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concert (104)

administrateur théâtres

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 A l'occasion du bicentenaire de la  naissance de Liszt (1811) L'Orchestre national de Lille, que l’on ne présente plus, nous a offert  hier soir un magnifique concert au Palais des Beaux Arts de Charleroi.

En  première partie du programme nous sommes tout de suite tombés sous le charme du très jeune soliste australien d'origine taïwanaise Ray Chen - Premier prix au concours Reine Elisabeth en 2009 – dans son interprétation sensitive du deuxième concerto de Paganini.

Allegro maestroso

Adagio

Rondo

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Tout a débuté dans l’énergie du sourire : celui épanoui de Ray Chen conjugué au sourire engageant et charismatique du chef d’orchestre gallois, Grant Llewellyn. Il n’y avait plus qu’à y inscrire les notes chatoyantes après une ouverture joyeuse et feuilletée. On est frappé par les glissades légères, aériennes du violon de Rae Chen. Une aisance magnifique, une douceur inconnue et de l’élégance et de la grâce dans le phrasé. Le tout sans effets démonstratifs, en toute sobriété. Le son est d’une pureté exquise. Tantôt il caresse tendrement les cordes de son archet velouté, tantôt ses doigts empruntent l’agilité d’ailes de colibri et il nous livre du pur nectar! Il ne se fera pas prier pour nous offrir en prime, deux magnifiques bis, devant un public médusé.

 

 

 

Ensuite c’est la symphonie de Dante  écrite par Liszt et dédiée à Richard Wagner, pages instrumentales et vocales inspirées de la Divine comédie de Dante,  que nous avons pu écouter avec délectation. Aux côtés de l'ONL, dirigé avec l’autorité souriante Grant Llewellyn, nous avons pu admirer la performance grandiose du chœur de femmes du Chœur régional Nord-Pas-de-Calais (dirigé par Éric Deltour).

 

« Liszt s'attache en orfèvre à révéler de façon minutieuse la beauté des vers du poète italien par la transcription musicale de ce long chemin de l'ombre à la lumière. Il confronte ainsi tour à tour l'auditeur à la désespérance démoniaque de l'Enfer, au lyrisme méditatif d'une âme au Purgatoire et à l'illumination d'un hymne de louange rédempteur embrasant le ciel du Magnificat final. »

 

Grant Llewellyn déchaînera toute sa fougue, croquant, mâchant, mordant les notes alors que les cuivres attaquent  une longe ligne mélodique  descendante. « Vous qui entrez  ici, abandonnez tout espoir ! » L’atmosphère Faustienne,  sombre et dramatique, se répand  avec d’impressionnants roulements de tambours, et la participation de tout l’orchestre. Cela finit sur un dernier coup de maillet très feutré qui nous permet d’échapper à la tension terrifiante de L’Enfer.

 

 L’apaisement, l’intervention de harpes, les plaintes des violons, nous mettent dans un Purgatoire qui ressemble à du paradis.  Il y a une grande modernité dans les notes profondes et les rêveries qui s’enchaînent. Une succession de rythmes plus saccadés génère tout à coup, un volume qui avale le spectateur, on est prisonniers de la musique et de ses effets dramatiques. Le chef d’orchestre est habité par un tempo qui mène, on le croirait, à l’apocalypse.

 

Mais voici la  longue préparation au Magnificat final, faite de multiples couches de murmures en écho, d’arpèges interminables sur les harpes. Les instruments à vent y vont de leur modelé, avec le  soutien discret et chuchoté  des cordes, cela produit des gémissements et des soupirs de félicité. Tout un paysage de bonheur est en construction, autant de gouttes de bonheur égrené. Pour clore les phrases mystiques du magnificat, dites avec une  légèreté surnaturelle, il y aura une reprise en force des cuivres victorieux.  

C’était un concert splendide, très longuement applaudi.

 

 http://www.onlille.com/ 

http://www.charleroi-culture.be/Public/Spectacle.php?ID=1330

 

 

 

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administrateur théâtres

Sokolov (concert au palais des Beaux-arts de Bruxelles)


Communiquer toute une soirée avec un être qui projette une musique habitée, un génie rempli d’humilité qui sait transmettre tous les replis de l’émotion, voilà ce que la grande salle des Beaux-arts de Bruxelles a donné à 2000 spectateurs complètement envoûtés. Sokolov est un créateur de beauté dans l'essence de la musique.

On dit de lui : ‘un titan du piano’ mais quelle douceur sous ses doigts! « Il entre, muré en lui-même, dans l'espoir d'aller puiser dans les tréfonds de son être la vérité des œuvres. Vérité subjective qui tient d'abord dans une sonorité abyssale qui fait résonner Bach comme une cathédrale, le ressuscite du plus profond des touches et le porte au ciel par un jeu de pédales décomplexé. » L’alchimiste de la musique est penché sur son clavier comme sur des alambics. Sous ses cheveux d'un blanc pur, il murmure, il ronronne. Les lumières sont très tamisées, la salle est presque obscure. L’instrument est un Steinway tout neuf. Il déroule la magie de la Partita de J-S Bach N° 2 en ut mineur, BWV 826 en six mouvements : Sinfonia, Allemande, Courante, Sarabande Rondeau, Caprice. Il me reste des impressions très nettes de toucher feutré, de caresses veloutées, de rythmes qui dévalent comme une rivière en crue, de moments très mélodiques, de notes liquides, volubiles et galantes. Les mains rebondissent sur le clavier comme s’il y en avait quatre et le Capriccio se termine comme un long voile de notes étincelantes. Where Angels Fear ToTread.

Pour suivre, c’est Johannes Brahms avec les Fantaisies, op 116 (1892), pièces que Clara Schumann jugeait « pleines de poésie, de passion, de sentiment et d’émotion. » La puissance et la fougue alternent avec des moments plus intimes où l’on bascule presque dans le silence avant que ne perlent les notes. Cette œuvre respire la tendresse, la main droite convoque des ruissellements de notes aigrelettes tandis que la main gauche creuse des échos profonds. Gregory Sokolov savoure son jeu comme s’il goûtait du vin. Puis c’est la brillance qui éclate de façon presque théâtrale. La frappe chromatique s’enchaîne à des déclarations du plus pur romantisme avant de retourner dans de profondes méditations. Nous avons ici toute la palette des émotions les plus fines. Grégory Sokolov va de temps en temps chercher l’émotion en l’air comme si elle y était suspendue avec de très gracieuses envolées de mains. Sommes-nous avec Paul Valéry ? Ce sont des oiseaux blancs qui volettent sur le clavier, des roucoulements avant la légèreté infinie du dernier envol. Le mouvement suivant est celui d’une ascension de marches gravies pensivement, contemplation, illumination peut-être, bruissements de nature. On aurait envie de tout décrire…Quelques mugissements du monde rappellent à la réalité. Qu’importe, la dernière note est bleue! Le dernier mouvement est celui de la frénésie de tout un orchestre joué d’un seul instrument. Une mélodie de harpe se transforme en grondement de tonnerre. L’homme est si petit devant la nature.

L’humoresque en si bémol majeur, op. 20 commence elle aussi avec une infinie douceur. « J’ai été toute la semaine au piano, composant ; écrivant, riant et pleurant tout à la fois. Tu trouveras une bonne description de cet état des choses dans mon opus 20 écrit Robert Schumann à Clara, le 11 mars 1939. » Notes brillantes déferlant d’une corne d’abondance, et pourtant la légèreté ne manque pas, ni l’humour, évidemment. Caracolades, douce apparition d’une licorne ? Tout se tait autour d’elle, la paix ? La tendresse ? Invulnérable, qui m’aime me suive!

Le tout s’achève dans de légers sifflotements piqués comme des cordes de violons pincées, d’un bout à l’autre du clavier pour le dernier morceau du récital : Klavierstücke, op.32 (1838-39). On est dans le ravissement, comme au début d’une féerie. Coule la musique chaude et généreuse du pur bonheur qui s’évanouit dans une seule note de fuite….

C’est le délire, la salle explose sa joie, dans des applaudissements frénétiques, toujours dans la pénombre envoûtante d’une salle des mystères. Il y aura six bis !

Grigory Sokolov
Mardi 07.12.2010 20:00
Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Grigory Sokolov piano
Johann Sebastian Bach Partita n° 2, BWV 826
Johannes Brahms Fantasien, op. 116
Robert Schumann Humoreske, op. 20, 4 Klavierstücke op. 32
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administrateur théâtres

Cinquante bougies et le titre royal

Trois anciens directeurs de L’Orchestre Philharmonique Royal de Liège se sont joints pour une fête fracassante au palais des Beaux- arts de Bruxelles hier soir.

Pierre Bartholomée créant donc une œuvre dont la composition lui a été commandée :« Symphonie », tandis que Louis Langrée a choisi de diriger la deuxième suite de Daphnis et Chloé de Maurice Ravel et alors que Pascal Rophé reprend (toujours sans baguette) « Le sacre du printemps » de Stravinsky

Les cinquantes bougies ... encore !

Musique visuelle et volcanique, voici une représentation musicale en trois mouvements.

D’abord la forêt fantastique de Bartholomée en folie, pleine de chuchotements, de craquements, de hululements, de crécelles et de jaillissements de sons isolés qui semblent parfois se répondre quand ce n’est pas l’assaut auditif de la cacophonie organisée. Dans la sarabande percutée le chef d’orchestre ressemble à un échassier sautillant à qui répondent des couinements de batraciens espérant ne pas être mangés. Soudain une volière entière s’est abattue dans un champ labouré, ou est-ce une troupe d’oiseaux migrateurs épuisés, mais heureux de se poser…Il faut être bien malin pour reconnaître qui le scherzo, qui la sonate classique.

Enfin, voilà le deuxième mouvement, le délice de Daphné et Chloé, murmures, longs arpèges sucrés, installation de grandes arabesques, magnifique solo de flûte traversière, échos, poursuites et les pam pa pààààààààà chers à Ravel. Une féerie sous la baguette hallucinante de Louis Langrée…. dont toutes les femmes sont sans doute tombées amoureuses ce soir-là ! Un tel sourire ravageur, et une telle humanité, que c’en est du sabotage !

Troisième et dernier mouvement, le printemps sibérien qui éclate façon volcan dans la musique de Stravinsky. Des fantômes du ballet de Béjart sont au rendez-vous, mais comme la musique est belle à découvrir de visu! Un violoncelle bat la mesure avec un plaisir démesuré. Tous ces musiciens, mûrs ou jeunes, choisis sur concours fort sérieux, bien installés dans leur vie aux airs pépère se sont lâchés. Marche inexorable, aboiements lancinants. Le spectateur est suspendu à l’étonnement. La musique sacrificielle déferle sur les corps, les yeux et les oreilles n’en peuvent plus de couleur, voire de fureur tribale et de violence de la nature. De l’homme? Des druides de tout poil ? … A la radio, cela ne donnerait rien… Ici, au concert cela devient sublime ! On est ému par la classe de Pascal Rophé, les chefs en nœud papillon blanc ont tous lancé leurs bouquets aux musiciennes. Fin de représentation exceptionnelle.

consultez le magnifique programme en pdf:

http://www.opl.be/uploads/media/PGR_PDF__13__7_9_dec_10_Concerts_du_50e_anniversaire.pdf

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administrateur théâtres

 

Depuis plus de trente ans, William Christie met à l’honneur les petits et grands maîtres baroques et démontre à quel point ils méritent autant d’égard et de passion qu’un Mozart ou un Haydn. Pour ce concert, pleins feux sur deux actes de ballet de Rameau, spécialiste du genre. Soirée de pur divertissement combinant à l’envi musique, danses et intrigue amoureuse ... un festival de l'Amour!

 

« La vraie musique est le langage du cœur » Jean-Philippe Rameau

 

De chaleureuses ovations conclurent ce concert de pur plaisir. On peut en effet décerner cinq belles 

 roses, plus que des étoiles, aux Arts Florissants dirigés avec enthousiasme, sûreté et bonheur par

William Christie.

 

« Le vol du temps qui nous presse nous fait mieux sentir le prix de l’instant fortuné que le destin nous

 laisse ! » Ces paroles de l’Anacréon de Jean-Philippe Rameau sont fort appropriées à décrire le

ravissement que ce concert a suscité parmi les  spectateurs. Ce moment de beauté musicale, de

lyrisme, de ressenti humain très intense a  opéré comme un enchantement.  Pourtant le fond

mythologique aurait pu nous détourner. Et c’est tout le contraire. « Je renonce à Bacchus s’il en

coûte à l’amour… » Anacréon, comme Pigmalion sont animés par l’Amour en personne, en être, en

substance immatérielle… Cette force, cette énergie sécrétée tant par les musiciens que par les

solistes a  eu le don d’ouvrir tous les cœurs. Aussi des instruments anciens font parler la patine des

siècles, ou d’autres  parfois très « ludiques » font presque éclater de rire. Pour exemple la machine

à pluie et orages d’Eole déchaîné et les tambourins légèrement coquins.   Les spectateurs,

médusés écoutaient avec les yeux et le sourire aux lèvres.  « Les vrais plaisirs ne sont dus qu’à

l’ivresse de nos âmes » chante Anacréon et toutes les âmes frissonnent. Dans la deuxième partie, 

 L’Amour explique la naissance à la vie de sa statue à Pigmalion :

«  Du pouvoir de l’Amour ce prodige est l’effet, L’Amour dès longtemps aspirait  à former par ses

dons l’être le plus aimable ; mais pour les unir tous, il fallait un objet dont ton art, seul était capable.  Il

 vit et c’est pour toi, pour toi ses tendres feux étaient de tes talents la juste récompense : tu servis

trop bien ma puissance, pour ne pas mériter d’être à jamais heureux. »

 

 Chœurs, récitatifs, ariettes,  sarabandes, gigues en vêtements du siècle, le nôtre,  donnent un relief

particulier à cette musique du 17e siècle. Un choc du temps et une illusion d’éternel. « The power of

love ». La voix, mélange de velours et de joie intense, captivante et voluptueuse de Sophie

Karthäuser était un pur délice musical. Et pour ces dames, Ed Lyon dans le rôle de Pigmalion,

rayonnant de bonheur, en a séduit plus d’une par son timbre scintillant, ses sonorités colorées, sa

puissance tranquille. Son aisance, son charme. Une soirée rare, peut-être unique en son genre….

 Que chacun voudrait retenir par devers soi! Au moins, l’inscrire dans nos fibres les plus profondes,

là où le profane côtoie le religieux. « L’Amour est le dieu de la paix, règne avec moi Bacchus, viens,

triomphe, embellis nos fêtes mais ne les trouble jamais… »

 

 

Les Arts Florissants
Vendredi 17.12.2010 20:00
Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf
 

 

 

William Christie direction - Alain Buet Anacréon (basse) - Sophie Karthäuser Amour (dessus) - Emmanuelle de Negri Prêtresse ; La statue (dessus) - Ed Lyon Agathocle ; Pygmalion (haute-contre) - Virginie Thomas Céphise (dessus) - Les Arts Florissants ensemble de chanteurs et d'instrumentalistes réputé dans le monde entier et voué à la musique baroque, fidèles à l'interpréttion sur instruments anciens.
  
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