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débat (4)

administrateur théâtres

Une question qui transforme…

12273202652?profile=original12273202673?profile=original12273203268?profile=originalIls  ne  se parlaient pas et tout d’un coup… Ça va vous ? Trop aimable, merci ! Je suis votre voisin de palier. Oui bien sûr ! Je peux vous poser une question ? Absolument ! Vous êtes juif ?

 Deux voisins se croisent quotidiennement dans la cage d’escalier de leur immeuble et se parlent à bonne distance, chacun sur le pas de leur porte. Qui fera le premier pas?  Cela démarre en tout cas sur les chapeaux de roues. Les deux protagonistes, Itsik Elbaz et Frederik Haùgness, des comédiens d’exception,  se trouvant chacun  aux antipodes de   l’entente possible : l’un est juif  libre et athée, amoureux des livres,  l’autre est catholique bien-pensant et sous influence certaine d’une matrone biaisée, inquisitrice et esclave de l’internet.  Sert-elle de prétexte pour lui permettre de poser les questions que lui-même n’oserait pas formuler ?  On finit par se poser la question, et se demander si elle existe vraiment…  L’enchaînement lui,  finit par friser le conte  surréaliste. Vous verrez !  Il n’y a en tous cas, pas de réponse,  rien que  des questions. Le questionnement est l’essence de l’esprit : Quod erat demonstrandum!

Dialogue socratique moderne sur la question « Comment fait-on pour être juif ?» et rhétorique légère et brillante sur le "who's who". La légèreté de l’être ?  L’écriture de Jean-Claude Grumberg -  en neuf tableaux au charme folklorique pétillant d’intelligence -   soulève le rire, entraîne la connivence, communique la joie du chemin à parcourir vers l’autre et transforme la lourdeur en légèreté, la méfiance en confiance. Heureux qui communique ! A chaque étape, une  plage de musique  repose et  renforce le propos.  

Au cours de l’opération, Jean-Claude Grumberg décrit minutieusement les facettes  de ce que le commun des mortels entend par identité juive et déconstruit  avec malice les préjugés antisémites. Les salves  du  dialogue de sourds sont jubilatoires,  les incompréhensions mutuelles sont hilarantes tant la gestuelle et le  comique de scène cristallisent les émotions.  Le voisin qui se transforme de jour en jour,  revient  sans cesse  à la charge avec de nouvelles bulles, des questions posées avec une naïveté désarmante ce qui donne à l’autre l’occasion d’exercer tous les registres de sa bienveillance et  des qualités intensément drôles  de  patience et de pédagogie ! Ärgert dich nicht ! Le jeu est d’une belle adresse. Les  échanges invitent  le spectateur, à son tour pris au jeu des interrogations,  à une  réflexion intime, presque socratique qui bouleverse sans ménagement  ses propres  tabous ou stéréotypes. Une mise-en scène impeccable réglée comme un match de tennis international par Michel Kacenelenbogen.  

 Par ailleurs, sachez que le titre de la pièce ne règle évidemment rien, qu’on se le dise, il ne fait que poser des questions !   

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Avec le soutien du Musée Juif de Bruxelles et du Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie (MRAX)

Un projet de Catherine Israël. Mise en scène de Michel Kacenelenbogen assisté de Catherine Israël. Avec : Itsik Elbaz et Frederik Haùgness / Scénographie : Delphine Coërs / Costumes : Laurence Lipski / Composition musicale : Antoine Chance / Régie : Pierre Hendrickx / Stagiaire régie : Sam Seraille

De Jean-Claude Grumberg
Satire 

Création - Salle des Voûtes
du mardi au samedi à 20h30, sauf le 31.12.16 à 21h00 - relâche le 24.12.16

https://www.youtube.com/watch?v=fOmhaURvhns

Réservation : 0800/944.44 ou www.theatrelepublic.be

Jean-Claude Grumberg

ISBN : 2330023502 
Éditeur : ACTES SUD (2013)

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administrateur théâtres

A mi-chemin entre deux réalités : Cinéma ou Théâtre ? Italie ou Europe-la-nordique ?  Comédie ou leçon de philosophie ?  Entre deux théories: le Big Bang ou la théorie de l’état stationnaire ? Entre deux visions du monde : celle de l’homme, celle de la femme ? La transhumance ou le home sweet home ?

  12272868278?profile=originalLe décor est d’un réalisme enchanteur. Nous sommes au pays du Brunello. Le village en plein ciel se situe sur une pente escarpée. Une Fiat 500 a été abandonnée par trois voyageurs étranges au pied de la colline abrupte. Un éminent cosmologiste belge Monseigneur Georges Lemaître et son collègue le britannique Fred Hoyle accompagné de sa femme Barbara Clarke, tous  personnages ayant existé, débarquent sur la place du village, au pied de l’antique  pompe à bras devant l’auberge des voyageurs.  Il n’y a  pas de téléphone, juste des cigales éreintées par le soleil de midi,  année 1957.

Virgilio, l’aubergiste a du mal à sortir de sa sieste. Mais c’est l’Italie, le bon vin et le respect de la robe, qu’elle soit ecclésiastique ou féminine, auront vite fait de lui rendre ses dons d’hospitalité. Langue locale, jovialité, bonne humeur, vin blanc, musique (de film !), voilà le début d’agapes réelles  autour de nourritures autant  terrestres que célestes. De quoi mettre en appétit le spectateur qui va assister à un duel verbal de hautes sphères, entre les deux éminences scientifiques.Chose peu commune au théâtre.

 12272868873?profile=originalMonseigneur Georges Lemaître en route pour le Vatican est à la veille d’aider le pape Pie XII à rajuster de malheureuses prises de position concordistes à propos des nouvelles théories du Big Bang. Son collègue Fred Hoyle  le taquine et de brillants échanges fusent entre  les adversaires.   Une façon indirecte  de monter que le « disputare » n’aboutit pas nécessairement à la « disputatio »Il y a  disputes et disputes.  Cela semble être une des intentions de l’auteur Jean-François Viot.

Monseigneur Georges Lemaître, père scientifique de « l’atome primitif »,  distingue la notion de « commencement » de celle de « création », la première étant une entité physique, la seconde un concept philosophique. Il ne veut en rien mêler Dieu à la science. « Dieu ne se prouve pas, il se trouve ». Sir Fred Hoyle lui, n’a pas eu l’heur de trouver Dieu, il n’a trouvé que la femme, avec qui éclatent de belles crises domestiques. En effet, « Monsieur le savant toujours absent » donne la migraine à l’hyper-sensible Barbara (Maud Pelgrims) et la fait sortir de ses gonds sous ses apparences de jeune dame rangée des années 50.  Les crises cycliques de sa femme sont bien à l’image de la  théorie de  « l’état stationnaire » prônée par son (tendre ?) mari, postulant qu’à une large échelle, l’Univers est partout le même, qu’il l’a toujours été et qu’il le sera toujours.

 Empoignades scientifiques et domestiques alternent avec des leçons de science extrêmement ludiques et illustrées. Les postures et les déplacements  et les silences éloquents des deux hommes de sciences, si opposés physiquement et mentalement, sont une source de comique inépuisable. La prestance de chat mystérieux de Alexandre Von Sivers en soutane  et  l’accoutrement du malicieux François Sikivie en costume anglais font pouffer de rire. Virgilio l’aubergiste (Grégoire Baldari), un nouveau dans la Commedia dell’Arte ?  se prête gracieusement à l’exercice de pédagogie active qui utilise ballons et grains de riz. Massimo (Michael Manconi), son  jeune neveu,  est tout aussi drôle et réaliste.  Imperturbable, Virgilio  sert généreusement  les cantucci et le vin de cette messe scientifique, comme au cinéma.

 

Une pièce savante et marrante quand même, un curé débonnaire, un mari qui ne manque pas d’airs, et l’homme toujours, comme toujours il l’espère : sur le devant de la scène, immuable tableau! Dans une Toscane de rêve.

Soulignons enfin que la mise en scène est signée Olivier Leborgne. Une aventure où l’excellente scénographie d’Edouard Laug et la construction du décor par l'équipe de Marc Cocozza, Christophe Beaugé et Mathieu Regaert sont des éléments indispensables au spectacle, sans compter la poésie des lumières de Laurent Béal.

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=496

Une production de l’Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa.

Exposition Georges Lemaître présentée par les Archives Georges Lemaître (UCL) : Panneaux et vidéo sur le parcours de Georges Lemaître, accessibles lors des représentations.


Dimanche 24 février : l’ATJV soutient CAP48. Réservez vos places au profit de l’opération ! www.cap48.be

19 au 24 février 2013 Théâtre Jean Vilar
Durée : 1h30

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administrateur théâtres

 

Run!

Plus que quelques jours,  au Théâtre Royal du Parc : Oedipe, revisité par un auteur canadien Olivier Kemeid, à ne manquer sous aucun prétexte!

 

Mise en scène éblouissante: jeux de clair-obscurs et  corps à corps bouleversants, voici le texte mythique de l’Œdipe de Sophocle replacé de façon résolument moderne dans la réalité mouvante  de la caverne du  21e siècle.

 Des écrans transparents glissent pour évoquer la prison de verre qui enferme chaque personnage. Des écrans translucides s’allument et s’éteignent comme dans le théâtre d’ombres asiatique. Approche globale oblige.  Ces parois s’animent de fondus éclatés sur des rythmes de musique explosive, et crèvent  comme la succession de jours et de nuits. Mais où donc est passée la lumière? La succession du  Noir et  du Blanc est tranchante et menaçante comme un tribunal. Et comment reconnaître le vrai du faux ? La rumeur de la vérité ?

Ce sera la tâche que se donne Œdipe : sauver la ville par la raison. Retrouver les meurtriers de son père  qui ont attiré la colère des dieux et la malédiction qui s’est abattue sur la ville de Thèbes.  Qui a tué Laios ? C’et Œdipe lui-même qui se charge de l’enquête. A la façon d’une intrigue policière il veut que le coupable soir jugé devant Créon, chef du tribunal.  Dans  un décor stylisé et dépouillé à l’extrême Œdipe ne cesse de se cogner à la réalité.  Jocaste, elle, sait tout. Elle est seule contre l’ombre machiste de son défunt mari. Elle personnifie toutes les femmes : les mères, les sœurs, les amantes, les filles de joie…les consolatrices, toutes aussi impuissantes devant la folie humaine.  Omnisciente car elle a la clé du mystère, elle va s’immoler, sacrifice ultime.

  Voici Œdipe en corps à corps poignant avec celle qui  lui a donné quatre enfants mais qui tait jusqu’au bout qu’elle est aussi sa mère.   Des jeux d’ombre et de lumière projettent la narration de l’histoire que Jocaste révèle. Car c’est à elle, que l’auteur, Olivier Kemeid, rend justice, il lui donne enfin la parole. Elle a été la victime de Laios qui ne la respectait pas, elle a été saoulée et abusée et ainsi est né le malheureux Œdipe. Elle a supplié de pouvoir garder son fils, il lui a été arraché. On connait la suite de l’histoire. La tension dramatique devient aveuglante et  incandescente, jusqu’à ce qu’Œdipe désespéré, abusé lui aussi, se fasse justice.

 L’émoi de la ville est palpable et revient hanter le plateau à chaque découpage de scène. Il est  représenté par cinq danseurs qui personnifient la violence du populisme sous tous ses aspects. Depuis la rumeur pernicieuse et la dénonciation jusqu’à la mise à mort, l’exclusion et l’épuration ethnique. La ville ne souffre pas seulement  de famine, d’infertilité et de la peste ou le choléra mais aussi de la peur chronique de l’autre. La sphynge mordorée est revenue, seule couleur au tableau, sorte de peste brune qui à peine disparue revient encore plus pernicieuse. La  foule a besoin de bouc émissaire, elle est toujours  friande de drame.Elle aime se repaître des malheurs des autres, se poser en accusatrice ou en justicière.  Les profils mouvants des cinq jeunes  danseurs la représentent, cette  « turba » dénoncée par les Anciens, ou cette « mob » haineuse, justement vilipendée par Shakespeare dans son Jules César. Musique, mouvement et murmures accusateurs se combinent pour forcer le trait et ouvrir les yeux du spectateur. La vérité sera aveuglante.

 Œdipe, comme chez Sophocle est profondément humain. Gauthier Jansen, pour ne nommer que lui parmi les excellents comédiens, interprète magnifiquement le personnage. Son cœur bat généreusement et luttant pour la justice,  il veut établir le règne de la paix. Il est courageux, il va jusqu'au bout, au risque de se détruire. Il est inscrit en chacun de nous,  se révolte contre la folie de la malédiction divine. Il ne peut pas  croire à sa culpabilité, sorte de péché originel qu’il ne peut laver que par l’exil et la cécité. Il représente toute notre souffrance humaine.

La qualité irréprochable des comédiens et des danseurs, le dynamisme extraordinaire du spectacle, la sobriété des textes mettent en scène la profondeur du drame de l’homme toujours seul devant son destin. Une pièce  dense, extraordinaire de modernité et d’intensité. Lors du salut final, on découvre enfin  la texture des costumes  tous entre gris clair et gris foncé,  les artistes nous lancent un ultime message… Rien n’est jamais blanc ou noir.  Never forget !

 

Chorégraphe - Mise en scène: José BESPROSVANY
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Avec:
Gauthier JANSEN
(OEDIPE)
Isabelle ROELANDT (JOCASTE)
Georges SIATIDIS (CREON)
Julien  ROY (THIRESIAS + divers)
Georges SIATIDIS (CREON)
Toussaint COLOMBANI (LE
JEUNE HOMME)
Fernando MARTIN (Danseur)
Yann-Gaël MONFORT (Danseur)
François PRODHOMME (Danseur)

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2012_2013_003

http://www.mrifce.gouv.qc.ca/portail/_scripts/ViewEvent.asp?EventID=12397&lang=fr&strIdSite=BEL

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administrateur théâtres

12272855266?profile=originalPour "vraissemblance" on dit en anglais : verysimilitude…  le terme est évocateur. David Hare est passé maître en dialogue psychologique complexe et profond. Il nous livre un feu d’artifice émotionnel dans « Skylight »,  une  intrigue  très bien ficelée avec un point culminant saisissant de vérités plurielles.

Le théâtre est ici plus qu’une illusion, on dirait qu’il a volé le feu de la vie. Les personnages sont campés avec brio par les trois comédiens si attachants qu’on ne sait quel parti prendre. Le jeu du spectateur, car il y en a un,  est à celui qui attrapera le plus d’étincelles qui jaillissent de cette série de rencontres-choc. On aurait pu tomber dans la mièvrerie sentimentale  mais les trois personnages cherchent avec passion leur vérité, c’est ce qui fait l’intérêt majeur de la pièce.  Le jeu de l’adolescent est saisissant par sa colère, son inventivité et sa tendresse juvénile. Son intransigeance.  Il est tout simplement craquant.

12272855067?profile=originalMais que dit l’histoire ? Kyria (Erika Sainte)  a quitté le milieu des limousines pour vivre la vraie vie. Et la jeune prof idéaliste de mettre tout son talent au service de jeunes défavorisés d’une  banlieue de Londres. Marre de voir le potentiel de toute une série de gens rayé de la carte. Expierait-elle quelque culpabilité ?  Elle vit seule et  sobrement, dans un appart’ glacial d’une joyeuse couleur vert hôpital, pauvrement équipé, style récup’ et corrige ses cahiers. Le brouillard et les bruits de trafic s’infiltrent partout, on n’est pas dans une belle propriété arborée à Wimbledon. Quatre ans ont passé depuis qu’elle vivait avec Tom et Alice, un couple qui avait accueilli son errance à  Londres à l’aube de ses 18 ans. Mais le jour où Alice apprend l’histoire d’amour secrète entre Kyria et son mari, Kyria prend aussitôt la fuite, sans donner la moindre explication. Entre temps, Alice se meurt  d’un cancer et refuse avec grandeur les bouquets de fleurs de son mari. « Les roses, c’était pour quand on s’aimait. »  Tom, inconsolable, a le sentiment d’être minable. Aussi, après la mort de sa mère,  leur fils, Edward (Toussaint Colombani) qui regrette les jours heureux, a fugué et vient supplier Kyria de faire quelque chose. Touchant.  Son père est devenu insupportable, dépressif ou violent. Le tribut de la culpabilité ?

12272855452?profile=originalUn fossé sépare les ex-amants : « Je suis devenue ma colère ! » rugit Kyria.  Kirya veut faire un métier auquel elle croit et vit comme une missionnaire. Le spectacle très rythmé débouche sur une querelle idéologique, puissante comme une lame de fond. Tom ne comprend pas comment elle gaspille ainsi ses talents. Le combat des deux idéaux est  très convaincant. L’arrogance du bonheur quotidien  assuré, face à l’idéal solidaire pur et dur laisse le spectateur dans le doute total. Le spectateur quitte la soirée théâtrale en laissant flotter toutes les questions dans son esprit. Il part avec le pétillement spirituel, les silences et sourires éloquents et les blessures de l’émouvante actrice qui a pris des dimensions de grande tragédienne. Elle a des airs brûlants  d’Antigone ou de Jeanne d’Arc, avec sa quête d’absolu et son intransigeance.  Il part avec la fausse arrogance de l’homme de 50 ans magnifiquement interprétée par  Michel Kacenelenbogen  en homme d’affaire qui a tout réussi, sauf sa vie intérieure et est venu chercher le pardon. Il part en emportant l’espoir maladroit et la fougue  rédemptrice de la jeunesse sous les traits de Toussaint Colombani.

 Pour mémoire, un « skylight » est une  sorte de lucarne découpée dans une toiture qui permet une illumination interne. A méditer.

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=317&type=1

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