Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

drame (21)

administrateur théâtres

L’éveil!

Juin 2021, au théâtre du Parc, à Bruxelles. Enfin le voilà, le réveil tant attendu de la Culture! Les portes du théâtre se rouvrent! Nous sortons enfin de la torpeur de la crise sanitaire, pour que les artistes puissent joyeusement rebrûler les planches, galvaniser le public, et conquérir passionnément la parole confisquée par la pandémie.
Année 1879 - 20 ans avant la création de l’illustre Cyrano de Bergerac - voici « Une maison de poupée » à Bruxelles, au théâtre du Parc,  ne vous en déplaise, et avant Paris, la création de la pièce d’ Ibsen, traduite par un lettré de l’université de Bruxelles. De nombreux pays européens censurent la pièce et exigent une autre fin. Celle où Nora revient soumise au logis.
Poupée de cire, poupée de son!
12273402482?profile=original
Lorsque Nora paraît, toute la société masculine, femmes comprises, est ébranlée. Elle doit avaler sa cravate, son jabot ou sa lavallière. En douceur, mais sans appel. Le drame privé prend valeur universelle.
Nora vit depuis douze ans, frivole, insouciante et dépensière dans une maison de poupée, et devinez quel cadeau attendent ses filles chéries pour Noël? A Doll’s House, what else? En toute innocence et en toute impunité.
Sauf si, Nora, au désespoir, secouée par un affreux chantage d’origine masculine, décide de défier son élégant statut d’épouse chiffon, symbole de l’incapacité juridique de la femme. L’histoire de Nora sabote alors sans vergogne les bases séculaires des conventions sociales et du couple bourgeois. Poussant l’outrecuidance jusqu’à faire fi de sa fibre maternelle! La honte absolue!
Et voici en 2021 une très heureuse piqûre de rappel. Vaccinez-vous, non? Ibsen accable l’avocat Helmer et le grossier Krogstad magnifiquement imbu de lui-même, par qui l’odieux chantage arrive. Le personnage plutôt sympathique du docteur et les autres très beaux personnages féminins suppriment toute velléité d’approche manichéenne. Ainsi, Ibsen libère la parole de la femme des années 1800 ... 80.
Montée dans le monde entier depuis plus d’un siècle et demi, la pièce est inscrite au Registre Mémoire du monde en 2001.
Peu d’oeuvres théâtrales ont eu un tel impact au plan mondial sur les normes et les conditions sociales. Ibsen a construit avec le personnage de Nora un rôle d’une épaisseur universelle. Et avec ce personnage, le dramaturge a su donner une vitalité nouvelle à l’art théâtral, en introduisant dans le drame bourgeois européen une profondeur éthique inédite, une richesse psychologique et une dimension humaine comparable à celles de Shakespeare.
Avec cela, une foule de détails charmants vont ravir les yeux des spectateurs. On vous fait un bouquet?
Une mise-en scène ultra-cinématographique du grand Ladislas Chollet, la scénographie léchée de Thibault De Coster et Charly Kleinermann, une fabuleuse costumière, Jackie Fauconnier, aux lumières Alban Sauvé, et les chorégraphies soignées d’Emmanuelle Lamberts.
Un foisonnement de détails qui enchantent au premier regard : “l’écureuil” en robe saumon à petits pois, souliers vernis et brodés, assortis à la ceinture, tressaillants froufrous de jupons blancs, chignon princesse qui a la dépense dans le sang. La maison American beauty, Le Sapin de Noël mythique et La boîte aux lettres dont la clef est gardée jalousement par le mari... La desserte années 50 sur laquelle la domestique de toujours servira le thé. Un ravissement.
On passe sur les étapes du thriller psychologique dans une tension théâtrale grandissante, pour tomber dans les bras tragiques de Marilyn Monroe en personne qui n’a plus rien d’une tête de linotte. Happy birthday, Mr President. Dans ce rôle phare, Anouchka Vingtier déploie toute son ingéniosité, sa fertilité romanesque, et le véritable caractère d’une héroïne, qui d’abord s’est sacrifiée pour celui qu’elle aime pour ensuite découvrir avec stupeur que dans son couple, ils ne se sont jamais vraiment parlés...
Nora a aussi pris soudain conscience que, déjà avec son père, elle n’était qu’une ... vulgaire poupée.
Et sa maison d’épouse et de mère n’est  en vérité qu’une salle de jeux. Elle qui espérait le miracle de la communication, va   LARGUER les amarres et s’engouffrer dans sa nouvelle liberté à la recherche de q u i elle est. Ne plus être seulement la femme de...
Elle quitte tout, en baskets, jeans et capuche. D’une époque à l’autre, le rêve reste toujours le même: « Que la vie commune devienne un vrai mariage! »
Un éveil à l’autre.
DOMINIQUE-HÉLÈNE LEMAIRE
Distribution, par ordre alphabétique :

Avec Anouchka Vingtier, Catherine Grosjean, Daniel Nicodème, Jacqueline Nicolas, Nicolas Ossowski, Jean-Michel Vovk. Les enfants en alternance Ava Debroux, Lily Debroux, Eledwen Janssen, Jannah Tournay.

Mise en scène Ladislas CHOLLAT - Assistanat Catherine COUCHARD
Scénographie Thibault DE COSTER et Charly KLEINERMANN- Costumes Jackye FAUCONNIER - Lumières Alban SAUVÉ Chorégraphies Emmanuelle Lamberts - Musique originale Frédéric Norel – Maquillages et coiffures Florence JASELETTE


TEASER

https://theatrezmoi.be/une-maison-de-poupee?fbclid=IwAR2V0MyMVj8VpPDqLGdr3Q8vwwpngN4cO6CCVLcvlLMxhcmjB76aUFmX05Q

Du 03.06.2021 > 30.06.2021
À partir de 14 ans
Représentation à 20:15 - Les dimanches :15:00
Le samedi 26 juin 2020 :15:00 - Relâche les lundis
« UNE MAISON DE POUPÉE » d’après Henrik IBSEN
02 55 30 30
PHOTO @ZVONOCK
Lire la suite...
administrateur théâtres

SPECTACLES

« River » Dreams On ! Au théâtre des Martyrs

River

De quoi sont faits nos souvenirs ? Traces du passé ? Traces rêvées ? Et dans ces parties lointaines de notre mémoire quels secrets y avons nous enfoui ? Et nos amours perdues ? Aussi entêtantes que la mélodie d’une chanson ? Qu’en reste-t-il en nous ? La blessure est-elle devenue superficielle ? Et les enfants qui partent loin de notre nid ? Que faire quand l’oubli efface tout et qu’on ne reconnaît plus l’autre…

Et les au revoir quand on s’accroche à un hypothétique espoir.
Et les adieux, quand il ne nous restera plus que le souvenir, peut-être une caresse ou une odeur, quand on parlera à l’absente ou à l’absent.

À partir des champs de l’intime et des deuils qu’il nous faut faire, la chorégraphe Michèle-Anne De Mey bâtit une fiction dansée. Elle rassemble huit personnages, danseurs, acteurs, musiciens, circassiens et un chien, qui raconteront, à travers gestes et paroles, ce qu’on abandonne et ce qui nous suit quand on quitte une maison : les souvenirs communs et les souvenirs secrets. De la chambre, du salon, du jardin, et de la rivière.

Distribution

Un spectacle de Michèle Anne De Mey créé pour et en collaboration avec Charlotte Avias, Didier De Neck, Gaspard Pauwels, Fatou Traoré, Alexandre Trocki, Violette Wanty, Nino Wassmer, Zaza le chien • chorégraphie Michele Anne De Mey assistée de Fatou Traoré • textes Thomas Gunzig en collaboration avec Didier De Neck et Alexandre Trocki Du 12 au 23 novembre. Grande salle

Au gré de vos …harmonies


Un bouquet d’harmonies… et quelques clefs

« RIVER » vous offre un extrait du concerto pour piano No. 1 de Tchaikovsky, de nombreux extraits de Franz Schubert, les parfums de George Gershwin, l’Andante sostenuto de Franz Schubert, extrait de la 21e Sonate pour piano en si bémol majeur, D. 960, son ultime sonate , achevée le 26 septembre 1828, plusieurs arrangements pittoresques de « Die Moldau » de Smetana, le rêve en liberté, de sublimes « Summertime » chantés et dansés, et l’évidence même dans ce programme : « La jeune fille et la mort », exaltante et hypnotique. La dernière clef c’est « Memories of the Silver Screen » de Laurel & Hardy… Entrez et laissez vous emmener ! Au gré de vos propres harmonies.

Interactif

Et le spectateur, touché par la musique et le jeu sur le plateau, les ronds dans l’eau, de rebondir sur le champ et de partir lui-même à la recherche de ses harmonies. Viennent à l’esprit les premiers vers de « Correspondances » de Baudelaire,

«  La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. »

Mais La première chose qui m’ait envahi le coeur est la musique de “The River of no return” la seconde, un inexplicable souvenir de :”Madison Bridge”, la troisième plongeait dans le fleuve Léthé celui de l’oubli où les âmes deviennent bienheureuses. Le bonheur retrouvé des études classiques, les rives où Orphée perd Eurydice.

Sur le plateau

Car par devant soi il y a des jeux de transparence et de lumière, comme pour visiter l’âme, les voiles de la mort, une armoire magique à double fond tapissée avec la robe d’une des femmes, des danseuses par trois, comme celles qui vous imposent un impossible choix et un vieil homme assis dans un fauteuil qui fait tourner une boîte à musique avec sa danseuse hypnotique. Un chien, ce meilleur ami. Bien bien vivant, celui-là ! Ou non, c’est selon. Demandez à la rivière.

 Les souvenirs de l’homme eux sont exposés, radiographiés, photographiés, filmés, pris sur le vif, agrandis… joués, mimés, symbolisés, dans des tableaux qui ne cessent de s’évanouir et de se renouveler. Cependant que l’homme est en proie à la litanie des choses de sa vie. Il tient les rênes, il ne lâche pas un fil. Tout y passe, de la moindre fourchette à poisson, au sécateur grippé ou la housse de couette à fleurs rapiécée. Une mémoire qui frise l’obsession. « Ma tante part en voyage avec… « 

Cherchez l’intrus ! Il n’y en a pas. Sauf l’infinie solitude, la nostalgie, le temps en marche égrené par des musiques sublimes. Et la proche séparation d’avec sa maison qui a tout vu, tout en tendu, tout vécu. « Summertime », bonheur opiniâtre, pour réveiller l’été de l’âme, pour d’ultimes étreintes et se souvenir.

Aux pinceaux

La fresque poétique de l’A Dieu régie par Michèle Anne De Mey (Kiss and Cry) s’appuie sur ses huit piliers : les artistes qui fonctionnent comme un seul être, un organisme vivant qui résiste au temps et refuse de mourir. Les armes de la mise en scène : la présence, le verbe dépouillé, le corps et le mouvement exaltés. Notre espoir contre la perte et le noir complet. Une harmonie retrouvée ? Signée Charlotte Avias, Didier De Neck, Gaspard Pauwels, Fatou Traoré, Alexandre Trocki, Violette Wanty, Nino Wassmer, et Zaza le chien Boris Cekevda, au mixage sons…


Echo

Et voici celle que j’aime, l’harmonie qui répond pour moi au spectacle, en écho lumineux :

« J’ai essayé, dit-il, de me faire une compagnie avec toutes les choses qui ne comptent pas d’habitude. Je vais vous paraître un peu fou et je dois être un peu fou. Je me suis fait doucement compagnie de tout ce qui accepte amitié. Je n’ai jamais rien demandé à personne parce que j’ai toujours peur qu’on accepte pas, et parce que je crains les affronts. Je ne suis rien, vous comprenez ?
Mais j’ai beaucoup demandé à des choses auxquelles on ne pense pas d’habitude, auxquelles on pense, demoiselle, quand vraiment on est tout seul. Je veux dire aux étoiles, par exemple, aux arbres, aux petites bêtes, à de toutes petites bêtes, si petites qu’elles peuvent se promener pendant des heures sur la pointe de mon doigt. Vous voyez ?
A des fleurs, à des pays avec tout ce qu’il y a dessus.
Enfin à tout, sauf aux autres hommes, parce qu’à la longue, quand on prend cette habitude de parler au reste du monde, on a une voix un tout petit peu incompréhensible. »

Jean Giono, Que ma joie demeure.

Dominique-Hélène Lemaire

Lire la suite...
administrateur théâtres

« Tous les cimetières d’Ecosse pour un seul regard dans le temps! » Macbeth au théâtre Royal du Parc     Janvier 19, 2019

Image may contain: one or more people and people standing

Trop de morts sur la scène…et parfois à la sortie des théâtres !  On l’appelle la « pièce écossaise » pour ne pas évoquer son vrai  nom, frappé dit-on,  de maléfice. La légende raconte que Shakespeare voulait utiliser des incantations de magie noire réelles,  pour plaire au roi James qui avait écrit un livre «Daemonolgy » en 1597,  traitant  de sorcellerie et mettant en garde contre son utilisation. Notre époque n’en est plus à avoir peur des sorcières, mais la peinture qu’en fait Georges Lini est effarante. Tout commence par leur rire féroce et  inextinguible, celui d’Ingrid Heiderscheidt, de Louise Jacob et de Muriel Bersy, d’inoubliables créatures qui arrachent leur masque à la fin du jeu.

Drame épique sauvage, trop sauvage pour des écoliers,  ce « Macbeth » saisissant, intense, magnifiquement  mis en scène,  offre des performances verbales inoubliables, d’un style presque cinématographique. Mais le spectateur repart avec  en main la sagesse shakespearienne percutante qui  défie le temps et plonge ses racines dans une bouleversante humanité. De là peut être cet humus qui recouvre tout le plateau du théâtre du Parc et qui sert d’arène au déchaînement,  aux folies des hommes et des femmes. Cet humus d’où naît chaque génération humaine pour y retourner et y faire le lit des suivantes. Puisse l’humus proposé par Georges Lini, faire germer en nous plus de paix et plus de raison. La raison de  la présence cette chanson, qui germe  tout au bout du cataclysme, à peine murmurée par une  Anouchka Vingtier, sidérée par l’ampleur du désastre, juste avant que le rideau ne retombe sur les protagonistes comme un sombre couperet final … 

♪ Oh My Love ♪

 Oh my love

 Look and see

The Sun rising from the river

 Nature’s miracle once more

Will light the world…

La violence,  hélas,  comme l’humus, ne cesse de  se recycler à l’infini. Le ciel a beau envoyer le déluge pour laver le sang, ou souligner l’ignominie,  l’hubris  des hommes est  incommensurable et la soif de pouvoir est telle qu’elle emprunte  sans trop  de scrupules, les voies du meurtre, de la trahison, de la  barbarie viscérale érigée en art de vivre ou celui de mourir …à la guerre. Les parallèles avec notre actualité ne manquent pas.  « Pourquoi nous taisons-nous, quand cette affaire est la nôtre ? »

 De plain-pied au cœur de la folie.

 Si Georges Lini  a choisi la continuité de costumes  simples et médiévaux, il installe l’action dans un cadre aux contours contemporains, tel les coulisses d’un théâtre ou d’un studio de cinéma, dont le centre est occupé par une capsule hermétique dans laquelle trônent trois sœurs infirmières, qui ne sont pas sans rappeler Nurse Ratched, le cauchemar de Nicholson dans « Vol au-dessus d’un nid de coucous ». Nous sommes de plain-pied au cœur de la folie. Une boîte de Pandore dont elles peuvent sortir à leur guise pour répandre la mort et le poison. Les trois sœurs qui font le Destin dans leur habitacle trompeur, tissent inéluctablement le fil  sanglant de la malédiction qui pèse sur Macbeth. Et prononcent des phrases sibyllines, comme à la radio anglaise, en temps de guerre.

   

 Est-ce l’effet de la liberté créatrice? Du génie dramatique de l’auteur ? Du talent confirmé des artistes ?  Les artistes développent tous et sans frein, la richesse de leurs passions. Ils capturent la moindre émotion de la phrase ciselée, débarrassée de ses aspects vieillots. Ils sont filmés parfois, par un cinéaste, discrètement à l’affût. Se repaît-il de la violence ou est-il simple témoin? Des close-ups se projettent sur un écran géant. Plusieurs  scènes symboliques et  sans paroles donnent l’illusion d’un répit ou plongent dans l’horreur. Mais tous,  tirent tellement bien profit de leur texte, que  le spectateur se sent  pleinement engagé. Non seulement par le bouillonnement affolant du  texte adapté par Georges Lini,  mais par toutes les expressions des visages et le langage corporel constamment  aiguisé.

Tous en scène, tous témoins, en silence ou en paroles. Le casting rutilant navigue sur des déferlantes de mouvement et d’énergie créatrice.  Dans l’allégresse de victoires guerrières, Ross (Nicolas Ossowski) annonce à Macbeth que le roi l’a nommé  baron de Cawdor.  C’est Luc Van Grunderbeeck qui campe l’élégant roi Duncan. Banquo, c’est Stéphane Fenocchi que Macbeth voit comme une menace et fait assassiner. Mais les morts ne cessent de réapparaitre. C’est Lennox (Jean-Françoisn Rossion) qui annonce que dans la tourmente, Macduff a fui  en Angleterre. Il est joué avec brio par le pétillant  Didier Colfs. Macbeth a ordonné de saisir ses biens et fait assassiner sa femme et son fils. Une de ces scènes graphiques dont Georges Lini a le secret et qui reste inoubliable. Macduff jure de se venger,  rallie l’armée levée par Malcolm (Felix Vannoorenberghe) pour marcher contre Macbeth. Il est celui qui n’est pas « né d’une femme » d’après la prophétie. Thierry Janssen, toujours aussi brillant dans sa présence théâtrale,colle au  rôle de Seyton, dernier lieutenant fidèle de Macbeth. Daphné d’Heur, (qui d’autre qu’elle ?) est à la direction musicale, Jérôme Dejean à la création des lumières. Les dictions sont impeccables.   Frêle et sous des dehors d’innocence, Anouchka Vingtier aux côtés d’Itsik Elbazincarne l’hypocrisie brutale et le désir brûlant  de Lady Macbeth de se voir reine. Ses intentions sont transparentes. Sa force de persuasion et sa tactique  sont spontanées et  imparables. Elle s’emploie à  convertir au «Mal» Macbeth, un  guerrier loyal et courageux, ne lui laissant aucune échappatoire, pour assouvir sa dévorante ambition. Lady Macbeth appelle même sur elle la Violence personnifiée pour qu’elle neutralise « son état de femme! »

Image may contain: one or more people

Lady Macbeth connaît sa proie, mieux que lui-même ne se connaît et manie le sarcasme avec un art consommé, s’offrant charnellement en récompense. Il est cuit. Il est bon pour ouvrir les vannes de la sauvagerie et celles de l’acte prémédité. Itsik Elbaz et Anouchka Vingtier, qui nous  avaient  bouleversés dans « Hamlet », redoublent ici d’intensité dramatique. Lors du festin dantesque, Macbeth divague à la vue de Banco «  Que me fixes-tu, camarade ?» Itsik Elbaz possède à fond l’art du monologue. Il  excelle dans les rôles d’illuminés ou d’halluciné. Il est tiraillé entre les sentiments de devoir et de culpabilité, il oscille entre raison et déraison, il est lucide et  « ensauvagé » comme les chevaux  du  roi Duncan lâchement assassiné. Et profondément humain. « Ma mort ne rendra pas votre monde meilleur ! »

11401314_722312941229242_3454305042167414747_n.jpg?_nc_cat=104&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=07fc23057acb750a38efbe97dd82555b&oe=5C6B9D1C&profile=RESIZE_710x

Dominique-Hélène Lemaire 

Macbeth – Théâtrez-Moi ! from Théâtrez-moi! on Vimeo.

Photos: Jérôme DEJEAN

Au Théâtre du Parc Du jeudi 17 janvier 2019 au samedi 16 février 2019 02/505.30.40

Lire la suite...
administrateur théâtres

Une mise en scène de Nele Paxinou, et le texte de François Ost (editions Lansman)

Camille

François Ost

Adaptation François Ost, Nele Paxinou
Mise en scène Nele Paxinou
Avec Marie Avril, Virgile Magniette, Bernard Sens
Danseurs Robin Capelle, Juliette Colmant, Caroline Givron

15-camille093.jpg

De quoi ça parle?
 

 Qui ne connaît pas le  destin tragique de Camille Claudel, sœur de l’éminent poète  chrétien et diplomate français Paul Claudel? On se souvient au moins du film Camille Claudel de Bruno Nuytten dans lequel Isabelle Adjani incarnait Camille et Gérard Depardieu Rodin. Le film  fut couronné cinq fois aux César du cinéma 1989 et nommé aux Oscars. Auguste Rodin, impressionné par le caractère innovant et  la solidité de son travail, fait entrer  la jeune Camille, comme praticienne à son atelier de la rue de l'Université en 1885 et c'est ainsi qu'elle collabora à l'exécution des « Portes de l'Enfer » et au monument des « Bourgeois de Calais ». Ayant quitté sa famille pour l'amour de Rodin, elle travaille plusieurs années  à son service, négligeant sa propre création.  Qui de l’élève ou du maître inspire  ou copie l'autre ? L'amour ne distingue pas.  Mais considérée par sa famille comme une dévergondée, elle est rejetée brutalement.  Rodin ne peut se résoudre à quitter Rose Beuret, sa compagne dévouée… pour l’épouser.   La rupture définitive est consommée en 1898.  Camille s’installe alors 19 quai Bourbon et poursuit sa quête artistique dans  la plus grande solitude, malgré l’appui de  quelques critiques. Camille craint à tout moment que Rodin n’envoie des inconnus pour lui dérober ses œuvres. Elle vit  dans une grande détresse physique et morale, ne se nourrissant plus et se méfiant de tous. Son père, son soutien de toujours,  mourra le 3 mars 1913. Pourvue d’une  mère, incapable d’amour vis-à-vis de sa fille  elle  sera internée le 10 mars à Ville-Evrard puis transférée, à cause de la guerre, à Villeneuve-lès-Avignon Elle  y végétera et y mourra trente ans plus tard, le 19 octobre 1943, privée de tout contact avec sa famille et ses amis.  Un destin que l’on  peut comparer à celui de Zelda,  la femme de  Francis Scott Fitzgerald, l’auteur de « Gastby le magnifique » ,une autre femme subissant  l’injuste condition de la femme à la fin du XIXe siècle et le plagiat artistique.  

Et alors?camille-claudel-valse-figurine-sculpture.jpg

L'idée de débuter la pièce par l’internement psychiatrique et la fin de vie de Camille Claudel, permet de  prendre de plein fouet  l’injustice faite à cette femme qui eut le tort de se vouloir, libre, amoureuse et artiste et qui sombrera, privée de tout,  lâchée par tous, dans la déchéance absolue. C’est l’idée de l’auteur, suivie d’ailleurs par la metteuse en scène, Nele Paxinou,  qui a su ressusciter par la puissance de sa théâtralité le conflit des énergies,  et donner aux personnages des contours absolument poignants nimbés dans la poésie et l’humanité propres aux œuvres de Camille! On apprécie particulièrement  la présence très vivante de deux danseurs, un  homme une femme qui,  tout au long de la représentation, soulignent  les dialogues par de  précieuses chorégraphies très bien pensées. Leurs visages restent immuablement neutres mais leurs corps  semblent répéter en  variations  mobiles  toutes les émotions des comédiens.  Les deux figures de sable ou de glaise, dont la nudité semble surgir de la terre, dorée par les jeux de lumière sont là pour évoquer de façon fascinante les émouvantes sculptures de l’artiste et la force de ses créations. La musique est celle d’impressionnistes français, en hommage à Debussy. Il faut  bien cela pour supporter la tension du texte de François Ost,  qui déroule les épisodes de la vie antérieure de la jeune femme, avant son internement infâmant et permet d’exploiter tout le potentiel du rêve artistique de la jeune femme! Face à  l’amant, sculpteur prométhéen, génie du feu, et le frère, poète mystique, génie aérien, elle incarne la fertilité et l’énergie de  la terre .  Tandis que  le texte  célèbre la liberté  de la Chèvre de Monsieur Seguin, celle-ci est victime d’une mort pernicieuse programmée par le génie masculin.

 

Et le casting? 

Irréprochable ! Une rage, « Evidemment, je lui faisais de l’ombre. Mère de son enfant, je n’étais plus la gentille-jolie élève, je devenais Madame Rodin ! La maternité, c’est pour Rose ; les cours particuliers, c’est pour Camille ; chaque chose à sa place, un temps pour tout. Surtout ne pas troubler le confort du Maître ! Ah tu ne veux pas vivre avec moi, et bien ta fille tu ne la verras jamais ! Envolée, délivrée, Galatée ! »  Un génie à l’œuvre « Regarde, la roche devient luisante, elle me sourit. Elle brille comme un miroir. Et elle rend un autre son, sous les coups de ciseau. Ah, Camille Claudel, SCULPTEUR !» Enfin, la fureur de création, tout est magnifiquement emmené et campé par la comédienne Marie Avril, dont la voix, la diction et le timbre sont un délice  pour l’oreille ! Paul Claudel/ Virgile Magniette, le frère  apparaît sans caricature, décapé du lustre dont il se pare, car on ne voit plus que son âme grise. Parfait ! Et Rodin, …est d’une  savante justesse théâtrale.  Bernard Sens

 

Que demander de plus?  

La Note de la metteuse en scène: 
Avec passion, j’ai voué ma vie au théâtre. J’ai fondé en 1980 Les Baladins du Miroir, théâtre itinérant
sous chapiteau, théâtre total mêlant le jeu de l’acteur à la musique et à l’acrobatie. Aujourd’hui, j’ai
atteint mon objectif : partager la culture en faisant découvrir nos grands auteurs (Molière, Shakespeare,
Ghelderode, Cervantès, Voltaire,..etc.) à un très large public. La renommée des Baladins du
Miroir a traversé les frontières et nous avons jusqu’ici touché quelque 700.000 spectateurs.
Lorsque j’ai remis les rênes de la compagnie à Gaspar Leclère, j’ai décidé de prendre un nouveau
départ en créant la société Vitaly Production qui s’est assigné une mission vitale : mettre en valeur
des artistes d’aujourd’hui qui nous interpellent.
Ma rencontre avec François Ost répond à cette attente. Il nous propose dans un très beau texte –
nominé au prix littéraire du Parlement de la Communauté Wallonie Bruxelles 2014 – un nouvel éclairage
sur l’œuvre et le personnage de Camille Claudel.
Femme et sculpteur de génie, elle a réussi à imposer son art dans un monde d’hommes et dans une
société bien-pensante où la femme restait vouée au sexe et à la maternité.
Camille revendique une vie libre. Elle vit une passion amoureuse avec Auguste Rodin. Bientôt bafouée
par son amant et maintenue enfermée ensuite dans un asile par la lâcheté d’un autre homme, son
frère Paul Claudel, elle revendique pleinement une place vouée à la création.
Je voudrais accompagner, faire résonner encore son geste créateur, célébrer sa mémoire, bien audelà
de l’anecdote, en la conduisant là où elle nous attend : le moment précis où LA VIE SURGIT DE
LA PIERRE.


Nele Paxinou

http://www.atjv.be/Camille

L’image contient peut-être : 1 personne, barbe, texte qui dit ’CAMILLE Centre culturel de Nivelles Jeudi 5 mars 2020 à 20h’

  

Lire la suite...
administrateur théâtres

play_434_lisbeths_(2).jpg« Lisbeths » (2006) de Fabrice Melquiot au théâtre Le Public  

 La douce canicule de cette mi-septembre se meurt vite dans l’atmosphère renfermée de la salle des voûtes du théâtre Le Public et la pièce devient vite  irrespirable, …entendez, dans le sens de l’absence de respirations! En effet, les deux comédiens vont mener train d’enfer, aspirés dans la fébrilité de leur poursuite amoureuse à travers les ronces de la vie.

George Lini et Isabelle Defossé ont tout donné ! La langue  est haletante, truffée d’interruptions, de rires trompeurs,  de lapsus, de choses échappées à l’inconscient, de bulles effarouchées, d’hésitations essoufflées, de précipitations  vertigineuses dans un jeu théâtral intelligent et juste.  Ils ne savent pas comment s’approcher, coincés dans leurs carapaces bourrées d’épines. Pas facile l’amour chez les oursins, comment remonter à la surface ?

 Les giclées de « enfin bref » sont autant de cris d’alarme brûlants. Le sol du plateau est un lit de braises. « Enfin bref », c'est le mot qui assassine le présent, qui court haletant vers un futur qui se dérobe, qui angoisse et qui terrorise.  A lui seul il symbolise  l'urgence d'un désir inassouvi, sans jamais l'ombre d'un espoir de contentement, avec à la clef la déception comme clef de voûte de la vie, dans une course absolue et effrénée, à l'assaut des ombres et non des choses et des gens, tels qu'ils sont! 

 Le duo fantastique des deux comédiens Georges Lini & Isabelle Defossé détient un  puissant pouvoir d’invitation à la réflexion. Cette pièce fulgurante du savoyard  Fabrice Melquiot pourrait-elle briser le cycle infernal de nos temps pressés et utiles... ?   Et si on éduquait les gens au contentement et non à l’avidité permanente ? Une avidité stimulée par la publicité, qui affirme qu’il nous manque toujours impérieusement quelque chose.  Une civilisation du besoin chronique et permanent, sans cesse ressassé, qui  instille dans les esprits la dure sensation de manque.  Ils ont les yeux dans les yeux, le corps à corps, mais pas la sérénité de  l’accord ! Le spectateur ne ressortira pas indemne, touché, mais heureusement pas coulé !

 « Ils ont tout et pourquoi cela ne marche pas » se demande-t-on?  Cette question ne cesse de hanter le spectateur souvent pris à témoin par les comédiens, ballotté dans l’ivresse des mots, des dialogues et des narrations croisées au cours de joutes qui ne sont pas que verbales puisque le corps est maître à bord. Ainsi, le spectateur est entraîné, troublé, subjugué par  l’énergie théâtrale époustouflante du  ballet des amoureux qui évoluent tels des papillons de nuits affolés, dans un clair-obscur plus livide que le désespoir. Et pourtant  la fille avait des rêves, elle avait su larguer les amarres, et pourtant elle avait - mine de rien- semé la lumière, rêvé d’un enfant dans la blancheur d’une innocence retrouvée,  galbée de verres de laits à la chaîne et de craies blanches prêtes à écrire une nouvelle vie.

Le phénomène de l’amour - ce qui fait que nous existons à nos yeux et aux yeux des autres - devrait être la tendre aspiration de chaque homme et de chaque femme. Mais la pièce  se fait de plus en plus pessimiste  et l’inaccessible étoile reste bel et bien inaccessible pour les deux personnages, à force de se concentrer sur leur propre désir et non sur celui de l’autre. Et pourtant tout avait  si bien commencé, un peu comme dans L’Ecume des jours: sur les  sentiers peu fréquentés  du fantastique et de la poésie.

lisbeth

 

 Petits commerçants, petits consommateurs d’amour, ils s’éteignent aussitôt allumés, des lucioles perdues dans le grand noir !  Et l’homme est impuissant  devant son destin, vissé à une  angoisse obnubilante comme un coquillage sur son navire car sa Lisbeth, tout d’un coup, n’est  plus la Lisbeth qu’il connaissait dans les moindres recoins : elle a changé ! Elle est une Lisbeth plurielle et réelle. Et cela  Pietr ne l’accepte pas! …S’il pouvait se dire qu’elle est  tout bonnement vivante, traversée par le désir d’enfant et assoiffé de  lui ! Incapable de renoncements, il la fige dans son imaginaire, la cloue comme un papillon sur la planche de l’entomologiste, alors que la vie, c’est justement l’adaptation perpétuelle et le changement! Pauvres humains plus piquants encore,  mais bien moins sages, que les oursins!

 

http://www.chargedurhinoceros.be/index.php?option=com_content&view=article&layout=edit&id=118

...À plus de quarante ans, Pietr se contente de brèves aventures : représentant de commerce, ce n’est pas un métier pour être en couple, on n’est jamais là. Lisbeth fait irruption alors qu’il n’attendait plus rien. Ils se plaisent et décident rapidement de faire un enfant, dans un hôtel, face à l’océan. Elle patiente sur le quai de la gare. Quand il descend du train, il voit cette femme qui vient vers lui, tout sourire, toute lumière. Ce n’est plus Lisbeth, c’est une autre Lisbeth, c’est une inconnue. Mais il reste pourtant l’envie d’atteindre cet amour absolu …

De Fabrice Melquiot, mise en scène de Georges Lini, avec Isabelle Defossé et Georges Lini

Du 6 septembre au 29 octobre 2016 à 20h30 au Théâtre Le Public à 20h30

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=434

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fabrice_Melquiot

Lire la suite...
administrateur théâtres

Fabuleux! Du théâtre bilingue Fr/Es au théâtre de la Clarencière:  

b7abaff22890521ecd50d8b99ba9d0aeec32f1cf.jpg?wl=1024"Je m’appelle Federico García Lorca. Je suis né en 1898 près de Grenade. Grenade mes amours, Grenade blanche, Grenade mauresque, Grenade,
ma Grenade, Grenade des neiges, de l’olive et du vin. Je suis mort en 1936. Près
de Grenade aussi. Grenade pillée, déchirée, violée. Grenade noire, chrétienne,
balayée par le bruit des fusils et le silence des poignards dans la gorge."

Un texte époustouflant écrit en hommage à  F.G.Lorca, vibrant de résistance à toutes les dictatures, 5 comédiens, de la musique, de la tension, et tant de sincérité dans le jeu! Une création du théâtre de la Clarencière et un  superbe  spectacle, comme toujours! Avec Laurence Briand, régisseur et actrice passionnante.

Il y a 80 ans…

Le poète et dramaturge espagnol, ami de Manuel de Falla, Luis Buñuel, Salvador Dalí,  également peintre, pianiste et compositeur avait 38 ans quand il fut assassiné le 19 août 1936, il y a 80 ans,  à Viznar près de Grenade, par les milices franquistes. Il s’appelait Federico García Lorca.

Lorca, le vagabond du verbe… plutôt Laurence Briand  la vagabonde, ne veut pas mourir. Il/Elle n’est pas un(e) hérétique! Et pourtant son procès se tient bien au cœur souterrain de la Clarencière, un mur noir taché de sang plus noir encore, devant une  salle comble et silencieuse. Laurence Briand dans le rôle de Federico est entourée de François Mairet, Ruy Peres, José Peres et Marguerite Topiol.  

14424871_10154641282259797_4911452868289098600_o.jpg

 A la lumière de cierges, l’audience est prête à suivre le protocole habituel de la mise en accusation de l'hérétique, comme l'étaient avant le poète andalou, les Juifs, les Marranes, les Cathares.   Voici démontée la mécanique bien rodée d'un procès d'Inquisition, avec toutes ses étapes qui vont de la présentation de l'hérétique, de celle de l'Inquisiteur, de l'autodafé - temps de grâce pour l’« actus fidei » à l'exécution et à la mise à l'index des œuvres du poète en passant par l'indispensable délation. Après abjuration des convictions et des écrits de l’accusé, tortures à l'appui, on passe à  l’application  des peines dont on ne ressort jamais vivant et les écrits sont brûlés sur la place publique. Tout cela  ne se passe  pas  au Moyen-Âge, comme on pourrait le penser, mais il y a  moins d’un siècle, dans la très sainte et  catholique Espagne franquiste, que des milliers de personnes ont  dû quitter pour sauver leur vie et se réfugier dans d’autres pays.

14372280_10154641282849797_8018054754687647476_o.jpg   

Jugements sommaires, exécutions sanglantes.

Entre 1998 et 2001 Les talibans détruisirent les 55.000 livres rares de la plus vieille fondation afghane et ainsi que celles de plusieurs autres bibliothèques publiques et privées. Au Mali en janvier 2013, en Irak en 2015, l'organisation djihadiste Etat Islamique brûle 2000 livres à Mossoul. « Art is the signature of civilizations.» La Turquie ne se prive pas d’user de méthodes similaires en 2015-2016.  La meilleure couverture de la dictature, c’est la foi ; la meilleure couverture de l’oppression de la femme, c’est encore la foi.

14409917_10210841593812813_4447965855775554794_o.jpg

Dans ce  spectacle où s’affrontent  les 5 comédiens exaltés,  le spectateur  est plongé malgré le sujet  terrifiant,  dans la douceur de vivre andalouse par le verbe poétique et la beauté de la gestuelle. On  y découvre en effet une très attachante Marguerite Topiol.    Elle danse, chante, mime, raconte  un rêve de  femme libre et belle. Elle est un  modèle de bonheur et de joie de vivre.  Elle est un modèle de larmes versées pour la terre qui l’a vu naître.    Car on plonge aussi évidemment dans la manipulation exécrable des tribunaux d’exception qui pratiquent une justice expéditive et destructrice, souvent aux noms de dieux ou d’idéologies meurtrières. Il faudrait se rendre compte qu’aucune  dictature n’a de place pour la femme.  Hommes et femmes, devraient s’en convaincre.  Si non, partout et toujours,   la femme sera  reléguée, privée de liberté de parole et d’action, interdite de toute manifestation de libre-arbitre sauf à être l’esclave de  l’homme. Voilà ce que   toutes les  dérives  extrêmes nous proposent. Voilà  ce qu’il est primordial de combattre.

14362731_10154641282089797_5609891414994126217_o.jpg

La pièce se déroule dans les tonalités chaudes des rythmes espagnols, la  mélodie de la langue espagnole est  fortement présente et chante la nature et la beauté. Même si on n’est pas bilingue on a l’impression de tout comprendre ou presque : la magie de l’interprétation?  La magie du lieu, qui oblige les comédiens à donner la quintessence de leur art. Chaque fois que l’on quitte La Clarencière, on a   goûté  une large rasade d’intense théâtralité de proximité qui vous pénètre et vous enivre jusqu’au fond de l’âme. Remercions son infatigable directrice, Fabienne Goovaerts qui trouve toujours la manière de galvaniser la pensée ou le cœur car  son théâtre est fait, ici ou ailleurs,  pour réenchanter le monde: le poète a dit la vérité…

14444890_10154641282899797_7713787682110408553_o.jpg

Et l’auteur s’appelle ...José Peres.

Site de la Clarencière

Drame de José Perez
Par : Laurence Briand, François Mairet, Marguerite Topiol, José Perez et Ruy Perez
Chant : Cécile Rigot 
Mise en scène : Laurence Briand
Assistanat : Marguerite Topiol 
Production : Toc Toc Art

  

Photos de Christian Snoeckx

Lire la suite...
administrateur théâtres

dscf0370.jpg?width=350

Rigoletto (Verdi)

Avec Leo Nucci, Désirée Rancatore, Gianluca Terranova,
Luciano MontanaroCarla Dirlikov... Du 15 au 31 mars 2015

http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/rigoletto

 

Au seuil des années 1850 après sa création de «  Luisa Miller » son premier drame  intimiste qui émeut  aux larmes, Verdi  entame sa grande trilogie de la maturité : « Rigoletto », « Il Trovatore » et « La Traviata ».  Celle-ci  va  révolutionner l'art lyrique. La porte s’ouvre vers le romantisme. Verdi  a trouvé dans « Le Roi s'amuse »,  le drame censuré de Victor Hugo, les ingrédients propices à développer ses idées dramaturgiques qui concernent l’humain. La violence est partout : passion ardente, amour malheureux, enlèvements, arrestations, haine, vengeances à répétition, tueur à gages, complots. C’en est fini de l’unité de temps, d’action et de caractère. Le déroulement musical de la partition épouse le rythme de l’action et la gestuelle théâtrales.

dscf0544.jpg?width=275

Avec « Rigoletto » nous sommes devant un drame humain poignant, où le machisme est la cause de tous les malheurs et où les femmes sont des victimes sacrifiées sur l’autel du pouvoir. Les sentiments paternels abusifs, les intrigues de courtisans profiteurs basées sur la corruption, l’arrogance d'un monarque affamé de puissance et délirant de libertinage aboutissent à la mort d'une jeune fille innocente qui préfère sacrifier sa vie pour un homme qui lui a menti, plutôt que de vivre dans ce monde machiavélique. Le pouvoir en place (l’Autriche) s’indigne et censure. Verdi résiste, persiste et signe moyennant quelques légères concessions.   

 Chaque personnage est un être fascinant, hors normes, il a son caractère propre,  une  couleur bien individualisée et un style de chant immédiatement repérable.  Au sommet de sa puissance créatrice, Verdi mène ce drame qui fait la part belle au grotesque, tambour battant, enchaînant des  duos parmi les plus beaux jamais composés. Le rideau se lève sur un décor grandiose, fidèle aux décors originaux, majestueusement antique, comme on les rêvait à l’époque de la création de cet opéra. Les costumes aux textures  rutilantes sont tout aussi impressionnants par leur authenticité. Nous sommes à la cour en collerettes du duc de Mantoue, au cœur du 16e siècle, mais on est tout à l’envers des sentiments de Roméo et Juliette.

 

 Le Bouffon bossu Rigoletto est doublement laid, physiquement et moralement. Instrument du pouvoir, il est obligé de faire rire son prince et s’attire invariablement  la haine grandissante des courtisans qui chercheront à se venger. Interdit de larmes par métier, son personnage devient pathétique. Veuf et père affligé d’une possessivité maladive, il est bientôt la proie d’une malédiction infernale autant que grotesque. Leo Nucci l’incarne avec une vérité théâtrale saisissante et une voix paternelle impressionnante. C’est l’Avare de Molière, doublé d’un détestable Quasimodo qui sans patrie, sans parents ou amis  enferme sa fille Gilda car il n’a qu’elle. Mais il éprouve aussi une tendresse infinie pour elle et souhaite fiévreusement « que rien ne vienne blesser sa candeur ! » Lorsqu’elle lui est enlevée il éprouve une colère effroyable vis-à-vis de son protecteur qui lui a volé sa fille et une indicible douleur. Il va jusqu’à demander pardon aux courtisans moqueurs pour qu’ils lui rendent sa fille : « Pieta, pieta signori ! » Lorsqu’il la retrouve et qu’elle lui confesse sa rencontre avec le jeune Gualtie Malte dont elle ignore qu’il est le  duc, les accents de tendresse mutuelle sont alors à leur comble.

Désirée Rancatore interprète Gilda avec grande sensibilité et expression. Au début elle est encore une enfant d’une naïveté touchante : ni la gloire ni le pouvoir n’intéressent  la jeune fille. Sa seule valeur est l’amour, qui la rapproche des anges. D’ailleurs sa mère est là-haut et veille sur elle! Dès qu’elle a découvert les tressaillements de l’amour, elle prend de l’assurance et vocalise de bonheur, explore les terres nouvelles du sentiment, semble improviser, son âme chante dans l’extase vocale. Elle annonce, sinistre prémonition, que son dernier soupir sera pour cet homme qu’elle aime!  Le climax musical de l'opéra est au  troisième acte, dans lequel les quatre personnages chantent un quatuor fait de deux duos : le père et sa fille à qui il fait entrevoir qu’elle est trompée et le duc volage (Gianluca Terranova, italien en diable) qui séduit une nouvelle proie: l'ardente  bohémienne Magdalena, sœur du tueur à gages. C'est Carla Dirlikov qui interprète ce rôle avec beaucoup de subtilité et de sensualité.  

Un mur sépare les protagonistes mais la fluidité et la vérité de leurs états d’âme se fondent en une musique torrentielle, un déluge d’émotions contradictoires. A la fin du troisième acte Gilda expire dans un dernier filet de voix, à peine audible après une dernière preuve d’amour filial extrêmement touchant.

Soulignons encore les couleurs plus que  sombres du tueur à gages, l’épouvantable Sparafucile sous les traits de Luciano Montanaro, un personnage dont l’infamie est campée comme une fleur vénéneuse plongeant ses racines  dans l’atmosphère écrasante de la malédiction si bien rendue par l’orchestre. Son timbre est au mieux avec la fourberie, la cupidité et l’absence de scrupules.   

Émotionnellement chargé d’une authenticité de sentiments extraordinaire,  ce « Rigoletto » de Verdi est exécuté d’un bout à l’autre de façon poignante. Les chœurs masculins sont admirables et le  chef d’orchestre (l'illustre Renato Palumbo) fait preuve d’une connaissance très fine de la richesse  incandescente de la musique Verdienne. Cette prestation exemplaire peut  être rangée parmi les plus belles interprétations de cet opéra, qui est l’un des plus joués au monde.

http://www.operaliege.be/fr/artistes/desiree-rancatore

Lire la suite...
administrateur théâtres

Un triomphe pour une pièce sublime, « L’affrontement » joué  au Centre Culturel d’Auderghem avec un duo de choc : Francis Huster et Davy Sardou ! Où C C C ne veut pas dire Cellules Communistes Combattantes mais Crises du Catholicisme Contemporain. Le pitch : « Comment Choisir entre la liturgie et le  MUSIC-Hall » Et dans ce débat ardent, ce sont évidemment les questions qui vont au-delà  du catholicisme et concernent directement  le cœur de l'être humain, qui donnent à cette œuvre une valeur universelle.

Tim Farley, celui que l’on doit appeler « mon père » (Francis Huster)  a  recours à la flatterie de  ses paroissiens et les divertit avec des sermons qui contournent les problèmes inquiétants afin de protéger sa Mercedes, ses voyages  en Uruguay et l'offre généreuse de vins fins qui ornent  le double fond de sa bibliothèque. Son monde bien ordonné est perturbé par l'arrivée de Mark Dolson (Davy Sardou), un jeune séminariste intense et idéaliste que le Père  accepte à contre cœur de prendre sous son aile. Il y a un conflit immédiat entre les deux,  alors que  le jeune homme remet en question le mode de vie luxueux du prêtre âgé, celui-ci  est consterné par la confession de Mark qui a mené une vie de promiscuité  bisexuelle avant de choisir la prêtrise.

Le drame psychologique oppose deux sortes de sacerdoce. D’une part celui du vieux curé irlandais, retraité de la foi,  installé confortablement dans une paroisse riche et prospère, un homme qui ne veut pas de vagues et dispense un discours de guimauve, se soumet hypocritement à l’autorité hiérarchique et aux  compromissions, un homme  qui  frémit de déplaire à  une congrégation docile et béate  mais fort loin des béatitudes chrétiennes.  De l’autre, celui du jeune séminariste, une âme perdue et retrouvée, courageuse, ferme et déterminée qui a connu les citadines, les citadins et même le trottoir pour survivre, dès l’âge de 17 ans. Cela a des vibrants accents de Gilbert Cesbron…

en-tournee-francis-huster-et-davy-sardou-joueront-quot-l-affrontement-quot-mardi-3-mars-a-l-opera-theatre.jpg?width=500 Le débat  récurrent remet en question l’accession des femmes au sacerdoce toujours refusée dans l’Eglise Romaine.  Rien non plus, selon Mark Dolson, n’interdit à deux hommes de s’aimer! Débats à l’évidence  toujours d’actualité, alors que la pièce « Mass Appeal » de Bill C. Davis avait été écrite en 1981 et fut traduite et jouée par  Jean Piat et Francis Lalanne en 1996, une version tragique, provocatrice et sulfureuse. Si le fond de la pièce n’a pas changé, l’attitude du public du XXIe siècle  a évolué. On accepte désormais de nouveaux codes et le rire dénonciateur est devenu un Credo omniprésent, ressenti comme la meilleure parade aux tentatives totalitaires ou intégristes.  

 

En effet, 20 ans après, la nouvelle version qui déferle sur les planches du CCA est une nouvelle adaptation signée par Jean Piat et sa fille Dominique Piat. Elle est bourrée d’humour explosif. C’est une mise en scène  de Steve Suissa. Le  décor dynamique de Stéfanie Jarre permet le passage habile de la chaire au  presbytère. Les jeux d’ombre et de lumières  évocateurs sont  signés Jacques Rouveyrollis et les costumes, Edith Vesperini. Steve Suissa a ourlé son travail de chansons d'amour émouvantes -  américaines pour la plupart - qui séparent chaque scène, faisant chaque fois accéder à plus de bonheur spirituel et plus d’amitié, ce qui est un autre thème puissant développé avec grande intelligence tout au long de la pièce. La musique ne facilite-t-elle pas l’accession à ce monde invisible par lequel on existe ? Le jeune-homme bourré d’insolence et de sincérité veut que l’église se remette en question, remettant au centre de ses préoccupations la seule chose importante, l’amour et sa variante: l’amitié. Et son rire, joint au nôtre, remet les choses en perspective.

 Notre siècle ne  permet-il pas à présent de rire de tout ?  Le rire ouvre à  la réflexion, y compris celle qui demande pourquoi on se pose telle ou telle question. C’est la  liberté de parole plus vivante que jamais, qui  creuse le sillon de l’humain. L’affrontement des deux hommes les met face à face avec  eux-mêmes. Chacun finit par devenir ce qu’il est, et la question Shakespearienne de « to be or not to be »  prend toute sa pertinence. Les deux rôles collent littéralement à la peau des deux comédiens et les spectateurs - pris pour des paroissiens - eux aussi, se transforment et tentent de trouver leur propre vérité avec eux-mêmes.  La magie théâtrale  a sondé l’humain avec une profondeur et une habileté qui met les larmes aux yeux.   Et qui n’a pas eu envie d’entonner Alleluia, Alleluia… en fin de spectacle, au nom de la vérité de chacun?   

Au cœur de sa programmation, la saison Paris-Théâtr...e présente le meilleur du théâtre français en général et parisien en particulier. 7 pièces à ne pas manquer, faisant passer le public du rire aux larmes et où l’émotion et la surprise sont toujours au rendez-vous. Une saison basée sur le divertissement, les coups de cœurs et la diversité !

http://www.cc-auderghem.be/index.php/component/redevent/details/270.html

Réservez

Dates
24.02.2015 - 01.03.2015 20.30 h - 15.00 h

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273063071?profile=original12273063264?profile=originalPresque 100 ans après, il faut croire que l’ivresse  du couple maudit de Zelda et Scott Fitzgerald fait toujours appel à notre imaginaire. Dans « Gatsby le magnifique », mieux que n’importe quel écrivain de son temps, Fitzgerald chronique  une époque propice au relâchement des mœurs, à l’essor du jazz, au rêve Américain selon lequel n'importe quel immigrant muni de courage et de détermination peut  réussir à partir de rien.  Un vent de liberté a soufflé : le 19e amendement a donné aux femmes le droit de vote. Mais la fête est éphémère. Les années folles marquées par une immense croissance économique s’effondrent devant la catastrophe du mardi noir de 1929. Dans sa pièce, Renaud MEYER fait revivre ce duo tragique de Zelda et Scott en quête d’absolu,  désenchanté et déchiré par la haine.

Histoire de l’échec d’un mariage qui avait tout pour être fabuleux. Zelda qu’il a arrachée au puritanisme de sa famille du Sud  est devenue  l’égérie de Scott Fitzgerald et l’héroïne de ses romans. Elle quitte tout pour le suivre dans ses aventures, séduite par ses promesses de gloire. Elle aurait voulu faire du cinéma, être actrice…Elle rêve de devenir mère… Elle est éprise de liberté, elle écrit en secret des carnets à propos de sa vie intime. Elle est folle… de lui.  

 12273062856?profile=originalLe couple mythique devient  le symbole de l’Amérique libre et dissolue des années 20. « Les jeunes amants se jettent à corps perdus dans un univers d’illusions, où tout n’est que jeu. Les magazines relatent leurs odyssées nocturnes, et l’on ne parle bientôt plus que de leurs frasques. » Ernest Hemingway devient un confident passionné de Scott …ou plus. Ils vont à Paris, ils sont jeunes, riches et beaux. Mais Scott, délabré par la dépression,  l’abus d’alcool et la perte d’inspiration littéraire  s’effondre.  Le couple trinque. Zelda souffre de nostalgie pour sa famille, reproche à son prédateur de mari l’emprunt de ses carnets intimes pour étoffer ses livres. Dépressive, elle est nymphomane et  donne des signes de schizophrénie. Hemingway, prédateur encore plus cynique, fait tout pour qu’elle soit internée. C’est le drame. Elle écrira encore, tout en rêvant encore d’être ballerine, enfermée dans sa clinique psychiatrique, où elle meurt dans un incendie.

ZELDA ET SCOTT Chloé LAMBERT, Julien BOISSELIER et Jean-Paul BORDES incarnent le trio infernal avec un talent à la mesure du tragique  des personnages. La vie  passionnée de célébrités artistiques d’une époque foisonnante, un  triangle d’amour-amitié,  le jazz sur scène pour faire vrai, tout séduit et choque à la fois. Vertige du jeu avec la mort ou avec l’alcool, débauche.  Chloé Lambert est la maîtresse de cérémonie. D’espiègle, créative et lumineuse luciole, qui fait naître le souffle littéraire autour d’elle,  elle sera au troisième acte vivement  piégée comme un papillon dans un coffret, minuscule ballerine désenchantée aux côtés d’un mari qui lui aura tout pris… son talent d’écriture, y compris. La fin est bouleversante : celle de la belle du Sud, toujours aussi éprise de liberté. Naïve et attendrissante, elle  marche à  la rencontre de cet être qu’elle rêve encore autre qu’il n’est,  pour  renouer avec les premiers instants du coup de foudre dans l’incendie qui la consume. Ce spectacle est puissant, profond et beau. La mise en scène est belle comme celle d’un concerto. Un concerto pour un ange, diront certains… Dramatique aussi, comme peut l’être la vraie vie et le rêve fracassé.  Julien Boisselier excelle dans sa représentation de l’homme de lettres, devenu, grâce à sa muse, monstre littéraire et  aussi dans celle du dandy d’une faiblesse  pathétique,  un être qui  résiste à tout sauf à la tentation. Avec Jean-Paul Bordes, Hemingway, l’homme de guerre, le vrai prédateur est campé avec un  cynisme consommé. Avec le Manhattan Jazz Band en live, le sextuor illustre avec brio le désespoir des années 20 dans les décors poétiques imaginés par Jean-Marc Sthelé. A la manière du pianocoktail de l’« Ecume des jours » de Boris Vian, Jean-Marc Sthelé a inventé un  litcocktail, un lit préparé comme « Un piano arrangé de quelques alcools et entonnoirs. …Ses musiques dérivent, grincent et se déglinguent comme l’ivresse d’une fin de nuit ». Sauf que là, c’est l’éloquent trio de jazz qui fait tout! 12273063452?profile=originalhttp://www.theatrelabruyere.com/spectacles/zelda.php

 

 Paris théâtre 14/15 au Centre Culturel d'Auderghem

Un «Presque Pagnol»… Une histoire de famille sous le soleil de Provence.

Des sourires,des rires et de l’émotion. Le tout servi par un scénario étonnant et un texte porté avec l’accent.
Honoré vit seul dans son mas provençal avec Hyppolite, un garçon simple et serviable qu’il considère comme son fils.

Il reçoit la visite de Jeanne, sa soeur. Patrick Sébastien interprète le rôle principal.

Le spectateur retrouve l’acteur que nous aimerions voir plus souvent.

Il est accompagné de Corinne Delpech qui a un jeu d’une grande délicatesse, avec beaucoup de sensibilité.

Le jeu des comédiens et la mise en scène donnent à la pièce ce charme fou qui transporte le public

 

Un presque Pagnol de Patrick SÉBASTIEN

Mise en scène : Patrick SÉBASTIEN et Olivier LEJEUNE

Avec Patrick SÉBASTIEN et trois comédiens

Du mardi 20 au samedi 24 janvier 2015 à 20h30 et le dimanche 25 janvier 2015 à 15h

http://www.cc-auderghem.be/index.php/nos-spectacles/2014-05-14-07-52-11.html

Lire la suite...
administrateur théâtres

Signe des temps ? Encore lui ? Le Mensonge fait encore rage. Dans une nouvelle pièce à Bruxelles, en ce début de saison 2013. Il y avait déjà « Si tu mourais ... »  une comédie sérieuse de Florian Zeller, « Je mens, tu mens… » une comédie licencieuse de Susann Heenen-Wolff, « Même pas vrai … » une comédie sulfureuse de Nicolas Poiret  et  Sébastien Blanc et bien d’autres encore, si on y réfléchit. Le voici,  enchâssé dans la sauvagerie et la perte de repères,  détaillé au scalpel,  étalé de long en large,  débusqué morceau par morceau dans la pièce « Orphelins» (Dennis Kelly) donnée au théâtre de Poche comme spectacle d’ouverture.

12272958262?profile=original Orphelins? Le titre lui-même camoufle quelque chose : la perte de valeurs et la violence abjecte qui en découle. Celle commise par un jeune garçon, orphelin comme sa sœur, suite à un accident de voiture des parents  et qui, depuis l’enfance, est habité par des pulsions violentes avérées. Son dernier « coup » va presque jusqu’au meurtre. Un  crime un peu moins abouti que celui commis par le jeune héros du roman «  Het diner » de Herman Koch. Mais c’est la même problématique. Que fait une famille « bien sous tous rapports » devant la folie de  violence qui s’empare subitement d’un enfant, d’un frère, d’un époux?

Drame urbain. Liam (Pierre Lognay), le T shirt et les bras  couverts de sang, débarque dans l’appartement impeccable de sa sœur, Helen (Anne-Pascale Clairembourg) et son mari Danny (Itsik Elbaz) pendant qu'ils sont en train de dîner aux chandelles sur une table basse.  « I can explain ! » : la formule magique du menteur ! Liam  prétend qu'il a essayé de venir en aide à un mec bourré de coups de couteau couché au milieu de la rue. Mensonge pathétique bien sûr. D’un bout à l’autre, le parler de Pierre Lognay est un exercice du genre : staccatos bousculés, demi-phrases  heurtées et paniquées,  à peine articulées, infantiles, contradictoires.12272958662?profile=original Helen, redoutant la vérité  et l’anticipant à la fois, creuse  de scène en scène et obtient des aveux de plus en plus effroyables.  La grande question est de savoir comment Helen et son mari vont réagir. Ses affrontements successifs  avec celui-ci prennent  eux-aussi des voies violentes et  chaotiques.   Helen ressent  un attachement viscéral et monstrueux pour son petit frère. Jusqu’où est-elle capable d’aller pour le protéger, lui qui a déjà un « casier », lui qui, même innocent, sera tout de suite suspect ?  Comment se met-elle  à manipuler Danny et à le détruire pour qu’il aide à couvrir le presque-meurtre? Comment vit-elle le fossé culturel qui les sépare dans leur couple ?  Quelle est la part de la crainte inspirée par une autre culture, puisque - il fallait s’y attendre - la victime n’est pas de type caucasien ? Où se trouve la responsabilité civique par rapport à la responsabilité familiale dans notre société en état de  faillite morale? En dehors de l’exposition minutieuse de la violence pure et gratuite perpétrée par le jeune délinquant, l’intérêt principal de la pièce est le dilemme moral. On ne cesse de se demander « mais qu’aurait-on fait à leur place ? » Comme dans l’insoutenable roman «  Het diner » de Herman Koch.  

12272958880?profile=originalHelen défendra son frère comme une tigresse. Prête à se mentir et à faire mentir.  Il est fascinant de voir comment Helen disculpe initialement Liam aux motifs que sa victime  avait l’air « bizarre »  et qu'elle-même a fait l'objet de harcèlement sexuel par des malfrats du coin pourri où ils habitent. Helen est prête, non seulement à éviter que la police ne débarque pour protéger son seul lien familial vivant, mais aussi  à maquiller les faits et à impliquer son mari par un odieux chantage sentimental, lui qui  veut désespérément ne  pas se mettre hors-la-loi. Cyniquement, elle démontre que quelqu’un issu d’un bon milieu comme son mari peut en venir lui aussi à mentir et  commettre des actes immondes. Elle va jusqu’à utiliser la maternité comme obscène monnaie d'échange. Dans cette descente aux enfers, le public finit par ne plus pouvoir respirer, tousse, s’agite tant la tension sur le plateau devient intenable. Tout l’art (consommé) du metteur en scène Patrice Mincke est de diffuser l’horreur au goutte-à-goutte, à la façon d’un thriller qui vous agrippe et ne vous lâche plus.  Et c’est le spectateur qui finit par avoir le couteau sur la gorge !   

12272959465?profile=originalDanny, à la fin, ne se supporte plus, devient un fantôme de lui-même, il est  l’éclopé d’un cataclysme domestique inspiré par le mal. Magnifique interprétation du comédien et de sa comparse, un être écorché par la vie qui a transféré sur lui tout le poids de la culpabilité. Il reste cependant un petit espoir, incarné dans la présence muette de Shane en pyjamas, leur fils, un gosse bien élevé de 7/8 ans qui a traversé les événements en passant le week-end chez sa  grand-mère accueillante. Redonnera-t-il à sa mère son enfance volée et la notion du « Never again » ? Un arrimage à des valeurs  retrouvées de tendresse, de respect et d’éducation ?

Photos par YVES KERSTIUS © 

http://poche.be/saison1314/orphelins/index.html

De Dennis Kelly

Mise en scène de Patrice Mincke Assisté de Melissa Leon Martin

Traduction française de Philippe Le Moine

avec Anne-Pascale Clairembourg, Itsik Elbaz, Pierre Lognay

et, en alternance: Sam Bracco, Kasper Holte Nielsen, Lukas Collet, Charlie Goslain et Sacha  Bendjilali

Scénographie Olivier Wiame

Lumières Alain Collet

Décor sonore Laurent Beumier

Costumes Françoise Van Thienen

Dès 16 ans

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272887672?profile=original© R. Capa, copyright 2001 by C.Capa / Magnum Photos / Reporters

Des Jours et des nuits à Chartres              

                de Henning Mankell              

                mise en scène Daniel Benoin

 

 

Coup de chapeau ou plutôt de béret basque, à la  mise en scène de Daniel Benoin  et aux décors très élaborés de la pièce de  Henning Mankell (vous avez peut-être lu « Les chaussures italiennes »)  qui décide d’approcher sans vergogne, puisqu’il est suédois, le sujet tabou de la collaboration de la France en guerre de 1940 à 1945. Celui des « épurations » en  46, 47… car il faudra de nombreuses années avant que les deux Frances se réconcilient.  Il faut plusieurs générations pour que le traumatisme de la tonte d'une femme s'estompe, jugé parfois plus grave que celui du viol.

 L’astuce  du dramaturge est l’utilisation récurrente du personnage, Robert  Capa, photographe de renom,  et son téléobjectif vorace qui a photographié la mort sur tous les champs de bataille. Il est le premier photographe du débarquement allié en Normandie. On assiste, scéniquement parlant, à un va et vient entre le photographe prisonnier de son appareil photo, et le développement de la vérité dans la Camera Obscura  de son studio et ...la vraie  vie telle qu’il l’a captée ce 16 août 1944.  Son objectif  a saisi sur le vif le regard insondable d’une fille tondue portant dans ses bras un bébé, entourée d’une foule haineuse qui lui crache au visage avant d’être arrêtée et mise au pilori.  Le photographe avoue : « Chacune de mes images est un gibier que j’ai abattu». Il passe sa vie à attendre la bonne lumière qui fera de son image un révélateur de vérité. Et quelle vérité cette fois-ci! Tout le monde n’a pas été capable d’appliquer la phrase d’Albert Einstein. « Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » Par opportunisme, lâcheté, par intérêt et avidité, par dépit, par défaitisme.

L’occupation a été synonyme de collaboration pour beaucoup. Certains résistants ne se sont révélés qu’au bord de la défaite germanique, changeant très opportunément de camp en dernier ressort. Des fortunes faites sur le marché noir se sont accumulées. Cependant que cette  jeune fille, Simone (Fanny Valette),  un peu niaise, simple couturière dans un atelier, ayant perdu sa mère très jeune et même privée de  son frère mort en 36 lors d’un accident de travail, se retrouve seule avec un  père qui l’adore et la chérit. Il n’a plus personne au monde à part sa fille! Il ne sera pas assez sévère avec elle, ne lui indiquera pas la différence claire entre l’ombre et la lumière. Elle tombera amoureuse d’un Fritz qui lui fera une petite fille, preuve tangible de sa méconduite. Ils vont sûrement aller s’établir outre-Rhin. Las ! Mauvais timing,  la guerre est finie et les ennemis vont être punis. La voici, dénoncée,  sur la liste des suppliciables, victime de son « innocence » de la chose politique. Drame.  Humiliations et mise à mort du bouc émissaire  indispensable qui paye pour les  saloperies de tous les autres qui ont su se retirer du jeu à temps. La pièce est un hallali  éprouvant, entrecoupé de flashbacks très réalistes qui dépeignent la vie insouciante de la jeune fille et de son amie, Marie (Juliette Roudet), qui elle, saura se ranger du bon côté, au bon moment. Simone et son père incarnent un désespoir si profond que je n’ai jamais rien vu de pareil, s’exclame le photographe! D’incessants appels au secours retentissent de toutes parts dans la pièce. Personne n’écoute, tout le monde ne pense qu'à soi. C’est le comble, la seule qui a peut-être promis d'essayer, mais n’a pas réussi, est peut-être Simone.

Le rôle de Georges (Paul Chariéras), le  père de Simone, est magnifique d’humanité et émeut aux larmes. Les filles, Simone et Marie sont moins convaincantes quand elles se font leurs confidences, visages tournés vers le sol,  car la diction est un peu précipitée et pas toujours très audible dans la salle d’Aula Magna. La victime et son petit ne sont pas sans rappeler les larmes que l’on a versées pour  le film Ryan’s daughter… et cette tendance de l’homme à crucifier les autres, de préférence! Joués par le même comédien (Frédéric de Godfiem), le soldat allemand est un peu flou - out of focus -, tandis que le reporter, revenons à lui, personnifie en quelque sorte le chœur de la tragédie grecque avec ses commentaires sur la vérité, la vie et l’humanité. Henning Mankell insiste  : « La paix devrait redonner des valeurs à des gens comme Simone. On réussira à reconstruire le pays si on ne devient pas comme eux. » 

«Ainsi, on peut dire que toutes mes images sont inachevées. Il y manque tout ce qu’on ne peut qu’imaginer» dit Robert Capa.  Il nous fait réfléchir au rôle des médias et à leur éthique, avides de scoops en tout genre, sans cesse sur pied de guerre pour saisir ce qui se vend bien. Capter, saisir, s’emparer, collectionner les trophées… dans la plus pure dynamique Darwinienne. 

«Ne restent que les images.

Mes tentatives

De capter ce qu’il y a d’insondable

Chez les hommes

Et par là même

En moi…»

avoue aussi Robert Capa. La lumière est mon  ennemie et mon salut. Trouver la bonne lumière, c’est le but de son existence faite d'attente patiente et délibérée.  Car  « Une vérité qui traverse le feu ne se consume jamais : la photo semble dire: ne m’oubliez jamais ! »

On se doit de citer ici Paul Eluard:

Comprenne qui voudra, (Paul Eluard )


  En ce temps-là,
  pour ne pas châtier les coupables,
  on maltraitait des filles.
 
On allait même jusqu'à
  les tondre.


  Comprenne qui voudra

Moi mon remords ce fut

La malheureuse qui   resta

Sur le pavé

La victime raisonnable  

A la robe déchirée

Au regard d'enfant   perdue

Découronnée défigurée

Celle qui ressemble aux morts

Qui sont morts pour être aimés

Une fille faite pour un bouquet

Et couverte

Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante

Comme une aurore de premier mai

La plus aimable bête

Souillée et qui n'a pas compris

Qu'elle est souillée

Une bête prise au piège

Des amateurs de beauté

Et me mère la femme

Voudrait bien dorloter  

Cette image idéale

De son malheur sur  terre

 

http://www.cdrtours.fr/wp-content/uploads/2013/04/Dossier-pédagogique-Des-jours-et-des-nuits-à-Chartres.pdf

http://www.ateliertheatrejeanvilar.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=503

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

CRIME ET CHÂTIMENT à la comédie Claude Volter

CRIME ET CHÂTIMENT

du Mercredi 27 février au Samedi 23 mars 2013

CRIME ET CHÂTIMENT de Fiédor Dostoïevski
Adaptation & Mise en scène d'Alexis GOSLAIN

« Que faisiez-vous dehors hier vers 19 h ? » « Les êtres exceptionnels, comment les distinguez-vous des autres ? »  «  J’ai tué un principe, pas un être humain ! »

 

Il y avait de nombreux écueils à contourner pour Alexis Goslain  en adaptant pour la scène « Crime et châtiment », l’immense roman  de Dostoïevski, patrimoine littéraire mondial. L’adaptation théâtrale se doit de ne  rien ôter à l’essence du texte. La distribution se doit d’être brillante pour que  chaque personnage puisse sublimer au mieux la souffrance humaine,  physique ou morale. Illustrer avec force  la violence du pouvoir ou de l’argent. Exposer les subterfuges minables des uns et des autres.  Tout l’art sera de conduire le spectateur, sans le perdre  dans les méandres de  cet effroyable drame existentiel. Eviter le misérabilisme et le didactisme.  Et le pari est amplement réussi.  

Pas d’unité de temps ou de lieu dans ce décor qui ressemble à un puzzle d’échafaudages. Ce sont des mises à nu successives de l’âme de chacun des personnages,  à plusieurs niveaux de la scène encombrée de podiums, trappes, escaliers et portes donnant sur le vide.  Ainsi, l’aridité d’un  décor intemporel laisse toute la place à la parole et au geste. On pourrait se demander de nombreuses fois si chaque comédien ne joue pas tour à tour  en solo pour dévoiler, une à une, chaque épaisseur de son  personnage.  On a souvent  l’impression que non seulement les spectateurs regardent mais aussi les autres personnages, en retrait, observateurs muets ou commentateurs discrets. Comme si cela se jouait sur plusieurs écrans de surveillance.  La tourmente est partout à la fois.  Des glissements, des fondus enchaînés, un enchaînement de misère. Des tableaux musicaux qui soulignent l’angoisse omniprésente. Aucune caricature, la justesse de ton va, pour chacun, s’amplifiant. Et des femmes remarquables de justesse de ton.

Maître de l’auto-suggestion, le jeune étudiant Raskolnikov, se prenant pour un être d’exception, a des envies de grandeur. Il  s’autorise à tuer ceux qui sont des obstacles aux "progrès" de l'humanité. En plein délire, guidé par ses pulsions, il passe à l’acte sur scène. « In cold blood »  il tue à coups de hache  la vieille usurière qui lui a soutiré la montre de son père. Musique de thriller à l’appui. Un bain de sang.  Lutte vitale pour lui : « Kill or be killed. »  Mais Caïn est traqué, à perpétuité, étouffant de culpabilité, rongé par le remords et la faiblesse. Sa seule issue sera Sonia, la jeune victime au cœur et au regard purs qui, toute petite, a été contrainte de vendre ses charmes pour faire subsister sa famille. Une figure de la compassion infinie et d’acceptation de la souffrance qui accueille le criminel sans juger. « Et tu me prends dans les bras ? »  Le jeune homme est aussitôt converti, s'agenouille devant elle et lui baise les pieds, prêt à expier son crime. Lui le théoricien dur qui s’était si bien  affranchi de la morale commune. « il existerait sur terre, disons, certaines personnes qui ont le droit le plus total de commettre toutes sortes de désordres et de crimes et, soi-disant, elles seraient comme au-dessus de la loi..... il y a les hommes ordinaires, c'est à dire un matériau, de nature conservatrice, respectueux de l'ordre, des hommes qui vivent dans l'obéissance, c'est leur devoir d'obéir. La deuxième catégorie, ce sont des hommes qui enfreignent la loi, ce sont des destructeurs. Les crimes de ces hommes sont relatifs et multiformes.... ils exigent la destruction du présent au nom d'un avenir meilleur ». En fin de compte, il s’aperçoit qu’il ne fait pas partie des grands de ce monde, il est juste minable mais  magnifique  dans son repentir et son désir de rédemption.

 

Face à lui et complètement insolite  il y a  Porphyre Petrovitch ce juge-policier, cet enquêteur philosophe, sorte de commissaire omniscient de  série policière télévisée. D’où le choc ! Des anachronismes se mêlent à l’historicisme. La vérité qui s’épanche du cœur des personnages doit éclater. Personnages traqués, mères et filles s’empoignent  ou s’adorent. Les hommes rôdent, le désir affûté. L’ignoble Loujine resserre ses pièges machiavéliques.  Le pauvre père alcoolique roule sous un charroi. En contrepoint, l’ami fidèle,  Razoumikhine « le plus gentil de la terre »  s’escrime à faire le bien… Tandis que coule, tranquille la Neva. Dans ce décor, pas de ciel, juste la Neva qui charrie le malheur des hommes, long fleuve de bleuté glacée. Panta rhei… Superposition des tableaux, profondeur de champ, ubiquité et profondeur de la misère.12272872874?profile=original

Cette pièce  forte et lucide, au rythme haletant ,est une proposition novatrice d’Alexis Goslain magistralement interprétée. Des comédiens ardents, au potentiel théâtral éclatant,  défendent leur personnage avec une énergie vitale.  Tandis que coule, tranquille, la Neva, les spectateurs applaudissent en scandant  sur le rythme de  « Riders On the Storm ». Encore un thème musical particulièrement bien choisi.

 

                          http://www.comedievolter.be/index.php?page=crime-et-chatiment 


Splendide distribution:  Chloé Struvay, Sarah Woestyn, Michel de Warzée, Bernard d’Oultremont, Bruno Georis, Mathieu Besnard,  Bernadette Mouzon, Jacqueline Bollen, Julien Devisscher, Nicolas Legrain, Xavier Percy et Sergio Zanforlin

Adaptation & Mise en scène : Alexis Goslain

Assistant à la mise en scène : Nicolas Legrain

Scénographie & Costumes : Noémie Breeus

Musique originale : Pascal Charpentier

Création lumières & Régie : Sébastien Couchard

Construction des décors : MCB Atelier

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272775893?profile=originalLa nouvelle saison du théâtre Royal du Parc démarre avec fracas et modernité. Question de déranger les conventions. Voici "Les Misérables" de Victor Hugo. 150 ans, un anniversaire qui se fête au son des canons.

Lumière versus ombre : les nantis à la maison et les pauvres, les exclus, à la prison, sans rachat possible. Ils valent moins que rien. Non, s’indigne Victor Hugo. « J’ai la faiblesse de penser que les choses peuvent être un peu plus compliquées.»

Le décor des Misérables, d'une totale inventivité, est une Zonzon au design cinématographique 9 mm. Estampe de fer et d’ombre plus glaçante qu’une page d’Edgard Poe. Le chant des esclaves s’élève des 9 cellules-cages lugubres disposées en rangs de trois sur trois étages. La construction verticale de la société. Au centre, quatre volées d’escaliers de fer qui ne mènent qu’en enfer. Les corps des prisonniers sont suspendus dans le cube parfait. L'échelle sociale est effroyable. C’est la présence inéluctable de cette prison (Fresnes, La Santé, Guentanamo, et autre Forêts …de grilles) qui sert de cadre à toute la pièce. Aucune échappatoire possible. Et l’enfer, on l’a trouvé: c’est celui qui est calé dans ses mortelles certitudes, le funeste inspecteur Jabert (Benoît VERHAERT).

« C’est votre âme que je viens vous acheter, vous n’appartenez plus au mal, mais au bien profère son bienfaiteur…. » au grand dam de sa servante. Ainsi, chevillé une fois pour toutes au Bien, Jean Valjean (Olivier MASSART), galérien à vie de son état selon Jabert, va s’arcbouter contre les préjugés, combattre l’exclusion de tout genre briser les contraintes de la logique, faire naître l’humanité. « Le bonheur est une idée neuve. »

Jabert ne supporte pas de se tromper. Il vient donner sa démission au maire pour l’avoir dénoncé à tort. « Un maire ne tend pas la main à un mouchard.» Il refuse toute aide du prochain. Comment le pourrait-il d’ailleurs ? Le prochain n’existe pas. Jabert suit comme une machine sa logique implacable. Elle ne laisse aucune place à une autre voie. Mais Jean Valjean ne peut souffrir qu’un autre se retrouve au bagne à cause de lui. Il est prêt à se rendre à la justice, par dignité retrouvée. Qu’importe le bagne, maintenant qu' il a trouvé la liberté, celle de la conversion.

Les scènes sont déchirantes, les clairs obscurs de véritables tableaux du Caravage. Le personnage d'Eponime (Violette PALLARO) du graphisme percutant et acéré. Le tableau des travailleuses à la chaîne lorsque Fantine (Tessa DUJARDIN) est renvoyée, nous suggère de la peinture expressionniste vivante.. De même, pour la maison de passe aux néons rouges qui expose ses 9 cellules-cages. On a aussi parfois l’impression de bande dessinée accélérée qui fait circuler les ravages de la misère et du déni. Soudain le close up sur la famille Thénardier déchire. Stéphane FENOCCHI et Perrine DELERS sont d’incomparables comédiens. Promiscuité, violence, mauvaise foi, brigandage : ces personnages sont de véritables ordures, il est vrai. Mais madame Thénardier ose dire que « les riches ne savent qu’il fait froid, qu’en ouvrant leur journal ». « Prendre la société par les quatre coins de la nappe et tout jeter en l’air ! » Le cri de Thénardier ne sonne pas vraiment faux.12272832494?profile=original

Les barricades faites de carapaces trouvées dans une déchetterie moderne achève de convaincre que la pièce est d’une actualité brûlante. Que l’impensable rédemption existe quoiqu’on en pense. Qu’une révolte est toujours commencée par des naïfs, poursuivie par des intrigants, achevée… par la mort de Gavroche. Délicieux enfant!

"Je suis tombé par terre, c'est d'la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est d'la faute à..."

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2012_2013_001                                                

Lire la suite...
administrateur théâtres

Pylade (Le Rideau de Bruxelles)

"Chaque victoire est aussi une défaite." Après Affabulazione et Bête de style, le Rideau poursuit l'exploration du théâtre de Pasolini. Tout est à découvrir dans ce spectacle. "Incandescence poétique".(Musiq3-RTBF) / "Du théâtre à mains nues." (Le soir) Pylade (13 > 29.09)

 

Pylade
12272832455?profile=originalRéalisation dramatique magistrale, trois heures de spectacle, trois ans de travail assidu, une grosse vingtaine d’acteurs, composition électro-acoustique, voix divinisées, dans un lieu tout nouveau, un an à peine, découvrez cette perle à deux pas de la gare de L’Ouest.
Mais la gare de l’Ouest, où est- ce ?
 
Une pièce de politique, un jour d’élections, le 13 juin 2010. De quoi faire encore plus réfléchir. Le texte est tour à tour savant et obscur, comme les Euménides et les Erinyes. Raison et passion s’affrontent. Oreste veut bien faire. Electre est extrême: « Et dans ma haine il y a plus d’amour que dans toute ta fraternité ! » Elle est d’une fidélité statique à sa loyauté pour Agamemnon et court garder le feu aveuglant qui illumine la grandeur du passé.
 
Oreste bâtit la démocratie et ses institutions, vainc la dépendance de la religion, donne la richesse à ses concitoyens. Pression du sénat, rupture d’Oreste et de son ami Pylade. A la façon du roi Henry II et Thomas Becket. Pylade est autre, doté d’une grâce mystérieuse, il transpire la loyauté, la générosité, un homme idéal, sans racines dans l’orgueil royal. Il rassemblera tous les affamés, les démunis, les désespérés. Oreste : « Si nous avons fait de la raison une divinité, alors j’adore Athéna. » Pylade est incrédule.
 
 12272832473?profile=originalElectre et Oreste doivent se réconcilier « Rien de réel ne nous sépare » Paroles prophétiques ? « Car rien n’est pire que la guerre ! » Partout on entend grondements d’orage ou de guerre. Des poules bien vivantes picorent la scène entre les chaises dispersées des spectateurs, dans le décor démesuré de cet entrepôt surréaliste. Elles sont innocentes.
 
Sous les jeux de lumières totalement parlants, les acteurs sont magnifiques dans leur grandeur et leur petitesse. Oreste clame encore : « On est prêt pour votre victoire, sauf le Destin, c'est-à-dire le Réel ». Dix ans de guerre contre une nuit révélatrice où la seule révolution réelle est celle qui nait de la profondeur des êtres: en une nuit la haine peut soudain disparaître à tout jamais cependant que résonnent les pas réguliers d’une femme en marche.
avec votre carte de Quelle Passion deux entrées pour le prix d’une.
Lire la suite...
administrateur théâtres

« Orphéon » ouvre la saison au théâtre Le Public,

12272732654?profile=originalHistoire d'ici  ORPHEON

de STANISLAS COTTON
Mise en scène : Virginie Thirion Avec : Pietro Pizzuti et Alexandre Trocki

DU 07/09/12 AU 20/10/12

 « Orphéon », est une pièce magistralement interprétée par un duo de comédiens splendidement contrastés, qui exposent leurs sentiments et leurs rêves avec tendresse infinie. Une pièce qui porte l’espoir de faire bouger le monde, car l’inertie tue.

Un décor tout blanc. « Sans rêve, il n’y a rien » Une citerne de mots. Un flot de sentiments. Du théâtre à fleur de peau, à fleur de cœur. Bref,  du théâtre sensible. Un poète, Orphéon Bilboquet - nom impossible, mais un nom bien d’ici, rapport aux tableaux de Magritte… -  et Elmer Etcetera, un politicien se rencontrent dans un muséum. C’est le coup de foudre, celui qui arrive toujours quand on l’attend le moins, ici et maintenant devant l’éblouissant contrejour d’un nu féminin peint  par  Pierre Bonnard.

 Las,  l’écrivain public n’a pas de plume (étrange… ) mais le politicien lui donne sa carte. Deux fabricants de rêve se sont trouvés, expriment leur amour, clament différences, célèbrent leur amour du changement, leur vision de l’avenir, leur espérance, leur bonheur d’être ensemble. «…En l'amitié dequoy je parle, elles se meslent et confondent l'une en l'autre, d'un meslange si universel, qu'elles effacent, et ne retrouvent plus la cousture qui les a joinctes. Si on me presse de dire pourquoy je l'aymoys, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en respondant : Par ce que c'estoit luy, par ce que c'estoit moy. »12272829491?profile=original  Lui : «  Et si on inventait des rieurs publics qui combattent le mensonge ?» Lui : « comment pourras-tu faire le métier de politique sans mentir ? ». Lui : un poète qui jamais n’écrirait une lettre de dénonciation ?  Surréalisme, sans doute.

Mais, « Combien de temps dure la joie ? » Voilà que survient  le cauchemar qui n’a rien d’irréel, le jeu de massacre. La plongée en apnée dans la  désespérance. La dénonciation absolue de la perte, de la souffrance, de la mort, de l’insupportable absence. Orphée a perdu l’amour de sa vie. Les coupables sont un septuor de forcenés transcontinentaux, et parmi eux,  un raton laveur. L’un de ces êtres spécialisés en ratonnades… Le raton laveur  bien évidemment  s’en lave les mains et lave tout, plus blanc… Orphée nous retourne un regard plein d’humanité, et égrène des phrases qui touchent au plus profond : «  Dans le miroir, c’est l’autre que tu dois apprendre à connaître ! «  «  Raton, procède au nettoyage ; ampute-toi de toi-même ». « Je ne suis pas l’ennemi, je suis l’autre… »

Seul : « Je n’aime ni le baseball, ni le tango. Lorsque tes yeux plongeaient dans les miens, ils faisaient grandir ton sourire, le mien s’élargissant »… « Où porte ma plainte ?» « Sans rêve, il n’y a rien » Des phrases qui laissent trace dans notre mémoire.

http://www.pietropizzuti.be/Orpheon.html

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=316&type=1

L'invité du Théâtre Le Public : Pietro Pizzuti - samedi 22 septembre 2012 De 18h00 à 19h30, entrée libre: bienvenue à tous! Réservations vivement souhaitées avant le vendredi 21 septembre 2012 au 0800/944.44! Pietro Pizzuti est un Homme de Théâtre, avec un grand H et un grand T. Ou bien est-il le théâtre fait homme ? Auteur, Acteur, metteur en scène, traducteur,… Artiste en résidence au Public, il ouvre la saison dans « Orphéon », magnifique texte que Stanislas Cotton a écrit en pensant à lui. Venez l’écouter nous parler de son métier d’artiste, de ses passions et de ses engagements humains au micro indiscret d’Éric Russon !          

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272780098?profile=original

"J’ai quinze ans et demi, il n’y a pas de saisons dans ce pays-là, nous sommes dans une saison unique, chaude, monotone, nous sommes dans la longue zone chaude de la terre, pas de printemps, pas de renouveau."

 [...]

Ce texte marquant et inoubliable de Marguerite Duras est un  défi  de taille pour la jeune Sarah Fiorido, seule en scène au théâtre du Grand Midi.

« Très vite dans ma vie, il a été trop tard ! » L’Indochine des années 30. Elle est blanche, elle a quinze ans, des nattes sages, une robe sac en soie grège cerclée d’une ceinture, des yeux  de braise, un visage de madone et acceptera avec un certain  goût de la perversité,  la cigarette anglaise d’un chinois de deux fois son âge et  qui roule en limousine noire. La perversité, seule arme sans doute contre la douleur ?  Derrière la trame de cet amour précoce, déterminant et inachevé à jamais,  Marguerite Duras évoque en filigrane une douleur pour l’éternité. Cette douleur plonge ses racines dans  la violence et les souffrances liées à  son histoire familiale. L’absence de père, les déboires économiques de la famille, la  brutalité, la violence  du frère aîné qui vole la mère et les domestiques et  se complait dans les fumeries d’opium.  Ajoutez l’amour qu’elle voue à sa mère  mais aussi l’insuffisance de celle-ci, l'adoration pour le petit frère et la douleur de sa perte. « Comment ai-je pu aller jusqu’au bout de l’interdit de ma mère ?» se demande-t-elle. Seule l’écriture sera libératoire.

 

12272781085?profile=original 

L’amant, dont la servilité est l'argent de son père, est incapable d’imposer son histoire d’amour. Son père, profondément raciste, misogyne peut-être, est une   figure  tutélaire omnipotente. « Pas de mariage possible avec la petite prostituée (... tuée) blanche du poste de Sadec.» Sadec-la-sadique.

La comédienne au visage très mobile virevolte avec art dans la  narration éclatée en  «je» et «il» et «elle» et se retrouve avec grande maîtrise dans ce labyrinthe de points de vue. Sur quelques mètres carrés, dans un décor peu élaboré, elle suggère, transporte en Indochine, crée des images, vit une passion dans tous les sens du terme, raconte avec beaucoup de pudeur la découverte du plaisir physique et ses ébats aux heures de lycée. L’interprétation de la comédienne est juste, bien que légèrement dérangeante. La jeune amante est  froide, résolue à quitter celui qui, entravé par le pouvoir paternel, souffre en l’aimant comme il n’a jamais aimé. Elle est résignée et ne veut rien laisser paraître. Fière aussi de ne pas montrer ses larmes qui coulent, intarissables, sur le paquebot qui l’emporte vers l’Europe. Regards de la comédienne et texte sont bouleversants. « Elle retrouve seulement maintenant l’amour perdu comme de l’eau dans le sable et qu’elle n’aurait pas vu,» grâce à une valse de Chopin qui se répand dans le paquebot.

 

http://www.xltheatredugrandmidi.be/

 

Jusqu'au 4 février 2012

Sur les traces de Marguerite: http://belleindochine.free.fr/DurasAmant.htm

Lire la suite...
administrateur théâtres

Le gamin au vélo (cinéma Aremberg)

12272740497?profile=originalDrame

 


Le gamin a une cicatrice de varicelle au coin de l’œil gauche, des tonnes de colère enfouies sous ses taches de rousseur, les dents serrées et une détermination implacable pour remonter des enfers.

L’enfer, c’est son père qui l’a placé pour le faire disparaître définitivement de sa vie. Quoi de plus innommable ? L’enfant dupé a été amputé mais ressent son père comme un membre fantôme. Son seul lien avec son père: son dernier cadeau, ce vélo qu’une âme généreuse – Samantha - lui a retrouvé et racheté. Il pédale comme un forcené pour retrouver l’amour parental mais bien sûr jamais les deux roues ne se rattrapent malgré toutes ses acrobaties.

Malgré une cascade de déceptions, Cyril, ce Poil de Carotte têtu n’en démord pas, au propre et au figuré. Il livre un combat au-dessus de ses forces : l’adulte a les pleins pouvoirs pour faire souffrir, par égoïsme, par lâcheté, par bêtise, par inconscience.

Les gestes du jeune garçon sont terriblement parlants, la souffrance est muette, les objets trinquent. Ses larmes sont sèches tandis que coule l’eau dans le lavabo de Samantha, sa protectrice, un ange de quartier, coiffeuse de son état. Elle a appris à écouter, à ne pas juger. L’amour, c’est rendre l’autre heureux. Elle a croisé son chemin - il n’y a pas de hasard - et désire plus que tout, son regard. Mais le pain d’épice ne suffit pas à rassasier la faim d’amour paternel du jeune garçon. Pourtant la désarmante Samantha a décidé de le sauver de l’engrenage de la délinquance probable, elle veut sa rédemption. Epopée urbaine, pièges et défis attendent le jeune paumé, jusqu’à ce qu’il finisse par pouvoir accepter l’inacceptable et regarder en face l’amour écrit sur le visage et dans les gestes de Samantha, à elle toute seule, sa vraie famille. Et la musique advient, par bribes : l’adagio de la 5e symphonie de Beethoven.

 

 Aucun pathos, mièvrerie, misérabilisme ou voyeurisme alors que le cadre est une triste cité à Seraing, lieu géométrique du chômage, de la drogue et de la violence. Ce qui émane c’est la fluidité de la narration, l’émotion, le ton juste et la bonne distance. Et deux interprétations fulgurantes et touchantes par le jeune Thomas Doret et Cécile de France…

 

 

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Hamelin ( théâtre du Rideau) à Wolubilis

« Hamelin » de Juan Mayorga  12/15   18/20 janvier  2011  à Wolubilis par le théâtre du RIDEAU

Derrière la ville brillante avec ses halls de sports lumineux, ses splendides bureaux,  son architecture osée et dispendieuse, il y a la violence de la misère et ses non-dits criants. Il y a les odeurs d’urine d’enfants d’une famille nombreuse vivant chichement dans un 40 mètres carrés. Lisa, la mère de six enfants est digne; René, le père, est sans boulot. En robe verte, signe de mauvais présage sur scène, elle note scrupuleusement certains versements dans un cahier à carreaux. Elle est à nouveau enceinte.  Un notable, Pablo Rivas, s’intéresse au sort des malheureux. Montero, un juge, en mal de carrière importante, va investiguer. Un réseau de pédophilie démantelé ? Les journalistes vont se ruer. Les travailleurs sociaux vont intervenir … ou sévir avec leur docte jargon qui tue! Le juge va interdire.  Les familles vont souffrir. Les enfants vont ne rien dire. Le monde délire. Les points de vues ambigus se croisent. Le coupable présumé … sera menotté.12272710865?profile=original Le public est pris d’emblée pour un parterre de journalistes et devra jouer le jeu ou s’en aller. « Mais ceci n’est pas une conférence de presse » clame le juge à plusieurs reprises ! La langue enferme. Situation surréaliste. Nouvelle forme d’expression dramatique, cette pièce, « pure auberge espagnole » de l’auteur JUAN MAYORGA, déroute, interroge, fouille nos consciences et ne conclut rien. Les spectateurs sont sommés d’apporter eux-mêmes les costumes, les décors, les lumières.  …Au bénéfice du MOT qui semble être le véritable  personnage de la pièce, les sept acteurs ne formant qu’un chœur qui se dissout,  se sépare  et se rassemble sous la baguette de l’annonceur. 12272711264?profile=originalLe mot, le verbe n’arrivent pas à cerner la vérité.  Le juge veut faire parler mais les paroles arrachées ne sont pas des preuves. Il se heurte à la surdité et au refus de dire. Comment d’ailleurs dire l’innommable ? Le juge d’ailleurs  n’arrive pas plus à parler, ni à sa femme, ni à son fils Charles, 10 ans… qui fuit toute communication. « Parler à un enfant est la chose la plus difficile au monde ».  12272711255?profile=originalCorps et graphies : le mot écrit devient le mot parlé. Les didascalies se dessinent sur les murs et sont chuchotées par l’annonceur. Serait-ce lui, ce sire d’ Hamelin qui entraîne les spectateurs dans son imaginaire, dans une aventure qui met en scène le doute et l’incertitude.  Coryphée, conteur public, rat-conteur… Il est le maitre du jeu, des tableaux, des silences. Distributeur de lieux et de parole, il s’infiltre dans toutes les relations… Il est le metteur en scène d’une parabole poignante sur  la force du langage et  son échec. Mimétisme voulu ? Même les dictions des acteurs dérapent  constamment et on a de la peine à les entendre… dans leurs pérégrinations entre la scène et le public. Un défaut quand même.Les âmes pures dessinent des chevaux fabuleux. Un chant en italien a fusé, Charles (ou Benjamin),  sont seuls à comprendre ce qu’ils disent. …Une mère et des larmes ? 12272711293?profile=original

Une production du RIDEAU 02 761 60 30  www.wolubilis.be

Lire la suite...
administrateur théâtres

Niets (théâtre de Poche)

« Niets » au théâtre de Poche, jusqu’au 25 novembre 2010

De Nic Balthazar Traduction et adaptation française Karel Vermeyen

Mise en scène et scénographie Annik Notte

Avec Martin Swabey

Et par ordre d’apparition à l’écran: François De Brigode: le présentateur télé,
Luc Vangrunderbeeck: le directeur d’école, Alain Eloy:
le professeur de métaux, Valéry Stasser: Coppola,
Manuela Leone: Maaike, Annik Notte: la mère,
Xavier Elsen: Bogaert, Grégory Praet: Desmet, Alexandre von Sivers:le psychiatre et Coralie Vanderlinden: Barbie

On n’a Rien envie de révéler sur « Niets ». Rien. Ce serait comme trahir un grand secret que l’on doit pénétrer seul. Si, en entrant dans la caverne, on ose le pari de regarder autre chose que son ombre, si on ose regarder la différence en face, ce sera la découverte.

Le sujet est grave: l’exclusion de celui qui se croit « Rien ». Le regard hostile de l’autre. La peur. Les étiquettes. Le harcèlement lâche et stupide de ceux qui se croient quelque chose. Le rejet des responsabilités ... Mais ce « Rien » fait toute la vie de sa mère. Elle l’a toujours « senti ». Et ce « Rien » gêne l’école, la médecine, les cercles de la norme, la société lisse et uniforme. Il ne rime à rien. Et pourtant, avec rimes et raison, ce grand enfant révèle des vérités profondes. Il prend le monde au mot, sans lettres mortes. « Qui dit à mon esprit ce que je dois être ? » « Je connais tout en dedans ! » La victime persécutée devient illumination, un presqu’envoûtement, tant le génial acteur, Martin Swabey déferle avec une force inconnue sur la scène. « Que cette histoire explose ! » Il a ce petit rien qui diffère et entraîne à son insu le spectateur à sonder son monde le plus intime. Cette pièce est une réussite théâtrale extraordinaire, le comédien est partout à la fois, sa présence est énorme, le dedans en dehors, alors que personne ne croise jamais son regard. » Un spécimen qui fait tout à l’envers! « Je peux me taire à tue-tête ! » Muet, il parle à bâtons rompus ! Les rebondissements inattendus se succèdent en batailles, en silences, le tout presqu’en technicolor. On obtient le clin d’œil de la juste victoire de la vie. De l’amour. Ce n’est pas Rien. Un « gesamtwerk » à la Brecht, dont on ressort (un rien) changé! Quelque part, un dernier flocon de neige, un petit rien, a cassé la branche des certitudes… Et pourtant ce flocon ne pesait Rien!

Déplacez-vous, allez voir ce spectacle hors du mélodrame, hors du commun et soyez éblouis, vous serez transportés et vous ne repartirez pas indifférents! On n’a jamais été aussi heureux! Aussi émus.

Réalisation vidéo Jean-Luc De Reymaeker Eclairages Xavier Lauwers Une création du Théâtre de la Nuit Du mardi au samedi à 20h30 Réservations : 02/649.17.27 - reservation@poche.be - www.poche.be

Demain, D E R N I E R J O U R !

Lire la suite...
administrateur théâtres

"L'échange" de Paul Claudel (théâtre des Martyrs)

L’ÉCHANGE

Paul Claudel, le petit frère de Camille… écrivit cette pièce lorsqu’il avait 25 ans, en 1894, étant vice consul en poste dans la fabuleuse Amérique, lieu rêvé du rêve des européens. Pays de tous les possibles et de tous les fantasmes. La scène représente une sorte de chambre noire où évoluent le quatuor et leurs désirs contradictoires.

Tout juste mariés, Louis Laine (Itsik Elbaz) et sa femme Marthe (Anne-Pascale Clairembourg ) sont venus s’installer en Amérique. Ils gardent la propriété d’un millionnaire, Thomas Pollock Nageoire (Idwig Stéphane ) et de son « épouse », Lechy Elbernon (Muriel Jacobs). Hors de la présence des perfides propriétaires, au début c’est l’Eden, même si le décor n’a rien d’agreste. De sombres fenêtres squelettiques, nues, un bout de piscine noire, une esquisse de plongeoir, une rampe, un escabeau, du vide noir.

Seule Marthe a du corps, du cœur, du courage plein ses jupes, une douceur tranquille pendant presque toute la pièce, accrochée qu’elle est à son rêve d’amour, « au pays vrai ». Un ange déterminé qui ravaude, qui répare, qui console, qui brode patiemment le bonheur. Elle veut partir avec Louis, loin, avoir une hutte simple mais bien à eux, fonder une famille. Il avait pourtant promis… Lui ne tient à rien, même pas à la terre, accroché à son rêve de liberté, animal sauvage, suspendu sur cette balançoire, la seule chose qu’il ait jamais construite de ses mains. « Je vole dans l’air comme un busard, et j’entends le craquement de l’illumination ! »

« Tu m’as blessé avec un seul cheveu de ta nuque ! » Il se sent prisonnier, déteste d’être apprivoisé. Il sera la proie rêvée de cette femme funeste, l’inconnu, Lechy qui débarque soudainement avec son mari. Elle est un monstre de suffisance et d’égoïsme, à moitié folle, actrice de son état, totale prédatrice, ivre de désir. Elle le convoite. Son mari le lui achète. « Il n’y a rien qui fasse autant d’innocence à un homme que de tromper sa femme » déclare Lechy avec emphase. She’s Moonstruck. Drame: le naïf Louis au sang indien, incapable d’écouter Marthe, se sera inéluctablement trompé d’ennemie et en mourra. « Un esprit terrestre est en moi ! »prévient Louis. « Je suis celle qui peut t’empêcher de te sauver, de mourir » plaide doucement Marthe. Douce-Amère.

« Je suis tout. » déclare Thomas Pollock. Il incarne l’or, le capital, les banques, l’armement, le pouvoir absolu, l’avoir. Il est sûr que tout s’achète, que tout peut être « échangé » avec profit. Son désir s’est posé sur Marthe-Marie, beauté sage de l’innocence pure. Lui aussi prédateur, gagne à tous les coups. Mais Louis n’a pas pris l’argent. « Il n’a pas de poches ! » clame Marthe, « Débiteur de lui vous restez ! » Le deal est caduque. Lechy, vengeuse infernale, désespérée que l’âme de Louis lui ait échappé, l’a fait mourir. La maison de Thomas Pollock brûle, la fortune s’en va en fumée… Marthe porte un enfant, une main se tend… Elle est tout.

Cette pièce est d’une modernité saisissante. La langue est riche et musicale. L’interprétation de Marthe est divine, tout en elle veut aboutir, elle sait écouter, se taire, faire éclater une juste colère et faire triompher la vie. Lechy surjoue légèrement, façon Cruella, brassant constamment l’air de ses bras cupides ou menaçants. Le jeu est un peu répétitif mais rend le personnage merveilleusement antipathique. Le colossal géant de fortune est dépossédé mais gagnant, le sauvage, victime de ses chimères, un pauvre animal que Marthe-Marie n'a pas réussi à mettre debout!

Du 12/11 au 11 /12 2010 AU THÉÂTRE DES MARTYRS

http://www.theatredesmartyrs.be/index2.html

Dans cet extrait, l'actrice savoure sa puissance sur les spectateurs:

.

LECHY ELBERNON
Je suis actrice, vous savez. Je joue sur le théâtre. Le théâtre. Vous ne savez pas ce que c'est ?

MARTHE
Non.

LECHY ELBERNON
Il y a la scène et la salle. Tout étant clos, les gens viennent là le soir, et ils sont assis par rangées les uns derrière les autres, regardant.

MARTHE
Quoi ? Qu'est-ce qu'ils regardent, puisque tout est fermé ?

LECHY ELBERNON
Ils regardent le rideau de la scène. Et ce qu'il y a derrière quand il est levé. Et il arrive quelque chose sur la scène comme si c'était vrai.

MARTHE
Mais puisque ce n'est pas vrai ! C'est comme les rêves que l'on fait quand on dort.

LECHY ELBERNON
C'est ainsi qu'ils viennent au théâtre la nuit.

THOMAS POLLOCK NAGEOIRE
Elle a raison. Et quand ce serait vrai encore, qu'est-ce que cela me fait ?

LECHY ELBERNON
Je les regarde, et la salle n'est rien que de la chair vivante et habillée.
Et ils garnissent les murs comme des mouches, jusqu'au plafond.
Et je vois ces centaines de visages blancs.
L'homme s'ennuie, et l'ignorance lui est attachée depuis sa naissance.
Et ne sachant de rien comment cela commence ou finit, c'est pour cela qu'il va au théâtre.
Et il se regarde lui-même, les mains posées sur les genoux.
Et il pleure et il rit, et il n'a point envie de s'en aller.
Et je les regarde aussi, et je sais qu'il y a là le caissier qui sait que demain.
On vérifiera les livres, et la mère adultère dont l'enfant vient de tomber malade.
Et celui qui vient de voler pour la première fois, et celui qui n'a rien fait de tout le jour.
Et ils regardent et écoutent comme s'ils dormaient.

MARTHE
L’œil est fait pour voir et l'oreille
Pour entendre la vérité.

LECHY ELBERNON
Qu'est-ce que la vérité? Est-ce qu'elle n'a pas dix-sept enveloppes, comme les oignons ?
Qui voit les choses comme elles sont ? L’œil certes voit, l'oreille entend.
Mais l'esprit tout seul connaît. Et c'est pourquoi l'homme veut voir des yeux et connaître des oreilles.
Ce qu'il porte dans son esprit, - l'en ayant fait sortir.
Et c'est ainsi que je me montre sur la scène.

MARTHE
Est-ce que vous n'êtes point honteuse ?

LECHY ELBERNON
Je n'ai point honte ! mais je me montre, et je suis toute à tous.
Ils m'écoutent et ils pensent ce que je dis ; ils me regardent et j'entre dans leur âme comme dans une maison vide.
C'est moi qui joue les femmes :
La jeune fille, et l'épouse vertueuse qui a une veine bleue sur la tempe, et la courtisane trompée.
Et quand je crie, j'entends toute la salle gémir.

Paul Claudel, l'Échange (1ère version), Mercure de France

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles