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orgue (4)

administrateur théâtres

Le 21 mars, il y a 333 ans,  naissait Jean-Sébastien Bach (1685-1750), est-ce pour cette raison que Bernard Foccroulle  présentait une magnifique programme à l’orgue ce dimanche après-midi à la philharmonie de Liège? D’aucuns disent que c’est le 31 mars, son anniversaire, d’après le  nouveau calendrier grégorien! Directeur du Festival d’Aix-en-Provence, ancien directeur du Théâtre Royal de La Monnaie, professeur d’orgue du Conservatoire Royal de Bruxelles, Bernard Foccroulle revient à ses premières amours avec un récital entièrement consacré à Jean-Sébastien Bach, dont il a enregistré l’intégrale pour orgue chez Ricercar.


Si tout musicien ne cesse de revenir à Bach, c’est que ce dernier a porté à son plus haut degré d’accomplissement toutes les formes de son temps  : cantates, préludes, chorals, sonates, fantaisies, fugues. Très jeune  le musicien prodigue  se grise d’une fougueuse exubérance musicale que l’on retrouve dans « Le prélude et fugue en mi mineur BWV 533 » majestueux qui ouvre le concert d’après-midi. Dès l’entrée, une construction brillante et ferme : des récitatifs dramatiques – il s’agit de la mise au tombeau du Christ -  des accords staccattos, de l’agilité dans les jeux de pédalier et un panneau central polyphonique lumineux. La deuxième œuvre de jeunesse présentée par Bernard Foccroule est une œuvre que Bach compose quand il avait à peine 20 ans,  un cantique de la résurrection, rapide et bondissant, aux vocalises ascendantes qui défient la mort,  pour terminer dans une glorieuse majesté. C’est la  Fantasia sopra « Christ lag in Todesbanden » BWV 718.

Ensuite on écoutera 5 des 45 chorals de « l’OrgelBüchlein » (1713-1716), des compositions de plus en plus personnelles, très courtes, centrée sur le développement d’une seule idée. Epinglons particulièrement le numéro 24 «  O MENSCH, BEWEIN DEIN SÜNDE GROSS BWV  622 » «Ô homme, pleure tes grands péchés. » Une pièce très expressive pleine de  la contrition du pécheur qui a causé la passion du Christ. Cette contrition sincère se transforme déjà en lumière et pardon même si la dernière phrase ressemble à un ultime Mea Culpa, tout-à-fait  dans l’esprit évangélique  luthérien. Et le numéro 30, « ERSTANDEN IST DER HEIL’GE CHRIST BWV 628 » « Il est ressuscité, le saint Christ. »  Ce choral est animé de la douceur de la supplication et du tutoiement de notes d’espoir, un flux de croches joyeuses. On est frappé par la souplesse, les appels dansant répétés,  l’expression d’une foi naïve qui tourne à l’exaltation joyeuse alors que la vie triomphe sur la mort.

«  La Passacaille et fugue en do mineur BWV 582 (VERS 1715) » composée de 20 variations et d’une fugue est colossale et sublime – d’après Bernard Foccroulle lui-même, qui commente le concert. Le visage de l’orgue est évidemment impassible, même illuminé du rouge de la passion, mais les sonorités ont réveillé les consciences. On se sent aspiré vers les hauteurs. On est ébloui par la splendeur musicale libérée, on participe à une Rencontre vibrante. Le rayonnement divin se mêle à une tempête d’amour. Pieds et mains  du musicien en action bourlinguent sur l’Infini. Immense et tragique. 

 Poursuivons le parcours: à Leipzig, la musique de Bach devient de plus en plus intériorisée et résume  toue la richesse de la musique depuis le Moyen-Âge. On reconnaît tout de suite les premières mesures de  « WACHET AUF, RUFT UNS DIE STIMME BWV  645 » «Réveillez-vous, la voix du veilleur nous appelle. » Il est tiré des  Chorals de Schübler (1746-1749) (BWV 645-650). Confiance, innocence dansante, tempo précis animent cette pièce emplie de légèreté. Par opposition, «  ACH BLEIB BEI UNS, HERR JESU CHRIST BWV 649 ». «Ah! Reste près de nous, Seigneur Jésus Christ. »  est parcouru de palpitations sombres, d’inquiétudes et de frissons face au crépuscule qui descend.

L’avant dernière pièce jouée par Bernard Foccroulle est « VOR DEINEN THRON TRET ICH HIERMIT » BWV 668 « Devant ton trône je vais comparaître »un choral dépouillé, sorte de testament spirituel, sérieux et méditatif,  empli  de grande sérénité où coulent les harmonies adressées à  Dieu. Il ne manque que les anges.

Le concert se clôture par la « Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542 (VERS 1720) » un chef-d’œuvre grandiose, où le compositeur exprime sa colère et son chagrin,  son incompréhension et son égarement devant le décès de sa première femme Maria Barbara, laissant quatre jeunes enfants.  Mais  la fugue brillante  lui fait retrouver son unité avec Dieu. On ne respire plus, on participe à une autre dimension, dans une sorte d’étourdissement spirituel. Il manque juste ici, les profonds échos des grandes cathédrales! 

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                     "Mon seul but a toujours été d'établir une musique religieuse bien réglée en l'honneur de Dieu..."

Bach : repères chronologiques 


1685. Naissance à Eisenach, en Thuringe, le
21/31 mars.
1703 (18 ans). Organiste de l’Église neuve
d’Arnstadt, il s’est déjà familiarisé avec les
compositeurs des Flandres et de l’Allemagne
du Nord, et les maîtres français.
1707 (22 ans). Organiste de l’Église Saint Blaise
de Mühlausen, il s’y affirme comme
expert en facture d’orgues et écrit ses
premières cantates.
1708 (23 ans). Organiste de la Chapelle
ducale et musicien de la Chambre de la cour
de Weimar, il bénéficie d’une réputation
d’incomparable virtuose, d’expert exigeant,
de pédagogue et de compositeur de la plus
haute qualité. Il découvre et adopte l’art des
Italiens et réalise une synthèse des styles de
son temps. C’est surtout de Weimar que date
une grande partie de ses œuvres pour orgue.
1717 (32 ans). Konzertmeister de la petite
cour de Coethen, il compose de nombreuses
œuvres de musique instrumentale.
1723 (38 ans). Cantor de Saint-Thomas et
Director Musices de la ville de Leipzig, l’un
des postes les plus importants de l’Allemagne
après celui de Hambourg, où officie son ami
Telemann. Il enseigne la musique aux élèves
de l’école, gère entièrement la musique
dans les quatre églises principales de la
ville et à l’Université (son travail consiste
à écrire ou choisir les œuvres, en trouver
et former les exécutants, les faire répéter,
etc.). Il se constitue un répertoire de quelque
300 cantates, élabore des œuvres majeures
comme L’Art de la fugue, L’Offrande musicale,
les Variations Goldberg, le 2e
Livre du Clavier
bien tempéré, les Variations canoniques…
1750 (65 ans). Meurt à Leipzig, le 28 juillet.

"Le but de la musique devrait n'être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes."

Dimanche 18 mars 2018 - 16h00 
Durée
Env. 75'
Lieu Salle Philharmonique  Boulevard Piercot, 25-27   4000  Liège

Bernard Foccroulle

Séries
Orgue

https://www.oprl.be/fr/concerts/bernard-foccroulle#program

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administrateur théâtres

12273129470?profile=original CONCERT EN HOMMAGE AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-   18 "Avant-première mondiale de la Symphonie le Chemin des Dames"

Bruxelles, jeudi 8 octobre à 20H à la Cathédrale Saint Michel et Gudule

 

 « Bien chers Mère, Frères et Sœurs,

Il est déjà quatre heures du matin, l’heure de notre mort est proche. Avec Alfred et Aloïs, nous sommes réunis dans la même cellule. Nous avons passé la nuit à prier, chanter et deviser. La messe va commencer, puis en route pour le tir national, pleins de force et de courage. Allons, maman chérie, bon courage.

Je vous donne de loin un dernier baiser. Adieu.

Votre cher fils Gustave qui  va mourir pour la Patrie »

Gand, le 10 août 1916 : dernière lettre de Gustave Mus à sa famille.

C’est  avec la lecture de cette lettre tragique que débutait samedi dernier un magnifique hommage AUX HÉROS ET VICTIMES DE LA GUERRE 14-18  à la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, Bruxelles. Au programme,

LA TROISIÈME SYMPHONIE de Saint-Saëns op.78

Le  CONCERTO POUR VIOLON ET ORCHESTRE de Mendelssohn op.64

LA SYMPHONIE "LE CHEMIN DES DAMES" de Jacques Alphonse De Zeegant sur un poème de Marguerite de Werszowec Rey

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L’univers simple et essentiel du jardin est accroché aux chapiteaux, les arches prient, les lumières de la ville s’invitent à travers les vitraux,  les grandes statues de saints  de  pierre blanche veillent sur une foule nombreuse, venue assister comme chaque année, à un concert exceptionnel organisé par  "Les Amis de la Cathédrale Saint Michel et Gudule", associés cette année  avec "le Hulencourt Art Project". L’intégralité des  bénéfices du concert sera consacrée à la restauration du vitrail du " Jugement Dernier "qui éclaire l’immense nef gothique abritant, depuis tant de siècles, des millions de fidèles et de visiteurs.

  

L’écrivain belge Philippe Marchandise accueille le public assistant à cette grande rencontre musicale, avec des mots vibrants  invitant à être en communion avec ceux qui ont donné leur audace ou leur vie pour la Liberté et la démocratie dans notre pays.  Il évoque les soldats au front, les prisonniers, les victimes de la guerre et surtout « ces femmes désemparées, qui ont perdu leur raison de vivre puis leur raison tout court. » Et c’est une femme,  Marguerite de Werszowec Rey qui a écrit le poème qui a inspiré la symphonie contemporaine  "Le chemin des dames" au musicien Jacques-Alphonse De Zeegant*. Elle le lira devant l’assemblée avant  son interprétation musicale. Cette œuvre,  inspirée par les champs de bataille de la Marne, est évocation, prière et appel à la paix, elle transcende les lieux et le temps. Elle a stupéfié, bouleversé, enflammé le public lors de sa création à la cathédrale de Laon  le 30 août 2014. L’émouvante  mezzo-soprano argentine Alicia Nafé a prêté sa voix avec les chœurs de l’Union Européenne pour l’interprétation de  la symphonie.  L’actrice Caroline Veyt, présentatrice en mai 2014 du Concours Reine Elisabeth,  introduit chaque  œuvre musicale.

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 Né en 1955, Alphonse De Zeegant compositeur belge  au parcours peu commun, a étudié au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles. Il fut l’élève du pianiste André Dumortier (lauréat du concours Eugène Isaye) et du pianiste Valéry Afanassiev (1er lauréat du concours Reine Elisabeth 1972). Depuis une dizaine d’années, Jacques-Alphonse De Zeegant s’est engagé dans les coulisses de la création, laissant courir son inspiration, librement, sans se soucier des modes et des courants esthétiques de notre époque. Jacques-Alphonse De Zeegant souhaite en effet  assurer la transition, entre musique classique et musique contemporaine.

12273131097?profile=originalIl est  le premier compositeur invité en  résidence auprès du Hulencourt Soloists Chamber Orchestra (HSCO) qui  rassemble chaque année la crème de jeunes talents internationaux afin de promouvoir la musique classique et offrir à de nouveaux publics une expérience directe et intime de la musique de chambre et d’orchestre.  Au programme,  une dizaine de concerts prestigieux de très haut niveau  dans des lieux réputés, comme cette fois,  le cadre exclusif de la Cathédrale Saint Michel et Gudule.  La recherche de l’excellence est le maître mot. Les artistes, musiciens solistes professionnels  qui jouent comme solistes et poursuivent leur propre carrière musicale au sein d’orchestres nationaux ou dans des ensembles reconnus, sont conviés aux quatre coins de l'Europe, à participer au programme selon leurs disponibilités. Ils se réunissent au Golf Club d’Hulencourt, un endroit de prestige et de calme situé en pleine nature,  pour les sessions de préparation des concerts et des tournées. Rencontre de 19 nationalités.

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Xavier Deprez, organiste de la cathédrale, et Augustin Dumay, violoniste de la Chapelle Musicale et futur directeur musical de l’orchestre  HSCO en 2016 ont tenu à s’associer à cette grande commémoration et prière pour les soldats de la guerre de 1914, en interprétant avec l’orchestre de solistes de chambre de Hulencourt sous la direction de Benjamin Ellin deux œuvres poignantes de Camille Saint-Saëns et de Felix Mendelssohn. Nous avons vécu une expérience musicale inoubliable,  authentique et unique,  ainsi que la  rêve, le directeur de l’Hulencourt Art Project: Palmo Venneri.

* www.dezeegant.com

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En savoir plus :

^Un haut lieu de souffrance

« Quand j’ai accepté de composer une symphonie sur le Chemin des Dames, je souhaitais y intégrer un texte, j’ai demandé à Marguerite de Werszowe Rey, avec qui j’ai souvent collaboré, de m’écrire un texte ou un poème », explique Jacques-Alphonse De Zeegant. Ce poème évoque la vie des soldats dans les tranchées mais il est aussi un appel à la paix. « Le texte mêle le français et l’allemand, mais on y retrouve aussi toutes les langues des peuples qui ont combattu sur le Chemin des Dames. » Cette voie, autrefois royale qui est devenue un haut lieu de souffrance, le compositeur l’a beaucoup arpentée avant de coucher ses émotions sur une partition. « Des amis me l’ont fait découvrir, j’ai été très marqué par la souffrance qui s’en dégage encore. Un gigantesque drame humain s’est déroulé ici, on sent bien que la terre n’a pas fini de digérer ses morts. »

En une trentaine de minutes, Le Chemin des Dames évoque les soldats, leurs souffrances, les coups de fusil, « la Chanson de Craonne apparaît en filigrane tandis que le 5 e  mouvement se transforme en danse macabre, poursuit le musicien. Ce qui compte pour moi ce n’est pas la beauté, mais l’émotion qui se dégage de l’ensemble. » Pour ceux qui seraient un peu inquiets, le compositeur se veut rassurant : « Ma musique est accessible à tous, elle est au service du texte, et reste un hommage aux souffrances des soldats qui ont combattu, il y a cent ans. »

^ http://gite-chemindesdames.fr/litterature.html

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Bernard Foccroulle

Mardi 20.12.2011 20:00

Cathédrale St-Michel

Bernard Foccroulle, orgue

Georg Böhm Praeludium in d, Vater unser im Himmelreich, Partite diverse sopra "Wer nur den lieben Gott läst walten", Christ lag in Todesbanden
Johann Sebastian Bach Praeludium & Fuge, BWV 549a, Partite diverse sopra "O Gott, du frommer Gott", BWV 767, Fantasia sopra "Christ lag in Todesbanden", BWV 718, Passacaglia & Fuge, BWV 582

 

 

12272778081?profile=originalotre compatriote Bernard Foccroulle, organiste prestigieux qui a dirigé le théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles entre 1992 et 2007 dirige maintenant le festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, qui a réuni plus de 60.000 spectateurs en 2010. En cadeau de Noël il nous a offert ce 20 décembre un programme exceptionnel consacré à Georg Böhm et à Jean-Sébastien  Bach dans la cathédrale Saint-Michel à  Bruxelles.

Jean-Sébastien Bach vécut dans sa jeunesse à Ohrdruf  où Georg Böhm, de 24 ans son aîné, fit de brillantes études.  On raconte qu’en 1700 Bach, alors âgé de 15 ans, parcourut près de 300 kilomètres à pied pour rejoindre Georg Böhm à Lunebourg. Bach y passa avec lui trois années déterminantes d’apprentissage musical. Nous avons eu l’occasion de découvrir l’étendue du talent de  Böhm, fait d’intériorité, d’austérité, de clarté  et de profondeur.  Le recueillement de l’assemblée est total. Entre chaque pilier de la cathédrale on aperçoit les lumières scintillantes des crèches du monde. C’est un mode d’espérance que souligne « le prélude en ré mineur ». Après la dévotion humble  du  « Vater unser in Himmelreich » on est happé par le rythme joyeux et festif de «Wer nur den lieben Gott lässt walten ». « Christ lag in Todesbanden », par contre, nous plonge  dans une atmosphère méditative et lourde qui s’ouvre finalement sur la sérénité car la musique de Böhm donne l’impression d’un ruissellement divin d’une grande fraîcheur  jusqu’à  la pure exultation des dernières notes.

Mais voici Bach. Avec la perception nette de croisements de plusieurs voix comme dans un chœur. Le  « prélude et fugue en ré mineur » donne l’impression d’une immense profondeur de champ. On se trouve au milieu d’une forêt de sonorités en mille et unes tranches. Exubérance, richesse, on est emporté par la fugue joyeuse pour s’arrêter sur des accords pleins de majesté en finale. « O Gott, du frommer Gott » BWV 767 commence avec les légers souffles de l’orgue conversant avec les trompettes. Des salves d’échos se perdent dans l’immensité de la cathédrale ou peut-être de l’univers. Il y a une grande justesse des sons, une fluidité émouvante, qui s’évanouit soudain  sur une dernière longue vibration.  Voici le même titre que celui de Böhm,  « Christ lag in Todesbanden » BWV 718, qui commence comme uns longue marche lente  respirant la  dignité. La musique nous entraînerait bien à muser mentalement  cette œuvre  que l’on découvre, mais sans beaucoup se tromper tant le dialogue entre ce que l’on croit être la main gauche et la trompette est du plus pur naturel. Une musique qui coule de source ! La limpidité des deux mélodies qui se répondent se termine sur une grande note tenue. Et de se laisser entraîner dans le courant.  Elles laissent maintenant  la place à un monologue un peu sombre repris par la libération joyeuse de flûtes. Le thème est répété avec bonheur par une foule d’instruments et en divers modes. Altos, sopranos, notes profondes de violoncelles…  A  la fin on croit entendre un hautbois dont il sortirait une lumière tamisée et douce. La conclusion est un bouquet victorieux  façon grandes orgues nuptiales.

Quant au dernier morceau, la passacaille BWV582, il nous envole dans la fantaisie et la jubilation. Un moment bouillonnant d’énergie et de virtuosité. La musique explore le mystère. Et si la musique était une pierre, ce serait un diamant étincelant. On se laisse prendre par cette dernière suite  ascensionnelle et resplendissante, car on ne suit plus. Homme tu es si petit!

http://www.bozar.be/activity.php?id=11072&selectiondate=2011-12-20

 

 

document:

Dans la fantaisie sur le choral de Pâques

Christ lag in Todesbanden BWV 718, la dialectique mort/résurrection est clairement traduite par l’opposition entre la première et la deuxième partie. Pour évoquer la mort du Christ (et plus précisément pour fi gurer la mise au tombeau ?), Bach commence par faire entendre un motif descendant, lent et douloureux, qui accompagne la mélodie du choral qui est ornée de manière très expressive. Puis sur les mots « Des wir sollen fröhlich sein » (c’est pourquoi nous nous réjouirons), le tempo devient rapide, l’écriture mélodique ascendante. Le verset « Nous louerons Dieu et lui serons reconnaissants » est traité à la manière d’une gigue ; « Et nous chanterons Alleluia » donne lieu à un dialogue animé et joyeux entre les deux claviers, un dialogue en écho qui rappelle la fantaisie sur le même choral composée par Tunder. La coda fait entendre trois fois le thème du choral correspondant au mot « Alleluia », dans une atmosphère jubilatoire.

 

La Passacaille en ut mineur BWV 582 est un autre monument insurpassé. On sait que le jeune

Bach copia la Passacaille et les deux Chaconnes de Buxtehude. Chacune de ces trois pièces a

laissé des traces très nettes dans cette grande Passacaille où Bach, sans jamais s’écarter de la

tonalité d’ut mineur, fait preuve d’une science accomplie dans la progression de la forme, le

travail des motifs, le modelé de la texture polyphonique. Bach rejoint ici la tradition médiévale

de l’oeuvre musicale conçue comme refl et de la perfection de la Création. La musique est

discours, certes, mais ici elle se rapproche davantage de l’architecture : chaque détail nourrit

la forme globale, chaque variation est un microcosme qui contient en puissance la matière de

l’ensemble, de la même manière que l’oeuvre elle-même renvoie à un macrocosme qui nous

dépasse infiniment.

Bernard FOCCROULLE

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administrateur théâtres

A la croisée des sensibilités musicales et architecturales 

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Après le concert donné  à Bruxelles par Bernard Foccroulle en la cathédrale Saint-Michel  ce 11 février dernier, nous avons interrogé Agnès Schoubben-Stein, ancienne élève de Jean Absil, une éminente musicologue, professeur de piano et d’harmonie,  et recueilli ses commentaires éclairés.  Elle nous parle d’abord avec délectation de l’instrument contemporain qu’elle découvre avec stupeur :  un vrai bonheur pour les yeux.  Il a été inauguré en 2000.

A S - Le facteur de  cet instrument monumental, Gerhard Grenzing, est d’emblée, parmi les meilleurs  et de réputation mondiale. C’est  un allemand connaissant parfaitement aussi les instruments espagnols, ce qui nous vaut  le jeu des trompettes en chamade : tuyaux étincelants implantés horizontalement. Impressionnant ! Regardez : cet orgue magnifique est véritablement suspendu dans le volume de la nef centrale, donc dans la tradition ancienne dite « nid d’hirondelle ». Je pense à Chartres et à Strasbourg ! L’instrument de Bruxelles  occupe les trois travées côté Nord.  Il se développe en hauteur, ce qui permet à la console d’être posée sur une sorte de balcon au milieu des tuyaux de la montre et de surplomber le positif. Il est encadré de deux tours  impressionnantes dans lesquelles se trouvent notamment les grands tuyaux du pédalier. Il comprend quatre claviers, plus le pédalier, soit 63 jeux. C’est spectaculaire et splendide.

DHL - Je vois, Agnès,  que vous êtes intarissable quant à la description de cet instrument que vous considérez à juste titre comme le roi des instruments…

AS – Ah Oui ! Maintenant, le programme. « Les maîtres de Bach » font partie du répertoire baroque dont Bernard Foccroulle  est un spécialiste réputé.  Dietrich Buxtehude était très admiré par Bach. Celui-ci en a recopié certaines œuvres pour s’imprégner de cette musique qu’il jugeait exemplaire à tous points de vue.  Il y travaillait des heures durant, à la bougie, jusqu’à ce qu’il tombe de fatigue. La Toccata en la majeur, bâtie sur l’accord parfait de ré, fait chatoyer à la fois la beauté  des timbres et  celle de larges plans sonores engendrés par l’écriture si complexe et si belle de l’époque baroque. Nous avons eu la chance infinie d’avoir un interprète intelligent et sensible qui a su gérer cette beauté sonore pendant tout le concert, car pour lui, la musique est une véritable vision de vie…

 DHL - Comme pour vous ?

AS – Effectivement (sourire radieux). Les deux Fantaisies qui ont suivi faisaient vibrer à la fois la joie de la Nativité et la douleur de la Crucifixion, le tout dégageant une véritable tension  d’atmosphère dramatique.

DHL – Vous connaissiez J.A. Reincken ?

AS – Evidemment, par l’histoire de la musique. Il était organiste  à Hambourg, l’auteur de la plus longue œuvre pour orgue qui nous soit parvenue de la période baroque. Le choral et fugue du programme est une illustration de ce que le dialogue entre les claviers et le caractère douloureux de certaines mélodies peuvent éveiller comme écho de l’affliction. Ici, celle du peuple juif face à son triste destin.

DHL- C’était plein de virtuosité…

AS- Le style reflète la pratique de l’improvisation si répandue au XVII siècle ! Cela donne en effet une virtuosité plus formelle…

DHL- Nous avons aussi pu écouter un autre compositeur dont je n’avais jamais entendu parler, Georg Böhm…

AS- Sa musique, de par son ornementation, entre autres, en fait le lien entre Buxtehude et Bach. Ses œuvres pour le clavier sont les plus remarquables de l’époque avant Bach. On a conservé 18 préludes de chorals et quelques cantates qui démontrent son influence sur Bach. Comme d’ailleurs une petite suite française en ré mineur et trois petites suites en mi bémol majeur qui prouvent la nette influence du style français dans son œuvre. Le choral mis au programme est un des plus beaux de l’époque baroque!

DHL- Et on arrive à Nicolaus Burhns…

AS- Un élève de Buxtehude. Il n’a laissé qu’une œuvre restreinte du fait de sa disparition prématurée mais la valeur exceptionnelle de sa musique éclate dans l’œuvre entendue : le  prélude en mi mineur. Portant l’influence de l’œuvre de son maître, ce prélude est tour à tour d’une écriture contrastée et violonistique, Nicolaus Burhns  étant en même temps violoniste, organiste et compositeur. La figure en forme de gigue qui clôture l’œuvre est joyeuse et véritablement dansante. Elle se présente comme un point culminant du style baroque allemand.

DHL  – Un mot sur Bernard Foccroulle ?

AS – Je n’ai qu’une envie, c’est aller le remercier de vive voix pour tout le bonheur que cette soirée m’a donné, dans ce lieu empreint de piété, où la diffusion sonore de l’instrument est une pure merveille ! C’est un moment inoubliable, ce dialogue avec l’architecture de la cathédrale, cet orgue qui résonne comme une Jérusalem musicale, une cité faite de belles sonorités chaudes, émouvantes. DHL - On dirait presque  la maquette d’une ville  mythique, qui ferait rayonner la  musique autour d’elle, suspendue dans les ogives…

AS - L’homme qui est au buffet, Bernard Foccroulle, est un homme de très grand talent qui a mis toutes sa générosité, son intelligence, sa sensibilité, sa culture et ses convictions au service de la musique.  Je suis pleine d’admiration !

DHL - qu’est ce qui le différencie donc d’autres organistes ?

AS  -  Son intelligence profonde des textes interprétés. On peut en effet suivre la complexité de l’écriture contrepointique de façon fluide et lumineuse, il nous en  donne une registration parfaite. Rien de cela n’est écrit dans les partitions, c’est là où joue toute sa créativité d’orchestration car c’est lui qui fait tous les choix, tous plus heureux les uns que les autres. Cela, c’est du vrai talent, hors du commun. En plus, le choix des sonorités et des nuances, fruit d’une sensibilité sans faille, a permis à l’instrument de montrer la richesse qu’il recèle, tout en révélant la beauté de cette musique des maîtres de Bach si splendidement interprétée…

DHL -  Oui ! Nous avons étés comblés par une variété inouïe de sonorités, des timbres les plus solides et  les plus profonds, jusqu’aux sons délicats et cristallins d’un orgue de verre. Nous avons fait le plein de bonheur  de sensations esthétiques et spirituelles! Cela tient du mystère !  Merci, chère Agnès, de vous être exprimée vous aussi, avec toute votre culture musicale, votre amour de la musique, votre sensibilité et votre intelligence.

 

 

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