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oratorio (9)

administrateur théâtres

CHŒUR DE CHAMBRE DE NAMUR,  MILLENIUM ORCHESTRA Cappella Mediterranea, continuo  & LEONARDO GARCÍA ALARCÓN, direction

 VALER SABADUS, Évangéliste

 FRANCISCO JAVIER MAÑALICH RAFFO, Christ

 PHILIPPE FAVETTE, Ponce Pilate

Dans :

GAETANO VENEZIANO 1656 - 1716 Passio del Venerdì

Santo ANTONIO NOLA 1642  > 1715 In manus tuas Domine / Stabat Mater

                             Attirer le public pour lui faire entendre des raretés, voici le défi que proposait dernièrement Leonardo García Alarcón, découvreur de  musiques anciennes,  le 28 mars 2018, à Bozar, lors d’un  exceptionnel concert d’harmonies  méditatives sans pause. D’emblée très complice et plein de bonhommie avec son public, Leonardo García Alarcón, propose de ne pas applaudir entre les morceaux,  pourtant de compositeurs différents, pour préserver une unité de temps, de lieu et de sens. Il a en effet choisi de relier du même fil trois œuvres différentes afin de concevoir la prestation comme un tout. « In illo tempore  egressus est Jesu cum discipulis suis… » débute l’Evangile selon saint Jean dans la version de Gaetano Veneziano,   se poursuit par « In manus tuas Domine» d’Antonio Nola,  et aboutit dans  un  dramatique « Stabat Mater » du même compositeur.

                             Leonardo García Alarcón rêve de partager sa passion pour l’écriture musicale mais surtout sa passion pour les Ecritures. Ainsi les partitions qu’il  exhume sont rares,  jamais encore jouées et entendues.  A la manière de deux testaments, il veut relier anciennes et nouvelle transmission  dans la fraîcheur d’une éclosion contemporaine inédite, incarnée avec passion par le Millenium Orchestra et le chœur de chambre de Namur.

                             Le premier manuscrit retrouvé nous donne à entendre une œuvre fervente,  la Passio del Venerdì Santo écrite à 20 ans vers 1685  par Gaetano Veneziano (1656-1716), élève d’élection de Francesco Provenzale  et organiste à la Chapelle Royale de Naples dès 1678, à  l’époque, sous domination espagnole. Presque toutes lumières éteintes, la salle  a tout de suite baigné de l’atmosphère particulière du triduum pascal.  Contemporaine de celle de Scarlatti, c’est  une musique sensuelle et dramatique à la fois, écrite pour solistes, double chœur et cordes, « suivant un parcours « d’une extrême » cadence (en sol# mineur sur « crucifigeret ») à l’autre (« Consummatum » en si bémol mineur) ». 

                             La voix éthérée de l’évangéliste qui a tenu  le public en émoi d’un bout à l’autre du concert  est celle de Valer Sabadus, contre-ténor. Elle est  d’une clarté et d’une douceur sublimes… Plaisir captivant, que cette voix émouvante  et sensible  aux  atmosphères narratives, un évangéliste au timbre profondément  chaleureux  et qui, à la manière d’un conteur d’antan, séduit  l’audience à ses pieds. Aucune grandiloquence, aucune forfanterie, de la belle et pure simplicité,  dans  une tessiture irréprochable. Un admirable maître de quenouille musicale,   qui a su filer en continu,  un  chant  lyrique mélodieux et poétique imaginé par Leonardo García Alarcón, sans que jamais  ne retombe l’intérêt. Roumain d’origine, il a grandi en Allemagne, célébré pour sa « voix dramatique de cristal clair » (Süddeutsche Zeitung), il a été révélé en France par ses remarquables prestations  à Versailles avec notamment « Didone abbandonata » de Hasse. Ses deux derniers albums, sortis en 2017, sont « Duetti Sacri », réalisé avec Nuria Rial et le Kammerochester Basel, et « Händel goes Wild » avec Nuria Rial, Christina Pluhar et l’ensemble L’Arpeggiata.

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                                          Le  récit  est entrecoupé par les interventions de Jésus, le  très mélancolique ténor Francisco Javier Mañalich Raffo qui joue les couleurs de la passion avec immense tendresse et  profondeur, et celles  de Ponce Pilate, sorte d’honnête homme cohérent et  intègre, juste prisonnier du destin, qui ne rêve que d’équité et de justice bien rendue. La théâtralité et la vitalité dramatique  sont superbement portées par Philippe Favette, baryton-basse. Celui-ci  s’est produit sous la direction de chefs tels que  Patrick Davin, Leonardo García Alarcón, Ton Koopman, Sigiswald Kuijken, Christophe Rousset, Jean Tubéry ou encore Jordi Savall. Mais il y a surtout, les impeccables interventions de la foule (Turbae) -  d’habitude créature populiste jalouse, avide, querelleuse, multitude vociférante, qui ne reflète pas, la vindicte sauvage qu’on lui connaît,  mais qui ici fait plutôt preuve de réactivité rhétorique. Cette foule,  peu  nombreuse mais très « puissante » est incarnée par un chœur qui privilégie la froide image des riches pharisiens avides de pouvoir et celle des docteurs de la Loi, les grands prêtres  qui n’ont pas  pu supporter l’éviction brutale des marchands du temple par Jésus et la critique de leurs lois.  De manière étonnante, la musique qui entoure les épisodes ou soutient les ariosos n’a rien de lugubre, c’est comme s’il y transparaissait l’Amour, bien que l’orchestre à certains moments  en profite pour souligner à coups de cordes les couleurs des flagellations, les épines, le manteau pourpre, les gifles… tandis que Pilate garde son sang-froid : « Ecce Homo », voici l’homme…

                                            Par trois fois, Ponce Pilate,  est désespéré de faire comprendre qu’il n’y a rien à reprocher à Jésus : « ego nulla invenio in eo causam ». Mais la « foule » insiste : « Nous avons une Loi, et suivant la Loi, il doit mourir ! » Tant d’hypocrisie et de vanité ! Il n’y a bien sûr à leurs yeux,  aucune place pour la loi de l’amour… Et où sont donc restées les femmes ?  Celles qui devraient selon les écritures, découvrir les premières  que la mort avait enfin été vaincue et Jésus ressuscité? On les retrouvera , éplorées mais confiantes, dans le « Stabat Mater ».  Une évidence pour Leonardo García Alarcón, après avoir remis  Jésus, «  aux mains  de Dieu ».

                                            Cette merveille d’écriture musicale, est traversée par l’esprit des Ecritures… pour une nouvelle lecture. Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit ! « Quod scripsi, scripsi,» insiste Pilate qui a fait écrire au haut de la croix INRI  «  Jesus Nazarenus, Rex Judaeorum » malgré les remontrances de la foule! Comme si une même dynamique optimiste inéluctable  semblait s’imposer à travers la musique,  pour signifier que la passion du Christ est l’étape  indispensable à la disparition de la mort,  et à la rédemption de l’humanité.

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12273273076?profile=originalZoom sur …Rossini

 

Nous voici  à un Gala très bruissant de belles personnalités. Sa Majesté le Roi ALBERT II  et la Reine  PAOLA,  figure emblématique du soutien qu’apporte la famille royale depuis des décennies,   à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, sont dans la loge royale à Bozar, en  ce vendredi 23 mars, veille de semaine sainte. Après une première partie  très bien réglée d’un récital de brillants airs de musique profane de  Mozart ( La Clémence de Titus, les Noces de Figaro, La flûte Enchantée…) où l’on a pu apprécier particulièrement  le  charme intense et la fraîcheur de Julia Szproch, soprano, la superbe musicalité de l’intense Katarina Van Droogenbroeck,mezzo-soprano et la très  affirmée Cécile Lastchenko, soprano, ce sont les mélodies sacrées de Rossini qui vont emplir les voûtes de la Belle salle Henry… comme si on était dans une cathédrale! Mélodies Sacrées par leur beauté incandescente, et Sacrées par leur contenu. Rutilantes par leur qualité et en avant-première du Temps Pascal.

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 Voici que dès les premières mesures du Stabat Mater de Rossini, on donne la main en pensée, aux inquiétudes du Requiem de Mozart avec la couleur sombre de l’introduction, les solistes qui semblent se relever d’une flagellation, et traduisent la puissance de la douleur abasourdissante.  Néanmoins, en filigrane du terrible  « Dum pendebat filius » «  Où son pauvre enfant était suspendu ».  On perçoit déjà un désir  joyeux de transfiguration, il est  introduit par les violons.

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Cependant, nous ne sommes pas au théâtre, nous sommes au cœur de la Passion. Bart Van Rijn, prince de la musique,  projette l’énergie du jeune Orchestre d’Anvers tous azimuts. Les instruments sont d’époque. Il y a une fraîcheur, une lumière et une justesse de timbre incroyables.  Les cuivres, brillent plus, les fils d’or des violons scintillent, les  hautbois et les bassons  donnent de la lumière, les trombones et les contrebasses sculptent le drame.

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Un superbe moment de gloire et de jeunesse radieuse est interprété par le très solaire  ténor Pierre-Emmanuel Roubet. Nous voici inondés de félicité comme à l'Opéra. Le Cujus animam est  dans la foulée des  airs du Barbier de Séville ou de Guillaume Tell. La générosité et la vitalité absolue de  l’interprète  sont soudain recueillies par des accords sombres et dramatiques de l’orchestre.

 

Qui est homo… Sophie Sproch et Cécile Lastchenko, l’une des chanteuses belges sélectionnées pour le Concours Reine Elisabeth 2018,  vont livrer la tristesse et l’affliction de toutes les mères et les pères  devant  la perte d’un fils ou d’une fille. La dimension humaine est égale à la dimension sacrée.  Dans le duo  l’admirable mezzo-soprano Sophie Koch, maître de chant à la Chapelle –   qui a interprété récemment le rôle de Mère Marie de l’Incarnation dans Dialogues de Carmélites à la Monnaie–  se montre palpitante,  dramatique, profonde et souple, empreinte d’immense modestie, laissant endosser à   la frémissante soprano Cécile Lastchenko, non seulement les racines de la vie, mais son épanouissement.    Ensemble elles vont ramener la vie dans la mort.   Le chef d’orchestre dirige avec fermeté les pleurs discrets des concertistes. Le deux femmes  soudées par la beauté de la musique,  concluent  par des accords a capella, puis l’orchestre livre  à son tour   l’ampleur de empathique son émotion. 

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Trois frémissements de timbales annoncent les tempi implacables du destin écrit dans le ciel, pour  la superbe basse, Bertrand Duby,  qui donnera le frissonPro peccatis suae gentis Pour les péchés de sa nation « Vidit Jesum in tormentis » – Elle le voit, dans sa Passion « Et flagellis subditum »– Sous les cinglantes lanières…. Le cœur des mystiques bondit de compassion,   et la tendresse musicale fuse en crescendo. Mais à travers l’ivresse de la douleur, l’œuvre fait  fleurir la sérénité. Comme chez Fauré. Du Beau et du Sublime éthéré et diaphane à la fois, greffé sur la douleur humaine et son absolue dignité.

 

Eja, mater, fons amoris, le  solo basse et chœur a cappella  sont pathétiques, suaves, harmonieux, d’une mélancolie touchante, langoureux, allant jusqu’aux larmes,  par la pureté de l’interprétation. On touche l’extase de l’amour.

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Le moment absolu,  Fac ut portem  s’avère d’une architecture éblouissante « ut sibi complaceat », dans un jeu d’échos vivants et magnifiques. On est au cœur du message biblique. Seul l’Amour sauve.    Puis suivront des adresses à la Vierge enflammées comme de l’encens, l’humanité implore sur tapis de pizzicati. Le souffle épique se mêle au religieux, les accents sont brûlants et  finissent par se consumer sur des gestes  apaisants : les caresses du chef d’orchestre. Et après chaque très  beau moment, des bribes d’applaudissements incoercibles s’échappent de mains de spectateurs indociles,  innocents  lampions dans la nuit…

 

On arrive à la fin. L'Inflammatus, où le chœur accompagne la soprano solo déchaîne les  flammes.  Ils sont  dans l’acceptation d’un sacrifice démesuré, la douleur devient ivresse au pied de la croix, lieu de renaissance. Quando corpus morietur… bouleverse au-delà de toute expression.   Prière vibrante, vivante, immortelle. L’Octopus Choir développe à la perfection la pureté et  la dimension céleste.  L’Amen  incarne une fête totale de l’esprit et des sens, avec des rafales successives d’illumination et une élévation vers l’immensité de l’infini…. L’Amour?    L’urgence ou le devoir de  vivre ?  

Music Chapel
Gala Concert – 23.03.2018 – Bozar

Concert d’Anvers
Octopus Choir
Bart Van Reyn, conductor
Sophie Koch, mezzo-soprano
Cécile Lastchenko, soprano
Julia Szproch, soprano
Katarina Van Droogenbroeck, mezzo-soprano
Pierre-Emmanuel Roubet, tenor
Bertrand Duby, bass

Musical Program Gala 2018  

 Le programme offre une très émouvante traduction du texte latin, …dont on aurait d’ailleurs bien aimé avoir pu disposer ! C’est une retranscription romantique du poète flamand Guido Gezelle: 

 

Naast het kruis, met weenende oogen, stond de Moeder, diep bewogen, daar, gegalgd, heur kind aanhing.
Dwers door ‘t midden van heur herte, vol van zuchten, leed en smerte, ‘t scherpe zweerd der droefheid ging.
Ach’ hoe droef, hoe vol van rouwe, was die zegenrijke vrouwe, moeder van dat eenig kind!
Ach! hoe treurde zij, hoe kreet zij, ach! wat boezem pijnen leed zij naast Hem, die zij zoo bemint!
Wie die ook niet weenen zoude, zoo hij ‘t bitter leed aanschouwde dat Maria’s ziel verscheurt’
Wie kan zonder medelijden, Christus Moeder zoo zien lijden, daar zij met haar Zoon hier treurt?
Om de schuld van onze zonden, ziet zij Jesus vol van wonden, heel doorgeeseld, overal!
Ziet zij ‘t dierbaar Kind in ‘t strijden, met de dood, verlaten lijden, eer, eilaas, het sterven zal
Moeder, liefde doet u kwijnen; geef mij deel in al die pijnen, dat ik met u mede ween.
Laat mijn herte nimmer staken, God mij aangenaam te maken, vlammende voor hem alleen.
Maagd der Maagden, mijn gebeden, hoort ze, zonder bitterheden; helpt mijn medelijdend hert
Door de wonden die Hem schonden, Moeder, en aan ‘t kruishout bonden, deele ik zijn pijn en smert
Mocht ik klagen al mijn dagen mocht ik met u smerten dragen, eer mijn sterfdag voorenviel
Mij bij ‘t kruis met u vereenen! met u sterven, met u weenen!is het wenschen mijner ziel
Maagd, der maagden roem en zegen! werk mij in dien wensch niet tegen; gun mij dat ik met u klaag.
Mochte ik eens in Christus’ wonden, zijn verborgen, zijn verslonden,’k ware in ruste: och, hoor mijn vraag!
Mocht ik Christus’ kruise dragen, hebben daarin mijn behagen, heel doordronken zijn, voortaan!
Dan zal Jezus mijns ontfermen, en Gij Maagd, zult mij beschermen, als ik zal voor ‘t oordeel staan.
Laat in Christus’ dood en lijden op dien dag mijn hert verblijden, herontwekken mijne jeugd.
En, als ‘t lichaam komt te sterven,laat mij dan voor eeuwig erven ‘s Hemels weergalooze vreugd. – Amen

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 https://www.stabatmater.info/dutch/  

Stabat Mater dolorosa
Iuxta crucem lacrimosa
Dum pendebat Filius

1

Debout, la Mère douloureuse

Au pied de la croix, en larmes

Où son enfant était suspendu

Cuius animam gementem
Contristatam et dolentem
Pertransivit gladius

2

Et dans son âme gémissante

Inconsolable, défaillante

Un glaive aigu s'enfonçait.

O quam tristis et afflicta
Fuit illa benedicta
Mater unigeniti!

3

O comme elle était affligée, anéantie

La mère bénie

Du fils de Dieu

Quae moerebat et dolebat,
Et tremebat cum videbat
(Pia Mater, dum videbat)
Nati poenas incliti

4

Elle gémissait et soupirait

Et tremblait lorsqu’elle voyait

Les souffrances infligées à son enfant

Quis est homo qui non fleret,
Christi Matrem si videret
In tanto supplicio?

5

Quel homme ne pleurerait pas

En voyant la mère de Dieu

Endurer un tel supplice ?

Quis non posset contristari,
Piam Matrem contemplari
Dolentem cum Filio?

6

Qui pourrait sans tristesse

Contempler la pieuse Mère

Souffrant avec son fils

Pro peccatis suae gentis
Vidit Iesum in tormentis,
Et flagellis subditum.

7

Pour toutes les fautes humaines

Elle vit Jésus livrés aux tourments

Et meurtri par les fouets

 

Vidit suum dulcem natum
Moriendo desolatum
Dum emisit spiritum

8

Elle vit son enfant si doux

En train de mourir dans la désolation

Et rendre son dernier souffle

Eia Mater, fons amoris
Me sentire vim doloris
Fac, ut tecum lugeam

9

O Mère, source d’amour

Fais-moi ressentir la violence de tes douleurs, Fais que je pleure avec toi

Fac, ut ardeat cor meum
In amando Christum Deum
Ut sibi complaceam

10

Fais que mon cœur s’embrase

D’amour pour le Christ mon Dieu

Afin que je puisse lui plaire

Sancta Mater, istud agas,
Crucifixi fige plagas
Cordi meo valide.

11

Exauce-moi, ô sainte Mère

Pose  les  plaies du Crucifié

Dans mon cœur, profondément

Tui nati vulnerati,
Tam dignati pro me pati,
Poenas mecum divide.

12

  De ton  Fils, couvert de plaies

Qui a tant souffert pour moi,

 Partage avec moi  les tourments

Fac me vere tecum flere,
(Fac me tecum, pie, flere)
Crucifixo condolere,
Donec ego vixero.

13

Laisse-moi pleurer comme toi auprès du Crucifié

Tant que je vivrai

Iuxta crucem tecum stare,
Te libenter sociare (Et me tibi sociare)
In planctu desidero

14

Laisse-moi me tenir auprès de la Croix et m’associer pleinement à ton deuil

Virgo virginum praeclara,
Mihi iam non sis amara
Fac me tecum plangere

15

Ô Vierge des vierges,

Ne sois pas amère avec moi

Laisse-moi pleurer avec toi

Fac, ut portem Christi mortem
Passionis eius sortem,
(Passionis fac consortem)
Et plagas recolere.

16

Fais que je puisse porter la mort du Christ, partager ses souffrances  Et vénérer ses  blessures

Fac me plagis vulnerari,
Cruce hac inebriari,
(Fac me cruce inebriari)
Ob amorem Filii
(Et cruore Filii)

17

 

Et que ses propres plaies me blessent

Et que la Croix me remplisse d’ivresse Par amour pour lui

Inflammatus et accensus
(Flammis ne urar succensus)
(Flammis orci ne succendar)
Per Te, Virgo, sim defensus
(Per Te, Virgo, fac, defendar)
In die iudicii.

18

Si je suis brûlé et consumé,

Par toi Ô Vierge que je sois défendu

Au jour du Jugement

 

 

Fac me cruce custodiri
(Fac me cruce sublevari)
Morte Christi praemuniri
(Morte Christi conservari)
Confoveri gratia
(Cumulari gratia)

19

Fais que la Croix me protège

Que la mort du Christ me prémunisse,

Et me remplisse de Grâce

Christe, cum sit hinc exire,
Da per Matrem me venire
Ad palmam victoriae

19a

Christ, quand le temps sera venu de quitter ce monde, donne-moi de venir auprès de toi  par la grâcede ta Mère et d’embrasser les palmes de la victoire 

Quando corpus morietur,
Fac, ut animae donetur
Paradisi gloria. Amen.

Sempiterna saecula.  

Et quand mourra mon corps

Accorde à mon âme la gloire du paradis. Amen Pour les siècles des siècles.  

https://www.stabatmater.info/french/

 

 

 

 

 

 

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Le premier MuCH Waterloo Festival, un bouquet de talents virtuoses.(I)

 

Jolie formule musicale de carpe diem : du 7 au 11 juin à Waterloo, on  pouvait  assister à pas mois de  38 concerts courts et variés en 5 lieux répartis dans  Waterloo et les alentours. Cela se  clôturait de manière  printanière et festive dans  le cadre bucolique et accueillant  des jardins d’Argenteuil, à  la Chapelle Musicale  Reine Elisabeth,  par une garden party, devenue  maintenant traditionnelle. Le premier MuCH Waterloo Festival, un bouquet de talents virtuoses.

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Le premier concert du festival auquel nous avons assisté est  le très émouvant Oratorio, The Creation, (Hob. XXI:2) - Die Schöpfung de J.Haydn, donné dans la belle acoustique de L’Eglise Saint-Joseph à Waterloo, le 8 juin dernier.  Cette oeuvre lumineuse symbolise l'incarnation de l'immense foi et gratitude de Haydn  envers son créateur.  En homme profondément religieux, Haydn  écrivit : « Je n'ai jamais été aussi dévoué que lorsque je composais La Création. Chaque jour je priais Dieu à genou afin qu'il me donne la force nécessaire pour cette œuvre ».  Première oeuvre de type cosmopolite, elle a été  écrite dès sa création pour être chantée en trois langues : allemand, anglais, français, anglais.  La création  française  eut lieu le 24 décembre 1800 à Paris. C'est ce jour-là qu'en se rendant à la représentation, Napoléon Bonaparte faillit être victime d'un attentat. 

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Bart Van Reyn dirige chœurs et orchestre : L’Octopus Choir et Le Concert d’Anvers avec des solistes de tout premier rang: Julia Szproch et Cécile Lastchenko, sopranos, Pawel Konik, baryton, Denzil Delaere, ténor et Bertrand Duby, basse.

Une oeuvre empreinte de mystère et de tendresse : « leise , leise… ». Voilà offerte toute la beauté du monde  chantée par  le tenor Hugo Hymas (GB) qui remplace Denzil Delaere, souffrant! Trois solistes représentent trois anges qui racontent et commentent les six jours de la création du monde selon la Genèse: Gabriel (soprano), Uriel (tenor) et Raphaël (basse). La nature est une cathédrale qui berce. L’ange Gabriel (Julia Szproch) chante avec puissance juvénile et souples vocalises, les  produits nourriciers de la terre et  l’innocence de la création. Sa voix charmeuse nantie d'une palette d’une très belle envergure fuse vers les hauteurs. Le chœur  fait preuve  une diction allemande remarquable et r enchante le public avec « Die Himmel erzählen die Ehre Gottes Und seine Hände Werk zeigt an das Firmament » Cette interprétation donne lieu à un dégagement d’énergie incroyable qui  inonde  les moindres recoins du lieu. Les étoiles de l’univers dansent avec jubilation. La musique  joue au télescope et sonde l’immensité.

La deuxième partie de l'oratorio  commence avec  la création des oiseaux. L'orchestre se livre aux plaisirs d'une musique  imitative.  Une véritable  nuée de voix s’envole vers le ciel, alors que  les violons répondent en écho à chaque appel. Les roucoulades des flûtes soulignent l’innocence du monde,  avant que ne s'élève la sombre voix du Seigneur  après son impressionnante création des monstres marins: « Seid fruchtbar ... » La basse - Bertrand Duby, - vous donne le frisson ! « Erfreut euch in euren Gott ! » Ce dernier mot  semble vibrer indéfiniment.

Le très beau récitatif n° 23 du ténor décrivant la création de l’homme à l’image du Seigneur  repose sur l’écrin délicat du  clavecin, celui des violoncelles ronronnant de plaisir accompagnés de bois aériens. Dieu lui-même est content ! La plénitude  envoûtante du  Terzett 25  remet en lumière l’exultation du chœur.

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Mais bien sûr c’est le duo très attendu du couple radieux d’Adam et Eve « Holde Gattin, dir zur Seite Der tauende Morgen »  qui donne  toute la dimension mystique de l'oeuvre, qu’ils remercient le créateur pour la  merveille de la création ou qu’ils se disent leur mutuel amour et admiration dans de superbes lignes mélodiques. Cécile Lastchenko, soprano et Pawel Konik, baryton sont absolument extraordinaires. Le public s'en trouve bouleversé.  «  O glucklich paar ! »

Le choeur semble bondir dans une éternité sublime : « Singt dem Herren alle Stimmen... Des Herren Ruhm, er bleibt in Ewigkeit! Amen! »  Ce dernier couplet rassemble sous la baguette fougueuse et créatrice de Bart Van Reyn toutes les énergies terrestres et spirituelles des Amen retentissants, exaltés et parfois acrobatiques.  C’est enfin un public transfiguré  par l’émotion engendrée par  cette  apaisante fresque narrative  de la création, qui a exprimé sa joie dans un  tonnerre prolongé de fervents applaudissements.

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http://opera.stanford.edu/iu/libretti/schoepf.htm 

http://musicchapel.org/event/much-waterloo-festival-5/ 

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administrateur théâtres

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« Tout ce qui ne me transporte pas me tue. Tout ce qui n’est pas l’amour se passe pour moi dans un autre monde, le monde des fantômes. Tout ce qui n’est pas l’amour se passe pour moi en rêve, et dans un rêve hideux. Entre une heure d’amour, et une autre heure d’amour, je fais celui qui vit, je m’avance comme un spectre, si on ne me soutenait pas je tomberais. Je ne redeviens homme que lorsque des bras me serrent ; lorsqu’ils se desserrent je me fais spectre à nouveau. »

La Mort qui fait le trottoir (Don Juan), Acte II, scène 4

Henry de Montherlant


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Un concert dans un auditoire ? Mais oui, cela nous parle et nous rajeunit!  Le concert « A Musical Feast » à l’auditoire des sciences de Louvain-La -Neuve est sold out, une assistance impatiente attend  que la fête musico-nomique  commence. Les papilles d’écoute se pourlèchent déjà même si les sièges sont un peu durs et les tablettes sans syllabus. Le programme conçu par Daniel Lipnik est une entreprise audacieuse. Il nous présente dans son splendide florilège, un périple  à travers les  correspondances : tout, pourvu que l’étreinte de la musique et de la poésie nous fasse oublier notre statut de mortels.  Ce programme regorge de poésie, d’humanité et de feu prométhéen. Les jeux de lumière pendant le concert et les applaudissements de  salle comblée en témoignent.

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 Des rubans de choristes  se placent sur le plateau exigu déjà occupé par les musiciens, enfin le chef d’orchestre, Daniel Lipnik, le sourire musical aux lèvres salue brièvement avant de lever sa baguette pour entraîner l’effectif très imposant du chœur, de l’orchestre et des solistes! Les premier rangs sont dans la proximité immédiate de la Res Musica, comme on ne l’a jamais été, les derniers rangs jouissent d’une vue de théâtre antique. Chaque pupitre est bien visible, les bois sont vifs et charmeurs, les violons enjoués et plein de bravoure dans une salle dont l’acoustique musicale n’est pas la raison première,  l’orchestration très contrastée, cohérente, ferme et joliment expressive. Les choristes déploient toute leur noblesse vocale dans leur voyage de l'ombre à la lumière.

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La pente des gradins est forte et le regard que l’on a sur les musiciens et les choristes donne déjà un certain vertige. Il y a aussi le vertige inhérent au programme qui promène l’auditeur de Virgile à Mozart, en passant par Purcell, Haendel, Gluck, Montherlant, Rimbaud : « Ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient… »  . L’antiquité et ses mythes tissent des liens indestructibles avec les grandes figures de la musique classique. Quatre solistes  de tout premier plan ont lié leur art musical avec ceux-ci - une histoire d’amour, finalement.

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 Daniel Lipnik, qui dirige depuis  plus de trente ans  La Badinerie, le chœur mixte de 90 choristes à Louvain-la-Neuve, s’est adjoint  le très beau timbre et la  voix  vertigineuse et fraîche  d’Aurélie Moreels, soprano. Remarquable dans la Reine de la Nuit! Elève de Marcel Vanaud, nous l’avions applaudie en jolie veuve de 20 ans dans  l’Amant jaloux de Grétry en 2013.  Elle chante sous la direction de Guy van Waas, Parick Davin et dans des salles prestigieuses : au palais des Beaux-Arts de Bruxelles, au théâtre  des Champs-Elysées, à l’Opéra Royal de Wallonie…

 La prestation de la  mezzo-soprano Anaïs Brullez a elle aussi, été remarquable et largement applaudie. C’est elle, le courageux Orphée et son lumineux désespoir,  dans  « Che faro senza Euridice ? » Elle se produit avec l’Opéra Royal de Wallonie, De Munt, le Chœur de Chambre de Namur, le Grand-Théâtre de Verviers, la Chapelle des Minimes, Le Petit Sablon Consort, le Festival de Wallonie, le Grand-Théâtre du Luxembourg…

L’humour s’est invité en force, avec le Baryton, Kris Belligh flanqué par un ténor malicieux, Michiel Haspeslagh. Son expérience en récital et oratorio comprend les Passions et la Messe en si de Bach, Le Messie, les Requiems de Mozart, Fauré et Brahms, le Stabat Mater et la Petite Messe Solennelle de Rossini, La Création de Haydn, Italienisches Liederbuch et Winterreise. Lors de cette soirée  à Louvain-La-Neuve, c’est sans doute son interprétation du Génie du froid dans le « King Arthur » de Purcell et son duo avec Aurélie Moreels « Al fin siam liberti, la ci darem la mano » du « Don Giovani » de Mozart qui auront été les plus acclamées. 

La Badinerie a enfin démontré ses grandes qualités musicales dans  son interprétation du « Dixit Dominus » de Haendel. Dans le « Kyrie » extrait du « Requiem » de Mozart, même les instrumentistes, pris par le vertige de la prestation et la profondeur de l’intériorité, et en particulier, Bernard Guiot au clavier,  accompagnaient de leur voix  dans un même élan de ferveur solidaire.

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Liens utiles:

http://www.labadinerie.be/

http://gdegives.wix.com/eclecticsingers#!mezzo-sopranes/cknc

  

     

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administrateur théâtres

Une des oeuvres majeures de la musique sacrée française du XIXème

Oratorio commandé à Théodore Dubois (1837-1924), maître de chapelle à l'Église Sainte-Clotilde à Paris pour le vendredi saint, « Les sept paroles du Christ » ont connu un vif succès à la fin du XIXe et au début du XXe siècle et sont  toujours chantées, aux États-Unis et au Canada aujourd'hui, spécialement pendant la Semaine sainte. Plutôt délaissé au XXe siècle, ce compositeur est l’auteur de plus de 500 œuvres de musique romantique française. Cet oratorio était dédié à l'abbé Jean-Gaspard Deguerry, curé de la Madeleine, fusillé en 1871 par les Fédérés à la prison de la Roquette. Théodore Dubois a assuré la direction du Conservatoire de Paris , de 1896 à 1905, succédant à Ambroise Thomas et précédant Gabriel Fauré.


Avec la permission de la famille, Anthony Vigneron, maître de chapelle à l’abbaye de la Cambre, a reconstitué suite à un long travail de 4 ans la version orchestrale originale de l’œuvre qu’il a présentée ce 10 mars 2016 à L’Abbaye de la Cambre, avec l’ensemble vocal de l’Abbaye de la Cambre et l’ORCW. La partition originale ayant disparu il a fallu reconstituer l’œuvre prévue pour « un quintette à cordes, une flûte, un hautbois, une clarinette, un basson, un cor, trois trombones, une harpe, une paire de timbales et l’orgue.»

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Une émotion palpable circule  dans l’église remplie d’un bout à l’autre, jusqu’au chœur. Dans l’assistance, les descendants du compositeur. Pour la première fois un petit fils écoute la musique réorchestrée de son arrière-grand-père: Francis et Pénélope sont venus exprès de Montpellier. Le concert s’ouvre sur les frémissements bienveillants du  "Pie Jesu" de Théodore Dubois pour chœur a cappella qui subjuguent l’assemblée et la plongent dans un climat de spiritualité intense. C’est alors qu’a lieu une dramatisation fracassante de l’oratorio en français sur le mode de la tragédie antique. Sombre et dramatique. Paroles cueillies aux quatre coins des Evangiles elles disent la trahison, la souffrance, l’infamie de la passion du Christ, l’injustice insupportable de ce que l’humain peut subir de pire. Le père Jacques t’Serstevens soulignera qu’à l’instar de la tradition orthodoxe, cette œuvre souligne que le Christ est aussi « Souverain de la miséricorde jusqu’à pardonner à ses bourreaux, ouvrir les portes du Paradis au larron, confier sa mère à son disciple, pardonner aux cœurs fermés par l’ignorance, traverser dans une espérance confiante le silence même de Dieu. »


Tout est consommé avant même les premières mesures de l’Oratorio, on est prêt pour l’écoute du texte latin enlacé à une orchestration riche, élégante et passionnée. Une entrée dans le Paradis. Les lignes mélodiques sont bien dessinées, la richesse des sonorités se déploient avec exaltation et grande générosité. Les divers instruments sont bien équilibrés, la harpe est divine, les cuivres ont des sonorités éclatantes et les effets des percussions sont cinématographiques. Lumineux et dramatique. Les cordes décrivent la lumière rayonnante. La soprane, Julie Calbète met toute sa nature spontanée au service de l’œuvre. Si elle articule sa douleur profonde devant la passion de Jésus, elle apparaît comme transfigurée par une joie intérieure, enchantée et vibrante de lumière. Aucun artifice, aucune vanité, elle a dénudé son âme dans ses phrasés naturels et fait briller l’espérance. Le chœur, composé de choristes professionnels, est immobile au fond du plateau et crie vengeance. Il fait œuvre de brutalité organisée. Sa haine et sa soif de sang sont tranchantes. Il exprime  la joie mauvaise de la puissance justicière, l'exultation vengeresse devant le bouc émissaire. Face au chœur, Marcel Vannaud, le baryton apparaît, comme le porte-voix du Seigneur Dieu, dans toute sa solidité et sa fragilité à la fois. Impressionnant de présence, de sérénité communicative, il est d’une justesse parfaite dans tous les registres de la compassion, il renvoie en continu une image apaisante de l’amour et de douceur infinie. Ce qu’il chante, c’est le projet et l’avènement d’un autre homme, capable de surmonter la haine.

L’assistance est exaltée par l’urgence d’une telle musique, traversée par l’énergie bouillonnante du chef d’orchestre qui fait œuvre de transmission dans tous les sens du terme. Anthony Vigneron se donne tout entier, non seulement à l’orchestre dans sa globalité mais à chacun en particulier, à chaque instrumentiste et à chaque chanteur. Chacun, dans l’assistance, reçoit personnellement un cadeau humain et spirituel inestimable. La toile musicale est en effet la plus infinie qu’il soit. On peut y lire l’indicible. La foule a changé de côté et de cap, elle applaudit à tout rompre et « Le cantique de Jean Racine » de Fauré donné en bis achève le programme sur le sourire intérieur dans le cœur de chaque participant à cette inoubliable soirée.

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440px-Bmr_41_theodore_dubois_musica.jpg?width=220Orchestre Royal de Chambre de Wallonie,
Ensemble Vocal de l’Abbaye de la Cambre
Anthony Vigneron, direction musicale
Julie Calbète, soprano
Ivan Goossens, ténor
Marcel Vanaud, baryton
Mathias Lecomte, Orgue

Concert organisé par l’A.S.B.L. « Les Grandes Heures de la Cambre »

Liens utiles :

http://www.theodoredubois.com/biographie

http://www.lesgrandesheures.be/

http://www.orcw.be/events/les-grandes-heures-de-la-cambre/

interview: http://www.rtbf.be/musiq3/emissions/detail_l-odyssee/accueil/article_anthony-vigneron-les-grandes-heures-de-la-cambre?id=9234635&programId=8774

Enregistrement par le Grand Chœur de Montréal: http://www.allmusic.com/album/th%c3%a9odore-dubois-les-sept-paroles-du-christ-mw0001847550

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6038284444f4336733be1035a03f25ffc6228491.jpeg« Rinaldo »  Oratorio en trois actes HWV 7a (1711) de Georg Friedrich Haendel
Livret de Giacomo Rossi, d’après « La Jérusalem délivrée » du Tasse

Avec  le pétulant Stefano Montanari à la direction de l’ensemble Il Pomo d’Oro. Avec les admirables solistes Franco Fagioli dans le rôle de Rinaldo,  Julia Lezhneva dans le rôle d'Almirena, Karina Gauvin dans le rôle d'Armide, Daria Telyatnikova dans le rôle de Geoffroy,  Andreas Wolf dans le rôle d'Argante, Terry Wey dans le rôle d'Eustache.

Sur le plateau, le public belge  a pu  découvrir Il Pomo d'Oro, un orchestre de musique classique créé en 2012, qui s’est produit à Paris, Londres, Lyon, Barcelone, Genève et qui a toujours eu vocation de travailler pour l'Opéra. Le petit orchestre rassemble une petite vingtaine de musiciens,  parmi les meilleurs du monde. Ils  travaillent sur instruments d'époque. Ensemble, ils forment un orchestre à l'immense exigence artistique, dans des répertoires extrêmement variés. Quel bonheur de les voir se produire ici, sur la scène du palais des Beaux-Arts de Bruxelles  pour interpréter une version concert de l’opéra  « Rinaldo ». Tout ce gratin de jeunes artistes fougueux et charismatiques, représente, corps et âme, autant de  personnifications d’Amour, Gloire et Beauté 

« Rinaldo » fut sans doute le plus grand succès d’Haendel de son vivant et fait désormais partie des  œuvres du musicien les plus représentées  au monde. « Rinaldo » est un événement considérable dans l’histoire de l’opéra en Angleterre, une œuvre  conçue  dès l’arrivée d’Haendel en Angleterre et qui connut dès sa création, un engouement sans précédent. Composé sur un livret reprenant l'épisode de Renaud et de la magicienne Armide, c’est un ouvrage réputé pour ses redoutables difficultés vocales. Mais pas seulement. L’orchestration sublime, nécessite une perception très fine de l’œuvre et une interprétation particulièrement vivante, qui met en relief fraîcheur et justesse,  loin de toute afféterie. Ce à quoi s’emploie avec brio, le malicieux Stefano Montanari. L’équilibre de l’ensemble  est cohérent et parfaitement organisé, et autorise des débordements d’humeur joyeuse ou parfois moqueuse même! Demandez au claveciniste !  90006997f47123a18e2d463f891cdefe.jpg  

 4f1e190b0df558a78ff2d305ba11e346735bb9ec.jpegL’intrigue simple et efficace est pleine d’une vitalité qui égaie agréablement  le public de la salle Henry le Bœuf. La soirée sera captivante.  C’est l'histoire de Goffredo (notre Godefroid de Bouillon), chef des Croisés chrétiens. Ce dernier promet au preux chevalier Rinaldo la main de sa ravissante fille Almirena en cas de conquête de la ville sainte, défendue par le roi Argante, général de l’armée sarrasine ennemie, et par la magicienne Armide, sa cruelle complice Almirena sera enlevée,  et Rinaldo parti à sa recherche, fait prisonnier. Argante tombe amoureux d’Alminera, Armide s’éprend du chevalier, les choses deviennent « compliquées ». La magie d’un  sage chrétien aidant, Goffredo et  son  compagnon d’armes Eustazzio retrouvent les traces des prisonniers, et les arrachent à leur sort.

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Les Croisés  remportent la victoire, tandis qu’Armide et Argante, réconciliés, acceptent leur défaite. La clémence magnanime pour les anciens ennemis transparait dans un final majestueux. Un vrai conte de fée, ou une histoire de super héros,  une histoire à rêver,  sur les thèmes ...d’« Amour, Gloire et Beauté ».

 

Quand le musical prime sur le visuel. La version de concert s’avère un excellent moyen d’explorer plus en profondeur le répertoire lyrique. L’absence d’appui de mise en scène met la musique tout à fait en valeur, puisqu’elle devient  seul centre de l’attention.

 Mais le sextuor fabuleux des  chanteurs de haute volée ne se prive pas de la dimension théâtrale dans les entrées, sorties, et postures dramatiques créées par le compositeur. Un public enthousiaste, s’amuse comme à l’opéra, dialogue avec les artistes par des bravi et des brava très bien placés, et l’on quitte la salle à reculons, après une telle fête de la musique, des chants d'oiseaux et de la félicité. 

 

Car le mot « cœur » reviendra sans cesse  comme un mantra dans cet opéra absolument cordial et généreux. Le cœur, siège du courage et de l’amour ou les deux faces d’un même concept d’humanité: pleine, vivante et digne. Une musique qui palpite d’un bout à l’autre et redonne à tous, du cœur à l’ouvrage! Une musique qui appelle à la miséricorde. L’ancien mot pour tolérance et paix.

 Production Théâtre des Champs-Elysées
Concert en italien, surtitré en français 

http://www.bozar.be/fr/activities/5680-il-pomo-d-oro ;

Le lundi 8 février à 20h00

au Palais des Beaux-Arts
23, rue Ravenstein
1000 Bruxelles
Tél. : 02/507.82.00

Liens: 

 Daria Telyatnikova http://www.bolshoi.ru/en/persons/opera/2526/

 Franco Fagioli http://www.franco-fagioli.info/vita-142.html

 Andreas Wolf http://www.andreas-wolf.info/

 Julia Lezhneva http://www.julialezhneva.com http://www.terrywey.com

 Karina Gauvin http://karinagauvin.com

 Terry Wey http://www.terrywey.com

 Il Pomo d'Oro http://www.concertsparisiens.fr/rubrique/detail_artiste/il-pomo-doro-riccardo-minasi.html?idArt=57

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administrateur théâtres

« Chiangia dolce moi Dio l’arco dell’Ira in Iride paciera ! »

 

Il Diluvio Universale: une œuvre courte et nue, sans bavardages, mais nimbée de grâce et de résonnance. Une divine allégorie à sens universel. Pas étonnant, nous sommes au cœur de l’église Saint-Loup à Namur et nous fêtons l’ouverture du Festival de Namur et ses 50 ans d’existence. Pas étonnant non plus, car nous sommes sous la houlette du jeune chef argentin   totalement inspiré: Leonardo Garcia Alarcon à la tête de sa Cappella Mediterranea et du fidèle Chœur de Chambre de Namur.

 

Il a exhumé un œuvre sicilienne, - partition oubliée, trésor englouti - d’un certain Michelangelo Falvetti. On sait  que celui-ci est né en 1642 dans la Calabre tout proche. Fort d'une excellente formation musicale et des nouveautés montéverdiennes, il connaît le style de Carissimi. Il est nommé Maître de Chapelle à la Cathédrale de Palerme, où il bénéficie du mécénat du vice-roi espagnol. Mais cinq ans avant la première exécution d' « Il Diluvio  Universale », la ville de Messine  est le centre d'une forte révolte fortement réprimée par le pouvoir central: suppression des droits et privilèges acquis de longue date, destructions des édifices publics, etc... Le retour à la paix est donc bienvenu après une pénible mise en quarantaine. On peut se douter que les thèmes de désobéissance, de punition divine et de rédemption, contés en musique devaient captiver l’auditoire. En effet Michelangelo Falvetti est devenu maître de chapelle à la Cathédrale de Messine où il décédera 10 ans plus tard, en 1692.

 

Le  mythe  du Déluge est universel et appartient à nombre de civilisations.  Dans la foi chrétienne, la  vengeance divine est toujours tempérée par une renaissance possible. L’eau comme le feu en sont les instruments ravageurs mais il y a toujours la promesse d’une nouvelle éclosion (Isaïe 6-13). Le titre de l’œuvre fera frémir certains, sensibles aux catastrophes écologiques annoncées. Il est vrai que cette notion de cataclysme global donne encore plus de force au message musical.  

 

Il Diluvio  n'est pas un oratorio – quoiqu'il en soit proche – ni un drame sacré. Il tient des deux. Falvetti l'a d'ailleurs nommé lui-même « dialogue ». Un dialogue entre Dieu et vous… Entre la partition d’un compositeur oublié et un directeur musical contemporain passionné de renaissances, entre un chœur de Namur sublime et des concertistes et solistes passionnés par l’aventure.  L’exquise Mariana Flores incarne Rad, l’épouse de Noé. Un dialogue à cinq voix entre Dame Nature, l’émouvante  Nature humaine (Caroline Weynants), Noé et Rad la famille rescapée de la colère divine, la Mort et Dieu. Et l’on tremble devant la musicalité et  la force créatrice de la composition, devant la théâtralité de la mise en scène, la sublime beauté des voix, la finesse des pupitres anciens (théorbes, harpe, violes de gambes, violoncelle, cornets, sacqueboutes et orgue) et surtout, l’humour et l’empathie des percussions.

 « No temo morte » assure Rad, la femme de Noé - elle a tout compris. Et le percussionniste livre un commentaire  émouvant, à la façon d’un chœur antique dans le chœur, des sons frappés ou humblement étouffés sur ce qui ressemble à une jarre de terre. Tout un mystérieux langage de signes. Remarquable aussi, cette prière duelle de confiance à Dieu chantée par le couple uni par l’amour. Le chœur se lève et répète la prière indéfiniment jusqu’à ce que Dieu parle, à la  tribune, une voix puissante venue d’en haut. C’est renversant.  Le duo enlacé de Noé et Rad confirme « temo ed adoro ». La voix d’or de  Fernando Guimares symbolise intensément à la fois la force et la fragilité humaine.  Il tenait le rôle de l’Orfeo au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en automne dernier.

 L’arrivée triomphale de la Mort (Matteo Belotto) ravie de la destruction de l’humanité  n’est pas moins impressionnante. Le déguisement, le maquillage, le sarcastique et les imprécations qui manient tous les registres vocaux font d’elle un personnage signé James Ensor. Dans l’église, tout le monde retient sa respiration après la tempête d’instruments qui s’arrête soudainement au bord du néant. Les tableaux musicaux d’une extrême richesse n’ont pas fini de se succéder. On retient particulièrement cette Nature humaine affligée (Caroline Weynants) qui soudain relève la tête et dont le chant est recueilli et encensé par un subtil jeu de tambourin virtuose* sans doute improvisé. La Sicile  a toujours été à la croisée des cultures.

Pour enchaîner, il y a  ces superbes modulations nostalgiques des cinq choristes qui semblent glisser en échos perpétuels pleurant « la Natura estinta ». On en a les larmes aux yeux. Séchons-les vite, car Noé et Rad supplient « Placati Dio di bonta…» L’Arc en Ciel soudain paraît, une œuvre de la Lumière Divine entonnée par  les voix féminines liquides de bonheur, répétées par les vents, enfin par  le chœur des hommes tout entier animé de feu céleste. C’est simplement prodigieux. Et le chœur final exulte ! Dans  son premier Bis Leonardo Garcia Alarcon  accompagnera le chœur en chantant lui-même les paroles magiques du glorieux : « Ecco L’Iride paciera ! ». Que chaque âme fidèle cueille les fruits de la Vie sur les belles branches de la paix ! Bouleversée, la salle entière est debout pour acclamer les artistes qui ont tout donné sous ces voûtes de pierres sacrées.

« Tutto nel mondo è burla » extrait de Fallstaff, dernier opéra de Verdi est le mot de la fin, un deuxième bis frénétique  en forme de tornade musicale  frénétiquement applaudie !

*Keyvan Chemirani, oudou, zarb et daf


 Mariana Flores, soprano – Rad, Fernando Guimares, ténor – Noé, Evelyn Ramirez Numoz, mezzo soprano - La Giustizia Divina, Fabian Schofrin, contre-ténor - La Morte, Matteo Belotto, basse – Dio, Amélie Renglet, soprano - L’Acqua, Caroline Weynants, soprano - La Natura Humana, Thibaut Lenaerts, ténor, Sergio Ladu basse 
 
 
 
 
 
 
 
Choeur de Chambre de Namur
Cappella Mediterranea
Leonardo García Alarcón, direction

Photos: courtesy of Stephane Dado (and Geneviève Gilson)

  

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administrateur théâtres

Collegium Vocale Gent

Weihnachtsoratorium - L'Oratorio de NOËL de JS Bach

Philippe Herreweghe direction - Dorothee Mields soprano - Damien Guillon alto - Thomas Hobbs ténor - Peter Kooij basse - Collegium Vocale Gent

Johann Sebastian Bach, Weihnachtsoratorium, BWV 248

En cette période festive, Philippe Herreweghe nous offre sa version de l’Oratorio de Noël. Qui aurait cru il y a trois siècles que les cantates écrites par Johann Sebastian Bach pour les offices de Noël à l’Épiphanie seraient un jour interprétées d’un seul tenant pour évoquer le récit de la Nativité ? Sur scène, le chef s’entoure comme à son habitude de solistes hors pair qui maîtrisent sur le bout des doigts la musique du Cantor.

La musique placée au centre du discours, comme langage émotionnel universel

Partition sacrée considérable du répertoire de JS Bach, l’Oratorio de Noël constitue un ensemble cohérent en six parties. D’une durée de près de deux heures et demie cette fresque couvre l’espace des six jours les plus importants de la période de Noël à L’Epiphanie. Les textes sont principalement tirés des évangiles de Saint Luc (Cantates I à IV) et Saint Mathieu (Cantates V et VI). Le récit de l’Evangéliste (Thomas Hobbs) s’accompagne de chorals (chants d’assemblée, selon la tradition luthérienne) et de textes de libre inspiration que constituent les arias, duos et autres formes libres qui commentent l’action. Le lieu de prédilection de la célébration musicale d’un opéra sacré est bien sûr l’église ou la cathédrale. Cela a sa raison d’être. Ce soir, c’est aux Beaux-arts de Bruxelles devant une salle comble que cela se passe. Pour Luther, « la musique seule mérite d’être célébrée après la parole de Dieu. […] Que l’on veuille réconforter ceux qui sont tristes ou bien effrayer ceux qui sont joyeux, rendre courage aux désespérés, fléchir les orgueilleux, apaiser les amoureux, adoucir ceux qui haïssent, […] que pourrait-on trouver de mieux que la musique ? » A méditer.

Philippe van Herreweghe et le Collegium Vocale Gent ont en effet magnifiquement tenu ce rôle. Ensemble, chef d’orchestre, chœur et orchestre, mus par le feu sacré, ont eu à cœur de faire croire au message de l’Oratorio de Noël. Ce, en dépit des réactions très frustrantes d’un public sans-gêne, atteint sans doute de toutes les maladies respiratoires possibles et profitant de la moindre pause pour s’exprimer bruyamment sous forme de raclements et autres quintes fort peu musicales. Pour se faire entendre dans l’enregistrement de Klara? Le silence aurait été pourtant plus propice à la belle méditation musicale mise en scène par Philippe Herreweghe.

Et comment ne pas être comblé par le haut niveau de virtuosité de ce concert, son intonation parfaite et sa simplicité apparente. Philippe Van Herreweghe nous a offert la limpidité du message, en toute discrétion. Il dirige en effet du bout des doigts et des yeux, avec des gestes à peine amorcés, saisi lui-même d’humilité, devant la musique de Bach. C’est cela le mystère.  Et si le rôle d’acteur de la foi était au centre des préoccupations de Bach, Philippe Van Herreweghe  en joue admirablement le jeu. L’agencement sonore qu’il suscite entre le texte et la musique est un mystère en soi. Et le mystère interpelle, sans rien d’orgueilleux ou de fracassant, c’est ce qui peut-être a manqué aux agités de la toux compulsive.

Dans les arias sublimes et certains duos, on est au cœur de l’intériorité. Avec la basse (Peter Kooij ) « Herr, dein Mitleid, dein Erbarmen tröstet uns  und macht uns frei ! » On plonge dans l’intime et profonde piété individuelle. La soprane Dorothee Mields , dont le visage et la voix sont illuminés de vérité en est un exemple frappant. La légèreté de l’être ? La profondeur de la foi ? Soulignée par la violoncelliste omniprésente  touchée par la joie. Mais aussi Damien Guillon, l’alto qui égrène ses accents magiques au gré des récitatifs et des arias. Il y a ce passage d’émotion pure dans un aria de la Soprane  où l’être humain oscille entre le « nein » et le « ja » de façon étonnamment poétique et convaincante. On ne sait d’ailleurs plus très bien où est la voix humaine et celle du hautbois. Il y a comme un jeu d’échos surnaturels… Le texte de l’Evangéliste (Thomas Hobbs) s’écoute avec un intérêt croissant, les airs sont répétés deux fois avec bien souvent comme noyau central une méditation instrumentale appropriée. Tour à tour c’est l’orchestre au complet, les flûtes, les trompettes, les hautbois, des violons en duo enjoué, les cors qui inspirent le recueillement et provoquent la surprise et l’enchantement musical. Le discours et l’émotion suscitée par la musique adhèrent toujours parfaitement l’un à l’autre. Le contrepoint convoque l’harmonie. On est en présence de la perfection.

Cette prestation épurée, aux forces vocales et instrumentales peu tapageuses, a mis en lumière des prouesses vocales qui semblaient naturelles et des solos instrumentaux qui ont fait jaillir la lumière faite musique, pour les dieux et les hommes. La fraîcheur authentique était le commun dénominateur des solistes et du chœur. Un chœur vibrant et clair qui évoque l’enthousiasme des bergers, la douceur de Marie, le nom de « Jesulein Immanuel », la glorieuse quête des rois mages, la haine hypocrite et sanguinaire d’Hérode, la conquête de la Mort. Tout est là, ciselé pour longtemps dans le cœur du spectateur qui veut lui aussi jouer le jeu. Pourvu qu’il réponde à l’invitation au questionnement personnel, au voyage spirituel et à l’appel de la musique sacrée.

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administrateur théâtres

 

« How dark, ô Lord, are thy decrees… Seigneur, qu’ils sont obscurs tes commandements… »

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                                                 Georg Friedrich Händel

JEPHTHA
(1752)

An Oratorio; or Sacred Drama

Words by Thomas Morell

DRAMATIS PERSONAE

Jephtha (tenor)

Iphis, his Dauhghter (soprano)

Storgè , his Wife (mezzo-soprano)

Zebul, his Brother (bass)

Hamor, in love with Iphis (alto)

Angel (soprano)

                                                                                             Nous avons reçu le meilleur de William Christie et les Arts Florissants dans une œuvre sublime de G F Haendel, merveilleusement habitée,  hier soir aux Beaux-Arts de Bruxelles.

Le modelé, les couleurs et le souffle de l’orchestre qui joue sur des instruments anciens était un ravissement pour l’oreille. Le choix de solistes d’exception avait tout pour plaire. Pas étonnant alors que cette exécution magistrale  ait donné lieu à une ovation debout par un public enthousiaste et comblé.  Il s’agissait du dernier oratorio du prince de la musique anglaise: Jephta. Le thème principal est la soumission de l’homme à sa destinée.  « Whatever is, is right. »  

 

L’histoire est émouvante. C’est le sacrifice d’Abraham en version féminine. L’histoire figure dans l’Ancien Testament, Livre des Juges chapitre 11. Thomas Morel, le librettiste invente de nouveaux personnages, ajoute une histoire d’amour et adoucit le sanglant dénouement en consacrant la vierge prête au sacrifice, à Jehovah pour qu’elle le serve dans la pureté et la félicité et qu’ainsi sa vie soit épargnée. L’histoire repose donc sur le vœu imprudent de Jephta, qui, en échange de la victoire contre les Ammonites impies, sacrifierait la première personne croisant son regard au retour de la guerre. Hélas cette personne n’est rien moins que sa fille, Iphis (Iphigénie ?),  la fiancée d’ Hamor, son vaillant fiancé qui a accompagné Jephta à la guerre. L’ouverture à la française aux rythmes pointés et enjoués puis au caractère solennel nous emporte dans l’univers biblique avec majesté. Jephta chante : « God shall make me great ! » et les instruments d’acquiescer. Il a de la stature et du phrasé, ce demi-frère bâtard de Zebul, grand Juge des Israélites de Galaad soumis aux idolâtries des Ammonites.  Storgé, cette mère attendrissante et emplie de sagesse visionnaire,  est inquiète : la paix est délaissée. Elle dialogue tout en nuances, avec finesse et émotion avec la flûte traversière… un personnage en soi, tout au long du concert. Elle module avec gravité : « Scenes of horror, scenes of woe, Rising from the shades below, Add new terror to the night » Impuissante, elle attend « le retour à la liberté et à l’amour ».

 

 Mais le véritable sens dramatique du compositeur éclate dans les parties chorales. Surtout dans les phrases méditatives du chœur qui aborde des tonalités, des rythmes et des musicalités très différentes, véritables vecteurs de sentiments.  Chaque intervention fait avancer l’intrigue, permet de palper mieux l’ampleur des enjeux. Ce qui distingue, dit-on, l’opéra de l’oratorio, c’est  la présence du chœur rendant l’action scénique difficile, mais le charisme qu’il dégage se suffit à en faire un personnage à part entière dont on attend chaque fois  l’intervention avec émotion.  On a eu l’impression hier soir  que le chœur était composé d’autant de solistes tant la voix de chacun fabriquait une masse chorale puissante, ciselée et multiple. Ils n’étaient que 25.  De magnifiques morceaux très évocateurs nous restent fichés dans  l’esprit et dans le cœur.

Acte 1 , scène 4 :

O God, behold our sore distress,
Omnipotent to plague or bless!.

 Acte 2, scène 2 :

 In glory high, in might serene,
He sees, moves all, unmov'd, unseen.
His mighty arm, with sudden blow
Dispers'd and quell'd the haughty foe. 

 Acte 2 scène 4 :

How dark, O Lord, are Thy decrees,
All hid from mortal sight,
All our joys to sorrow turning,
And our triumphs into mourning,
As the night succeeds the day.
No certain bliss,
No solid peace,
We mortals know
On earth below,
Yet on this maxim still obey:
"Whatever is, is right."  

 

Le public est bouleversé. Mais revenons au  moment fatal, au moment terrible où Jephta, bien que, paralysé par la douleur de perdre sa fille prend sa décision inébranlable en phrases lapidaires, muettes de souffrance.

Acte 2 scène 3: 

Zebul
Oh, spare your daughter,

Storgè
Spare my child,

Hamor
My love!

Jephtha
Recorded stands my vow in Heav'n above.

Storgè
Recall the impious vow, ere 'tis too late.

Jephtha
I'll hear no more, her doom is fix'd as fate!

 

L’aria du père éprouvé sera déchirant lorsque s’ouvre le troisième acte  sur ses regrets éperdus :

 «Hide thou thy hated beams, O sun, in clouds
And darkness, deep as is a father's woe;
A father, off'ring up his only child
In vow'd return for victory and peace».

Iphis est toute sensibilité, pureté de voix et harmonie. L’adieu à la vie de la jeune vierge sacrifiée qui obéit au ciel nous arrache des larmes: «Farewell, ye limpid springs and floods,Ye flow'ry meads and leafy woods …» Shakespeare ou Haendel?  De la musique dans les deux cas. Elle sera sauvée par un ange à la voix radieuse, détachée l’espace d’un instant, de ce chœur fabuleux, après une petite symphonie instrumentale en ré majeur. Celle-ci, annonciatrice de bonheur, vibre de vivacité et de délicatesse. Ce sera  du Haendel exaltant quand à la fin, se seront ajoutées les trompettes de l’allégresse pour célébrer  une véritable ode à la joie: “Rejoice!”. Même le pauvre fiancé est d’accord : « Duteous to almighty pow'r, Still my Iphis I'll adore. » Et le choeur  de conclure: “So are they blessed who fear the Lord. Amen. Hallelujah. »

Les Arts Florissants

Dimanche 20.11.2011 20:00   Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

William Christie direction - Katherine Watson Iphis (soprano) - Rachel Redmond L'Ange (soprano) - Kristina Hammarström Storgè (contralto) - David DQ Lee Hamor (contre-ténor) - Kurt Streit Jephtha (ténor) - Neal Davies Zebul (baryton-basse) - Les Arts Florissants

Georg Friedrich Händel, Jephtha, HWV 70

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=11020&selectiondate=2011-11-20

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