Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

séparation (5)

administrateur théâtres

 

Un très beau travail d' interprétation  pour  ce  quintet théâtral dédié à l' hyperréalisme:  Luc Brumagne, Nicolas Buysse, Kim Leleux, Cécile Van Snick et Camille Voglaire sont partis pour interpréter un opus sur la difficulté du dire.

Si la critique anglo-saxonne est  unanimement dithyrambique, parlons du projet tel qu’il nous est apparu, avec nos failles et nos propres filtres.  Des acteurs amateurs  suivent un cours de théâtre: peut-être bien que oui, peut-être bien que non! Vu du côté spectateurs, cela a tout l’air d’un groupe de parole thérapeutique pour des individus venant d'un monde malade dont on observe les séances, en temps réel. Un temps qui semble souvent grossi à la loupe tellement les bâillements vous guettent.  La coach est sévère, condescendante, omnisciente, et même hypocrite, jusqu’à ce qu’elle craque ? Elle aussi. Ce qui  rend compte de la  fragilité humaine, mais celle-ci est-elle encore à démontrer? Ou est-ce  faire œuvre indispensable, charitable et urgente  en outre-Atlantique? Coup de griffe  au passage  pour tous les coach  vivant de recettes charlatanes et de la crédulité publique. Pour certaines féministes?   

La technique intéressante est que tous les  participants, dont une seule d’ailleurs semble clairement avoir des ambitions de  future comédienne, et la plus vulnérable de la bande,  ont  pour consigne de prendre la vie de l’autre en main et  raconter dans le cercle,  ce qu’ils ont retenu de la bio parlée de l’autre. Technique épuisante pour le spectateur qui se trouve physiquement hors-jeu, confiné  dans son rôle de  spectateur, pris en otage dans un chapelet de redites. Lassé par une langue populaire traduite maladroitement parfois, versant souvent  dans la platitude avérée. Toute parole ne fait pas œuvre de théâtre même si la recherche de la vérité se love dans les craquelures de l'image. On vous conseille la patience si l'empathie vous manque! 

Résultat de recherche d'images pour "cercle miroir transformation"   

L’intrigue de la pièce est quasi invisible. Qu’est-ce qui émeut, qu’est-ce qui touche, qu’est-ce qui est racontable? Dans le rôle-playing, chacun y va de son effet miroir. Chacun se livre docilement aux exercices de grammaire des groupes de théâtres, dont l’un revient régulièrement comme un motif - lancinant pour le spectateur -  expérience humaine bouleversante pour l’acteur pour ceux Qui en ont déjà fait l’expérience. Ils sont tous couchés sur le tapis de jeu absorbant les affects et doivent à tour de rôle sans pouvoir voir les participants  dire un chiffre  de la série de 1 à 10 sans  voler la parole à l’autre. Expérience très difficile si on n’est pas entièrement à l’écoute de l’autre et capable de respecter le moment où il va dire  le chiffre qu’il se sent prêt à dire!  Exercice fort insipide pour celui qui regarde. Difficile de taire une certaine déception…

Les histoires racontées ? Rien que des banalités car le secret de chacun mettra une éternité à se dire. Les scènes se succèdent, minutées et coupées au moment où quelque chose d’important allait se dire. Très frustrant. Les pauses-récréation-déglutition (chips, pomme verte, nouilles asiatiques…)  entre les séances en disent un peu plus sur les rêves et  la vie charnelle de chaque participant. La solitude, les ruptures, les cassures, la communication ratée ont brisé chacun, vont-ils savoir se reconstruire grâce à la mise en commun?

Résultat de recherche d'images pour "cercle miroir transformation"

info utile:

De Annie Baker

Traduction : Patricia Morejón et Nick Millett

Mise en scène : Nick Millett

Avec Luc Brumagne, Nicolas Buysse, Kim Leleux, Cécile Van Snick et Camille Voglaire 

Un spectacle coproduit par l’Atelier Théâtre Jean Vilar, le Théâtre de Liège et le Théâtre Le Public en partenariat avec la Compagnie Elapse. Avec la participation du Centre des Arts scéniques.

  

"Les participants d'un atelier de théâtre révèlent leurs rêves, leurs faiblesses et se transforment au fil des séances. Cinq comédiens pour un moment bouleversant de théâtre vérité qui tutoie le rire et les larmes. Une pièce déjà primée et jouée à maintes reprises, créée pour la première fois en Belgique !"

http://www.atjv.be/Cercle-miroir-transformation

Rés. au 0800/25 325.

Du 8 au 17 février et 7 au 11 mars 2017 - Théâtre Jean Vilar

Vendredi 10/3 : mise en bouche à 19h45 au bar (brève introduction au spectacle).

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

cover.asp?id=108Passé constitutif, présent douloureux, futur absent.

 

Ils sont vêtus de la  couleur des oiseaux du ciel. L’une sobre et sombre, l’autre en livrée colorée. Ils sont en proie à la roucoulade finale. Ce dont se passent les oiseaux véritables.   

"Davantage de lumière"! aurait dit Goethe à l'instant où il a glissé dans la mort. Une demande permanente pour une humanité en proie aux délires de l'obscurantisme et de l'obscurité. Mais une demande essentielle que nous seuls pouvons satisfaire en allumant tous les feux que l'amour est capable de faire briller… Mais Stan n’y croit plus. Y a-t-il jamais cru?

Plus de doute possible, il s’est engagé dans une certitude mortifère. Le défi  orgueilleux de cet homme est d’éteindre le soleil. Et c’est lui qui  éteindra la lumière en sortant. Dont acte. Il joue au loup troublé par l’eau que l’on boit  six pieds  au-dessous de lui. Il simule une péroraison assassine, muni de mots qui cognent, armé d’une baïonnette. Il dévore et  lape maladroitement  le  corps et l' âme de sa compagne mise à nu. Quelle arrogance, celle qui lui fit dire: « Tu dois envisager que tu n’es plus aimée par moi ! » Les messages « tu » tuent.    

Stan a tout misé sur le désir, hors celui-ci , pour lui, il n’y a absolument  rien. En lui, il n’y a plus rien. Lumière éteinte, que sera-t-il? Il ne sera plus prisonnier!  Il rêve d’une autre peau, d’une autre bouche, d’autres bras… Il ose proférer ces paroles  et s’effondre dans son néant. La chute d’Icare. Magnifiquement incarnée par Pietro Pizzuti.

Face à lui: Audrey,  la force perplexe du silence.  La force de l’écoute absolue, avec le yoga des yeux, les respirations profondes, la télépathie, l’immobilité, les soupirs involontaires, le regard éperdu de la victime qui absorbe sans broncher.  Elle a le corps de l’enfant que les parents condamnent et qui n’ose répondre, celui de la domestique renvoyée comme une malpropre, celui de  la  sorcière condamnée d’avance, celui de la collaboratrice mise en jugement devant un conseil d’administration… Sandrine Laroche est extraordinaire dans son silence prolongé. Elle dit plus dans son silence résigné,  que son compagnon qui cherche ses mots et n’arrive pas à dire ni la rupture, ni la condamnation de l’amour puéril et éternel. Elle est prostrée, la tête droite, le dos au mur, les yeux pleins de larmes.    

Il lui a interdit de l'interrompre. Elle a été héroïque. Enfin vient son tour. La femme peut enfin s’exprimer. Elle  reprend méthodiquement chacun des arguments qu'il lui a servi et les réfute avec une puissance ou une impuissance tranquille. Maintenant que la parole est à la défense, Stan  entend  ses propres mots qui meurent dans des flaques de sang. Il voudrait se fondre dans les murs. Il ne peut la regarder en face, il a  le dos tourné,  les bras ballants, les yeux sur les chaussures, bientôt le visage rentré en position fœtale, vidé de toute substance.

Elle conclut que s'il affirme avoir tout perdu, elle gardera tout : le 1er, le 2e le 3e enfant, et son absence, et tous ces moments « que tu veux oublier » ! Elle part la première, sublime et digne, emportant avec elle la richesse de sa vie intérieure qui ne l'a jamais quittée. Dans un dernier geste muet, il éteint la lumière.

La mise en scène est syncopée, abrupte, rude et glacée. Les murs du Théâtre de la Vie vibrent sous  la  violence  textuelle. Le chaos affectif résonne sur un  plateau  vide de tout accessoire. Un pilier ou un banc pour se rattraper, un escalier de fer pour s’évader.   Le combat  singulier lexical  et sexuel est une joute de haute voltige, incarnée par un comédien et une comédienne exceptionnels,  tous deux aussi malheureux, l’un que l’autre.  Stan se compare à Zeus sans doute, puisque Audrey est Héra…  L’Olympe, comme le monde des hommes,  est  pris dans les glaces de la non-communication. Le désamour est inexorable et la question de l'auteur se retrouve au fond du filet: « Mais au fond qui aime t-on quand on aime?» 

Au Théâtre de la Vie 
Rue Traversière 45, 1210 Saint-Josse-ten-Noode
  • CLÔTURE DE L'AMOUR
  • SANDRO MABELLINI / PASCAL RAMBERT
  • création

 

Un homme prend la parole longuement pour expliquer à sa compagne qu'il la quitte. Il évoque leur séparation parle de l’avant et du maintenant. Celle-ci se tait. Elle attend muette la fin de ce monologue qui semble progressivement tout détruire sur son passage. Et puis, elle s'exprime. Enfin.


Deux regards, deux silences, deux paroles pour dire la violence d'un amour qui meurt.


Sandro Mabellini vit et travaille entre la Belgique et l’Italie depuis 2012. Il a développé sa recherche théâtrale sur les dramaturges contemporains. Avec le texte de Rambert, il nous plonge dans ce fleuve ininterrompu des mots, des questions-réponses qu'on enchaîne, la respiration bloquée, dans une sorte de marathon entre peur et libération. Au cœur de ce moment douloureux, comment dire une histoire qui mène inexorablement à la rupture et, peut-être, à l'aventure d'une autre vie.

 

Vidéo de présentation



Interprétation : Sandrine Laroche et Pietro Pizzuti (www.pietropizzuti.be) / Mise en scène : Sandro Mabellini / Assistanat à la mise en scène : Serena Galante / Texte : Pascal Rambert / Création lumière : Nicolas Marty

 


Une création de Inoutput asbl en coproduction avec le Théâtre de la Vie.


 

 


Rencontre après-spectacle avec l’équipe de création le 09 décembre.

 

Durée du spectacle : 1h45

Lire la suite...
administrateur théâtres

play_434_lisbeths_(2).jpg« Lisbeths » (2006) de Fabrice Melquiot au théâtre Le Public  

 La douce canicule de cette mi-septembre se meurt vite dans l’atmosphère renfermée de la salle des voûtes du théâtre Le Public et la pièce devient vite  irrespirable, …entendez, dans le sens de l’absence de respirations! En effet, les deux comédiens vont mener train d’enfer, aspirés dans la fébrilité de leur poursuite amoureuse à travers les ronces de la vie.

George Lini et Isabelle Defossé ont tout donné ! La langue  est haletante, truffée d’interruptions, de rires trompeurs,  de lapsus, de choses échappées à l’inconscient, de bulles effarouchées, d’hésitations essoufflées, de précipitations  vertigineuses dans un jeu théâtral intelligent et juste.  Ils ne savent pas comment s’approcher, coincés dans leurs carapaces bourrées d’épines. Pas facile l’amour chez les oursins, comment remonter à la surface ?

 Les giclées de « enfin bref » sont autant de cris d’alarme brûlants. Le sol du plateau est un lit de braises. « Enfin bref », c'est le mot qui assassine le présent, qui court haletant vers un futur qui se dérobe, qui angoisse et qui terrorise.  A lui seul il symbolise  l'urgence d'un désir inassouvi, sans jamais l'ombre d'un espoir de contentement, avec à la clef la déception comme clef de voûte de la vie, dans une course absolue et effrénée, à l'assaut des ombres et non des choses et des gens, tels qu'ils sont! 

 Le duo fantastique des deux comédiens Georges Lini & Isabelle Defossé détient un  puissant pouvoir d’invitation à la réflexion. Cette pièce fulgurante du savoyard  Fabrice Melquiot pourrait-elle briser le cycle infernal de nos temps pressés et utiles... ?   Et si on éduquait les gens au contentement et non à l’avidité permanente ? Une avidité stimulée par la publicité, qui affirme qu’il nous manque toujours impérieusement quelque chose.  Une civilisation du besoin chronique et permanent, sans cesse ressassé, qui  instille dans les esprits la dure sensation de manque.  Ils ont les yeux dans les yeux, le corps à corps, mais pas la sérénité de  l’accord ! Le spectateur ne ressortira pas indemne, touché, mais heureusement pas coulé !

 « Ils ont tout et pourquoi cela ne marche pas » se demande-t-on?  Cette question ne cesse de hanter le spectateur souvent pris à témoin par les comédiens, ballotté dans l’ivresse des mots, des dialogues et des narrations croisées au cours de joutes qui ne sont pas que verbales puisque le corps est maître à bord. Ainsi, le spectateur est entraîné, troublé, subjugué par  l’énergie théâtrale époustouflante du  ballet des amoureux qui évoluent tels des papillons de nuits affolés, dans un clair-obscur plus livide que le désespoir. Et pourtant  la fille avait des rêves, elle avait su larguer les amarres, et pourtant elle avait - mine de rien- semé la lumière, rêvé d’un enfant dans la blancheur d’une innocence retrouvée,  galbée de verres de laits à la chaîne et de craies blanches prêtes à écrire une nouvelle vie.

Le phénomène de l’amour - ce qui fait que nous existons à nos yeux et aux yeux des autres - devrait être la tendre aspiration de chaque homme et de chaque femme. Mais la pièce  se fait de plus en plus pessimiste  et l’inaccessible étoile reste bel et bien inaccessible pour les deux personnages, à force de se concentrer sur leur propre désir et non sur celui de l’autre. Et pourtant tout avait  si bien commencé, un peu comme dans L’Ecume des jours: sur les  sentiers peu fréquentés  du fantastique et de la poésie.

lisbeth

 

 Petits commerçants, petits consommateurs d’amour, ils s’éteignent aussitôt allumés, des lucioles perdues dans le grand noir !  Et l’homme est impuissant  devant son destin, vissé à une  angoisse obnubilante comme un coquillage sur son navire car sa Lisbeth, tout d’un coup, n’est  plus la Lisbeth qu’il connaissait dans les moindres recoins : elle a changé ! Elle est une Lisbeth plurielle et réelle. Et cela  Pietr ne l’accepte pas! …S’il pouvait se dire qu’elle est  tout bonnement vivante, traversée par le désir d’enfant et assoiffé de  lui ! Incapable de renoncements, il la fige dans son imaginaire, la cloue comme un papillon sur la planche de l’entomologiste, alors que la vie, c’est justement l’adaptation perpétuelle et le changement! Pauvres humains plus piquants encore,  mais bien moins sages, que les oursins!

 

http://www.chargedurhinoceros.be/index.php?option=com_content&view=article&layout=edit&id=118

...À plus de quarante ans, Pietr se contente de brèves aventures : représentant de commerce, ce n’est pas un métier pour être en couple, on n’est jamais là. Lisbeth fait irruption alors qu’il n’attendait plus rien. Ils se plaisent et décident rapidement de faire un enfant, dans un hôtel, face à l’océan. Elle patiente sur le quai de la gare. Quand il descend du train, il voit cette femme qui vient vers lui, tout sourire, toute lumière. Ce n’est plus Lisbeth, c’est une autre Lisbeth, c’est une inconnue. Mais il reste pourtant l’envie d’atteindre cet amour absolu …

De Fabrice Melquiot, mise en scène de Georges Lini, avec Isabelle Defossé et Georges Lini

Du 6 septembre au 29 octobre 2016 à 20h30 au Théâtre Le Public à 20h30

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=434

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fabrice_Melquiot

Lire la suite...
administrateur théâtres

 L'amour relève-t-il d'un processus chimique ou d'un miracle spirituel?

Une écriture, deux comédiens : L’auteur Eric-Emmanuel Schmitt  et la danseuse-étoile Marie-Claude Pietragalla  sont réunis pour la première fois sur scène pour jouer la comédie, dirigée par Steve Suissa. La salle du Centre Culturel d'Auderghem est sold out. 

C’est l’histoire d’une séparation après 5 ans de passion très puissante.  Adam et Louise ne sont séparés que par l’océan car ils s’écrivent presque tous les jours des  messages introspectifs tendus. Sur tablette et IPhone, 21e siècle oblige. Heureux qui communique dans l’instant. L’éphémère est captif de l’écran. Défense d’effacer. L’exercice de style dissèque les cœurs avec lucidité, jusqu’à ce que la carte du tendre soit brouillée.  

 Louise vit maintenant à Montréal, Adam est resté à Paris. Leur relation épistolaire semble avoir sauvé l’amitié : « Seule la peau sépare l’amour de l’amitié, c’est pas grand-chose ! » Louise se cabre et lui répond « c’est une muraille » ! Ils ne supportent plus de vivre en semble mais peuvent-ils se passer l’un de l’autre ?  Elle a le goût de l’absolu. Il a tué l’amour par ses frasques  ostensibles avec d’autres femmes, sans lui laisser le moindre doute. Elle crâne « Enfin seule et heureuse ! » Quelle est la bonne distance? 

 Il se souvient de leur rencontre romantique à L’Opéra de la mise à feu de leur amour, porté par l’élixir de Donizetti. Ce qui les conduit à la question : existe-t-il un moyen infaillible de rendre l’autre amoureux? Par courrier, ils se lancent un défi : provoquer l’amour à coup sûr.   Adam pense avoir trouvé et va mettre en application, comme un grand scientifique de psychanalyste qu’il est.  Gare ! : Qui manipule qui est toute la question ! Pendant que Louis raconte son expérience parisienne avec une collègue de Louise  «  corps de déesse et yeux myosotis », Louise, forte et ardente lui  évoque sa rencontre avec un Brice jeune sportif amateur de hockey. Il est libre, divorcé et sérieux. Le jeu du carré se raconte à deux voix concurrentes. Tous deux flirtent avec les mots.  Les aphorismes cyniques pleuvent en crescendo comme dans un spectacle de boulevard, côté parisien.  Sic «L'amour cultive la connaissance, le désir vénère l'inconnu.» « On peut refouler l'amour, refuser qu'il nous emporte dans ses flots torrentiels. Notre seul pouvoir: rater le rendez-vous que nous donne le bonheur » «Le bonheur ne chausse que les bottes du provisoire »  etc. La retenue, le mystère, l’élégance des sentiments et une voix presque trop discrète, côté canadien. Les mots de chaque côté de l’océan  rebâtissent la réalité de l’amour. Château de sable battu par la routine?

Adam, dont la voix rugit dans les airs, appuyant sur des ‘r’ emphatiques,  a trouvé le moyen infaillible de séduire sa nouvelle partenaire, Lily.   Mais Il utilise   à son insu le même moyen pour atteindre la personne qui (ou qu'il?) n’est pas parvenue à l’oublier.  Le fil de  l’écriture  fait des miracles, c’est avéré. Aimer vraiment et lucidement la personne dans sa réalité, voilà toute la question, même si le désir vient à disparaître. Et encore…

Le tout est porté dès l’ouverture par l'élixir impalpable de la musique : Piazolla, Donizetti, Wagner qui sont de la partie, dans ce jeu de cache-cache et de voix off. On entend  Même l’Aigle noir fredonné quelque part.   Se retrouver, au singulier comme au pluriel, c’est cesser d’être malheureux. La partenaire canadienne n’aime pas la conquête, elle aime la durée.  L’écriture est forcément moderne,  syncopée par la forme électronique, mais les juteuses missives ne manquent pas de sel ni d’esprit. Les colères sont palpables, les éclats de jalousie très audibles, le langage corporel éloquent de part et d'autre. Les fragilités de  chacun émeuvent et la recherche de l’harmonie du monde réuni comédiens et spectateurs heureux. On danse?

 ERIC-EMMANUEL SCHMITT : "L’élixir d’amour"

Éditeur : Albin Michel (Editions)

  • Parution : 30 avril 2014
  • Prix editeur : 15€00
  • Pages : 120
  • Isbn : 9782226256195

http://www.theatre-rive-gauche.com/elixir-amour-piece-eric-emmanuel-schmitt.html

http://www.ccauderghem.be/contact/contactez-nous.html

Lire la suite...
administrateur théâtres

"Les choses ne sont jamais aussi simples qu'elles menacent de l'être." F. Paravidino 12695022_1280754108620584_7894048889330654528_o.jpgComédie douce-amère, bijou de vaudeville moderne, marivaudages existentiels de teenagers égoïstes et attardés ? Le tout, magnifiquement joué.  « Exit » est le dernier ouvrage de l'auteur-réalisateur-acteur Fausto Paravidino, l'un des auteurs les plus importants et les plus brillants du théâtre italien contemporain. C’est Pietro Pizzuti qui fait office de traducteur virtuose et s’est chargé de nous transmettre toute l’effervescence du texte. Un texte cruel, réaliste, kafkaïen, fait de phrasés percutants et sobres qui ne sont pas sans rappeler le théâtre d’Harold Pinter. Quand le quotidien  tourne au surréalisme.

12716336_1283316098364385_4780191193275941406_o.jpg

"C'est toujours dans les moments les plus tristes que reviennent à l'esprit les plus gais et c'est ce qui rend les plus tristes encore plus tristes." Exit - F.P. 

Quatre excellents acteurs, Dominique Rongvaux, Christel Pedrinelli, Leone François Janssens et Jef Rossion, se partagent les exercices d’extraversion sur le plateau dirigé avec intense finesse et belle  énergie  par Fabrice Gardin. L’absence flagrante de comique est remplacée par le rire salvateur qui guérit des cauchemars trop horribles ou trop réels. Dans la course d’obstacles, le choix est cornélien entre haine des moments perdus et l’horreur des conséquences présentes.

 Le décor représente-t-il un réseau ?  Un engrenage ?  Le labyrinthe en trois dimensions de nos liens qui nous emprisonnent à perte de vue et à perte de coeur? Voyez ces déclinaisons de cadres en L faits de tubes d’acier qui se projettent à leur tour sur un écran de bleu infini. Comme si,  d’une  petite ville italienne, à New York ou à Toronto, tout était tragiquement pareil.  Les palmes de l’éclairage subtil  reviennent à  Félicien Van Kriekinge qui joue avec doigté sur les costumes particulièrement celui de  la dame en bleu Chagall des pieds à la tête …et  ceux, mordorés, de l’homme caramel et de l’homme chocolat. Un choix de quelques  pictogrammes évanescents aussi fluides que l’idéal donne une touche 21e siècle pleine d’humour, comme si on  s’invitait dans une maison futuriste où règne en maître l’imaginaire. Merci, Ronald Beurms! 

Part 1 : Le jeune couple virevolte, emprisonné dans les racines urticantes du désamour. Les choses qui énervent, qui irritent font casser le lien sacré : la banalité de la  routine quotidienne, la politique, le sexe, la nostalgie des premières années, les fautes de goût, l’image de l’autre que l’on s’est fabriquée et qui ne colle plus à la personne. Aussi, l’absence d’enfant qui pour l’un et pour l’autre n’est pas la même!

  Part 2 : La rupture,  la jeune femme, par amour quand même, prend le mauvais rôle  car elle n’a jamais cru aux poses-réflexion!  Lui est perdu et se retrouve  embringué avec  une demoiselle en mal de solitude mais qui veut assumer  son solo! Mensonges de part et d’autre des  lignes de démarcation.  Celle qui a osé la rupture rencontre un charitable «deus ex machina » qui semble avoir passé l’âge des chamailleries.

 Part 3 : Reconstruction ?  De l’utilisation d’un manuel de psychologie américaine pour recoller les morceaux en 10 points. Les personnages ne portent pas de prénom, on se trouve au cœur d’un raisonnement analogique à quatre termes A B C D. On découvre dans ce carré parfait que l’inconfort est le lieu  géométrique des personnages. Comment être soi-même? Comment se séparer avec délicatesse?  « Tout ce cinéma pour affirmer nos, vos, leurs personnalités ? » c’est le cri du coeur de l’auteur ! Où est passée la générosité ?  Une « belle personne » « un vrai ami de l’autre sexe » ça existe?  Et l’Enfant, là-dedans, on lui dira quoi?

 12697022_1281324698563525_7888388363787150962_o.jpg

"Nous avons continué à rigoler et à dire des bêtises pendant un bout de temps. La drogue parfois ça aide. C'est pour ça que les gens en prennent. Lui ça l'aidait à être différent de lui-même. Comme ça, il arrivait à ne pas comparer son attitude envers moi à celle qu'il avait envers sa femme." Exit - F. Paravidino

Si le sujet de la pièce ne rend pas heureux, le traitement policé de celui-ci apaise. Ce spectacle est raffiné et  touchant  par sa  modernité et son approche intelligente, on appréciera incontestablement  la vérité de son interprétation.  

http://www.trg.be/saison-2015-2016/exit/en-quelques-lignes__6112

 

Mise en scène

Fabrice Gardin

Décor et costumes

Ronald Beurms

Création lumières

Félicien van Kriekinge

Décor sonore

Laurent Beumier

- - -

L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté.

www.arche-editeur.com

 

 

Galerie du Roi 32 - 1000 Bruxelles.
02 / 512 04 07, de 11h à 18h, du mardi au samedi.

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles