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soprano (2)

administrateur théâtres

L'imprésario de Smyrne au Théâtre Royal du Parc

« Scènes de la vie d'opéra »

de Carlo Goldoni , L’imprésario de Smyrne 1759 :

 

19.01 > 17.02.2024

 

Avec une distribution éblouissante de vitalité et de férocité devant une salle comble au théâtre du Parc, cette pièce sans concessions de Carlo Goldoni jouée à L'Aula Magna de Louvain-la-Neuve en septembre dernier a recueilli des applaudissements   passionnés.  Dans cette pièce du 18e siècle, Goldoni déterre les racines du théâtre comique et met à jour les travers de l’homme et de la société.  Il faut saluer l’adresse et l’intelligence de ce dramaturge subversif qui continue à plaire jusqu’à nos jours, dans son jeu fatal et splendide d’inexorables touchés-coulés.

 

C’est que le Molière italien se moque du tout Venise, des grands, des puissants, des hypocrites et des gens sans cœur.  Ainsi le metteur en scène travaille à coups de masques blancs brossés au plâtre sur des visages aux bouches de clowns. Comédiens, chanteuses lyriques et ensemble baroque sont tous, de noir habillé pour faire une fois pour toutes le deuil du bon, du beau et du vrai en Majuscules. Ni couleurs, ni nuances, l’image que nous recevons du monde des grands interprètes de l’opéra est celle d’une bande de fausses divas insatiables, qu’ils soient hommes ou femmes, tous, gredins avides et sans conscience. Peu importe le genre ou le sexe, orgueilleux en diable, ils sont pris d’une incroyable frénésie de survie dans leur course au cachet. Car c'est par-dessus tout, l'argent qu'ils convoitent et accessoirement, la renommée. S'ils avaient du cœur, le voilà désormais fibre inutile et desséchée.

 

Goldoni mène dans un rythme affolant une descente aux enfers où l’autre n’existe pas. C’est intense et - en version comique - aussi dur que celle de l’auteur américain… dans « They shoot horses, don’t they ? » Le marathon est désespéré et iconoclaste. Furieusement théâtral.

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Laurent Pelly, metteur en scène de théâtre et d’opéra sert au public interloqué, un chef-d’œuvre d’hypocrisie, de trahisons, d’égoïsmes suraigus, bref, une entretuerie sans merci, dans un monde qui chavire avec ce plateau désertique et son cadre doré de guingois. On est bien sûr aux antipodes de la solidarité, plongés dans l’horreur du sauve qui peut. Les bêtes d’opéra sont prises comme dans un laboratoire qui semble dire que tous les milieux se prêteraient bien à l’exercice ! C’est brillant, incisif, divertissant et amer. Parfait pour les amateurs de roquette : vivifiant et vitaminé, question de réveiller les esprits endormis par la routine et le confort.

 

Bien sûr dans cette course haletante pas la moindre paillette de bonheur, ni de rêves poétiques, encore moins d’amour, mais une vision du monde acéré de Darwin : « Eat or be eaten » Mensonge, perfidie, tout est bon aux arrivistes qui veulent percer dans ce monde travesti. On assiste à une amplification particulièrement satirique et grinçante de la phrase de Shakespeare : « the world is a stage ». Et c’est tellement drôle !

 Par ailleurs, on pourrait se demander si les dieux s’amusent là-haut des travers humains ou si c’est le Dieu Argent lui-même qui est descendu sur le plateau blanc, glissant et bancal pour procéder à son savant jeu de massacres. Dans cette Venise fière, riche et tourbillonnante mais en perdition, chaque humain semble perdre pied pour être pris inexorablement dans la plus dangereuse des danses macabres.

 

Alors, on se laisse très vite gagner par la magie théâtrale du grand guignol mondain si bien mené. C’est la jubilation devant le jeu impeccable des comédiens, le mystère des gondoles invisibles qui débarquent un à un les protagonistes dans l’enfer blanc du plateau, et ces les voix admirables des chanteurs lyriques. Bref, la communion avec les artistes vivants s’installe, et le rire, baume universel des plaies du monde. Et puis la grâce est là, avec ce magnifique trio de musiciens, presque caché aux yeux du public , qui soutient sans relâche les pages du drame cruel avec une ferveur obstinée. Avec la célèbre soprano Natalie Dessay, on gardait ceci pour la fin.

 L’harmonie retrouvée ? Un ressourcement infini : la Musique.

 

Dominique-Hélène Lemaire,Deashelle pour Arts et Lettres

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Au Théâtre Royal du Parc
Rue de la Loi 3,
1000 Bruxelles
+32 2 505 30 30

 

*crédit photos: Dominique Breda

A partir de L’Impresario de Smyrne (1759) et du Théâtre Comique (1750) de Carlo GOLDONI.


Par l’un des plus talentueux metteurs en scène de sa génération, Laurent Pelly.

Avec la grande chanteuse d’opéra et comédienne Natalie Dessay

Distribution :
Natalie Dessay : Tognina, chanteuse vénitienne
Julie Mossay : Annina, chanteuse bolognaise
Eddy Letexier : Ali, marchand de Smyrne et Nibio, impresario
Thomas Condemine : Carluccio, ténor
Cyril Collet : Le Comte Lasca, ami des chanteuses
Antoine Minne : Maccario, pauvre et mauvais poète dramatique
Jeanne Piponnier : Lucrezia, chanteuse bolognaise
En alternance Raphaël Bremard et Damien Bigourdan : Pasqualino, ténor
Musiciens : Louise Acabo (clavecin), Octavie Dostaler-Lalonde et Arthur Cambreling en alternance (violoncelle), Ugo Gianotti et Paul Monteiro en alternance (violon)

Mise en scène et costumes Laurent Pelly
Traduction et adaptation Agathe Mélinand
Scénographie Laurent Pelly et Matthieu Delcourt
Création lumière Michel Le Borgne
Assistanat à la mise en scène Laurie Degand
Création sonore Aline Loustalot
Réalisation costumes Julie Nowak, assistée de Manon Bruffaerts, Jeanne Dussenne et de l’atelier du Théâtre de Liège
La pièce est publiée dans la traduction française d’Agathe Mélinand par L’Avant-scène théâtre.

 

 

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A deux pas du huit mars, nous avons eu la chance d’assister dimanche à un ravissant concert  100% féminin, à part le tourneur de pages : Jean-Pierre Moemaersancien professeur d'accompagnement  d’Eliane Reyes.

 Nous sommes dans le cadre des « salons de la mélodie » à la chapelle de Boondael. Ce salon musical  a été  créé par Jean-Pierre Moemaers et Sébastien Romignon Ercolini  dans le but  de faire revivre à Ixelles le temps où des  hommes et femmes de lettres et mélomanes éclairés,  recevaient chez eux en privé au cœur de leur salon, les artistes du moment, leur permettant ainsi de faire découvrir à leurs amis les beautés connues ou  méconnues du répertoire intemporel de la mélodie et du Lied.   «Les salons de la mélodie»  permettent à un public moderne  toujours plus enthousiaste de venir apprécier  ces intimes instants si précieux de la musique de chambre.

Une clé magique pour entrer dans l’univers musical proposé cette après-midi  a été la fameuse Fantaisie en Ré mineur de W.A.Mozart joué avec une intensité et une tendresse sans borne par Eliane Reyes, qui nous a mis les larmes aux yeux.  Tour à tour soliste (Brahms,  Chopin)  et accompagnatrice de choix de la soprano Cécile Lastchenko, elle  et se donne au public avec  ardeur et s'efface devant la chanteuse dont la voix sonne à la perfection et dont la diction irréprochable, quelle que soit la langue, reste  toujours claire et bien articulée.      12273276067?profile=original Cécile Lastchenko, cette  jeune artiste pleinement chaleureuse, débordante d’énergie,  irradie la joie de la musique de façon lumineuse et engagée.  On l'a vu hypnotiser un public ébloui, dans la production  très remarquée à  l’Opéra de Liège de « La favorite » et aussi  lors de  ce   concert de prestige  du 7 décembre dernier à Flagey,  assuré  par des   jeunes chanteurs de la Chapelle Musicale Reine Élisabeth . Accompagnés par l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, les artistes proposaient  un concert autour des duos qui ont façonné l’histoire de l’Opéra. La soprano Cécile Lastchenko  fut déjà très remarquée. Elle vient  maintenant d’être  sélectionnée ainsi que 5 autres artistes de la Chapelle  parmi 312 candidats de 22 nationalités différentes comme candidate au Concours Reine Elisabeth, dont  la première épreuve aura lieu le 1 et 2 mai prochains à Flagey.

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Charme et Féminité

Dans le concert donné cette après-midi où l’émotion était à fleur de peau,   sa voix d’une superbe maturité a mobilisé une incroyable palette des sentiments dans une maîtrise de la théâtralité très bien menée et à travers un programme très éclectique.

 

MOZART – Fantaisie en Ré mineur

  1. BRITTEN – Les Illuminations (« Royauté »« Villes »)

RAVEL – Shéhérazade  ‘« Flûte enchantée »

  1. MAHLER – Das Knaben Wunderhorn « Das irdische Leben » 3’

BRAHMS – Intermezzo op. 118 N°2

  1. BRITTEN – The Turn of the Screw « How beautiful it is » (The Governess)
  2. DEBUSSY – L’enfant Prodigue « Azaël, pourquoi m’as-tu quittée ? » (Lia)


CHOPIN – Fantaisie impromptue 

  1. ABSIL – Trois poèmes de Klingsor « Chanson du chat » « Ma mère l’Oye »« Où le coq a-t-il la plume ? »
  2. SHOSTAKOVITCH – Satires « Kreutzer Sonata »
  3. GERSHWIN – Porgy and Bess « Summertime » 2’12273276291?profile=original

  Son tempérament dramatique  manie aussi bien le sarcasme que le désir romantique, la douleur et le désespoir,  que la satire et le surréalisme. Mais avant tout, elle  ne cesse de faire preuve de profondeur, elle touche la fibre la plus intime, berce l’imagination, se doublant d’une bienfaisante conteuse pleine d’humour. La générosité est  d’ailleurs un  point de  fusion musicale entre les deux femmes : la pianiste Eliane Reyes l’accompagne  en effet avec un mélange de discrétion et de  connivence affirmée.  Élans maternels fusionnés, entre  voix et  clavier ? Ensemble elles semblent vouloir diffuser la force de l’instinct de vie, le choix lumineux que l’on peut faire de celui-ci, en opposition avec le monde parfois désincarné et surréaliste qui nous entoure.  Toutes deux représentent la force de l’espoir et de la transmission,  la foi en l’humanité jamais abandonnée.  Ensemble, elles incarnent  un rêve de paix et de  désarmante compassion à travers une resplendissante… féminité.

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http://www.lessalonsdelamelodie.com/Avec le soutien de Mme Dominique Dufourny, Bourgmestre; Yves de Jonghe d'Ardoye, Député honoraire - Échevin de la Culture et des membres du Collège des Bourgmestre et Échevins d'Ixelles  http://www.eliane-reyes.com/agenda/

http://www.cecilelastchenko.com/  

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