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alexandrins (1)

administrateur théâtres

12272970069?profile=originalRodrigue et Chimène : deux êtres épris l’un de l’autre  qui seront grillés à petit feu sur l’autel de la gloire et du devoir. Rodrigue va-t-il laver l’affront fait à son père et tuer le père de Chimène ?  Il choisit la  solution héroïque qui lui conserve l’admiration de sa Chimène mais  il s’empêche ainsi de l’épouser à jamais. La barbarie du système de l’honneur du clan force Chimène à demander vengeance et à faire  immoler le seul homme qu’elle aime. L’Infante, secrètement amoureuse de Rodrigue, elle aussi, s’est pliée à la règle des convenances et ne s’est pas autorisée à aimer plus bas qu’elle! Elle a donc « offert » Rodrigue (Laurent Capelluto) à Chimène (Laure Voglaire).  Les rebondissements imprévus rendent un espoir insensé à L’Infante (une très  impressionnante France Bastoen) qui est à nouveau tourmentée  par  la folie d’amour… jusqu’à cette scène inoubliable d’extase en solo.  En ce qui concerne Chimène - victime de  l’orgueil de son clan et de  ses principes inébranlables - elle est prisonnière de son devoir et la préservation d'une image de perfection se met en travers de l’amour avec une constance effroyable. Seul un  roi avisé pourra changer la loi, défaire les codes barbares et faire retrouver Raison … et Amour.

12272970091?profile=originalModernité. Qui  de s’échauffer, qui  de se rafraîchir, de se précipiter en retard, une rose ou un sachet de provisions à la main : dès le  début du spectacle, le spectateur se trouve confronté à un long prélude muet d’allées et venues des comédiens qui se préparent au tournoi verbal.  Dominique Serron, la metteuse en scène ne recherche nullement l’illusion théâtrale, elle  a choisi de privilégier l’énergie  créatrice de chacun, le corps et la parole pour exprimer la violence des sentiments emprisonnés dans le texte de Corneille.  Ni décor historiciste, ni  même de sage neutralité avec un plateau nu et épuré. Le pourtour du plateau est encombré par le matériel quotidien utilisé par les comédiens lors des répétititions:  de la table de repassage, à la carafe d'eau fraîche pour se désaltérer. Ils se changent, se maquillent, se sustentent, s’ébrouent, se retrouvent le texte à la main.

12272971255?profile=originalIntensité. Et puis tout d’un coup on assiste au jaillissement du jeu dramatique qui fait fuser l’émotion.  Le spectateur est auditeur libre d’une répétition,  d’une réelle séance de travail, que l'on peut imaginer évolutive. Déjà que les personnages ne sont pas interprétés par les mêmes comédiens tous les jours!    Donc le seul point d’appui  où se construit peu à peu le spectacle est cet environnement naturel dans lequel baigne le comédien, un envers de décor invisible ou imaginaire. L’énergie du texte de Corneille se libère à mesure. Comme s’il s’agissait d’un concert dont on ne possède plus les instruments anciens, les comédiens ont pour tâche de trouver au fond d’eux-mêmes l’authenticité du texte. La troupe est un faisceau d’énergies  portées par le rythme parfait de l’alexandrin. Cette  caravelle qui vous embarque dans l’ivresse de la langue. Voilà un centrage sur la parole et le corps sans aucune autre distraction.

12272971082?profile=originalAuthenticité. Alors le lyrisme devient viscéral. Les coups de talons fâchés et cadencés, les gestes ibériques millénaires se réveillent et le flamenco est au rendez-vous. Le corps prépare le jaillissement de la parole.  Ces parties dansées sont des  moments intenses de ressourcement et des  moments de concentration et  d’unisson extraordinaire, chaises à l'appui!  Comme pour reprendre après ces respirations rythmiques  le texte avec plus de vérité encore.  Il y a  ce tango particulier où chacun est face à une  chaise de bois. La dure réalité ? Le sol du plateau rugit sous le questionnement, sous la douleur de la décision impossible. C’est le drame du choix impossible. C’est un  aller-retour dans l’introspection: entre la vie et la mort, entre la vengeance et l’amour. Ainsi s’allume le feu dramatique qui dévore chacun des  personnages et qui gagne peu à peu le spectateur pris dans les flammes vives de la création artistique.

Le drame est  incandescent,  vécu par chacun avec vérité absolue. Voici le cast de comédiens  fascinants qui a fait vibrer la salle entière le mardi 12novembre, jour de la première : Laure Voglaire, Laurent Capelluto ; France Bastoen, Patrick Brüll, Daphné D’Heur, Vincent Huertas, Julien Lemonnier, Luc Van Grunderbeeck. Faut-il souligner que nous avons été charmés de retrouver le duo Laure Voglaire, Laurent Capelluto (qui jouait avec tant de sensibilité dans les "1001nuits" récemment au théâtre du Parc) et que nous avons été séduits par le jeu plein d’intelligence et de finesse de Daphné d’Heur dans le rôle d'Elvire, la suivante?

 

 

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece3.html

 Huit partitions jouées par une équipe de onze comédiens :

Rodrigue : Laurent Capelluto ou Fabrizio Rongione
Chimène 
: France Bastoen, Alexia Depicker ou Laure Voglaire
L’Infante
 : France Bastoen ou Daphné D’Heur
Le Roi
 et Don Gomès : Patrick Brüll ou François Langlois
Don Diègue
 : Luc Van Grunderbeeck
Don Sanche
 : Vincent Huertas ou Julien Lemonnier
Don Arias
 : Vincent Huertas ou Julien Lemonnier
La suivante
 : Daphné D’Heur, Alexia Depicker ou Laure Voglaire

 

En savoir beaucoup plus : http://infinitheatre.be/

 

 

 

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