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question (2)

administrateur théâtres

Chronique de chronique !

 Le monde selon Gardner

Vivre ! Face aux tragédies de  leur histoire,  les juifs proposent un mécanisme de défense : l'humour juif, un rire  qui est à prendre au sérieux et est une formidable réponse à l'antisémitisme.  Le «Maître» étalon moderne de cet humour étant  Woody Allen. Dans« Conversations avec mon père » comédie dramatique de Herb Gardner, (New York 1992) on peut observer une peinture éclatée  de l’Amérique juive new-yorkaise de 1936 à 1976. L’avènement de la parole  joue dans cette pièce un rôle  crucial.

17-conversations-lancon4.jpgThe American Dream: you’re most welcome in the Melting Pot! A quel prix ?  La reconstitution de la saga familiale explosée en  avalanches de flashbacks en présence d’un témoin contemporain (Charlie, Axel De Booseré)  expose  de façon lucide et jubilatoire la  question  de l’exil, des souvenirs du pays d’origine, de l’intégration du migrant dans la communauté,  du  douloureux abandon ou non  de la culture propre,  au profit d’un métissage avec la culture d’adoption. Les ravages de l’antisémitisme. Sur le plan universel,  que transmet-on à nos enfants, de générations entre générations, quelle est la définition d’un bon père, d’une bonne mère, d’enfants heureux ? La complexité des rapports familiaux et-elle la même à travers toutes les cultures, Quel rapport a-t-on, ou pas, avec la religion officielle du groupe?  Bref, qu’est-ce qu’une culture?  Tout au long de cette épopée familiale, on prend  conscience de façon de plus en plus  émouvante de la difficulté d’être. Un thème shakespearien.

La mise  en scène parfaitement scandée et éclairée est signée Jean-Claude Berutti.  La figure paternelle indestructible  du jeune Charles et de son frère, n’est autre qu’Itsik Elbaz, un personnage bourré de contradictions et qui s’avère de plus en plus incandescent au fur et à mesure que la pièce s'enflamme. Itsik Elbaz jouait l’an dernier dans « Pour en finir avec la question juive » au théâtre le Public.    Le reste des 11 comédiens est une formidable palette d’artistes qui partagent visiblement leur  félicité théâtrale autant  sur  la scène qu’avec le public. Rien n’étant plus important dans la culture juive que les noms,  citons-les gaiement: François Bertrand, William Clobus, Axel De Booseré, Ferdinand DespyItsik Elbaz, Antoine Herbulot, Clément Papachristou, Bernadette Riga, Marvin Schlick, Lotfi Yahya Jedidi, Aylin Yay

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 Patron du café couleur tabac,  rebaptisé de façon caustique The Flamingo, Itzhak Goldberg, nouvellement dénommé Eddie Ross,  cherche à  faire oublier ses origines ashkénazes en se fondant dans le moule yankee. Son esprit lucratif naturel va-t-il aller jusqu’aux compromissions ? Sacrifiera-t-il sa liberté ou gardera-t-il sa dignité? Gusta-Gloria, la mère, marquée par le Shtetl natal  vestale de lointains souvenirs, reste étrangère et est la plupart du temps hors-jeu. Elle cuisine, elle chante des berceuses, elle veille sur les lanternes rouges disposées sur les tables du café,  refuse de parler autre chose que du yiddish.  La comédienne  se nomme Aylin Yay.    Charlie, le fils cadet refuse tout bonnement de parler… avant trois ans, comme Einstein? Il se réfugie dans l’écriture. Il  deviendra une plume d’or.  Le frère, Joey se fait malmener pour ses origines  par les boys de l’école et des quartiers avoisinants. La guerre des gangs en miniature. Le harcèlement en grand format! Il recevra les plus hautes marques d’honneur militaire américain. Le père, ancien boxeur, veut être américain à tout prix.  Il sait ce que la différence implique en termes de rejet et fait l’impossible pari de s’assimiler. Il verra sa parole abolie.   Les tranches de vie se déroulent sous le  regard  placide d’une tête de bison et  l’impénétrable sourire du président Roosevelt accroché à un mur du café. Zaretsky, le locataire, un vieil acteur magnifiquement joué par l’innénarrable Lotfi Yahya Jedidi,  fulmine contre la mauvaise bonne idée du patron. Il proclame : « Moi au moins, je reste  moi ».  Leur disputes sont homériques, le public savoure.  Le pittoresque ravit. Les rires alternent avec les pleurs. La question de l’Absolu interpelle.  S’il y a un bémol, c’est celui de la projection des voix, qui pour cause de mise en scène, ne font souvent pas face au public. Évitez donc les bas-côtés de la salle!

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Le spectateur est  emportés dans l’océan de sentiments exacerbés et profondément humains comme dans le ‘Fiddler on the Roof’ et traverse avec délices les murs du non-dit grâce au talent conjugué de cette bande de saltimbanques  si différents et si attachants. Notamment  les jeunes William Clobus et Antoine Herbulot.  Ils ont l’art de dire, de conter et de jouer bonheurs, souffrances et déchirements  qui surnagent  inévitablement après la violence infligée aux Juifs lors des pogroms en Russie et  celle des persécutions de la barbarie nazie. Des souffrances qui habitent encore en 1976, ce café de Canal street, à New-York.

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http://www.atjv.be/Conversations-avec-mon-pere

Toute la distribution

Auteur Herb Gardner-Version française Jean-Claude Grumberg-Mise en scène Jean-Claude Berutti-AvecFrançois Bertrand (Nick), William Clobus (Charlie à 12 ans), Axel De Booseré (Charlie), Ferdinand Despy (Sammy / Monsieur Bleu), Itsik Elbaz (Eddie), Antoine Herbulot (Joey à 12 ans / Finney), Clément Papachristou (Joey), Bernadette Riga (Hannah), Marvin Schlick (Jimmy Scalso), Lotfi Yahya Jedidi (Zaretsky), Aylin Yay (Gusta)-Assistant à la mise en scène François Bertrand-Scénographie Rudy Sabounghi-Costumes Colette Huchard-Maquillages et coiffures Rebecca Flores-Lumières Christophe Forey-Réalisation des décors et des costumes Ateliers du Théâtre de Liège-Création son Pierre Dodinval

mardi 30 janvier20h30
mercredi 31 janvier20h30
jeudi 01 février19h30
vendredi 02 février20h30
samedi 03 février20h30
dimanche 04 février16h00
mardi 06 février20h30
mercredi 07 février20h30
jeudi 08 février19h30Rencontre avec les artistes
vendredi 09 février20h30

 

Liens utiles :

Note d'intention

 http://arts-sceniques.be/rencontre/conversations-avec-mon-pere/

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administrateur théâtres

Une question qui transforme…

12273202652?profile=original12273202673?profile=original12273203268?profile=originalIls  ne  se parlaient pas et tout d’un coup… Ça va vous ? Trop aimable, merci ! Je suis votre voisin de palier. Oui bien sûr ! Je peux vous poser une question ? Absolument ! Vous êtes juif ?

 Deux voisins se croisent quotidiennement dans la cage d’escalier de leur immeuble et se parlent à bonne distance, chacun sur le pas de leur porte. Qui fera le premier pas?  Cela démarre en tout cas sur les chapeaux de roues. Les deux protagonistes, Itsik Elbaz et Frederik Haùgness, des comédiens d’exception,  se trouvant chacun  aux antipodes de   l’entente possible : l’un est juif  libre et athée, amoureux des livres,  l’autre est catholique bien-pensant et sous influence certaine d’une matrone biaisée, inquisitrice et esclave de l’internet.  Sert-elle de prétexte pour lui permettre de poser les questions que lui-même n’oserait pas formuler ?  On finit par se poser la question, et se demander si elle existe vraiment…  L’enchaînement lui,  finit par friser le conte  surréaliste. Vous verrez !  Il n’y a en tous cas, pas de réponse,  rien que  des questions. Le questionnement est l’essence de l’esprit : Quod erat demonstrandum!

Dialogue socratique moderne sur la question « Comment fait-on pour être juif ?» et rhétorique légère et brillante sur le "who's who". La légèreté de l’être ?  L’écriture de Jean-Claude Grumberg -  en neuf tableaux au charme folklorique pétillant d’intelligence -   soulève le rire, entraîne la connivence, communique la joie du chemin à parcourir vers l’autre et transforme la lourdeur en légèreté, la méfiance en confiance. Heureux qui communique ! A chaque étape, une  plage de musique  repose et  renforce le propos.  

Au cours de l’opération, Jean-Claude Grumberg décrit minutieusement les facettes  de ce que le commun des mortels entend par identité juive et déconstruit  avec malice les préjugés antisémites. Les salves  du  dialogue de sourds sont jubilatoires,  les incompréhensions mutuelles sont hilarantes tant la gestuelle et le  comique de scène cristallisent les émotions.  Le voisin qui se transforme de jour en jour,  revient  sans cesse  à la charge avec de nouvelles bulles, des questions posées avec une naïveté désarmante ce qui donne à l’autre l’occasion d’exercer tous les registres de sa bienveillance et  des qualités intensément drôles  de  patience et de pédagogie ! Ärgert dich nicht ! Le jeu est d’une belle adresse. Les  échanges invitent  le spectateur, à son tour pris au jeu des interrogations,  à une  réflexion intime, presque socratique qui bouleverse sans ménagement  ses propres  tabous ou stéréotypes. Une mise-en scène impeccable réglée comme un match de tennis international par Michel Kacenelenbogen.  

 Par ailleurs, sachez que le titre de la pièce ne règle évidemment rien, qu’on se le dise, il ne fait que poser des questions !   

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Avec le soutien du Musée Juif de Bruxelles et du Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie (MRAX)

Un projet de Catherine Israël. Mise en scène de Michel Kacenelenbogen assisté de Catherine Israël. Avec : Itsik Elbaz et Frederik Haùgness / Scénographie : Delphine Coërs / Costumes : Laurence Lipski / Composition musicale : Antoine Chance / Régie : Pierre Hendrickx / Stagiaire régie : Sam Seraille

De Jean-Claude Grumberg
Satire 

Création - Salle des Voûtes
du mardi au samedi à 20h30, sauf le 31.12.16 à 21h00 - relâche le 24.12.16

https://www.youtube.com/watch?v=fOmhaURvhns

Réservation : 0800/944.44 ou www.theatrelepublic.be

Jean-Claude Grumberg

ISBN : 2330023502 
Éditeur : ACTES SUD (2013)

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