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drame (21)

administrateur théâtres

Soudain, l'été dernier (théâtre le Public)

SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER au théâtre Le PUBLIC

de Tennessee Wiliams


Mise en scène: Michel Kacenelenbogen / Avec Marie Bach, Serge Demoulin, Jo Deseure, Janine Godinas, Gaetan Lejeune, Magali Pinglaut et Valentine Syfer

DU 10/11/10 AU 31/12/10

C’est une maison à la Nouvelle Orléans, un jardin d’Eden particulier. Le rideau se lève sur une splendide verrière envahie de toutes parts par de gigantesques plantes tropicales. La maîtresse des lieux fait allusion à des plantes carnivores du début des âges, se délectant de drosophiles achetées à prix d’or. Et l’histoire dévorante commence. Elle oppose une mère castratrice, Violet Venable et une jeune femme, Catharina, qui ont chacune une version différente de la mort de Sebastian 40 ans, le fils unique de Violet, poète et homosexuel notoire. Violet est la seule qui peut le faire vivre, qui l’aide à accoucher de ses œuvres. Le combat des vérités s’engage. Violet rêve de faire lobotomiser la jeune femme qu’elle tient en son pouvoir, pour taire à jamais l’horrible fin de son fils. Un autre thème se déploie : l’appât de l’or qui peut lever tous les scrupules d’honnêteté, tant de la part du docteur Sugar, pris à partie, que de la part de Georges, frère de Catharina, et de leur mère, fort inquiets de leur subsistance, eux qui vivent aux crochets de la toute puissante Violet.

Mère et fils, au cours de leurs innombrables voyages luxueux ont contemplé l’île des Galápagos où des milliers de tortues à peine nées sont menacées par d’immenses oiseaux prédateurs lorsqu’elles veulent rejoindre la mer! La nature est cruelle. Sebastian a vu Dieu qui regarde, impassible.

Sebastian a l’âme d’un prédateur, il utilise les charmes et l’argent de sa mère, pour attirer sous sa dent les jeunes gens qu’il convoite, de par le monde. Mais quand, victime d’une attaque, la vieillesse atteint sa mère, Sébastien part en voyage avec sa cousine Catharina qu’il sauve de la sauvagerie de la société. Elle été brisée et elle devient sa chose, son appât pour lui procurer sa ration de jeunes hommes et de jeunes garçons. Cette vérité doit être étouffée: Violet est pathétique dans son combat désespéré pour la protection de son fils. Mais l’exposition de la vérité, par la jeune Catharina, prise jusque là pour folle est d’une sincérité renversante. Son long monologue est bouleversant : émotion pure et désintéressée, un hymne à la vérité, une négation de la haine, une innocence mythique. Elle a tout fait pour empêcher cette mort effroyable, elle n’en n’est pas la cause, juste le témoin éploré d’une mort choisie. Il n’a rien écrit cet été-là. Le lieu du ‘sacrifice’ porte bien son nom : Cabeza de Lobos, le cap des loups.

Le rendu de la sauvagerie humaine laisse sans voix, il atteint tous les personnages, sauf la bonne de Violet, asservie et renfrognée, murée dans le silence. La violence du prédateur qui est à son tour consommé, est d’une violence inouïe pour une scène de théâtre... La comédienne JANINE GODINAS a une présence et une prestance extraordinaire. MAGALI PINGLAUT a été enfermée dans la folie, un peu à la manière de Camille Claudel, et son jeu est d’une émotion et d’une intensité rares. Ces deux immenses confessions poétiques et passionnées s’inscrivent dans des jeux de scène très subtils. Le thème de la prédation et de l’étouffement omniprésents est suffocant, un peu à la Hitchcock. SERGE DEMOULIN parcourt tout le chemin entre le médecin mondain et le médecin humain : il dit peu mais sa sensibilité et son écoute progressive le transforment, jusqu’à ce qu’éclate sa dernière phrase, enflée de doute. Un spectacle peu indiqué pour des jeunes sans doute, mais éclatant de talent.

http://www.lepublic.be/play_details.php?play_id=259&type=1

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