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concert (104)

administrateur théâtres

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Flagey Chamber Music : L'Abbé Liszt, mardi 22 novembre 2011

le  vlaams radio koor, sous la direction de nicolas andré

jan michiels, piano

bart naessens, orgue

 

Programme 

Franz Liszt
Missa Choralis; (a capella)
Agnus Dei Della Messa Da Requiem Di Giuseppe Verdi, S437 (piano solo)
12 Lieder von Schubert, S558/R243‚ Ave Maria (piano solo)
Confutatis maledictis en Lacrymosa du Requiem, K626, S550/R229 (piano solo)
À la Chapelle Sixtine ‘Miserere D’Allegri  et Ave Verum Corpus de Mozart’, S461 (piano solo)

Gregorio Allegri
Miserere

 

 

 C’était une soirée de voix de cristal hier soir à l’église Sainte-Croix. Le concert célébrait le centenaire de la naissance de  l’abbé Liszt.

 Le Vlaams Radio Koor a interprété avec grande sensibilité une merveilleuse partition de Liszt, faite de prières sans ornements, allant à l’essence du texte et rendant la foi lumineuse. La direction était assurée par un jeune chef d’orchestre au curriculum  déjà très fourni, Nicolas André, né en Normandie. Elle  a conféré à l’œuvre choisie : «  La missa choralis » une épaisseur, des contours et une émotion mystique très perceptibles. La structure musicale de la partition très complexe apparaît comme sous une loupe: tout est défini, net, précis et fondu à la fois. Les sonorités aigues  sont d’une pureté exquise, soulignées par des basses impressionnantes.  De l’excellence, surtout avec un tempo  si souvent vif et enlevé.  Quel talent ! Chaque visage des choristes reflète le sourire intérieur et  une communion évidente dans la musique, qui redonne chaleur au cœur des auditeurs transis.Car c’est une église, et c’est un soir de novembre  humide et frisquet. Cette messe laissera les auditeurs dans une émotion profonde après le magnifique « Agnus Dei ».

 

 Chaque prière de la missa choralis était enchâssée entre des réécritures  de Liszt, pratique courante à l’époque,  où Liszt  réécrit pour le piano des œuvres célèbres qui lui tiennent à cœur. Ainsi , joué au piano avec passion et  piété profonde, nous avons eu en  premier  interlude (entre le Kyrie et le Gloria de la Missa Choralis) « l’ Agnus Dei Della Messa Da Requiem » Di Giuseppe Verdi. Une pièce intime, méditative et pleine de sobriété. Ensuite,  « L’Ave Maria » de Schubert, retranscrit et paraphrasé par Liszt, nous a plongé dans le bonheur. Et ainsi en a -t-il été pour tous les autres interludes entre les prières de la Missa Choralis. Une église n’est peut-être pas le cadre acoustique idéal pour un  instrument comme le piano, mais la musique était véritablement sentie et jouée des mains d’un virtuose. En particulier la transcription de « l’Ave Verum Corpus » de Mozart.

 

Pour conclure il y a eu cet incroyable morceau de piété et de bravoure musicale aux accents de chant grégorien alternant avec des voix célestes. Quatre solistes détachés du chœur se sont    installés comme par enchantement au jubé. Le dialogue établi entre le choeur et ces quatre chanteurs sublimes était une pure merveille. Une musique que l’on reconnait après  à la première note pour l’avoir écoutée une seule fois tellement elle est s’insinue dans le subconscient.  Il s’agissait du «  Miserere » de Gregorio Allegri, une composition du psaume 51 qui  était exécuté uniquement pendant l’Office des ténèbres de la semaine de Pâques. A cette époque, l’œuvre était  un bien exclusif du chœur papal et ne pouvait être publiée. C’est Mozart qui à 14 ans, l’ayant écouté dans la chapelle Sixtine  avec son père, réécrit de mémoire cette œuvre de 9 voix. Ce qui permit à l’œuvre d’atteindre enfin le public. Et nous, d’être touchés en plein cœur par tant de beauté. Inutile de dire que les applaudissements se sont faits Debout.

 

http://www.flagey.be/fr/programme/7737/flagey-chamber-music-l-abbe-liszt/vlaams-radio-koor-nicolas-andre

 

 

 

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administrateur théâtres

Imagine Paradise  Klara festival

OFFICIAL OPENING CONCERT

 Jeudi 1er septembre 2011 (festival > 16 septembre)

 

IN SEARCH of HEAVEN12272753888?profile=original

FRANCOIS-XAVIER ROTH (chef d’orchestre)
LES SIECLES (orchestre)
LA MAITRISE DE CAEN (chœur de 22 garçons)

Bozar, Salle Henry Le Bœuf

On a déjà pu voir François-Xavier Roth à la tête de l'Orchestre philharmonique de Liège Wallonie-Bruxelles mais aussi avec le London Symphony Orchestra et l'Ensemble Inter Contemporain. Pour la saison 2011-2012, il officiera comme Chefdirigent du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg.

Le répertoire de ce jeune chef s'étend de la musique du 17e siècle aux créations contemporaines, du répertoire symphonique ou lyrique à la musique d'ensemble. Il a ainsi créé en 2003 Les Siècles, un orchestre  de jeunes musiciens qui joue tant sur instruments anciens que modernes et cela au sein d'un même concert et qui surtout refuse de se laisser enfermer dans un genre : ni "baroque", ni "classique", ni "romantique", ni "contemporain", mais un peu tout cela à la fois.

L’Orchestre Les Siècles dirigé par le Chef François-Xavier Roth  a ouvert hier soir le festival Klara aux Beaux-Arts de Bruxelles avec un programme de choix :

 

FRANZ LISZT Eine Symphonie zu Dantes Divina Commedia, s. 109
ANTONÍN DVORAK Symphony no. 9 in e, op. 95 “From The New World”

 

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Note d’intention: Un jeune orchestre jouant sur instruments historiques, un chef débordant d’énergie, deux symphonies emblématiques du XIXe siècle, l’une méconnue, l’autre adorée du grand public, autant d’éléments inscrits chacun dans le thème du Paradis, non pas perdu mais enfin trouvé. Franz Liszt représente à lui seul une des personnalités les plus riches et les plus généreuses du XIXe siècle, poursuivant dans son soutien à la Nouvelle Musique un idéal éthique et spirituel autant qu’artistique; ses liens avec l’œuvre poétique de Dante s’inscrivent dans cette recherche. Écrite pour grand orchestre avec chœur, la Dante Symphonie comprend trois mouvements: Inferno, Purgatorio et Magnificat, trois des étapes menant au septième ciel. Autant Liszt aborde le thème de l’utopie par de savants détours, autant Antonín Dvořák le saisit à bras le corps ! « Un appel pur, une sorte de sonnerie de rassemblement, qui par son rythme syncopé instaure un esprit de danse et d’optimisme » (Michel Chion), voilà le Nouveau Monde qui s’ouvre à l’auditeur. Il s’agit de l’Amérique, bien sûr, mais abordée de façon symbolique, intérieure, universelle. Avec une nuance d’humilité, comme l’atteste la tonalité de mi mineur.

 

12272759688?profile=original  FRANZ LISZT Eine Symphonie zu Dantes Divina Commedia, s. 109

 
    Dans cette symphonie, Franz Liszt se transforme en Hitckock avant la lettre. L’enfer, c’est la peur. Et  la terreur est au rendez-vous. F-X Roth, sorte de deus ex machina , conduit son orchestre toutes griffes dehors. Cuivres déchaînés, batterie et cymbales se relaient dans leurs avertissements  fatidiques. Surprise, le premier mouvement s’éteint sur quelques coups de maillet feutrés. Ensuite , au deuxième mouvement, les instruments à vent, les cordes et deux harpes discourent avec un saxo empli d’émotion ; il y a la douceur des flûtes traversières, les arpèges coulés de la harpe, l’atmosphère intime d’un violoncelle en solo qui déborde de nostalgie.

Le paradis débutera comme le tableau d’un champ de fleurs, mais c’est tout juste si les chants mêlés des instruments n’incitent pas à un certain engourdissement ...jusqu’à l’entrée des voix de la Maîtrise de Caen. Ces jeunes garçons  sont apparus au deuxième balcon à la droite de la scène. La préparation à la rencontre divine est ample et ordonnée. Il y a des silences bourrés de sens. L’absurde n’a pas de lieu. La piété infinie des violons soutient les notes graves des cuivres distillant l’émotion. Il faut même regarder attentivement les mains de F-X Roth pour percevoir certains souffles. L’Esprit ? Le cristal des harpes s'envole soudain dans un duo et les enfants s’enlacent à ces deux instruments célestes. « Magnificat anima mea Dominum, et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo. » On n’a jamais rien entendu de pareil. La pureté fuse. Tout finira par un long arrêt sur image de l’orchestre, figé dans l’émotion.

 

ANTONÍN DVORAK Symphony no. 9 in e, op. 95 “From The New World”

 

Ce qui nous a frappés particulièrement  dans la  9e symphonie de Dvořák, c’est le relief que F-X Roth donne à cette œuvre chatoyante. La justesse des sons aussi. Le début démarre tout en douceur et en nuances mystérieuses vite interrompues par des cors forte. Dès le départ, il y a ce thème siffloté joyeusement, presque les mains dans les poches - le chef est sans baguettes - qui reviendra comme un refrain tout au long de l’œuvre.  Il y a ces envolées bourrées d’espoir. La flûte solo, une rose rouge déployée sur son épaule est fascinante de confiance et de légèreté. Confiance qui gagne vite les cordes.

 Puis il y a le largo : un rythme de légende séculaire,  auréolé d’un éventail de flûtes qui tranche avec le premier mouvement si exubérant. Montée en puissance, et les cordes ensommeillées se mettent à respirer harmonieusement. Tout cela est palpable. On dirait qu’on entend cette musique pour la première fois. Les cuivres acquiescent. Sommes-nous entrés dans une nature inviolée, illimitée, comme celle des paysages américains? Ou bien est-ce l’American Dream qui prend lui-même la parole ? Peinture idyllique d’une utopie heureuse… On entend les pas de loup des contrebasses et la  séduction de leurs sonorités. Et toujours ce relief musical prodigieux: un kaléïdoscope musical,fascinant. Il y a aussi le vent tremblant dans les  violoncelles, comme une nostalgie du pays natal. On croit entendre des chœurs d’hommes. Mais l’orchestre tout entier bondit de bonheur. Une astuce du chef d’orchestre : ces silences pieux, allongés à l’extrême pour découvrir une note cachée derrière une autre. La dernière note pour la violoncelliste, émotion ciselée. Le troisième mouvement est énergique et brillant. Hautbois, flûtes, violoncelles s’accordent pour accueillir le thème majestueux du Nouveau Monde.  Cette formation de jeunes musiciens adultes transpire elle aussi l’émotion commune devant l’aventure de la vie. Atmosphère trépidante, exubérance, gloussements humoristiques des bois. Le batteur s’amuse. Spectaculaires, dans le quatrième mouvement, voici des vagues mugissantes en ascension vertigineuse : Est-ce le Bonheur ? La victoire ? La Liberté ? Le courage ? Tout à la fois ? L’attaque finale des cors anglais  entraîne le rêve musical vers des  paroxysmes,  et le feu d’artifice final n’en finit pas d’éclater.   

Le site du Klara Festival
Le site des Siècles
Le site de François-Xavier Roth
Le site de la Maîtrise de Caen

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administrateur théâtres

12272757671?profile=original" ACI, GALATEA E POLIFEMO " de George Friedrich Haendel   (HWV072, 1708).

RENE JACOBS CONDUCTOR
AKADEMIE FÜR ALTE MUSIK BERLIN
SUNHAE IM ACI
SONIA PRINA GALATEA
MARCOSFINK POLIFEMO

Plongeons dans une  pastorale antique et un  hymne aux cœurs purs. Le livret, version italienne,  écrit par Nicola Giuvo  en 1708 est tiré de la légende d'Acis et Galathée telle qu'elle est rapportée dans Les Métamorphoses d’Ovide. L’intrigue est simple et le message encore plus: l’amour sera sauvé, la jalousie ridiculisée. 

L’histoire :

Acis, fils de Pan, et Galathée, la nymphe des mers, fille de Neptune, sont épris l'un de l'autre. Mais Galathée verse des larmes. Interrogée par Acis, elle lui révèle qu'elle est poursuivie par le désir vorace et jaloux du cyclope Polyphème. On entend soudain un fracas effroyable. Polyphème sort de sa caverne et s’approche des amoureux. Les trompettes résonnent. Galathée supplie Acis de fuir et de la laisser seule avec le géant.  « O dio, t’invola al suo barbaro sdegno, e ti consola !  »

 Polyphème, vengeur, s’enflamme et menace de tuer son rival. «  Ma che ? Non andrà inulta la schermnita mia flamma, io vilipeso » Réponse « forte » de tout l’orchestre.  Mais Galathée défend la cause de l'amour avec courage. Polyphème, impitoyable, se fâche et Acis apparaît soudain pour défendre son amante. Galathée préfère la mort plutôt que de céder au cyclope. Au comble de la jalousie, Polyphème, sûr de ses droits,  somme Galathée de répondre à son amour et  réitère ses menaces mortelles. Galathée appelle alors son père Neptune au secours. Polyphème se retire sur sa montagne.

 Acis, resté seul est rejoint par Galathée. De son côté, Polyphème attend le passage d'Acis pour le fracasser. Alors qu'Acis et Galathée échangent des paroles d'amour, il fait rouler un énorme rocher qui va écraser Acis. 

« Verso già l’alma col sangue, lento palpita il moi cor. » Galathée est désespérée. « Misera, e dove sono ? »  Elle en appelle alors à son père pour qu'il transforme son amant en fleuve. Polyphème essaye de la retenir, mais elle a déjà rejoint Neptune. Il ne peut que contempler Acis, transformé en fleuve, qui embrasse Galathée dans les flots d'argent.

 

 Si Galathée, Sonia Prina, a un jeu scénique plutôt statique et un registre de voix sans grandes surprises malgré l’émotion et les tourments qui  sont bien là,  Sunhae Im exploite sa jeune fougue vocale et sa fibre dramatique avec exaltation.  Une épaule découverte et vêtue d’un « catsuit » de sombre émeraude parsemé d’incrustations de jais, elle joue à cache-cache parmi les musiciens, tout en nous livrant ses récitatifs très expressifs, et ses vibratos surprenants.  Mélange de cabri et de chat, elle  chante et bouge en agilité et souplesse puis disparaît et réapparaît comme par magie. C’est une jeune virtuose vocale qui joue avec les couleurs de sa voix de façon audacieuse et sûre, jusqu’à oser des miaulements dorés. Impétueuse, elle a aussi des envolées lyriques pleines de tendresse, particulièrement cet air, agrémenté de flûtes joyeuses : « Qui l’augel da pianta in pianta ». Ses arias entraînent  le ravissement musical du  spectateur qui en oublie l’orchestre, pour se suspendre à ses lèvres.

C’est une voix d’enfant soulignée par les accords pointés des violons seuls, qui ourlera la mélodie, à la façon de l’astre du jour s’évanouissant dans la mer.

 Quant à Polyphème, Markos Fink, voilà une star totalement fascinante. Sa voix semble couvrir presque trois octaves. Sa démonstration vocale stupéfie et il épouse le rôle de Polyphème de façon très théâtrale, descendant de la montagne à pas de géants accompagné par d’âpres dissonances et des violoncelles lugubres.  Il est le drame. Sans lui, il n’y aurait pas d’histoire. Ses désespoirs  et ses menaces sont vibrants d’intensité et de puissance. On manque d’applaudir en plein spectacle son aria « Fra l’ombre e gl’orrori ».  Et sans l’autre géant, René Jacobs, le chef d’orchestre, il n’y aurait pas de musique.

Cette musique à la fois bucolique et somptueuse… créée par Haendel, à 23 ans à peine, a tout pour ravir : la légèreté, la volupté, l’amplitude, la majesté et surtout une richesse d’expressions sans cesse renouvelée. Cela fourmille d’inventivité et d’effets évocateurs, de la palpitation du cœur au ruissellement des eaux.  Les instruments y sont pour beaucoup car on se croirait au milieu d’un ballet de hautbois, clavecin, orgue, timbales, basse continue s’ébrouant parmi le grésillement estival des violons.

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  Cette musique,  véritable source de bonheur,  est splendidement ciselée par René Jacobs à la baguette. La performance a été applaudie debout, tant l’orchestre  « Akademia für alte Musik Berlin » excelle dans l’interprétation.

 

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=11037&selectiondate=2011-9-13 

http://www.klarafestival.be/fr/concert/aci-galatea-e-polifemo 

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administrateur théâtres

"Musicales de Beloeil"

 

12272756671?profile=original« Créée il y a 23 ans à l'initiative des Princes de Ligne, la grande

fête musicale organisée chaque année dans le parc du Château

de Beloeil poursuit son aventure sous la dénomination

"Musicales de Beloeil".

Ce changement de nom reflète bien entendu un changement

d'organisateur, le 5ème en 23 ans. l'ASBL Belgium to the

Tops est désormais en charge de ce "festival d'un jour" en

partenariat avec le Château de Beloeil et ses propriétaires, les

Princes de Ligne et aussi avec l'ASBL ASMAE et la Commune

de Beloeil, présents depuis la première édition et partenaires

essentiels dans la réussite de cet événement.

La magie des lieux et le concept de promenade musicale

restent les fondamentaux de la recette d'une

telle manifestation. »

 

 ...Malgré notre été maussade, nous avons vécu une journée vibrante à Beloeil cette année. L’édition des « Musicales de Beloeil » en 2011 a en effet ravi un  public nombreux (entre 5000 et 6.000 l’après-midi et entre 7.000 et 8.000 le soir) curieux de découvrir cette nouvelle formule d’un festival musical d’un jour…sous le soleil !

 

Cette première des « Musicales de Beloeil » organisée ce samedi 27 août par l’asbl Belgium to the Tops peut être qualifiée de véritable réussite. Les artistes étaient très heureux de jouer dans les magnifiques jardins à la française de  cet immense parc dont les arbres étaient  illuminés de mille et un faisceaux colorés et le sol jonché de petites flammes au sol sur tous les parcours. Se dégageait une vraie féerie, une illusion de grand siècle.  

Les concerts, tous de haut niveau ont comblé des spectateurs émerveillés qui ont pu se partager des programmes très éclectiques. Au fil des scène aux dénominations plus que romantiques (le bassin vert, le cloître, le vivier aux poissons rouges, le champ de roses, le bassin des dames, le bassin des glaces, le parc des cerfs…)  nous avons pu découvrir des artistes aussi divers que  Miloš Popovic jouant Schumann et Beethoven, Guillaume Coppola jouant 6 consolations et 3 Sonnets de Pétrarque de Liszt, Le Quatuor Alfama raconté aux enfants, La Bande des Hautbois, et même de la musique des troubadours arméniens du moyen-âge au  18ième siècle… où le « duduk », patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO,  joue le rôle principal !  Mais ce n’est qu’une petite partie du programme, car il est illusoire de vouloir  tout entendre même si on commence à 15 h et que l’on termine à minuit!

 

 

Pour couronner les festivités il y a eu ces  deux grands concerts sur la grande scène N°5, l'un en fin d'après-midi à 18h30 et l'autre en fin de soirée à 22h30, avec un grand orchestre symphonique : cette année, le Brussels Philharmonic et son chef Michel Tabachnik, accompagnés par le chœur du Brussels Choral Society et notre grand baryton belge José Van Dam accompagné de jeunes talents vocaux formidables, en résidence à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. De quoi faire de cet événement une référence culturelle européenne.

 Au programme nocturne :

 - Tchaïkovsky, Ouverture solennelle 1812 en mi bémol majeur, op. 49

 -  Beethoven, Symphonie n° 9 en ré mineur, op. 125 (3ième & 4ième mouvement).

 Et le ciel d’absorber ces musiques triomphales. Et le public innombrable d’exulter et de caresser le mot « Freude » et pourquoi pas aussi le mot «  Friede »  avec délectation et gratitude.  

 

 

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Quant  à  la clôture de cette clôture musicale  éblouissante, jaillissant dans le ciel presqu’étoilé  un  feu d’artifice inégalé,  du ja-mais vu, laissa le  public … sous le choc avant de refranchir les grilles du château, la tête vibrante  de musique et  de félicité.

 

photo: with the kind permission of Linda Baute aLBOT & aLBOT

 

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administrateur théâtres

12272756897?profile=originalJeudi 22.09.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Christian Arming direction - Orchestre Philharmonique Royal de Liège

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Présentation :

Né à Vienne il ya tout juste 40 ans, Christian Arming est l’un des chefs d’orchestre les plus demandés de la jeune génération. Aussi à l’aise dans le répertoire classique et romantique que contemporain, Christian Arming confronte les œuvres et les époques et recherche les raretés : les œuvres  méconnues des grands compositeurs, ou les chefs-d’œuvre de compositeurs moins renommés.

 A l’âge de 24 ans, Christian Arming dirige pour la première fois l’Orchestre Philharmonique Janácek d’Ostrava. Peu après, il est le plus jeune chef nommé à la tête de cet orchestre, dans l’histoire musicale tchèque. Depuis le début de sa carrière en 1994, Christian Arming a déjà été invité dans le monde entier, par plus de 50 orchestres. Tout en étant encore  directeur musical du New Japan Philharmonic, il est maintenant, après  François-Xavier Roth*, le nouveau directeur musical de l’Orchestre Philarmonique Royal de Liège. « Je ne suis pas le genre de personne qui arrive pour s’en aller aussitôt. Créer un style personnel et une véritable relation avec un orchestre ne se fait pas en un an. Je souhaite construire quelque chose dans la durée à Liège où je ressens un grand potentiel,  tant dans l’orchestre que dans la vie culturelle d’ailleurs. » (Le Soir Liège, 12/05/2011)

Le programme de ce soir est représentatif de sa curiosité et de son ancrage dans la tradition viennoise.

 

Sandor Veress, Threnos
Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 5, op. 67
Bela Bartok, Concerto pour orchestre, Sz. 116 

 

Dès les premières mesures de l’œuvre Threnos, du compositeur peu connu, Sandor Veress, on ressent cette alchimie particulière qui unit l’orchestre et son chef aux mains libres de baguette. C’est un aller simple vers l’émotion et l’intelligence de cœur.  Christian Arming est un être communicatif, il sait diffuser une lumière solaire même dans un œuvre funèbre. Après quelque percussions infiniment douces, comme s’il ne fallait pas réveiller une personne endormie, les violons traduisent une atmosphère sombre, le fracas des cuivres et les cymbales éclatent avec ostentation, le morceau prend le rythme d’une lourde marche, et la harpe détend l’atmosphère en quelques caresses. Back to square one avec les percussions douces. La plainte mélodique est reprise par les seconds violons. Christian Arming dirige à grands coups de rame le fleuve musical. Au deuxième mouvement c’est un frétillement de cordes qui précède une profonde respiration mélodique, ou un large soupir. Une mélodie timide de clarinettes et hautbois est entrecoupée de silences et cliquetis discrets et répétitifs. On est surpris par la résonnance déchirante  d’une grosse caisse, ponctuée par les cordes. Il y a la sonorité voluptueuse de la flûte et les  échos profonds des cuivres. On est dans une musique magistrale et émouvante. Après le long decrescendo, de nouveau la délicatesse des maillets impressionne, le son unique est presque devenu inaudible.

 

Décrire la Symphonie n° 5 de Beethoven par le menu ne présente que peu d’intérêt car l’œuvre est mondialement connue. Mais il faut néanmoins souligner que Christian Anning utilise ici sa baguette, qu’il obtient un modelé immédiat. L’attaque est franche, le résultat chantant. Il puise les accords à même le sol, se démenant comme un danseur de ballet moderne. Sa gestuelle est totalement romantique et la chevelure masculine abondante y est pour quelque chose. Ambassadrice d’un tempérament généreux et vif, elle transmet à coup de vibrations, l’émotion et l’énergie triomphante de l’œuvre. L’orchestre répond avec passion et émet des chapelets de belles sonorités marquées rondes et vivantes. Ce chef d’orchestre est le maître des bruissements, des grondements  et résonnances profondes.  Une touche de musique tzigane à la fin, la finale de la finale de la finale sera réellement décoiffante et applaudie avec bonheur immense par un public conquis.   

 

Le départ du concerto de Bela Bartók se fera dans l’austérité, sur d’imperceptibles hululements de cordes: des voix humaines ? L’illusion de grands espaces vierges ? Puis c’est l’explosion soudaine de toute une vie biologique nocturne qui déferle. Christian Aming prend des allures de forgeron sculptant le métal incandescent de la musique et l’embrasement de la vie. On repère les notes syncopées des hautbois et de la harpe, des coups de tonnerre, et l’intervention puissante et graphique des cuivres avant  une  étrange et dramatique explosion de violons. C’est la fin du premier mouvement. On est séduit.

 

Changement d’atmosphère radical avec des tapotements sautillants, goût métal qui initient le deuxième mouvement, façon cigales ou insectes bavards. C’est l’humour qui prévaut avec une certaine élégance sarcastique dans les dissonances : grincements d’amphibies ? Les tapotements se liguent avec les cuivres pour introduire la matière liquide des violons et des bois. Un oiseau frappeur achève de nous étonner. Le troisième mouvement se caractérise par des sifflements, des vocalises appuyées de flûtes soutenues par les cordes et quelques accents de cuivres. Il y a ce déchirement à l’unisson des violons «  forte ». On est dans le drame, l’angoisse. Mais les violons désespérés seront apaisés par les violoncelles aux doigts de fées et surtout par  la note d’espoir infini transmise par un piccolo farceur émergeant d’un gentil passage élégiaque. Que du bonheur. Les deux derniers morceaux constituent d’abord un pot pourri de danses folkloriques et puis le chef d’orchestre exulte dans le dernier mouvement. C’est le foisonnement, la joie, l’exubérance qui nous montent à la gorge. Les jeux de bassons ourlés de violons tendres laissent la place à la harpe. Les violons se livrent à des mélodies aigües,  à la chinoise. Bruissements de voix féminines haut-perchées, glissando des violons en mode bavard, la caquètophonie s’amplifie, le chef d’orchestre donne des coups de reins en se penchant dangereusement en arrière. Voici les épousailles viscérales du chef et de son orchestre. La conclusion passe par un orage lugubre et menaçant  et la fin est échevelée. Ovation bien méritée.

  

Notes : *Chef d’orchestre français qui a ouvert récemment le Klara Festival à Bozar avec la symphonie de la divine  comédie de Liszt et la symphonie du nouveau monde de Dvorak (1/09/2011)

 

Sites à consulter:

http://www.rtc.be/reportages/262-general/1443651-christian-arming-est-le-nouveau-directeur-musical-de-loprl

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=10873&selectiondate=2011-9-22

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administrateur théâtres

Imagine Paradise (part 4) (Klara festival) 14/9/ 2011 EROICA

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CHRISTOPHE ROUSSET Conductor
LES TALENS LYRIQUES
Jeremy Ovenden tenore

Au programme: Pierre Gaveaux & Joseph Haydn (en première partie)  

Ludwig van Beethoven - Symphonie n°3 en mi bémol majeur, op. 55 Eroica
(Quatre mouvements: Allegro con brio, Funebre de Marcia : Adagio assai, Scherzo: Allegro vivace
Finale: Allegro molto )

 

C’est définitivement la seconde partie du programme que nous avons préférée. « Spécialiste de la musique baroque, puis classique, et, depuis quelques années, du début du Romantisme, Christophe Rousset est un chef visionnaire, fin et profond. A la tête des Talens Lyriques, il dirige Beethoven pour la première fois. » Il dirige à mains nues. On sent tout de suite une agilité extrême dans les gestes, une passion, une fougue qui fera éclater comme du tonnerre les deux accords brefs en mi bémol majeur qui  introduisent l'œuvre, de façon théâtrale. Critique de musique, J.W.N. Sullivan décrit le premier mouvement comme une expression du courage de Beethoven confrontant sa surdité, le deuxième, lent et funeste, représente son immense désespoir, le troisième, le scherzo, comme une « indomptable révolte d’énergie créative » et le quatrième mouvement comme une effusion exubérante de la même énergie.

 

 Le premier thème, exposé par les violoncelles dans la nuance piano est repris avec magnificence un nombre  incalculable de fois, comme si patiemment le compositeur s’amusait à élever la  flèche ajourée d’une cathédrale, les arcs-boutants et les ogives des nefs latérales tout à la fois. A la fin il y a un éparpillement d’éclats lumineux des violons, puis un crescendo de luminosité, souligné par l’entrée dramatique des cors anglais.  La percussionniste veille. Elle est tout devant à gauche, chose rare. La blonde Aline Potin, au nom de tintamarre et au physique élancé et gracieux décoche sans frémir ses coups de maillets avec des mains de fée.

 

Le deuxième mouvement commence dans les couleurs sombres des violoncelles, il y a la voix presque humaine de la clarinette, le rythme se fait héroïque, la clarinette ricochette. Il y a de dramatiques accords des vents. Trois accords répétés des contrebasses et le rythme se métamorphose en marche ample. C’est le vent lui-même qui s’empare des cordes et les flûtes exultent. Les gestes de la percussionniste soulignent  l’ensemble comme si elle dirigeait un ballet gracieux. Etonnant. Après une rupture en douceur, on glisse dans la nostalgie. Il y aura le tic-tac des altos, et des diminuendos qui vous mènent au cœur de la confidence. Une musique que presque personne n’a pu s’empêcher d’applaudir entre les mouvements. Hommage au chef d’orchestre.

 

La légèreté et la souplesse sont au rendez-vous dans le scherzo. Les cors donnent le ton et entraînent les violons suivis des hautbois et le thème puissant a été rattrapé au vol. Les cuivres sonnent la fanfare et le trio de cors s'enflamme. Où sont les chevaux? Assiste-t-on aux soirs de batailles gagnées, à la joie et les libations des guerriers victorieux, au bonheur des idées de liberté répandues par-delà les frontières ? La joie (masculine) est palpable. L’accord final sera leste et joyeux. Et toujours, aux côté de la brillante trompette, la percussionniste… aux maillets de fée.

 

Dernier mouvement : l’ouverture se fait sur un parade précipitée des violons suivie d’un arrêt brusque pour laisser libre cours aux variations.  Des pizzicati scintillants entrecoupés de respirations vivantes, mettent en lumière les belles sonorités de l’orchestre, les notes tenues, si harmonieuses. La princesse des cymbales observe tout cela le sourire aux lèvres,  avec un métronome dans sa chevelure qui ponctue la mélodie. La quatrième variation tourne à la fugue. On est surpris par un point culminant de dissonance mais d’autres variations arrivent comme des vagues toujours plus surprenantes. Il faut se laisser porter par l’amplitude chantante et se préparer à applaudir à tout rompre.

 

 

 

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http://www.bozar.be/activity.php?id=11038&selectiondate=2011-9-14

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http://www.klarafestival.be/nl/node/1316

 

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 “The Fire of Prometheus”

EUROPEAN GALA CONCERT

VLADIMIR JUROWSKI - LONDON PHILHARMONIC ORCHESTRA

Vladimir Jurowski conductor
London Philharmonic Orchestra
State Choir Latvia
Nikolai Lugansky piano
Igor Levitt piano

 

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Le programme:

Modest Mussorgsky St. John’s Night on the bald mountain
Sergey Rachmaninov Rhapsody on a theme of Paganini for piano and orchestra, op. 43
Franz Liszt Prometheus, S. 99
Alexander Skryabin Prometheus:The Poem of Fire, op. 60

 

 

C’est certes l’interprétation de l’œuvre de Rachmaninov par Nikolai Lugansky qui a littéralement mis le feu à la Salle Henry Le Bœuf hier soir. Le pianiste a reçu des clameurs de bonheur dès qu’il s’est levé de son tabouret pour saluer un public complètement chaviré. Entre le charme et les doigts de fer machiavéliques, les rythmes syncopés et les ralentis dramatiques, l’orchestre qui exhale des respirations de fauves et une clarinette plaintive, on reste pantois. Le scherzo a des sonorités très lyriques. Il y a ces reprises en fanfare, le solo romantique du piano, répété en sourdine par les violons et c’est un couple romantique qui s’étreint devant une vallée verdoyante qui se présente à l’esprit.  Au dernier mouvement, après une série de pizzicati des violons, contrebasses et violoncelles, les archets bruissent une ultime fois sur les cordes pour céder la place aux  accords ascensionnels du piano qui nous entraînent vers une apothéose de noces barbares. Le déchaînement du « Dies Irae », avec ses accords tranchants et nets, claquera  comme des coups de fouets. Mais intrépide, le piano lancera une dernière offensive, achevée à la dynamite !

 

Avec le Mont Chauve de Mussorgsky , on n’est pas en reste ! Ce sont les sorcières, les enfers les diables,  les courses folles et vertigineuses qui sont au rendez-vous. Le rythme est débridé, les cuivres ont des voix de crapauds gigantesques qui fusent parmi des chuchotements maléfiques. Frissons légers de cordes, piaillements des bois. Les pesants violoncelles réitèrent le thème par trois fois. La joie des maléfices et des mauvais tours éclate et Méphisto lui-même tient la baguette pour galvaniser les musiciens dans une gerbe de flammes.

 

 

 Le poème symphonique de Franz Liszt nous offre des accords mystiques aux sonorités cuivrées. Et pourtant, ce sont des clarinettes et des hautbois qui parlent ! Deux interprétations : ou la jubilation d’avoir dérobé le feu à la barbe des dieux ou l’exaltation du désir de venir les défier. Je pencherais plutôt pour la première version car il y a ce magnifique mouvement lent, empli de félicité plus que d’orgueil. Le dieu voleur a  en effet une tâche noble : celle de venir au secours de l’humanité. C’et le mythe fondateur du héros Prométhée et celui de l’accès à la connaissance. La gestuelle de Vladimir Jurowski, le chef d’orchestre, est bouillante, impérieuse, irrévocable.  

 

Un long silence respectueux précédera l’interprétation du poème de Scriabine. Suivi d’une longue sonorité trouble reprise  enfin par les tremblements de cordes. Les violoncelles produisent des arrachements mélodiques, le piano a imperceptiblement introduit des notes flûtées. Vladimir Jurowski nous aide à suivre le labyrinthe de sonorités car il semble décrire la partition dans l’air à force de gestes et d’intentions mordantes. Il n’y a qu’à se laisser embarquer vers l’étrange, se laisser flotter sur des vagues d’harmonies … ou de vagues harmonies. Rien de volcanique au début, plutôt une halte de voyageur en pays inconnu. Le piano offre des goulées de vie et d’eau fraîche. Roulements, avertissements sinistres des cors, les violoncelles brûlent. Quelques flammes lèchent les pieds d’une forêt et ce sera l’embrasement final : cors et percussions. Et chacun d’ajouter des notes chaotiques entre les aires de repos non touchées par les flammes. Le pianiste tressaute sur son siège. On songe plutôt aux  entrailles en flammes de Prométhée lors de son châtiment qu’à la joie de la dérobade du feu sacré. Car on entend les cris acérés des oiseaux de proie.  Hyper-vigilant, le chef d’orchestre arbore le dessein musical avec fermeté. Y répondent les ricanements fracassants des trompettes. Mais voici que les livrets dans les 4  rangs du chœur,  s’ouvrent en silence, avant qu’ils ne profèrent  un  hululement final fait uniquement de voyelles. Fébrile, voulant presque décrocher le ciel,  Vladimir Jurowski débusquera les derniers accords féroces avant de saluer.  On reste sous le choc. C’est une musique chaotique où se mêlent angoisse,  impatience, jubilation et désespoir.

 

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http://www.klarafestival.be/fr/concert/fire-prometheus

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administrateur théâtres

12272749893?profile=original17-31 Juillet 2011. MUSICA MUNDI  n’est plus à présenter, mais rappelons tout de même à ceux qui ne connaissent pas encore ce fleuron international de la vie musicale belge,  les grandes lignes de ce projet fantastique, créateur de chance pour des jeunes talents musiciens sous la houlette de plus grands noms.  

 C’est donc la 13e édition d’un stage et festival de musique de chambre international ouvert aux jeunes talents âgés de 10 à 18 ans. Il a été créé dans le but, d’une part, de développer le talent de ces jeunes musiciens à la personnalité unique, et d’autre part, de leur permettre de rencontrer d’autres musiciens qui ont déjà acquis une certaine renommée. Les lieux de rencontre sont prestigieux : le Château du Lac à Genval, le Château de la Hulpe, le Concert Noble et l’hôtel Lido à Rixensart, où sont logés gracieusement les jeunes talents.

Parmi les artistes qui ont honoré de leur présence les précédentes éditions du stage et festival de musique de chambre international Musica Mundi citons, entre autres : Maxim Vengerov, Mischa Maisky, Gidon Kremer, Ivry Gitlis, Katia & Marielle Labèque, Heinrich Schiff, Leif Ove Andsnes, Paul Badura-Skoda, Itamar Golan, les King’s Singers, le Petersen string quartet, le Talich string quartet, et le St.Petersbourg string quartet.

 

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Dans le cadre du festival de Musica Mundi au château du Lac à Genval, nous sommes allés écouter  hier avec ravissement Christian Zacharias.

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"Je suis né le 27 avril 1950 à Jamshedpur en Inde, d'un père ingénieur, Friedrich-Wilhelm Zacharias, et de sa femme Susanna, née Haase. Mon père, originaire de la Prusse de l'Est, émigra rapidement à l'étranger et c'est ainsi qu'il passa près de vingt ans de sa vie en Inde, où il épousa ma mère, originaire de Danzig. En 1952, ma famille qui compte encore ma soeur Katarina, retourna en Allemagne et s'installa à Karlsruhe. Là, je commençais l'école et reçu mes premiers cours de piano à l'âge de sept ans. Mon maître de musique au Gymnase, qui reconnut et soutint très tôt mon don, me facilita l'entrée à l'école supérieure de musique de Karlsruhe, où, dès 1961, j'étudiai avec Irène Slavin, une russe exilée. J'obtins, parallèlement à mes études scolaires, les diplômes des branches théoriques musicales (harmonie, contrepoint, analyse, orchestration, composition), si bien qu'en 1969, une année seulement après ma majorité, je pus achever mes études musicales avec les diplômes de professeur de musique et de pianiste de concert. Suivirent des études auprès de Vlado Perlemuter à Paris et ma participation à divers concours de musique, dont Genève et Van Cliburn aux Etats-Unis, où j'obtins le Deuxième Prix, et au concours Ravel à Paris où je reçus le Premier Prix. Depuis 1975, je pus vivre de mon activité de concertiste indépendant et dès lors, ma carrière m'a mené à pratiquement tous les orchestres et centres musicaux importants dans le monde."

 

Voici le  magnifique programme qu’il nous a présenté :

C.P.E. Bach : Sonate en la mineur
C.P.E. Bach : Sonate-Rondo en ut mineur
Brahms : Quatre Klavierstücke opus 119
Beethoven : Sonate pour piano n°31 en la bémol majeur opus 110
Brahms : Sonate pour piano n°3 en fa mineur opus 5

D’aucuns disent « Il comprend tout, il voit tout !... Et lorsque Christian Zacharias joue, c'est clair, net, précis, limpide... il arrive même à nous faire supposer que l'œuvre est facile... et lorsque j'ai la chance de pouvoir aller l'entendre, aucune note ne m'échappe... et ces notes-là, elles sont belles !... » Nous ne pouvons qu’acquiescer car nous avons assisté à un festin musical.

 

Dans la  salle grandiose de l’hôtel du Lac il y a cette fenêtre qui, à la façon chinoise s’ouvre sur une chute d’eau silencieuse, des bambous de différentes espèces, des roches  et des mousses. Recueillement.  Le piano à queue trône devant cet espace poétique du jour qui décroît cependant que s’allument des  illuminations  nocturnes discrètes. Discrète aussi, l’arrivée du pianiste dont le jeu léger des pièces de C.P.E Bach fait penser à des gouttelettes frémissantes, des bruissements d’ailes, de la délicatesse, des annotations cristallines. Il y a des quintes et des trilles humoristiques, des ricochets farceurs, un ballet de pattes de souris. Dans le second morceau les babillages de notes contrastent avec des accords nets et denses d’une magnifique sonorité.  Sous des dehors O combien austères, le pianiste développe toute la finesse de la musique de façon presque juvénile. Une vraie dentelle ancienne.

Avec l’opus 119 de Brahms c’est la confidence qui prime, la douceur et même la langueur, tout en ne se départant jamais de cette légèreté lumineuse du début du concert. Le deuxième mouvement s’accélère, une danse ou une berceuse ? Flots de  romantisme et cela se termine comme  le rayon vert à la surface de la mer ou l’observation attendrie d’une respiration endormie. Le 3eme mouvement emporte dans des rêves ou des chimères lâchées comme un troupeau joyeux. Le final reprend passionnément les thèmes de l’ouverture.

 

On aurait pu penser que pour Beethoven, le pianiste oserait une certaine violence de sentiments. Au contraire, ses doigts sont des étoiles filantes, les notes, des cascades de voie lactée… Une musique de grande légèreté encore qui semble évoquer l’innocence pure de l’enfant. La main droite énonce des notes claires tandis que la gauche étouffe sa puissance. Puis les portes claquent, un adolescent découvre la fermeté d'accords rebelles.  Le troisième mouvement devient sombre, empreint de mélancolie. L’âge d’or révolu ? La perte de l’insouciance. Sous ses doigts on assiste à la naissance d’accents très profonds soudains révélés au monde. Méditation. Puis il a ce retour au thème principal : temps retrouvé ? Crescendo de bonheur, élan de tendresse, plénitude même. Et malgré des accords écrasants aux accents de Fatum, le final est un jaillissement de notes joyeuses débordantes et libres. Le public est sous le charme. Autant de douceur, des mains de ce grand homme viril étonnent. Une fabrique de bonheur et de beauté.

La sonate en 5 mouvements de Brahms démontre toujours autant d’aisance et de maîtrise. Jouerait- il    ici son moreau de prédilection ? Une fougue nouvelle s’empare du pianiste. Mais celle-ci s’oppose à nouveau avec des intermèdes ruisselants de douceur où  le musicien semble presque s’évanouir. Voltiges ralenties, plaisir musical évident. Une légèreté presque féminine s’empare des deux mains. On pense à la fragilité de fleurs de cerisier, à des  pétales de délicatesse. Les derniers grains quittent le sablier à regrets, c‘est le retour de tons graves, la concentration est extrême, jusqu’à l’épuisement des basses avant une ultime caresse finale. Le troisième mouvement s’emporte. Le jeu est vif et brillant, sonore et frappé. Mais le 4e renoue avec « cette douceur avant toute chose », comme si son but était d’effacer coûte que coûte, note par note toute la violence et la misère du monde. Musique et douceur se confondent.  Il s’enivre de la saveur de la musique comme d’un parfum entêtant. C’est tout juste si  on ne voit pas tomber des plumes de cygne sur le pianiste et son instrument. Ces instants sont magiques.  Le dernier mouvement est un   bouquet d’été : monumental,  royal, tout en camaïeux riches et exubérants.
 Un bis bien sûr : «  Les arabesques » de Schumann. Il  virevolte une fois de plus entre le Ying et le Yang, de façon savante et décontractée. Ce festival de saveurs douces et lumineuses a fait lever la salle entière à la dernière note  pour applaudir à tout rompre l’art poétique de ce musicien extraordinaire.  

Il vous reste un dernier soir pour vous joindre à cette atmosphère  envoûtante très particulière  de têtes blondes et cheveux gris et c’est la soirée de gala :

«  Course and Festival GALA Concert   »  le 31 juillet à 19 heures au château du Lac.                      (Black tie)

 

http://www.musicamundi.org/fr/index2.htm

 

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administrateur théâtres

Festival de l' Orangerie du Château de Seneffe

12272746871?profile=originalCette année, au Festival de L'Orangerie, Véronique Bogaerts et Patricia Raes ont invité tous leurs amis solistes pour un feu d'artifice musical au cœur de l’été.

… Et si le troisième et le quatrième  soir se rapportent au deuxième, ce festival de musique de chambre est la perle des hôtes de ces bois ! L’orangerie du Château de Seneffe a vécu un 22 juillet étincelant, vibrant, convivial et raffiné. Une soirée consacrée au piano dans tous ses états.  

 

MMM ... : merveilleux moments musicaux!

Un festival de doigts  - de 5 à quarante -  parfois tous sur le même clavier. Des interprètes de  renommée mondiale : Dominique Cornil, Muhiddin Dürrüoglu, Philippe Raskin, Jean-Claude Vanden Eynden, quatre pianistes … deux pianos… et des œuvres allant crescendo dans l’implication du nombre de mains : Scriabine, Ravel, Stravinsky, Czerny, Ligeti,  Rossini, Beethoven, Elgar, Schumann, Chopin. Ce  répertoire fait de  12 joyaux de la musique puisant tant dans le classique que dans le contemporain a enchanté le public enthousiaste massé dans la longue salle de l’orangerie du château.  Mais ce concert extraordinaire véhiculait surtout une ambiance  de joie, de connivence et  de partage. L’ espièglerie des quatre artistes s’ingéniait véritablement à séduire le public tout en s’amusant follement entre eux et avec leur instrument. C’est la transmission de  la joie profonde de la musique qui menait le jeu. Demandez à Muhiddin Dürrüoglu! Et le séduisant Philippe Raskin est toujours aussi craquant! Un contraste frappant dans le climat plutôt morose qui a envahi la Belgique depuis plus de 400 jours. Parole de J-C Van de Eynden qui préfère l’hymne à la vie, l’ode à la beauté, la création du bonheur partagé.

 

 

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Epinglons une interprétation extraordinaire de Dominique Cornil du célèbre Nocturne opus 9 de Scriabine pour main gauche seule … à 5 doigts donc. L’autre main reposant tranquillement sur le genou droit. Mais cette musique est loin d’être tranquille, elle est enflammée, romantique en diable,  éblouissante. Dominique Cornil, sous des dehors sérieux si pas sévères, nous livre des sonorités retentissantes, en force et en nuances. On ne voit qu’une main, on en dirait trois! Cette pièce de musique d’une  prodigieuse subtilité devient d’une expressivité fascinante sous ces cinq doigts à la fois de fer et de velours. Sans compter le jeu invisible des pédales… 

 

Le public ose à peine  respirer quand ces Quatre Mousquetaires de la musique s’attaquent ensemble  à l’Ouverture de Guillaume Tell,  à 40 doigts, sur deux pianos.  Si tout commence dans une ambiance plutôt bucolique et élégante, l’attaque du thème principal est délirante et les 4 artistes ont presque du mal à se retenir de rire et personne ne perd les pédales. Véronique Bogaerts tourne tranquillement les pages, pendant que les artistes s’amusent.

 

Mais le plus frappant dans ce concert c’est l' interprétation fracassante du Sacre du Printemps, fauve et colorée par Jean-Claude Vanden Eyden et Dominique Cornil. L’ambiance est tribale. Il n’y a que deux pianos, quatre mains et c’est tout un orchestre que l’on entend. Mais ici avec un détail, une clarté, une définition musicale intense. Tour à tour se projettent la trépidation de la vie, le bouillonnement, l’apaisement, le renoncement même. Une vraie frénésie contraste avec des éclats de lumière. Cette musique emporte comme un fleuve démonté qui charrie tous les objets de la création. Panta Rhei. Tout coule, tout passe avec rage et déferlement, mais les artistes restent. Radieux. Et c’est l’ovation !

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Des tas d’autres  surprises ludiques ornent ce concert. Signalons ces trois mages penchés de leurs six mains de lumière sur le même clavier, gobant les notes de Czerny – Les trois Amateurs - de leurs mimiques expressives, de leurs œillades complices, anticipant le rire de Mozart, révélant son élégance. Le trio magique se délecte et est délectable. Le final est majestueux et la joie des compères, contagieuse ! C’est comme si on avait déjà bu le champagne ! Sourire massif du public.

 

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Le dernier morceau : « Pomp and Circumstance » de Edward Elgar, l’incontournable des Proms,  sera inoubliable pour les participants que se sont levés, inspirés par J-C Van de Eynden.  Les artistes sont ovationnés et le public se met à chanter à la paix et à la sérénité à retrouver ! Land of Hope and Glory !  Bis très émouvant, le public se lâche. 

Puis c’est la réception comme à chaque concert, dans la verrière de l’Orangerie.

 

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Consultez le programme la fête continue ce soir et demain soir encore!

Samedi 23 juillet 2010 – 20h00  

«Sextuors à cordes de Straus & Brahms – Souvenir de Florence de Tchaikovsky»         

France Springuel, Sarah Dupriez (violoncelle), Véronique Bogaerts & Frédéric d’Ursel (violon), Thérèse-Marie Gilissen & Vincent Hepp (alto)

Programme :

R. Strauss                         Sextuor à cordes extrait de Capriccio

J. Brahms                         Sextuor n° 1

P. Tchaikovsky                Souvenir de Florence

 

Dimanche 24 juillet 2011 – 17h00

« Octuor de Schubert & C° »

Véronique Bogaerts & Elisabeth Wybou (violon), Vincent Hepp (alto),  France Springuel (violoncelle), Christian Vanden Borght (contrebasse), Alain Cremers (basson),Jean-Luc Votano (clarinette), Jeroen Billiet (cor)

Programme :

C. Stamitz                        Trio pour cor, violon et violoncelle

Anonyme 1750                Trio pour cor, violon et bason

F. Schubert                      Octuor

 

 

Lieu des concerts : Orangerie du Château de Seneffe – rue L. Plasman – 7180 Seneffe

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administrateur théâtres

LE PREMIER FESTIVAL MUSIQ’3 (Flagey)

BRUXELLES inaugure LE PREMIER FESTIVAL MUSIQ’3, une nouvelle branche du festival de Wallonie, aujourd’hui quadragénaire : C’est la grande  fête  les  01- 02 et 03/ 07-2011

 

Une Surprise  d’abord:

A 19 heures,  sur la terrasse, on est accueilli par la Pologne. Le passage de relais symbolique entre la présidence hongroise du Conseil de l'Union Européenne et celle de la Pologne se fait musicalement. Sur  la place Sainte-Croix, au pied du bâtiment de Flagey, et donc du Service culturel de l’Ambassade de Pologne. Et c'est au son de l'accordéon que le relais historique se fête dans une ambiance estivale. Ce sont les meilleurs  d’Europe ! Deux groupes qui portent bien leur nom, Flying Hands, venu de Hongrie, et Motion Trio, formation polonaise surnommée aussi « trio furioso » jouent l'un après l'autre avant de partager la scène dans une ambiance de fête fort éclectique.

L’ Ouverture du festival Musiq’3 : 


« Les Quatre Saisons/Le Quattro Stagioni » sous la direction de la pétulante  Amandine Beyer, violoniste, avec l'ensemble Gli Incogniti nous plongent dans l’esprit d’une Europe attachée aux valeurs classiques.  Quatre concertos pour autant de saisons, l’allégresse du printemps, la langueur de l’été, l’abondance de l’automne, la préparation du renouveau dans les entrailles de l’hiver. Un cycle qui ne parle que de renaissance, d’invention, de création féconde et continue. Quoi de plus parlant et de plus stimulant pour une Europe qui bouillonne dans son creuset …. ? Les jeunes interprètes de l’ensemble « Gli Incogniti » d’Amandine Beyer étaient là pour en témoigner artistiquement avec fougue, conviction et décontraction.  Clamons avec Tzvetan Todorov : « la civilisation n’est pas le passé de l’Europe mais son futur. »

 

Ce premier concert est l’un des cinquante concerts occupant 200 musiciens que ces trois jours de liesse  et de convivialité réuniront les 01, 02 et 03 juillet.
Des concerts d'une durée de 45 minutes environ sauf pour les magnifiques prestations de Fanny Ardant, la mystérieuse comédienne française et Louis Lortie qui se partagent diction et musique tout au long des années de pèlerinage de Franz Liszt. Le bicentenaire de sa naissance  (1811) oblige. En deux parties: vendredi et samedi soir, au studio 4 à 20 heures. Ceci constitue l'évènement du Festival de Wallonie 2011. Connu pour son interprétation magistrale de Franz Liszt, Louis Lortie, « est l’un des 5 ou 6 pianistes qu’il vaut la peine d’aller entendre toutes affaires cessantes  » (Daily Telegraph, Londres).
Années de pèlerinages est « une œuvre romantique par excellence, révolutionnaire aussi tant par les textes qui l'ont inspirée que par l'invention musicale qu'elle développe».

 

Piqués par le talent et la jouvence de l’ensemble « Gli Incogniti » d’Amandine Beyer  nous sommes retournés boire à la musique au concert de 22 heures qui présentait de succulentes œuvres au clavecin de Bach et Vivaldi. Demain nous irons nous frotter à l’orchestre du festival, un orchestre à cordes bourré de talent… lui qui n’attend pas le nombre des années. Ils sont issus de notre Conservatoire de Bruxelles, réunis autour de Shirly Laub, violon,  leur chef et professeur et Jean-Bernard Pommier  pianiste d’exception.

Ensuite à 16 heures, il y a ce récital majeur où le public sera heureux de revoir le merveilleux pianiste Denis Kozhukhin qui gagna haut la main le Concours Reine Elisabeth en 2010, remportant également le prix du public. Rendez-vous de musicalité, de générosité et de sincérité pour interpréter des œuvres de Schumann, Wagner et Liszt.  

Ceci n’est qu’un avant goût d’un programme totalement dédicacé à la jeunesse  sous toutes ses formes: jeunes interprètes, jeunes compositeurs, œuvres de jeunesses, jeune public… « Pierre et le loup » est  en effet au rendez-vous le dimanche à midi, dans le magnifique studio 4. Et qui de mieux, pour guider cette saison, que le jeune violoniste Lorenzo Gatto  (25 ans !) en invité d’honneur?

C’est Lorenzo Gatto  et  Graf Murja  au violon et Denis  Kozhukhin et Milos Popovic au piano, la jeunesse virtuose, qui clôtureront ce festival qui ouvre les portes du rêve, par un concert surprise le dimanche soir à 20 heures, dans un dernier hommage à l’esprit de Liszt.   

 « L’éternelle jeunesse…

Enfin, il existe au travers de l’histoire de la musique des chefs-d’œuvre impérissables, doués d’une éternelle jeunesse. Ces œuvres traversent le temps et les générations, elles semblent intemporelles, elles résistent aux événements. Elles agissent comme de réels bienfaits thérapeutiques, scientifiquement prouvés, et plongent ainsi l’auditeur dans une perpétuelle cure de jouvence… » Claire Ringlet, secrétaire artistique 

 

Consultez le programme qui se déroule d’heures en heures dans de nombreuses salles du bâtiment Flagey! Des rendez-vous de pur bonheur.

http://www.festivaldewallonie.be/2011/fr/Bruxelles/programme/

 

Et après ces brillantes journées d’ouverture, le festival de Wallonie continue, jusqu’au 16

octobre: Namur, cité du chant choral, fait résonner les voûtes de l’église Saint-Loup de l’écho des voix baroques. Le Festival de Saint-Hubert fera découvrir, au fil de ses concerts, quelques-uns des plus beaux villages de nos Ardennes. En août, Stavelot est, sans conteste, un des chefs-lieux européens de la musique de chambre. En automne, les concerts se bousculent et laissent au public l’embarras du choix: une étape à Liège pour écouter les plus grands noms de la musique ancienne ; quelques détours dans le Hainaut où, de Tournai à Soignies, le public est attendu pour faire la fête à des artistes de haut niveau ; ou alors le Brabant wallon, qui propose toujours son lot de découvertes et d’originalité.

Hommage complet à nos richesses architecturales et musicales.

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12272741659?profile=originalA l’affiche aux palais des Beaux-Arts de Bruxelles, un concert qui rassemble des œuvres du 18e siècle et trois lauréats  de notre dernier concours Reine Elisabeth (Chant 2011) accompagnés par La Petite Bande.

                                        

Cela commence par Joseph Haydn : Symphonie n°47en sol majeur (1772).  Sigiswald Kuijken dirige l’ensemble de la Petite Bande, un orchestre de musique baroque qui va bientôt fêter son quarantième anniversaire. Il y a ce dialogue énergique avec le cor, la patte de velours de la contrebasse, un esprit malicieux. Le deuxième mouvement, « Un poco adagio cantabile » évoque la promenade rêveuse d’une âme solitaire. Cela se termine sur une petite marche triomphante. De grands effleurements légers  contrastent avec des accents de passion, le tout construit en échos ludiques.

 

 De quoi introduire  vaillamment le «Laudamus te» de la messe en Ut mineur de  Mozart (Missa KV 427) avec une symbiose parfaite entre la soliste Anaïk Morel  au timbre très coloré et l’orchestre. Sébastien Parotte , un géant en redingote noire très  habillée nous livre la virtuosité de « Io ti lascio », KV 621a au rythme très vif et très enlevé. Et voici Konstantin Shushakov, interprétant avec chaleur et modulations profondes le «Finch’han dal vino » de Don Giovanni, KV 527. Que le vin de l’allégresse et l’amour débordent !

 

Survient  un  moment très théâtral  qui rassemble Anaïk Morel (quatrième prix)  et  Konstantin Shushakov (cinquième prix) dans l’interprétation fougueuse de l’extrait  du même opéra «Là ci darem la mano», duo en la majeur aussi joyeux que des noces paysannes. Ce morceau très expressif sera repris dans un des bis avec verve et humour jusqu’à baiser l’écharpe de la Belle et lui effleurer l’épaule d’une marguerite! « Andiam ! »…

 

La première partie du concert est clôturée par le « Concerto pour hautbois, KV 271k ». Mozart  encore. Patrick Beaugiraud nous présente une interprétation précise mais un peu tendue, de ce beau concerto. On aurait souhaité plus de joie mais d’aucuns diront qu’il est parfaitement mozartien et que cette retenue est nécessaire.

 

 Olivier Picon, en revanche séduit avec son cor et son solo plein de délicatesse dans le  Concerto pour cor n° 4, KV 495. Il y a un bel équilibre entre le cor et l’orchestre comme si celui-ci insufflait vie et sentiment. Une musique sereine et grave, très nuancée. Les deux barytons et la merveilleuse mezzo se partagent encore des oeuvres de Mozart et de Glück. Une pure merveille, cet air nostalgique de : Orfeo ed Euridice: «Che faro senza Euridice» chanté par Anaïk Morel. Son timbre de voix est un véritable  enchantement. Il y a un sens profond du drame et l’orchestre souligne la tendresse profonde d’Orphée.  

 

Enfin, le trépidant air extrait de  Die Zauberflöte, KV 620: «Pa-Pa-Pa-Papagena nous offre  des délices de virtuosité. On se demande où commence l’orchestre, où commence la voix humaine. La tendresse des jeunes futurs parents est émouvante. «So liebe kleine Kinderlein !»

Un concert très éclectique fait pour le plaisir de la musique. La fête de la musique? C’est d’actualité au coeur du mois de juin!

 

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http://www.bozar.be/activity.php?id=9901&selectiondate=2011-6-15

 le 15 juin 2011

 

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administrateur théâtres

12272740890?profile=originalThe Ladymass : en principe voici une messe votive  en l’honneur de  l’Assomption de la Vierge Marie, écrite en latin, au 13 e siècle par des moines bénédictins de St Mary’s Abbey  à Worcester, chantée par un chœur d’hommes dans le style grégorien.  Il n’en reste que des fragments, le rêve mélodique du Trio Médiéval fera le reste: 

                                            En effet la  rareté des sources musicales de l’époque laissera  tout le champ libre  au Trio Médiéval  féminin norvégien formé en 1997 pour plonger avec autant d’audace qu’un certain Ken Follet avec ses piliers de la terre,  dans l’imaginaire fertile  et la liberté d’interprétation. Cette re-création part de l’œuvre médiévale et glisse avec bonheur sur des prolongements  très modernes mais  à peine discernables de l’œuvre médiévale,   décoiffants  mais lumineux et vibrants  comme du cristal.

 

 L’œuvre polyphonique  produite, que nous avons écoutée avec ravissement dans la très belle église de Notre-Dame de  la Chapelle à Bruxelles sous les rayons mordorés du soleil couchant, est de toute beauté. Les deux norvégiennes et la soprano suédoise tissent au fuseau de leurs voix un concert d’harmonie, de paix et de vénération qui remue les spectateurs jusqu’au fond de leurs entrailles par la richesse  et la finesse des  échos et des  modulations. Cela n’a l’air de rien, c’est humble et dépouillé et pourtant les vibrations sont d’une richesse infinie et l’on verse sans se faire prier dans l’absolu.

 

Chaque morceau est un vrai bijou, ciselé, éthéré,  transparent, brillant, baigné de simplicité. La variété des approches surprend, et ce concert de pas plus d’une heure semble s’être volatilisé aussi vite que des bulles de savon au soleil. Couleurs, formes, vagabondages, le sourire transcende la voix qui chante et qui fuse alors qu’elle reste douce, comme dans une conversation.  En accompagnement de ces voix de diapason qui jouent parfois  à cache-cache entre les colonnades, il y a ces harmonies moelleuses et  mystérieuses des « melody chimes » que chacune,  maitresse d’une seule note, agite comme un plumeau  rempli de pluie divine. La spiritualité semble ruisseler de cet intime mélange de voix féminines  et rebondit dans le cœur de chacun. Les voix sont pures et claires comme de paisibles ruisseaux qui se confondent en un état de grâce. Un tel concert qui ressuscite le temps des cathédrales, se grave de façon indélébile dans le souvenir, et nous laisse  un  pur parfum d’éternité. On a vu des spectateurs boire cette musique séraphique, les yeux fermés.

 

http://www.triomediaeval.no

Trio Mediaeval

A Worcester Ladymass

Mardi 24.05.2011 20:00

Église Notre-Dame de la Chapelle

Anna Maria Friman soprano - Linn Andrea Fuglseth soprano - Torunn Østrem Ossum soprano - Trio Mediaeval

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administrateur théâtres

C’était une délicieuse perspective que d’aller écouter l’orchestre philharmonique de Rotterdam en ce jour royal du 29 avril 2011. Son chef d’orchestre, canadien, Yannick Nézet-Séguin , né en 1975 est un phénomène. Il s’intéressa à ce métier dès l’âge de 10 ans et il est frappant de constater que le personnage n’a rien perdu de sa passion  juvénile : il fait de véritables bonds de carpe ou plutôt de  saumon « fugueux » quand il dirige ses concerts et entraîne dans son sillage tout un orchestre de cheveux blonds et de cheveux blancs. On a rarement vu un tel feu dans les moments de « climax » qui émaillèrent cette prestation de Bach à Richard Strauss.

 

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On découvre d’abord une musique soyeuse et de plus en plus pulpeuse avec l’orchestration de Webern de l’Offrande musicale de J.S.Bach : une fugue brillante à six voix, composée en 1935. Chromatisme poussé, enchevêtrement de lignes, timbres romantiques dont on ressort séduit et  … sans voix. Il semble y avoir une continuité extraordinairement naturelle entre ces deux artistes, nés à deux siècles d’intervalle, qui se conclut avec panache sur un crescendo plein d’émotion et de résonnance profonde.  

 

 Vient ensuite le concerto pour deux violons et orchestre en ré mineur BWV 1043  de J.S.Bach  composé en 1720. Une œuvre d’une beauté exquise, un ballet musical entre les deux charmants mousquetaires de la musique :  Lorenzo Gatto et Yossif Ivanov, aux violons. Finesse, humour, assurance : leurs archets virevoltent comme des papillons par-dessus une prairie d’été, en épousailles sans failles. Leur complémentarité bienveillante donne le frisson : et l’entente et l’écoute. Ils croisent l’archet avec humour et jubilation. Rendons aussi hommage à leur fougue et leur générosité juvénile dans le  troisième mouvement, les deux violons ne semblent plus qu’en faire un, les canons et cascades de notes se terminent en un aboutissement plein de sérénité  et de simplicité. Vivats, ovations applaudissements sans fin termineront cette première partie, bouleversante, du concert.

Un cadeau pour le public : le troisième mouvement, en bis.

 

 

En deuxième partie, nous voilà avec le Don Quichotte de Richard Strauss, «  fantastische Variationen über ein Thema ritterlichen Charakters », pour violoncelle et orchestre, op 35  (1897). Deux thèmes s’entrelacent, Don Quichotte est représenté par des solos bouleversants de violoncelle et  Sancho Panza par la clarinette basse et le tuba puis par l’alto. L’orchestre ponctue ces solos dans un esprit de narration fantastique débridée. Les chapitres se déroulent en variations un peu sardoniques. Il y a de l’humour, certes, mais aussi beaucoup de lourdeur. Une chevauchée dans les airs avec une machine à vent renouvelle sans doute l’intérêt de l’écoute, mais on préfère décidément les morceaux de solo où Floris Mijnders, le violoncelliste,  joue en fermant les yeux et en exprimant de son corps de titan aux yeux bleus toutes les nuances de la musique, comme s’il était seul à bord du navire.

Les soli et le  Maestro Québécois  recevront une pluie d’applaudissements enthousiastes.

Rotterdams Philharmonisch Orkest

Vendredi 29.04.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Yannick Nézet-Séguin direction - Lorenzo Gatto violon - Yossif Ivanov violon - Floris Mijnders violoncelle - Anne Huser alto - Rotterdams Philharmonisch Orkest
 
Johann Sebastian Bach / Anton Webern, Fuga (Ricercata) a 6 voci
Johann Sebastian Bach, Concerto pour 2 violons, cordes et continuo, BWV 1043
Richard Strauss, Don Quichotte, op. 35

http://www.bozar.be/webpage_broadcastitem.php?broadc_id=1255

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=9781&selectiondate=2011-4-29

 

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administrateur théâtres

Some say he is the world’s finest violinist...

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« En soi, le cycle des trois sonates de Brahms constitue la perfection. J’avais envie de partager ce moment intime avec le public du Palais des Beaux-Arts et je ne crois pas avoir jamais joué les sonates de Brahms ici. » Maxim Vengerov

 

Et le 2 mai 2011 fut un jour de grâce. Deux partenaires de récital sublimes : le violoniste charismatique  Maxim Vengerov  et  le formidable pianiste arménien Vag Papian forment un carré parfait et nous offent une soirée exceptionnellement poétique, un vrai moment de grâce.  Le  contraste  est saisissant entre l’homme de lumière, de lyrisme et de classicisme sobre, et celui, pétri de substance fauve, de sentiment romantique débordant d’expression du subconscient que nous offre Vag Papian. Ils s’entendent pourtant à merveille et montent leur interprétation des trois sonates de Brahms dans une harmonie difficile à égaler.

 

Dans un tel récital Maxim Vengerov semble vouloir percer à jour  toutes les facettes de l’âme du compositeur. Sa persévérance le rend attachant. Jamais il ne perd sa concentration et semble jouer de son instrument comme s’il parlait sa langue maternelle.

 

Dans cette première sonate il y a des souvenirs qui restent. Empreints de délicatesse et d’élégance. Au piano : Tantôt des tons pastels, tantôt des enjeux passionnés, des élans de tendresses, des babillements légers. Puis la féerie de la sérénade du violon fuse, délicate. Le piano s’ébranle pour la suite du voyage intime fait d’élans de lyrisme et de douceur. Le piano porte avec un respect infini la mélodie du violon qui se développe dans des accents séraphiques et … touche le ciel. Le troisième mouvement s’enchaîne avec vivacité. Le pianiste se ramasse sur son clavier, tel un fauve prêt à bondir. De son visage éclairé par l’inspiration, il semble dévorer la musique et savourer les notes une à une. De temps en temps, son œil vif se suspend un instant à la partition cependant que son partenaire violoniste, se laisse aller à des mouvements de tête gracieux, les yeux souvent mi-clos. La musique révèle son sourire intérieur. Nous sommes dans des arabesques fantaisistes, une chanson sans paroles qui dit l’hymne à la beauté. On pourrait s’en aller après un morceau d’une telle perfection.

La deuxième sonate nous livre encore plus d’invisible. Le pianiste tremble de joie dans les octaves graves. Les mélodies des deux compères s’entrelacent. Germe un élan vital tranquille, germent des bouffées d’humour et des trilles célestes, à nouveau. Le martèlement du piano résonne comme les talons d’une princesse descendant les marches d’un palais. Le prince du violon semble oublier de respirer, tant la musique  lui coule naturellement de l’archet comme une sève créatrice. C’est l’abandon à la musique. Les deux voix glissent l’une sur l’autre, et c’est fini ! 

La sonate n°3 nous jettera dans un univers différent. L’archet ondoie, le piano se fait intime, les couleurs sont des gammes chromatiques. Puis tout à coup, les accords sont plaqués.  Émanent des volutes pianistiques amples et le violon se transforme en berceuse. Pas d’arrêt entre les mouvements. L’adagio est lent et grave, il soutient une réflexion intense. Le pianiste extrait des notes de mystère de son instrument et même des bruissements de harpe. La complainte du violon fabrique des phrasés interminables, on dirait que l’archet s’allonge à l’infini. La fin, c’est du bouillonnement pur et l’explosion de la  passion chez les deux solistes.

 

Le désormais attachant Maxim Vengerov remerciera chaleureusement le public pour son ovation bruyante et enthousiaste  et annoncera la naissance d’un projet en Belgique: la création de l’école primaire et secondaire de Musica Mundi, réservée aux musiciens et dévouée à la musique. Ouverte à tous, cette école combinera un enseignement général de qualité et une formation musicale professionnelle. Déjà Maxime Vengerov participe depuis plusieurs années  à MUSICA MUNDI un stage et festival de musique de chambre international ouvert aux jeunes talents âgés de 10 à 18 ans qui se déroule chez nous, à Waterloo, La Hulpe, Genval.  Il conclut en évoquant le pouvoir thérapeutique de la Musique. Celui-ci remonte à Aristote. . . Le public est ébahi  de tant de simplicité  et de générosité  cachées dans ce virtuose de renommée mondiale.

 

La fête n’est pas finie. Le très jeune orchestre, Belorussian Youth Orchestra, s’est installé souriant sur le plateau pour jouer des fragments de  Tchaïkovski, Vivaldi, G.Radu, L. Anderson et W. Mnatzakanov. Ces derniers moments du concert se dérouleront sous l’emprise de la jubilation et de l’exaltation générale. Tant pour les jeunes musiciens, que pour leur ineffable chef d’orchestre, Vladimir Perlin, promenant son sourire de chat, à pas de velours parmi eux, ...que pour le public, totalement conquis.


Programme du concert :

-Maxim Vengerov violon - Vag Papian piano

Johannes Brahms Sonate pour violon et piano n° 1, op. 78, Sonate pour violon et piano n° 2, op. 100, Sonate pour violon et piano n° 3, op. 108

-Belorussian Youth Orchestra , Musica Mundi Young Talents, direction Vladimir Perlin

Fragments d’Œuvres de Tchaïkovski, Vivaldi, G.Radu, L. Anderson et W. Mnatzakanov

-Et en cadeau surprise, le merveilleux adagio du concerto pour 2 violons de J.S Bach interprété par Maxime Vengerov et Leonid Kerbel, son ami, fondateur de Musica mundi.

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=10915&selectiondate=2011-5-2

 

 

 

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administrateur théâtres

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La célèbre formation Les Agrémens dirigée par Guy Van Waas nous  a  proposé une aventure musicale très subtile,   dont -Euréka ! - on  a  deviné soudain à la fin,  le thème caché :  il s’agissait du  Temps. Les Agrémens sont un ensemble qui fut  créé par le Centre d’Art Vocal et de Musique Ancienne de Namur en 1995, ils jouent sur des instruments d’époque.  Guy Van Waas en est le chef depuis 2001.

 

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Pour marquer le temps, Guy Van Waas a choisi d’abord l’éternité dans cette ouverture  peu connue d’Antonio Salieri  « Les Danaïdes », tragédie lyrique en 5 actes.  Les cinquante filles du roi Danaos qui tuèrent leurs maris,  furent jetées aux Enfers et furent  condamnées à remplir éternellement un tonneau sans fond. Très peu d’annotations figurent sur cette partition et Guy Van Waas a fait avec son ensemble un véritable travail de musicien pour produire cette mise en-bouche ornementée, alerte et vivante,  qui dura un gros 5 minutes, se terminant sur un ré mineur pianissimo.  Mais comme si l’éternité elle-même était en marche, la 101e symphonie de Haydn  a redémarré dans le même souffle, sur la même note justement, privant le public de ses applaudissements… Révolutionnaire ! Voilà donc une espièglerie  d’un chef d’orchestre qui veut surprendre. Il  déconcerte et amuse et ne voulait surtout pas interrompre la dramaturgie du premier morceau ! Il a donc choisi l’inventivité et même la rupture des conventions.

 

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Chez Haydn, tout est annoté et  écrit d’avance, et  le savoir-faire de l’ensemble et le doigté fascinant de chef d’orchestre donneront une musicalité, une sonorité et une clarté étonnante à l’œuvre.  Les sons feuilletés des violons sont un délice  dans l’andante du  deuxième mouvement. Et voilà qu’apparait, facétieux comme un coucou des bois, le tic-tac bien connu qui a valu son surnom à cette 101e  symphonie surnommée « The Clock ». A tour de rôle, violons, hautbois, flûtes puis "tutti" scandent la fuite du temps. Le menuet resplendit ensuite comme une musique de cour; le dialogue des flûtes et hautbois a du moelleux, les violons produisant de simples accords savoureux  et beaux. Sans baguette, les mains souples et aériennes Guy Van Waas précèdent toujours très clairement les musiciens : qui m’aime me suive, dans la joie de la musique! Sonorités liquides qui font du temps une clepsydre, belles comme des illuminations quand la nuit tombe, puis le Finale Vivace.

 

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Avec Luigi Cherubini, le temps revient encore. Celui du temps retrouvé dans ces «  Deux journées, ou Le porteur d'eau » où des souvenirs et des retrouvailles  très émouvantes sont le thème principal.  Le jeu des contrebasses est particulièrement poignant. Avec ces accès de crises pathétiques insérés dans une facture classique on anticipe déjà le lien avec l’œuvre suivante la Symphonie n° 8 de Ludwig van Beethoven.

 

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 C’est ici dans cette oeuvre de Beethoven que le temps est  particulièrement présent ! On reconnait très vite  un genre de tic- tac très net  comme chez Haydn.  Le deuxième mouvement est en effet un hommage à l’invention du métronome qui marque le temps du musicien. Vu l’explosion fantastique du premier mouvement, sorte de forêt fantastique en marche, de grondements de géants, de bruissements cadencés, interrompus avec humour par des voix d’elfes et ensuite par un crescendo de  véritables pulsations vitales,  ce rythme en tic-tac me faisait plutôt penser à  une horloge biologique en marche. Avec l’éclatement bruyant de la vie suivie de  l’envolée malicieuse de l’esprit . Le tout se clôturant sur une sorte de chevauchée victorieuse. Chaque pupitre exulte et irradie une énergie fabuleuse.  Quelle construction  dramaturgique ! Le démiurge en col Mao noir,  salue  et revient plusieurs fois à la barre, le sourire aux lèvres.

Voici donc un concert tout en finesse, en tonalités nuancées et beauté.

 

Le 6 mai 2011, Salle Henry Le Boeuf, Palais ds Beaux-Arts de Bruxelles

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http://www.bozar.be/activity.php?id=9885&selectiondate=2011-5-6

 

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administrateur théâtres

                                       Louis Langrée -Youssif Ivanov

          Samedi 14.05.2011 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 

 Le chasseur maudit, poème symphonique, M44 (1882) César Franck

Atmosphère : un dimanche matin, au son des cloches et des chants, un comte du Rhin fait sonner les cors et ose partir à la chasse au lieu d'assister au culte dominical. Répondant immédiatement au son du cor orgueilleux, une voix lui dit d’écouter les chants pieux. Le motif religieux des violoncelles se fait insistant mais en vain. Son cheval s’arrête et le cor se fige dans le silence. Sacrilège, le voilà maudit par une voix terrible  et perçante qui le damne pour l'éternité. Dans sa chevauchée, il est poursuivi par des diables hurlants et conduit directement vers la bouche béante de l'enfer et ses flammes. L’orchestration est vibrante, fougueuse et sombre. Le dynamisme de Louis Langrée se fait sentir dès la première mesure, il semble lui-même être le Diable en personne.  Il possède le sens passionné  du drame, il égrène avec doigté les frissons prémonitoires d’une colère divine qui semble éclater avec fracas directement des entrailles de la terre. Haute sonorité et musique terrifiante. Le discours de ce  poème symphonique  dense est mené par un maître du jeu tout puissant. Une pièce d’ouverture tellement saisissante ne peut que gagner le public sur le champ.

 

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Concerto pour violon et orchestre n°3 en si mineur opus 61 (1880) Camille Saint-Saëns

On quitte le drame. Le Troisième concerto pour violon de Saint-Saëns penche plutôt vers l’élégance. Le violon de Yossif Ivanov  débute le premier mouvement avec vigueur, cependant que Louis Langrée change diamétralement d’approche, c’est tout juste si on n’imagine pas une répétition dans une église. Au début, à tout le moins. Des mélodies presque bucoliques s’enlacent dans une extrême finesse et dans la douceur. Elles sont suivies d’arpèges descendants dont le point de fuite est le son du hautbois. On passe ensuite à une musique solaire et à de savantes préparations, à un envol. Le dialogue des violons est d’une pureté cristalline, le violon chante langoureusement. Dans l’allegro non troppo le virtuose est  supporté par les bassons et les cors. Finale de pure sonorité, lumineuse et majestueuse. 

 

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Élégant et souriant, Yossif Ivanov  offrira au public émerveillé un  bis scandé comme une tarentelle, un caprice de  Paganini.

 

Symphonie en ré mineur de César Franck

Le vrai coup de cœur de la soirée. Cette composition cyclique grandiose débute par une phrase des violoncelles et des contrebasses. S’ajoutent deux nouvelles  phrases mélodiques, l’une gracieuse, l’autre passionnée. Tout l‘orchestre vibre à l’unisson sous la conduite de  Louis Langrée qui semble faire des pas de danse avec un immense violoncelle imaginaire. Ses gestes sont amples et puissants, on a du mal à ne pas le quitter des yeux.  Le chant mélancolique d’un cor anglais s’élève au milieu des pizzicati de cordes et de harpe. Abandon des thèmes du début. Le maître de musique se fait de plus en plus chaleureux. Musique de l’effleurement, touches presque impressionnistes puis le basculement progressif vers seulement le souvenir des premiers thèmes… Suspense: ceux-ci se font vraiment attendre.  Et le finale est toute fougue et brillance ourlées de la douceur de la harpe, alternant avec la majesté ou même le rayonnement mystique de l’apothéose finale.  

Le bonheur est dans la salle, son cœur crépite.

 

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administrateur théâtres

12272725475?profile=originalOrchestre National de Belgique « L'essence du romantisme allemand »

Vendredi 18.03.2011 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

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Walter Weller direction - Daniel Hope violon - Orchestre National de Belgique

Johannes Brahms, Akademische Festouvertüre, op. 80
Max Bruch, Concerto pour violon et orchestre n° 1, op. 26
Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 7, op. 92

Pour célébrer l’arrivée du printemps, Walter Weller a déniché une ouverture festive, un classique du violon virtuose sous l’archet fameux de Daniel Hope, ainsi qu’une profusion de rythmes de danses signées Beethoven. Autant de sonorités symphoniques qui l’une après l’autre exhortent, mettent au défi et marquent les esprits.

 

 Après l’installation de l’Orchestre National de Belgique sur la scène de la salle Henry Le Bœuf, voici que pénètre une figure emblématique, Walter Weller qui vient saluer un public déjà à sa dévotion. Ce septuagénaire, patriarche souriant, mènera le programme avec sûreté et nuances infinies.

De l’humour d’abord avec l'Ouverture du Festival académique en do mineur (1880), composée par Johannes Brahms en remerciement pour le titre de docteur honoris causa qui lui fut décerné par l’université de Breslau. Elle comporte des bribes de joyeuses chansons estudiantines  allemandes, très riches en thèmes, sorte de pot pourri  qui se mute ça et là en hymnes victorieux…pour rebondir sur une fin à rallonges – de l’humour encore  –   à tel point que le public  trompé,  a déjà commencé d’applaudir !

 

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Ensuite, le régal : où  le violoniste Daniel Hope déploie la finesse de son expression et sa sensibilité intense dans le très connu Concerto pour violon et orchestre N°1 en sol mineur de Max Bruch. Il est porté avec respect par l’orchestre qui l’accompagne dans un dialogue tout en douceur et en nuances. Chacune de ses prises d’archet est articulée et épanouie, les silences alternés de l’accompagnement et du soliste plongent la salle dans une écoute concentrée. Tantôt on est séduit par les jeux d’écho et l' éclat d'une  musique majestueuse, tantôt on s’émeut d’accents de berceuse, et enfin on a le souffle coupé par une sorte de long aria instrumental d’un  rossignol à toute une forêt en émoi. Beauté et délicatesse sont au rendez-vous. Le soliste semble écouter le bois précieux de son violon, tant son oreille y est couchée tendrement. L’allegro energico fait bondir de joie, on dirait un enfant de la musique qui conduit l’archet, accords brillants, émerveillement,  triomphe.  L’essence du romantisme allemand.

Le bis choisi par Daniel Hope sera « Kaddish » de Maurice Ravel, en l’honneur des victimes de la tragédie au Japon. Intériorité profonde,tristesse, espoir, on peut croire que la salle entièrement recueillie se joignait à la prière, un summum d’humanité.

 

                                                                  silence

 

 

Place maintenant à la toute belle symphonie N° 7 en la majeur opus 92, de Ludwig van Beethoven. Le premier mouvement démarre sur des vocalises ascendantes et des murmures pour initier le chant de la flûte traversière, à nouveau dans une exquise douceur. Violons et bois semblent se disputer le « la » avec humour quand éclate toute la fougue des violons. Comme si le compositeur ménageait une sorte de suspense avant de s’élancer dans une sorte de combat entre le mystère profond et la lumière étincelante. Reprise de thèmes dansants, place aux puissants instruments à vent, beaucoup de relief et de précision. Multiples cavalcades joyeuses, rythmes soutenus de chevauchées typiques du compositeur, gammes ascendantes, les cors et timbales termineront avec brio… et le public lâchera des applaudissements difficilement réfrénés.

 Le deuxième mouvement, la page la plus célèbre,  met le mystère et l’émotion au premier plan, beauté d’un chant lugubre : « les chants désespérés sont les plus beaux ! » On a l’impression d’être dans une valse lente, aux gammes descendantes. Après la reprise des notes initiales, c’est une pause de bonheur romantique et les accents marqués des violons, puis des flûtes et hautbois, puis des cors. On est surpris par l’agencement précis, ordonné, classique qui évoque presque des jardins à la française alors qu’on est au plus profond du siècle allemand. La suite de la symphonie sera remplie d’allégresse, de tendresse et de majesté, les archets glissent, enchantés, les flûtes s’amusent en poursuite échevelées, les puissantes timbales soulignent  les bassons. Le tout se termine par un tourbillon de scintillements musicaux.

 Fascinants, le langage corporel et le regard brillant du très subtil chef d'orchestre Walter Weller font leur effet. Walter Weller  déroule et extrait mille nuances de  chacun de ses musiciens, - tout juste s’il ne sifflote pas mentalement  à chacun, sa note et sa modulation-  une sorte de substantifique moelle, faite d’émotion pure. Le patriarche souriant et son orchestre seront ovationnés car le bonheur du public subjugué est général.  

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

12272725700?profile=original      Hagen Quartett

        Mardi 29.03.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 

Wolfgang Amadeus Mozart, Quatuor à cordes, KV 428
Dmitry Shostakovich, Quatuor à cordes n° 8, op. 110
Franz Schubert, Quatuor à cordes n° 15, op. 161, D 887

 

Trois des quatre membres du Quatuor Hagen sont frères et sœur. Voilà qui explique peut-être l’exceptionnelle homogénéité de l’ensemble, qui fait partie depuis près d’un quart de siècle déjà des meilleurs quatuors à cordes internationaux. Au programme de ce concert, trois époques et trois styles très différents : Mozart et l’un de ses quatuors dédiés à Haydn, Chostakovitch et son plus célèbre quatuor, véritable requiem, « dédié aux victimes de la guerre et du fascisme », pour finir avec Schubert et son ultime quatuor. En un mot, trois compositeurs, trois chefs-d’œuvre.

 

Une île ou un esquif ? Dans cet océan d’auditeurs massés dans la grande salle Henry Le Bœuf... On est là pour écouter le quatuor Hagen. Chuuuut ! Les frémissements du quatuor à cordes en mi bémol majeur de Mozart commencent. C'est l’allegro ma non troppo, mais comme il est intimidé! Noyé ... dans ces 2000 respirations aux aguets !  Les contrastes entre idéal-et-lumière et condition humaine-et-structures sombres sont très marqués…  Troppo?

 Le deuxième mouvement: Andante Con moto devient d’une belle expressivité, intense et complexe. On respire. Cela doit être éprouvant de faire de la musique de chambre devant une aussi grande salle.  Mais le talent est là et le sentiment fera le reste.

 

Embarquement dans la musique de Dimitri Chostakovitch avec un morceau extraordinaire, oeuvre puissante et pensive à la fois : le quatuor à cordes N°8 en do mineur, composé en 1960. Cette composition lui prit quelques jours seulement, lors de la visite du musicien en Allemagne sur les lieux d’un camp d’extermination. Ce voyage le ramène aux souvenirs de la désolation des bombardements que lui-même subit pendant la guerre en Russie dans sa propre ville. Cette pièce comprend cinq parties dont trois largos extrêmement émouvants.  Une écriture très subtile exprime  à la fois sa dissidence et le refuge qu’il trouve dans la musique. La première complainte lugubre est suivie d’une sorte d'assaut  et d’une fuite effrénée en avant, sorte de danse macabre d’un essaim de maléfices.  On perçoit des références au Dies Irae, des effluves tragiques d’un hymne russe funéraire. La salle est recueillie. Le violoncelle devient passionné et exprime une inextinguible lamentation totalement désespérée. C’est très beau.  

 

La dernière œuvre que ce Hagen Qartett nous interprète est une œuvre dynamique, pulpeuse, plus basée sur des effets de rythme que sur de la mélodie selon moi. Il s’agit du quatuor à cordes N°15 en sol majeur de Franz Schubert. En quatre mouvements.

Ce qu’on aime, c’est l’épaisse matière instrumentale, les accompagnements généreux autour du violon, des effets dramatiques et le rôle grandissant du violoncelle. Le mouvement semble infini et semble faire du sur place  quand démarre le scherzo, un morceau hérissé de  courtes vagues d’angoisse. Le violoncelle porteur de calme revient et le violon retrouve sa chanson avant que de nouveaux frissons ne s’emparent du quatuor. Avec le quatrième mouvement  voici enfin une mélodie joyeuse et dansante qui fait un pied-de-nez au  sombre destin. C’est l’acceptation des épines de la vie, sans amertume, l’anima libre et ailée n’a pas dit son dernier mot et se rit des frayeurs humaines.

La salle  et l’esquif se retrouvent, dans un tonnerre d’applaudissements.

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=9861&selectiondate=2011-3-29

 

 

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administrateur théâtres

A la croisée des sensibilités musicales et architecturales 

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Après le concert donné  à Bruxelles par Bernard Foccroulle en la cathédrale Saint-Michel  ce 11 février dernier, nous avons interrogé Agnès Schoubben-Stein, ancienne élève de Jean Absil, une éminente musicologue, professeur de piano et d’harmonie,  et recueilli ses commentaires éclairés.  Elle nous parle d’abord avec délectation de l’instrument contemporain qu’elle découvre avec stupeur :  un vrai bonheur pour les yeux.  Il a été inauguré en 2000.

A S - Le facteur de  cet instrument monumental, Gerhard Grenzing, est d’emblée, parmi les meilleurs  et de réputation mondiale. C’est  un allemand connaissant parfaitement aussi les instruments espagnols, ce qui nous vaut  le jeu des trompettes en chamade : tuyaux étincelants implantés horizontalement. Impressionnant ! Regardez : cet orgue magnifique est véritablement suspendu dans le volume de la nef centrale, donc dans la tradition ancienne dite « nid d’hirondelle ». Je pense à Chartres et à Strasbourg ! L’instrument de Bruxelles  occupe les trois travées côté Nord.  Il se développe en hauteur, ce qui permet à la console d’être posée sur une sorte de balcon au milieu des tuyaux de la montre et de surplomber le positif. Il est encadré de deux tours  impressionnantes dans lesquelles se trouvent notamment les grands tuyaux du pédalier. Il comprend quatre claviers, plus le pédalier, soit 63 jeux. C’est spectaculaire et splendide.

DHL - Je vois, Agnès,  que vous êtes intarissable quant à la description de cet instrument que vous considérez à juste titre comme le roi des instruments…

AS – Ah Oui ! Maintenant, le programme. « Les maîtres de Bach » font partie du répertoire baroque dont Bernard Foccroulle  est un spécialiste réputé.  Dietrich Buxtehude était très admiré par Bach. Celui-ci en a recopié certaines œuvres pour s’imprégner de cette musique qu’il jugeait exemplaire à tous points de vue.  Il y travaillait des heures durant, à la bougie, jusqu’à ce qu’il tombe de fatigue. La Toccata en la majeur, bâtie sur l’accord parfait de ré, fait chatoyer à la fois la beauté  des timbres et  celle de larges plans sonores engendrés par l’écriture si complexe et si belle de l’époque baroque. Nous avons eu la chance infinie d’avoir un interprète intelligent et sensible qui a su gérer cette beauté sonore pendant tout le concert, car pour lui, la musique est une véritable vision de vie…

 DHL - Comme pour vous ?

AS – Effectivement (sourire radieux). Les deux Fantaisies qui ont suivi faisaient vibrer à la fois la joie de la Nativité et la douleur de la Crucifixion, le tout dégageant une véritable tension  d’atmosphère dramatique.

DHL – Vous connaissiez J.A. Reincken ?

AS – Evidemment, par l’histoire de la musique. Il était organiste  à Hambourg, l’auteur de la plus longue œuvre pour orgue qui nous soit parvenue de la période baroque. Le choral et fugue du programme est une illustration de ce que le dialogue entre les claviers et le caractère douloureux de certaines mélodies peuvent éveiller comme écho de l’affliction. Ici, celle du peuple juif face à son triste destin.

DHL- C’était plein de virtuosité…

AS- Le style reflète la pratique de l’improvisation si répandue au XVII siècle ! Cela donne en effet une virtuosité plus formelle…

DHL- Nous avons aussi pu écouter un autre compositeur dont je n’avais jamais entendu parler, Georg Böhm…

AS- Sa musique, de par son ornementation, entre autres, en fait le lien entre Buxtehude et Bach. Ses œuvres pour le clavier sont les plus remarquables de l’époque avant Bach. On a conservé 18 préludes de chorals et quelques cantates qui démontrent son influence sur Bach. Comme d’ailleurs une petite suite française en ré mineur et trois petites suites en mi bémol majeur qui prouvent la nette influence du style français dans son œuvre. Le choral mis au programme est un des plus beaux de l’époque baroque!

DHL- Et on arrive à Nicolaus Burhns…

AS- Un élève de Buxtehude. Il n’a laissé qu’une œuvre restreinte du fait de sa disparition prématurée mais la valeur exceptionnelle de sa musique éclate dans l’œuvre entendue : le  prélude en mi mineur. Portant l’influence de l’œuvre de son maître, ce prélude est tour à tour d’une écriture contrastée et violonistique, Nicolaus Burhns  étant en même temps violoniste, organiste et compositeur. La figure en forme de gigue qui clôture l’œuvre est joyeuse et véritablement dansante. Elle se présente comme un point culminant du style baroque allemand.

DHL  – Un mot sur Bernard Foccroulle ?

AS – Je n’ai qu’une envie, c’est aller le remercier de vive voix pour tout le bonheur que cette soirée m’a donné, dans ce lieu empreint de piété, où la diffusion sonore de l’instrument est une pure merveille ! C’est un moment inoubliable, ce dialogue avec l’architecture de la cathédrale, cet orgue qui résonne comme une Jérusalem musicale, une cité faite de belles sonorités chaudes, émouvantes. DHL - On dirait presque  la maquette d’une ville  mythique, qui ferait rayonner la  musique autour d’elle, suspendue dans les ogives…

AS - L’homme qui est au buffet, Bernard Foccroulle, est un homme de très grand talent qui a mis toutes sa générosité, son intelligence, sa sensibilité, sa culture et ses convictions au service de la musique.  Je suis pleine d’admiration !

DHL - qu’est ce qui le différencie donc d’autres organistes ?

AS  -  Son intelligence profonde des textes interprétés. On peut en effet suivre la complexité de l’écriture contrepointique de façon fluide et lumineuse, il nous en  donne une registration parfaite. Rien de cela n’est écrit dans les partitions, c’est là où joue toute sa créativité d’orchestration car c’est lui qui fait tous les choix, tous plus heureux les uns que les autres. Cela, c’est du vrai talent, hors du commun. En plus, le choix des sonorités et des nuances, fruit d’une sensibilité sans faille, a permis à l’instrument de montrer la richesse qu’il recèle, tout en révélant la beauté de cette musique des maîtres de Bach si splendidement interprétée…

DHL -  Oui ! Nous avons étés comblés par une variété inouïe de sonorités, des timbres les plus solides et  les plus profonds, jusqu’aux sons délicats et cristallins d’un orgue de verre. Nous avons fait le plein de bonheur  de sensations esthétiques et spirituelles! Cela tient du mystère !  Merci, chère Agnès, de vous être exprimée vous aussi, avec toute votre culture musicale, votre amour de la musique, votre sensibilité et votre intelligence.

 

 

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administrateur théâtres

               ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DU LUXEMBOURG   

            Vendredi 04.03.2011 20:00         Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

    – Emmanuel Krivine direction –    – Vadim Repin violon

Modest Mussorgsky, Prélude (Khovanshchina)
Jean Sibelius, Concerto pour violon et orchestre, op. 47
Johannes Brahms, Symphonie n° 2, op. 73

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Après le lever du jour sur la Moskova, voici une musique pour un  géant qui joue sur un jouet,  le Guarnerius del Gesù " von Szerdahely" datant de 1736. C’est  le Concerto en ré mineur, op.47 de Jean Sibélius. La  haute taille  de Vladimir Repin domine presque  l’autre visage connu : Emmanuel Krivine, le directeur musical de l’orchestre philharmonique du Luxembourg, armé de sa baguette.  Vadim  a le visage impassible ou grave d’un guerrier de l’armée de Xian : la musique est sa vie, sa drogue, son combat. C’est le  soliste  qui ouvre de son archet infiniment léger ce concert où bouillonne le mystère romantique. Il construit des mélodies presque pathétiques cependant que  l’orchestre semble le combattre par ses registres sombres, parfois  carrément lugubres. Ce premier mouvement, l’ Allegro moderato, est le plus long et le plus complexe, le plus dramatique et sérieux.

 

 Le climat change avec le  deuxième mouvement. L’Adagio di molto prend des airs de romance, les envolées mélodiques du soliste sont suivies  de cascades de tristesse tendre, comme si tous les moments de douceur et de plaisirs n’étaient  jamais que rêves éphémères. Cela se termine sur le souffle d’une âme qui s’échappe.

 

 Le  troisième mouvement, l’ Allegro ma non tanto démarre sur des rythmes aux colorations presque …ibériques. Le tempo est soutenu, le rythme est presque sautillant et s’engage dans des galops impétueux. Soutenu par les timbales  et les basses le soliste rivalise de plus belle avec l’orchestre. Tout un peuple de sonorités répond à ses jaillissements poétiques quoique sobres et soudain,  tout se tait.

 

 

L’ovation qui suit, fait sourire le grand violoniste qui nous accordera un joyeux bis, débordant d’humour, par contraste, par jeu, par fantaisie et par virtuosité cabotine! C’est une chanson populaire autrichienne : «  Mein Hut, der hat drei Ecken »  qui a probablement inspiré Paganini dans un morceau intitulé « Carnaval de Venise ». Avec toute la beauté des cordes pincées, Vadim  emmène fougueusement une partie de l’orchestre dans ces  variations, interprétées  avec verve et délire sur son minuscule violon.

 

 Entracte

 

La vedette est maintenant au dynamique Emmanuel Krivine  sur son podium, dans la deuxième partie du concert qui nous présente tout le modelé et la  délicate complexité de la deuxième symphonie de Brahms en ré majeur opus 73. Quatre mouvements. Une musique pleine de voix mystérieuses ensorceleuses qui sans cesse entraînent et reviennent, plus pressantes. Une musique d’humeur joyeuse, brodée. Le chef d’orchestre tisse le  relief, forme une architecture musicale variée, tant les instruments ont l’occasion d’émerger en envolées lyriques surprenantes et vives: chants de  flûtes et de bassons. Suivent de chaleureux solos de cors, symbole pastoral?   Les mouvements prestes des violons, une véritable armée de cordes onctueuses, n’évoque rien moins que des danseuses en chaussons, virevoltant sous des arceaux de fleurs. Joie de jeux de cache-cache, joies printanières et bucoliques, accès de mélancolie soudaine, flots de sentiments, c’est la complicité idéale du chef d’orchestre et de son orchestre plein d’aisance qui se dégage.

 Le 4e mouvement, Allegro con spirito,  est une glorieuse explosion de joie, chaque ordre musical s’en donne à cœur joie, chacun marque tout son espace. Tout devient déferlement et scintillements et finit par un torrent de bonheur musical. Un triomphe.

 

 

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Emmanuel Krivine est l'un des plus grands chefs d'orchestre de notre époque ; il ne faut jamais, sous aucun prétexte manquer l'une de ses prestations.” (The Guardian /Londres)

 

 

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