Dernièrement a eu lieu un festival européen au cœur de l’Europe, le festival EuropArt. « Si tu veux devenir international chante ton pays…! c’est Beethoven qui le dit ! Et le fondateur de ce festival, c’est … Guillaume Grignard, pianiste, détenteur d'un master en science politique, Directeur Artistique du festival EuropArt, fondateur de Musique en Liberté ASBL, actuellement aspirant chercheur FNRS dans le domaine des sciences politiques.
Pianiste né en 1987, Guillaume Grignard est diplômé du Koninklijk Conservatorium Brussel, dans la classe de Piet Kuijken. Il s’est formé avec de nombreux pédagogues réputés comme Roberte Mamou, André de Groote ou Jan Vermeulen. Il est également diplômé de l’académie de musique de Péruwelz où il obtient plusieurs distinctions comme élève le plus méritant de son académie. Enfin, il s’est distingué dans certains concours en étant notamment lauréat du concours Charlier. Passionné par le répertoire de musique de chambre, il s’est formé auprès de la violoncelliste Vivianne Spanoghe et du pianiste Thomas Dieltjens. Avec ses partenaires, il s’est produit régulièrement en concert en Belgique et en France. Parallèlement à cela, Guillaume Grignard s’intéresse à l’improvisation. Dès l’âge de douze ans il exécute ses premières compositions et au conservatoire il a pu se perfectionner avec Helmut de Bakker et Boyan Vodenicharov, ce qui a considérablement élargi ses compétences en la matière. Esprit bouillonnant et superactif, Actuellement, Guillaume Grignard est aspirant chercheur FNRS en science politique…
La vocation de ce festival européen est de convoquer des jeunes artistes des quatre coins de notre belle Europe et de constituer une Europe musicale. Les pièces de concert ont un dénominateur commun, être moins connues du grand public et représenter un pays qui nous est moins connu.
Le 3 mars dernier, au concert d’ouverture de la 7e édition de ce festival EuropArt, c’était la république tchèque, la France et l’Allemagne qui étaient au rendez-vous au Musée des instruments de Musique. Ensuite Autriche, Bulgarie Pologne se retrouvaient à l’abbaye de Forêt. 22 autres pays ont été représentés sur différentes scènes bruxelloises. Le 8 mars dernier, le théâtre Mercelis accueillait le jeune Florian Noack, piano, et le Quartz Ensemble, un quintet à vents qui fête ses 26 ans.
Au programme:
Carl Nielsen (1865-1931) : Quintette à vent (1922)
Blaž Pucihar (1977) : Prima Sonata pour flûte et piano (2003)
Georges Enescu (1881-1955) : Cantabile et presto pour flûte et piano (1904)
Francis Poulenc (1899-1963) : Trio pour piano, hautbois et basson (1926)
Francis Poulenc (1899-1963) : Sonate pour deux clarinettes (1918)
Francis Poulenc (1899-1963) : Sextuor pour piano et quintette à vent (1932)
Le Quintette à vent, op 43 de Carl Nielsen (1922) pour flûte, hautbois, clarinette, cor et basson donné en ouverture du concert a été une découverte. Une œuvre sereine et paisible où s’enchainent 11 variations sur un même thème. On est frappés par des sonorités rutilantes, un cor et un basson généreux, une clarinette primesautière, de beaux duos, des rythmes de violons invisibles gonflés de rires. La clarinettiste nous offre d’ailleurs quelques gloussements farceurs. Le thème fait penser à une marche accablante sous le soleil, remplacé furtivement par des balbutiements futiles de la clarinette, puis des sarcasmes excentriques, sur tempo pressé, puis se reconstitue en toute sérénité à la fin du morceau.
Partons à la découverte de la première Sonate pour flûte et piano de Blaz Pucihar (1977). Florian Noack démarre sur un rythme jazzy, le spectateur est tout de suite fasciné par son jeu de mains sublime. La flûte est toujours aussi farceuse, Notes et trilles acides, douceur et badinerie, Florian Noack fait résonner son instrument. Le Cantabile et presto pour flûte et piano de Georges Enescu,(1881-1955) enflamme le pianiste, entre l’ardeur d’une narration et la douceur d’une romance. Les mélanges de sonorités avec la flûte se produisent: ces moments de fusion rares où l’oreille est séduite mais ne connait plus la source… Après la pause c’est Francis Poulenc (1899-1963) qui tient l’affiche.
Le trio pour hautbois basson et piano est enjoué, bienveillant et élastique. On passe d’une ample rêverie à des rythmes de films muets bourrés d’humour. Les dialogues sont moelleux, « Deux n’étions et n’avions qu’un cœur… ! » avec des développements mélodiques plein d’esprit. Florian scande la musique avec grande complicité, il a l’humilité nécessaire de l’accompagnateur qui encadre sans écraser. On se laisse gagner par l’émotion si généreusement partagée. Après: La sonate pour deux clarinettes de Poulenc, sorte de parade aviaire décontractée, dont on écoute les hululements nocturnes les yeux fermés.
Ce concert se referme sur Le Sextuor pour piano, flûte, hautbois, clarinette, basson et cor, ( 1932). Rivalité de sautillements et de torpeurs langoureuses, les instruments diffusent fumées et alcools, le pianiste fait naître des notes innocentes avant que la partition ne plonge dans une effervescence libre de toute contrainte. C’est ludique en diable. Le pianiste ne fait qu’appuyer les vents, se distingue à peine par quelques notes, un glas déguisé, une nostalgie… Un être est solitaire quelque part et pleure en silence. En musique, les larmes sont belles et pourtant, pas un violon à l’horizon !
Et puis, un bis d’adieu, pur élixir de romantisme sous les doigts de Florian Noack: le Nocturno de Vadim Petrov, qu’il joue le sourire aux lèvres… et dont il respire le rythme. Nous voilà au coucher de soleil, à Prague, sur le pont Charles? Ah! Le charme des villes européennes et leurs musiques!
Florian Noack, piano - Ensemble Quartz
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