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tolérance (8)

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Ars in Cathedrali 27/12/2018 Concert de Noël

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Pureté exquise des voix, présence chorale, musicalité, tendresse, complicité, réflexion… Immersion dans l’enchantement de Noël

La puissance dramatique, la ferveur, la contemplation mystique voluptueuse ont rendez-vous avec les anges de la cathédrale. Une estrade, dressée au centre du transept, juste en dessous des grandes orgues accueille les douze interprètes de « L’Ensemble Vocal de l’Abbaye la Cambre »  et leur chef, Anthony Vigneron,  brassant l’espoir et la lumière,  présence dans les moindres interstices musicaux. L’architecture et l’acoustique de la cathédrale favorise l’envol des voix et les résonances des orgues. C’est  l’amour entre des interprètes et celui qui les dirige,  qui déborde et inonde une assemblée prise par l’enchantement de Noël.




Entre chaque chant, les textes sobres et profonds de Christian Merveille font mouche, invitant à la méditation sur l’histoire de la nativité, sur la condition humaine. Chaque naissance n’est-elle pas une promesse?   Le conteur invite à prendre conscience des silences habités, de l’invisible qui soudain devient tangible, de l’infini relié par les mots et de la présence, du souffle, du Verbe.  Il nous invite à  nous laisser transformer, humblement,  par les mots,  la musique, ce temps de grâce qui enveloppe l’assemblée.

L’ouverture du concert  qui  a débuté par un murmure,  le  « Calme des nuits » de Camille Saint-Saëns (1835-1921)  nous plonge dans le mystère «  bien plus vaste que les jours ». Chanter «  est un manière d’être au monde…» Cela nous aide à retrouver l’enfant, l’être primordial qui est en nous. Celui qui est au cœur du texte « En prière » de Gabriel Fauré. (1845-1924)

Répands sur nous le feu de Ta grâce puissante ;

Que tout l’enfer fuie au son de Ta voix ;

Dissipe le sommeil d’une âme languissante

Qui la conduit à l’oubli de Tes lois !

Anthony Vigneron embrasse l’air, souffle  le vent,  distille la  musicalité comme s’il conduisait un bateau ivre. Il est jeune passionné de musique romantique française et allemande. Il détrousse aussi les partitions perdues. L’ « Ave Maria » de Martial Caillebotte est l’une de ces œuvres perdues ou  oubliées dont il ressuscite la beauté, l’énergie et la ferveur.

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L’organiste, Xavier Deprez, que l’on peut voir à l’œuvre sur un grand écran tout au long de la soirée, peuple la soirée de morceaux méditatifs, comme pour ponctuer le propos de Christian Merveille. On le voit pétrir avec exaltation l’harmonisation  du compositeur belge François-Auguste Gevaert (1828-1928) de la pièce « Le message des anges ». Et comme dans nos antiques campagnes, voilà l’assemblée invitée par Anthony Vigneron à se joindre au refrain dans un immense sentiment de renouveau et de réveil de rites oubliés.

François-Auguste Gevaert reviendra encore après la pause avec «Les trois rois » et « Entre le bœuf et l’âne gris » deux noëls harmonisés par ses soins. Le transcendant est dans la douce brise de la musique qui flotte sous les voûtes séculaires. « O Beata mater » d’August De Boeck (1865-1937) résonne comme une symphonie vocale autour de la merveilleuse soliste. Pour terminer, un double festin nous attend: « Panis angelicus» de César Franck et Hostia, extrait de « Consurge Filia Sion », Oratorio de Noël, opus12. 12 : Un chiffre symbolique d’union, de partage et de tolérance. Généreux, Anthony Vigneron livre  en bis une version brillante et  du « Venite Adoremus » auquel il associe l’assistance heureuse  d’être appelée à se  joindre aux merveilleux choristes dans le cadre exceptionnel de la cathédrale.  

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“When the song of the angels is stilled, when the star in the sky is gone, when the kings and princes are home, when the shepherds are back with their flocks, the work of Christmas begins: to find the lost, to heal the broken, to feed the hungry, to release the prisoner, to rebuild the nations, to bring peace among the people, to make music in the heart”.
Howard Thurman

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« Quand le chant des anges s’arrête, quand l’étoile dans le ciel  s’en est allée, quand rois et princes sont  dans leur demeure, quand les bergers sont de retour avec leurs troupeaux, alors commence  l’œuvre de Noël: retrouver les perdus, guérir les blessés, nourrir les affamés, libérer le prisonnier, reconstruire les nations, apporter la paix parmi les peuples, faire chanter la musique du cœur. » traduction libre
  

Dominique-Hélène Lemaire


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administrateur théâtres

La Revue… revue, et corrigée?

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Retour du  Music-Hall  et du cabaret artistique. Sous la baguette magique d’Alexis Goslain qui vient de reprendre les rênes « du » spectacle de fin d’année mythique bruxellois, la recette traditionnelle de la  Revue du théâtre des Galeries est  …revue à la hausse, côté poétique, musical et chorégraphique, à la baisse, côté agressif, revanchard et sarcastique. Divertissant mais peu impertinent.  On avouera qu’on  n’en attendait pas moins devant une actualité  2018 tellement  trouée de  souffrances humaines et de violences environnementales. Qui s’en plaindrait ? Revue et corrigée, moins baroque, plus tendue, fluide et artistique. Elle souhaite  recoudre  les blessures, plutôt qu’en découdre. Elle apporte un fin dessert à nos papilles arrachées par la virulence des événements, à nos yeux gavés d’images télévisuelles insupportables, à nos oreilles saturées des bruits chaotiques du monde.   

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 Cette nouvelle cuvée ne rate pas son lever de rideau, célébrant les vertus magiques des planches et des mots et la force de la dérision. Le plateau s’habille des  drapés cramoisis du théâtre lui-même, reproduisant à l’identique les deux portes battantes de l’allée centrale et ses deux hublots de croisière. Surprise, Hibernatus – 50 ans déjà – devient le fil rouge de la mise en scène, comme si des souvenirs joyeux des trois glorieuses, ressortaient subitement, venaient rafraîchir nos mémoires, secouer les  âpres poussières du nouveau siècle et retrouver l’or du rire.

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Presqu’un bain de jouvence,  les mimiques impayables de Louis de Funès entouré de ses comparses par le maître d’œuvres : Bernard Lefrancq, absolument magistral. Si l’héritage de Johnny est un peu moins réussi, ou  si la séquence des Diables rouges, cultes ou incultes monstrueux, c’est comme on le sent,  reçus en grande pompe à l’hôtel de ville, fait moins rire pour son humour franchement bas de gamme, le  vaste tableau qui met en scène France Gall (Angélique Leleux, qui met les larmes aux yeux), Serge Gainsbourg (Denis Carpentier), Elton John (Philippe Peter) et Michel Berger (Gauthier Bourgeois) est un festin de bonheur.

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Après les Belgitudes obligées, moins royales que d’habitude, l’incontournable séquence réchauffement climatique, extraite de la même époque «Let the Sunshine in»,  est tout aussi étourdissante de joie et de brillance. Les mêmes, avec Perrine Delers, Marie-Sylvie Hubot, Anne Chantraine, Natacha Henry, Frédéric Celini et Kris Castelijns. That’s all folks. Une équipe resserrée qui prône le juste milieu. Bref, In fine, Nonobstant, etc… du ramassé-condensé, plus roseau pensant que chêne déchaîné, du subtil, de belles souplesses de style et de danses et claquettes, de beaux costumes, du rythme, des paillettes dans les yeux des spectateurs ravis par l’éphémère cocktail d’hommes et de femmes assoiffés de bonne volonté : Amour, Paix et Tolérance, tous unis contre les guerres fratricides et la misère. Un patch de bonheur.

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Distribution
Bernard Lefrancq, Angélique Leleux, Denis Carpentier, Perrine Delers, Anne Chantraine, Marie-Sylvie Hubot, Gauthier Bourgois, Frédéric Celini, Natasha Henry, Kris Castelijns et Philippe Peters.


Dominique-Hélène Lemaire


Du 5 décembre 2018 au 27 janvier 2019

Théâtre Royal des Galeries
Galerie du Roi, 32 1000 Bruxelles
http://www.trg.be 
infos@trg.be 
02-512.04.07

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                             Anne-Frank-4_visu.jpgMiep Gies-Santrouschitz, née le 15 février 1909 à Vienne et morte le 11 janvier 2010 à Hoorn aux Pays-Bas à l'âge de 100 ans, est néerlandaise et  cache Anne Frank et sa famille des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Par miracle elle ne sera jamais arrêtée. A la suite d'une délation dont l'auteur ne sera jamais identifié, la famille entière est arrêtée le 4 août 1944. Elle essaye vainement d’empêcher leur déportation. Miep trouve le journal intime d’Anne Frank dans la cachette et le conserve sans le lire dans un tiroir, en attendant son retour, puisque la guerre était enfin finie ! Hélas,  elle apprend le décès de l'adolescente et de sa sœur en février 45 dans le camp de concentration de Bergen-Belsen et confie alors tous les documents relatifs au Journal à Otto Frank, le père d’Anne qui fait publier le livre en 1947.  Miep est reconnue Juste parmi les nations et  a reçu la médaille de Yad Vashem.

 

La pièce (The 1956 Pulitzer Prize Winner in Drama) écrite par le couple d’écrivains américains Frances Goodrich et Albert Hackett commence par l’évocation insupportable d’Otto Frank, survivant d’Auschwitz libéré par les Russes le 27 janvier 1945, qui pénètre dans l’Annexe, lieu évident de pèlerinage. Il est le seul survivant des 8 clandestins réfugiés dans l’ "Achterhuis" située au 263 Prinsengracht à Amsterdam, siège de  la société Opekta. Il est de retour dans ces lieux où ils ont vécu cachés, avec sa femme, ses deux filles Margot et Anne, pendant deux ans sans pouvoir jamais sortir,  jusqu’à leur arrestation le 4 août 44 et leur déportation en Allemagne le 3 septembre vers Auschwitz, par le dernier convoi en partance de Westerbork. 

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Il  découvre le journal de sa fille, de retour aux Pays Bas le 3 juin 45. Dans le premier acte, on revit leur installation, leur difficile mode de vie avec une autre famille -  la famille Van Daan (La famille van Pels) - qu’ils ont eux-mêmes accueillie et un autre juif - le dentiste Dussel (Fritz Pfeffer) -  fuyant lui aussi la Gestapo.   Anne confie à son journal sa vie quotidienne de recluse auprès de ses compagnons d'infortune, ses craintes, ses espoirs et ses rêves d'adolescente… Des extraits du journal intime d'Anne Frank sont soit  joués par la comédienne, soit lus en voix off, entre les différentes scènes de vie quotidienne où le fin mot est la préservation de la dignité humaine.  La figure paternelle d’Otto Frank est admirable. Il installe des règles de vie qui doivent servir de rempart aux peurs paniques, aux affres de la faim, à la folie de l’enfermement et aux diverses jalousies. Anne Frank éprouve une réelle vénération pour son père. « Papa a raison, nous avons beaucoup de chance ! »  Le deuxième acte est envahi par … l’amour naissant d’Anna  pour Peter, le fils des Van Daan. D’enfant turbulente qu’elle était, la jeune fille est heureuse de se sentir transformée en femme. Elle croit fermement que le monde, lui aussi se transformera... 

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La distribution calque parfaitement les personnages. Avec Sophie Delacolette une Miep éblouissante d’espoir et de solidarité. Anne-Claire pour Edith, la mère d’Anne, inquiète, maladroite dans ses sentiments maternels, exclusive et guindée. Catherine Claeys, une madame Van Daan, pathétique dans son besoin de paraître et son insupportable mari, Michel Poncelet, admirable dans sa veulerie. Margot, une soeur de rêve sous les traits gracieux de Laura Fautré. …Peter Vandaan, adolescent contrariant, timide et timoré, admirablement campé par Gaspar Rozenwijn. Les rôles semblent faits sur mesure! Aussi pour Marc De Roy qui incarne Monsieur Dussel. Il reste l’héroïne, et son fabuleux père: Bruno Georis.  Dégotée par les soins de Fabrice Gardin : Juliette Manneback, dont on ne pense que du bien.  Elle passionne l’auditoire, infuse sa gaieté juvénile, ses colères, ses indocilités, son bonheur d'écrire, son amour de la nature, elle qui vit enfermée,  ses passions et un incomparable esprit de résilience et de foi en la vie alors qu’elle se trouve, comme tous ces clandestins,  au seuil d’une mort programmée. Elle incarne en continu un poignant message d’humanité devant une société qui trop souvent, détourne le regard. 

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Fabrice Gardin tourne notre attention vers les nouveaux rescapés de guerres qui ne cessent de sévir au 21e siècle, tout à côté de notre confort occidental. Il est indispensable de "Rappeler de temps en temps l’Histoire ne fait pas de mal quand on voit l’intolérance et la haine qui habitent notre monde".  Le metteur en scène monte cette pièce à la fois pour ressusciter le souvenir de cette adolescente lumineuse qui traversa la profondeur des ténèbres et peut être considérée comme un modèle planétaire d’humanité, de tolérance et d’espoir. La production sur scène au théâtre des Galeries  correspond à l'anniversaire des 70 ans de la publication du Journal d'Anne Frank, aux 75 ans des premières lignes tracées à l'âge 13 ans par la jeune fille dans son journal, offert par son père pour son anniversaire, le 12 juin 42. Un journal que tout d’un coup, on a envie de relire ou de faire lire,  grâce à la pièce.

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Quelques temps avant son  arrestation Anne Frank avait eu l’immense joie de savoir qu’elle serait publiée ayant appris par la radio libre néerlandaise de Londres que le gouvernement hollandais en exil promettait d’éditer les mémoires et souvenirs des rescapés de  guerre. Un rêve d’adolescente qui lui, ne sera heureusement jamais assassiné!

Photos : Martin Gallone / www.martingallone.be

http://www.trg.be/saison-2017-2018/le-journal-d-anne-frank/en-quelques-lignes__7908

   

Du 18 octobre au 19 novembre 2017 au Théâtre Royal des Galeries
Galerie du Roi, 32 1000 Bruxelles  Contact  http://www.trg.be 
infos@trg.be 
02-512.04.07   

 

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12273113482?profile=originalLa "Lettre sur la tolérance" est un ouvrage du philosophe anglais John Locke (1632-1704), publié sans nom d'auteur en 1689. Il marque une étape importante dans la conquête du principe de tolérance dans la pensée moderne: Locke envisage tout d'abord la question sous l'angle religieux en soulignant le fait que la tolérance constitue le caractère essentiel de l'Eglise du Christ, laquelle est fondée sur le principe de la charité étendu à l'ensemble du genre humain, "y compris les non-chrétiens". Il en arrive ensuite à considérer la question sous l'angle juridique, en se proposant de déterminer exactement les limites des compétences respectives de l'Eglise et de l' Etat. La juridiction du magistrat est fonction du but pour lequel la société politique est constituée: tutelle des biens civils, vie, liberté, intégrité et bien-être du corps, possession des biens extérieurs; elle ne peut donc s'étendre à ce qui regarde le salut des âmes. En outre, le pouvoir du magistrat civil consiste uniquement dans la "co-action", il ne pourrait donc en aucun cas s'exercer sur la conscience par elle-même incoercible. En tout état de cause, même si l'autorité civile se révélait efficace pour plier l'esprit humain, il serait injuste d'imposer sa propre foi, professée par le prince, au détriment de la grande variété des opinions religieuses. Quant aux limites du pouvoir ecclésiastique, Locke affirme que l'Eglise, en tant que société "libre et volontaire" constituée en vue de servir Dieu publiquement pour atteindre au salut des âmes, ne peut lier personne de façon absolue; le contraire relevant exclusivement de la compétence de la magistrature civile destinée à la sauvegarde des biens extérieurs. Les seules armes, dont dispose la société religieuse envers ses propres membres, sont les exhortations, les avertissements, les conseils et enfin l'expulsion des récalcitrants, ou excommunication, pourvu que celle-ci ne soit pas accompagnée de paroles offensantes et d'actes de violence de nature à léser en quelque façon les droits civils et humains de l'individu. L'adhésion du prince elle-même ne peut conférer à une Eglise une autorité qui ne lui revient pas naturellement: lorsque cela se produit, l' Etat outrepasse ses droits. L'auteur insiste alors sur la nécessité d'une séparation nette des deux pouvoirs, en faisant remarquer que l'opinion selon laquelle le pouvoir civil serait fondé sur la Grâce et celle qui estime que la religion doit être propagée par la force, ont été de tous temps la cause d'une infinité de guerres et de violences. Le droit de gouverner les peuples ne donne pas au magistrat la faculté de désigner la vraie religion et, partant, d'attribuer à une Eglise donnée la prérogative de l' orthodoxie. Quant aux articles de la foi, qui se partagent en dogmes spéculatifs et en principes de morale, Locke estime que la croyance aux premiers ne peut être imposée du fait qu'il ne dépend pas de notre volonté de croire ou de ne pas croire: les seconds, en revanche, étant donné que les actions morales se réfèrent à la vie civile, ressortent de la compétence du magistrat, avec cette limitation précise toutefois: que le pouvoir civil doit s'opposer uniquement aux doctrines qui se révèlent contraires aux fins desquelles il a lui-même constitué, et en général, au bien de l' Etat et aux bonnes moeurs. Parmi ces doctrines, la plus dangereuse pour la paix de l' Etat, est précisément celle de l' intolérance, qui tend à violer "les droits de l' Etat, les biens et la liberté des citoyens". Mais parvenu à ce point du raisonnement, Locke, en contradiction flagrante avec le reste de son oeuvre, procède à une restriction singulière à l'égard de l' Eglise catholique, laquelle, dit-il, ne peut être tolérée par le magistrat civil, car "ceux qui y adhèrent passent de ce fait même sous le pouvoir d'un autre Prince", le Pape, qui réunit en lui les qualités de chef de l'Eglise et de souverain d'un Etat. On ne peut également tolérer les athées pour qui "les promesses, les contrats et les serments, liens de la société civile, ne sont ni sacrés, ni inviolables", par le seul fait que, sans croyance en Dieu, "toute chose se corromprait dans le monde". L'auteur conclut en revendiquant l'égalité des droits pour toutes les confessions (y compris la Romaine) et sans exclure "ni les païens, ni les mahométans, ni les juifs". Le principe de la tolérance est donc entendu ici avec une largeur de vues jusqu'alors insolite: ce principe apparaît comme essentiel dans la conception politique de Locke, fondée sur le droit de libre-association, doctrine dont il avait tenté une application pratique en 1669, lorsqu'il fut chargé d'établir un projet de constitution pour la colonie nord-américaine de la Caroline.

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12273098498?profile=originalL'écrivain français Albert Camus (1913-1960) a réuni sous ce titre "Actuelles" trois recueils d'articles, conférences et polémiques représentant le bilan de ses prises de position face aux problèmes de l' actualité de son temps.

Publié en 1950, le premier volume, "Actuelles I. Chroniques 1944-1948", se compose pour une bonne part des éditoriaux donnés  par Camus au journal Combat, du temps où il en était le rédacteur en chef. Camus s'y efforce de définir "les conditions d'une pensée politique modeste, c'est-à-dire délivrée de tout messianisme, et débarrassée de la nostalgie du paradis terrestre". Dans un siècle qu'il considère comme le siècle de la peur, il voudrait promouvoir une nouvelle morale et un nouveau contrat social basé sur le respect de la pensée d'autrui, la défense de la jeunesse, de l' intelligence et du bonheur. Avec le refus constant de la rhétorique, il dénonce le racisme, les fallacieuses légitimations du meurtre politique et les divers totalitarismes, demandant que "la vie soit libre pour chacun et juste pour tous".

Le recueil "Actuelles II. Chroniques 1948-1953", publié en 1953, débute par l'affirmation que notre monde sortira du nihilisme et connaîtra une renaissance "quand le travail de l' ouvrier comme celui de l' artiste aura conquis une chance de fécondité". La première partie, "Justice et haine", découvre une première volonté de promouvoir une morale basée sur la justice et la liberté. "La justice, dit Camus, meurt dès l'instant où elle devient confort, où elle cesse d'être une brûlure, et un effort sur soi-même". La deuxième partie, intitulée "Lettres sur la révolte", réunit les diverses réponses de Camus (notamment à Breton et à Sartre aux polémiques suscitées par la parution de son essai "L'homme révolté"; quant à la dernière partie, "Création et liberté", elle dénonce à nouveau le racisme et la tyrannie, attaquant particulièrement le régime sanglant de Franco et s'élevant contre son admission à l' UNESCO. Au terme de ce recueil, Camus rappelle la place de l' art au niveau de la réalité la plus humble et trouve pour le justifier cette belle formule: "toute création authentique est un don à l' avenir".

Le dernier recueil, "Actuelles III. Chronique algérienne 1939-1958", publié en 1958, rassemble l'essentiel des textes publiés par Camus sur le problème algérien, depuis l'époque où il débutait à "Alger républicain". "Ces textes, écrit-il en préface, résument la position d'un homme qui, placé très jeune devant la misère algérienne, a multiplié vainement les avertissements et qui, conscient depuis longtemps des responsabilités de son pays, ne peut approuver une politique de conservation ou d'oppression en Algérie". A partir d'une étude honnête des causes économiques du drame algérien, Camus s'efforce d'esquisser une solution à ce drame mais la "trêve civile" qu'il prône pour sortir du terrorisme aussi bien que son refus de l'indépendance algérienne, en vertu du fait qu'il n'y aurait pas trace dans l'histoire d'une nation algérienne, prouvent un curieux manque de réalisme que les événements se sont chargés de dénoncer. Devant l'acuité du drame, on a l'impression pénible que la bonne volonté et l' humanisme de Camus sont bien essoufflés, bien impuissants, et qu'il est incapable de quitter le domaine du sentiment pour s'élever à la pensée politique lucide et constructrice.

En dépit de l'échec que constitue ce dernier recueil d'Actuelles, Camus demeurera, grâce aux deux autres, l'homme qui ne cessa d'affirmer la valeur de la révolte, de la générosité et de la jeunesse, de la tolérance, de la liberté et de la justice; l'homme qui n'accepta jamais que la fin justifie les moyens et ne craignit pas d'affirmer: "il y a l' histoire et il y a autre chose, le simple bonheur, la passion des êtres, la beauté naturelle."

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Le "Traité sur la tolérance" est une oeuvre polémique de Voltaire (François-Marie Arouet, 1694-1778), publiée en 1763. Elle était destinée à stigmatiser le fanatisme religieux des juges de Toulouse qui condamnèrent à mort le protestant Jean Calas.

Après avoir exposé dans un premier chapitre ("Histoire abrégée de la mort de Jean Calas"), la situation particulière de Calas ainsi que les principes sur lesquels se fondait la Réforme, Voltaire entreprend de montrer les avantages humains qu'offre la tolérance dans les pays où elle est en vigueur: Voltaire entend prouver ensuite que l' intolérance, n'étant ni de droit divin, ni de droit naturel, ne saurait être non plus du droit humain. La preuve en est que l' antiquité classique l'ignorait: quant aux Romains, s'ils ont persécuté les Chrétiens, ce ne fut point pour des raisons religieuses, mais tout simplement parce que les Chrétiens attentaient à la sécurité de l'Etat.

Loin d'être fondée sur un principe noble, l' intolérance trouve sa source dans ce que la vie sociale offre de plus bas: le fanatisme. En effet, celui-ci ne naît que dans l'esprit des peuples élevés dans la superstition, et nous savons que la superstition "est à la religion" ce que l' astrologie est à l'astronomie: la fille très folle d'une mère très sage".

A une époque comme la nôtre, où la raison envahit toute la vie sociale, l' intolérance est un non-sens; par contre, la tolérance est "un apanage de la raison". C'est le mérite de la philosophie d'avoir su dissiper les brumes du fanatisme et de l'obscurantisme, d'avoir trouvé, par-delà les divisions le thème universel, divin, qui rassemble tous les hommes dans la recherche commune du bien. La philosophie seule, cette soeur de la religion, a désarmé les mains que la superstition avait si longuement ensanglantées: et l'esprit humain, sorti de son ivresse, est resté stupéfait des excès auxquels l'avait porté son fanatisme.

La tolérance, fille de la raison, est une des exigences suprêmes de la civilisation et de la société; elle est un facteur de paix sociale, de respect et d'amour réciproques. Autour de ce thème central, l'auteur s'abandonne à de nombreuses discussions, que viennent rehausser d'audacieuses pointes polémiques d'une très grande perspicacité. Cet écrit de Voltaire est un des chefs-d'oeuvre qu'il convient d'inscrire au compte de ce grand mouvement d' émancipation qui devait conduire à la liberté religieuse moderne. On a fait remarquer, avec juste raison, que ce que Voltaire fit concrètement pour le triomphe de ce mouvement compte encore plus que son oeuvre écrite elle-même. En effet, non seulement il réussit à réhabiliter la mémoire de Calas, mais quelques années plus tard, lorsqu'une aventure analogue arriva à un autre protestant, Sirven, qui, condamné par contumace, s'était réfugié en Suisse, Voltaire se jeta dans la lutte, mit en branle les hautes personnalités qui s'honoraient de son amitié, jusqu'à ce qu'il obtint la réhabilitation de cette autre victime du fanatisme. A cette occasion il écrivit un pamphlet non moins célèbre intitulé: "Avis public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven" (1766). Mais dans sa conclusion nerveuse, dans sa chaude éloquence, et dans l'incomparable élégance de son style, le "Traité sur la tolérance" reste un chef-d'oeuvre de polémique, peut-être jamais égalé et qui résume en soi toutes les qualités du genre.

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PLUIE DE MOTS

 

Perdue dans mes vaines réflexions

Grises et quelques fois bien noires

Noyée dans de forts torrents

De déboires et de désespoir

Je perçois sous mon ciel tapissé de nuages

Tomber une fine pluie de mots

Comme une averse d’étoiles

Brillantes et étincelantes

Scintillantes et parfois filantes

Je leur tends tous mes bras

Et comme le sable file entre les doigts

Je sens couler comme des filets d’eau

Les soyeux filets de ces mots

Joignant la terre au firmament

Dans un universel langage

Unissant les coins de l’univers

Dans une idylle de mots en vers :

Il y en avait des mots de paix

Des mots amour

Des mots espoir

Des mots bonheur

Des mots sérénité

Des mots tolérance

Des mots solidarité

Des mots innocence

Des mots prospérité

Des mots aisance

Contre les misères de la terre

Des mots pour redéfinir les mots

Tel le mot « prochain »

Le mot « frère »

Le mot « ami »

Le mot « terre »

Un vrai ballet or et lumière

Qui dissipa les tons amers.

 

Khadija, Agadir, Lundi 24/12/12

© Khadija ELHAMRANI

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Il est des hommes et des femmes qui, par leurs convictions et leurs réalisations, demeurent les socles et les fondements de nos histoires. La Maison de la Laïcité François Bovesse est l’héritière de la mémoire de tous ceux qui ont défendu avec vigueur les idéaux humanistes de tolérance, de démocratie, de justice sociale et de progrès, qui sont au cœur de sa propre existence. Elle avait ainsi réalisé, il y a quelques années, une première brochure consacrée à François Bovesse, ancien gouverneur de Namur assassiné par les rexistes à la fin de la dernière guerre. Pouvait-elle s’ arrêter simplement à l’homme dont elle avait emprunté le nom ? Les Laïques et humanistes du pays mosan ont été nombreux, comme en attestent déjà les brochures dédiées à Léopold De Hulster ou à Willy Peers ! René Close, un autre gouverneur, fait également partie de ceux dont l’amour absolu de la liberté, de l’égalité et de la fraternité a été le moteur de son action et de ses choix. Il a été résistant face au joug ennemi et à l’inhumanité. Avocat, il a assumé des défenses risquées à une époque de rigidité morale peu respectueuse des détresses humaines. Il a forcé le destin économique d’une province endormie sous de pesantes et frileuses traditions. Il s’est toujours préoccupé d’améliorer les conditions de vie de tous, surtout des plus malchanceux ou mal lotis. Il avait foi dans l’avenir et le progrès. René Close l’a toujours affirmé : la libre pensée, cette certitude inébranlable en la capacité de chacun d’entre nous de distinguer lui-même, pour ce qui le concerne, de la justesse de ses actes, l’a guidé dans chacun de ses engagements. Les documents et témoignages rassemblés dans cette brochure, en perpétuant la mémoire de l’un des plus illustres laïques namurois, contribuent tout à la fois à nous souvenir de ses actions et à éclaircir le sens de nos propres engagements. Une initiative de la Maison de la Laïcité François Bovesse en collaboration avec l’association Les Amis et Disciples de François Bovesse et la Province de Namur, ainsi qu’avec l’aide de la Ville de Namur, de Caudalie communication et de l’imprimerie Nuance 4.
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