Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

verbe (13)

administrateur théâtres

Ballades en sous-sol à La Clarencière

SPECTACLES

25ème saison du théâtre de la Clarencière

 

Ballade Galante de morceaux choisis

Au clair de la lune… mon ami Mathieu… entre d’emblée

…en conversation avec son public, avant de lui envoyer, tels des avions en papier, tant il s’amuse, des volées de billets poétiques amoureux et enflammés : des épigrammes en veux-tu en voilà, des joyaux à la manière courte et ludique, des tirades sous forme de vers, envers et contre tous, des mots anciens qui fleurent les études classiques, le tout, lesté d’accents spirituels, et surtout, en n’ayant pas peur des mots.

Rythme, textes familiers et lointains, avec ses ruptures de ton passionnées, il a tous les atouts, l’artiste ! Le geste, la physionomie, mais surtout bien sûr, la voix…

Cette voix humaine…qui n’a pas froid aux yeux.

Et de la dentelle aux manches pour signifier son amour de Molière et la magie de la scène. Ravi par le verbe, il joue au pastoureau qui rassemble sans lyre ni flutiau. À chacun il parle son langage favori : docte, ironique, candide, amoureux, rabelaisien, ronsardien, grivois parfois le jour de la Saint Valentin, complice, en cent rimes ou raison, pour allumer l’olympique flamme de l’amour toujours…celui qui sauvera le monde.

C’était au théâtre littéraire de la Clarencière, à Ixelles, le soir de la Saint Valentin, avec des textes d’éternité et d’autres, mutins. Le nom de l’artiste : Mathieu, maître en diction poétique.

428691659_10228169088106144_3833282390613066062_n.jpg?_nc_cat=109&ccb=1-7&_nc_sid=5f2048&_nc_ohc=JK9GOI3keXoAX_P8Ni2&_nc_ht=scontent.fbru2-1.fna&oh=00_AfA2jKfOQe7ucdBM6XO77J1NPMnQA6RDra0uE8521N9GeA&oe=65F102A9&profile=RESIZE_400x

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

 

 

 » En compagnie de Mathieu Moreau, balladez-vous dans quelques morceaux choisis de la littérature du 18ème au 21ème siècle et,laissez-vous saisir d’émoi à l’écoute de passages intenses…
De la passionnelle relation de George Sand et Alfred de Musset, à la Fontaine, Voltaire, Corneille, Baudelaire en passant par Apollinaire, Marceline Desbordes-Valmor, Ovide, l’abbé de Latteignant et plus proche de nous, Hippolyte Wouters … et alii  »

 


Elle revient, cette soirée dédiée à l’Amour *** Le samedi 23 mars à 20h30 – SOIREE CARITATIVE EN FAVEUR DE NEFER TI ***

Théâtre La Clarencière Rue du Belvédère 20 à 1050 Bruxelles Réservations www.laclarenciere.be

FEEL FREE TO SHARE THIS POST
Lire la suite...
administrateur théâtres

SPECTACLES

Don Juan, Visit Now!

Les nouveaux ostracismes

La société est malade. Et le charme, la beauté physique, l’humour, le discours, la communication riche et structurée, c’est élitiste: qu’on les pende! Et la magie théâtrale, n’en parlons pas. Bien dommage pour Don Juan, dont le texte a été … fracturé.

Faites gaffe en particulier à cette femme blanche, bien habillée, émancipée, éduquée, libre, ouverte, tolérante, et maîtresse d’elle même! Nous la haïssons, c’est la pire espèce et elle ne fait pas partie de notre sororité, déclare avec conviction une des membres du collectif. Mode d’emploi : la terre brûlée. On déblatère et ça répond dans un feu de questions dans le vide. Surtout bien sûr, évitons des mots tels que fraternité, c’est ma foi, trop chargé de genre… Inconnues au bataillon ces bienveillantes Soroptimistes qui ne se gênent pas pour utiliser la langue  courante.  

Certes, nous vivons à notre époque le bouleversement de nos modes de vie. Et d’aucuns s’en réjouissent. Il vaut toujours mieux voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide. On en convient. Absolument. 

Mais….

N’est-ce pas une société affluente, riche, libre des affres de la guerre, de la famine, et des maladies qui permet que se déploient l’éducation, la santé, le confort social et les libertés démocratiques? C’est cette même société hautement décriée qui donne sa place à la culture, la musique, aux arts vivants, à la parole.

Ce n’est pas parce que l’on dénonce la dictature des forts qu’il faut tolérer la dictature des faibles ou de toute espèce de minorité qui se retranche dans son entre-soi, subir la police de la pensée, les extrémismes ridicules du politiquement correct, ceux d’une langue dénaturée artificielle et hypocrite.

Oui nous signons pour l’Art. Pour le langage universel de la musique, pour les arts plastiques, pour tout ce qui fait la noblesse de l’Homme. Nous signons pour L’Art poétique de Boileau, les déclarations d’amour de Pierre Ronsard, la sagesse de Montesquieu, toutes les œuvres de Racine et de Molière, Victor Hugo et du petit Marcel. Ils avaient la sensibilité de la langue à fleur de peau, ils étaient des modèles de pensée et de raffinement humain en quête de spiritualité, d’élévation ou de progrès.

Et aussi que brille la mémoire de toutes ces femmes formidables qui ont ouvert dans la littérature française, la voie à la parole féminine. Depuis Christie de Pisan jusqu’aux précieuses ridicules qui les premières ont secoué le joug masculin, ah! Mademoiselle de Scudéry! Madame de Sévigné, Georges Sand, l’illustre Colette ont pavé le chemin pour qu’enfin femmes s’expriment et partagent leur intelligence de cœur et d’esprit. Les grandes Simone de Beauvoir, Marguerite, Françoise Dolto et Simone Weil… sont autant de lumières qui éclairent notre route.

271425029_5260428467305328_1988025182268885191_n.jpg?_nc_cat=110&ccb=1-5&_nc_sid=730e14&_nc_ohc=wuIiADsRNw8AX8b9w6F&tn=QjLiIXSWDE34R3gs&_nc_ht=scontent.fbru1-1.fna&oh=00_AT-m2DfGLoNWsZcLVydnXGSu8Q2WqHWywZaXmjInPUDulA&oe=61E7AAF5&profile=RESIZE_710x
« Don Juan, visit now ! »  scénographie d’Alicia Jeannin. ©Marie-Christine Paquot

Mais … ânonne toujours le collectif: méfions nous du Verbe, de sa richesse, de sa complexité, de la rhétorique, de l’art de convaincre, de l’argumentation qui ne fait que de creuser le fossé entre les classes.

Don Juan n’est pas l’esprit libre que vous croyez, le libertin pourfendeur de privilèges, c’est juste le plus vil modèle de tous les prédateurs. Il est pour Pascal Crochet et son équipe – dont certains avouent n’avoir même pris la peine de lire la pièce – le prétexte pour se mettre à déconstruire les rapports hommes-femmes (ou, le cas échéant, autres identifications humaines).

Or, vouloir jeter aux orties le  Don Juan de Molière et de Mozart est un geste totalitaire inconvenant, comme celui que dévisser des figures historiques et leur faire un procès quelques siècles plus tard. Georges Orwell avait pourtant bien prévenus que réécrire l’histoire, la sortir de son contexte ne peut mener qu’au totalitarisme.

Le rideau n’est pas levé que l’on nous présente trois pauvres diables balbutiants, mal à l’aise, mal fagotés, incapables de trouver leurs phrases… Le reste du spectacle est ceinturé par des femmes hors d’elles-mêmes . Il est fait  d’indigeste laideur, où que l’on se tourne, côté cour ou côté jardin, malgré certains exploits de langage corporel bien appuyés. Coté sofa ou côté cuisine, dans ce loft improbable meublé au Formica des années 50, 2022 pourrait faire mieux… Anachronisme maladroit?

Leur doctrine simpliste est sans doute qu’on n’en fait pas d’omelette sans casser des œufs. Rien de plus vrai, mais quelle volée de poncifs en tout genre. Le spectateur est mis en demeure d’avaler quantité de couleuvres sans dire mot. En même temps que cette improbable omelette gluante pleine de coquilles, servie sans manières, aux trois mâles qui mangent sans fourchette.

Et un protagoniste de conclure: on a mis le pied sur une fracture glacée d’où tous nous espérons qu’un monde nouveau ressortira. Cela, OUI, on l’espère de tout cœur. Mais la manière marxiste n’a plus vraiment cours. Alors, on s’est trouvé à applaudir rapidement, par respect pour les artistes renommés et talentueux qui ont donné tout ce qu’ils pouvaient, malgré cette période tellement débilitante que nous vivons tous. On a préféré fuir au plus vite devant tant de polémique, de mauvaise foi, d’intégrisme destructeur, de vindicte et de violence faite à  l’humanisme.

Dominique-Hélène Lemaire pour le réseau Arts et Lettres

Distribution

JEU Maxime Anselin, Marie Cavalier-Bazan, Isabelle De Beir, Dolorès Delahaut, Alexandre Duvinage, Mathilde Geslin, Sylvie Perederejew, Hélène Theunissen, Laurent Tisseyre, Laura Zanatta •

CONCEPTION & MISE EN SCÈNE Pascal Crochet avec la participation libre de l’équipe de création

Du 11 au 27 janvier 2022 Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles

http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

Rendez-vous avec DON JUAN, VISIT NOW! de Pascal Crochet

Interview des actrices Marie Cavalier-Bazan et Hélène Theunissen et du metteur en scène Pascal Crochet. Restez avec nous jusqu’au bout pour les bonus… défi ! Musique : Fabian Fiorini Montage : Maxime Jouret#pourenfiniravecdonjuan#cacraquedepartout#domination#societe#hommefemme#rendezvousavec#interview#tma2122

https://fb.watch/ayxea7E45p/

Lire la suite...
administrateur théâtres

SPECTACLES 

Prenons un malin plaisir : la saison 18-19 au Public porte bien son nom : Corps et Âmes. Et de nom, il est beaucoup question au cours de cette pièce écrite par Anne Sylvain, dont le déchaînement dramatique ne peut laisser personne indifférent. La plume ardente et inventive d’Anne Sylvain pratique une véritable amplification poétique et dramatique de l’histoire d’« Elephant Man », qui n’aurait nécessité que deux comédiens en scène, Frederick Treves, le docteur et Joseph Merrick, la créature humaine particulièrement repoussante, utilisée à l’époque comme phénomène de foire et surnommée « Elephant man ».


Autour de cet être humain,  » I am not an animal, I am a human being » qui vécut sous le règne de la reine Victoria apparaît un quatuor de femmes hors pair. L’auteur fait appel aux grands formats de la scène féminine belge : Bénédicte Chabot, (Les filles aux mains jaunes, Les poissons vert pâle) pour Amélia, la prostituée ; Ariane Rousseau ( Le trio TIBIDI, « le rêve d’Ariane ou l’histoire d’un quatuor à cordes » avec le Qatuor ALFAMA) pour Ellen Terry l’actrice ; Jo Deseure (Tu te souviendras de moi) en Reine Victoria, enfin humaine. Anne Sylvain s’est réservé le privilège du rôle extraordinaire de l’infirmière, tout ce qu’il y a de plus rugueux et rébarbatif, à première vue. Il est clair qu’un regard strictement féminin, décliné en quatre approches différentes, toutes très vraisemblables, ajoute à l’histoire leur pesant d’or. La présence utile et esthétique de la musique de Pascal Charpentier fait le reste.

Un chef-d’œuvre. David Lynch avait porté à l’écran en 1980, sous les traits de John Hurt et d’Anthony Hopkins les mémoires du médecin britannique Frederick Treves intéressé pour ses recherches scientifiques par le célèbre cas de Joseph Merrick, un personnage affligé de difformités spectaculaires que d’aucuns n’hésitaient pas à confondre avec Jack l’éventreur.

Très finement, Anne Sylvain souligne d’emblée combien le nom d’une personne est important pour lui donner existence et dignité. Jusqu’à la fin de la pièce, le médecin s’avère incapable d’appeler son patient par son vrai prénom. Il tombe à tous les coups dans le « John » au lieu de Joseph. (John Doe, pendant de « Jane Doe » dans le monde anglo-saxon dénote quelqu’un d’anonyme ou qui a perdu son identité : NN Nomen Nescio, dans la culture latine.) Machin, quoi, ou …Chose!

Au début du spectacle, le chirurgien Itzik Elbaz, éblouissant et sincère, seul en scène, s’interroge et interroge le monde soulevant des questions essentielles. On ignore encore la présence de Joseph Merrick incarné par le tout aussi fabuleux Othmane Moumen. « Dans l’Angleterre victorienne », la prospérité matérielle est la récompense naturelle de la conformité. Joseph Merrick n’y a pas sa place. Les miroirs se suivront et ne se ressembleront pas. Mais Anne Sylvain nous en tend des dizaines, histoire de nous faire réfléchir à coup de tirades percutantes bourrées d’humour aux grandes questions telles que la place de l’autre, le droit à la différence, l’eugénisme, les limites de la recherche, les apparences si trompeuses, la rumeur, la solitude du pouvoir, le colonialisme, l’appât du gain, la gloire … Et pourtant malgré le sérieux des questions abordées, on ne cesse de rire. Un rire homérique ? Certes non, Dieu nous garde de rire aux éclats comme les dieux dans le premier livre de l’Iliade en voyant la démarche boiteuse de Vulcain… Un rire de connivence, chaleureux et irrésistible, à cause du jeu irréprochable des comédiens et d’ un texte si bien écrit, une intrigue menée avec tant d’ élégance de cœur et d’esprit…Passons sous silence, les références à nos auteurs favoris, Hugo et Shakespeare, de délicieuses billes, pétillantes d’à-propos.

Ce sont très souvent les comportements de chaque personnage qui en disent plus que leurs discours. Ce décalage engendre un rire à la fois jouissif et immensément philosophique. Le personnage d’Elephant Man s’avère être lui-même le miroir de la conscience de chacun où n’existe plus que vérité sans faux-fuyants.


Anne Sylvain déploie son pamphlet très habilement. Si le médecin prétend vouloir comprendre la pathologie pour l’intérêt de la science, son jeu scénique, démontre tout le contraire, c’est son ego et son intérêt personnel qui sont principalement en jeu, même sous des dehors de bon samaritain. Anne Sylvain joue admirablement bien l’assistante, Eva Lückes, infirmière revêche au possible au début du spectacle, qui fera tout pour comprendre, non seulement la pathologie de Joseph, mais surtout son âme. En effet, à force de soins au patient interné à vie dans l’hôpital, elle crée avec lui une relation basée sur l’empathie, réprouvée par le médecin. Son rôle évolue de façon remarquable. C’est elle qui se plait à faire remarquer jusqu’au bout au bon docteur, qu’il se trompe de nom. 
Le dénonceur dénoncé : « Ton éthique est-elle plus honorable que la mienne, charlatan ? » Le médecin a toutes les apparences du beau rôle, c’est lui qui va sauver celui que tous montrent du doigt, il va l’accueillir, l’abriter, le nourrir. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il va lui aussi l’utiliser «  comme cobaye au profit des êtres sains » tout comme celui à qui il l’avait arraché, Mr. Norman le montreur de foire. Rôle joué avec une énergie de feu par Yves Classens . Il réclame à cor et à cris de récupérer son « outil de travail  », son « trésor » mais Joseph Merrick, ne sera pas dupe ! CarJoseph écoute et entend entend la musique du monde, il a un violon à la place du cœur.

Un spectacle qui a du corps et combien d’âme. En allant voir cette pièce au si beau texte, et si magnifiquement interprétée, on reçoit un talisman contre les injustices du monde, à moins que tout ne vienne de la statuette en bois de santal nommée Ganesch, protecteur des médecins, offerte par la Reine Victoria à son ami, Joseph Merrick dont le squelette a été conservé à L’hôpital de médecine de Londres depuis 1890, date de sa mort.

Dominique-Hélène Lemaire

Comédie dramatique

THE ELEPHANT MAN

De Anne Sylvain. Librement inspiré de la vie de Joseph Merrick.
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen Avec : Bénédicte Chabot, Yves Claessens, Jo Deseure, Itsik Elbaz, Othmane Moumen, Ariane Rousseau et Anne Sylvain

Assistante à la mise en scène : Lou Kacen
Scénographie : Noémie Vanheste 
Décoratrice : Eugénie Obolensky
Lumière : Laurent Kaye
Musique originale : Pascal Charpentier
Costumes : Chandra Vellut
Assistante costumes : Chloé Dilasser, Sarah Duvert et Laure Norrenberg
Créatrices des prothèses : Bloody Mary’s
Maquillage : Patricia Timmermans 
Stagiaire scénographie : Iseult Brichet
Construction du décor : Jani Afar 
Régie : Rémy Brans  

DU 09/05/19 AU 22/06/19

Lire la suite...
administrateur théâtres

Le spectaculaire Cyrano triomphe à Villers-la-Ville

L’image contient peut-être : 6 personnes, personnes souriantes, personnes debout et chaussures

Figurant parmi les plus célèbres pièces du répertoire français, Cyrano de Bergeraca été écrit par Edmond Rostand et publié en 1897. Cette pièce s’inspire d’un véritable personnage  ayant réellement existé :   Savinien Cyrano de Bergerac, né en 1619, ayant  réellement participé au siège d’Arras en 1640 et mort en 1655.   A l’époque de Louis XIV.


Acte III, Scène X

Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce?

Un serment fait d’un peu plus près, une promesse

Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,

Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer;

C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,

Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,

Une communion ayant un goût de fleur,

Une façon d’un peu se respirer le coeur,

Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme!

 20.000 spectateurs attendus à l’Abbaye ! Formidable pied de nez à la morosité verbale et affective de notre siècle, voici sous les étoiles, en vers et en 12 pieds, le nez en l’air et l’air d’un soir, un voyage tout en poésie entre la Terre et la Lune… Voici : Cyrano, Roxane et Christian. Et le trio qui les incarne à la perfection : Bernard Yerlès, l’exquise Anouchka Vingtier et le très rebelle Damien De Dobbeleer.

Une magnifique aventure collective dirigée avec amour profond du théâtre  par Thierry Debroux, qui signe  tous les émois. On découvre Roxane, une jeune femme belle et distinguée, Christian de Neuvillette, un jeune noble qui l’aime en secret et le comte De Guiche (le formidable  Éric De Staercke), qui cherche à faire de Roxane sa maîtresse et veut la marier au vicomte de Valvert (Julien Besure), ce à quoi la jeune femme ne souscrit pas, bien évidemment. Jacques Capelle,  grand chorégraphe, signe  tous les combats.

Aucune description de photo disponible.

Verbe et Costumes hauts en couleurs

Comme des Accords mets vins…

Sachez que tous les costumes de l’ardente équipe d’Anne Guilleray aux doigts de fée,  racontent une histoire, jusqu’à la tenue du pâtisser poète… Rageneau : Michel Poncelet, dans toute sa splendeur. Ah ! Comme il nous plaît !  Et que chez tous les comédiens, la diction est belle!

La robe jaune vif, solaire couleur du pouvoir, parfum de jouvence et d’éternel été, se cache sous un lourd manteau de souvenirs. Il est fait de la moire de l’empire du deuil et des larmes.  Roxane, éplorée de bout en bout  n’en peut plus  d’enterrer le bonheur ailé de l’amour: Cyrano. L’homme-parole est vêtu de  cuir et d’humus. Mais sous sa cape d'argent, il voyage entre Terre et Lune sur des chemins semés d’étoiles. Une  cape d’argent? Pour mieux jouer la folie des rayons de lune et mieux tromper le monde terre-à-terre.

 Et l’habit gris, couleur de colère du ciel,  ventre-saint-gris ! C’est celui du pauvre Christian,  une pâle esquisse de son verbe déficient, mais tellemnet seyant!    

Les pourpoints brodés et enrubannés appartiennent à De Guiche et autre Carbon de Casteljaloux, pleins de suffisance et de mâle prétention.

Le fidèle et véritable ami Le Bret (Jean-Philippe Altenloh)  arbore des nuances d’été indien…

Oui, l’œil ne cesse d’être frappé par bien d’autres costumes encore ! Sur scène, comme Edmond Rostand le souhaitait,  ainsi que  feuilles au vent, une foule de bourgeois, marquis, mousquetaires, tire-laine, poètes, cadets, gascons comédiens, violons, pages et précieuses...Pittoresques,  agrémentés de  notes anachroniques, comme surgis d’une improbable  montgolfière, les époques se mélangent. Vive l'imaginaire! Voici  même un admirable Trissotin, des perruques qui s’envolent, et autres  délirantes coiffures façon  Tampon-Jex.   On reconnait Cédric Cerbara et ses rôles annexes,  une Béatrice Ferauge alternativement Duègne compassée et coquine Sœur Marguerite ! Tous  comédiens exaltants – excusez du masculin ! – une  fabuleuse équipe et Olivier Francart qui joue Lignière. 


Lieu d’exception

Thierry Debroux a fait le choix de présenter le chef d’œuvre d’Edmond Rostand en un seul lieu. Le lieu géométrique de tous les affects, la nef des joies et des larmes de tant d’humains, au cœur de l’antique Abbaye font sens. Personne ne se balade, tout le monde voyage  et prend l’air à pleines narines.

Que personne ne bouge ! Un écrin chargé d’histoire et de souvenirs, le choeur et la nef de l’abbatiale accueillent tous les changements de décor: de l’hôtel de Bourgogne où doit se tenir la pastorale du poète hypocrite et bête,  honni par Cyrano et qui débouche sur un duel, à la rôtisserie des poètes où Cyrano brûle de rencontrer Roxane, à la scène du balcon où deux cœurs brûlent pour une seule femme, au siège d’Arras où tout le monde meurt de faim, et enfin au  lieu de la mort de Cyrano, dans le Couvent des Dames de la Cour où Roxane a trouvé refuge.15 ans  après la mort de Christian, Cyrano va mourir aux pieds de celle qu’il adore, lui disant la Gazette du jour pour la dernière fois…  Et jamais le trou laissé par sa disparition ne se refermera. 

Le panache  

C’est désormais à l’abbaye de Villers-la-Ville que  flottera le panache du grand disparu. Un supplément d’âme. Le souffle du poète. Des tirades et des envois qui pourfendent la laideur et distillent la beauté. Mais qu’est-ce que le panache dira-t-on ? La plume, bien évidemment. Celle qui flotte glorieusement  au feutre du mousquetaire.

 «  Le panache n’est pas la grandeur, mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif, — et d’un peu frisé. Si je ne craignais d’avoir l’air bien pressé de travailler au Dictionnaire, je proposerais cette définition : le panache, c’est l’esprit de la bravoure. Oui, c’est le courage dominant à ce point la situation qu’il en trouve le mot. Toutes les répliques du Cid ont du panache, beaucoup de traits du grand Corneille sont d’énormes mots d’esprit. Le vent d’Espagne nous apporta cette plume ; mais elle a pris dans l’air de France une légèreté de meilleur goût. Plaisanter en face du danger, c’est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime. Certes, les héros sans panache sont plus désintéressés que les autres, car le panache, c’est souvent, dans un sacrifice qu’on fait, une consolation d’attitude qu’on se donne. Un peu frivole peut-être, un peu théâtral sans doute, le panache n’est qu’une grâce ; mais cette grâce est si difficile à conserver jusque devant la mort, cette grâce suppose tant de force (l’esprit qui voltige n’est-il pas la plus belle victoire sur la carcasse qui tremble ?) que, tout de même, c’est une grâce… que je nous souhaite. »

Celle dont se sert Cyrano pour écrire ses lettres d’amour. Celle qui va au vent comme un baiser vers l’infini.  

 Acte V, Scène VI

Oui, vous m’arrachez tout, le laurier et la rose!

Arrachez! Il y a malgré vous quelque chose

Que j’emporte, et ce soir, quand j’entrerai chez Dieu,

Mon salut balaiera largement le seuil bleu,

Quelque chose que sans un pli, sans une tâche,

J’emporte malgré vous, et c’est…

C’est?

Mon panache.

Dominique-Hélène Lemaire Arts et Lettres


Du 16 juillet au 10 août 2019. Mise en scène de Thierry Debroux – Chorégraphie de combat : Jacques Cappelle
avec
Bernard Yerlès – Cyrano de Bergerac
Anouchka Vingtier – Roxane 
Eric De Staercke – Comte de Guiche 
Michel Poncelet – Ragueneau 
Jean-Philippe Altenloh – Le Bret 
Damien De Dobbeleer – Christian 
Julien Bésure – Valvert 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Rencontre avec un LOVERBOOKÉ, convertisseur de bonheur !

Main-tenant, main-tendue, il est sur les rails de la raillerie joyeuse. Il est exubérance et transhumance, au cœur d’une symphonie d’hu-mour, contraction de « humain + amour ». Dans ses maints apartés, c’est le verbe qu’il manipule sans vergogne, le sourire qu’il décroche, l’espoir qu’il rallume.  Les pitreries qu’il pétrit rendent les contrariétés du monde moins terrifiantes. Le bonheur, cela se gagne : en tuant la peur!

play_507_k57a8582.jpg

Donc  voilà Bruno Coppens qui  débarque dans  le silence compact du public devant un plateau vide, sauf une floche rouge de carrousel accrochée  à la sortie. Il arrive, comme un père Noël sans barbe ni bonnet, trônant  sur une immense main baladeuse rouge-baiser, belle comme une île flottante et accueillante comme un rêve de Demain. Le mot l’inspire et il démarre  jeux de mots et jeux de mains. Le gaucher contrarié a la pêche, il pérore, il se lâche et chasse les ennuis. Heureux qui communique! 

play_507_k57a8527.jpg

De l’amibe à l’homme twitter, il trace l’évolution. Passe chez le docteur pour commander un burnout pour un ami. Il est si fier d’être solidaire, il adore aider les autres ! Et puis après une scène délirante de double séparation (au bout de six mois seulement…), on se la repasserait bien en boucle, il nous instruit de comment faire l’amour avec nos conflits intérieurs.

 Bon an mal an, il déroule des anecdotes  tirées de l’histoire de l’humanité  pour expliquer comment les plus grandes réussites sont immanquablement greffées sur  l’humus fertile des échecs les plus cuisants. Je rate donc je suis … gagnant! Les pires catastrophes, surtout celle qui portent des noms de femmes of course,  ont du bon. Du beau, du bon « du bon Dubonnet » ? Eh non, on en est à « Carglass répare, Carglass remplace » ! Et du bon au beau, je suis bonobo… allez comprendre!  Allez-y, vous comprendrez!  Dialectique spécieuse de temps en temps mais on se tient les côtes,   l’optique est tellement généreuse et galvanisante ! Car il est prêt à tout pour nous faire toucher les étoiles ! «Catch a falling star and put it in your pocket» disait une vieille chanson.  On n’aura pas assez de mains pour applaudir… ce concentré de peps et de bienveillance… qui offre en prime une lovervisite gratuite chez le golopède! Mission accomplished, le Loverboy! OK? 

De Bruno Coppens
Mise en scène : Eric De Staercke.

Avec : ...Bruno Coppens.

DU 07/11/17 AU 31/12/17

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=507

Réenchanter le monde...? Il y a de quoi faire! 

  Comme l’homme ne descend pas du sage, il remontera dans le temps pour trouver la faille, cet instant de l’Histoire où tout a foiré. Revisitant les vies de Jeanne Dark, du Navigateur Explorer Christophe Colomb, de l’homme de Cro-Mignon et d’autres héros d’hier, notre Sauveur 2.Zorro prendra le passé à bras le cœur afin de transformer l’échec en réussite : « S’échouer ? C’est chouette ! ». Parviendra-t-il à réécrire notre monde qui part à la dérêve ? Mettra-t-il le chaos K.O ? Le ciel se couvre, il pleut de la haine sur les réseaux, les trottoirs, les meetings… les raccourcis odieux, les formules à l’emporte-pièce et les phrases assassines font tapage. On ne s’entend plus penser. On reste incrédules… On en perd son latin ! Sans cynisme, Coppens revient nous faire du bien. Il nous fait un parapluie de son « Ludictionnaire » et parle un autre vocabulaire. Il nous invente d’autres langages qui, mine de rien, nous permettent d’en inventer d’autres, plus joyeux, plus amoureux, plus malins.

Lire la suite...
administrateur théâtres

Puissance d’évocation …

« La plume pamphlétaire d'André Suarez nous offre un très beau portrait de Marseille. Remarquablement écrit, ce texte très personnel n'ignore rien des différents aspects de la cité Phocéenne: de ses espaces à ses moeurs, de son histoire à sa culture. Qu'il soit saisi par la puissance de la ville, émerveillé par l'oeuvre de Daumier ou horripilé par la vulgarité d'une certaine image des marseillais, le verbe de Suarez est un véritable régal et l'ouvrage mérite certainement qu'on s'y arrête. »

marsiho18.jpg?width=415Voici que soudain la grande salle de L’Atelier Jean Vilar se transforme en maison de la poésie, accueillant un monstre sacré.  L’artiste  transporte  la force poétique d’un Emile Verhaeren et ses villes tentaculaires qui serait tout à coup ressuscité et se serait établi à Marseille.  Tout de blanc vêtu - la lumière éblouissante de la ville -, il évoque, pareil à un artiste peintre en pleine séance de création devant une toile imaginaire, la vie trépidante et maléfique des entrailles de  la ville «  dont l’incendie en plein jour flambe au soleil, une fleur d’améthyste, un lit de lavande et de lilas.» Et la toile, c’est nous : un public soufflé par le dynamisme de l’artiste en scène qui  déploie en près de deux heures sans entracte 187 pages de verbe bouillonnant. L'auteur est né en 1868. Le texte est d’André Suarès, un des piliers intellectuels de la Nouvelle revue Française, avec Gide, Valéry et Claudel.  Un texte sans concession.  Un corps poétique incandescent, fait d’accords musicaux sublimes, d’une architecture organique intransigeante qui met à nu le désir,  le voyage, la beauté et l’épouvante. L’artiste incarne le défilé et la personnalité profonde des différents quartiers de la ville jusqu’au moment de communion totale avec l’infini de l’horizon.  C’est alors, l’évocation poignante de l’envie d’ailleurs du Marseillais. « Celui qui naît et grandit à Marseille n’a pas besoin de partir : il est déjà parti ». «  J’envie de voir les visages les plus divers, pour reconnaître leur image dans le mien et dans le leur nos différences »

 marsiho10.jpg Un texte bourdonnant qui semble donner la main à Baudelaire et Turner tout à la fois!  Et Daumier quand il campe ses personnages. Vibrant et foisonnant, ce spectacle  est phénoménal – on n’a jamais autant  convoqué un monde visuel, auditif, tactile et olfactif dans une telle stridence. Cela a le souffle du pur genre épique mais c’est tout autant  du picaresque moderne. Vous serez chahutés. Tempête de mistral y compris !  Et bien que le sublime comédien nous  plonge  au cœur d’une orgueilleuse  Belle Epoque,  ce sont les  angoisses propres à notre temps qui émergent avec la force des cris d’un homme qui se noie…  Prodigieux. De belles musiques (Debussy), une bande sonore  et des lumières intelligentes accompagnent et surprennent. A l’affiche du Théâtre Jean Vilar, jusqu’au 18 octobre, en alternance avec  « La danse du Diable »,  son autre spectacle que l’on dit encore plus stupéfiant. Mais de qui, direz-vous ?  Celui de Philippe Caubère , peuchère, l’immense comédien.

marsiho13.jpg?width=415

http://www.atjv.be/Marsiho

Lire la suite...
administrateur théâtres

images?q=tbn:ANd9GcRGUN7RmAaOyeuJyWiK0vXmKAIMmH4_NwhJpHperVLI7bR4790M12272993885?profile=originalCeci n’est pas une pomme

Griserie verbale, théâtrale, musicale et chorégraphique à la première ce soir à la Clarencière! Theatregoers! Go for it! You won't regret! Somptueuse anthologie de textes et chansons : des misérables aux désirables! Un trio de comédien et comédiennes époustouflant qui revisite et le surréalisme poétique belge, et la Lost Generation... et les années 20 à Paris! Sublime spectacle, mû par l’amour de la culture! Diction parfaite, langue merveilleuse, les trois comédiens Laurence Briand, Rosalie Vandepoortaele et Laurent Laigneaux (le musicien-comédien)  partagent un inimitable pouvoir de suggestion.

Dès les premières secondes, on se sent aspiré par le souffle puissant de l’histoire littéraire du début du XXe siècle qui revit soudain à la lueur d’antiques lanternes. 2014 : Anniversaire du centenaire, me direz-vous ? Les personnages nous happent, nous attirent et nous fascinent.

Voici un défilé de textes soigneusement choisis par Rosalie Vandepoortaele  qui a composé une véritable anthologie vivante, dense et documentée où l’on retrouve tour à tour, sertis dans un écrin musical approprié LA VICTOIRE DE LA MADELON - PAUL NOUGE - CAMILLE GOEMANS - BLAISE CENDRARS -E.L.T MESENS - PHILIPPE SOUPAULT - HENRI MICHAUX - ROBERT DESNOS - R. RADIGUET - ANNA DE NOAILLES - PARLEZ-MOI D'AMOUR - GERTRUDE STEIN - F. Scott FITZGERALD - LOUIS ARAGON - ANTONIN ARTAUD - EN DOUCE - MARCEL LECOMTE - MAX JACOB avec des clins d’œil appuyés au peintre MAGRITTE ! Un enchaînement bourré d’intelligence et de finesse! C'est elle qui avait  fait la mise en scène du spectacle "Le Chat noir," l'an dernier. Elle aime les textes de qualité.

« Selon ma doctrine » il est défendu (sous peine d’imbécillité) de rien prévoir. Ce que je ferai dans tous les domaines est imprévisible tout autant que l’apparition d’une réelle image poétique. » « Etre surréaliste, c’est bannir de l’esprit le « déjà vu » et rechercher le pas encore vu » Magritte

Entre ombres et lumière, les mots et la poésie transfigurent les corps et les visages des comédiens. La bouche et les sourires sont ceux de trois muses théâtrales apprivoisées et offertes à un public reconnaissant. Chaque mouvement est fascination:

 Rosalie :

Ma bouche qui bouge

devant vous

n'est pas habitée de paroles

ordinaires

 

Laurence :

Ma bouche ce soir est habitée

de paroles qui ne sont

pas à moi

de paroles qui ne sont pas des

chansons ni des charmes

 

Rosalie :

mais balles de fusils

 

 On ne peut assez se répandre en louanges et vouloir partager tout le plaisir que l’on reçoit avec les spectateurs qui nous entourent. Applaudissements nourris, « bravos » qui fusent en plein spectacle, rires, grognements de bonheur ou de révolte partagée. Tout le monde a envie d’exprimer bruyamment son ravissement. Le lieu s’y prête d’ailleurs parfaitement  et  les vagues de bonheur se répandent avec candeur…  Et de remercier autour d’un verre après le spectacle  de la façon la plus tangible ces comédiens généreux qui nous ont offert une  prestation hors pair. Quelle sensibilité, quelle subtilité, quel jeu, quelle présence et quelle dramaturgie éblouissante de la metteuse en scène Isabelle Nasello ! Ceci n’est pas seulement un Bijou, c’est tout un univers. Cheers!

Welcome to les Années Folles
Dans le cadre de la St Valentin


Interprétation : Laurence Briand, Rosalie Vandepoortaele et Laurent Laigneaux
Mise en scène : Isabelle Nasello
Montage original : Ropsalie Vandepoortaele
Conception décor : Kaernunos ASBL
Production : Toc toc Art

www.toctocart.com/Welcome_to_the_annees_folles.html">http://www.toctocart.com/www.toctocart.com/Welcome_to_the_annees_folles.html


au théâtre de la Clarencière! 


http://www.laclarenciere.be/

Cover Photo

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272986692?profile=original

Prince, aux dames parisiennes,
De bien parler donnez le prix;
Quoy qu'on die d'Italiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
François Villon (Ballade des femmes de Paris)

Voici une petite pièce de derrière les fagots tout-à-fait exquise. Un duo de Penney nouveau genre, déclamé par un couple improbable la nuit au pied d’un réverbère : un écrivain célèbre catastrophé par le décès de sa femme. « Deux étions et n’avions qu’un cœur… » François Villon encore ! Il a perdu toute joie de vivre et le voilà qui rencontre une gueuse! Elle est vêtue très légèrement, la légèreté de l’ange ? Son parler est encore plus léger! La danseuse est-elle à la recherche de turbin? Ou a-t-elle une mission plus noble? Elle est à la fois la joyeuse vestale de l’amour et l’ange gardien d’une langue fleurie. Son nom - à part Marie - c’est Gueule d’ange. Un nom que lui a donné son souteneur, le Paulot!


1601276_471342572977279_1812207777_n.jpg?width=302Elle sait tout de Laurent, lui pique ses clefs de voiture par enchantement, a loué son appart à des saltimbanques polonais… lui en fait voir des vertes et des pas mûres. Envoyée du ciel ? Née en 14, placée en 1942 pour devenir la môme de ce Julot qui lui a troué la peau. Elle change de coiffure et de tenue, on est en 2000, non ? Féminine en diable. Laurent est perdu par le déferlement de la langue fait pour l’ébaudir! le spectateur jubile, voudrait retenir le flot de paroles, et cela fracasse… come un musique en ébullition. Des vannes d’argot pittoresque remontent à la surface de l’an 2000. On se croirait au cabaret du Char Noir, on entend Maurice Chevalier, George Brassens, toute la clique de parleurs fleuris. Zazie dans le métro en personne se plaint qu’on argutie plus à notre époque. Elle donne une leçon de vocabulaire pour pleurer, parler, mourir et parler de fesses…sans complexe. « Un peu, mon neveu, faudrait qu’tu’t mouilles dans la relation ! » Tout un programme, Laurent est abasourdi ! Elle le conseille « Ramone-moi les esgourdes que j’aie des étoiles dans les mirettes ! » Ah ? le spectateur en reçoit plein la vue !

1013217_10151959851122857_2123066886_n.jpg?width=170

La salle est comblée de fleurs de poésie, tout droit sorties du pavé. Et pourtant ce n’est pas1526582_469619399816263_609082520_n.jpg?width=203 le décor qui fait bombance! Il est réduit à quelques grands cubes empilables à merci, utilisés pour refaire une nouvelle histoire ludique à chaque changement de scène! Miroir magique, beaux jeux de lumière, humoristiques même ! Il faut le faire ! Chaque nouvelle « histoire » rapproche de l’heure du grand dégel! Une dégelée de mots caustiques, tendres ou colériques va faire fondre le cœur le plus apitoyé ou le plus rétif.1009965_10151959850997857_641393394_n.jpg?width=170 Une théâtralité intense, jouissive, aux sources de l’émotion et du plaisir chatouille l’imaginaire du spectateur. Une magie théâtrale comme on en voit peu ! Les deux comédiens sont plus craquants l’un que l’autre dans leur genre: du pathétique bonhomme … à la divine enchanteresse! Merci Paris!

1607004_10151959850892857_1579636188_n.jpg?width=189  Disons tout de même comment les artistes se nomment dans la vraie vie. Lui, c’est Anthony Michineau, le sympathique auteur de la pièce. Elle, c’est Armony Bellanger et on les adore! Mission accomplie!

76233_469614839816719_656688941_n.jpg?width=504

Et que cela se joue à Bruxelles:

Jusqu’au 26 janvier 2014 au  

CENTRE CULTUREL D’AUDERGHEM

Boulevard du Souverain  183  - 1160 Bruxelles

Infos Réservations : 02 / 660 03 03

1549368_10151959851057857_2032895698_n.jpg?width=800

http://www.cc-auderghem.be/index.php/nos-spectacles/paris-theatre-1314/details/207-gueule-dange.html

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272977657?profile=original12272977869?profile=original

Voici un Sacha Guitry tout ébaudi par son rêve d’amour. En plein milieu de la terrible guerre, il nous livre quelques bouffées d’insouciance dites par un chaleureux Don Juan amoureux de son rêve et fort attendrissant. On est prêt à le croire! « Faisons un rêve » fut crée au théâtre des Bouffes-Parisiens en 1916. Sacha dans le rôle de l’amant, bien sûr, Charlotte Lysès, sa première femme dans le rôle de la femme et Raimu dans celui du mari. Sa pièce la plus jouée sera reprise plus tard par un trio d’envergure: Robert Lamoureux, Danielle Darieux et Louis de Funès en 1957. Elle n'a cessé de passionner le public depuis, c'est une pièce qui ne vieillit pas.

12272977895?profile=originalComédie Claude Volter, décembre 2013. La scénographie de Noémie Breeus fait revivre un splendide décor des années 20 avec Sydney Bechet en trame musicale. La beauté et le luxe font plaisir à l’œil. Un divan art-déco porteur de livres se transforme au deuxième acte en couche extra-maritale, bouquet de lys virginaux à l'appui. Des objets précieux, un  meuble Boule, une vitrine d'objets en argent et des jeux de lumière tamisés qui rendent les femmes si belles. Le tout rappelle le raffinement exquis d'un appartement bourgeois à deux pas du Boulevard Haussmann! Un écrin pour que se développent la séduction de l'amant et l'éblouissement progressif de la femme... Deux rôles qui vont comme un gant au comédien Michel de Warzee et à la fine et spirituelle Stéphanie Moriau. L'intrigue est simple: la femme mariée se réveille affolée chez son amant et le mari arrive lui aussi ayant découché  et sollicite un alibi...auprès de l'amant! Les répliques sont délicieuses. Le long monologue du Don Juan du deuxième acte est une véritable page d'anthologie à propos de l'attente et de l'impatience. C'est plein d'humanité tout en faisant  fuser les rires. Les interventions du majordome (Sergio Zanforlin), les aléas des pneumatiques, ceux du téléphone relié à une standardiste, le taxi dans lequel roule un russe émigré, tout contribue à peindre une époque victime de ses inventions et toujours à la recherche d'elle-même, tout comme la nôtre.

12272979260?profile=originalLe spectacle vous embarque dans du léger, dans le charme désuet de la bourgeoisie... revisité avec grand bonheur théâtral. Le mari, un méridional naïf et  mauvais menteur incarné par Bruno Georis est très bien campé. Les timbres de voix sont  bien posés, le ton est naturel,  les postures et la gestuelle sont étudiée dans les moindres détails ( tout comme le décor) les regards se noient dans le pétillement de l'amour et celui des mots. Le plaisir du spectateur se mesure à l'aulne du rêve... Le jeu trempe ses racines dans la rêverie duelle: une fantaisie où langue et théâtre se donnent la main pour mieux dire les variations de l'amour et comment le dire.

12272979092?profile=originalSi tu veux, faisons un rêve :

Montons sur deux palefrois ;

Tu m'emmènes, je t'enlève.

L'oiseau chante dans les bois.

Je suis ton maître et ta proie ;

Partons, c'est la fin du jour ;

Mon cheval sera la joie,

Ton cheval sera l'amour.

Nous ferons toucher leurs têtes ;

Les voyages sont aisés ;

Nous donnerons à ces bêtes

Une avoine de baisers.

Viens ! nos doux chevaux mensonges

Frappent du pied tous les deux,

Le mien au fond de mes songes,

Et le tien au fond des cieux.

Un bagage est nécessaire ;

Nous emporterons nos vœux,

Nos bonheurs, notre misère,

Et la fleur de tes cheveux.

Viens, le soir brunit les chênes ;

Le moineau rit ; ce moqueur

Entend le doux bruit des chaînes

Que tu m'as mises au cœur.

Ce ne sera point ma faute

Si les forêts et les monts,

En nous voyant côte à côte,

Ne murmurent pas : « Aimons ! »

Viens, sois tendre, je suis ivre.

Ô les verts taillis mouillés !

Ton souffle te fera suivre

Des papillons réveillés.

L'envieux oiseau nocturne,

Triste, ouvrira son œil rond ;

Les nymphes, penchant leur urne,

Dans les grottes souriront ;

Et diront : « Sommes-nous folles ! »

C'est Léandre avec Héro ;

En écoutant leurs paroles

Nous laissons tomber notre eau.

Allons-nous-en par l'Autriche !

Nous aurons l'aube à nos fronts ;

Je serai grand, et toi riche,

Puisque nous nous aimerons.

Allons-nous-en par la terre,

Sur nos deux chevaux charmants,

Dans l'azur, dans le mystère,

Dans les éblouissements !

Nous entrerons à l'auberge,

Et nous parlerons à l'hôtelier

De ton sourire de vierge,

De mon bonjour d'écolier.

Tu seras dame, et moi comte ;

Viens, mon cœur s'épanouit ;

Viens, nous conterons ce conte

Aux étoiles de la nuit. (Victor Hugo)

Du Mercredi 4 décembre au Mardi 31 décembre 2013

http://www.comedievolter.be/index.php?page=faisons-un-reve

Lire la suite...
administrateur théâtres

"No Sport"

De et avec Stéphane Stubbé

Mise en scène : Christian Dalimier, assisté de Sophie Jallet

Du mardi 16 avril au samedi 4 mai 2013 à 20h30
relâche dimanche et lundi

 

De gauche à droite. Dommage que  la très belle  musique des interludes entre les tableaux, sortes d’improvisations très mélodieuses qui soulignent l’amour des arts de Winston Churchill, écrivain et peintre à ses heures, ne jaillissent pas du piano droit hélas  fermé, qui sert de guéridon pour  un téléphone des années 50… Continuons le travelling : un grand fauteuil grenat cachant de nombreux secrets dans ses accoudoirs. Un valet chargé de vêtements méticuleusement pliés et un rideau pudique entourant …une couche militaire? Un lit conjugal ? Non, une  surprise ! Vous avez ainsi le décor planté devant un escalier privé, l’escalier du temps qui passe…pour découvrir ensemble le jardin secret du grand Homme.  

Nous sommes à la Samaritaine, qui cette fois nous offre un décor très construit. Winston Churchill fête son non anniversaire et va nous entraîner dans une vie fabuleuse et dans une jeunesse dont aucun de nos jeunes n’a idée.  Le comédien, Stéphane Stubbé qui incarne Winston Churchill est lui-même fabuleux.  Il a écrit le texte de cette biographie passionnante et plonge parfois  avec malice dans l’uchronie, question de donner encore  plus de sel au spectacle. A vous d’être attentifs et de sourire aux supercheries.  L’auteur nous dit être tombé un jour amoureux des récits  du jeune journaliste Winston Churchill. Il avait alors 32 ans lorsqu’il décrit la féerie  d’un de ses voyages qui le mena à Mombasa, Kenya. Un choc inoubliable avec la beauté terrestre.  Ce sera le point d’orgue du spectacle. Le dernier regard en arrière avant de rejoindre son Créateur et savourer une fois encore  la beauté stupéfiante  des portes de l’Afrique :  « De tous côtés surgit une végétation humide, tumultueuse, variée. De grands arbres, des herbes hautes qui ondulent, des taches brillantes de bougainvilliers violets et au milieu de tout cela, clairsemées, parvenant à peine à maintenir la tête au-dessus du flot fertile de la nature, les maisons aux toits rouges de la ville et du port de Mombasa.»

Le regard très professionnel de Christian Dalimier, le  metteur en scène, a lissé l’ouvrage, mettant en place un spectacle captivant peuplé de grandes figures du 20e siècle, y compris Brigitte Bardot. La langue fascine, portée par une diction  aux accents vénérables d’un Jean Gabin. Intonations, gestes, mimiques dignes de Belmondo (tiens, tiens,  octogénaire lui aussi !), imitations hilarantes complètent les quinze tableaux qui amusent franchement car le comédien déploie une rare richesse scénique.  C’est une histoire  de l’Histoire qui plaît. Autant aux adultes que nous sommes, dont l’enfance est peuplée de ces mêmes souvenirs  et aux jeunes qui partent à la découverte d’une première moitié du 20e siècle faite de « blood, toil, tears and sweat …*» Une époque douloureuse mais  extraordinairement féconde, dirigée vers la  victoire des valeurs démocratiques, la création de paix et de bien-être pour tous.12272896282?profile=original

Et le titre, direz-vous… Churchill, qui avait vu ses parents mourir jeunes et craignait beaucoup la cinquantaine, eut lui,  la grâce de vivre jusqu’à 91 ans.  Interrogé par un  journaliste, non anglophone sur les raisons de sa longévité, il répondit : « No sport », « Oui, Madame ! » C’est dans le texte ! Le journaliste en question avait sans doute mal compris la réponse humoristique : « Whisky, cigars, and low sports ». Churchill considérait en effet  le sport comme essentiel à l'éducation d'un gentleman. Ainsi en  témoignent  ses nombreuses citations sur les bienfaits de l'équitation ou l'excentricité du jeu de golf. Allez voir cette pièce cousue de fidélité aux  valeurs européennes et d’humour britannique… dans la langue de Molière !

12272896458?profile=original

(*du sang , du labeur, des larmes et de la sueur : une phrase prononcée par Winston Churchill le 13 mai 1940, dans son premier discours devant la Chambre des communes, après sa nomination au poste de Premier ministre du Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale.)

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272872270?profile=originalLe Chat Noir n’est pas mort ce soir !

 

A la Bastille, Nini peaud’chien…. Ça vous dit quelque chose ? Nous voici à Montmartre avec Aristide Bruant, Toulouse Lautrec, les bocs de bière, le vacarme des chansonniers, les jupes friponnes qui se soulèvent et les gorges offertes.  Au Chat Noir, entre deux récitations lyriques, Jules Jouy se met au piano et entonne des chansons naturalistes. Poètes et public mêlent leurs clameurs. La poésie et les maximes d’Alphonse Allais  sont omniprésentes. Verlaine au grand cœur, de ci …. de là. Nous sommes au Chat Noir  version 2013. La poésie, quelle mauvaise herbe ! "Du chiendent", vous dites ! Elle  passe la tête en ce début de printemps,  entre les pavés de la rue du Belvédère, chez Fabienne, au théâtre de la Clarencière, théâtre littéraire. Que ce mot, de grâce ne  vous arrête pas, vous allez être totalement séduits.  

 

Une revue des chansonniers du Chat Noir, relue, revisitée et réarrangée avec astuce et doigté  par Rosalie Vandepoortaele plonge le public d’un soir dans une  pure atmosphère 19eme et intemporelle à la fois. Ce spectacle est un vrai bijou. Le choix des textes est un pur bonheur. La poésie transcende le noir. L’interprétation parfaite des comédiens est  un festival théâtral.  Tout y est : esprit, humanité, sensualité, émotion, humour et rire virevoltent au travers de comédiens joyeux, grandeur nature - on est à leurs pieds - et  professionnels en diable.  A cause du Chat sans doute.

 

 Le rythme du spectacle ne vous lâche pas. Un musicien exquis, Laurent Laigneaux. Alexis Van Stratum, un comédien pur belge et ...si français de ton et d’entrain. Et deux délicieuses dames vêtues de chemisier en dentelle à col monté serti dans des jupes de soie faites de l’or de la vigne. C’est tout. Un Lampadaire, deux tabourets blancs,  trois caisses vides de bouteilles de vin pour la résonnance et le spectacle vous emmène dans la galaxie poétique. Le  brillant quatuor met en scène l’invisible et l’indicible.  Ils bougent, ils  dansent en long,  en large et en travers sur la scène minuscule de la Clarencière. On se croirait au centre d’une volière.  On n’aurait bien d’yeux que pour la belle Laurence Briand au  regard étincelant et à la féminité gourmande. Mais la connivence qu’elle entretient avec Maya Boelpaepe son alter ego… est     contagieuse et le duo bien connu de  « Sense and Sensibility » fait que le temps s’arrête. Merci Jane Austern ! Oui le temps repart en arrière même et  vous cloue de bonheur fou. Celui du Verbe. Fou comme chacun sait.

 

Car Fabienne Goovaerts qui vous accueille au seuil de sa grande et vieille maison étrange au milieu de ses chats (plutôt « gris parce que les hommes sont saouls », et c’est dans le texte), dirige Le Verbe Fou, cette troupe belge  qui pavoise à Avignon chaque année.

 

Et tous, public et artistes vous chanterez en chœur : Je cherche fortune, Autour du Chat Noir, Au clair de la lune, A Montmartre ! Je cherche fortune Autour du Chat Noir, Au clair de la lune, A Montmartre, le soir, … pour empêcher le spectacle de finir !

http://www.laclarenciere.be/SAISON_2012_2013/trismestre2.htm

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272868254?profile=original

La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus beaux paysages, Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages. Et toujours le désir nous rendait soucieux !

- La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près !

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès ? - Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace, Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !

Nous avons salué des idoles à trompe ; Des trônes constellés de joyaux lumineux ; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;

Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. »

V

Et puis, et puis encore ?

Charles Baudelaire

Lire la suite...
administrateur théâtres

Quand les planches deviennent gazon…

C’était un déjeuner sur l’herbe, vous voyez le tableau ?  En plein soleil, aux environs de minuit sonnant. Tâtez vous-même les  troncs majestueux aux écorces historiques et à la ramure invisible,  le moelleux d’un immense châle de Cachemire qui attend le panier de pique-nique ! Au loin, une rive noire d’un fleuve, le Léthé sans doute qui serpente dans la forêt de mots sublimes. Trois verres galbés sont sur la nappe,  attendant le nectar lumineux et rougeoyant. Ce soleil qui décline et "se noie dans son sang qui se fige".  Et  nous étions là, suspendus à la voix, au geste et au verbe chatoyant de Baudelaire. Il n’y a que lui pour rendre beau la pourriture, la demi-clocharde et les blessures. Lui pour évoquer les voyages mystérieux de la chair. La triste  mélancolie de l’oiseau des mers, l’insatiable quête d’ailleurs absolus.  Surgit alors la muse, toute de fourrure tachetée vêtue et chaussée de ces lunettes de soleil qui font d’elle une star. La muse elle-même, d’habitude muette et indifférente, use de sa voix ensorceleuse pour converser avec le poète, le désir et les désenchantements."Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large, Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large, Chargé de toile, et va roulant Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent."

  Et puis il y a ce pauvre gredin mal rasé, au regard fixe qui égrène ses complaintes et son mal de vivre. Il y a  enfin, ce splendide jeune homme souriant en redingote grise qui vibre et éblouit,  tant les mots qu’il emprunte à la voix ténébreuse sont beaux, lascifs et cosmiques.

  Vous êtes emmitouflé dans un châle rouge et vous contemplez la scène, d’un œil enfin poétique. De mémoire de spectateur vous n’êtes entré d’aussi près, dans le tableau. De mémoire de spectateur les syllabes égrenées dans le plaisir de dire et de ressusciter ne vous auront autant touchés. C’était une veille de Saint-Valentin, et l’amour était  déjà au rendez-vous. L’amour étincelant des mots vivants. La douleur, au pied de l’arbre, oui, se tenait enfin tranquille. Les amours enfantines peuplaient votre esprit, les souvenirs d’anthologies disparues hantaient votre mémoire. Le Lagarde et Michard de votre adolescence vous ouvrait son cœur et ses pages de florilège désuet. Votre cœur est alors saisi d’audace de liberté et de bonheur. Vous jetez furtivement un coup d’œil à votre partenaire tout sauf endormi, car lui aussi respire comme un encens capiteux les vers de Baudelaire dit par les  trois comédiens malicieux et si unis. Souvent,  la langue baudelairienne fusait vers un ciel sans étoiles, couchée à même l’herbe, tendre et magique. Pendant que les deux autres s’abîmaient dans le ravissement appuyé contre l’arbre ou se balançant dans la chaise-longue parmi les chuchotements de la Nature. A les voir se charmer ainsi de fleurs vénéneuses, spectateur, tu ne peux rester indifférent! Et toi aussi, tu  lâcherais bien ta couverture et d’aller les rejoindre, subrepticement !"Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère!" "Tu m'as donné ta boue, et j'en ai fait de l'or!"

On emportera comme un viatique, les mélodies et les musiques  mystérieuses qui embrassent les déclamations poétiques, les gestes si beaux sous les lampions, les regards, les bribes éparses d’un verbe célébré afin de  peupler parfois  un quotidien si peu romantique. "Heureux celui qui peut d'une  aile heureuse s'élancer... et comprendre l'essence des choses muettes!"

12272867495?profile=original

Et les quelques textes sarcastiques  de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem s'hrmonisent bien dans le programme et donnent un air ...Baudelaire 2000!

Les Fleurs du Mal,  d’un nommé Baudelaire, Charles de son prénom, dans la petite salle du théâtre le Public.

LES FLEURS DU MAL de BAUDELAIRE

et quelques textes de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem Conception et mise en scène: Françoise Courvoisier. Avec: Robert Bouvier, Cédric Cerbara et Aurélie Trivillin

DU 10/01/13 AU 02/03/13

Prolongation exceptionnelle jusqu'au 02/03/13!

Dans une époque qui ne l’a pas accueilli, Baudelaire a voulu détacher la poésie de la morale et l’a proclamée toute entière destinée au Beau. Avec « Les Fleurs du mal », il tisse des liens entre le bonheur et l'idéal inaccessible, entre la violence et la volupté, entre le poète et son lecteur, entre les artistes à travers les âges. Outre les poèmes graves ou scandaleux, il exprime la mélancoli et l'envie d'ailleurs. Baudelaire, c’est le poète qui sublime la sensibilité, qui nous emporte dans des flots de passion, qui recherche la vérité humaine de l’univers : « Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. » (Arthur Rimbaud)

Un spectacle musical qui offre un choix de poèmes explosifs et flamboyants, humains et tendres, où explose la modernité du poète dont l’audace lui avait valu la censure de son vivant. Entraînés par les chants et la musique, plongez avec fascination dans le parcours de ce marginal écorché et en colère, mais qui disait aussi : « le bonheur, il faut savoir l'avaler ! »

UNE CREATION ET PRODUCTION DU THEATRE LE PUBLIC, DU THEATRE LE POCHE GENEVE ET DE LA COMPAGNIE DU PASSAGE.

Musique originale: Arthur Besson

Scénographie & costumes: Sylvie Lépine

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=322&type=1

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles