Y en a qui ont le cœur si large
Qu'on y entre sans frapper
Y en a qui ont le cœur si large
Qu'on en voit que la moitié
Rue des deux gares 1070 Bruxelles, le 26 décembre 2017, les applaudissements gonflés de bonheur soutiennent les ovations plus qu'enthousiastes lors de la dernière représentation de « C’était au temps… » Un spectacle « nostalgie » et « copains d’abord ! » qui a affiché complet tous les soirs, pendant quinze jours d’affilée! Un hommage émouvant à la voix du grand Jacques Brel signé Jean-Marie Delattre. Ils sont huit, embarqués dans l’aventure, échoués aux tables d’une antique guinguette en plein cœur de Bruxelles qui a traversé le temps, prêts à faire la fête et à refaire le monde avec le tram 33.
Y en a qui ont le cœur si frêle
Qu'on le briserait du doigt
Y en qui ont le cœur trop frêle
Pour vivre comme toi et moi
Jef, Madeleine, Mathilde, Eugène et Sancho (Stéphane Oertli, quels airs de mousquetaire!) ont rendez-vous chaque année chez Eugène (le truculent Alain Eloy) pour célébrer joies et tristesses. Le texte de Jean-Marie Delattre est léger, bien ficelé et plausible pour qui veut s’adonner au merveilleux, savourer le retour aux jeunes années, tendre son cœur à la féerie d’une voix mythique retrouvée, entonner des hymnes de bienveillance qui écrasent les velléités de disputes. On se goberge alors de la découverte d’arrangements musicaux fort adroits et truffés d’humour. Ami, lève ton verre, termine cette année, accueille la nouvelle, la main plus large que le cœur, ouverte comme « Une île ! » …Au large de l’espoir, Voici venu le temps de vivre...Voici venu le temps d'aimer !
Z'ont pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris
Question de dépaysement, chacun a pris nouveau départ sous la houlette de Nathalie Stas, metteur en scène géniale et chorégraphe d’exception, puisqu’elle règle les moindres frémissements ou les moindres battements d’œil de son équipe en goguette! Les comédiens dans l’âme vont se mettre à chanter à gorge déployée tandis que les brillantes musiciennes jouent la comédie à bras le corps, aussi lestes que les demoiselles des parapluies de Cherbourg. O jeunes années! Leurs mimiques durent des secondes à peine, la palette des sentiments scintille comme la mer sous le vent d’ouest. On a du mal à choisir qui regarder lorsque, de part et d’autre de la scène, elles se partagent les couplets du grand Jacques. Lune ou Soleil ? Madeleine, l'innocence même dans sa robe à jupons 1958 peuplée de citrons, fait rêver, incarne l’optimisme et la joie de vivre. Mathilde, c’est le spleen, le mystère, la profondeur,vêtue d'une courte chasuble mai 68, en daim couleur fauve. Qui donc, de Mathilde ou de Madeleine, Marc De Roy jouant Jef, choisira-t-il en fin de compte? Les chansons de Brel éclosent à fleur de peau, dans la fleur de l’âge, et pourtant, au creux du florilège et des lilas, …les bonbons, c’est tellement bon! Et les deux musiciennes-comédiennes, Nathalie Delattre et Véronique Sonneville, sont pétillantes et éblouissantes.
Y en a qui ont le coeur si tendre
Qu'y reposent les mésanges
Y en qui ont le trop tendre
Moitié hommes et moitié anges
Y en a qui ont le coeur si vaste
Qu'ils sont toujours en voyage
Y en a qui ont le cœur trop vaste
Pour se priver de mirages
Jovialité, convivialité, rudesses et lucidité et fous-rires animent les conversations. Le bal des costumes enchante l’œil, ranime le temps…. Les copains d’infortune qui se rencontrent au bistrot des ivrognes finissants parlent du désir amoureux, des ruptures, des racines, des voyages, des femmes, des bourgeois, des vieux, des cons, des cocus. Ils boivent, dansent tangos, rumbas et valses, et chantent tous divinement! Le décor prend vie intense. La scénographie de Francesco Deleo est de la partie, comme au Théâtre des Galeries ! Comme un puissant rivage musical le trio orchestral plonge dans les époques et borde remarquablement cette île du passé, où règne Eugène en tablier ! Le réverbère rappelle les amoureux de Penney, même époque, l’aubette fait refuge pour amoureux, et la bière coule à flots.
Z'ont pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris
Une comédie musicale est sortie de l’œuf, fraîche, lumineuse, gonflée de vent d’ouest, bourrée de vitamines. La voix du grand Jacques revient par moments avec une langueur océane, portée par le large, comme une vague, reprise avec amour par la troupe de saltimbanques comblés par le bonheur de jouer. Ils ont su polir le bijou poétique de mille facettes nouvelles et faire œuvre magnifique de transmission. On se prend alors à rêver aussi aux madones du grand Georges, son grand ami : Jeanne, Hélène et ses sabots, et le petit cheval toujours devant ! Cela devrait pouvoir s’écrire aussi… non ? On en a déjà des larmes et des fleurs aux yeux.
Y en a qui ont le cœur dehors
Et ne peuvent que l'offrir
Le cœur tellement dehors
Qu'ils sont tous à s'en servir
Celui-là a le cœur dehors
Et si frêle et si tendre
Que maudits soient les arbres morts
Qui ne pourraient point l'entendre
A pleins de fleurs dans les yeux
Les yeux à fleur de peur
De peur de manquer l'heure
Qui conduit à Paris
La troupe au complet du Spectacle "C'était au temps", la comédie Musicale qui a fait Brusseler du Grand Brel ! — with Stijn Bettens, Marc De Roy,Pierre Plume, Jean-marie Delattre, Anne Creuen,Nathalie Delattre, Véronique Sonneville, Stéphane Oertli, Alain Eloy and Pauline Oreins at Le Fou Rire Théâtre.
http://brel-cetaitautemps.be/wp-content/uploads/2017/11/Brel.dossier.2017-11-23.pdf