Le rôle sacré du théâtre des origines... Sur la scène nue et noire du Théâtre des Martyrs, le tableau des personnages se compose peu à peu dans un silence total. Les éclairages sont tantôt clairs, tantôt obscurs, à la manière des grands peintres baroques ou de la Renaissance. Grand Bouc es-tu là ? Est-ce le sabbat des sorcières de Goya qui se prépare ? Ou la horde des aveugles rebelles du Grand Breughel qui débarque?
Les regards sont fixes, pour laisser le corps s’exprimer dans ses moindres gémissements. Les costumes sont taillés dans le ricanement et la parodie : cinq femmes portant survêtement de jarretelles côtoient cinq hommes nichés dans des cols de fourrure. Ils apparaissent et se frôlent, sans vraiment se toucher. La lenteur et le silence sont le prélude à une dramaturgie théâtrale intense qui va recréer la dramaturgie musicale de la musique la plus sublime au monde : La Messe en si de Jean-Sébastien Bach revisitée en théâtre musical par Ingrid von Wantoch Rekowski, une virtuose pour qui le Sacré est aussi indissociable du corps, que pour Jean-Sébastien Bach.«Et incarnatus est».
Un long trait de lumière posé au sol attire les comédiens comme des papillons de nuit ou des hirondelles perchées sur un fil télégraphique. Ainsi se met en place un chœur mi antique, mi avant-gardiste, installé au bord du vide ou du néant. La cohésion qui se crée par le rassemblement des corps à corps fait imaginer une sorte de créature puissante et vivante en forme d’arabesque. La condition humaine qui ne cesse dechercher l’Absoludans le mouvement et le chant ? L’étrange et langoureuse bacchanale va naître surle Kyrieà la manière d’une improvisation et puis s’envoler au gré des autres prières de la liturgie. Celles-ci sont réinventées librement sur l’étoffe de la partition de Bach. Dans un déséquilibre constant ils s’efforcent généreusement de mettre leur corps et leurs voix au service du texte chanté, murmuré, scandé, vibré! Une renaissance perpétuelle de tableaux vivants, comme des cellules en harmonie s’offre au public au fil des incantations universelles perlant sur des gestes familiers et des attitudes quotidiennes. Esprits en union ou union d’Esprit ? Au milieu du chaos apparent, les déplacements et les voix des danseurs et danseuses deviennent au fur et à mesure sidérants d’harmonie et de précision. Et pourtant on les croit toujours tous, prêts à tomber, comme dans un château de cartes.
Ils sont dix, comme à leurs débuts, il y a dix -sept ans:Pascal Crochet, Daphné D’Heur, Isabelle Dumont, Bernard Eylenbosch, Hélène Gailly, Dirk Laplasse, Pietro Pizzuti, Annette Sachs, Candy Saulnier, Luc Schillinger.Très efficace, ce théâtre décaphonique de frères humains exaltants forme une installation en mouvement perpétuel et conduit le spectateur à une méditation émaillée d’éclats de rires. Angoisses et extases s’entrechoquent dans une communion de gestes. Chacun dispose d’une clochette pour faire tourner les pages et les changements d’humeurs de la célébration. L’appel vaut mieux que la baguette. Et puis, la clochette peut servir à tout, même se transformer en rasoir, dans les mains dePietro Pizzuti... Les dissonances et les harmonies somptueuses tiennent en équilibre fragile le monde de fiel et celui du septième ciel. En se calibrant secrètement les uns aux autres, les voix émettent une musique incantatoire innovante et subtile, qui s’adresse au cœur avant le cerveau. Les corps des danseurs-acteurs, tels des pantins de chair et de sang tenant eux-mêmes les ficelles, sont-ils en perpétuelle recherche de la lumière ?Ad Lucem ?
De l’ensemble se dégage l’impression d’une œuvre polyphonique mobile parfaitement aboutie. Dans l’enchaînement de propositions, où chacun finit toujours par trouver sa place, émerge une œuvre de solidarité artistique vibrante. Alors qu’affleurent régulièrement des égocentrismes, des regards dédaigneux, voire hostiles, des gestes malencontreux, des bavures, des actes manqués, les personnages se serrent frileusement les uns contre les autres. Et la voix intérieure de chaque artiste finit toujours par fuser librement à travers les paroles redécoupées avec humour, en se calibrant sur celle de ses voisins pour enfanter la chaleur universelle.Sublime.
In H-Moll a reçu le prix de la recherche «Michèle Fabien» en 2001. Réalisatrice: Ingrid von Wantoch Rekowski Avec: Pascal Crochet, Daphné D’Heur, Isabelle Dumont, Bernard Eylenbosch, Hélène Gailly, Dirk Laplasse, Pietro Pizzuti, Annette Sachs, Candy Saulnier, Luc Schillinger,Costumes: Christophe Pidré Éclairage: Jan Maertens Production:Lucilia Caesar, Polimnia, Les Brigittines en coproduction avec le Théâtre Martyrs, Musica Strasbourg, Bouffes du Nord, Teatro Due Parma, soutenues par la Fédération Wallonie-Bruxelles et Nadine / Brussels Crédit photos: Eric Legrand
In H-Moll a reçu le prix de la recherche «Michèle Fabien» en 2001. Réalisatrice: Ingrid von Wantoch Rekowski Avec: Pascal Crochet, Daphné D’Heur, Isabelle Dumont, Bernard Eylenbosch, Hélène Gailly, Dirk Laplasse,
Pietro Pizzuti, Annette Sachs, Candy Saulnier, Luc Schillinger,
Costumes: Christophe Pidré Éclairage: Jan MaertensProduction:Lucilia Caesar, Polimnia, Les Brigittines
en coproduction avec le Théâtre Martyrs, Musica Strasbourg, Bouffes du Nord, Teatro Due Parma,
soutenues par la Fédération Wallonie-Bruxelles et Nadine / Brussels
Publié(e) par Deashelle le 27 novembre 2017 à 11:30
« Qu’il eût été fade d’être heureux ! » Parlant du bonheur selon Marguerite Yourcenar, Jeand’Omerson l’accueille en 1980 à l'Académie française avec ces mots :
...La conclusion aurait pu, tout aussi bien, être exprimée par Hadrien, par Zénon, par n’importe lequel, en vérité, de vos héroïnes ou de vos héros : « La seule horreur, c’est de ne pas servir. »
« Je m’appelle Marie : on m’appelle Madeleine » Son identité est dès le départ niée par les autres! Elle se sentira mise « à-part ». C’est un être « à-part » qui nous apprend à décliner le mot « aimer », son anagramme! Pas à pas on écoute les fracas de son coeur brisé. Pas à pas on la rejoint dans son désir d’élévation. « Il ne m’a sauvée ni de la mort, ni des maux, ni du crime, car c’est par eux qu’on se sauve. Il m’a sauvée du bonheur. »
« Marie-Madeleine ou le Salut » est l’unique nouvelle de « Feux » qui ne repose pas sur un personnage issu de l’Antiquité classique mais sur un personnage biblique : Marie-Madeleine. Marguerite Yourcenar s’appuie sur le mythe évoqué par Jacques de Voragine dans La Légende Dorée, selon laquelle Marie-Madeleine, habitante du village de Magdala sur la rive occidentale du lac de Tibériade, était appelée à devenir l’épouse de Jean. Ce récit de prose lyrique met en scène le désir brûlant que Marie-Madeleine éprouve pour Jean le jour de sa nuit de noces, sa déception lorsque Jean la quitte subitement avant l’aube pour rejoindre Jésus. Le texte déploie la passion ardente qui naît en elle, à la rencontre du Christ. Le mariage n’avait pas été consommé, la jeune femme est considérée comme une prostituée : « Les enfants du village découvrirent où j’étais ; on me jeta des pierres. » En traversant la douleur, elle dépasse le bonheur et accède à l’illumination.
Extraordinaire... le texte en solo déchirant, et sa mise en mouvement! Fascinant!
Un spectacle où l’on palpe tout ce qu’on voit, et on touche ce qu’on entend. Mis en scène par Monique Lenoble, le spectacle à la fois beau et bouleversant. Il se déroule comme une installation vivante qui se percherait mot à mot, sur un texte fabuleux. Marie-Madeleine, la jeune femme est sublime dans ses attentes, bouleversante dans ses déceptions, poignante dans son cheminement. Libre et assumée. Chacun de ses gestes est ciselé comme une cérémonie. Le décor est un antre de pierres nu, magnifiquement exploité. On y retrouve le village, le banquet, la chambre nuptiale, l'arrestation de Jésus, le pied de la Croix, le tombeau du Christ, la flamme de l’illumination après celle de la passion.
La musique – un faisceau d’harmonies et de vibrations comme le début d’un cantique, est un appel vers l’ouverture du cœur et vers l’élévation. Le texte se déploie en trois actes, soutenus par des jeux envoûtants de drapés très évocateurs. Il y a Marie, un peu espiègle et séductrice - Marie-Madeleine, la courtisane - et enfin Madeleine, l’amoureuse de Dieu. Du tissu symbolique qui donne vie au feu de la passion. Chaque mouvement est empreint de noblesse, de délicatesse et d’authenticité.
La salle, hélas bien peu nombreuse se tait, interdite devant le mystère qui se joue. La beauté inonde jusqu’aux murs et plafond. On se trouve au cœur de la passion. Le bouquet se compose d’érotisme brûlant. La symbolique chatoyante de la chevelure et de l’offrande du corps font voyager du mystère féminin à la spiritualité. L’intensité du regard de femme guide les pas vers l’intelligence de cœur. Le texte finit parfois par se perdre dans un trop plein d’émotion murmurée, mais dans l’ensemble, la diction est jeune, belle et rebelle, vierge de toute affectation, tant elle vient du plus profond de l’être. Cette trinité de texte, de corps et d’art de la mise en scène se savoure comme un vin rare et capiteux! Enivrez-vous! Plus tard, rentré chez soi, on aimera se procurer le texte pour en revivre toute l'humanité.
“Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu...”Jean Cocteau
CYCLE MARGUERITE YOURCENAR Création Texte de Marguerite Yourcenar Mise en scène et scénographie : Monique Lenoble Avec Laetitia Chambon Stylisme : Bouzouk Vidéo : Marie Kasemierczak À l'initiative de Michèle Goslar Lumière et régie : l'équipe du Poème 2
Du 15 novembre au 3 décembre 2017 Les mercredi à 19h, les jeudi, vendredi et samedi à 20h et les dimanche à 16h
L’élan vers la liberté pour les amoureux du verbe, et plus, si affinités…
Comment trouver une voie/sa voix pour dire 1962 ? Le 30 octobre 1962, Jean Sénac, poète chrétien, socialiste et libertaire algérien rentre en Algérie après huit années d’exil et d’espérance. N’ayant jamais connu son père, lui-même, taxé de « gaouri » (descendant des conquistadors), il trouve le pays en liesse. On célèbre le 1er novembre 1954, date anniversaire du déclenchement de la guerre de décolonisation. Dans ces retrouvailles, tout est bonheur, lumière, promesse : « les rues délirantes », « Alger, joie, enthousiasme, confiance, travail, beauté et fraternité », « beauté du peuple, les gosses, la jeunesse, les regards admirables » (Carnet de 1962).
Né dans les quartiers populaires d'Oran, Jean Sénac sera assassiné à Alger le 30 août 1973 sans que l'affaire ne soit jamais élucidée.
Son recueil Poèmes est publié par Gallimard en 1954, avec un avant-propos de René Char, dans la collection Espoir dirigée par Albert Camus. Il a osé employer l'expression « patrie algérienne ». Après sa rupture avec Albert Camus, il publie en 1961 le recueil Matinale de mon peuple. Contrairement au défenseur de la « trêve civile » et d’un compromis pacifiste, Jean Sénac soutient la cause indépendantiste et la lutte armée (FLN), s’engageant à corps perdu dans une triple quête de reconnaissance : celle du pied-noir qui milite pour l’unification de l’Algérie libre ; celle de l’homosexuel qui défend l’affranchissement des corps ; celle du poète qui contribue à la naissance de la création algérienne contemporaine, que ce soit en littérature ou dans les arts plastiques où il tente de réconcilier l’esprit et la chair, dans l’avènement d’un homme nouveau.
Les mouvements d’extrême droite partisans de l’Algérie française prônent une virilité exclusive. L’érotisation de la poésie des amours particulières sert de métaphore pour le prélude d’une réunification politique non réductrice de la nation qui est tout d’abord se doit d'être plurielle et de se prémunir de toute tentative d’uniformité. Non, l’algérien n’est pas qu’un arabe musulman!
Un seul mot peut déclencher
la tragédie des étoiles
un seul mot peut faire pousser
des amandiers dans le désert…
Le terme « diwân » désigne, en langue arabe un recueil de poésie, et le n— ن —oûn est une lettre femelle au tracé sensuel, placée en exergue de la sourate 68 du Coran, intitulée « Le Calame ». Le graphisme, le Verbe sacré et l’érotisme s’entremêlent dans un « corpoème ». Le poète, au terme d’une véritable expérience mystique, touche le divin dans une étreinte très sensuelle, les corps s’unissant « en une chair spirituelle/ Mais animale tout de même et si belle ! »(« Diwân du Noûn », Œuvres poétiques 1967).
On était parti pour rester …et savourer longuement les enfilades enthousiastes de verbe brûlant du poète algérien, dont on découvre les textes pour la première fois grâce à la patiente orfèvrerie de Daniel LIPNIKet de Mario FABBRI. Las, tout passa si vite! Ces textes n’ont rien d’une piquette poétique ou d’un lourd poison baudelairien, mais tout du vertige et on flirte d'emblée avec l’éphémère et la beauté. Les poèmes bordés de rivages solaires sont profonds, sobres, équilibrés, charnels et même noçatoires! Va pour la licence …poétique !
Impossible de ne pas tomber sous le charme du duo de musicalités si finement apparié! Les cadences verbales du diseur Mario FABBRI alternent avec des textes servis sur orchestration musicale, qui sont divinement sublimés par le pianiste Daniel LIPNIK. Celui-ci a choisi de jouer principalement le répertoire hypnotique des Gnossiennes et Gymnopédies d’Erik Satie. La palette romantique du pianiste met en relief les tableaux imaginaires, les analogies auditives, les accents charnels, les envolées spirituelles et les désespoirs abyssaux. De son côté, le conteur, Marco FABBRI resplendit de charme, d’aisance et de charisme. La voix est belle et les regards intenses. Les postures galbées, bien étudiées et toujours renouvelées, ne semblent surgir que de la spontanéité juvénile autour du piano phare.
« Oh vous frères et sœurs, citoyens de beauté, entrez dans le poème ! » L’éblouissement musical et poétique a bien eu lieu, mais il était hélas, de très courte durée et tellement vite évanoui ! La soirée poétique était en effet bien trop courte au goût des spectateurs médusés. « La beauté sur nos lèvres est un fruit continu…Tout est chant, hormis la mort ! »
Noûn Poèmes d'Amour et de Révolte
Sur les plages l'été camouffle la misère, et tant d'estomacs creux que le soleil bronza. Dans la ville le soir entrelace au lierre le chardon de douleur, cet unique repas.
Noûn, un chant d'amour. Noûn, c'est un dialogue musical entre une voix et un piano. Ce sont des poèmes d'amour et de révolte s'entrelaçant à une partition instrumentale jamais figée. C'est la rencontre de plusieurs univers qui font écho entre eux : un écrivain solaire et engagé, Jean Sénac, et les compositeurs Erik Satie et Frederico Mompou dont l'inspiration échappe à toute définition.
Le duo Mateo & Laëndi, c'est un acteur et un musicien qui se conjuguent pour offrir l'ouverture de nos horizons.
' … Emblème de surpassement, le noûn signifiera pour Sénac l'accès au sublime, la mise en place d'une érotique poétisée. '
Un spectacle du Duo Mateo & Laëndi Jeu, mise en espace : Marco Fabbri Piano, arrangement musical: Laëndi Lipnik
Publié(e) par Deashelle le 14 septembre 2015 à 10:30
A coups de ciseaux de couture Du 08 au 19 septembre 2015 à 20h30 au Théâtre de la Samaritaine (16, Rue de la Samaritaine, 1000 Bruxelles)
Création, adaptation, scénographie et mise en scène de Lucy Mattot Textes: Jean Genet, Jean Cocteau, Juliette Noureddine, Berthold Brecht. Avec Bertrand Daine, Lucie de Grom, Julie Dieu, Alicia Duquesne, Zoé Henne, Lucie Mattot, Romina Palmeri et Quentin Meurisse. Direction musicale et compositions: Quentin Meurisse. Aide au travail corporel: Salomé Génès. Photographie: Simon Paco
Il s’agit d’une création autour des bonnes à tout faire, de la folie meurtrière et des pulsions engendrées par l’asservissement. La plus grande partie du spectacle est composée d’extraits choisis des «Bonnes» de Jean Genet. Des textes et chansons d’auteurs tels que Brecht, Cocteau, Juliette… s’imbriquent dans la progression de la pièce. La musique est très importante dans ce spectacle puisque une composition musicale alternative accompagne les comédiens.
Nous assistons à une cérémonie célébrée par deux bonnes visant à répéter l’assassinat de leur maîtresse. Asservies, humiliées par leur condition, ces deux soeurs sont chacune leur propre miroir, engendrant un dégoût mutuel pour l’autre et pour elles-mêmes. Ainsi, veulent-elles vraiment tuer Madame, où se libérer en s’entretuant? Découpées en plusieurs étapes, la pièce est ponctuée de textes et chansons choisis pour chaque étape: d’abord, il y a l’humiliation de l’asservissement. Puis, la pulsion de meurtre. Ensuite, la haine aveuglante. Et finalement, la libération.
Une répétition ultra-théâtrale, des corps-à-corps féminins d'une violence inouïe et magnifique, d'une beauté de ravages. Les visages se touchent presque pour boire ou échanger les paroles empoisonnées. La tension dans la salle, soutenue par une musique digne d'Hitchcock est presque insoutenable et il faut du temps après le spectacle pour digérer cette proposition originale qui cerne au plus près les sources de violence. L'homme est absent de la scène, les femmes sont maître et esclaves et s'entretuent au propre comme au figuré. La qualité de l'interprétation est d'une audace dramatique incroyable. Allez-y, le cœur lourd et si vous n'avez pas froid au yeux. Il est vrai que cette proximité de violence paroxystique fait cruellement penser à celle du monde qui nous entoure, nous qui vivons protégés dans nos bonheurs respectifs. Le jeu théâtral du trio est de la pure sculpture démoniaque avec une mention spéciale pour Romina Palmeri qui dégage une énergie ....effrayante ! Bravo!
PS On aurait aimé avoir un feuillet avec les titres des différents textes, même si le travail scénique refuse les coutures apparentes, car la compréhension se bloque de temps en temps...ou Est-ce l'essence de la violence intrinsèque qui bloque tout?
— Tirésias — Amis, peut-être Serez-vous surpris par le noble langage De ce poème vieux de milliers d’années
Que nous avons appris par cœur. Le sujet,... Si familier, si cher aux auditeurs d’autrefois, Le sujet vous en est inconnu. Aussi permettez-nous De vous le présenter. Voici Antigone, Fille d’Œdipe et princesse. Ici, Créon, Son oncle, tyran de la cité de Thèbes. Je suis Tirésias, le devin. Celui-là Mène une guerre de rapines Celle-ci n’accepte pas ce qui est inhumain, Elle est anéantie. Mais sa guerre à lui, Qui mérite bien d’être appelée inhumaine, Sa guerre tourne au désastre. L’indomptable, la juste, Sans égard pour les sacrifices de son propre peuple, De son peuple réduit en servitude, c’est grâce à elle Que la guerre a pris fin. Nous vous prions De vous souvenir d’actes semblables, Accomplis dans un passé plus proche, ou de l’absence D’actes semblables. Antigone (1947) — Bertold Brecht (Prologue)
Publié(e) par Robert Paul le 30 janvier 2015 à 2:14
"L'un et l'autre sexe" est un ouvrage de l' anthropologue américaine Margaret Mead (1901-1978), publié en 1948. Dans ce livre, l'auteur se propose, à partir de son expérience d' anthropologue, de réfléchir sur les statuts sociaux attribués à chacun des deux sexes, statuts qui varient selon les sociétés, et de mettre ces différenciations culturelles en rapport avec les données naturelles relatives à la conscience du corps, l'ensemble étant à la base d' équilibre social.
Chaque société, à travers l' éducation qu'elle donne aux enfants, puis aux adolescents, leur fait prendre une conscience spécifique des différences sexuelles; le statut de chacun des deux sexes épanouit certaines virtualités, en laisse d'autres à l'état latent. Dans une première partie, "Les choses du corps", l'auteur insiste sur la place centrale qu'occupe la conscience du corps et de la différenciation, dans l'équilibre d'une société. Dans une deuxième partie, "Les problèmes de la société", l'auteur examine comment les sociétés organisent la division du travail selon les différences entre les sexes. La femme semble plus apte au travail monotone et continu, alors que l'homme serait plutôt capable d'efforts intenses, mais discontinus. En revanche, le rythme biologique féminin est marqué de ruptures plus nettes: premières règles, première grossesse, ménopause. Certaines sociétés calquent leur rythme de vie sur la biologie féminine, d'autres, telle la civilisation américaine, à travers un idéal de progrès technique indéfini, semblent plutôt prendre modèle sur la biologie masculine, libre des limitations impérieuses de la femme. Alors que le lien entre la femme et ses enfants est d'ordre naturel et biologique, la paternité est d'ordre social, et ceci, pour toutes les sociétés, bien que chacune exprime différemment cette opposition. C'est dès l'enfance et à travers l'éducation de chacun des deux sexes, que cette différence de statut est inculquée, bien que dans toutes les sociétés, certains sujets refusent d'assumer le rôle qui leur est proposé. Dans une dernière partie, l'auteur retrace l'évolution des jeunes Américains, de l' enfance au mariage, et les contradictions d'un système d' éducation qui veut ignorer les différences sexuelles dans l' enfance, et imposer brusquement un statut rigide à chacun des sexes à la puberté; il souligne les déséquilibres qu'engendrent les freins mis par la société à l'épanouissement sexuel des adolescents pendant de longues années qui les séparent du mariage. Dans sa conclusion, l'auteur forme le voeu que les différences sexuelles continuent à être cultivées par les sociétés, car le fait de les ériger en institution est une source de richesse culturelle. Bien que le progrès technique et matériel rende les différences entre les sexes moins contraignantes, l'absence de différenciation dans le statut social des sexes n'est pas à souhaiter. Même si l'on éprouve quelque réticence devant les conclusions de Maragret Mead, il faut reconnaître l'ampleur d'un point de vue grâce auquel sont abattues les cloisons entre anthropologie, sociologie, psychanalyse, psychologie, ce qui permet d'englober les données de la société industrielle moderne et des sociétés plus primitives.
Publié(e) par Deashelle le 13 novembre 2013 à 6:30
Rodrigue et Chimène : deux êtres épris l’un de l’autre qui seront grillés à petit feu sur l’autel de la gloire et du devoir. Rodrigue va-t-il laver l’affront fait à son père et tuer le père de Chimène ? Il choisit la solution héroïque qui lui conserve l’admiration de sa Chimène mais il s’empêche ainsi de l’épouser à jamais. La barbarie du système de l’honneur du clan force Chimène à demander vengeance et à faire immoler le seul homme qu’elle aime. L’Infante, secrètement amoureuse de Rodrigue, elle aussi, s’est pliée à la règle des convenances et ne s’est pas autorisée à aimer plus bas qu’elle! Elle a donc « offert » Rodrigue (Laurent Capelluto) à Chimène (Laure Voglaire). Les rebondissements imprévus rendent un espoir insensé à L’Infante (une très impressionnante France Bastoen) qui est à nouveau tourmentée par la folie d’amour… jusqu’à cette scène inoubliable d’extase en solo. En ce qui concerne Chimène - victime de l’orgueil de son clan et de ses principes inébranlables - elle est prisonnière de son devoir et la préservation d'une image de perfection se met en travers de l’amour avec une constance effroyable. Seul un roi avisé pourra changer la loi, défaire les codes barbares et faire retrouver Raison … et Amour.
Modernité. Qui de s’échauffer, qui de se rafraîchir, de se précipiter en retard, une rose ou un sachet de provisions à la main : dès le début du spectacle, le spectateur se trouve confronté à un long prélude muet d’allées et venues des comédiens qui se préparent au tournoi verbal. Dominique Serron, la metteuse en scène ne recherche nullement l’illusion théâtrale, elle a choisi de privilégier l’énergie créatrice de chacun, le corps et la parole pour exprimer la violence des sentiments emprisonnés dans le texte de Corneille. Ni décor historiciste, ni même de sage neutralité avec un plateau nu et épuré. Le pourtour du plateau est encombré par le matériel quotidien utilisé par les comédiens lors des répétititions: de la table de repassage, à la carafe d'eau fraîche pour se désaltérer. Ils se changent, se maquillent, se sustentent, s’ébrouent, se retrouvent le texte à la main.
Intensité. Et puis tout d’un coup on assiste au jaillissement du jeu dramatique qui fait fuser l’émotion. Le spectateur est auditeur libre d’une répétition, d’une réelle séance de travail, que l'on peut imaginer évolutive. Déjà que les personnages ne sont pas interprétés par les mêmes comédiens tous les jours! Donc le seul point d’appui où se construit peu à peu le spectacle est cet environnement naturel dans lequel baigne le comédien, un envers de décor invisible ou imaginaire. L’énergie du texte de Corneille se libère à mesure. Comme s’il s’agissait d’un concert dont on ne possède plus les instruments anciens, les comédiens ont pour tâche de trouver au fond d’eux-mêmes l’authenticité du texte. La troupe est un faisceau d’énergies portées par le rythme parfait de l’alexandrin. Cette caravelle qui vous embarque dans l’ivresse de la langue. Voilà un centrage sur la parole et le corps sans aucune autre distraction.
Authenticité. Alors le lyrisme devient viscéral. Les coups de talons fâchés et cadencés, les gestes ibériques millénaires se réveillent et le flamenco est au rendez-vous. Le corps prépare le jaillissement de la parole. Ces parties dansées sont des moments intenses de ressourcement et des moments de concentration et d’unisson extraordinaire, chaises à l'appui! Comme pour reprendre après ces respirations rythmiques le texte avec plus de vérité encore. Il y a ce tango particulier où chacun est face à une chaise de bois. La dure réalité ? Le sol du plateau rugit sous le questionnement, sous la douleur de la décision impossible. C’est le drame du choix impossible. C’est un aller-retour dans l’introspection: entre la vie et la mort, entre la vengeance et l’amour. Ainsi s’allume le feu dramatique qui dévore chacun des personnages et qui gagne peu à peu le spectateur pris dans les flammes vives de la création artistique.
Le drame est incandescent, vécu par chacun avec vérité absolue. Voici le cast de comédiens fascinants qui a fait vibrer la salle entière le mardi 12novembre, jour de la première : Laure Voglaire, Laurent Capelluto ; France Bastoen, Patrick Brüll, Daphné D’Heur, Vincent Huertas, Julien Lemonnier, Luc Van Grunderbeeck. Faut-il souligner que nous avons été charmés de retrouver le duo Laure Voglaire, Laurent Capelluto (qui jouait avec tant de sensibilité dans les "1001nuits" récemment au théâtre du Parc) et que nous avons été séduits par le jeu plein d’intelligence et de finesse de Daphné d’Heur dans le rôle d'Elvire, la suivante?
Huit partitions jouées par une équipe de onze comédiens :
Rodrigue : Laurent Capelluto ou Fabrizio Rongione Chimène : France Bastoen, Alexia Depicker ouLaure Voglaire L’Infante : France Bastoen ou Daphné D’Heur Le Roi et Don Gomès : Patrick Brüll ouFrançois Langlois Don Diègue : Luc Van Grunderbeeck Don Sanche : Vincent HuertasouJulien Lemonnier Don Arias : Vincent HuertasouJulien Lemonnier La suivante :Daphné D’Heur, Alexia Depickerou Laure Voglaire
Quand tout me charme en toi M'appelle à la rébellion Tout te désire en moi Me pousse au consentement Je vois venir à moi Ton souffle si ardent Tes mots me dévisagent Ton œil me déshabille Ton souffle me convoite Ma peau du coup frétille Mon voile ne tient plus Mon teint si écarlate Trahit mon pouls tonnerre Et mes sens en émoi Ne pensent plus à l'âge Ni même à la pudeur Mais seulement au voyage De nos deux cœurs soudés Que seul l'amour soulage Au rendez-vous des corps Qu'une flèche a guidés Vers leur ultime port
L'ultime toile pour l'expo en Suède.. le mot ultime a un aspect lapidaire dans ce cas . Je le dis parce que je devine une peinture qui a envie de retrouver les gestes d'arabesques. Je pense avoir fait le tour de l'horizon nordique. je rêve de courbes voluptueuses sans horizon plat et vide. J'ai aimé cette immersion dans l'imaginaire d'une île, mais je crains maintenant la répétition..
L'expo va plaire, j'en suis sûr, je suis ici plus consensuel, enclin au désir de plaire..
Pas de culpabilité pour autant , j'ai éprouvé des instants de plénitude face à ces embruns brouillés de vent, de froides terres givrées..
Cette dernière peinture amorce mon retour au corps à corps
Le prochain livre de Nathalie Gassel paraîtra en Septembre 2011 et sera présenté à l'initiative de Arts et Lettres. Il s'intitule:
ARDEUR ET VACUITÉ Editions: LE SOMNAMBULE ÉQUIVOQUE Collection Fulgurances
Nathalie Gassel s’était fait connaître en célébrant la puissance du genre féminin à travers les inclassables Éros Androgyne et Musculatures. Depuis lors, toujours sensible au culte du muscle et à la force sexuelle, elle ne cesse d’investiguer d’autres thématiques comme la dépression (Abattement) ou l’image (Récit Plastique). Des thèmes qui lui sont proches. Dans sa vie quotidienne, l’auteure manie en effet porte-plume, haltères et appareils de photographie argentique. Bruxelles, New York, Bruxelles. La narratrice tente de se fuir et de se distraire de la disparition de sa mère. Elle rencontrera un homme qu’elle tentera d’explorer. Grâce à une écriture entre pensée et chair, la trame de cette autofiction porte un regard pénétrant et parfois nostalgique sur des circonstances, des émotions, des êtres. Nathalie Gassel scrute le vif se trouvant aux frontières du tragique.
Nathalie Gassel, ancienne adepte de Muay thaï (boxe thaïlandaise), est une écrivaine et photographe belge, née à Bruxelles le 19 juin 1964. Elle est la fille d'un ethnologue, Ita Gassel et d'une plasticienne, Mariette Salbeth. Nathalie Gassel participe à l'ouvrage Picturing the Modern Amazon édité par le New Museum of Contemporary Art de New York en 1999 en tant qu'écrivain et athlète et à diverses reprise à la revue de l'Université de Bruxelles. Elle est d'abord publiée en Belgique et à Paris, et ensuite traduite en plusieurs langues latines. Elle a écrit sur l'Eros et le corps sportif ainsi que sur la dépression. "D’une écriture aussi travaillée que son corps d’athlète, Nathalie Gassel s’est attachée, avec Éros androgyne et Musculatures, à célébrer la chair et en affirmer la puissance. Jusqu’à l’écriture décisive des Années d’insignifiance, où elle sonde le contexte transgressif et déchiré de son enfance, elle ne cesse d’affirmer le faisceau de ses diverses radicalités. Récit plastique confirme cet univers singulier en explorant aussi sa dimension photographique." « Dans une prose volontiers classique, que des tensions quasi nerveuses font constamment vibrer jusqu’à l’intensité », selon le philosophe Frank Pierobon, « Récit plastique fait dialoguer des textes et des photographies. Ce corps à corps, entre écrits et images, oscille entre instincts de vie et de mort, pour aboutir à une réflexion marbrée d’abstractions1. »
Notes: Interview de Pierre Mertens sur un ouvrage de athalie Gassel "Stratégie d'une Passion"(Document RTBF1):
Bibliographie:
Livres Eros androgyne, Éd. de L’Acanthe, 2000 ; réédition Le Cercle poche, 2001, préface de Pierre Bourgeade Musculatures, Les Éditions Le Cercle, Paris, 2001 ; réédition, Le Cercle poche, 2005, préface de Sarane Alexandrian Stratégie d'une passion, Éd. Luce Wilquin, 2004 Construction d'un corps pornographique, Les Éditions Cercle d'Art, Paris, 2005 Des années d'insignifiance, Éd. Luce Wilquin, 2006 Récit plastique, textes et photographies, Éd. Le somnambule équivoque, 2008 Abattement, Éd. Maelström Revolution, septembre 2009 Ardeur et vacuité, Ed. Le somnambule équivoque, 2011
Revues et collectifs Picturing the modern amazon Newmuseumbooks, Rizzoli International Publications, New York. 1999. Le Labyrinthe des apparences Ed. Complexe. 2000. Université de Bruxelles. Je t’aime. Question d’époque Ed. Complexe. 2002. Université de Bruxelles. Argent, valeurs et valeur Ed. Complexe. 2004. Université de Bruxelles. L'obscénité des sentiments, Ed. Le Cercle d'Art & Université de Bruxelles, 2005. Théorie et pratique de la création, Les Cahiers internationaux du symbolisme. 2005 La visite est terminée, photographie et texte, Ed. La Trame, Bruxelles, 2006 Marginales, n° 262, Sous les clichés la rage, photographie, 2006 Ed. Luce Wilquin, Belgique Action Poétique, n° 185 , Belges et Belges, septembre 2006, Paris. Mode, photographie et texte, ed. Le Cercle d'art & Université de Bruxelles, Paris, 2008
Quelques livres de Nathalie Gassel:
Eros androgyne est une odyssée intérieure. Celle d'une jeune femme athlétique. Qui dissèque sa libido. Qui sublime le corps lubrique et animal. Qui s'émerveille devant la chair aimée. Pour que l'insatisfaction devienne poésie. "Si l'érotisme est bien notre relation à nous-même dans une situation donnée, des écrits dans le secret de quelqu'un et dans le secret d'une époque, alors Eros androgyne est un livre unique. Un éclair, un texte éblouissant, où l'indicible à pu se dire." Pierre Bourgeade
"Nathalie Gassel est dans la joie d'excéder les limites. C'est de la pornographie transcendante! Un des livres les fascinant de l'an 2000." Sarane Alexandrian
"NATHALIE GASSEL est à la fois adepte du bodybuilding, championne de boxe thaïlandaise et poète. Poète des plus rares, faut-il ajouter, en se souvenant seulement qu'au seuil de ce siècle, la poésie - plus exactement l'alliance poétique de certains mots, de certaines images - n 'est pas forcément celle d'hier. La prose de Nathalie Gassel est charnelle dans les deux sens du terme. Elle parle des corps, et elle a, elle-même, la provocation, l'attirance, la nudité du corps...On n 'est donc pas ici, on l'aura deviné, dans un texte de tout repos. On ressent, au contraire, l'impression de quelque chose d'inlassable, d'" incomblable ", Si j'ose dire, à lire ces pages, parfois reservées, parfois de folie, où la hantise de l'autre se donne.
Musculatures est le manifeste d'un désir autre et fulgurant. Nathalie Gassel nous fait partager les oscillations baroques et obsessionnelles d'une athlète de l'apparence, que seule une quête perpétuelle anime : son corps et le corps de l'Autre. Son corps? Tantôt errant, tantôt avide, chasseur ou tueur, obnubilé par l'effort physique, l'exaltation de la puissance et la volonté de pouvoir, il est un corps nimbé de lumière et offert à la louange. Elle réinvente l'écriture de la prégnance du corps. "Cette suite de fragments autobiographiques est un traité du pouvoir sexuel. Que peut-on faire de son corps, ou avec son corps, ou même contre son corps, quand on a un sexe de femme ou un sexe d'homme, dont on veut se servir souverainement? Le pouvoir sexuel féminin est-il préférable au pouvoir sexuel mâle? Ou Si c'est l'inverse, existe-t-il un pouvoir sexuel intégral, qu'exercerait un individu capable de se conduire à la fois en homme et en femme dans sa vie amoureuse, pour se constituer un trésor de jouissances ambiguës? Toutes les conventions de la littérature du sexe sont mises à mal par ses actions réfléchies. La drague d'une femme dans les rues d'une ville n'a jamais été relatée d'une manière aussi saisissante qu'en ces pages où on la voit, telle une bête de proie à un' appétit insatiable, mue par des obsessions irrésistibles, faire sur ses victimes des bonds calculés.
Si j'écrivais à présent mon Histoire de la littérature érotique, j'y mettrais Nathalie Gassel à la même hauteur que Henry Miller dans Crucifixion en rose et que le surréaliste mystique Charles Duits, qui voulut fonder une " Eroscience " en deux romans violemment pornographiques. La pornographie transcendante est une exigence de l'esprit d'aujourd'hui et de la littérature de demain qui a trouvé en Nathalie Gassel une interprète fulgurante et magistrale." Sarane Alexandrian Edition Le Cercle, 2001 Réédition Le Cercle Poche, 2004
"Le sentiment donc. Mais déplacé, emporté là où, d'ordinaire, il n'est pas convoqué. Où on ne l'attends plus." "Respect inespéré du corps.Barbarerie sans péché.Liturgie de la violente rencontre des corps.Ascèse inattendue et la plus "naturelle".Pathos de sa seule apparence. Bonheur remonté des enfers.Il faut imaginer un Narcisse fol de son corps herculéen.." Pierre Mertens
Stratégie d' une passion est une histoire d'amour qui place la relation de puissance au sein de la passion. A l’encontre de préjugés qui diraient que l’on ne peut dans cette posture aimer, le sentiment est pur et fort, présent dans la chair, il en admet le culte de part en part. On est dans une singularité intimidante, pourtant, nous sommes tous concernés par ces volitions. La modernité figure aussi dans le fait que la femme, dans cette fiction épistolaire, a un corps d’athlète et est amoureuse de la faiblesse de son partenaire, tandis que lui, vénère ses muscles imposants. Il y a comme dans les tragédies, une forme de tourment, qui placerait la tension vers les volontés d’une toute puissance, foudroyée parce qu’encore trop humaine. Les sentiments sont pensés et des voies construites. On est ici dans une double écriture du corps et de l’esprit, de la matière et de ce qui sans cesse la déborde et l’entache. On peut penser à un titre antagoniste, Stratégie d'une passion, dans la passion, on imagine l'emportement, mais il y a toujours en dernière analyse, de la stratégie. L'écriture y est vigoureuse et se réfère à un sport qui affermit le plaisir, un des thèmes omniprésents de la narratrice, qui écrit aussi ses lettres comme un traité de vie.Que devient une relation amoureuse lorsqu’on inverse les rôles anciens et que la femme s’avère plus performante et puissante, plus musclée que l’homme ? C’est un des thèmes de ce livre, un enjeu actuel autour des rôles sexuels. L’écriture interroge nos préjugés. C’est aussi un livre de la passion déclinée autour de trois objets : un homme, le travail de l’écriture et celui du sport. L’antagonisme du titre : qui dit amour passionné ne dit pas seulement emportement et vérité mais aussi stratégie. Comment se présente-t-on à l’autre quand on veut lui " vendre " son image et le maintenir " à nous " malgré la distance, dans une relative dépendance et sous l’emprise d’un pouvoir qui voudrait ne jamais se dérober. Les mails servent à communiquer le désir à l’amant, à entretenir la passion de part en part, à échanger pour que perdure le sens de l’amour.
Février 2004. Editions Luce Wilquin.
Construction d'un corps pornographique
Editions Le Cercle d'art & Université de Bruxelles Paris-Bruxelles, 2005 Construction d'un corps pornographique est un éloge, une réflexion, une poétique du corps réapproprié sous le mode de sa performance, au-delà du genre.Un chemin de sueur lumineuse, une pratique jubilatoire de la musculation à travers encre et acier. Une réflexion et une poétique qui passe de la chair au texte, du muscle à la pensée ; sensations, conceptions et images. Le regard porté est aussi visuel, photographique, en fin de livre, Poétique du corps sportif : portfolio de 8 photographies par l'auteur.
"En écrivant ce livre, j'ai poursuivi plusieurs buts : communiquer, voire même consigner dans une mémoire écrite, la sensualité d'une femme athlétique - culturiste et boxeuse - dans sa rigueur et sa vigilance, dans sa volonté de se forger une matière charnelle puissante avec volupté, ce qui peut sembler paradoxal.
D'un même bond, j'ai souhaité bousculer un très vieux tabou, l'ancestrale interdiction du pouvoir aux femmes. Dans notre enfance, dans notre éducation, le pouvoir, l'ambition nous ont été interdits. Il a fallut transgresser pour avancer.
J'ai également souhaité aborder ce phénomène nouveau sur lequel on n'a pratiquement pas écrit: de femmes sportives qui dépassent par leurs exploits la majorité des hommes.
J'ai désiré rester proche de l'expérience vécue : ce livre témoigne de ma propre vie. Et par ce biais, des relations du corps aux textes, des haltères quotidiennement levées, à la poésie. Là où l'exigence de l'écriture croise l'engouement engorgé du sang dans les muscles. J'aimais donner à sentir ces différents états passionnés d'un travail d'artiste où créer, c'est s'octroyer de nouvelles libertés de transgresser pour vivre. Boxer pour se frayer des chemins où penser et agir se font en se réappropriant un corps et une parole. Il fallait aussi travailler l'écriture de façon à lui donner une texture presque physique, ouvrage que j'ai pu compléter en concluant par une note visuelle, un portfolio de photographies de corps, poétiquement annotées. J'espère que ce livre insolite vous interpellera, que vous en serez curieux." Nathalie Gassel
Des années d'insignifiance Ed. Luce Wilquin, septembre 2006 Ce livre difficile à soutenir dans ses implications émotionnelles, je l’ai écrit pour rendre compte de l’enfer que peut être l’enfance, quand nous nous y retrouvons insignifiant. Il se peut que nous devions surtout désapprendre le contenu de nos premières années de vie, et donc y revenir, afin d’appréhender ce qui nous y a été inculqué. Comme si mes textes passaient par là : avoir à affronter dans un grand inconfort, des vérités que l’instinct de conservation pousserait à enfuir pour paraître lisse au regard de la société, des autres mais que l’instinct de l’artiste, qui semble répondre à d’autres critères et exigences, veut penser et vivre, non par pure volition mais parce qu’il s’en nourrit malgré lui, pour atteindre des sphères d’authenticité - toujours transgressives au regard de l’origine - ou d’un contexte donné.
"Naître d’insignifiance ou n'être pas " Nathalie Gassel est un écrivain. Ses livres, qui ont marqué, tels Eros androgyne, Stratégie d’une passion, Construction d’un corps pornographique, constituent ou plutôt construisent une œuvre comme le double immatériel d’un corps qu’elle veut puissant, structuré, affirmé, insistant. Cette double entreprise d’écriture et de structuration charnelles vibre d’un chiffre secret qu’elle livre enfin, dans ces Années d’insignifiance, son dernier livre qui paraît chez Luce Wilquin et qui fonctionne comme une origine qui ne pouvait jamais venir qu’en après-coup. Ce serait vraiment peu en dire que d’énoncer qu’il s’agit, avec ces années-là, de l’inexistence subie d’une enfant à laquelle on ne laisse aucune place ; c’est cette inexistence-là, cette insignifiance-là qui éclairent d’un jour mélancolique l’existence et la signifiance que Nathalie Gassel tente de reconquérir, ligne après ligne, livre après livre, conjuguant d’une manière qui me convainc l’être de chair et l’être au monde dans leurs difficultés recroisées.
A travers ce récit, tissé d’une main sûre, avec des fils sombres et son motif d’ironie parfois souriante, parfois amère, Nathalie Gassel explore cet objet insolite qu’est, à ses propres yeux, cette insignifiance de jadis dont il a bien fallu renaître, vaille que vaille. Emerge la figure pathétique d’un père qui n’arrive plus à tenir, dans la vie ou dans l'écriture, un père de désamour mais dont elle cite plusieurs œuvres magnifiques. Une note suraigüe, une harmonique, sonne soudain sous l’archet de cette auteure accomplie, bouleversante sans rien perdre de la tranquillité d’un destin qui avance à reculons : et, dans un silence de plomb, un destin d’écriture se renoue, du père sans fille à la fille sans père, un destin qui fait être autant qu’il fait écrire.
J’ai beaucoup aimé ce livre." Frank Pierobon *
Récit plastique, de Nathalie Gassel, Ed. Le somnambule équivoque Postface de Frank Pieobon
«Dans une prose volontiers classique, que des tensions quasi nerveuses font constamment vibrer jusqu’à l’intensité », selon le philosophe Frank Pierobon, Récit plastique fait dialoguer des textes et des photographies. Ce corps à corps, entre écrits et images, oscille entre instincts de vie et de mort, pour aboutir à une réflexion marbrée d’abstractions.
D’une écriture aussi travaillée que son corps d’athlète, Nathalie Gassel s’était attachée, avec Éros androgyne et Musculatures, à célébrer la chair et en affirmer la puissance. Jusqu’à l’écriture décisive des Années d’insignifiance, où elle sonde le contexte transgressif et déchiré de son enfance, elle ne cesse d’affirmer le faisceau de ses diverses radicalités. Récit plastique confirme cet univers singulier en explorant aussi sa dimension photographique.
Interview "Récit plastique" (Document "le somnambule équivoqu"
Votre texte rend compte de la construction d’une identité qui ne soit pas imposée par la société. Quel rôle joue l’écriture dans la construction de ce second moi ?
L’écriture est introspection et construction. J’analyse des structures, mais on ne peut le faire sans en même temps se positionner autrement, ce qui m’était nécessaire. En ce sens, l’écriture est pour moi un point de survivance. Un lieu. Où faire en sorte qu’une adéquation, une recherche et une augmentation de liberté viennent naître. En se pensant, en se disant. C’est l’expression qui fait advenir à ce que l’on est déjà. Qui éclaircit et crée. Et qui soulage de la différence, de la disjonction face à un monde de coutumes qui semble hostile à ce qui sort de normes. En l’occurrence physiques, voire sexuelles. La transgression est nécessaire pour légitimer d’autres façons de rencontrer le monde, de voir ou d’accomplir.
Ce pouvoir transgressif de l’écriture est lié au corps. Quelle signification donner à cette imbrication du corps et de l’écriture ?
J’ai une pratique sportive dont mon écriture a voulu rendre compte. Mon corps m’a posé un problème, il a fallu que je le travaille. L’action sportive acquise comme pratique, il était intéressant d’en donner une transposition textuelle, qu’une contagion opère : l’écriture n’est pas neutre, elle est incarnée dans des expériences, elle se nourrit d’une énergie vécue.
Votre corps fait l’objet d’un culte de la performance, de l’effort poussé à l’extrême. Ce corps choisi, travaillé, s’oppose au corps vide, insignifiant. Quel rôle joue la sculpture du corps dans la construction de soi ?
En l’occurrence, il s’agit pour moi de casser les structures existantes du féminin et du masculin, je les trouvais factices, et pour tout dire, invivables. La société va enfin dans cette direction, quel soulagement. Il fallait redonner du nerf, du muscle au féminin étouffé par des siècles de soumission. L’expression performante du corps athlétique est une liberté de plus. Mais il ne faut pas oublier que toute performance est éphémère et que la réalité nous impose cette confrontation au temps qui corrompt la chair. C’est l’aspect dramatique de l’expérience vécue, celle qui nous rattache autant à la mort qu’à la vie, à la fragilité qu’à la volonté et qui nous situe entre la vulnérabilité et l’effort de dépassement, qui en bout de chemin s’avère perdant. Nous sommes aussi face à l’abîme.
Vous dites qu’avec un corps athlétique, il s’agissait de casser les structures existantes du féminin et du masculin. Ainsi, le corps comme l’écriture font partie du même combat. Ils permettent de se libérer des carcans, de dépasser les catégories et de renverser les images imposées. Tous deux sont mus par une énergie transgressive.
C’est jouer d’autres cartes culturelles. Mélanger, brouiller, disposer. Transgresser, c’est porter une vue naissante, reconsidérer. Renverser les codes pour sculpter un champ actuel.
L’écriture du moi apparaît comme un choix politique en témoignant de la place que vous voulez occuper et de l’ordre que vous voulez bouleverser.
L’autofiction était pour moi plus claire, dans un sens presque scientifique de témoignage, re - présentation, expression. C’est bien sûr aussi à un niveau plus intime, l’existence. Sa revendication. Et toutes les complexifications de ces dualités : je suis, mais vous pouvez aussi être en moi ou avec moi. Et réciproquement. Il y a interférence car nous partageons une actualité du monde et un devenir de l’espèce. Mixer des genres, sortir de ce qui est inutilement défini pour approcher autrement. Comme mélanger images, textes et légendes dans un souci d’élargissement. J’ai aussi communiqué sur une nouvelle idée de la femme, libérée des fardeaux ancestraux, et sur de nouvelles identifications de genres probablement apportées par la science : procréation libre, et corps dans un moindre asservissement aux lois naturelles. Un gain de choix, un parcours plus affranchi dans des formes de sexualités et de présentations.
Cette expression de soi passe aussi par la médiation du regard d’autrui. Comment expliquer ce besoin de s’exposer ?
Nous ne sommes pas sans autrui : la solitude nous tue. Nous vivons dans un monde où beaucoup de gens en souffrent. En ce qui me concerne, bien sûr, le singulier est une force et une faiblesse. Il ne rassemble pas, il ne rend pas uni à une masse, mais il attire l’attention, enfin, il le peut, et c’est une démarche de survie. Il y a un vide humain à combler, et c’est très commun, l’importance qu’on nous accorde dilue la puissance destructive de l’étrangeté, elle lui donne une contrepartie positive.
En même temps, cette mise en scène de soi constitue une révolte contre la société. Il s’agit de dire sa signifiance dans l’insignifiance de la masse.
J’ai certes une allergie à l’uniformisation. Il y a aussi la nécessité d’affirmer le moi contre la masse et dans la masse, car nous n’échappons pas à une société où il faut compter, où il y a un lent et lourd parcours pour être, il ne suffit pas d’être né pour exister dans ce monde. Il faut s’y acharner et de surcroît avoir une chance, c’est un pari presque pascalien. Il faut poser beaucoup d’actes sans savoir quelles seront leurs issues. Dans Récit plastique la mise en scène de soi va à contre courant des goûts esthétiques majoritaires, c’est bel et bien un acte posé en confrontation avec les représentations les plus habituelles. C’est une position qui appelle à l’ouverture aux minorités, une lutte.
L’écriture n’est-elle pas ambiguë ? Le texte imprègne les consciences, il donne la sensation d’une démultiplication de l’existence. D’un autre côté, il renforce la solitude. Quel est le véritable rôle de l’écriture ?
La solitude pour moi était là avant l’écriture. Cette activité recluse a plutôt tendance à répondre à la solitude en voulant la peupler, lui donner des échos. Je n’ai pas échappé à la rumination, à la souffrance, mais avec le texte, elle est moins inutile. Elle renvoie vers les autres. Quoique mes livres soient très personnels, des êtres humains ont des structures communes, c’est en ce sens que l’écriture justifie un dialogue profond, très direct. Presque intime, et paradoxalement publique, ce jeu du double. Elle est narcissique (l’écriture), c’est tabou, mais c’est. Malgré moi, j’envisage des réalités réprouvées, peut-être est-ce une fascination pour des non-dits qui se dévoilent, pour l’en-dessous, l’en-deça. Le visible caché, connu mais peu exhibé.
Vous abordez la question de la souffrance sans pour autant la qualifier. La souffrance est à la fois celle d’un corps que l’on modèle dans la performance et d’une écriture toujours dans l’effort, dans la recherche. Votre texte manifeste ce choix de ne pas évacuer la souffrance mais de la sonder, de l’interroger.
La souffrance est dans la vie, et elle peut être forte. Dévoiler fait partie de cette vision où l’on va chercher une image de soi et de l’existence, dans le texte, le texte est un reflet de la vie. C’est une supra existence. C’est en ce sens qu’il m’intéresse, il communique des perceptions et sensations du réel. La photographie est aussi une image de la réalité et de sa fabrication (il y a parfois composition, quelque chose qui mène à voir, qui dirige le regard vers..). Sonder, soit le dehors, soit le dedans, en lien ou réaction l’un avec l’autre. Mettre en question, y compris soi-même. L’affirmation n’est que le revers de cela, une autre réponse ou position.
Sonder la souffrance permet aussi de s’interroger sur les peurs de la société. Le corps en souffrance n’est-il pas une image de l’obscène, comme ce qui déroge à cette exaltation de corps parfaits, en pleine santé ?
Oui, vous avez raison, la souffrance est une image de l’obscène. C’est la réalité de la descente, de la fin. Dans Récit plastique, des images : le portrait posthume d’une guêpe (elle se trouvait dans mon appartement) et le corps mutilé de ma mère. Nous ne pouvons pas oublier que tout a une fin, une misère, et que nous avons tendance à nous la cacher pour être dans une humeur combative, et d’autre part, parce que la société nous vente les mérites de notre utilité (elle ne peut avoir lieu que dans la santé, lorsque nous rapportons sans coûter).
L’autofiction, la recherche de l’authentique, explique le lien entre écriture et photographie. Ecriture et photographie scrutent la réalité de l’expérience vécue et en même temps se distinguent dans leur rapport au temps.
L’image. De soi, des autres, d’un monde. L’écriture aussi est une image mais abstraite. La photographie : elle se voit, parle un autre langage. Une juxtaposition de langues, et elles disent autre chose, ça m’a intéressé. Par la multiplication de vues offertes, de chemins, de prises, et une autre temporalité, la photographie saute aux yeux d’emblée. Elle a une première présence que n’a pas le discours, les images sont utilisées dans les publicités de la ville car elles ne demandent pas le même effort pour y entrer. Elles ont une accessibilité. Eventuellement, elles percutent (et répercutent une communication) sans nécessiter une appréhension intellectuelle au premier contact.
L’autofiction est un exercice périlleux entre auto-analyse et conscience de l’incapacité d’une connaissance parfaite de soi. Ne contient-elle pas en elle-même son échec ?
Exposition, connaissance et ignorance : nous sommes là-dedans. Donner à voir, courir après ce qui se dérobe. Entendre que nous échappons à nous-même et aux autres, même dans l’exhibition et la vision, tout un pan est obscur. L’intérieur est peu accessible même s’il est déclaré, éclairé, édifié et énoncé.
Publié(e) par alaingegout le 6 octobre 2010 à 12:18
Flo se déplace, ne reste pas sur place, va sortir de la surface: Elle suit ou prend la place du peintre qui veut dire sa souffrance. On s'en fout de la souffrance ..
Publié(e) par alaingegout le 18 octobre 2010 à 6:16
Flo a perdu ses bras par un beau jour d'automne .. ils sont tombés tels les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle.
Ce corps sans bras évoque pour certains un corps devenu simple sexe, corps vertical, sans rien qui arrête son élan vers le ciel; Corps devenu phallus.. ce n'est pas moi qui ai fait cette analyse, j'ai noté cette réflexion faite lors d'un vernissage de mon travail. Mes Flo ne seraient pas des corps, seraient tout bonnement des sexes masculins.
Ici Flo et ses bras encore bien construits
55x46 acry sur toile 2006
Les prémisses de cette ablation des membres supérieurs
Publié(e) par alaingegout le 7 octobre 2010 à 4:28
Bon, il est ou ce putain d'IRM que j'attends depuis 3 jours. Je vais pas passer le reste de cette semaine comme ça..Je fais un dessin et après je me suicide. Bon le dessin est fait et je suis encore vivant. J'ai pas de couilles pour aller me jeter sous un pont,sous un train.. d'ailleurs y'a pont de pont, pas de train, seulement ceux que je peins..
Publié(e) par alaingegout le 9 octobre 2010 à 6:18
Il y quelques années j'ai travaillé sur une série de peintures ou l'articulation d'une
Hanche était au centre de mes préoccupations.
J'avais présenté une grande pièce au salon de Lyon et Sud-Est en 2006
La voici:
Marcher dans l'eau 145x102 acry sur toile
Pourquoi cette obsession..
Prémonition à coup sur..Je ne souffrais pas à cette époque, et jamais je n'aurais pensé que la souffrance rendue dans ce grand format deviendrait une réalité 4 ans après.
Je peux comparer avec la toile les convulsions de la beauté...
Publié(e) par alaingegout le 26 avril 2010 à 12:52
Bien vu le soleil qui inonde les mirettes. Bien vu toutes ces jambes et dos tournés plein soleil.
Et je pense au même généreux soleil sur une planète vidés de tous ces êtres humains qui se brunissent le lard. Un soleil chaud, brûlant même. Devenu trop grand pour nous. Une lumière aveuglante, qui nous dévore jusque dans nos plis secrets. Un cauchemar balayant nos existences. Un souffle et le silence
étouffant qui suit.
croquis pour un peintre nu triptyque acry sur toile
2000
Prenons le temps de regarder encore et encore nos corps... assis à la terrasse du café, une bière dans l'ombre du parasol..
Une que je sens bien , naturelle avec son paquet de veines, artères et réseaux lymphatiques sous le bras, sous l'aisselle. Rien de grave encore, juste un débordement pictural en attendant le soir et la nuit qui suivra.
En dessous 2ème et dernier état
2 états de Flo et son réseau 80x60 acry et marouflage sur toile