Jean Cocteau.  Quatre mouvements. Après les joyeuses sonorités fruitées du prélude, l’adagio met en lumière la souplesse de la flûte et les notes basses du clavier. Suit un bavardage jazzy de la flûte et du piano seul, le ton est badin et la note finale un joli clin d’œil. Rythme de claquettes …dans  un blues du genre divertissement. La fin au rythme marqué s’amuse en exploitant le canon. 

 

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C’est une interprétation nuancée, à grande précision de frappe et variété des phrasés que nous offre J.C. Vanden  Eynden dans « la pathétique » de Beethoven. Plainte et supplication sont enchâssées dans le grave initial qui réapparaît à plusieurs moments. J.C. Vanden  Eynden tend l’oreille comme pour écouter les modulations délicates de l’andante cantabile qui fait  appel à la tendresse personnifiée. Cela contraste avec l’allegro impétueux et pétillant du dernier mouvement.  Le public hélas trop peu nombreux,  rend hommage à son impérial pianiste, maître de la dynamique fine et  nuancée.

  

Passons à la découverte des 6 intermezzi et 4 impressions d’Alexandre Tansman, compositeur né en Pologne, qui se lia d’amitié  avec Stravinski et Ravel lorsqu’il s’installa à Paris. Comme Martinu il fit partie de l’Ecole de Paris. A la seconde guerre mondiale, il gagna les Etats-Unis, où il dédicaça un concerto à Charlie Chaplin et où il écrivit des musiques de film. Dans ces petites pièces bien ciselées on retrouve tour à tour de l’invention agreste, des élans fougueux, des plages de bonheur simple, quitte à s’engouffrer subitement dans une ruée vers l’or. L’invitation à la rêverie fait place au désordre amoureux et dans les quatre impressions s’égrènent prélude, invention, nocturne et burlesque.

 

  I Solisti del Vento, ensemble belge créé en 1991, nous a ravis par ses sonorités riches, miroitantes, humoristiques sous la direction du basson Francis Pollet. Debout, ils forment une ronde inventive qui convoque tous les vents avec fluidité et sensibilité pour incarner autrement, mais de façon très intéressante, la belle sonate de Beethoven. Difficile de ne pas succomber à leur charme.

 

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administrateur théâtres

Concert d'András Schiff et la Cappella Andrea Barca

Mardi 31 janvier à 20h00, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

Le très célèbre pianiste hongrois András Schiff, à la tête de sa Cappella Andrea Barca (traduction italienne de son patronyme), propose le Concerto n° 9 d’un Mozart encore jeune qui écrivit l’un de ses plus beaux opus et le Concerto n° 5 de Beethoven, l’une des œuvres les plus marquantes de l’histoire du concerto pour piano. En prime, la Cappella Andrea Barca interprète la Deuxième Symphonie de Schubert, une œuvre de jeunesse dont l’écriture demeure encore influencée par celle de Haydn et de Mozart. 

Programme exquis. Interprétation formelle parfaite.  Le public fut démesurément heureux de tant de talent, de nuance dans la nuance, de ciselage parfait, de sculpture musicale presque miraculeuse. Andras Schiff bondit sur son piano pour jouer, à le voir on le croirait transfiguré. A la limite de l’emphase. Les musiciens dociles  l’accompagnent dans son rêve harmonique. Le pianiste égrène le cristal et les météorites. Les notes semblent jaillir de ses doigts alors qu’il effleure à peine les touches. Ange et démon tout à la fois, les reliefs musicaux sont de qualité exceptionnelle. Une leçon d’architecture musicale. Qu’il s’agisse d’un pont du diable ou d’une cathédrale, tout se tient comme par merveille. Pas une fausse note ne se cache derrière le moindre pilier. Lorsqu’il n’est pas sollicité par son piano, Andras Schiff se relève et se dresse comme chef d’orchestre belliqueux face à l’orchestre mais exposant régulièrement  son profil  de figure musicale légendaire au public. Jusqu’au couac. Pas celui d’un musicien. Ni celui d’un homme du monde. Un Mr. Hyde s’est soudainement révélé.  A la fin du morceau, énervé peut-être par les bruits de la salle, il s’offense grossièrement, du poing et du coude, de la toux du public d’hiver, pour ensuite - du jamais vu -  insulter devant tout le monde la deuxième violon japonaise avec les mêmes gestes déplacés, pour une raison connue de lui seul. C’est inadmissible. Tant de malséance étonne dans si beau programme. Faut-il rappeler ses propres paroles ?  `J'avais toujours rêvé de fonder un orchestre avec mes meilleurs amis. Pour faire de la musique, le premier critère est la qualité musicale, mais la sympathie est à peu près aussi importante: il faut avoir du plaisir à être ensemble.’ Cette immense fausse note, (révélatrice du personnage?) nous a donné un frisson persistant et glacé qui sut gâcher la promesse d’une si belle soirée.  

 

Andras Schiff piano, direction - Cappella Andrea Barca

Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano et orchestre n° 9, KV 271, "Jeunehomme"
Franz Schubert, Symphonie n° 2, D 125
Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano et orchestre n° 5, op. 73, "L'Empereur"

 

 

 

 

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administrateur théâtres

12272770466?profile=originalAu nom du chef d’orchestre René Jacobs, toutes les oreilles se dressent.

 

Sa présentation de «  ACI, GALATEA E POLIFEMO » de George Friedrich Haendel    avait  été applaudie debout, avec l’orchestre  « Akademia für alte Musik Berlin » au mois de septembre dernier lors du Klara festival aux Beaux-Arts.

 

Cette fois nous l’avons rejoint avec une pièce rarement jouée : Les Créatures de Prométhée (1801) de Beethoven, suivie de Seconde Romance pour violon (1802) et la Cent-quatrième Symphonie « Londres » (1795) de Haydn , interprétés dans la même  salle Henry Le Boeuf, aux Beaux-Arts de Bruxelles, ce 12 novembre dernier.

 

Le bonheur c’est tout d’abord de voir les musiciens communiquer entre eux  leur enthousiasme pour la musique, à coups d’œillades entendues, de sourires et d’humeurs joyeuses. « Die Geschöpfe des Prometheus » constitue l’unique ballet jamais composé par Beethoven. La légende grecque de Prométhée devient une espèce de poème sonore qui n’insiste pas tant sur la rébellion de ce fils de Titan dévoué à la cause humaine, qui déroba pour les humains la flamme de l’intelligence, de la science et des arts, mais plutôt sur la beauté et la sérénité qui éclosent de  la poésie de la musique et des arts, toutes muses confondues. Une lumière spirituelle encore plus éblouissante que la chaleur physique du feu. 

  En témoigne un livret que René Jacobs s’est ingénié à reconstituer et que l’on peut retrouver dans le programme. On rêverait de voir surgir les danseurs! Ce livret  correspond très bien aux idées des Lumières que Beethoven propose avec verve et légèreté. Le rêve, c'est l'intelligence et l'élévation. 

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  La musicalité et la joie sont au rendez-vous. Les accords sont précis et vigoureux, les motifs chantants. Au fond du plateau trônent trois contrebasses, comme trois égéries, de véritables sources d’énergie et de sérénité. La musique est vive et  joyeuse,  ciselée avec amour. Les percussions ont des timbres métalliques pleins d’allant qui pourfendent parfois les grondements divins des cordes. On aperçoit des traînées de lumière musicale, quelqu’un marcherait-il à pas farceurs sur des braises brûlantes ? Mais il y a soudain le velouté musical et vibrant  de la harpe cachée jusqu’ici par la stature du chef d’orchestre. Surprise et enchantements. Des accents lourds de majesté fusent, hubris où es-tu ? ...Jamais loin de ce qui est humain. Détrompez-vous, c’est l’aspect dansant des bonheurs divins  qui prime. Le bonheur des sonorités sur des instruments anciens, leur rythme sûr et infaillible.  Les baguettes des percussions s’emballent à nouveau pour former une marche presque guerrière et les violons se dépensent, inépuisables. Une première partie de concert très appréciée.

 

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L’intensité dramatique décuplera dans la Cent-quatrième Symphonie « Londres » (1795) de Haydn  où musiciens et chef d’orchestre organisent une profondeur d’envoûtement qui subjugue la salle. Encore une fois c’est la belle sonorité qui séduit, les envolées des bois, les cuivres qui crépitent avec fougue, la structure de la partition qui se déploie avec sérénité, aisance et définition. Tout un marché joyeux d’étoffes musicales, de textures et de couleurs chatoyantes ponctuées d’airs de farandoles s'offre à nous.  A la fin, avec légèreté et assurance, se chevauchent humour et gravité, les bercements alternant avec l’assaut du ciel. Le plaisir des musiciens est palpable jusqu’au bout.  

 

Et René Jacobs salue, mettant en avant l'immense  violoniste Bernard Forck qui nous a joué aussi la gracieuse Seconde Romance pour violon (1802). Une musique rayonnante qui bombarde nuages tristes et humeurs chagrines. Une musique faite de délicatesse, de dévotion et de félicité profonde.

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Akademie für Alte Musik Berlin

Samedi 12.11.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

René Jacobs direction - Bernhard Forck violon - Akademie für Alte Musik Berlin
Ludwig van Beethoven Die Geschöpfe des Prometheus, op. 43, Romance pour violon et orchestre n° 2, op. 50
Joseph Haydn, Symphonie, Hob. I:104, "London"

 

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administrateur théâtres

12272766897?profile=originalLa Missa Solemnis de Beethoven, mardi 15 novembre à 20h aux Beaux-Arts de Bruxelles  12272767492?profile=original

 

 

20:00, HLB : Orchestre des Champs-Élysées

Philippe Herreweghe direction - Hanna-Elisabeth Müller soprano - Gerhild Romberger alto - Benjamin Hulett ténor - David Wilson-Johnson basse - Orchestre des Champs-Élysées , Collegium Vocale Gent , Accademia Chigiana Siena

Ludwig van Beethoven, Missa Solemnis, op. 123

 

A la tête de l’Orchestre des Champs-Elysées et du Collegium Vocale de Gand, Philippe Herreweghe dirigea la Missa Solemnis de Beethoven, mardi 15 novembre à 20h aux Beaux-Arts de Bruxelles. Sur scène on retrouve un merveilleux quatuor de solistes : la soprano Hanna-Elisabeth Müller , l’alto Gerhild Romberger, le ténor Benjamin Hulett et la basse David Wilson-Johnson.

 La Missa Solemnis opus 123 est une  composition liturgique de Ludwig van Beethoven, d’une durée de plus de quatre-vingts minutes, son œuvre la plus longue. Considérée par le compositeur comme « sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage ». L’effectif orchestral impressionnant est entouré  d’un chœur à quatre voix et d’un quatuor de solistes qui font de cette œuvre un monument, une  véritable arche musicale. L’humble Philippe Herreweghe est  un Noé capable de parler à tous, dans la discrétion, presque dans l’intimité. A mains nues.  On se demande quelle église, quelle cathédrale pouvait abriter un tel ensemble de musiciens et de chanteurs. La belle salle Henry Le Bœuf était certes un écrin approprié pour ce monument musical si sculpté et si raffiné. L’écoute du public est  d’emblée, respectueuse.

A commencer par « le Kyrie » dont le « K » éclate  d’abord comme un fruit mûr, puis  il nous livre nombres de vagues et d’ondes de supplications, comme fusant de  la barque biblique. Fort de la grâce acquise par le repentir, le Gloria fracasse la voûte céleste. Il y a ce déchirant « Glorificamus te ! ». Une pause instrumentale prépare l’entrée triomphale des Solistes qui entonnent le « Gratias agimus tibi ». Ils produisent  des croisements de volutes vocales d’une perfection extraordinaire et d’une puissance étonnante. Le « Miserere » se gonfle d’humilité tandis que le « Quoniam passus est » brûle de violence. Le finale exultera. Des mains humaines pétrissent le pain céleste. Celles de Philippe Herreweghe. Les solistes démarrent « un Amen » vibrant qui rappelle le fracas du début. Et  totalement déployés ils reprennent les nœuds  inouïs du « Gloria », pour tisser une voile au vent divin.  

 

Le « Credo » inaugure des sonorités puissantes, ardentes, en crescendo, soutenues par les bois. « Descendit »  énoncent 4 ténors du chœur. Et le relief de « Incarnatus est »  est longuement poli et modelé par  le ténor soliste. Dieu fait chair.  Fusent les regrets amers et la souffrance du « Crucifixus » . Chaque mot de cette œuvre est une prière en soi. « Passus et sepultus est » est chanté par et pour la multitude qui s’aperçoit de l’ampleur du sacrifice. Glorieux, grandiose et brillant, voilà le « Resurrexit » ! Les sopranes cueillent la musique et les instruments rétablissent un calme propice au quatuor vocal. Violons et flûtes se glissent jusqu’au ciel. Joie.  Trois accords nets  annoncent une dernière louange qui se fond dans les instruments. Du tout grand art ! Comme si tous les sentiments tournés en musique se dissolvaient dans une ascension éperdue  de l’esprit.

De sombres notes débutent « le Sanctus ». Les cuivres sont emplis de déférence pieuse. « Le deus Sabbaoth » est presque murmuré avant l’élan des sopranos. Mais elles sont déjà si haut ! Violons, violoncelles semblent caresser de leurs mains  le Dieu fait homme. Violons et flûtes redoublent de soins et de tendresse. Est-ce que la Vierge elle-même est à l’archet ?  Dans « le Benedictus », l’homme s’efface devant l’indicible majesté du divin. Tout le plateau se lève, les percussions tonnent ; le violon, les yeux fermés, n’a pas lâché sa louange et entame un solo exalté. La voix pure de la soprano se mêle à celle de l’alto, l’humanité se berce au creux de la main de Dieu. « Qui tollis peccata mundi » évoque cette folie divine qui nous arrache à la mort. Le violon qui s’était évanoui revient avec tendresse sur la  dernière note et la promesse, toutes deux  tenues.

« L’Agnus Dei » est un mystère d’imbrication. Par-dessus les instruments, vibre la basse ; puis le duo des alto et ténor transfigurés se répond. La soprane magnifique joint sa voix, humble et noble à la fois… et le chœur chante déjà, miroir de l’invisible.

Les voix supplient que ce soit la paix qui l’emporte. Des quatre coins du monde, la demande pressante est universelle.  Les instruments  semble faire diversion et jouer la débandade mais la clameur reprend, harmonieuse. La  musique fourmille de rebondissements à l’infini. Chacun y va de sa note plus légère que l’air, murmurée sur les ailes de l’espoir. C’est un spectacle d’une vitalité  radieuse. Tous les spectateurs en sont épris. Tous ont vécu l’expérience extraordinaire d’une musique complexe en renaissance perpétuelle.   La salle entière exulte.

L’Orchestre des Champs-Elysées, qui joue sur instruments d’époque, fêtait à Bruxelles sous la direction prestigieuse de Philippe Herreweghe, ses 20 ans de résidence.

 

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http://www.bozar.be/activity.php?id=11019&selectiondate=2011-11-15

 

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