Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

beauté (11)

administrateur théâtres

SPECTACLES

Allons … badiner!

La Compagnie du Temps Perdu a posé ses bagages… à Bruxelles ! Ils sont absolument extraordinaires, se produisent en ce moment au théâtre de la Clarencière 20 rue du Belvédère, 1050 Bruxelles, juste derrière Flagey. 50 places. Courez-y, vous reviendrez le cœur en fête et les larmes aux yeux ! Spécialement si dans vos jeunes années, les bibliothèques universitaires étaient votre havre de paix…ou votre studieux lieu de rencontres !

La pièce est signée et interprétée par Maximilien Solvès et Christel Pourchet. Et ces deux comédiens, sont aussi bons que… les Émotifs anonymes, aussi généreux qu’une pêche miraculeuse. Les répliques sautent de partout, vous éclaboussent de bonheur, vous chatouillent l’esprit et le cœur. C’est du merveilleux théâtre aussi drôle que celui de rue, aussi intense que la source du verbe, aussi lumineux que le don du sourire !

Les voilà embarqués dans une inénarrable course poursuite, un slalom vertigineux entre les plus grandes scènes d’amour exhumées avec tendresse de la collection complète de l’histoire de la littérature française, du Moyen âge au 20e siècle. Un condensé de Lagarde et Michard live, ça vaut le déplacement, maintenant que les cours de français se trouvent formatés sur des fichiers pédagogiques en ligne.


Comme le désordre amoureux qui les anime secrètement – à chacun son audace ou sa timidité – les scènes sautent ingénument d’un siècle à l’autre, par simple analogie avec l’histoire frémissante qui débute entre les deux étudiants à la belle anatomie. A notre tour de refaire leur carte du Tendre. Pas un mot des titres, ou des têtes de chapitres, juste les auteurs qui se réveillent côte à côte dans une ronde folle … presque de la Saint-Jean.

Il y a Marius Fanny, César, avè l’asseng, Hugo, Feydeau, Musset, Labiche, Racine dans un méli- mélo invraisemblable d’antiquité grecque et romaine, quel délice ! Alceste, bien sûr, non, Molière qui fête ses 400 ans d’anniversaire avec le patois savoureux de Charlotte, Mathurine et Pierrot soufflé dans le Jeu de Robin et Marion, Mais ne te promène donc pas toute nue ! Et l’incontournable lettre de Cyrano qui arrache des larmes… Acte V scène 5. Oui, et Françoise Sagan. Nous attendions la cristallisation de l’amour dans Climats de André Maurois. Bof c’est pas du théâtre. Georges Sand, quand même ! Sans Chopin. Quelle incroyable dynamique !

On ressort du spectacle, comme d’un feu d’artifice, étourdi de bonheur, fervent admirateur de notre si belle langue française, si bien interprétée, si bien coulée entre toutes les époques, riche, chatoyante, bouleversante de beauté et d’émotion.

Tour cela pour le fond… mais la forme ? Pleine forme, créativité intense, imaginaire débridé – les décors précaires, presque inexistants comme au temps de Shakespeare – c’est du papillonnage fin et espiègle, des changements de costumes intelligents, du grand art des planches, une immense énergie dans un mouchoir de poche, un franche bouffée de vie théâtrale totalement bienvenue et rafraîchissante.

Peut être une image de 1 personne

 


Metteur en scène : Barbara Castin, et tout cela pluri-joué à Paris depuis 2019… avec ou sans couvre-feux, quarantaines et autres barrières culturelles.

Dominique-Hélène Lemaire pour Arts et Lettres

https://www.laclarenciere.be/

« On ne badine pas », c’est le 20, 21, 22, 27, 28 et 29 janvier, ainsi que les 3, 4 et 5 février à 20h30 ! Au Théâtre de la Clarencière (rue du Belvédère 20, Ixelles)☎️ Infos et réservations: Tel: +32/(0)2 640 46 76 Site: https://www.leverbefou.fr/reservationth/reservation.php

Lire la suite...
administrateur théâtres

– Culture – Raphaël (1520-2020) au Mont des Arts

 Février 27, 2020 

Raphaël : Une exposition impossible

La région des Marches en Italie a voulu rendre un vibrant hommage à la vie et l’œuvre de Raphaël, l’un des piliers de la Renaissance en Europe après Leonardo Da Vinci.

L’image contient peut-être : une personne ou plus

Cette exposition a été conçue et réalisée par Renato Parascandolo sous la haute supervision scientifique de Ferdinando Bologna, hélas récemment décédé.

Elle se tient à Bruxelles,cœur de l’Europe, du 14 février au 14 mars 2020, dans l’espace du palais des Congrès, le Brussels Convention Center, au Mont des Arts, une adresse on ne peut plus appropriée! Nommée « The Square » pour les citoyens du monde!

Avantage inattendu, l’entrée est totalement gratuite et l’expo est visible tous les jours de 10 à 19h. C’est l’occasion rêvée, non seulement de venir découvrir en un seul lieu nombre d’œuvres du grand maître italien Raphaël, mais même d’y retourner plusieurs fois, si le cœur vous en dit!

L’image contient peut-être : 1 personne, ciel et plein air

Selon Renato Parascandolo, l’organisateur de cette exposition dite « impossible », nous serions comme au début de la Renaissance: au tournant d’une nouvelle ère, au seuil d’une nouvelle période artistique. Tout comme à la Renaissance, qui débuta une nouvelle phase formidable de l’histoire humaine, après le « sombre Moyen-Age». Il n’empêche, l’organisateur n’hésite pas à qualifier généreusement l’âge des cathédrales de génial et de créatif, malgré ses guerres incessantes, sa misère, ses famines, ses maladies dévastatrices, son fanatisme et son obscurantisme religieux. Oserait-il un parallèle avec notre époque?

En termes simples, il estime sérieusement que la culture est l’un  des plus grands réservoirs d’énergie pour notre espèce humaine, doublé d’un inestimable facteur de paix. La culture soutient non seulement l’évolution de la pensée humaine, le progrès scientifique et la spéculation créative, mais elle offre même des effets pratiques immédiats en termes de progrès économique, un motif si cher à notre siècle!

En effet, cette initiative culturelle italienne qui célèbre le génie de l’illustre peintre et architecte Raphaël (1487-1520) part de l’institut du tourisme des Marches, en Italie, qui fête les 500 ans de la mort de l’artiste.

Depuis plus d’un an, un nombre conséquent de rencontres et activités culturelles ont lieu autour de Raphaël, en particulier dans sa ville natale, Urbino. Sa renommée ne cesse d’attirer un public toujours plus nombreux.

Sans compter que la région des Marches vient d’être classée en seconde position du top 10 mondial des régions les plus intéressantes à visiter en 2020, selon Lonely Planet « Best in travel 2020- Régions ».

Après Bruxelles, cette expo d’un genre complètement inédit se transportera après à Paris, Moscou, Yekaterinburg (Oural), Sofia, Munich, Frankfurt et Vienne, pour un tour d’Europe prestigieux.

L’image contient peut-être : 3 personnes, personnes assises

L’exposition est dite totalement « impossible » puisqu’elle réunit, dans un même lieu, 45 œuvres d’art venant de 17 pays différents, dont une reproduction grandeur nature de l’immense «Fresque de l’école d’Athènes» dédiée à la philosophie et conservée au Vatican.

Il est extraordinaire de se rendre compte, qu’avec nos nouvelles technologies, nous pouvons désormais faire voyager des œuvres en copie parfaite, pour disséminer la culture de par le monde. Au Moyen-Âge, les grands peintres, tel que Raphaël, s’entouraient d’élèves qui participaient à la création des œuvres et qui en reproduisaient des copies pour la circulation de la culture. Aussi,avec les moyens technologiques dont nous disposons aujourd’hui , il serait malvenu de reprocher cette nouvelle forme de vulgarisation.

L’image contient peut-être : intérieur

crédit photo : Laurent Nizette

Voir l’œuvre originale dans son lieux de conservation est évidemment un privilège inestimable, mais permettre à un large public d’être confronté à la beauté des œuvres et l’amener à les appréciés est non moins souhaitables. Citons André Malraux:

« Aucune reproduction, même parfaite techniquement, ne peut convaincre et émouvoir davantage que l’oeuvre d’art originale. Pourtant, la reproduction photographique de l’oeuvre d’art a permis à des dizaines de millions de personnes de découvrir, d’apprécier des chefs d’oeuvre des grands artistes de toutes les époques, et en même temps de leur donner envie de visiter les lieux où ces chefs d’oeuvre se trouvent, pour pouvoir les admirer dans la splendeur de leur authenticité »

« The Impossible Exibit » ouvre un nouveau type de musée, destiné non seulement à ceux qui aiment l’art, mais aussi à ce large public de gens qui ne fréquente pas souvent des musées, et en particulier à ces jeunes, si friands de nouvelles technologies et d’«edutainment». L’utilisation de plus en plus courante de celles-ci met les jeunes dans une position bénéfique de réception optimale de la culture. Ainsi,s’acheminerait-on vers une sorte de nouvelle «démocratie culturelle».

L’image contient peut-être : 5 personnes

L’extraordinaire beauté des peintures de Raphaël est captée sur des toiles reproduisant à l’identique les œuvres originales du peintre, texture, format et couleur. La peinture est sublimée par un éclairage venant de derrière la toile qui invite à contempler et découvrir encore plus le détail et les moindres recoins d’une œuvre qui apparaît comme fraîchement restaurée. L’avantage est que l’on peut s’approcher sans crainte de celle-ci, sans risquer de l’endommager ou de se faire refouler par des gardes ou des sonneries d’alarme intempestives. On peut aussi photographier sans limite. Et le coût du voyage des œuvres ne passe plus par des contrats d’assurances astronomiques!

Raphaël a eu une carrière brillante mais brève puisqu’il est décédé à seulement 37 ans. L’exposition retrace son parcours au moyen de reproductions d’œuvres exposées dans les plus grands musées du
monde : La galerie des Offices, les musées du Vatican, la Pinacothèque de Brera à Milan, la galerie Borghese à Rome, le Louvre à Paris, le Prado à Madrid et la Gemäldegalerie à Berlin, ainsi que l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et la National Gallery de Washington, pour n’en citer que quelques-uns. Ces musées conservent d’incroyables chefs-d’œuvre comme la Madonna del Cardellino, La Deposizione, Il Ritratto di Baldassare Castiglione et l’oeuvre commandée par le pape Giulio II, Le Stanze Vaticane, qui fit de lui le meilleur interprète de la Maniera Moderna.

En direct vous aurez des commentaires, bien trop brefs hélas, sur chaque œuvre exposée si vous disposez d’un smartphone.

Mais que tout cela bien sûr, n’empêche personne de voyager, dans le temps et l’espace, de se rendre sur les lieux pour approcher les œuvres inestimables dans les écrins séculaires qui les abritent!

Dominique-Hélène Lemaire ( pour Arts et Lettres)

Lire la suite...
administrateur théâtres

Alexis et Edmond, un monde de connivences…

Nous voici à Paris, en décembre 1875,  à l’époque où une grandiloquente Sarah Bernhardt déclame « La Princesse Lointaine » au Théâtre de la Renaissance. L’ennui est prodigieux. Edmond Rostand n’a pas le sou, deux jeunes enfants à nourrir et une fidèle épouse sage comme une image. Ses pièces sont une suite de fours sans précédent. Tout le monde court ventre à terre voir du Labiche ou du Feydeau. Les messieurs, en passant par la case des « Belles Poules ». Question d’époque ?


N’est pas Poquelin qui veut! Coquelin, nouveau directeur du Théâtre de la Porte-Saint-Martin a déserté  la Comédie-Française, pour se mettre à son compte en toute liberté, mais il est pourchassé par les huissiers. Premier clin d’œil autobiographique d’Alexis Michalik qui a fui le Conservatoire, dit-il, pour devenir freelance ?  Sauf que les  opus De Michalik ont fait immédiatement  pleuvoir sur lui  tous les Molières et nous ont portés au plus fort de la jouissance théâtrale. Comme ce fabuleux « Porteur d’histoire » l’an dernier joué au Public et à l’Atelier Jean Vilar.

Michalik a  donc flashé sur Cyrano de Bergerac et se lance dans une amplification théâtrale foisonnante et  savoureuse autour de son auteur, Edmond Rostand. Michalik fait flèche de tout bois dans de innombrables tableaux surprenants entourant la genèse de la pièce.  A la fois souffrance et exultation, rien ne sort de la plume sans urgence, c’est le propre de la création… Le tout  se trouve  émaillé de substantifique moelle, celle des extraits les plus  chavirants ou les plus drôles de la pièce de Rostand. Entre pastiche et vérité, il y a le rêve de la création littéraire et des tonnes de références culturelles incongrues.


Côté pastiche, on est servi ! Une vraie salade russe. La belle Roxane aux boucles blondes  est jouée par une actrice prétentieuse que l’on croirait sortie des contes de Perrault. Elle est affublée de deux producteurs corses  glauques qui  en sont entichés au point de servir de papas gâteau a son jeune fils adoré, François.  Au passage, on rencontre Tchekhov  qui fréquente  le poulailler rose qu’ils entretiennent: « Les Belles Poules ». Tchékov a soit-disant l’accord de sa femme car il  prétend qu’il va mourir sous peu! …Maintenant ou plus tard, de toute façon on va mourir un jour ! Les deux Georges, Georges Feydeau  et Georges Courteline  se prennent pour  Dupont et Dupond. Un certain Maurice  offre un  « boléro » pour la première… L’âme du « Dindon » se coince dans les claquements de portes.  Gallégeades théâtrales  ( champagne ou verveine ? ) persillée de joyeusetés telle  le patron noir du café, Honoré, bien sûr,  qui remet à sa place un fâcheux qui l’a traité de « nègre ». L’occasion de déclamer  sur tous les tons… la magnifique tirade du nez!  Voilà  quelques exemples  pétillants des  chapelets de connotations littéraires et malicieuses.

Au dos du décors et au plus profond de l’action il reste …l’éternel panache, cette note bleue qui chante  la hauteur des sentiments pour tout ce qui est muse ou idéal féminin,  versus l’usure domestique de l’amour quotidien. Mais par-dessus tout, voici une vibrante ode à  l’Esprit frappeur. Entre tous, l’Art théâtral, est le couronnement et le fondement de l’art vivant, loin des écrans de tout poil et autres «  réalités »   virtuelles. Le lieu par excellence de l’enthousiasme, comme le définit Madame de Staël. A bon entendeur, Salut !


La distribution impeccable rassemble une élite de la scène belge. Douze comédiens en goguette pour incarner pas moins de 38 personnages… De très connus :  Maxime Anselin, la très joviale Perrine Delers, Inès Dubuisson, l’incomparable Itsik Elbaz, l’illustre Antoine Guillaume. Mais aussi: Tristan Schotte ( Edmond Rostand) , la délicieuse  Elsa Tarlton  (Jeanne et Rosine), Rézal Siellez, Sandrine Laroche, Mwanza Gautier ( inénarrable Monsieur Honoré) et David Dumont. Le tout sous l’aimable regard de Michel Kacenelenbogen, dans sa mise en scène virevoltante. Et un  beau nombre de rappels enthousiastes. Presque comme au soir de la Première… le 28 décembre 1897.

Dominique-Hélène Lemaire    pour Arts et Lettres

Au théâtre le Public

L’image contient peut-être : 12 personnes, personnes souriantes

« EDMOND », la pièce aux 5 Molières d’Alexis Michalik, Comédie héroïque

Texte et direction artistique : Alexis Michalik.
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen. Avec : Tristan Schotte (Edmond Rostand), Maxime Anselin (Jean Coquelin), Perrine Delers (Maria Legaut), Inès Dubuisson (Rosemonde Rostand), David Dumont (Léo Volny et le passant), Itsik Elbaz (Constant Coquelin), Mwanza Goutier (Monsieur Honoré), Antoine Guillaume (Georges Feydeau), Sandrine Laroche (Sarah Bernhardt), Réal Siellez (Marcel Floury), Elsa Tarlton (Jeanne), François-Michel van der Rest (Ange Floury).

DU 05/09/19 AU 30/11/19

Lire la suite...
administrateur théâtres

Le spectaculaire Cyrano triomphe à Villers-la-Ville

L’image contient peut-être : 6 personnes, personnes souriantes, personnes debout et chaussures

Figurant parmi les plus célèbres pièces du répertoire français, Cyrano de Bergeraca été écrit par Edmond Rostand et publié en 1897. Cette pièce s’inspire d’un véritable personnage  ayant réellement existé :   Savinien Cyrano de Bergerac, né en 1619, ayant  réellement participé au siège d’Arras en 1640 et mort en 1655.   A l’époque de Louis XIV.


Acte III, Scène X

Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce?

Un serment fait d’un peu plus près, une promesse

Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,

Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer;

C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,

Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,

Une communion ayant un goût de fleur,

Une façon d’un peu se respirer le coeur,

Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme!

 20.000 spectateurs attendus à l’Abbaye ! Formidable pied de nez à la morosité verbale et affective de notre siècle, voici sous les étoiles, en vers et en 12 pieds, le nez en l’air et l’air d’un soir, un voyage tout en poésie entre la Terre et la Lune… Voici : Cyrano, Roxane et Christian. Et le trio qui les incarne à la perfection : Bernard Yerlès, l’exquise Anouchka Vingtier et le très rebelle Damien De Dobbeleer.

Une magnifique aventure collective dirigée avec amour profond du théâtre  par Thierry Debroux, qui signe  tous les émois. On découvre Roxane, une jeune femme belle et distinguée, Christian de Neuvillette, un jeune noble qui l’aime en secret et le comte De Guiche (le formidable  Éric De Staercke), qui cherche à faire de Roxane sa maîtresse et veut la marier au vicomte de Valvert (Julien Besure), ce à quoi la jeune femme ne souscrit pas, bien évidemment. Jacques Capelle,  grand chorégraphe, signe  tous les combats.

Aucune description de photo disponible.

Verbe et Costumes hauts en couleurs

Comme des Accords mets vins…

Sachez que tous les costumes de l’ardente équipe d’Anne Guilleray aux doigts de fée,  racontent une histoire, jusqu’à la tenue du pâtisser poète… Rageneau : Michel Poncelet, dans toute sa splendeur. Ah ! Comme il nous plaît !  Et que chez tous les comédiens, la diction est belle!

La robe jaune vif, solaire couleur du pouvoir, parfum de jouvence et d’éternel été, se cache sous un lourd manteau de souvenirs. Il est fait de la moire de l’empire du deuil et des larmes.  Roxane, éplorée de bout en bout  n’en peut plus  d’enterrer le bonheur ailé de l’amour: Cyrano. L’homme-parole est vêtu de  cuir et d’humus. Mais sous sa cape d'argent, il voyage entre Terre et Lune sur des chemins semés d’étoiles. Une  cape d’argent? Pour mieux jouer la folie des rayons de lune et mieux tromper le monde terre-à-terre.

 Et l’habit gris, couleur de colère du ciel,  ventre-saint-gris ! C’est celui du pauvre Christian,  une pâle esquisse de son verbe déficient, mais tellemnet seyant!    

Les pourpoints brodés et enrubannés appartiennent à De Guiche et autre Carbon de Casteljaloux, pleins de suffisance et de mâle prétention.

Le fidèle et véritable ami Le Bret (Jean-Philippe Altenloh)  arbore des nuances d’été indien…

Oui, l’œil ne cesse d’être frappé par bien d’autres costumes encore ! Sur scène, comme Edmond Rostand le souhaitait,  ainsi que  feuilles au vent, une foule de bourgeois, marquis, mousquetaires, tire-laine, poètes, cadets, gascons comédiens, violons, pages et précieuses...Pittoresques,  agrémentés de  notes anachroniques, comme surgis d’une improbable  montgolfière, les époques se mélangent. Vive l'imaginaire! Voici  même un admirable Trissotin, des perruques qui s’envolent, et autres  délirantes coiffures façon  Tampon-Jex.   On reconnait Cédric Cerbara et ses rôles annexes,  une Béatrice Ferauge alternativement Duègne compassée et coquine Sœur Marguerite ! Tous  comédiens exaltants – excusez du masculin ! – une  fabuleuse équipe et Olivier Francart qui joue Lignière. 


Lieu d’exception

Thierry Debroux a fait le choix de présenter le chef d’œuvre d’Edmond Rostand en un seul lieu. Le lieu géométrique de tous les affects, la nef des joies et des larmes de tant d’humains, au cœur de l’antique Abbaye font sens. Personne ne se balade, tout le monde voyage  et prend l’air à pleines narines.

Que personne ne bouge ! Un écrin chargé d’histoire et de souvenirs, le choeur et la nef de l’abbatiale accueillent tous les changements de décor: de l’hôtel de Bourgogne où doit se tenir la pastorale du poète hypocrite et bête,  honni par Cyrano et qui débouche sur un duel, à la rôtisserie des poètes où Cyrano brûle de rencontrer Roxane, à la scène du balcon où deux cœurs brûlent pour une seule femme, au siège d’Arras où tout le monde meurt de faim, et enfin au  lieu de la mort de Cyrano, dans le Couvent des Dames de la Cour où Roxane a trouvé refuge.15 ans  après la mort de Christian, Cyrano va mourir aux pieds de celle qu’il adore, lui disant la Gazette du jour pour la dernière fois…  Et jamais le trou laissé par sa disparition ne se refermera. 

Le panache  

C’est désormais à l’abbaye de Villers-la-Ville que  flottera le panache du grand disparu. Un supplément d’âme. Le souffle du poète. Des tirades et des envois qui pourfendent la laideur et distillent la beauté. Mais qu’est-ce que le panache dira-t-on ? La plume, bien évidemment. Celle qui flotte glorieusement  au feutre du mousquetaire.

 «  Le panache n’est pas la grandeur, mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif, — et d’un peu frisé. Si je ne craignais d’avoir l’air bien pressé de travailler au Dictionnaire, je proposerais cette définition : le panache, c’est l’esprit de la bravoure. Oui, c’est le courage dominant à ce point la situation qu’il en trouve le mot. Toutes les répliques du Cid ont du panache, beaucoup de traits du grand Corneille sont d’énormes mots d’esprit. Le vent d’Espagne nous apporta cette plume ; mais elle a pris dans l’air de France une légèreté de meilleur goût. Plaisanter en face du danger, c’est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime. Certes, les héros sans panache sont plus désintéressés que les autres, car le panache, c’est souvent, dans un sacrifice qu’on fait, une consolation d’attitude qu’on se donne. Un peu frivole peut-être, un peu théâtral sans doute, le panache n’est qu’une grâce ; mais cette grâce est si difficile à conserver jusque devant la mort, cette grâce suppose tant de force (l’esprit qui voltige n’est-il pas la plus belle victoire sur la carcasse qui tremble ?) que, tout de même, c’est une grâce… que je nous souhaite. »

Celle dont se sert Cyrano pour écrire ses lettres d’amour. Celle qui va au vent comme un baiser vers l’infini.  

 Acte V, Scène VI

Oui, vous m’arrachez tout, le laurier et la rose!

Arrachez! Il y a malgré vous quelque chose

Que j’emporte, et ce soir, quand j’entrerai chez Dieu,

Mon salut balaiera largement le seuil bleu,

Quelque chose que sans un pli, sans une tâche,

J’emporte malgré vous, et c’est…

C’est?

Mon panache.

Dominique-Hélène Lemaire Arts et Lettres


Du 16 juillet au 10 août 2019. Mise en scène de Thierry Debroux – Chorégraphie de combat : Jacques Cappelle
avec
Bernard Yerlès – Cyrano de Bergerac
Anouchka Vingtier – Roxane 
Eric De Staercke – Comte de Guiche 
Michel Poncelet – Ragueneau 
Jean-Philippe Altenloh – Le Bret 
Damien De Dobbeleer – Christian 
Julien Bésure – Valvert 

Lire la suite...
administrateur théâtres

PETROUCHKA & L’OISEAU DE FEU au théâtre Royal du Parc jusqu’au 15 décembre 2018

93b56f7f69a9662403fbd7830db88839--strawberry-juice-picasso-paintings.jpgAvec : Joris BALTZ, Léonard BERTHET-RIVIÈRE, Mylena LECLERCQ, Vojtěch RAK,   Lisard TRANIS,  et, en alternance, Nolan DECRETON, Maxence LORENTZ ou Tom VAN DE WEGHE.

Du jeudi 15 novembre 2018 au samedi 15 décembre 2018

« Finalement je n’aime pas la sagesse. Elle imite trop la mort. Je préfère la folie – pas celle que l’on subit, mais celle avec laquelle on danse. » ~ Christian Bobin

 Surprise,  Thierry Debroux accueille cette fois, la création d’un chorégraphe, José Besprovany et sa Compagnie de danseurs acrobates au théâtre Royal du Parc. Une aventure inédite mêlant le nouveau cirque, la danse et la musique de Stravinsky, des propositions aussi poétiques que surréalistes. Une folie créatrice.  Surprise,  une dame bon chic bon genre a choisi  justement ce spectacle entre tous, pour y fêter avec  ses nombreux  amis, ses 80 printemps et offrir un vin d’honneur à l’issue d’un  spectacle qui rappelle en tous points le cinéma muet! Surprise  encore, vous pensez vous faire conter l’histoire de Petrouchka, suivie de celle de l’Oiseau de feu ?  Balivernes, il s’agit d’une re-création libre et audacieuse par le  maître d’œuvres,  qui s’est débarrassé de l’héritage slave où l’on vénère ces deux contes comme des icônes. Un spectacle fascinant ***** Une réflexion sublime sur la question: What is the truth? (Ponce Pilate l’avait déjà posée… ) Et le corps, au service de la réponse.

Le chorégraphe mexicain, installé depuis de nombreuses années en Belgique  explique : °°° Ici, une technique de câblage scénique sophistiquée est utilisée afin que le danseur acrobate devienne une marionnette humaine. Ses mouvements évoquent ceux d’une marionnette à fil, telle une poupée pouvant être soulevée, déplacée par une force extérieure à elle. °°°  Tels les fils des inflexibles  Parques ?  Ces êtres mythologiques, plus puissantes encore que le Destin , symbole antique de l’évolution de l’univers, des changements qui commandent aux rythmes de la vie et qui imposent, tour à tour, l’existence et la fatalité de la mort ?

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes assises et chaussures

Tout d’abord, dans Petroutshka, on retrouve un serviteur,  l’homme-oiseau, incarné par Joris Baltz  qui découvre le livre qui raconte son histoire dans une palette  de costumes tous déclinés en triangles  gris, rouges et noir. Le maître rebondi et le serviteur agile vivent  prisonniers l’un de l’autre, sans se préoccuper du monde. …A nous de nous demander, en les regardant évoluer ensemble, qui manipule qui.

 Le maître (Léonard BERTHET-RIVIÈRE)  fatigué et imperturbable a  bien décidé de ne plus jamais se lever de sa couche,  même si dans une autre vie il  fut un danseur étoile du kazatchok. Le fidèle serviteur, lui, veille jalousement sur le livre.  Jusqu’au jour où deux nouveaux personnages, de  savoureuses caricatures d’espions,  ressuscitant nos souvenirs de guerre froide apparaissent de chaque côté de la scène.

                                                                                         Guerre d’idéologies ayant le même but ultime?  L’un vient  de l’Est, (Vojtěch RAK) et l’autre de l’Ouest, (Mylena LECLERCQ). Tous deux déploient une art consommé du mime et de la théâtralité à travers leur langage corporel.  Tous deux doivent dérober le mystérieux livre,  avec mission de  le détruire. On entre de plein fouet dans un jeu de machinations, autour du sieur reposant sur son divan. Des facéties, toutes aussi  burlesques, qu’absurdes et infructueuses. Qui dupera l’autre? « Il sait que je sais qui il est! » s’inquiète l’ardente envoyée  des services secrets britanniques déployant force de charmes pour brouiller les pistes.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes assises, chaussures et salon

 Mais, les voilà finalement  contraints de collaborer ensemble,  per amore o per forza… . Or,  à force d’unir  leurs diapasons,  ne vont-ils eux-mêmes tomber dans les filets d’une machination suprême,  celle de l’amour ?  Quant à l’homme-oiseau, va-t-il réussir à  protéger le livre essentiel sans perdre le fil de la vie? La surprise théâtrale viendra du maître qui,  se levant enfin de son séant,   accomplit un suprême geste de  compassion vis-à-vis du serviteur. Illusion ou vérité?  Les deux espions finalement  convaincus de l’absurdité de leur tâche,  vont-ils filer à l’anglaise vers des horizons joyeux ?   Ce premier volet semble déjà emporter  l’adhésion  d’un  public mi-perplexe, mi-mystifié,  mais bien  prévenu  dès le départ par la présentatrice  qu’on ne lui offrirait qu’une illusion de Petruchka!  En revanche,  la musique de Stravinsky jouée pour piano seul,  est, elle,  infaillible.  

Le deuxième volet de la proposition, l’Oiseau de feu, dans une version orchestrale, finira par consumer  nos moindres réticences. C’est d’abord du bleu intense et un labyrinthe de néons flottants très près du sol : autant de barrières que la bête fauve (Lizard Tranis) qui y séjourne, puissante, charnelle, séduisante,  ignore superbement. Un nouveau Minotaure ? Ses multiples  évolutions gracieuses et fascinantes sont félines. Le tigre de William Blake?   L’espèce d’employé de banque lambda siégeant en mezzanine s’est métamorphosé en dompteur grâce à un chapeau magique. Ses dossiers sont devenus des plumes de rêve.  Lâchant la première  plume, l’animal s’en saisit. La plus belle,  une plume de feu prométhéen ? Le dompteur apprivoise peu à peu l’animal,  dans un ballet de plumes multicolores. Plus besoin de texte de cinéma muet, on absorbe l’histoire comme beauté absolue de  chorégraphie et de postures. On fait partie du jeu.  Le maître va jusqu’à apprendre à l’animal quadrupède à  se redresser,   ensuite à voler… Ce que lui-même ne sait pas faire!  Chacun est guidé par le dépassement de soi, l’amour de la perfection.  La beauté des figures du ballet aérien happe l’imaginaire, emporte dans un univers inconnu où l’on rejoint les artistes. Pendant un moment de grâce,  instructeur et apprenant sont au diapason parfait.  Las,  nous ne sommes pas des dieux, voilà la chute!

L’image contient peut-être : une personne ou plus, personnes sur scène, personnes qui dansent, nuit, chaussures et intérieur

Une relation amour-haine  s’installe subrepticement,  mouvement après mouvement, laissant le public  dans  cette expectative anxieuse où l’on retient son souffle.   L’homme s’enivre de son pouvoir,  passe au registre de la cruauté. La scène de rêve fait place à une  scène de domestication presque insoutenable. Peuples à genoux… Mais l’homme s’endort. C’est alors que le danseur prométhéen, le feu, la plume entre les dents,   danse  audacieusement pour  son  pur bonheur sur   des  échelles mobiles.  Il voltige dans les airs, il joue haut et sans filets,  se balance en solo, offrant au public cloué par la surprise,  une ode à la beauté de l’homme pendant que le maître est endormi. La suite vous conduira  encore,  de surprises en surprises, avec,  pourquoi pas,  une allusion au mythe du phénix et un enfant radieux sur fond de soleil rouge. Voulez-vous un ballon?        

Au sortir de la deuxième proposition artistique, malgré ou à cause de sa secrète et parfois douloureuse gravité,  par l’offrande de  sa beauté extraordinaire,  on se  retrouve tout d’un coup au diapason avec le créateur du spectacle.  Un  spectacle de force, courage et persévérance  qui  expose la beauté de l’homme lorsqu’il joue les Icare face au soleil.   On se sent tout d’un coup  meilleur, tant la plénitude que dégage la deuxième partie réussit à  vous  procurer des ailes. Pour planer soi-même,retrouver l’innocence (encore William Blake, décidément… )  et se réconcilier avec le monde. 

Aucun texte alternatif disponible.

« Pour moi, un cirque est un spectacle magique qui apparaît et disparaît comme un monde. Un cirque est dérangeant. C’est profond Ces clowns, ces cavaliers et ces acrobates se sont mis à l’aise dans mes visions. Pourquoi? Pourquoi suis-je si touché par leur maquillage et leurs grimaces? Avec eux, je peux avancer vers de nouveaux horizons. Attiré par leurs couleurs et leur maquillage, je peux rêver de peindre de nouvelles déformations psychiques. C’est un mot magique, cirque, un jeu de danse intemporel où larmes et sourires, le jeu des bras et des jambes prend la forme d’un grand art. »  Marc Chagall

Dominique-Hélène Lemaire

Réservations sur place au Théâtre du Parc, via le site ou par téléphone au 02 505 30 30 – du mardi au vendredi  – ouvert de 12h à 19h.

 
Création José BESPROSVANY (Mise en scène et chorégraphie) ; Laurent BRANDENBOURGER (Scénario), François PRODHOMME (Scénographie) ; Benjamin VANSLEMSBROUCK (Assistant artistique) ; Bert MENZEL (Costumes) ; Marco FORCELLA (Lumières) .Une production d’IDEA asbl, en coproduction avec le Théâtre Royal du Parc, l’Atelier Théâtre Jean Vilar, Charleroi Danse et DC&J
Création https://www.atjv.be/Petrouchka-et-L-Oiseau-de-feu  Du 7 au 13 février 2019  à l’Aula Magna

Photos de Lander LOECKX

Lire la suite...
administrateur théâtres

Fabuleux! Du théâtre bilingue Fr/Es au théâtre de la Clarencière:  

b7abaff22890521ecd50d8b99ba9d0aeec32f1cf.jpg?wl=1024"Je m’appelle Federico García Lorca. Je suis né en 1898 près de Grenade. Grenade mes amours, Grenade blanche, Grenade mauresque, Grenade,
ma Grenade, Grenade des neiges, de l’olive et du vin. Je suis mort en 1936. Près
de Grenade aussi. Grenade pillée, déchirée, violée. Grenade noire, chrétienne,
balayée par le bruit des fusils et le silence des poignards dans la gorge."

Un texte époustouflant écrit en hommage à  F.G.Lorca, vibrant de résistance à toutes les dictatures, 5 comédiens, de la musique, de la tension, et tant de sincérité dans le jeu! Une création du théâtre de la Clarencière et un  superbe  spectacle, comme toujours! Avec Laurence Briand, régisseur et actrice passionnante.

Il y a 80 ans…

Le poète et dramaturge espagnol, ami de Manuel de Falla, Luis Buñuel, Salvador Dalí,  également peintre, pianiste et compositeur avait 38 ans quand il fut assassiné le 19 août 1936, il y a 80 ans,  à Viznar près de Grenade, par les milices franquistes. Il s’appelait Federico García Lorca.

Lorca, le vagabond du verbe… plutôt Laurence Briand  la vagabonde, ne veut pas mourir. Il/Elle n’est pas un(e) hérétique! Et pourtant son procès se tient bien au cœur souterrain de la Clarencière, un mur noir taché de sang plus noir encore, devant une  salle comble et silencieuse. Laurence Briand dans le rôle de Federico est entourée de François Mairet, Ruy Peres, José Peres et Marguerite Topiol.  

14424871_10154641282259797_4911452868289098600_o.jpg

 A la lumière de cierges, l’audience est prête à suivre le protocole habituel de la mise en accusation de l'hérétique, comme l'étaient avant le poète andalou, les Juifs, les Marranes, les Cathares.   Voici démontée la mécanique bien rodée d'un procès d'Inquisition, avec toutes ses étapes qui vont de la présentation de l'hérétique, de celle de l'Inquisiteur, de l'autodafé - temps de grâce pour l’« actus fidei » à l'exécution et à la mise à l'index des œuvres du poète en passant par l'indispensable délation. Après abjuration des convictions et des écrits de l’accusé, tortures à l'appui, on passe à  l’application  des peines dont on ne ressort jamais vivant et les écrits sont brûlés sur la place publique. Tout cela  ne se passe  pas  au Moyen-Âge, comme on pourrait le penser, mais il y a  moins d’un siècle, dans la très sainte et  catholique Espagne franquiste, que des milliers de personnes ont  dû quitter pour sauver leur vie et se réfugier dans d’autres pays.

14372280_10154641282849797_8018054754687647476_o.jpg   

Jugements sommaires, exécutions sanglantes.

Entre 1998 et 2001 Les talibans détruisirent les 55.000 livres rares de la plus vieille fondation afghane et ainsi que celles de plusieurs autres bibliothèques publiques et privées. Au Mali en janvier 2013, en Irak en 2015, l'organisation djihadiste Etat Islamique brûle 2000 livres à Mossoul. « Art is the signature of civilizations.» La Turquie ne se prive pas d’user de méthodes similaires en 2015-2016.  La meilleure couverture de la dictature, c’est la foi ; la meilleure couverture de l’oppression de la femme, c’est encore la foi.

14409917_10210841593812813_4447965855775554794_o.jpg

Dans ce  spectacle où s’affrontent  les 5 comédiens exaltés,  le spectateur  est plongé malgré le sujet  terrifiant,  dans la douceur de vivre andalouse par le verbe poétique et la beauté de la gestuelle. On  y découvre en effet une très attachante Marguerite Topiol.    Elle danse, chante, mime, raconte  un rêve de  femme libre et belle. Elle est un  modèle de bonheur et de joie de vivre.  Elle est un modèle de larmes versées pour la terre qui l’a vu naître.    Car on plonge aussi évidemment dans la manipulation exécrable des tribunaux d’exception qui pratiquent une justice expéditive et destructrice, souvent aux noms de dieux ou d’idéologies meurtrières. Il faudrait se rendre compte qu’aucune  dictature n’a de place pour la femme.  Hommes et femmes, devraient s’en convaincre.  Si non, partout et toujours,   la femme sera  reléguée, privée de liberté de parole et d’action, interdite de toute manifestation de libre-arbitre sauf à être l’esclave de  l’homme. Voilà ce que   toutes les  dérives  extrêmes nous proposent. Voilà  ce qu’il est primordial de combattre.

14362731_10154641282089797_5609891414994126217_o.jpg

La pièce se déroule dans les tonalités chaudes des rythmes espagnols, la  mélodie de la langue espagnole est  fortement présente et chante la nature et la beauté. Même si on n’est pas bilingue on a l’impression de tout comprendre ou presque : la magie de l’interprétation?  La magie du lieu, qui oblige les comédiens à donner la quintessence de leur art. Chaque fois que l’on quitte La Clarencière, on a   goûté  une large rasade d’intense théâtralité de proximité qui vous pénètre et vous enivre jusqu’au fond de l’âme. Remercions son infatigable directrice, Fabienne Goovaerts qui trouve toujours la manière de galvaniser la pensée ou le cœur car  son théâtre est fait, ici ou ailleurs,  pour réenchanter le monde: le poète a dit la vérité…

14444890_10154641282899797_7713787682110408553_o.jpg

Et l’auteur s’appelle ...José Peres.

Site de la Clarencière

Drame de José Perez
Par : Laurence Briand, François Mairet, Marguerite Topiol, José Perez et Ruy Perez
Chant : Cécile Rigot 
Mise en scène : Laurence Briand
Assistanat : Marguerite Topiol 
Production : Toc Toc Art

  

Photos de Christian Snoeckx

Lire la suite...
administrateur théâtres

12273082253?profile=original12273082481?profile=original12273083069?profile=original12273083861?profile=original12273084671?profile=original12273084882?profile=original12273085895?profile=original

Mariage réussi !

 

Le nouvel an chinois est la plus grande fête traditionnelle chinoise. C’est une fête agricole à l’origine et elle s’appelle aussi  la  fête du Printemps. Chaque année elle inaugure un des 12 rameaux terrestres symbolisés par un animal, à l’intérieur d’un cycle  récurrent de 12 ans. Nous voici depuis le 19 février dans l’année de la Chèvre.
À  chaque retour de l’an neuf (calculé d’après la deuxième lune après le solstice d’hiver), toutes les voies de communication de la Chine entière sont prises d’assaut. Gares, routes, aéroports sont bondés. Des millions de familles, pour qui cette occasion est leur seul moment de vacances,   traversent le pays pour un rassemblement familial placé sous le signe  de la couleur rouge (symbole de joie et de chance), du recueillement et du renouveau. Traditionnellement, on sortait avec des lanternes colorées, des brûle-parfums, et l’on faisait éclater des pétards afin de faire fuir les mauvais esprits, mais surtout on désirait réveiller le dragon protecteur et dispensateur de pluies bienveillantes.

Dans nos contrées nordiques, on ferait plutôt appel au soleil et  à ses bienfaits…  Les chinois ont bien  compris nos aspirations et nous ont envoyé « The Legend of the Sun », un spectacle qui ne pouvait que nous plaire. Il a déjà été présenté à Londres en janvier dernier avec un succès éblouissant. Il s’agit d’une  très vieille légende du folklore de la minorité Zhuang* du Sud de la Chine qui  rejoint  à point nommé  notre  dévorante soif de lumière. Au temps jadis, les anciens Zhuang vivaient dans un pays  privé de lumière. Un jour, ils apprirent qu'un Soleil flamboyant se reposait au-delà de la ligne d'horizon et que l'astre pouvait les sauver de l'obscurité et du froid et leur apporter de la chaleur. Finalement, c'est une intrépide jeune femme enceinte qui  se sacrifia pour le bien commun. Elle argua qu’elle n'arriverait peut-être pas jusqu'au bout, mais  que l'enfant qu’elle portait finirait bien par rapporter le soleil.  Emouvant parcours initiatique donc, d’une mère et de son fils.

C’est Le théâtre National  qui a  accueilli à l’occasion du Nouvel an chinois, cette performance étonnante et de très haut niveau artistique. « The Legend of the Sun » un spectacle monumental de danses folkloriques, de mime et d’acrobatie. » Il réunit 60 danseurs chinois formés traditionnellement, la plupart d'origine ethnique Zhuang.  Pas de texte, du mystère et de la méditation sur la condition humaine, sur une vielle souche animiste. Quelques  mélodies aux voix  bouleversantes, des échos de choristes  lointains  et une musique très narrative soutiennent  cette belle histoire. Une histoire édifiante, bien sûr. Comme au Moyen-Age chez nous, les légendes doivent avoir une  portée morale et  sociale. A travers la mise en scène du  folklore authentique du peuple Zhuang, c’est la persévérance du peuple chinois  et la  poursuite du bonheur qui sont glorifiées et leur bravoure  indéfectible contre les difficultés « L’Asie est là où cesse la vulgarité, où naît la dignité et où commence l’élégance intellectuelle. Et l’Orient est là où sont les sources débordantes de poésie ».

La performance de danse muette est habillée de somptueux costumes qui vous rappelleront si vous avez eu la chance d’y aller, l’un ou l’autre voyage dans les minorités chinoises et l’accueil chaleureux que ces peuples dispensent aux visiteurs étrangers. De nombreuses scènes ont une portée universelle et vous feront monter les larmes aux yeux, ce qui n’était pas garanti avec un spectacle d’une telle ampleur. Les relations mère-fils, homme-nature,  le coup de foudre, la conquête amoureuse, la passion en conflit avec le devoir, l’amour vrai sont autant de thèmes passionnants et passionnels qui touchent le spectateur de n’importe quelle origine. La beauté de la danse, que ce soient les solos, les duos ou les danses de groupes, est omniprésente et souligne le long cheminement. Et cette beauté  nous touche profondément. Un mélange  habile et sans coutures  de chorégraphies modernes et de coutumes traditionnelles  qui vous  emmène au cœur du  mystère humain. Les danseurs se transforment en paysages, en rochers en rivières, en bêtes sauvages et en éléments naturels appuyés d’effets sonores grandioses.

Côté musique, c’est la même chose. Le mélange des sonorités occidentales et orientales est source d’un perpétuel étonnement. Alliant tradition et modernité, la musique  authentique de cette ethnie utilise des instruments séculaires -  les clochettes, bâtons et tambours associés aux costumes rutilants, l’erhu, vielle chinoise à deux cordes aussi appelé « violon chinois », la flûte de bambou, et  les incontournables percussions chinoises  -  qu’elle mélange avec finesse avec ceux  de nos salles de concerts occidentales.

305A4959.jpg?width=450

  Le China Arts and Entertainment Group (CAEG) qui encadre ce fabuleux spectacle  est devenu au fil des années  le plus grand organe culturel chinois soutenu par le ministère de la culture et un ambassadeur privilégié pour fêter les quarante ans de  liens d’amitiés qui unissent cette année l’Union européenne et la Chine. Co-organisateurs, la compagnie Atlas International Culture. The Legend of the Sun a été primé par de nombreuses récompenses, dont le "Golden Lotus Award" de la China Dance Lotus Award Competition, mais également le "Splendor Award" pour les œuvres théâtrales délivré par le Ministère chinois de la Culture. Le spectacle a également reçu un bel accueil dans le monde, plus particulièrement lors de leur tournée aux Etats-Unis en 2012.

 

 

* la minorité Zhuang : Ils forment une des 56 nationalités de Chine. Leur population, estimée à 18 millions de personnes en 2010, fait d'eux la plus importante minorité chinoise avec un passé glorieux.

12273085695?profile=original

12273087255?profile=original12273087857?profile=original

En savoir plus sur les légendes chinoises: 

http://www.gutenberg.org/files/15250/15250-h/15250-h.htm

Le Théatre Nanning du Guangxi:

http://thelegendofthesun.com/FR/?page_id=642

Lire la suite...

"La Beauté de la Femme Noire"

12272798464?profile=originalLe lendemain, je la regardais encore endormie à coté de moi, j’observais ses longues tresses mélangées aux plis des draps froissés, c’était une princesse, j’étais au paradis. L'impression d’avoir enfin trouvé la femme de ma vie m’effleurait même l’esprit.

Je remontais délicatement les draps jusqu’à ses épaules un peu dénudées. Tout doucement, hésitant, je m’approchais pour lui donner un doux baiser, c’était plus fort que moi, un baiser ultra tendre pour une déesse, un câlin de qualité sur sa belle peau noire satinée.

J'aimais son odeur, l'envie de me blottir, de sentir son corps contre le mien était fort, j’aurais voulu que nos corps soient conjugués et ne forment qu'un seul Z. Je regardais ses lèvres, belles et pulpeuses, si africaine et bien dessinées, je pensais même que les stars américaines en seraient jalouses.

Au niveau de sa tempe, je voyais des petits cheveux bouclés qu'elle n’avait pu tresser car trop court sur cette partie de son visage. Ses petites boucles noires s’entremêlaient fortement à cet endroit, comme les gens au pays. Cela me rappelait son origine. J’observais ses sourcils, d’un noir intense encre de chine, lignes nettes entretenues et inimitables.

Ses mains aussi, ses longs doigts soignés, multitude de couleurs variant d’un brun foncé au ton ébène, parfois très noir, parfois cannelle et plus clair sur la paume. J’observais deux bagues en or à ses doigts, originales, j'aimais sa féminité, son style, sa fragilité. Sur la table de nuit se trouvaient ses boucles d'oreilles, deux grands anneaux, délicatement ôtés la veille.

Au milieu du lit, une forme ronde laissait apparaître ses hanches, je devinais la forme de ses fesses, elles semblaient être jolies, musclées même, surtout vers l’arrière, peut-être juste pour que mes yeux s’y posent.

Au bas du lit, les draps étaient un peu tirés, j’apercevais l’extrémité de ses pieds, ses ongles étaient ornés d’un rouge éclatant qui reluisait grâce à quelques rayons de soleil perdus par les tentures mal ajustées.

Passionné, je prenais sa douce main, cela me faisait quelque chose, je sentais une drôle de sensation au ventre, ce moment était appréciable, c’était 'Black et White', la 'Grande différence', le Contraste sublime' et ça m’allait si bien, si bien. (By Ben, extrait de "Destination Sud") 

Lire la suite...

Définir la beauté

      Ca, C'est la définition de la beauté par Voltaire: 

"Le crapaud trouve belle sa crapaude"

 Ca plutôt que la beauté aseptisée,formatée, la beauté qui n'est que jolie.

 La beauté se révèle au soir, en glissant dans le caniveau. 

 La beauté aime le crépuscule, ne craint pas le noir.

 Autre définition, celle de breton, le pape du surréalisme n'a pas dit que des inepties:

 "La beauté sera convulsive ou ne sera pas"

fin flo fond vert

Je revois flo sur fond vert avec intérêt. Je valide et ne déclare jusqu'à demain au moins de ne pas retoucher cette récente peinture 100x80 acry et nombreux marouflages sur toile Gegout©adagp2011

 En écrivant ces lignes je tente de trouver la mienne, celle qui colle à mon humeur.

 Et ma définition actuelle (au jour d'aujourd'hui comme aiment le préciser certains) serait encore celle là:

Etre là, les sens en alerte..le regard figé sur l'instant magique qui lui ne va pas vous attendre..

 


 

Lire la suite...

le crapaud trouve belle sa crapaude

 Il me faut écrire une présentation de l'artiste pour le livre édité chez Patou concernant l'univers artistique du portrait..

 Je pioche dans mes centaines de textes écrits sur ce blog, je vais finir par trouver ce qui me semble nécessaire de dire pour faire cette différence entre le portrait "pour trait" et la peinture que toute tête peut représenter

2ème état de Flo au fond indéterminé 

100x80 acry et marouflage sur toile

flo fond rouge

 Flo sur fond défini, rouge barrière, mur ou se brise le rêve, ou Flo sur fond d'infini aux  tonalités gris verdâtres qui nous laissent passer au travers de la peinture

 Réminiscence, résurgence, la tête est pleine d'images, certaines resurgissent comme ça quand tout glisse, sans la moindre volonté si ce n'est le fait de se laisser porte par le geste.

"Le crapaud trouve belle sa crapaude"

 disait Voltaire pour définir la beauté::

 Oui plutôt ça que la beauté aseptisée, formatée, la beauté qui n'est que jolie.

 La beauté se révèle au soir

en glissant dans le caniveau. 

 La beauté aime le crépuscule

ne craint pas le noir.

Lire la suite...

Piazza del Campo

Autre jeu:

Passer du corps et de ses courbes à l'authenticité des façades de la ville de Sienne.

Je ne dis pas que les courbes d'un corps ne sont pas authentiques.

Les courbes incitent à la générosité.. les courbes sont naturellement "Italiennes"


Piazza del Campo 80x60 acry et marouflage sur toile

Gegout©2010

piazza-del-campo

La piazza del Campo n'a pas besoin de courbes pour séduire.. je suis encore une semaine après notre retour sous l'emprise de cette place.

Cette place s'impose par sa force sans coquetterie.

Ici la beauté se situe au delà du joli..

Je garderai longtemps le choc avec cette rencontre, ce premier regard lorsque l'on tourne au coin d'une rue et on se retrouve nez à nez face à ces façades.

J'en frissonne encore..!


Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles