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concert (104)

administrateur théâtres

KLARAFESTIVAL à FLAGEY  et autres lieux– DU 1/9 AU 13/9

 « Go Crystal Tears » (une allusion non dissimulée à l’exquise composition mélancolique de John Dowland, compositeur du 17e siècle) désigne le dernier volet du KlaraFestival 2013 pour couronner son triptyque consacré à la condition humaine. Après l’Utopie (2011) et la Spiritualité (2012), c’est la Mélancolie (2013) qui constitue cette année le fil conducteur de l’ensemble des spectacles internationaux et multidisciplinaires proposés : concerts,  théâtre musical,  danse ou  cinéma. Comme le dit Saint-Ex dans Citadelle, à propos de la mélancolie : « Que regretterais-je ? J’ai le souvenir d’un bras valide et d’une jambe valide.  Mais toute la vie est naissance.  Et l’on s’adopte tel que l’on est.  As-tu jamais regretté ton âge mûr, tes quinze ans ou ta première enfance ? Ce sont là regrets de mauvais poète. Il n’est point-là, regret, mais douceur de la mélancolie, laquelle n’est point souffrance, mais parfum dans le vase d’une liqueur évaporée. »  La mélancolie peut donc être considérée comme une sorte de supplément d’âme.

L’un des axes principaux du festival est la résidence du prestigieux Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Teodor Currentzis, consacrée à la musique de Dmitri Chostakovitch et Benjamin Britten. Ces deux compositeurs étaient non seulement collègues, mais nourrissaient une sincère admiration l’un pour l’autre. La visite du compositeur russe à Londres en 1960 pour assister à la première britannique de son Premier Concerto pour violoncelle donnée par Rostropovitch allait marquer le début d’une belle amitié entre les deux hommes.

12272938467?profile=original Hier soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles s’ouvrait le premier concert de la trilogie Chostakovitch –Britten interprétée par le  Mahler Chamber Orchestra. Tout d’abord avec la Sérénade pour ténor, cor et cordes,  de Benjamin Britten, une composition qui met en musique 7 poèmes sélectionnés par le compositeur dans quatre siècles  d’histoire de la littérature anglaise. Autant de variations sur le thème de la nature, du soir qui descend, de la fragilité du bonheur humain et de la loi du temps.  L’hymne à Artémis, déesse de la Lune, de Ben Jonson redonne quelque espoir  et le dernier poème de John Keats, chante le sommeil comme réconfort.

Teodor Currentzis dit rechercher la beauté de la pierre brute. Il semble en tous cas la transformer en or ou en essences divines. Sa connivence avec l’étonnant ténor Ian 12272938661?profile=originalBostridge  en témoigne. Tous deux fabriquent ici dans une alchimie commune un voyage dans les émotions graves. C’est lugubre à souhait: « if meat or drink thou never gave’st nane, every night and alle, the fire will burn thee to the bare bane…»  un texte édifiant du 15e siècle promettant l’enfer à ceux qui manquent de compassion. L’humeur est sombre. « Answer, echoe , answer, dying, dying ,dying…. »  d'Alfred Tennyson, connu pour ses  messages subtils sur les horreurs de la guerre, résonne longuement dans la bouche du ténor comme un dernier filet de vie…  La vue du  chef d’orchestre est hélas cachée par l’immense  couvercle du piano  et on ne  peut  saisir leur véritable et étroite connivence, qu’à la fin de l’envoi. Jose Vicente Castello Vicedo, le corniste  nous a  livré une introduction poignante avec un mystérieux cor aux harmoniques naturelles. Une mise en condition saisissante  de la  grande désolation  diffusée par  cette œuvre écrite par  Britten en pleine deuxième guerre mondiale. ( En hommage d’ailleurs au jeu de Dennis Brain, corniste soliste de l’orchestre de la RAF). A peine perceptible, l’épilogue vibre en  un long  solo  douloureux   joué par l’instrumentiste  dans le lointain… et les musiciens écoutent, les yeux fermés.

La suite du concert fait place à l’exubérance. Il arrivait à  Chostakovitch de composer des oeuvres d’une grande fraîcheur, très peu conformes au caractère monumental et torturé de tant de ses compositions. Ainsi, Teodor Currentzis nous a présenté le Deuxième Concerto pour piano, écrit en 1967 pour les dix-neuf ans de son fils Maxime. « L’œuvre, gaie et enjouée dans ses mouvements extérieurs, n’aurait pas laissé de grandes traces dans l’histoire de la musique n’était l’exquis et touchant Andante central. » Après une mêlée faite d’attaques crépitantes, de roucoulements ouatés, de sonorités sèches et rugueuses, voici les violons grisés de mélancolie et la voix abyssale des violoncelles. Alexander Melnikov, le 12272938867?profile=originalpianiste  fait naître la mélodie en une lente éclosion. Pianiste et chef d’orchestre font danser leurs mains de concert. Les sonorités romantiques sont belles comme le sommeil d’un enfant. Des arpèges fondus et enchaînés évoquent des oiseaux fuyant le froid… Puis c’est le retour de la vivacité ludique, le plaisir de la répétition du thème, façon variations de boléro. Les altos se prennent au jeu, cela évolue en salves puissantes et foisonnantes. Les deux artistes  passionnés s’embrassent chaleureusement, un sourire aux lèvres, c’est gagné !  Entendez les  hurlements de bonheur dans une salle surchauffée !

Pour finir, la Symphonie n° 9 en mi bémol majeur opus 70. Elle fait partie de la trilogie des symphonies de guerre. Une œuvre étonnamment légère et ironique, qui fut même frappée d’interdiction par la censure soviétique entre 1948 et 1955. On a rangé le piano et  on verra enfin le chef d’orchestre. C’est bien ce que l’on pensait: voici un danseur échappé du ballet du 20e siècle. Il est fascinant dans la conduite de sa musique d’une expressivité fulgurante. La gestuelle saute de l’humour à l’irritation feinte, à l’impatience, aux trépignements, à l’apaisement. Il bat le sol des deux pieds et termine comme un joueur de golf. Voilà le premier mouvement envolé. Le deuxième mouvement est un délice pour les bois et les cuivres. Quelle souplesse de jeu, le chef d’orchestre égrène les notes  du bout de ses doigts effilés. Des poignets aux épaules, il répand dans l’orchestre de profonds souffles mugissants. Les violons se joignent mollement aux crescendos. Le chef d’orchestre extrait des renouveaux d' enthousiasme à l'orchestre qui simule l’engourdissement. Cuivres et basson ses répondent majestueusement dans le mouvement suivant, le spleen est à nouveau très  présent tandis que l’histoire se modifie déjà, retrouvant gaieté, esprit farceur, liberté ? Le corps de Teodor Currentzis joue mille instruments à la fois et prend des airs d’hidalgo. Le don Quichotte de la musique décoiffe tous les moulins à vent en quelques coups de rapière. Voici les chuchotements d’une attaque nocturne sans lune et la finale pétrie par l’esprit de victoire n’a duré que quelques mesures! Consécration: les musiciens s’embrassent tous ! Nostalgie étincelante de beauté.

 

Retrouvez tout le programme du Klara festival  sur www.flagey.be

T : +32 (0)2 641 10 20  ou http://www.klarafestival.be/fr

 

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administrateur théâtres

12272934853?profile=originalEté  2013, les 30 et 31 août à Villers-la-Ville, la 14e Nuit des Chœurs

 «La Nuit des Chœurs renoue avec ses quartiers d’origine, avec l’atmosphère si particulière de la Nuit des Chœurs dans l’abbaye de Villers-la-Ville, où la magie et l’émotion s’unissent et se partagent.»

AVE I Muvrini ! Revoilà en Belgique, les merveilleuses polyphonies corses  au cœur de l’Abbaye de Villers-la Ville à l’occasion de la célèbre Nuit des Chœurs très applaudie au château de Bois-Seigneur-Isaac les années précédentes.

D’emblée le groupe I Muvrini se sent accueilli par les centaines de spectateurs massés dans la nef principale et rend d’abord hommage à ce lieu fait pour la musique sacrée. Tous frères humains, « Christiano » dit-on en Corse. « Dans toutes les traditions religieuses du monde, je me sens chez moi, annonce le chef du groupe dans ce lieu séculaire de rassemblement et de communion, pétri de nature et de précieux travail humain. « Agnus Dei, dona eis requieMMM… ». Les ondes sonores percutent les pierres pieuses et le cœur de chacun.  Seulement, comme pour tous les autres concerts proposés, le charme est  bien trop vite rompu, la séance parait ultra-courte. De la musique en verrines, c’est au goût du jour.  Le temps de se connecter, de savourer et le plat magique vous est  déjà enlevé comme dans les vrais enchantements. Mais les vibratos profonds du « Kyrie » et du « Christe Eleison », font frissonner longtemps après.

Tout le monde circule joyeusement, la chaise et le pique-nique à la main. Sur la scène Trois on découvre « The Priests ». Face au soleil couchant, on frémit avec le «Laudamus Te», l’Ave Maria de Schubert, « Ora pro nobis peccatoribus… » Ces trois très belles statures irlandaises en habit de clergyman, chantent « All the lonely people, where do they all come from» (Eleanor Rigby). Chacun à son tour en Father McKenzie… Les voix somptueuses ont des résonnances profondes. « Benedictus qui venit in nomine patris » enchaîné à  « Funiculi, Funicula » in English, puis en italien et en lunettes de soleil. Ils ne manquent pas d’humour, ces vrais ou faux prêtres. Ils ont du peps et de l’à-propos : « You never walk alone…. » Des effets magistraux avec seulement trois chanteurs, il doit y avoir de la magie là-dessous ! ou un  cadeau du ciel.

Pour les 200 ans de Verdi, voici le splendide Chœur de la ville de Rome. Un chœur mixte d’une trentaine de choristes, on adore ! Leur délicatesse, leur sens émouvant de la légèreté et de la douceur. L’audience observe un silence religieux. « Va Pensiero », le choeur des esclaves fait briller les consciences. Pas le temps de s’appesantir, voici des voix de paille et de soie qui interprètent peut-être des airs bulgares  ou balkanisants. Une fraîcheur extraordinaire dans le soir qui descend. Un air en allemand et Benjamin Britten qui se termine en gouttes de pluie vocale.  

Les Belges de « Voice Male » présentent avec humour et talent de la musique actuelle et pop a cappella. «  Here comes the sun ». C’est prodigieux, il est pourtant déjà couché derrière les ruines, mais on sent encore ses rayons bienfaisants sur les pierres et les voix chaudes. Surgit alors le souvenir de Michaël Jackson scandé avec bonheur par l’assistance. C’est un feu d’artifice d’alléluias en technique rap.

 Ajoutons la plus belle chorale d’enfants d’Europe, le chœur de Munichet l’ensemble 12272935075?profile=originaldisco and funk  Martin and Wright formerly of Chic qui détonne un peu dans cette très belle programmation. En fin de soirée, tous les artistes se retrouveront sur la scène principale pour clore la soirée sous des étoiles, les vraies et les  pyrotechniques.

http://www.nuitdeschoeurs.be/

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administrateur théâtres

12272926064?profile=originalVous y étiez?

 

Etre l’un des dix mille spectateurs de la douzième  Nuit Musicale du château de Seneffe et quelques jours après, être encore sous le charme d’une mise en espace musical prestigieuse et … gourmande. En effet le programme célébrait les joies de la gastronomie et des plaisirs de la table.  Au hasard de la fourchette, mêlée au diapason bien sûr, si on vous dit « Musique et Pain d’épice… »  que me répondriez-vous ? Hansel et Gretel de E. Humperdinck, bien sûr ! L’ensemble Quartz, réunissant des diplômés des conservatoires belges et étrangers, en donnait à tous vents une exquise adaptation en français pour septuor à vents et trois chanteurs au bord du Grand Bassin, côté jardin.

12272926471?profile=originalVous préférez du salé ? Courez au Jardin du théâtre et pendez-vous aux lèvres salaces de Francis Perrin (comédien-bouffon) et son complice de toujours, le  pianiste-ménestrel Patrice Peyriéras. Le parterre est comble. On croit voir une crinoline, on aperçoit un Monsieur en habits. Après avoir tâté au repas gargantuesque du Roi Soleil sur musique de Lully,  on prend le thé avec Offenbach, on part avec lui à Philadelphie, on se marre avec une soupe aux choux sûrement grivoise. God save the king ? on finit par en connaître la fine origine…! Historiettes savoureuses, et recette des tartelettes amandines… C’est la  fête des papilles et des ouïes. Tu l’as dit, bouffi !

 12272926270?profile=originalNous avons cherché en vain l’apéritif espagnol qui nous aurait transportés dans le pays de la danse, des tapas et des olives. Tant pis pour le duo violon piano  Manuel de Falla ses chansons et la Danza de la vida breva. La vie est trop brève en effet pour s’en inquiéter et nous avons viré vers l’île aux plaisirs orientaux où nous attendaient  les sept musiciens du  groupe «Les mésopotamiens ». Leur  caravane des arômes portait de magnifiques sonorités sous le ciel étoilé dans la partie du parc laissée libre aux herbes folles. La  direction du groupe est assurée par Wessam 12272927467?profile=originalAyoub Al-Azzawy, l’un des plus grands connaisseurs du maqam irakien et le plus grand joueur de santur d’Irak.  Saveurs du monde, donc, nos préférées, bordées par les flammes dansantes de milliers de petits flambeaux au sol qui guident vos pas pendant cette nuit de senteurs. Santur? Un instrument à cordes frappées, voisin du cymbalum aux sonorités brillantes, qui donne l’impression d’un chœur de cordes vibrantes et produit des harmonies capiteuses. L’assemblée est fascinée… des instruments tapés, soufflés, frottés  d’ail et de piment royal de l’antique Bagdad.  Une richesse sonore de musique traditionnelle irakienne qui remue tous les sens et chatouille la curiosité et l’imaginaire.

 On revient sur ses pas, vers le château  et l’on perçoit au fil de la promenade de larges effluves des Carmina Burana chantés par le Chœur de Clerlande qui livre tout au long de la soirée  une  prestation à la hauteur de leur réputation. Leur inspiration  dans leur choix musicaux démontre  leur attachement à la diffusion de la musique classique. Leur devise est peut-être celle de la semeuse du petit Larousse : « je sème à tous vents ! » symbole de semence, de germe, de fructification par l'instruction! Vive la réunion et le partage ! L’oreille accroche ci et là quelques bonbons viennois, des  airs de valses  et extraits d’opérettes : la brasserie est en fête !

12272927492?profile=originalTrop tard hélas, pour la revue de Cuisine H. 161 de Bohuslav Martinu avec l’excellent ensemble Khéops, dont Marie Hallynck au violoncelle et Muhiddin Dürrüoglu au piano. Ce sont des instrumentistes bien connus du Festival de musique de chambre de l’Orangerie de Seneffe qui se tient chaque année entre le 14 et le 21 juillet. Par contre, le trio à clavier « à l’Archiduc » N° 7 opus 97 de Beethoven allait nous ravir dans sa simplicité, son enthousiasme musical et la beauté des variations. Au piano on découvre Aveline Gram, au violoncelle  c'est Sarah Dupriez et au violon Gayané Grigoryan ,12272927701?profile=original trois jeunes sylphides pétulantes dans leurs robes de satin, belles comme de grands rivages… de la dune jusqu’au bord de l’eau, à marée basse! Beauté musicale complice, jolis contours mélodiques et harmoniques,  le piano tressaute sous l’abondance de pizzicati des cordes radieuses. La vie est une truite bondissante dynamique et enjouée, des sonorités princières fusent du Grand bassin, car le Quintette 114 D667 de Schubert a enchaîné avec en plus Pierrre Boigelot à la contrebasse et Vincent Hepp comme altiste. Ils se sont regroupés spécialement pour la Nuit musicale sous le nom de Brussels Chamber Artists. Encore du beau monde rencontré  au festival de L’Orangerie. Le scherzo est pétaradant, on croirait entendre une phrase humoristique du Roi Dagobert, qui aurait perdu son sabre de fer. « C’est vrai lui dit le roi : Qu’on me donne un sabre de bois! » On les quitte à regrets.  Ils nous ont offert des effets acoustiques virevoltants,  leur jeunesse et leur passion véritable pour la musique, ils ont mêlé l’onde sonore et l’onde fluviale de la vie joyeuse, étincelante de vitalité. Une rasade de bonheur qui nous change des discours blasés et de l’angoisse qui imprègne l’avenir du monde.

Auriez-vous par hasard eu  cette belle page de « La maison de Claudine »  de Colette en dictée dans votre jeunesse? La revoici : « On vous conté que l’araignée de Pellisson fut mélomane ? Ce n’est pas moi qui m’en ébahirai. Mais je verserai ma mince contribution au trésor des connaissances humaines, en mentionnant l’araignée que ma mère avait – comme disait papa – dans son plafond, cette même année qui fêta mon seizième printemps. Une belle araignée des jardins, ma foi, le ventre en gousse d’ail, barré d’une croix historiée. Elle dormait ou chassait, le jour, sur sa toile au plafond de la chambre à coucher. La nuit, vers trois heures, au moment où l’insomnie quotidienne rallumait la lampe, rouvrait le livre de chevet de ma mère, la grosse araignée s’éveillait aussi, prenait ses mesures d’arpenteur et quittait le plafond au bout d’un fil, droit au-dessus de la veilleuse à huile où tiédissait, toute la nuit, un bol de chocolat. Elle descendait, lente, balancée mollement comme une grosse perle, empoignait de ses huit pattes le bord de la tasse, se penchait tête première, et buvait jusqu’à satiété. Puis, elle remontait, lourde de chocolat crémeux, avec les haltes, les méditations qu’impose un ventre trop chargé, et reprenait sa place au centre de son gréement de soie. »12272928492?profile=original  Jacques Mercier et Daniel Blumenthal nous ont donné rendez-vous à la volière pour quelques ...frugalités et nous dire tout le bien du chocolat, la nourriture des dieux, selon le naturaliste suédois Carl von Linné, tentation diabolique, d’après Madame de Sévigné. Le chocolat est souvent associé à la volupté. Casanova ou Madame du Barry, la favorite de Louis XV lui prêtaient volontiers des vertus aphrodisiaques. Et notre farceur n’hésite pas à proclamer que l’amour est un substitut du chocolat et non le contraire. Cum grano salis… Gioachino Rossini, compositeur et gastronome, a intitulé le volume IV de ses Péchés de vieillesse, œuvres pour piano, Quatre mendiants et quatre hors d'œuvres. Il a titré les quatre premières parties les figues sèches, en ré majeur, les amandes, en sol majeur, les raisins, en do majeur et les noisettes, en si mineur et majeur. Les quatre mendiants font partie de la composition des treize desserts en Provence. En rappel des robes de bure des quatre principaux ordres mendiants, ces fruits secs représentent les différents ordres religieux ayant fait vœux de pauvreté, noix ou noisettes pour les Augustins, figues sèches pour les Franciscains, amandes pour les Carmes et raisins secs pour les Dominicains.  Et si la musique était du chocolat ?

La soirée se termine sans que l’on ait pu goûter à tous les plats dont le programme regorge.  La nuit musicale va se clore sous  une pièce montée de pyrotechnique qui embrase le ciel.  Le feu d’artifice minutieusement dessiné par Stéphane Dirickx est fait de haute voltige lumineuse, de gerbes inédites et de parapluies d’étoiles qui se dissipent en farine lumineuse. On a sans doute oublié la musique pour ne contempler que les salves de lumière fracassante sur le grand plan d’eau.  Un huitième art qui conclut ce rendez-vous d’été gastronomique et musical… car nombreux sont ceux qui se sont inscrits au panier gourmand, savoureux péché mignon,  qui pouvait accompagner la promenade vespérale au cœur du domaine du château.

12272748692?profile=originalhttp://www.chateaudeseneffe.be/FR/evenement.php?id=36

http://www.070.be/lanuitmusicale/le-domaine/presentation/

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12272921300?profile=originalPetit concert croquignolet  comme dirait le Routard, organisé l’autre soir au Musée du Transport Urbain Bruxellois… Nous l’avions annoncé dans le groupe Musique d’Arts et Lettres. Les jeunes et talentueux interprètes  (Thomas Maillet et  Gayané Grigoryan), nous les avions rencontrés au Festival de musique de Chambre de l’Orangerie de Seneffe la semaine précédente.

Une heure de très  belle musique joyeuse précédée par une fort intéressante visite muséale par Jean-Louis Mottet, aimable bénévole du musée. Ils sont tous prêts à recommencer vers septembre octobre, car la formule et le programme sont bien au point. 12272921488?profile=original  

Les deux musiciens ont le sens du merveilleux et de la douceur. Paganini souvent évoqué comme étant le plus grand violoniste jamais connu,  avait un grand amour pour la guitare. Sa grande symphonie concertante fut jouée par le compositeur en joute musicale, activité très courante à l’époque, en 1816.  Thomas Maillet à la guitare et Gayané Grigoryan au violon se partagent le duo romantique très réussi. Les accords sont nets, le rythme entraînant, le dialogue enjoué. Aux sonorités  très profondes de la guitare, correspond la pureté du violon de Gayané Grigoryan. Les derniers accords pleins de moelleux de la guitare traversent le rythme bourdonnant du violon cependant que, silencieuse, glisse la vie de l’autre côté des petits carreaux des baies de l’entrepôt. Vient ensuite  un émouvant Adagio et une ronde de conciliabules. Le violon guilleret est repris une octave plus bas par les pétales de la guitare et cela se termine par un joyeux effeuillement de la musique applaudi avec chaleur par un public peu nombreux mais enchanté.12272922091?profile=original

Les œuvres choisies dans le répertoire de Manuel de Falla ont été transcrites pour la guitare par Thomas Maillet. L’une est issue de  son opéra « la vie brève » et l’autre de « l’amour sorcier » , une gitanerie. Une joute musicale pour évoquer le folklore espagnol mais dont on ne sait si c’est Thomas ou Gayané qui sort vainqueur.

Des deux côtés un jeu incisif, dense et subtil où les instrumentistes se livrent à un concours d’aiguës entre virtuosité et insouciance.

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Ils termineront par les œuvres de Piazzola, bourrées de variations, de tendresse langoureuse, de jeux de camaïeux et de dégradés sonores. Le morceau intitulé « Café 1930 » devient une danse lascive où les deux instruments sont liés intimement dans une étreinte vivante. Le bis est un air populaire du Brésil, chantant et joyeux.

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Concerts au 15ème festival de musique de chambre de Musica Mundi 2013

Hagit et Leonid Kerbel, fondateurs de Musica Mundi, respirent le bonheur ! Ce 15 juillet dernier, ils ouvraient le traditionnel festival Musica Mundi  pour la quinzième fois, dans la salle Argentine du Château du lac, à Genval. Musica Mundi a reçu le haut patronage de la princesse Mathilde, maintenant Reine des Belges.  Parmi le public bourdonnant d’excitation, il y a, à droite de la scène, les partenaires et  les généreux mécènes du stage, l’ensemble des  nombreux sponsors, tous, «amis de la famille de Musica Mundi », à gauche toute la classe 2013 de plus de 60 élèves qui s’installent par ordre de taille, et aussi les parents de jeunes élèves de toutes nationalités, et de nombreux amis fidèles de la musique et des jeunes talents. Un public branché, chaleureux et enthousiaste, qui croit fermement au fier concept européen « United in diversity »… In varietate concordia, souligne Hagit, l’impeccable organisatrice de ce festival. Mais bien sûr, c’est  le stage de musique de chambre - réservé aux musiciens en herbe,  entre 10 et 18 ans –  qui est le cœur de cet événement estival belge et international. Il est associé à une série de concerts tantôt prestigieux, tantôt teintés d’humour, de musiques passionnées aux accents tziganes  et à la virtuosité enflammée, mais toujours de grande sensibilité.  Des artistes de réputation internationale comme l’ardent Vladimir Perlin, l’Orchestre symphonique de Biélorussie, le Trio Maisky, le Quatuor Danel, ou l’exceptionnel pianiste tranquille Rudolf Buchbinder, ont été cette année les grandes rencontres qui nous ont embrasé le cœur et charmé l’oreille lors de fougueux récitals. A la fin de chaque concert, beaucoup participent à la réception où l’on se parle, se photographie et se fabrique des souvenirs inoubliables. Un lieu où se tisse le lien inaltérable du bonheur musical. Où l’on côtoie le comte Jean-Pierre de Launoit, le violoniste israélien Ivry Gitlis…. et  Stéphanie, la fille de Martha Argerich et son petit-fils. On chuchote que Maxime Vengerov sera l’ambassadeur d’un projet  de qualité : la  création d’une école primaire et secondaire pour jeunes musiciens... le rêve !

 

12272748692?profile=originalChaque année,  les concerts se donnent aussi au Concert Noble à Bruxelles. C’est là que nous avons entendu le Quatuor Danel qui faisait partie de l’équipe en résidence cette année. A l’entracte, il y a toujours des récitals de jeunes prodiges musicaux qui arrêtent vos pas vers les rafraîchissements du bar. Des minutes  de pure émotion, ces grappes de notes savoureuses, ces bouillonnements  de sève musicale juvénile quand on voit la candeur et la talentueuse interprétation des jeunes instrumentistes en route vers un avenir prometteur. Revenons quelques instants au quatuor Danel.  Basés à Bruxelles, français d’origine sauf, Vlad Bogdanas,  l’altiste né à Bucarest,  conquérants certainement,  ces quatre jeunes instrumentistes surréalistes parcourent l’Europe et le monde dans tous les sens et sont particulièrement friands des nuits blanches de la Finlande. Et ils enseignent.  Ce ne sont pas des musiciens de salon, ils ont du caractère et une forme d’enfer. Passionnés ou espiègles, Ils font preuve d’une force expressive stupéfiante, d’un humour au vitriol, d’une fonte habile et soudée des instruments,  raffolent des touches fauves, des sonorités rutilantes,  des silences à mystères,  des coups de couteau et des plages de flegme apparent. Ils créent une musique pleine de substance  mais le  travail semble se faire dans l’apesanteur !

Dans « the Joke » de Haydn, Marc Danel se détache presque de son tabouret, levant presque en même temps les pieds au ciel. L’expressivité est intense et torturée tandis que le deuxième violoniste, Gilles Millet joue dans la zenitude. Contraste farceur s’il en est ! Quant au violoncelliste, Guy Danel, il est  totalement pince sans rire, …not a Joke ! C’est fini ? Non on reprend par blague,  la première phrase de l’œuvre qui risque de ne pas s’éteindre, comme une bougie magique. Leur quatuor N° 30 de Tchaïkovski et son funèbre Andante sera démonstratif. Le buste entier de Marc Danel se retrouve face au public dans un accès de vaste douleur. Les mouvements paroxystiques démesurés s’opposent aux jeux de sourdine absolue. Fermez les yeux, vous entendez quelque chose ? Et la réponse est affirmative, un filet de vie, un filet d’âme répond dans un dernier souffle au miroir ! La fin se caractérise par  un jeu pétaradant de bacchanale violonistique, les quatre monstres sacrés se sont égayés entre les colonnades de l’auguste tapisserie à l’arrière-plan, parmi les divinités gréco-romaines. Les augustes feuillages en tremblent. Pomone et Flore ont couru se cacher!

Le bis est un des favoris du Quatuor Danel qui a publié l’intégrale des 17 quatuors de  Mieczyslaw Weinberg, compositeur russe d'origine juive polonaise, contemporain de Chostakovitch, mis à l’index sous Staline, et dont le  nom a presque disparu des concerts et des enregistrements.  C’est le troisième mouvement du 5e quatuor du compositeur  qui a donné une ambiance du feu de Dieu au Concert Noble car la classe entière des jeunes prodigues de Hagit et Léonid s’est soulevée  pour relancer une ovation générale.    

 

Ce soir, la soirée de Gala clôturait le festival! Une immense bouffée de bonheur comme celle qui vous vient lors des feux d’artifices.   Grandiose et émouvante, tant la fraîcheur et la sensibilité des jeunes artistes mêlées aux grands virtuoses d’envergure internationale sont touchantes. Le point culminant de cette odyssée musicale, s’il faut en choisir un dans cette longue soirée commencée à 19 heures, est certes l’interprétation palpitante d’une  œuvre de R. Vaughan Williamstous les musiciens du stage, du plus petit - ils sont 12 cette année, à avoir moins de douze ans - au plus grand (devinez qui…) ont uni leur musicalité sous la direction de Leonid Kerbel, le véritable animus de la soirée.

 

Ambiance : un océan de cordes, le souffle d’un Poséidon possédé par la musique et l’amour de ses élèves conduit les flots, vole la vedette à Eole et calme les vents. Tout tremble et vibre comme un gigantesque orgue marin. Mugissements salés, l’esprit du large envahit les musiciens et une audience muette d’attention. Beaucoup de musiciens jouent et écoutent les yeux fermés. Naissance marine : la premier violon inondée de grâce est souple comme des voiles de soie. Réponse empathique et lyrique de la deuxième violon et duo plein de profondeur  recueilli par un violoncelle attentif. Les harmoniques merveilleuses sont lâchées,  la baguette de Leonid Kerbel écoute et esquisse des gestes tendres d’une douceur infinie. On prie pour que la grâce musicale ne quitte jamais ces êtres dévoués au langage universel. Le flot musical enfle, remplit la salle Argentine de confiance et d’amour. Quel modèle de respect et d’écoute mutuelle créatrice d’harmonie absolue. On rêve… « Quand le pouvoir de l’amour sera plus fort que l’amour du pouvoir, le monde… » . Suivent  deux,  trois, quatre accords vibrants qui lancent de longs frissons, viennent de sombres et profonds pizzicati et voici les violons qui chevauchent une mélodie remplie d’espoir. On flotte en apesanteur. Le cœur bat plus vite et voici enfin le retour de la vague de fond qui porte sur sa crête les violons vainqueurs ! Rien n’est plus fort que l’amour.

Au Château du Lac (Genval), à l’Hôtel Le Lido et au Château de La Hulpe. Du 15 au 28 juillet. Infos : 02.652.01.01 ou 0495.200.595 ou www.musicamundi.org

 

 Ayez la patience de regarder le diaporama jusqu'au bout! il y a une surprise!

http://secure.smilebox.com/ecom/openTheBox?sendevent=4d7a63304e7a59774d54493d0d0a&sb=1

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Coup d’Envoy prestigieux :

L’apassionata (L’art des passions baroques), @Festival de Wallonie 2013, festival de Namur

                L’imposante église Saint-Loup  à Namur ouvrait ses portes le soir du jeudi 4 juillet pour accueillir un programme musical consacré à Haendel, Vivaldi et Haydn sous la baguette joyeuse de Guy Van Waas et les Agrémens. C’est dire si le Festival de Wallonie 2013 a su  inviter de prestigieux fleurons de la musique ancienne pour lancer son  concert inaugural d’été. Et quel séducteur, Guy Van Waas ! Il prend la parole en début de soirée musicale et introduit la manifestation, sans façons. Il rend aussi hommage au musicien et ancien directeur du conservatoire de Liège, Bernard Dekaize, décédé cet hiver à 62 ans. Sur une note plus légère … ou espérons-le, prophétique,  il en profite pour dire que le festival deviendra « Royal » en 2014, fêtant l’année prochaine ses 50 ans d’existence. Il ajoute  que ce festival est une véritable fête qui a rassemblé un florilège de chouchous du public, en commençant ce soir par un catalogue baroque des passions humaines. Rassurant : si le thème  en filigrane est l’amour et la passion, voire l’érotisme et l’esprit licencieux… aucun carré blanc ne sera appliqué au Festival car Amour sincère ne porte pas de carré blanc, mais un cœur battant.

                Lorsque le chef d’orchestre ouvre la fête avec Haendel, C’est Royal ! En veste de soie chinoise damassée de roses il jette les musiciens à l’assaut des voûtes dont l’acoustique est… envoûtante. Une impression de liberté d’expression, de légèreté inonde l’espace. Sa gestuelle généreuse disperse des brassées de fleurs, son regard fleurte malicieusement avec les violonistes. Voici une musique débordante de fraîcheur et de spontanéité. Cela a l’apparence (trompeuse) du Ready, Steady, Play!

                 «A mio Cor ! » Une voix féminine chaleureuse et palpitante (Pauline Yarak) s’élève dans l’église. Quelle différence avec une salle de concert. Il y a ce supplément d’âme et de sonorités très palpables ! «Perché, perché t’amo tanto ? » Cette magnifique chanson de rupture vit, tremble sous vos yeux. Le chant s’envole dans les voûtes néo-baroques illuminées, se loge dans les moindres moulures, anime la volupté du cœur. La voix se fait caresses charnelles et partage la douleur intense : «  lascarmi sola in pianto ».

                « Piangero », extrait de Julio Caesare rend compte de la vulnérabilité humaine surtout dans ce décor  si riche et quelque peu écrasant. Encore, des sinuosités mystérieuses et de l’émotion palpable dans les mélodies chantées par la soprano Manon Poskin en somptueuse robe Empire rouge feu.

                Ces jeunes talents vocaux sont  issus de l’IMEP (Institut de Musique et Pédagogie de Namur). Le  contre-ténor Guillaume Houcke nous livre  une prestation pleine de maturité baignée d’authentique enchantement. Une diction impeccable, aucune afféterie, de la sincérité dans l’expression  très nuancée des sentiments aussi bien  dans le « Di speranza un bel raggio » et l’air « Venti Turbini » de Haendel que dans l’air « Sposa son disprezzata » extrait de  Bajazet de Vivaldi. Il plaît tout de suite par la subtilité de son jeu et sa maîtrise technique sans failles dans les vocalises virtuoses!  Cet homme jeune et dynamique a la tête qui bourdonne de musique fertile, respire, frémit, module et inspire son public. Et toujours rien à voir avec l’atmosphère d’une salle de concert ! Ces trois jeunes gens ont su créer tout de suite passion et enthousiasme.


                   Guy Van Waas, se penche amoureusement sur l’orgue avant l’extrait du Concerto Grosso  op.3 N°6 de Haendel. Des flûtes fruitées et savoureuses fredonnent, contrebasse et basson frappant du pied, façon nuit de la Saint-Jean. Les solos de l’orgue semblent pratiquer une pesée précise et minutieuse de la pharmacopée musicale … Guy Van Waas nous prépare-t-il des philtres d’amour éternel ? On le voudrait, officiant au  doux recueillement d’une messe de mariage ! Il y a tant d’équilibre et de fluidité sereine avec l’orchestre ! L’émotion est grande dans le public.

 

                 Une exaltante  symphonie n°59 en la majeur « Feuersymphonie » de Joseph Haydn clôture la soirée. Guy Van Waas est revenu sur scène sur la pointe des pieds pour attiser violons et passion. Le visage est animé par le plaisir. Des sourires d’entente fusent entre violonistes.  Le cor est princier, soutenu par de légers frémissements de clavecin et la dévotion inconditionnelle du basson. Les phrasés ensorceleurs des violons jouent le thème accroche-cœur. Le cor se libère et devient de plus en plus sensuel pendant que les violons prennent le menuet en main, en de nombreux allers-retours. Dernier mouvement, les vents s’amusent de l’écho. Rythme de sarabande, stupeur et tremblements, des vibrations s’élancent à l’assaut des épais piliers de l’église comme une vivante conquête végétale…ou musicale.

                «  Pas de bis ! Revenez nombreux  à l’assaut des concerts, par pure curiosité, la plus belle de toutes les qualités d’auditeurs, » nous souffle Guy Van Waas en congédiant un orchestre ravi et  acclamé de tout cœur.

 

 

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Chanson d'automne, ou chansons d’été ?


Déjà plus d'une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est fraîche,


HELAS ! LES BEAUX JOURS SONT FINIS
!

FESTIVAL MUSIQ’3 : Quoi ? Déjà fini ?

Mais voilà  certes l’amour de la musique solidement planté  dans le cœur des 10.000 spectateurs qui se sont transportés d’un studio à l’autre, les derniers jours de juin,  à la recherche du plaisir musical.

Il aura duré ce que durent les roses, ce Festival, l'espace d'un instant! Un instant sans doute, si l’on sait qu’il faudra attendre pas moins de 362 jours pour que  refleurisse ce fabuleux rosier aux 150 artistes. Mais quels instants, direz-vous ! Des instants inoubliables qui ont su confondre le Temps et son inexorable marche.  Chaque heure de concert semble avoir été vécue comme un temps éclaté, comme un temps-espace différent. Quelle expérience… Aussi un Marathon  nouvelle formule, pour ceux qui, décidés à court-circuiter horloges et montres, ne voulaient ni manger ni boire  et  juste s’abreuver de nectar éphémère et de  magie musicale ad libitum! Ainsi donc  l’Amour est sorti victorieux, gagnant pour une fois, la course contre le Temps. Pas fort étonnant d’ailleurs, puisque  c’est l’Amour en personne  qui  était le thème central du festival réunissant 34 concerts, sur 5 plateaux  différents, à Flagey et aussi pour la première fois, au Théâtre Marni.

 

Quelques  sublimes (re)découvertes, dans le désordre (amoureux) :

Le coup d’envoi du Marathon sous la baguette enflammée de  Patrick Davin  et  l’ensemble Trilogy, ensemble créé en 2011 par trois jeunes violonistes bien connus du public belge: Yossif Ivanov, Lorenzo Gatto et Hrachya Avanesyan. Avec le Brussels Philharmonic,  ils ont a réédité la prestation mythique  du groupe à Beloeil  l’année dernière. (Entre autres: La Liste de Schindler, Once Upon a Time in the West,  In the Mood, en passant par ...l'incontournable Niccolo Paganini).

 

Beloeil,  dites-vous? On a tous couru - Marathon musical oblige - pour écouter Frank Braley,le mousquetaire du piano,  jouer La fiancée vendue de Bedřich Smetana, le spectaculaire concerto pour piano composé uniquement pour la main gauche. Ecrit entre 1929 et 1931 par Ravel ( à la demande du pianiste Paul Wittgenstein qui avait perdu son bras droit durant la Première Guerre mondiale). En dernier, un Richard Strauss décoiffant (Don Juan). Inutile de dire que le Studio 4 a craqué sous les tonnes d’applaudissements délirants !

Salle comble aussi, évidemment,  pour écouter le  très Elisabethain Mateusz Boroviak, Prix des auditeurs Musiq 3 2013, qui nous  a offert trois perles rares :  Mozart, Sonate en ré majeur K311; Chopin, quatre mazurkas op 24 et un fulgurant Grazyna Bacewicz, œuvre contemporaine (1969). Un conte pour adultes ? Trois perles de bonheur, à vous d’en inventer les couleurs. Un merveilleux Bis inattendu, de la plume du Lauréat.  Le problème c’est que si on applaudit trop longtemps, on rate le début de la séance suivante. Car les concerts commencent toujours « on the Clock »! Damned Clock !

Oops ! On a raté le  duo Nefeli, concert de harpes : « 94 cordes pour faire tourbillonner les cœurs ! » un large répertoire d’œuvres variées des XIXème et XXème siècles (Franz Schubert - Claude Debussy - Manuel de Falla - Carl Oberthur - Bernard Andres - John Thomas). Et on n’a pas non plus été au Marni écouter les plus belles chansons d’amour… Juste de quoi vous mettre l’eau à la bouche pour l’année prochaine ! On a aussi raté les Chansons de Bilitis!

Mais on était au rendez-vous dominical de 11 heures pour jeunes familles et papy-boom autour des Contes de la mère L’Oye, avec Marie Hallynck, violoncelle, Muhiddin Dürrüoglu, piano et Cédric Tiberghien, piano.  Des enfants traversent la nuit en voiture. Marie-Laure, qui les accompagne, connaît des tas de récits mystérieux. Ils arrivent devant une grande maison féerique. Soudain, en pénétrant dans le salon de cette maison, Marie-Laure quitte le film et arrive sur scène dans ce même salon. Des musiciens y répètent des contes de Ravel, de Tchaïkovski et de Henze. …Les enfants n’ont certainement pas vu le Temps passer et se sont précipités ensuite à la découverte des instruments de musique aux ateliers organisés pour eux !

 

A 26 ans l’étincelante pianiste, jeune amazone du piano,  Khatia Buniatishvili fait sensation. Sa musicalité influencée par la musique traditionnelle de Géorgie, son pays natal, est du  « Matha Argerich revisited » en version féminissime et voluptueuse! Gorgeous Georgian Musician qui manie le piano, « le plus noir de tous les instruments », avec un tempérament de feu! En longue robe noire modèle tulipe, dos nu qui souligne une chute de reins vertigineuse ou en robe courte, toujours dos nu, cette fois juchée sur des stillettos (stillettti?) ahurissants, elle a par deux fois inondé son public de vagues d’amour et de tempête musicale jamais vécues auparavant. On lui décerne sûrement le stiletto de diamant pour un style inoubliable !

 

Le maître du théorbe, Rolf Lislevand, un Norvégien installé en Italie, nous a emmenés dans une valse à travers le Temps, car c’est un fou de musique ancienne…  Mais c’est aussi un passionné de musique contemporaine, de musiques traditionnelles (flamenco), de musiques arabe et orientale. Il n’en faut pas plus pour écouter avec ravissement son répertoire passionnant de  guitare baroque et de théorbe où l’on a la preuve tangible que  ces musiques réussissent à merveilles à défier Celui que vous savez, et qui se gausse éternellement de notre  humaine vulnérabilité. On ne peut pas rêver plus belle évasion ...musicale!

Inoubliable et fascinant aussi, ce jeu téméraire  d’improvisation fulgurante  auquel se sont livrés Boyan Vodenitcharov et David Dolan, sur deux pianos tête-bêche dans le Studio 1 !

Apollo e Dafne: une des plus belles cantates de Haendel. Il a alors 25 ans et se trouve à un tournant important de sa vie. Révélé à l’Europe entière par le triomphe de son opéra Agrippina à Venise en 1709, il se voit offrir une place de musicien de cour, telle que tout jeune musicien en rêvait à l’époque. C’est donc auprès du prince-électeur de Hanovre (le futur George 1er d’Angleterre) qu’il achèvera sa cantate Apollo e Dafne, œuvre magistralement interprétée, avec humour et raffinement, par les talentueux musiciens de l’ensemble Les Muffatti, et deux jeunes chanteurs captivants, tous deux formés au Conservatoire de la Haye, la canadienne Stefanie True et le portugais Hugo Oliveira. « Oh Temps suspends ton vol ! » (Prayers answered!)

L’air langoureux de La Strada de Nino Rota ou les célèbres thème de la Panthère Rose, du Clan des  Siciliens ou de James Bond, par L’ Ô-celli: octuor de violoncelles.  S’y ajoutent la fameuse ouverture tumultueuse de l’opéra de Verdi La Force du destin, et une Valse que le jeune compositeur Liégeois Harold Noben leur a dédiée. … « Prayers answered » encore, et toujours très peu de temps pour applaudir !

 

Voici le maelström d’émotions: Le  Trio en  mi bémol Majeur Op. 100 de Schubert exécuté avec grâce et émotions  infinies par le Trio Saint-Exupéry  (alias Lorenzo Gatto, violon, Beatrice Berrut, piano, Camille Thomas, violoncelle). Croisement de vivantes respirations musicales et pur ravissement. On les quitte à regret.

 

Voces 8, huit choristes de la Maîtrise de l’Abbaye de Westminster sont lauréats de nombreux prix internationaux, et l’un des principaux jeunes ensembles vocaux britanniques  A cappella. Leur répertoire s’ouvre sur  des polyphonies anciennes -  Bach, Monteverdi -  coule au fil du Temps, ( le suspendant au passage),  et se noie dans le  jazz en passant par Queen ou Oasis. Ils captivent par l’étendue inouïe  de leurs sonorités vocales. La mise en scène humoristique et chaleureuse emporte l’adhésion immédiate du public qui se précipitera sans doute sur Facebook pour les féliciter, chacun en particulier. Deux jeunes femmes pour six hommes en nœud papillon et fleur à la boutonnière ont vite fait de vous arracher à la réalité et vous faire battre les sentiers du rêve, vous aspirant dans la féerie de leur timbre très pur.

En finale, Amandine Beyer et Gli Incogniti, qui inauguraient le premier Festival Musiq 3 il y a trois ans,  rejoueront  le concerto "L'amoroso" de Vivaldi; le jeune Orchestre du Festival très prometteur et Steve Houben (saxophone)  feront revivre la musique de Gershwin et Cole Porter et  la merveilleuse Khatia Buniatishvili  dépècera frénétiquement  la fracassante  «Valse » de Ravel. La clôture revenant à Voce 8, faisant  chanter  tout  son auditoire sur « Skyfall ». Ce n’est qu’un au revoir, mes frères…/Ce n’est qu’un au revoir? I presume! 

 

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Les intermezzi musicaux des Midi-Minimes… Eté 2013

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Les intermezzi musicaux des Midi-Minimes… Eté 2013

L’une des plus belles œuvres de musique de chambre, le quintette  en Ut majeur de Schubert a été composé peu après sa dernière symphonie durant l'été 1828, deux mois avant la mort du musicien. Il a été créé bien plus tard, en 1850, au Musikverein de Vienne et publié en 1853. Il nous a été servi comme une  7e merveille de la musique par l’émouvant Quatuor Alfama au Conservatoire Royal de Bruxelles, lors d’un de ces midi-minimes inoubliables de la cuvée 2013. On y a couru à cause de Camille Thomas, rencontrée au festival Musiq 3 2013 et on y a découvert une violoniste exquise: Elsa De Lacerda Setas.  On reste longtemps sous l’impression d’avoir voyagé au cœur d’un rare cristal musical hier midi! Une merveille!

Dès les premières notes on est happé par un long appel strident  joué par le Violon ensuite repris par le timbre profond du premier Violoncelle. Si le premier mouvement évolue longuement  dans les contrastes de registres aigus et sombres, on arrive vite dans une explosion de mouvements impétueux,  dont la puissance est garantie par la voix chaleureuse des deux violoncelles unis. Cascades émouvantes du Violon vers les graves, déferlement avant une gamme ascendante  qui s’élance à l’assaut du bonheur. Mélodie en duo des deux Violoncelles qui s’entrelacent: serait-on au paradis ? Au cœur d’un cristal musical où les pans sonores miroitent de tous leurs feux. 

 Et voici que vient la beauté surnaturelle dans ce chef d’œuvre de l’humain : l’Adagio.  Au recueillement en  volutes pointées  du Violoncelle, répond en échos attentifs  la voix du  sublime Violon par des pizzicati  délicats du même registre. Le jeu de l’écoute est passionnant, comme si les doigts du Créateur tendaient la main à l’homme de la Chapelle Sixtine.  Il est Petit mais à l’image de Dieu. Les grondements des autres cordes tissent une mélodie tragique cueillie par les accords graves du Violoncelle. Les vagues sombres semblent être soulignées par le passage de nuages par-dessus la verrière du Conservatoire. Des silences haletants ponctuent de  longs accords et redonnent la vie au jeune Violon qui ose fleurir sur un terroir de tristesse. On se berce dans la pureté de son de l’instrument, qui ressemble beaucoup à la respiration vivante d’une extase. La douceur atteint des summums avant le retour des pizzicati du début, sous la conduite du Violon cette fois. La lumière musicale et apollinienne inondent l’assemblée qui entoure les musiciens ; un  ultime crescendo souple et poignant soutient l’émotion jusqu’à la dernière note, tenue avec immense respect. Le sentiment  nostalgique d’un  dernier rayon de l’astre solaire vous étreint brièvement avant de plonger dans le troisième mouvement.

Le scherzo sera sautillant ! Back to Earth ! Le Violoncelle prend des allures de grand seigneur qui tournoie joyeusement… Réapparaissent les notes sombres de la perte de la joie. Les larmes perlent sous l’archet de la violoncelliste Le mal à l’âme se déplie et atteint tous les instruments mais une extrême douceur subsiste au cœur de la gravité. Retour versatile à la volubilité intense du début, et touches délicates encadrées d’appels que l’on imagine ceux de cors au fond des bois. Des appels, encore, de nature royale !

Applaudissements intempestifs, tellement la plastique de l’œuvre est intense et superbe. L’ensemble musical peu surpris  en profite pour se réaccorder et lance l’Allegretto jubilatoire, toute peine bue. Effeuillée la tristesse, restent les pétales joyeux,  un calice aux vertus musicales, à boire ad libitum. Des pieds légers et juvéniles touchent à peine le sol à moins que ce ne soient ces mystérieux papillons qui accompagnent souvent l’âme dans son élévation. Peut-être comme semble dire la musique, qu’ils retombent  en longs poudroiements fertiles et sans cesse renaissants.  

Ovation (f)estivale pour ce quatuor Alfama et ses jeunes  instrumentistes extraordinaires.

 

Atmosphère: cliquez ici: http://secure.smilebox.com/ecom/openTheBox?sendevent=4d7a63304e444d7a4d6a453d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction

« D’année en année, les artistes des Midis-Minimes forment une communauté plus large et plus créative, où les personnes se rencontrent, où les genres se décloisonnent, où les croisements s’opèrent. Grâce à la confiance établie avec le festival, ceux qu’on a entendus en quatuor, se retrouvent à l’opéra, le théorbiste a fondé son ensemble, la lauréate du concours Reine Elisabeth a troqué son archet contre la baguette, le hautboïste tâte du doudouk, tous poursuivent, en solitaire ou en bande, leur recherche du bel et insaisissable objet musical, rejoints par d’autres musiciens où l’on notera, cet été, de nouveaux et brillants internationaux. 
Le moteur de cette effervescence et de ces audaces ? L’écoute ! Votre écoute, celle d’un public incroyablement ouvert, concerné, actif, authentique partenaire artistique du concert. Merci à vous.»
 Besoin d’un petit coup de pouce à votre curiosité ? Voici le lien pour aller glaner un programme qui vous plaît  et vivre l’été autrement cette année : http://www.midis-minimes.be/fr/calendrier.php

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Concert 2013-06-17 deFilharmonie - de Waart Concert  de clôture du Concours Reine Elisabeth-Piano 2013.12272907455?profile=original

Le lundi 17 juin les trois premiers lauréats, Boris Giltburg, Rémi Geniet et Mateusz Borowiak se sont produits au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, avec de Filharmonie sous la direction d’Edo de Waart. Le concert de clôture a été diffusé en direct sur Musiq’3, Klara et dans 9 salles de Kinepolis ! En différé, on pouvait retrouver  les lauréats sur La Trois le soir même à 21:05 et sur Canvas, le dimanche 23/06 à 12:00. Les élus de l’année 2013 du prestigieux  concours Reine Elisabeth ont joué dans une salle comble jusqu’au troisième balcon en présence du  Roi et de  la Reine, le Prince Philippe et la Princesse Mathilde, la Princesse Astrid et le Prince Lorenz. Une soirée attendue avec beaucoup d’émotion musicale.

  12272907658?profile=originalMateusz Borowiak , très belle sensibilité musicale et 3e lauréat, nous a interprété le concerto n° 2 de Mozart. Assise musicale parfaite, jeu musical net, clair et grande connivence avec l’orchestre. Le thème mélancolique  est  aussitôt repris  par le pianiste avec profonde déférence. Le jeu des couleurs est bien nuancé, les accords sont moelleux, les moments d’empathie profonde alternent avec le monologue méditatif. Le dialogue s’engage avec les cordes couleur d’automne et de feuilles mortes. L’émotion musicale est là, palpable. Dans la cadence, l’âme s’abîme dans des accents de souffrance intime puis rebondit courageusement. Ode à l’énergie qui sommeille au  cœur de chacun. La musique est révélatrice de la dignité humaine et de l’espoir. Cette joie  célébrée dans les  lettres de Paul aux Philippins ? C’est maitrisé, l’architecture musicale complexe a la transparence de l’évidence. Quelle classe! Les violons se sont laissés gagner par la Confiance, le pianiste joue la sérénité, puis en  trilles bouillantes, l’essence de la vie. « Homme tu n’es pas seul, l’orchestre du monde te rassure et reconnaît ta stature d’un être en marche… » Applaudissement généreux, c’est le moins qu’on puisse attendre ! Mateusz salue avec humilité. Rien n’est feint, tout est vrai. Le bonheur.  

 

 Rémi Géniet, le jeune favori de 20 ans à peine, deuxième Lauréat,  va s’attaquer avec brio au Rach N°3. Un jeu parfait. Des sonorités étudiées d’une esthétique frappante , un visage impassible fait de concentration extrême. Il joue souvent  les yeux fermés ou mi-clos, tout en batifolant sur la crête musicale. Il fond les couleurs comme s’il s’agissait d’aquarelles liquides et signe, de façon vibrante. Approfondit, creuse et  cisèle le thème principal. Il s’engloutit dans une méditation tourmentée, s’ouvre des coupes lumineuses dans le merveilleux chantier musical du compositeur. Passe, imperturbable,  dans le fracas d’une tempête et en ressort indemne, toujours et toujours, totalement dans le contrôle. Le jeu est naturel, léger, coulant de source. Dégage une équanimité fascinante. Ici, il  balance son calme olympien de la main gauche à la main droite et glisse sur la surface des eaux musicales. Impondérable. Il appliquera des accords océaniques grandioses, délimitera des nouveaux plans lumineux. Mais quel architecte après le Grand Architecte ! Un Bill Gates du Piano ? On en frémit ! Mais non, on n’est pas dans le Meilleur des Mondes, on est avec un des meilleurs pianistes !  Porté par le  souffle puissant de Rachmaninov.

Boris, Boris ! Tout le monde l’adore, à commencer par son sourire, qui allie l’humilité, la générosité et le Plaisir de la musique. Son Prokoviev sera notre favori. Bondissant, virevoltant, animé de mille nuances, bouleversant de créativité. Voici un orfèvre devant ses creusets bouillonnant de métaux précieux.  On glisse avec aisance dans le fantastiquement grand, il est salué par les timbales, trompettes, contrebasses et cordes. Mais le voilà en train de distiller toute la douceur de nouveaux matins du monde… Il s’est arrêté un instant, arrêté sur la pointe des doigts, avant d’entamer le mouvement suivant. Cela bourdonne, cela swingue, les notes répétitives piquées sonnent en mille alarmes à la ronde. … Et l’humour s’en mêle. Pas pour longtemps, car voici la frappe diabolique, la marche pesante des timbales, bassons, des accords gloussés sur fond de pizzicati. On verse dans le parodique. Quelques balayages de notes rallument la flamme  spirituelle. Le pianiste pratique de la véritable archéologie, découvrant des paysages enfouis, des cités interdites?  C'est l'auditeur qui est interdit! Boris semble extraire des sonorités rares:  nouvelles  ou anciennes ?   Il a la délicatesse du pinceau qui découvre une poterie millénaire et fragile et qui tremble à la fois, tant le cœur bat la chamade. Ce pianiste subjugue et emporte intégralement dans l’imaginaire.

 Des  tonnerres d’applaudissements rappelleront plusieurs fois les trois candidats en fin de concert  qui livreront à six mains jointes un petite pièce fine comme de la porcelaine…écoutée religieusement par une salle sous le choc de la Beauté.

  

Ré-écoutez: http://www.rtbf.be/radio/player/musiq3?id=1832759

Concert avec les 1er, 2e et 3e lauréats du concours de piano 2013
Avec deFilharmonie, dir. Edo de Waart

Tickets : réservation à partir du mardi 12 février 2013 au Palais des Beaux-Arts

Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Allegro, Andantino, Rondeau. Presto) [Mateusz Borowiak - deFilharmonie - Edo de Waart]

Interprètes : Mateusz Borowiak (Soliste), deFilharmonie (Orchestre), Edo de Waart (Chef d'orchestre)
Œuvre : Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart)

Sergey Rachmaninov : Concerto n. 3 en ré mineur op. 30 (Allegro non tanto, Intermezzo, Alla breve) [Rémi Geniet - deFilharmonie - Edo de Waart]

Interprètes : Rémi Geniet (Soliste), deFilharmonie (Orchestre), Edo de Waart(Chef d'orchestre)
Œuvre : Concerto n. 3 en ré mineur op. 30 (Sergey Rachmaninov)

Pause


Sergey Prokofiev : Concerto n. 2 en sol mineur op. 16 (Andantino, Scherzo vivace, Intermezzo (allegro moderato), Final (allegro tempestoso)) [Boris Giltburg - deFilharmonie - Edo de Waart]

Interprètes : Boris Giltburg (Soliste), deFilharmonie (Orchestre), Edo de Waart(Chef d'orchestre)
Œuvre : Concerto n. 2 en sol mineur op. 16 (Sergey Prokofiev)

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Une Orangerie d’un autre siècle… celui de Mozart, nul doute. Un short d’argent  galbé sur cuisses parfaites s’assied sans façons sur la pelouse, une gracieuse silhouette japonaise erre dans les allées à la recherche de parfums surannés et prend en photo  le pommeau antique d’une canne et le regard d’un homme rajeuni par l’attente de la musique. Il est luthier de son métier, ancien compagnon qui produisit son chef-d’œuvre dans un  même bois odorant et vibrant : deux violons, un alto et un violoncelle. Sort-il du livre de Gilles Laporte, Fleurs à l’encre violette ? On pourrait l’imaginer. Son atelier existe toujours et il connait Véronique Bogaerts depuis son enfance.  Ses enfants l’ont mené au concert que pour rien au monde il ne voudrait manquer ! Le public nombreux se masse aux portes de l’Orangerie de Seneffe un 18 juillet pour la dix-huitième année consécutive. Ce soir, on vient écouter  Mozart.  De la musique de chambre, presqu’en plein air, avec les effluves de l’été et l’heureux  ventelet qui rafraîchit la salle pleine à craquer. « Que du bonheur », dit-on maintenant.

 

Cela commence avec une rencontre au cœur de  l’Adagio et Fugue pour cordes en ut mineur KV 546. Le jeudi 18  juillet ouvre le festival avec Mozart. Ton solennel et grave… mais à la fin du jeu après les échos qui ricochent dévalant des collines imaginaires, on surprend le sourire de la violoncelliste, Sarah  Dupriez, 28 ans,  fille de la violoniste, Véronique Bogaerts l’âme du festival. Et pour une violoniste, rien de plus important que l’âme du violon !   Elle fut formée par Carlo Van Neste, grand violoniste belge de réputation internationale et grand pédagogue. A son tour de siéger dans le jury du concours reine Elisabeth et d’être le professeur … de Lorenzo Gatto, de sa  propre fille  et de  son beau-fils Vincent Hepp qui  est  ce soir à l’alto. L’esprit de famille préside à ces concerts de l’Orangerie de Seneffe. Simplicité, rigueur et chaleur humaine très sensible. Quoi de plus vrai et de plus (im)portant? On sort revigorés par la convivialité, dopée par les vagues musicales. L’allégresse amicale de cette foule de spectateurs qui se rencontrent chaque année dans ce lieu tranquille, témoigne pour l’enchantement de la vie musicale. « Jusqu’il y a peu, il était courant de se retrouver en famille, ou entre amis, pour faire de la musique et lire les symphonies des grands maîtres… » (Sarah Dupriez)

Le concerto K 449 pour piano, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse réunit un sextuor complice avec au clavier l’ami Jean-Claude Vanden Eynden qui s’immiscera bientôt dans le jeu des cordes joyeuses. Le babillage s’installe. Retour au thème, souligné de filets de cordes ( Elisabeth Wybou, Diederik Suys). Une tapisserie musicale aux fils d’argent. Mais voilà que contrebasse  (Bruno Suys)  et violoncelle attaquent, ensuite le piano enlève une cadence aux accords frappés d’allégresse estivale. A la clôture du 1er mouvement, le regard vert (ou bleu?) de la violoncelliste  (Sarah Dupriez) est toujours aussi concentré.  A la houle tranquille des cordes répond la sérénité du clavier. Le vent joue dans les haubans, croisière musicale? On se laisse bercer par l’onde puissante. Le piano, seul à la barre, est repris en chœur par la mélodie  que chantent les violons. Contrebasse et violoncelle entretiennent fidèlement la pulsation. Dans le dernier mouvement, Véronique Bogaerts mène l’allure.  Voici une longue note tenue avant un dernier rire musical. Des trilles au bout des doigts, Jean-Claude Vanden Eynden évoque  toute la beauté d’un coucher de soleil et la conviction intime que tout est fait pour  toujours recommencer, inlassablement. Que du bonheur !

La grande symphonie concertante de Mozart remaniée pour orchestre de chambre par un contemporain de Mozart est faite pour ce sextuor chaleureux qui joue sous l’aile vivifiante de Véronique Bogaerts. L’ensemble respire une même inspiration, solidaire et puissante. Un modèle de lien et d’harmonie enviable ? Voici un aparté des deux violons et de la violoncelliste, un bonheur italien est dans l’air ! On ne se détache pas du regard persistant de la jeune femme à la fin de l’envoy! Sorte de message muet qui fait partie de l’intimité  de la musique. Le dernier mouvement se jette le thème de mains en mains, jeu de passes ou de cache-cache, entrain virevoltant. Ce sextuor d’un soir diffuse de la beauté et de la passion qui n’ont rien d’éphémère.

Pour le Bis, une surprise: du Mozart  encore. Un arrangement du Concerto pour piano et Clarinette sans clarinette mais avec sa virtualité.  Et toujours ce regard  intense de Sarah  Dupriez  qui voyage  de la partition à la violoniste  assise à l’autre extrémité du plateau et  rassemble l’essence du mystère musical à chaque battement de paupière qui peuple ses silences. 

Des photos? http://secure.smilebox.com/ecom/openTheBox?sendevent=4d7a637a4f4455784e44493d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction

 

 

Le lendemain, il faudra débrancher toute velléité  masculine et faire place à la douceur, la profondeur et la puissance féminine. Nous entendrons des pièces écrites exclusivement par des femmes et jouées par des femmes. Il n’y a que les bulles, servies à la fin du concert qui conserveront leur nom masculin  bien frappé : Bernard Massard. Cette soirée est un hommage pétri de pensées et de prières    pour que partout dans le monde cesse  la  claustration féminine sous le joug masculin quelle que soit sa forme,  son absence d’éducation et sa  parole interdite.  Une très belle programmation nous fait connaître des œuvres de Lili Boulanger, Fanny Mendelssohn, Clara Wieck- Schumann, et après la pause, découvrir Maria-Teresa von Paradies et apprécier une des premières  œuvres (1957) de Sofia Goubaïdulina. Née en 1931 en  République socialiste soviétique autonome de Tatarie, aujourd'hui Tatarstan, elle commença l'étude du piano à l'âge de cinq ans et récolta les commentaires les plus élogieux, sauf d’un de ses « juges » pour l’obtention de son diplôme, Chostakovitch qui lui conseilla de « progresser le long de son chemin d'erreur…» Jamais programmée, sauf en Europe occidentale, non éditée, elle n'en persiste pas moins jusqu’à la soixantaine à composer en solitaire des œuvres qui ne pouvaient qu'irriter les tenants de la musique officielle  des temps soviétiques.

Ce soir, c’est Dominique Cornil et  l'exquise Eliane Reyes qui s’installent au clavier. Gayané Grigorian et  Thérèse-Marie Gilissen sont aux archets pour entourer Véronique Bogaerts et sa fille Sarah Dupriez au violoncelle.  

Le trio en sol mineur pour violon, violoncelle et piano op.17 de Clara Schumann écrit en 1846   est en tout point porteur de contenu et d’atmosphère poétique. Si le premier mouvement s’embarque dans un jeu subtil et profond  de la violoncelliste qui semble boire des yeux tout à la fois sa partition et sa partenaire violoniste, le piano offre des fragments de mélodie lunaire et évoque la liberté de muses dans les bois. Le troisième mouvement a semblé évoquer une vision fugace de l’Adrienne de  Gérard de Nerval, à s’y méprendre.  « A mesure qu'elle chantait, l'ombre descendait des grands arbres, et le clair de lune naissant tombait sur elle seule, isolée de notre cercle attentif. − Elle se tut, et personne n'osa rompre le silence. La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en paradis. » Il y a cette voix commune  profonde qui porte les douleurs éparpillées du piano. Le quatrième mouvement, un Andante, semble réunir résolument  les forces complémentaires des instruments. Le thème est repris avec ténacité et vigueur, passe à l’assaut de gorges rocheuses et s’éclate en tourbillons liquides et écumants. Les tourbillons de la VIE ? L’Allegretto conclut en trois principes fondamentaux. Vous trouverez  bien lesquels. …Ceux qui offrent la lumière à tous.

La soirée se clôture dans la créativité avec l’œuvre fascinante de Sofia Goubaïdulina dont nous découvrons avec curiosité l’atmosphère presque hitckockienne du Quintette. Thème obsessionnel, répétition d’une note hallucinante. La part belle au Cello (toujours l’irrésistible Sarah Dupriez)  qui se fraie un passage dans la palette tentaculaire de l’angoisse. Au deuxième mouvement l’alto se décide à narrer un conte sautillant, pas loin du rythme de Pierre et le loup, à moins que cela ne soit une chevauchée de musiciens de Brême. Tous les possibles de la Musique! Un  rythme de marche décidée. Mais le monde musical se mute soudain en monde d’automates. Le piano veut ralentir la cadence par trois accords colériques. Le thème reprend avec joie, mais est avalé par la nuit. Une fleur au fusil, coupée comme une vulgaire fleur des champs ? Le troisième mouvement fait une place de rêve à la vie. De vraies respirations ramènent à la vraie nature de chacun d’entre nous.  Le Cello  émet des pizzicati effarants joints à des cris aigus et pincés du violon. La pianiste veille, retrouve des rives hospitalières et insuffle l’écoute mutuelle. Une nouvelle ère se prépare sous l’archet de la violoniste joyeuse mais les automates ont doublé de grandeur, de force et de vitesse, plus unis que jamais. La sage révolte expire sous forme de trilles désespérées. Eminemment moderne et indigné. Applaudissement fracassants.

L’inimitable Quatuor Danel,  éblouissant contraste masculin  qui se chauffe à la dynamite, conclura la fête le dimanche  historique du 21 juillet 2013  à 17 heures. Avec une œuvre infinie, que tout violoncelliste porte en lui ou en elle, toute sa vie durant : la jeune fille et la mort de Franz Schubert.

D’aucuns auraient attendu une Brabançonne jouée par ces messieurs Danel  venus du Nord de la France et installés à Bruxelles depuis de nombreuses années, mais Patricia Raes, organisatrice des festivités n’a pas manqué de rendre hommage aux deux souverains Belges, Albert II  et Philippe I en début de concert.  L’organisation impeccable du festival est due à ses  talents et à sa présence et l’on souhaite sûrement  la sacrer ici  comme Amie de la Musique.

Le programme complet des festivités se trouve sur l'agenda  d'Arts et Lettres: https://artsrtlettres.ning.com/events/orangerie-du-ch-teau-de-seneffe

 

 

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administrateur théâtres

Concert 2013-06-13 L'OPRL, Patrick Davin et les Lauréats du CMIREB 2013

Le concert des Lauréats: il y a une semaine déjà! Et pourtant il y a comme le reste d'un sillage majestueux. Un souvenir intense de fraîcheur flotte encore dans l'esprit ou qui sait, dans le corps-et-âme.  La Reine Fabiola est apparue une nouvelle fois dans la loge royale pour venir écouter et applaudir les trois jeunes gens débordants de talent. Elle-même, fort applaudie du public reconnaissant.

Le Concert des Lauréats du 13 juin 2013 accueille un favori du public : Andrew Tyson avec le concerto n° 1de Frederik Chopin en mi mineur. Un magnifique mélange de discours éthéré et de sentiments dramatiques. Andrew Tyson est habité par sa rêverie. Il a une spécialité : un toucher presqu’aussi moelleux que du duvet d’oiseau qu’il sait alterner avec une frappe vigoureuse et une virtuosité galopante. Il est remarquable de complicité avec l’orchestre, un sourire de félicité flottant sur son visage épanoui. Des mimiques extatiques et un jeu surnaturel lui font célébrer la Beauté. C'est bien de cela qu'il s'agit. Le choix de ce concerto particulier de Chopin, peut-être le plus délicat d’entre tous, celui qui vous fait penser à des moments sublimes de votre vie…est délibéré. Andrew Tyson s’abreuve du parfum de la musique et fait exulter l’orchestre. Les violoncelles et violons s’emplissent de ferveur. Fraîcheur exquise, frappe juvénile, légèreté et gravité tout à la fois, et la virtuosité sublime au bout des doigts. Une union presque mystique avec Patrick Davin, fait battre les cœurs. Il s'agit sans doute d'amour:« Est-ce qu'aimer, ce n'est pas vouloir rejoindre, sans relâche? » 
 
Les applaudissements seront très enthousiastes, avec plusieurs retours sur scène et de chaleureuses accolades du chef d'orchestre
Patrick Davin, à la tête de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège

Voici une autre grande favorite: Call me Zeezee (Zhang Zuo) ! Le Liszt la plonge tout de suite dans l’émotion ardente. Elle énonce des phrases de tragédienne née. Insuffle une force vitale à son instrument, alterne avec des contrastes angéliques, emmène dans une enfilade de mystères dont elle a la clef. Développe la moindre suggestion orchestrale avec articulation fervente et attentive. Exploite les replis du drame et le transforme en trilles de bonheur. Voilà qu’elle frôle d’ailleurs l’humour en se balançant sur les jeux du triangle très présent ! Facéties, elle joue comme une jeune tigresse entre innocence feinte et volupté musicale ! Son sourire épanoui montre qu’elle s’amuse même avec le chef d’orchestre. Glisse sur la tristesse, maitrise flux et reflux, sorte de Neptune au féminin, toute puissante. Elle force l’admiration totale. Le visage est tendu vers le ciel, transporté! Et les mains ? Un jeu d’enfant. Libère l’énergie pure, jette à tous vents des accords prophétiques et l’orchestre rendu muet écoutera religieusement ses trilles, ses notes frappées, ses silences et la reprise délicate du thème… On est sous le charme infini de cette pianiste acclamée avant la fin du concerto, au bout d'une prestation qui tient de la magie. Standing ovation. Trois retours sur scène où elle applaudit l'orchestre et son chef.

And last but not least, voici Stanislav Khristenko...un monstre sacré qui porte le flambeau de l’âme russe avec le mythique Concerto n. 3 de Sergey Rachmaninov. Après l’introduction orchestrale le pianiste bondit, accueille la douleur, la caresse reprend le thème dans l’octave supérieur. La tendresse a déjà remplacé la nostalgie. L’orchestre gémit et les couleurs pianistiques s’opposent et se répondent comme dans un kaléïdoscope. Voici une construction architecturale d’arcades  musicales qui veulent toucher le ciel. La gradation d’intensité en crescendo de l’amour de la musique est très palpable dans ce programme et sous les doigts des trois lauréats qui semblent tout donner de leur substance musicale. Stanislav a effleuré une note de souffrance mais voici déjà des vagues de résilience joyeuse, des rythmes swingués, un orchestre rutilant lui répond, le piano écoute, rompt, s’emporte, galvanise, mystifie, dynamise, et prend la tête d’une humanité gagnante. Les ponctuations nettes de l’orchestre accompagnent cet oiseau de feu qui chante le bonheur, les trilles voluptueuses, libres insaisissables. Et ces chants se transforment en lumière. La construction est surnaturelle, la tension devient paroxystique et le finale est grandiose. La salle est en délire.

Le public n’en finira pas d’acclamer, d’applaudir, de célébrer ces trois héros musicaux du printemps 2013. Une véritable consécration. On garde précieusement cette impression d'avoir reçu ce 13 juin un cadeau musical inestimable, un triple souffle d'oxygène spirituel.

 Ré-écoutez:

http://www.rtbf.be/radio/player/musiq3?id=1831559

  

 

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Jeudi 13 juin 2013 à 20:00 Palais des Beaux-Arts/Salle Henry Le Boeuf (Bruxelles)
Concert avec les 4e, 5e et 6e lauréats du concours de piano 2013 Avec l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège, dir. Patrick Davin
Tickets : réservation à partir du mardi 12 février 2013 au Palais des Beaux-Arts
Fryderyk Chopin : Concerto n. 1 en mi mineur op. 11 (Allegro maestoso, Romance, Rondo) [Andrew Tyson - Orchestre Philharmonique Royal de Liège - Patrick Davin]
Interprètes : Andrew Tyson (Soliste), Orchestre Philharmonique Royal de Liège(Orchestre), Patrick Davin (Chef d'orchestre) Œuvre : Concerto n. 1 en mi mineur op. 11 (Fryderyk Chopin)
Franz Liszt : Concerto n. 1 en mi bémol majeur (Allegro maestoso, Quasi Adagio - Allegro vivace - Allegro animato, Allegro marziale animato) [Zhang Zuo - Orchestre Philharmonique Royal de Liège - Patrick Davin]
Interprètes : Zhang Zuo (Soliste), Orchestre Philharmonique Royal de Liège(Orchestre), Patrick Davin (Chef d'orchestre) Œuvre : Concerto n. 1 en mi bémol majeur (Franz Liszt)
Pause
Sergey Rachmaninov : Concerto n. 3 en ré mineur op. 30 (Allegro non tanto, Intermezzo, Alla breve) [Stanislav Khristenko - Orchestre Philharmonique Royal de Liège - Patrick Davin]
Interprètes : Stanislav Khristenko (Soliste), Orchestre Philharmonique Royal de Liège (Orchestre), Patrick Davin (Chef d'orchestre) Œuvre : Concerto n. 3 en ré mineur op. 30 (Sergey Rachmaninov)
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administrateur théâtres
  • 9:51 AM
  • 12272903091?profile=originalMoi

    une nuit où l'on se couche tard, pour ceux qui ont l'âme... à la musique! Ne vous fatiguez pas trop pendant la journée!

  • 12:58 PM
  • 12272903091?profile=originalMoi

    https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/les-billets-du-concours-musical-reine-elisabeth-2013-session

  • 1:00 PM
  • 12272903091?profile=originalMoi

    Les deux derniers candidats vont dynamiter les pronostics!

  • https://artsrtlettres.ning.com/group/groupemusiqueclassique

  •   Voici les deux derniers concurrents: 

    Sean Kennard (USA, 29 ans)  &  Mateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans)


    12272904053?profile=originalSean Kennard (USA, 29 ans) Sean Kennard commence à étudier le piano à 10 ans à Hawaii avec Ellen Mazaki. A 13 ans il joue les 24 Etudes de Chopin à l’ Academy of Arts d’Honolulu. A 14 ans il entame sa formation au Curtis Institute of Music in Philadelphia, et la poursuit au College of Charleston, avec Enrique Graf, avant de se perfectionner à la Juilliard School, auprès de Jerome Lowenthal et Robert McDonald. Il travaille actuellement avec Richard Goode. Parcours impressionnant, il a remporté plusieurs prix internationaux (Vendome, Sendai, Hilton Head), dont le 1er Prix au Concours International Luis Sigall à Viña del Mar (Chili, 2007).

    Le pianiste ne quitte pas son clavier des yeux. Son  Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart) se place sous le signe d’une mathématique rigoureuse et du contrôle digital. La vitesse lumineuse du pianiste débouche sur de larges clairières d’intériorité. Trilles et humour discret se conjuguent pour vous embarquer dans un message de compassion presque christique dans l’Andantino …. La misère de l’autre est œuvre de rencontre, l’orchestre est envoûté par son soliste. Le thème se porte comme un chœur antique qui souligne la sagesse du propos, il est aussi réactif que dans une tragédie grecque. Les  cors donnent toute  leur puissance, la grande intériorité conduit au ravissement. Les musiciens écoutent son troisième mouvement, médusés puis complices. Est-ce un concours, répéteront-ils le thème avec autant de virtuosité ? C’est un climat de confiance absolue, de fraîcheur  et de simplicité de citoyen du Ciel qui enveloppe l’auditeur dans le Rondo et le Presto. Décapons l’homme de tout ce qui ne fait pas de lui un enfant. L’enfant est joie et liberté. That’s it !

    La consécration du pianiste aura lieu le dernier soir de la demi-finale. A commencer par une mise en musique délicieuse avec l'Impromptu en sol bémol majeur D 899/3 (Franz Schubert) qui emmène directement dans l’imaginaire musical. Douceur, rêverie  habitée de la nostalgie à la lumière. Soudain c’est la Ballade n. 1 en sol mineur op. 23 (Fryderyk Chopin), ample, brillante, inspirée sans aucune grandiloquence, on écouterait cette beauté fracassante jusqu’au lendemain ! Il propose un  Dream (Frederic Rzewski) complètement sous contrôle pour produire des effets sonores totalement inédits dans  les 3 mouvements de Petrouchka (Igor Stravinsky).  Férocité nerveuse, déflagrations court-circuitent de fabuleux tremblements telluriques. Les voix s’entremêlent de hululements magiques, d’échos bruissants vers l’évanouissement progressif . Au retour de l’envolée épique, ce sont plusieurs pianos qui ont l’air de jouer ensemble et clôturent cette œuvre qui donne le vertige.  Après le merveilleux récital de Sean Kennard nous écouterons ensuite Mateusz Boriwiak.

    http://www.cmireb.be/cgi?usr=emw8evf6c5&lg=fr&pag=1996&...

    12272903286?profile=originalMateusz Borowiak (Pologne/Grande-Bretagne, 24 ans) Mateusz Borowiak a étudié le piano et la composition à la Guildhall School of Music and Drama Junior School. Actuellement, il poursuit ses études de piano avec Andrzej Jasinski à l’Académie Karol Szymanowski, en Pologne. En 2010, il remporte le 1er Prix au Concours International Rina Sala Gallo (Monza), puis, en 2011, les 1ers Prix au Concours International Maria Canals (Barcelone), au Concours International de Cleveland, et au Concours européen de la Fondation Yamaha (Pologne). Il s’est produit dans de prestigieuses salles en Europe (Salle Cortot à Paris) et plus particulièrement au Royaume-Uni (Barbican Hall, St Martin-in-the-Fields, St James’s Piccadilly). Il a joué avec des orchestres comme le Royal Philharmonic, les London Mozart Players, le Sinfonietta Cracovia, le Bilbao Orkestra Sinfonikoa. Encore un parcours totalement extraordinaire.

     

    Sourire, cheveux bouclés, petites lunettes rondes, doigté de rêve, Mateusz Borowiak va subjuger avec son interprétation puissante de la Partita n. 2 en ut mineur BWV 826 (Johann Sebastian Bach), un choix fait dans la subtilité et la force tranquille.  Fluidité, sonorités pleines, distinctes qui perlent sur une charpente magnifiquement orchestrée, souffle musical : a-t-on besoin de plus, pour le ranger dans les finalistes?  Dream (Frederic Rzewski) est à la fois sérieux et ludique. Le jeu est sensible et complexe.  On peut observer pendant l’exécution millimétrée et cohérente le sourire du compositeur de l'oeuvre, qui est présent dans la salle ce soir-là. Les trilles inventives rappellent un orchestre de verre. Les pianissimos pénètrent l’imaginaire et les basses le font trembler. Des éclaboussures musicales viennent de l’au-delà. Un tremblement imperceptible dans la dernière note…   L’atmosphère onirique continue de plus belle avec Gaspard de la nuit (Maurice Ravel). Le pianiste jongle avec les sonorités et les cascades de notes joyeuses. Bruits d’étoiles. Il y a cette vibration continue à la main gauche et les gouttes musicales transparentes à droite. Il envoie des escalades vers l’infini, apprivoisant et taquinant  les touches avec sensibilité. Son jeu est caressant et profondément respectueux ; un dernier  des tapis roulants d’arpèges dévale sur le  clavier et le voilà qui  redépose les mains, au ralenti : il a chevauché l’infini.  Le destin a rendez-vous avec le pianiste dans le morceau suivant. L’atmosphère est pesante, les arpèges descendent dans l’abîme d’un puits insondable. Que va-t-on y trouver ? La dernière note est en forme de point d’interrogation. Scarbo propulse des  trilles médianes angoissantes et des accords de  sombre solitude. La mélodie se débat dans un vertige ascensionnel, sauvage et passionnante. C’est saccadé, mordant, cuisant, frissonnant d’épouvante. La mélodie est là, sublime comme la condition humaine.  Une réponse semble fuser du ciel. Poussière d’étoiles , de sonorités rares, l’univers chanterait-il ? C’est cela la question.   Une étoile rit.

     Et son Mozart ?

    Le même que Sean Kennard, en complètement différent. Concerto n. 9 en mi bémol majeur KV 271 (Wolfgang Amadeus Mozart). Mateusz Borowiak a l’amour du Here and Now. Les phrasés prennent le temps de se vêtir de belles nuances et de style. Pas de recherche de supplément d’âme, l’agilité des doigts reste terrestre et palpitante de beauté. La cadence est une nef de recueillement et d’intense tendresse humaine. Il ressort une atmosphère d’aisance, de sérénité que le Rondo final pare de bonheur. Le pianiste joue divinement bien son Mozart, tranquille et parfaitement accompli. 

    http://www.cmireb.be/cgi?usr=emw8evf6c5&lg=fr&pag=1996&...

http://www.rtbf.be/musiq3/article_votez-pour-le-prix-musiq-3?id=800...

L'ancien Prix Jacques Stehman, renommé Prix Musiq'3 en 2009, sera déterminé ce samedi 1er juin à l'issue du dernier concert du Concours Reine Élisabeth 2013 session piano. Un prix décerné par le public qui pourra alors voter dans l'heure par sms ou sur musiq3.be.

Voici l'ordre des candidats :

  1. Tatiana Chernichka
  2. Zhang Zuo
  3. Rémi Geniet
  4. Roope Gröndahl
  5. Stanislav Khristenko
  6. Boris Giltburg
  7. Yuntian Liu
  8. Andrew Tyson
  9. Sangyoung Kim
  10. David Fung
  11. Sean Kennard
  12. Mateusz Borowiak

 

Frank Braley, Lorenzo Gatto, Denis Kozhukhin... Autant de personnalités qui firent leurs premiers pas dans le cadre du Concours Reine Elisabeth. Autant d'artistes célébrés par les mélomanes de Belgique francophone qui leur décernèrent le Prix Musiq'3 et dont la reconnaissance traverse aujourd'hui les nations. Cette année encore, la RTBF donne au public la chance d'élire son favori et ceci dès que s'éteindra la dernière note du concours. Par SMS pour les téléspectateurs ou les auditeurs de radio mais aussi sur musiq3.be pour les internautes : le Prix Musiq'3,c'est ce samedi soir.

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administrateur théâtres

Partenariat vivant : je partage donc je suis...

thmb_11970_img1.jpghttp://www.netevents.be/ExternalLink.cfm?lang=fr&YellowID=119&a...  Orchestre National de Belgique

Fête de la Musique - concert gratuit

Andrey Boreyko direction - Nikolai Lugansky piano - Orchestre National de Belgique

Richard Wagner, Ouvertüre (Der fliegende Holländer) Sergey Rakhmaninov, Concerto pour piano et orchestre n° 2, op. 18 Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 3, op. 55, "Eroica"

Andrey Boreyko se penche sur le Deuxième Concerto pour piano de Rachmaninov aux côtés du célèbre pianiste russe Nikolai Lugansky. La technique magistrale et la grande profondeur de ce dernier assure une interprétation des plus passionnantes. Avec un plaisir communicatif, Boreyko nous offre en outre une bonne dose d’héroïsme beethovénien.

Dates
Jeudi 20.06.2013 - 20:00
Lieu
Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf
=====================================================================
Rue Ravenstein

Partenariat vivant : je partage un (ou deux) billet(s) de CONCERT  THEÂTRE  pour vous ce soir. Le mercredi 19 juin à 20h 30 (si vous m') envoyez-moi un mail,

Eternelville : Terra Incognita
Interprétation et mise en scène :
 Sébastien Vandenberghe et Antonio Barile
Ecriture : Sébastien Vandenberghe
Production : Compagnie des Morts Debout 

Deux anges se posent sur terre. Drôle de voyage. Drôles d'anges. 
Fausto Phélès, dur, percutant, juste et sévère car telle est sa nature, imperturbable, sans pitié pour l'humain dont on vante les mérites.
Ménadel, trop angélique pour être honnête reste sensible au sort des Hommes. 
Deux personnalités célestes, aux caractères trempés qui invitent à la danse, même macabre, la voilà qui danse cette humanité aux rythmes endiablés de ses histoires à dormir debout.

Deux anges, deux points de vue. 
Quelle périlleuse mission que d'avoir à juger l'humanité. 
Deux anges qui posent des questions sur la nature humaine. 
Deux anges sans réponse racontent des histoires, 
Deux anges de passage dans la folie des hommes. 
Deux anges pour une heure seulement !

 

Pièce en 1 acte et 7 tableaux - durée 1h15 sans entracte

 

Fausto Phélès est interprété par Antonio Barile

Ménadel par Sébastien Vanden Berghe

Les mercredi 19 à 20h 30 (si vous m') envoyez-moi un mail, ( jeudi 20, vendredi 21 et samedi 22 juin 2013 à 20h30)

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Adresse: Théâtre de la Clarencière 
20 rue du Belvédère - 1050 Bruxelles

 

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administrateur théâtres

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L'Amant jaloux ou les Fausses Apparences, créé à Versailles en 1778

Un véritable bijou musical et scénique

Gee! Gluck, Gounod, Gossec … et notre compatriote liégeois André-Modeste Grétry, écrivirent tous  des opéras-comiques. Genre lyrique nouveau au 18e siècle, l’opéra-comique est issu  des vaudevilles donnés sur les tréteaux des foires parisiennes de Saint-Germain et de Saint-Laurent et influencé par la comédie-italienne. Il traite de thèmes légers,  de  la vie domestique, alterne le chant et la comédie… souvent ironico-sentimentale. Le raffinement est à son comble avec les œuvres du compositeur Grétry  qui devint rapidement le musicien le plus en vogue de la France prérévolutionnaire. Il sait capter l’atmosphère tour à tour charmante, joyeuse et désenchantée d’une époque où fermentent de grands changements. Tout comme le grand maître Antoine Watteau,  mort très jeune au début du siècle des lumières, qui laissa derrière lui de magnifiques tableaux de scènes de genre.   

12272892877?profile=originalEst-ce de Watteau que s’inspire Thierry Bosquet pour la composition des décors? Il y a beaucoup à parier que ce peintre mythique  qui croque la musique autant que la soie et les taffetas rutilants que portent les dames, les pas de  danse, les feuillages, les cascades et les bruissements de la vie a peut-être influencé notre  metteur en scène. Il a fait de ce spectacle un véritable bijou musical et scénique.   Tout séduit au premier regard  et on n’en finit pas de rêver, comme face aux toiles de Watteau. Au fond  de la composition, trône un paysage grandiose de parc fait d’arbres majestueux indiquant la toute-puissance de la nature. On entrevoit au pied de ce décor somptueux les  musiciens en habits d’époque et leur  chef d’orchestre Bernard Delire. Le gracieux quatuor à cordes Alfama, l’ensemble à vents Quartz, Natacha Save à la contrebasse et Yuko Fujikura à la mandoline sont les musiciens complices de l’action dramatique,  installés comme au salon, entre les plans mobiles du décor.  Leur jeu vif et  mélodieux fait saisir le caractère éphémère de l’amour et de la musique.  Le regard s’arrête ensuite sur les pans harmonieux d’une riche demeure  en style rococo parée d’azulejos bleu-et-blancs,  jusqu’à la moindre chaise ou tabouret.  Une impression de balcons, fontaines, colonnades, œil- de-bœuf, toitures, tout y est sans y être, car l’imagination a donné la main au   talentueux scénographe.   Et puis ces personnages de fêtes galantes d’antan débarquent, d’abord muets,  en jolis souliers orientaux, en robes de comtesses à manches bouffantes serties de rubans. Un bal sans doute, des poursuites amoureuses frivoles,  des sourcils froncés, qui sait ? Un soufflet bien appliqué?

Il suffit de retourner le mouvant décor sur roulettes pour se retrouver dans les allées du jardin fermé par une grille invisible et plonger dans l’intimité des personnages.  Le père de la jeune veuve Léonore (la basse-baryton Marco Zelaya)  est partout et tonne son autorité en chantant. Il est  jaloux de sa cassette qu’il a juré de ne point partager avec aucun nouveau prétendant. Que sa fille de 20 ans  à peine (Aurélie Moreels) végète enfermée à double tour, peu lui chaut!   Voici Isabelle (Rita matos Alves)  la piquante amie de Léonore  et son  ombrageux frère Don Alonze  (le puissant ténor Xavier Flabat),  le noble espagnol secrètement amoureux de Léonore oui, mais au caractère détestablement jaloux !  Le  brave Chevalier de Florival ( Geoffrey Degives), officier bleu-blanc-rouge qui  a sauvé Isabelle de lâches assauts le matin même… fera les frais de la susceptibilité du sieur espagnol. Ah! l’exquise et tendre sérénade  « tandis que tout sommeille… » Une voix de velours dans une lumière tamisée!

 

 Les passionnés de costumes d’époque seront charmés par l’inventivité des costumes de  Thierry Bosquet car son défilé d’habits est d’une richesse et d’une beauté captivante. La chorégraphie et la succession rapide des scènes dialoguées  est aussi  tourbillonnante et variée que la musique. Ici une mandoline, là un ensemble de vents qui surgit de l’horizon. Là un amoureux qui s’esquive dans un pavillon dérobé, là une plainte de contrebasse, ou des violons avant-coureurs du drame.  Le duo de Léonore et d’Alonze presque réconciliés, sur une couche princière est d’une harmonie palpitante  de rouges et d’or. Costumes et voix.  La robe d’une coudée plus courte de la servante avisée, Jacinte (une exquise Pauline Claes, mezzo-soprano) devient  un lieu de stupeur et tremblements pour le vieux barbon de père couvert de sequins bruissant au moindre de ses gestes! Une justesse de ton et une sublime fraîcheur de voix. Grétry, l’ami de Voltaire et  Jean-Jacques Rousseau observe avec finesse  les passions et les caractères de son temps et nous promène dans les  ravissantes mélodies des ariettes, couplets malicieux  et autre sérénades faites pour séduire l’oreille. Pour peu on se mettrait à fredonner joliment, comme sans doute nos arrière-grand-mères : « Moments plein de charmes! Après tant d’alarmes ! Mais pour les goûter d’avantage, ne soyez jamais volage, ne soyez jamais jaloux! » Ah, le joyeux sextuor du final ! 

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Note :

Du 18 mai au 17 novembre 2013 à Montmorency : exposition Grétry (1741-1813). De l'Opéra-Comique à l'Ermitage de Jean-Jacques Rousseau au musée Jean-Jacques Rousseau.

 

On fête cette année le bicentenaire de la mort du compositeur André Ernest Modeste GRETRY survenue le 24 septembre 1813 à Montmorency, et c’est  l'occasion de retracer sa destinée exceptionnelle. Né à Liège, dans une famille de musiciens, Grétry s'intéresse très vite à la composition musicale et se rend à Rome pour parfaire sa formation. Marqué, comme nombre de ses contemporains par les idées philosophiques et musicales de Jean-Jacques Rousseau, il admire  la comédie italienne. Lors d'un séjour à Genève il assiste à des opéras-comiques, un genre qui présente la particularité d'être chanté en français et qui triomphe à Paris depuis les  années 1760. Dès lors, Grétry choisit sa voie : il sera compositeur d'opéras comiques. Il gagne Paris et dès 1768 connaît la célébrité.  Adulé sous l'Ancien Régime, respecté pendant la Révolution française, et décoré de la légion d'honneur par Bonaparte le 19 mai 1802, il traverse tous les régimes politiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle.

Une terrible tragédie familiale va l'affecter durablement dans la dernière partie de sa vie et infléchir le cours de son existence.

En 1798, il acquiert l'Ermitage où avait vécu Jean-Jacques Rousseau et se plonge dans l'écriture autobiographique.  Ses œuvres De la Vérité. Ce que nous fûmes, ce que nous sommes, ce que nous devrions être et les Réflexions d'un solitaire sont un écho vibrant au Citoyen de Genève auquel il voue une profonde admiration.

Cette exposition présente des œuvres issues des collections du musée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency ainsi que des prêts de la Bibliothèque nationale de France, du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, du Musée de la Musique, de la Fondation Royaumont et de l'Abbaye royale de Chaalis.

 

Extraits au concert d'ouverture des Midis-Minimes 2013, ce 1er juillet 2013 : 

http://www.midis-minimes.be/fr/calendrier-detail.php?ID=1

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Mysterium 2012. On les retrouvera à la Collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles le 21 décembre 2012. 12272852465?profile=original

 Une affiche de rêve réunissait hier soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles de jeunes talents exceptionnels autour d’un joyeux mage de la musique : Daniel Lipnik, un esprit engagé, créatif, optimiste et bourré d’inventivité et de chaleur humaine.  C’et l’animus de MusikAnima. Le concert, nommé Mysterium, présentait un triptyque de musique de rêve et d’exultation produite par des compositeurs célèbres : Charpentier, Mozart et Bach.

La messe de Minuit pour Noël de Marc-Antoine Charpentier commence par un léger carillon angélique et se poursuit dans le feu de  l’allégresse des jeunes solistes qui se saisissent de phrases latines avec dévotion et vitalité.  Comme à l’église, la première phrase de chaque chant semble être psalmodiée  pour ensuite  exploser en mille éclats de voix, toutes animées de puissance  et de la  richesse de l’espoir.  Le chœur s’impose, profond et chatoyant. « Homo factus est » est infiniment mystérieux. Les hommes chantent avec émotion  la passion du Christ puis la résurrection triomphale. Les femmes interprètent l’ascension céleste. Le spectateur retient son souffle devant tant de beauté et de joie sincère. Le chef d’orchestre danse presque sur son podium, il quitte le sol, Amen! Les artistes lui répondent avec allant et bienveillance. Bien des  spectateurs ne pourront pas se retenir d’applaudir le Sanctus qui se conclut par une page instrumentale vibrante de confiance. L’Agnus, très scandé par les tambours,  rappelle les musiques au charme naïf de nos campagnes et la foi absolue du berger. La scène  des Beaux-Arts est presque trop petite pour accueillir ce somptueux ensemble de la Badinerie et les artistes et musiciens  de Music for Pleasure dirigés par Daniel Lipnik en personne. …Il faudrait les appeler Dream  Music for Pleasure car un rêve de beauté  musicale a surgi  ce soir dans la salle Henry le Bœuf et a séduit le public de façon inconditionnelle.

Changement de ton : voici l’ouverture des Noces de Figaro. Un clin d’œil à la musique sacrée.  Explosion musicale qui n’en finit pas de pétiller. Daniel Lipnik, ensorcelé par la musique, est  à la fois délicat et énergique en diable, brillant, fougueux et d’une précision extraordinaire. Il convoque chaque groupe d’instrument comme s’il devait faire de chacun des solistes. Le percussionniste est passionné et cela s’achève dans un sourire solaire.

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Le concert n’a pas fini de nous captiver. Entre en scène le tout jeune espoir belge Florian NOACK (22 ans) qui va exécuter une interprétation fastueuse du Concerto n° 21 de Mozart avec un lyrisme et une maîtrise étonnants. Tout commence sans lui : rondeur, légèreté  et distinction des vents. Le percussionniste est toujours aussi auguste. On se prend à rêver aux très beaux timbres, purs, exquis …quand voilà que le pianiste a déjà infusé dans l’orchestre ses premières volées de notes sans que l’on s’en aperçoive! C’est cela être sous le charme ! Il prend son clavier pour une harpe avec des trilles qui tiennent de la magie. Grâce, fluidité, tout y est, le son est parfait dans les oppositions  successives de caresses et d’accords vibrants de vie. Son premier solo sera fracassant, pour se perdre dans la tendresse puis déboucher dans la passion. L’orchestre reprend le thème à la seconde près,  avec une cohésion harmonique spectaculaire. Le deuxième mouvement s’engage après le clin d’œil du dirigeant complice. C’est rutilant et plein de connivence musicale. Les cuivres s’amusent à ponctuer, les cordes donnent le ton badin et juvénile. Le pianiste doit presque tempérer l’élan passionné qui lui échappe des doigts. Ce concerto a l’allure d’un joyau qui brille de mille éclats. Le jeune virtuose offre candidement deux transcriptions de musique romantique en  bis passionnés, for love and pleasure.      

Du rêve musical et du rêve de terrain. C’est le projet MusikAnima et Louvain Coopération (cause El Alto-Bolivie) qui présentait ce concert de solidarité. Le rêve au carré!

Back to reality. Extrait du programme : « Cette soirée a été organisée sans aucune aide de subsides ni de sponsors. Aucun de nos nombreux dossiers n’a rencontré un écho positif ! Il en sera ainsi sans doute encore pendant quelques années pour tous les organisateurs de projets qualifiés de « facultatifs » par les éminences de la culture. L’art et la condition humaine ne font pas partie des dossiers intéressants…semble-t-il.» En tant qu’artistes –producteurs nous sommes confrontés à la loi du « struggle for life » et réduits à une sorte de survie désappointée La belle phrase de Dostoïevski « Et si la beauté pouvait sauver le monde ! » devient imprécatoire par les temps moroses qui courent.12272853466?profile=original

C’est pourquoi ce concert se termine par l’éblouissant Magnificat de Bach. Dernière explosion de la soirée pour la joie humaine, le bonheur mystique et la gratitude. « Freut euch und jubiliert » : c’est dit en langue du peuple. Les Béatitudes rassurent les humbles et les petits et le Gloria final est de toute beauté, une vague de fond, « sicut erat in principio ». Beauté ou Amour ? Ou les deux… Ce qui sauvera le monde.  

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administrateur théâtres

12272833660?profile=originalAmandine Beyer

Amandine Beyer violon
Johann Sebastian Bach Partita pour violon n° 3, BWV 1006, Sonate pour violon n° 2, BWV 1003, Partita pour violon n° 2, BWV 1004
BOZAR MUSIC accueille l’une des violonistes baroques les plus douées de sa génération, dans un programme en solo. Amandine Beyer sera sur la scène du Conservatoire dans un programme de sonates et partitas de Bach, sans conteste l’un des sommets de la musique virtuose pour violon seul. L’occasion de découvrir ou de réentendre cette musicienne d’exception, dont la technique et la musicalité transcendent l’écoute.

Un électron libre investit le parquet et les  boiseries craquantes du plateau du Conservatoire de Bruxelles, immensément vide. Vêtue de noir, sourire aux lèvres, une fleur  de soie piquée dans les cheveux courts, et dans les mains,  le violon  blond et minuscule qu’elle va faire chanter dans un instant, voici Amandine Beyer.  Elle  sourit furtivement  à l’espace et au temps avant de glisser sa première mesure. Elle est au centre de l’épure extrême du décor : le vide. Ecrin austère pour la musique complexe de Bach dont rien ne doit distraire. Approche bouddhiste ? Il faut vider la tasse de thé  avant de la remplir? Pour interpréter, il faut d'abord se mettre à la disposition du maître en mettant de côté ses propres perceptions pour accueillir la spiritualité musicale de Jean-Sébastien.

Courage et finesse d’entrée de jeu dans le prélude aigrelet de la Partita n°3. La  magie  de l’archet opère. C’est vif et printanier, puis cela glisse dans la flânerie musicale et les débordements maîtrisés dans le second mouvement. Quelques sourires aigus et l’on verse dans la gavotte sautillante bien connue. La construction est délicate, le bonheur plisse les joues de l’artiste, l’oreille dans la confidence du galbe de l’instrument. La musicienne fait réellement prolongement avec lui. Les sonorités se font plus graves dans les courts menuets mais sont  d’une extrême légèreté. La  souplesse de jeu  parcourt les octaves comme de grands frissons. La bourrée se gave d’échos joyeux, tel un vol de papillon qui butine de fleur en fleur. Gigue finale: écho accéléré de la gavotte. On peut enfin applaudir.

 La sonate N° 2 change la posture de la joueuse. Le soliloque est grave et habité. D’où vient le souffle ? Tout coule et s’enchaîne sans la moindre respiration. Cela donne l’illusion d’un temps en boucle. La fugue démarre après un sourire épanoui, l’œuvre de la musique sans doute. Envols gracieux et descentes élégantes malgré une tension soutenue. L’andante déballe avec patience des papiers de soie car la sonorité a perdu un peu de sa vigueur. L’allegro revient avec des sonorités claires et vives. La virtuosité et le rythme soutenu donnent l’impression d’une conversation à plusieurs voix dans la magistrale solitude.

12272833494?profile=originalC’est évidemment le dernier mouvement,  la chaconne de la partita N°2 qui fascinera pendant plus de 15 minutes. C’est majestueux. Les sons sont pleins, la musicienne joue les yeux fermés. On dirait qu’elle attendait ce moment précis pour consommer ce mouvement avec gourmandise. Les arpèges vibrants montent, descendent le long de la gamme chromatique. Puis il y a cette rupture de rythme, comme pour pénétrer dans le saint des saints d’un lieu accessible à quelques élus seulement. Mais elle nous a ouvert la porte et avec elle on pénètre dans le mystère. La dernière note soutenue est  longue et chaleureuse. Un dernier moment de partage advient avec trois bis programmés. D’abord Matteis. Un mouvement coulé avec une basse continue invisible, où Amandine Beyer se laisse bercer par la mélodie. Puis le 3e mouvement de la sonate en do majeur de Bach : un soliloque ailé, riche d’accents,  d’enchaînements presque  flûtés. Le troisième bis n’aura pas lieu. On ne pouvait sans doute pas faire mieux…

  

http://www.bozar.be/activity.php?id=12128&selectiondate=2012-10-05

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administrateur théâtres

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Le Deutsches Requiem de Brahms le Dimanche 23 septembre  2012 à la salle Henri Le Boeuf par le Koninklijk Concert-gebouworkest

Orchestra in Residence

Mariss Jansons direction - Genia Kühmeier soprano - Gerald Finley baryton - Koninklijk Concertgebouworkest , Groot Omroepkoor

Johannes Brahms, Ein deutsches Requiem, op. 45

Pleins feux sur le Requiem allemand, par l’incontournable Concertgebouworkest, l’un des orchestres en résidence aux beaux-Arts. Le Concertgebouworkest célèbre l’union de l’humain et du sacré sous la baguette de Mariss Jansons et nous invite au plus profond de la pensée de Brahms, avec une œuvre qui lui valut célébrité et reconnaissance.

Maîtrise du détail et vagues de bonheur

Ein deutsches Requiem: une création toute  personnelle  du compositeur. Il est extraordinaire de penser que ce « Requiem » où jamais le mot « requiem » n’est prononcé, fut la  première composition majeure de Brahms, écrite en 1868, quand il avait à peine trente ans. Probablement à la  suite  de la mort de son ami  Schumann et en souvenir du décès  de sa mère. Il  ne s’agit donc  pas d’une messe des morts, mais  d’une vibrante  méditation à propos du destin inéluctable de l’homme. Et l’humaniste agnostique  frôle le divin. En effet Brahms se laissant faire par la méditation, choisit quelques  extraits pertinents de l’ancien et du nouveau testament pour les mettre en musique. Il lisait la Bible allemande de Luther quotidiennement.

  N’empêche la grâce biblique opère, et cette composition en 7 mouvements  frappe par sa charge émotionnelle et sa profondeur. A l’appel angoissé de l’humaniste face à son destin la musique et les textes offrent consolation et espoir. L’œuvre écrite pour soprano, baryton, chœur et orchestre donne un rôle prépondérant au  chœur. Et c’est le   Groot Omroepkoor néerlandais chœur de premier plan sur les scènes internationales qui en assume la tâche.

 

Sous la direction méticuleuse  de Mariss Jansons à la tête du Koninklijk Concertgebouworkest  le concert commence en beauté. Après trois ou quatre mesures, les violoncelles donnent le « la »  au chœur qui fait une entrée majestueuse pleine de feu. Chaleur et  clarté. C’est bien énoncé, et tout de suite d'une intensité saisissante. « Seilig sind, die da Leid tragen ». Heureux les affligés car ils seront consolés:  ce sont des paroles empruntées au sermon sur la montagne, qui promettent fermement le bonheur à venir. Les mots « Getröstet worden » sont  soulignés avec grâce  par le  duo de harpes. L’autre mot éclatant et  brandi en étendard par la musique est le mot Beethovien de « Freude ! » L’espoir est  définitivement planté.

 Le deuxième mouvement, plus sombre «  Denn alles Fleisch », prend des rythmes d’horloge funeste et d’éclosions florales condamnées. Les chœurs masculins et féminins dialoguent  distinctement. Les timbales scandent la marche funèbre tandis que l’orchestre s’attaque à une mélodie chantée qui rappelle le choral allemand. Une prière sans mots sur la fragilité humaine.  Mais, comme par évidence, ce mouvement se termine par l’exultation du chant d’allégresse «  Ewige Freude wird über ihrem Haupte sein.» Et une joie éternelle couronnera leur tête; L'allégresse et la joie s'approcheront; La douleur et les gémissements s'enfuiront. Le battement régulier des timbales est maintenant celui d’un cœur humain vivant.

Le troisième mouvement accueille enfin le solo de baryton, comme dans la 9e symphonie de Beethoven très admirée par Brahms. Gerald Finley, le rayonnant chanteur canadien se saisit de son rôle avec une très belle tessiture et un sens très fin de la tension dramatique. Pleine puissance et solidité du son. Humanité émouvante dans le « Ach, wie gar nichts sind alle Menschen ». Mais une fois de plus, le chœur fugué reprend l’initiative et répète la phrase d’espoir : « Ich hoffe auf Dich ! » Brahms, pas religieux ?  

Le quatrième mouvement  apporte caresses, lumière et bonheur. On pourrait croire que la harpe est revenue. Mais non, ce sont les pizzicati des violoncelles. Voici la remarquable soprano lyrique Genia Kühmeier. Elle émerge lentement de sa méditation fervente et se lève. Elle a tremblé longtemps de bonheur avant de commencer à chanter. D’une dévotion extrême, ses vocalises sont millimétrées et souples. Elle a la voix ronde, les timbres sont fruités. Elle symbolise à elle seule la musique sacrée au sens large.  La confiance absolue en Dieu efface toute tristesse.

Les épisodes orageux du 6e mouvement sont effroyablement dramatiques. Ils  ramènent les somptueuses sonorités du baryton qui ont englouti la mort. La force du chœur est bouleversante. Elle devient écoulement de joie pure.  Les sonorités riches et articulées sont léchées et  enveloppantes. Le 7e mouvement enfin renoue avec le premier mot du concert, Selig : Heureux.  « Selig sind die Toten die in dem Herren sterben ». Une phrase de l’Apocalypse qui assure la vie éternelle. 

Et les  harpes retrouvées de conclure avec des sonorités transparentes. Le silence s’établit, respectueux, avant le tonnerre d’applaudissements et de vivats passionnés.  12272831695?profile=original

http://www.bozar.be/activity.php?id=12065&selectiondate=2012-09-23

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administrateur théâtres

Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen

12272832700?profile=originalPierre-Laurent Aimard direction, piano - Tamara Stefanovich piano - Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen

Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour 2 pianos et orchestre, KV 365
György Ligeti, Concerto pour piano et orchestre
Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano et orchestre n° 2, op. 19

Pierre-Laurent Aimard, au piano et à la baguette avec Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen. La partition de Ligeti est la plus complexe qu’il ait écrite, cherchant constamment à éviter tonalité et atonalité radicale. Alors que le Deuxième Concerto de Beethoven est au contraire d’une grande limpidité et demeure encore influencée par Mozart. Mozart, dont nous entendrons le Concerto pour deux pianos pour lequel le Français retrouvera sa complice Tamara Stefanovich.

Un nom qui rime avec Guy Béart : Pierre-Laurent Aimard, et le même sourire généreux. Ce soir il a l’intention de nous faire découvrir de la musique contemporaine, celle de  György Ligeti. Cela commence par un changement scénique. Le pianiste est assis dos au public, face aux musiciens de Brême. Musica ricercata: Cantabile, molto legato de Ligeti se joue à la main gauche, avec  une évocation de l’indicatif lancinant de Radio Londres à la TSF d’alors, et à la main droite, avec  des presqu’arpèges simples et clairs et vibrants. Soudain le pianiste est debout, changé en chef d’orchestre. Cordes et vents en poupe, c’est le Concerto pour piano n°2, opus 19 de  Beethoven qui s’échappe et emplit la salle par  surprise et par jeu. Phrasés joyeux, trilles effusions de gammes courantes. Plaisir évident de la vélocité et dialogue humoristique avec une deuxième violon particulièrement fougueuse.  Pierre-Laurent Aimard dirige avec passion, reprend un instant le clavier en solo pour y faire errer sa rêverie fantaisiste et ses exercices musicaux taquins. Quelques accords orchestraux et voilà l’Allegro con brio de Beethoven achevé et  enchaîné à Ligeti. Pause : le temps que l’on se remette du choc des deux compositeurs. L’Adagio de Beethoven reprend les commandes, en livrant de sombres accents, des hautbois d’une élégance parfaite tandis que des échos du thème principal résonnent, solitaires, au piano. Les derniers accords respectueux des cordes soulignent  la mélodie avec ferveur, presque sur la pointe de l’archet. Quant au Rondo sautillant autour des puissants pizzicati des violoncelles, il virevolte sans hésitation avec des accents bien marqués, avant une ultime reprise délicate, tous les musiciens dansant,  comme sur des œufs!

Maintenant à force de grands déménagements, on reconstruit la scène : apport de batteries étincelantes et  dégagement athlétique  des podiums. On rapporte le couvercle du piano qui reprend son orientation  traditionnelle mais  plus à droite de la scène, à l’avant-plan des contrebasses et des cuivres.  Ajoutons 5 gongs en bois dignes des temples tibétains, gamelan, un triangle impressionnant et une invasion de percussions de tout poil qui occupent toute la gauche de la scène.   C’est alors que Pierre-Laurent Aimard se transforme en Jean-François Zygel pour nous expliquer mouvement par mouvement la facture du Concerto pour piano et orchestre  de Ligeti.  Il explique instrument par instrument la polyrythmie très complexe de l’œuvre, montre comment les petites séquences – sortes d’objets très simples  – s’articulent et s’agglomèrent les unes aux autres pour fournir une musique riche, contrastée et pourtant fluide. Les rythmes et les modes mineurs et majeurs se confrontent. Des couches de lignes musicales hyper actives s’enlacent, sans se toucher.  A l’entendre dans son intégralité ensuite (22 minutes), on se croira au centre d’une tour de Babel bruissante, chaotique et (divinement) organisée. Enlevez le sifflet à coulisse et la blonde  Tamara Stefanovich au clavier et cette architecture contemporaine s’effondre! Un pendant musical à l’œuvre de Joan Miro?

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 Hélas certains mélomanes ont disparu pour la deuxième partie du concert et n’ont pas pu écouter la très fine interprétation du Concerto pour deux pianos n°10 de Mozart. Deux pianos sans couvercle, décentrés sur la droite  se chevauchent tout sourires, grâce au  duo de pianistes très éloquent qui fait face à l’orchestre. Ils débordent à la fois de rigueur et d’humour, surtout en ce qui concerne l’incandescente  pianiste, Tamara Stefanovich. Elle est vive et décidée, oscille avec la mélodie, penche son visage de côté  vers son partenaire pour l’entraîner et  lui communiquer une émotion contagieuse. La deuxième violon dynamique s’amuse toujours autant, les cuivres explosent. Les contrebasses qui surplombent l’orchestre jouent aux rois mages et tout se terminera par des bravos sonnants du public et le partage des gerbéras rouges par les pianistes couronnés à chaque musicien. L’ardente deuxième violon en premier.  

http://www.kammerphilharmonie.com/en/The_Musicians.html

http://www.pierrelaurentaimard.com/schedule/Past

http://www.brusselslife.be/fr/article/pierre-laurent-aimard-bozar

http://www.bozar.be/activity.php?id=12059&selectiondate=2012-10-17

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administrateur théâtres

Evénement musical majeur désormais incontournable en Hainaut, le domaine du Château de Seneffe a accueilli majestueusement  la 11e édition de la Nuit Musicale le 11 août dernier.

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Imaginez-vous... Un château prestigieux, une cour d'honneur accueillante, une orangerie, un magnifique petit théâtre, un jardin baroque, un jardin à la française, un autre à l'anglaise, des plans d'eau, des cascades, une volière... Et avec ça ? Près de 350 artistes qui parsèment un parcours artistique de premier choix.

Cette année, le parcours proposé conjuguait avec passion la musique classique et la littérature  dans un cadre de rêve avec des conditions estivales inattendues. On a vécu le bonheur complet à folâtrer de scène en scène, le pique-nique à la main et d’aller écouter poésie, musique, chants et vibrations du chant de la terre. Des voix, des souffles, des doigtés, des palpitations, des sonorités exquises, lointaines et proches se sont entremêlées pour fabriquer une émotion indélébile au gré de la flânerie. Emotion subtile, joyeuse, foisonnante de citations et de souvenirs musicaux.   Ajoutez à cela un accueil particulièrement chaleureux et une organisation méticuleuse qui fait que l’on glisse harmonieusement  entre les pages de partitions et de textes bien dits. L’impression féerique de flotter au cœur de l’esthétique, de parcourir les lieux au gré de sa fantaisie et chaque fois l’émerveillement attend le spectateur gourmand.

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  Le programme de papier glacé était accompagné d’un CD souvenir qui mêle Victor Hugo, Sir Walter Scott, Goethe, Schiller, Voltaire, Shakespeare et Charles Perrault. Mais dans la mémoire intime on se souvient avec émoi du duo BIz’Art, un quatre mains juvénile et souriant à la recherche du temps perdu, Bizet et Ravel enchanteurs. On retient  l’histoire du soldat de Stravinsky (Eliane Reyes, Jean-Luc Voltano , Elisabeth Deletaille) en duo avec Bruno Coppens, conteur. Le songe d’une nuit d’été de Benjamin Britten est une vraie découverte pleine de malice et de fluidité musicale surprenante. D’aucuns se seront arrêtés aux chansons galantes du temps de François Premier. D’autres auront préféré s’attarder avec Frédéric Chopin et les textes choisis de George Sand dits par Jacques Mercier. Daniel Blumenthal faisant « l’ange déguisé en homme ». Passion littéraire et musicale avec le couple Franz Liszt et Marie d’Agoult mise en scène par Brigitte Fossey, la voix inoubliable d’Alain Carré et Yves Henry au piano.  Programme éclectique s’il en est, car on a pu écouter aussi Porgy & Bess sous les étoiles comme si on était en Louisiane et Casse-noisette comme si on était à Noël.

12272829680?profile=originalIl est doux aussi,  de regarder les autres spectateurs qui écoutent dans les  parterres ou assis,  façon déjeuner sur l'herbe, transfigurés par la musique et entourés d'enfants très sages. Clotûre lumineuse avec feu d’artifice gigantesque. Séduction totale.

http://www.ideefixe.be/lanuitmusicale/le-domaine/presentation/

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administrateur théâtres

 

De la grâce dans l’humain, du divin dans l’humanité !

Akademie für Alte Musik Berlin

Matthäus-Passion

René Jacobs direction - Werner Güra Evangelist (ténor) - Johannes Weisser Christus (baryton) - Sunhae Im soprano - Bernarda Fink mezzo - Topi Lehtipuu ténor - Konstantin Wolff basse - Akademie für Alte Musik Berlin , RIAS Kammerchor

Johann Sebastian Bach, Passion selon saint Matthieu, BWV 24412272826071?profile=original

Une œuvre-clé de Johann Sebastian Bach, à redécouvrir grâce à la lecture de René Jacobs. En écrivant sa partition la plus imposante, Bach nous a livré l’une des pièces les plus poignantes du répertoire, qui traite en profondeur de la souffrance humaine sous toutes ses facettes. La lecture qu’en livre René Jacobs nous permet de redécouvrir toute la portée de cette œuvre d’art éternelle.

La huitième édition du KlaraFestival s'ouvrait vendredi soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec le concert "La Passion selon Saint-Mathieu" avec René Jacobs à la tête de "Die Akademie für Alte Musik Berlin", un orchestre baroque de 30 musiciens, le "Rias Kammerchor" et un solide casting de solistes.

 

Ce premier soir du festival Klara 2012,  Knockin’ on Heaven’s Door, les portes du Paradis se sont ouvertes et on les a passées, vivants,  …  pour découvrir l’essence profonde de la musique et une esthétique inégalée. Nous avons vécu une immersion directe dans la grâce dès les premières mesures, aspirés par l’ampleur de  l’harmonie, soufflés par la tenue magistrale des artistes, le génie du chef d’orchestre et la texture pleine d’anima de la partition. On ne peut que  méditer sur la qualité extraordinaire  du travail et la densité musicale qui se développe à mesure…Pas le moindre gramme d’emphase: que du vécu intérieur, distillé et idéalisé, sonorisé. René Jacobs, à la tête de Die Akademie für Alte Musik Berlin  est  au faîte du savoir-faire : son équipe musicale  merveilleusement unie dans la diversité.  Tandis qu’au moment même, la colère et la violence grondent partout dans le monde  et  que la misère reste le lot de beaucoup d’humains, nous sommes face à une œuvre d’art vibrante.  

Et pourtant, même la salle de concert disparaît pour n’être baignée que de l’indicible « dit », chanté, résonné, claironné, célébré. Un rythme sinueux entraine les  spectateurs  et les arrête 7 fois lors des « chorals », stations du chœur qui égrène la mélodie de base, une alternance simple de six et cinq syllabes.  « Wenn ich einmal soll scheiden, so scheide nicht  von mir… » Poésie et musique inspirées se rejoignent. Surviennent les scènes dramatiques d’où coule la compassion où s’éclaircit la simplicité du mystère. Bach le dramaturge fait preuve d’une  écriture puissante et humble à la fois et  d’une fluidité philosophale… jamais égalée qui nous fait assister  dans ce concert à la ré-union des contrastes. 

Ce concert hypnotique dont on sait qu’il va finir inexorablement nous mène de plein pied dans l’infini.

La complexité musicale est à la hauteur de la complexité humaine, mais à la fois d’une limpidité éclatante. Une limpidité qui nous donne tout-à-coup le courage d’ouvrir son cœur et de s’abandonner au tissage méticuleux de l’œuvre, aux flamboyances du récitatif de l’évangéliste (Werner Güra), à la profondeur de la basse (Konstantin Wolff), au charme féerique de la soprano (Sunhae Im), au vécu féminin de la mezzo (Bernarda Fink), à la douleur et à la grandeur de Jésus dont l’âme et le corps sont en souffrance indicible. La figure du Christ était magnifiquement interprétée par Johannes Weisser. On se révolte contre la foule hagarde et aveugle, « Lass ihn kreuzigen ! ». On fond de tendresse avec le pécheur gagné par l’amour dans le magnifique récitatif Nr 57. Les récitatifs suivis d’une aria sont des petits concerts de chambre qui se suffiraient à eux-mêmes insérés comme des incrustations de bijoux dans un grand dessein.  C’est à chaque fois, une apogée de l’émotion esthétique. Bernarda Fink supplie : « Torturé, accablé sous le poids de ses remords, vois mon cœur ! Goutte à goutte que les larmes comme un pur et doux parfum sur ta tête se répandent, divin Maître. » La soprano exquise Sunhae Im continuera :  « Wiewohl mein Herz in Tränen schwimmt… » Son appel est d’une finesse extrême « Ei, so sollst du mir allein mehr als Welt und Himmel sein. » L’appel de Jésus sera déchirant, souligné plaintivement par les larmes délicates des flûtes : « Mein Vater, ist’s möglich, so gehe dieser Kelch von mir ; doch nicht wie ich will, sondern wie du willst…»    

 Et pendant les 78 sections,  on retient son souffle devant cette vivante œuvre d’art,  on ne pense à rien d’autre qu’à planer sur le sourire divin de la musique. L’idylle musicale s’achève dans des applaudissements respectueux,  délestés de barbarie, nourris d’esprit et de cœur. Jamais un concert n’a touché autant que celui-ci, de l’avis de plusieurs spectateurs qui, d’inconnu à inconnu, se  livraient leur émoi profond après le concert.

La lune bleue, c’était ce soir.  Un 31 août 2012. « O schöne Zeit ! O Abendstunde ! » Voici la paix conclue avec le ciel...

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