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identité (6)

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La parole libératrice à la Clarencière

Spectacles

Kafka et le harcèlement, un seul en scène vibrant à la Clarencière

...Et que nous dit Flaubert de la parole humaine?

« La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. »

Ni ours ni étoiles ici, mais une sidération totale face à La Lettre au père de Franz Kafka, écrite en novembre 1919 et jamais envoyée. Une confession brûlante, assidue, imprégnée d’amertume, un cri d’introspection implacable sauvé des flammes par Max Brod, contre la volonté de Kafka. Tout fait penser au célèbre et fascinant tableau de Munch.

Hermann contre Franz.

Cette sombre sonate, glaçante et mélancolique, mettant en scène le géant et le naina pris vie récemment au Théâtre Littéraire de la Clarencière à Bruxelles. Sur scène, Ghyslain del Pino, diplômé des conservatoires de Liège et Nantes, livrait une performance d’une terrible sincérité.

Sous un phare rouge et une mise en scène minimaliste, il incarne de manière poignante un Franz écorché, prisonnier d’une culpabilité radicale, infligée avec rancune par un père tyrannique qui lui reproche… son manque d’amour filialCe que l’on appelle maintenant, un pervers narcissique? Ce huis clos familial, fait de brimades et de silences destructeurs, de regards tueurs, illustre la profondeur du terme “kafkaïen”, passé dans la langue commune pour désigner l’absurde oppressant qui traverse toute son œuvre.

Un combat sans issue.

Franz, enfant fragile et souffre-douleur d’un père dur et despotique, tente, en vain, de briser la chape de culpabilité qui l’étouffe. Son seul refuge : fuir en lui-même. Cette lettre à son père est sans doute l’œuvre la plus triste et déchirante jamais écrite, un cri désespéré qui met à nu les blessures d’une identité méthodiquement massacrée.

Ghyslain del Pino interprète ce texte asphyxiant avec une intensité quasi viscérale, devant un public belge sous le choc. Chaque mot résonne, chaque silence pèse. Pourquoi cette punition perpétuelle? Pour quelle faute? Le comédien, peu rasé, épuisé avant de commencer, simplement vêtu d’un jeans noir et d’un singlet blanc, dialogue avec son méchant escabeau, seul partenaire dans l’enfer qu’il habite. Il dévoile de page en page avec une précision clinique toute l’aberration, les injustices flagrantes, les violences et la haine froide d’un père qui, par cruauté, annihile autour de lui tout ce qui n’est pas lui. Du vécu? Oui, on est abasourdi.

Une résonance universelle.

Cent ans après la mort de Kafka, cette œuvre suscite une réflexion troublante : ce modèle éducatif cruel était-il le reflet d’une époque ? Et aujourd’hui, dans un monde où l’enfant-roi et des parents omniprésents dominent, le harcèlement reste-t-il ancré dans la nature humaine ?

Ghyslain del Pino répond avec force : le non-respect de l’autre est un poison enkysté dans nos civilisations. Il souligne l’urgence de briser ces dynamiques archaïques, nourries par des sociétés patriarcales et suprémacistes.

La parole libératrice.

Malgré tout, le chaudron fêlé de Gustave Flaubert reste porteur d’espoir : il transporte de l’eau, source de vie et d’émancipation. Et même sous les pas des plus brisés, dans la riguer du désert, l’herbe ainsi repousse. Et c’est dans ce théâtre intime, petit lieu célébrant ses 25 ans, que cette parole cathartique trouve son plus bel écho.

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour le réseau Arts et lettres 

 

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Lettre au père - Sonate pour acteur
de Franz Kafka
Par : Ghyslain Del Pino
Traduction : François Rey

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SPECTACLES

Cocktail d’amour et d’humour : La nuit des Rois

Côté tragique: Il n’y a pas d’amour heureux… Côté comédie: All Ends Well!  Puisque les différents amoureux se retrouveront et atteindront  le bonheur conjugal. Mais entretemps, quelle tapisserie gigantesque et compliquée de méprises, de désirs personnels,  de cruelles  frustrations, de motifs secrets et de questions existentielles!  Jouée pour la première fois  en 1602, cette pièce bouleverse allègrement toutes les conventions de la romance et des rôles de genre.


Le rideau s’ouvre sur la mise en scène (Daphné D’heur) d’une  somptueuse tempête qui  sépare deux jumeaux dans un naufrage. Le frère et la sœur se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Chacun pense que l’autre a disparu dans les flots près des rivages de l’Illyrie.  Viola est sauvée. Courageuse, la sœur, prend l’apparence du frère et, déguisée en homme sous le nom de Césario (Margaux Frichet), entre au service d’Orsino, un duc amoureux éconduit par la belle et riche comtesse Olivia (Anouchka Vingtier). Cette dernière, en deuil de son père et de son frère, se fait aussi glaciale que superbe et repousse ses moindres avances. 

  

Aussi, le duc Orsino (Nicolas Ossowski) envoie son émissaire  Césario comme go-between pour courtiser la comtesse Olivia. C’est bien contre  la volonté du « jeune homme », elle qui  est immédiatement tombée amoureuse du comte!  A son tour, et en dépit de son chapelet de réticences, la comtesse Olivia s’enflamme et  tombe irrémédiablement amoureuse du messager. Joli triangle qui entraîne multiples complications. Enfin, tout s’éclaire avec l’arrivée providentielle du frère jumeau de Viola, Sébastian (Maxime Laal Riahi), que l’on croyait noyé. Une bonne façon d’arranger les choses sur le plan matrimonial. Olivia croit en effet que Viola (déguisée en Cesario) EST le  Sébastian qu’elle vient d’épouser deux heures auparavant. Bref, Sebastian a donc épousé Olivia, Orsino épouse Viola, et Sir Toby (Sofian El Boubsi) épousera Maria (Cindy Besson), la suivante d’Olivia, tous deux ravis d’avoir joué un si bon tour  au très grotesque Malvolio, l’intendant de la comtesse, un savoureux bouffon  bouffi de lui-même. On reconnaît la griffe moqueuse du maître de Stratford-upon-Avon, qui ira même jusqu’à l’enfermer derrière des barreaux, où, complètement déconcerté,  il sera traité de fou par tout le monde. Une magnifique interprétation de Didier Colfs.

Car les suppositions, les apparences et la réalité produisent un  passionnant  jeu de Colin Maillard, entre sérieux et rires.  C’est à qui voudra faire croire qu’il (ou elle) n’est jamais celui qu’il est vraiment!  L’histoire, qui se déroule la douzième nuit après Noë,l permet toutes les extravagances et fait miroiter le texte sur  des variations vertigineuses  des verbes être, paraître et disparaître. Le texte bien sûr regorge de double sens et d’humour.   Le décor, très dépouillé, étincelant de blancheur futuriste est d’une extraordinaire mobilité. Les deux constructions  qui ne cessent de voyager silencieusement sur le plateau, comme deux tours qui s’affrontent et se dérobent,   accompagnent silencieusement  le chahut et le suspense des émotions.  Un jeu passionnant qui jette par-dessus bord toute forme de certitude et pose inlassablement la question cruciale de l’identité.

C’est dans un élan irrésistible du cœur que Daphné D’heur et Thierry Debroux se sont attelés à la traduction de l’œuvre. Ensemble, ils ont gommé toutes les références qui auraient  risqué d' ennuyer un public moderne, pour donner une vie extraordinaire à cette belle production made in 21st century.  Tandis que  les  costumes chatoyants d’époque sont un véritable carnaval de Venise qui ancre le spectacle dans la fête et l’intemporalité. Par sa langue habile et son jeu intense, le casting est resplendissant … digne de grandes scènes d’opéra. Puisque… place est faite aussi, à la musique!

Côté magique: tous ces oiseaux du paradis qui poussent sur des rochers noirs battus par les vents et ...cette soudaine  et mystérieuse fleur étincelante en poudre d’étoiles… qui  arrive comme un baiser d'amour. 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres 

Au Théâtre du Parc

Avec: Cindy Besson, Didier Colfs, Enea Davia, Soufian El Boubsi, Margaux Frichet, Maxime Laal Riahi, Nicolas Ossowski, Benjamin Van Belleghem,
Valentin Vanstechelman, Anouchka Vingtier

Mise en scène: Daphné D’Heur

Scénographie: Vincent Bresmal et Matthieu Delcourt

Costumes: Anne Guilleray

Lumières: Philippe Catalano

Maquillages et coiffures: Florence Jasselette

Chorégraphie des combats: Jacques Cappelle

À PARTIR DE 12 ANS DURÉE

2H35 ENTRACTE COMPRIS RÉPRÉSENTATION

DU MARDI AU SAMEDI :20:15

LES DIMANCHES :15:00

LE SAMEDI 18 FÉVRIER 2023 :15:00

RELÂCHE – LES LUNDIS

https://bit.ly/TRP-BILLETERIE

   


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« N’oubliez pas l’Art tout de même. Y a pas que la rigolade, y a aussi l’Art ! » C’est  écrit dans le texte  impertinent de Raymond Queneau le Normand, puisqu’il est né au Havre!  Et l’art de la mise en scène  et de l’adaptation est au top, dans ce merveilleux spectacle présenté au Parc pour clôturer la saison. Miriam Youssef signe un véritable feu d’artifice.

Tonique comme Alice au pays des merveilles, Zazie,  la petite donzelle en visite  à Paris, découvre le monde. C’est  un vent de fraîcheur, des couleurs acidulées, la liberté des choix, de l’humour noir à travers des personnages hauts en couleurs et en parodie. Partout  comme des pastilles à sucer, les vues de Paris  telles des points sur les i. Les illustrations sont de Jean Goovaerts  et Sébastien Fernandez.  Avec Miriam Youssef, ils  n’y  sont  pas allés de main morte, chamboulant les modes et les codes, fabriquant avec leur splendide équipe  comme faite sur mesure,  une œuvre théâtrale poétique et percutante autour du personnage délirant et lucide de Zazie, une fille au répertoire épicé, aux réparties souvent ponctuées de « Mon Q »! Du grand art!  

 Jeune provinciale  sortie d’un milieu familial plus que compliqué, la voilà jetée, elle l’espère, dans le ventre de Paris pour une  première  libre exploration du monde,  avec sur les lèvres des questions aussi  étourdissantes que tyranniques.  Fraîchement arrivée, elle hurle sa déception comme un enfant gâtée : le métro est fermé pour cause de grèves. Elle découvre aussi un oncle « gardien de nuit » qui fait le plus souvent la tante: Gabriel à la ville, Gabriella au Mont-de-Piété!  Le radieux Stéphane Fenocchi.  Pleins feux sur la sexualité d’une drôle de famille d’accueil, les questions essentielles de l’enfant obstinée  « déjà formée »  (elle insiste !) …mais pas formatée, dérangent! Même pas peur, elle fugue de nuit et s’élance vers la liberté. These boots are made for walking… Elle ne lâche pas ses bottes jaune citron quand elle quitte  son effarant tutu rouge, pour enfiler  les « bloudjinnzes » de  la liberté! « Tu causes, tu causes et c’est tout ce que tu sais faire ! », claironne Laverdure, le perroquet des tenanciers du bar d’endsous! Quelqu’un doit lui avoir tordu le cou : le squelette dudit perroquet  trône sur l'épaule de Turandot, le tenancier grimmé comme un pirate, secondé par la craquante  Mado P'tits-Pieds, la serveuse... De savoureux personnages brillamment joués par  Luc Van Grunderbeeck et François Regout.

En tout état de cause, c’est avec son langage détonnant  que Zazie  se défend et affirme son identité et sa liberté, toute vulgarité vaincue. Pure magie, Julie Deroisin interprète l’héroïne à la perfection, argot y compris. Elle enchaîne les « Hormosessuel qu’est-ce que c’est?». La jeune effrontée en a vu d’autres, et pas des plus délicates, dans sa campagne  natale… Queneau nous conduit dans un rêve en boucle. « Paris n’est qu’un songe… »  La  réponse de Zazie, rendue furtivement  à sa mère par  la douce Marcelina inopinément transformée en jeune Marcel,   sera énigmatique: « Alors, t’as vu le métro ? Non j’ai vieilli ! » En à peine deux nuits!   En 1959, dans la France d’après-guerre,  Queneau entend dénoncer la stigmatisation sociale de l’homosexualité, la bêtise profonde des français de souche qui conspuent les étrangers, le recours à la culpabilisation, les accusations non fondées des bien-pensants, les manières fortes de la police bleu-blanc-rouge et le pouvoir des apparences. Voilà, sous un jour poétique, le Paris des déshérités libérés des conventions sociales et des lourdeurs mondaines…  

L’éclatante et jeune équipe sous la conduite de  l’infatigable  metteuse en scène  capte les reflets de la société dans une indiscutable verve scénique. Les costumes de Thibaut De Costeret et Charly Kleinermann sont eux aussi  de véritables œuvres d’art réalisées par Elise Abraham et Sarah Duvert. Même compliment pour les maquillages et coiffures d'Urteza Da Fonseca. Le décor, lui aussi, joue aux œuvres d'art:  fait de  pièces cubistes  genre Optical Art en équilibre sur la pointe du cœur, on l'enverrait bien  faire un tour au Musée Vuitton avec ses lignes Mondriaan et ses  éclairages couleurs oiseau des tropiques, ou "Jungle Arc" de l’artiste américain Ray Burggraf. 12273228065?profile=originalDu rêve, quoi !  C'est Geneviève Péria au pinceau, Alain Collet aux lumières.  Vertigineux, ce décor:  il  fourmille de trappes secrètes,  d’escaliers, de rampes dissimulées,  de plans inclinés instables où opère l’inénarrable et vénéneux équilibriste qu’est le Satyre, Pedro-Surplus, Trouscaillon le policier, Bertin Poirée et enfin Aroun Arachide, vrais et faux en série,  admirablement incarnés par John-John Mossoux.

On ne sait si le bus de touristes allemands cherche de la choucroute ou la Sainte-Chapelle. Le métro, même s’il est en grève, sort de terre. Sa grille fermée se tord de rire et laisse échapper ce grand échalas, style poireau sans chapeau, cité plus haut. Personnage énigmatique, magnifiquement interprété par John-John Mossoux qui joue les métamorphoses.  Un individu multiforme, transfuge sans foi ni loi, un œil vissé sur l’Autre, prédateur en diable, qui ne sait même plus à la fin qui il est! Voilà, pour le côté thriller. Et puis il y a une séquence pure poésie et les musiques rêvées d'Isabelle Fontaine...  et une veuve sentimentale, la veuve Mouaque (Pierre Poucet) qui mourra en Gavroche ! La faute à Voltaire, la faute à Rousseau ! 

On adore bien sûr le couple angélique formé par Stéphane Fenocchi et Sébastien Schmit. Et tout autant, la tendre histoire d’amour entre l’ami Charles, le taximane au pittoresque tacot et Mado P’tits pieds, jouée par le duo Jean-François Rossion et  François Regout.

...Voir tant de talents se correspondre et fleurir entre les pavés, et donc, applaudir  à tout rompre, voilà du vrai bonheur et du grand art!    

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/57/44.html

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Y’A DES OBJETS QU’ON PEUT PAS POSSÉDER, C’EST EUX QUI NOUS POSSÈDENT. Perdu dans les rues de Londres, Jasmin, jeune loup de la finance débarqué de Montréal, rencontre un garçon prénommé Hadi qui cherche à lui vendre un tapis précieux aux motifs fascinants. Ce qui pourrait être une banale transaction se transforme en une véritable énigme quand le vendeur demande à Jasmin le mot de passe qui conclura le « deal ». Quête initiatique défiant l'espace et le temps, Warda nous emmène en un claquement de doigts des rives de la Tamise aux portes de l'Orient et des quais de l'Escaut à l'antique cité de Babylone. Une comédie à la lisière du fantastique où langues et identités s'entrechoquent sous le regard amusé du philosophe Michel Foucault.

 Des milliers de nœuds mais pas de trame! Préparez-vous au meilleur comme au pire! Préparez-vous aux élucubrations intercontinentales et surtout ne faites pas grincer votre fauteuil pendant le spectacle ! De grâce, pitié pour eux, ils tiennent à peine ! Et surtout, préférez le tapis comme moyen de transports, car de toutes façons, le parking de la Tulipe est ‘volbezet’.

Le bouquin de MICHEL FOUCAULT dont  se gargarise LILY (CHRISTINA TOTH ), l’étudiante en philo Newyorkaise qui habite chez COLOMBE (VIOLETTE CHAUVEAU) est franchement hermétique. Roucoulement de syllabes hétéroclites, elle se shoote  à l'hétérotopie ou d’éthérotopie, c’est selon la place du  h, n’est-ce pas? Mais les bouquets de fleurs sont fantastiques : Ils sont l’image captive du jardin. Le jardin du tapis, sans doute!

Pour dérouter, les parler diffèrent: flamand, français du Québec, bruxellois, berbère, anglo-américain. Les  frontières  linguistiques s’estompent, masculin-féminin, passé-présent, vie réelle et vie rêvée se confondent. Choix lucide ou destinée ? Le body language est le plus fort. Le contact  du pied nu avec le tapis quatre saisons où s’accouplent fleurs et oiseaux, pur mélange laine et soie, vieux de plusieurs siècles est une expérience inoubliable. Ca, c’est l’étincelant jeune cadre dynamique et connecté du Québec qui vous le dit. Sa mère s’appelait Rose. Elle a disparu quand il avait 14 ans. Présence théâtrale étincelante d’HUBERT LEMIRE dans le rôle de JASMIN. Tiens, encore un nom de fleur!     

WARDA, quel nom barbare pour une rose ! A rose is a rose, is a rose, is a rose … comme le dit la poétesse.  Bien sûr que c’est un motif! On déteste qu’on nous mette les points sur les I et les barres aux T. Le motif revient à l’infini dans le miroir des spectateurs, tapi dans le tapis sans trame de l’imaginaire. Sauf que, le tapis a soudain explosé dans un attentat terroriste, note d’actualité ou prémonition? Explosion de culture? Vol du tapis ? Il a bel et bien disparu!   

Au coin du plateau, à chaque changement de scène une écrivaine aussi aimable qu’une fée Carabosse vous enfume. Elle vit recluse pour se protéger des autres et du monde. C’est tout juste si elle ne renvoie pas le public chez lui !  De sa voix rugueuse, elle  ne cesse d’intervenir pour remonter l’histoire et apostropher le public. Ceci n’est pas du Brecht! Il n’y a rien à expliquer ni  à comprendre, qu’elle cesse de couper nos fils! Elle est laide, rébarbative et misanthrope. Qu’on la pende, dirait la reine! Personnage incarné par MIEKE VERDIN (ANNELEEN).   

Par contre, on est tout yeux et tout oreille  pour le jeune marchand de tapis, SALIM TALBI (HADI/Ali), beau comme un rêve  qui vend du paradis en servant le thé. Soif d’idéal ? Warda-Rose : « je suis un jardin et ça boit beaucoup! »

Tout est dans le regard. S’il n’y a pas de regard - demandez à Warda - il n’y aura pas de tapis ! Warda -Rose a vu le paradis et le raconte à ses frères qui exécutent le tapis! But, there’s a bug in the rug ! Pourquoi tout le monde fait semblant de croire que quelqu’un a tué Warda? On vous a dit qu’elle a disparu, elle n’est pas nécessairement morte ! Vous avez vu la double porte blanche? Elle est juste à côté, là où elle doit être! Si vous voyez ce que je veux dire ! Vous prendrez bien un thé avec Alice? Ensuite nous rangerons les citrons ensemble!

Avec Violette Chauveau, Hubert Lemire, Salim Talbi, Christina Toth, Mieke Verdin

 Écriture Sébastien Harrisson / Mise en scène Michael Delaunoy

 

Une production de la compagnie de théâtre Les Deux Mondes (Montréal) en coproduction avec le Rideau de Bruxelles. Avec le soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des Arts du Canada, du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et de Wallonie-Bruxelles International.

 N.D.L.R Vous me direz peut-être que je n'ai rien compris, mais il n'y a rien à comprendre!

http://www.rideaudebruxelles.be

 

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On the road... AVoilà un spectacle franc, ingénu et vrai. Plein de sel comique et émouvant ! Avouons-le, au départ on n’était pas trop partants pour un énième seul en scène sur le vivre ensemble. L’actualité nous rabâche assez de chapelets de violences, pour plonger une fois de plus dans le politically correct et remâcher indéfiniment nos infâmantes réalités. Mais voilà le sourire de RODA et sa quête d'identités. Un Roméo ? Roda on the road.  What’s in a name ? A l’endroit ou à l’envers ? On le découvre un être totalement à l’aise sur le plateau et on l'ADOR,  le cœur à l'endroit ou à l'envers. Le nom n'a rien à voir pour ceux qui, malencontreusement, penseraient à la margarine, bien sûr. Sautez plutôt dans la fraîcheur d’un conte moderne, racines à l’air. Du cèdre du Liban au sapin de Noël, une forêt entière y passe ! En passant par les oliviers made in Italy, ou presque!

On the road... ADans l’histoire mohametane, il devient Mimo. Il manque une syllabe pour en faire une fleur capiteuse que l’on offre en janvier. Son regard vous dévore, c’est le fuel de son tapis volant qui vous envole en un seul décor du Liban au Maroc, puis vers la Belgique oblige - profitons qu’elle existe encore - Paris, Portugal et toutes les senteurs et épices de la Guinée et bien sûr Jessica, un monde de différences !

Au fur et à mesure qu’il sort de sa chrysalide il devient de plus en plus attachant et enfile les observations d’une candeur désarmante, virevolte dans les personnages, multiplie les points de vue, traque l’inspiration, accumule les occasions de rire, fait capoter les moindres stéréotypes. Il fait penser à la générosité et à la poésie d’Emmanuel Schmitt, en un mot, on ne peut qu’être séduit !

On the road... AIl y a même Gemini le criquet, toujours rapport à l’Italie, non, on veut dire Slimky, l’ami imaginaire - cela s’écrit comment ? Et cela finira comment ? En tous les cas il n’y a pas que les ragazzi qui s’amusent ! Le public s’envole et perd de vue l’unique décor de vieilles carpettes. Oui cela rime avec Mohamed, d’accord ! Et vous entendrez partout des voix car le comédien jongle avec les registres : voix d’ici et d’ailleurs, voix imaginaires, voix au nom du père, voix de mère qui cogne comme des cuillers, voix des dieux ou de voisinage, et même de toutous belgo-belges que l’on promène dignement sur le trottoir. Il voix tout, tout ! Et c’est sidérant de justesse car il est aussi maître du geste ! A quand son prochain spectacle ?
Dominique-Hélène Lemaire

12273150072?profile=original

                                                              http://lesrichesclaires.be/evenement/on-the-road-a-new/
De et avec

Roda

Mise en scène

Eric De Staercke

Assistanat à la mise en scène

Cécile Delberghe

Regard amical

Angelo Bison

Agenda magazine lire  l’interview  page 26,27

Du 14 au 30 janvier 2016
Le mercredi à 19h
Du jeudi au samedi à 20h30
Représentation le lundi 25 janvier à 20h30
Centre Culturel des Riches-Claires - Petite Salle
24 rue des Riches-Claires
1000 Bruxelles
02/548 25 80

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 12272961256?profile=originalRoméo et Juliette  revisité par Yves  Beaunesne

 

Dans une version du « plat pays qui est le nôtre » avec une Juliette et des Capulet flamands et un Roméo et des Montaigu wallons...Yves Beaunesne explore la pièce de Shakespeare à des fins… assez ambiguës. Né d’un père flamand  et d’une mère wallonne, lui qui vit en France depuis de nombreuses années, lui qui vient d’obtenir la direction du centre dramatique de Poitou-Charentes  et qui a francisé son nom original de Boonen en Beaunesne, n’est-il pas – inconsciemment - encore toujours victime du syndrome flamand, c’est-à-dire ce besoin d’exposer,  d’exporter et de vanter  l’identité flamande (et non la belge, hélas)  à travers le monde ou  la France en tous cas ? Quel besoin a-t-il d’affirmer  qu’il était « naturel » de faire jouer les Capulets par les acteurs flamands ? « Il y a un côté "Capulet" dans la Flandre d'aujourd'hui, dominatrice, arrogante, aussi riche qu'inquiète d'une éventuelle perte de son identité. Et pourtant, il y a peut-être du "Montaigu" dans le Wallon, léger mais "empêtré dans les privilèges d'une veille aristocratie à la française" » Ne se trompe-t-il pas d’époque ? Pourquoi, au lieu de gommer les stéréotypes, les creuse-t-il encore plus et …de façon inutile?  

12272961271?profile=original« Pour les costumes, nous avons observé, avec les acteurs, comment on peut reconnaître facilement un Flamand et un francophone à ce qu’il porte. Les vêtements wallons ont un côté un peu "destroy" ! » Cela ne vous fait pas rire ?

“Tybalt:  Ik moet rustig blijven, terwijl hij mijn bloed doet koken ! Mijn vlees siddert onder deze tegenstrijdigheid. Ik smeer hem, maar deze inbreuk die nu onschuldig lijkt zal bittere gevolgen hebben. Wraak ! » Et ce texte, cela  ne vous fait-t-il pas pleurer ?

 

Si ce spectacle va sans doute  fort amuser le public français qui pourra rire de bon cœur des chamailleries belgo-belges dans un texte spécialement fait  pour la France  et où seulement un tiers se passe en néerlandais surtitré, le public belge n’est pas logé à la même enseigne :

 la musique de la langue Shakespearienne en a pris un sérieux  coup. Oyez ce mélange de style verbal très indigeste où la langue française prend des airs littéraires anciens  tandis que  la langue néerlandaise est celle d’une série télévisée flamande. Dur à avaler puisque  d’un côté on entend  du flamand gorgé de familiarités que l’on déchiffre à coups de bandes de traduction défilantes, de l’autre  on entend du français souvent horriblement maltraité dont il faut vérifier la traduction en flamand pour comprendre ! Car dans l’histoire, le clan flamand se targue de mieux parler le français et de savoir faire l’effort nécessaire vers l’autre arguant que le clan adverse ne pratique pas la langue de Vondel. Encore un beau stéréotype, qui a pourtant de moins en moins cours.  Ce que l’on réalise surtout, c’est que, même bilingue, on a du mal à comprendre et l’une et l’autre langue !  Surréalisme à la belge, certainement! 

 

12272962053?profile=originalOn ne comprend pas non plus la pieuse promesse de Yves Beaunesne qui ose faire croire que « Le texte est intégralement celui de Shakespeare, à la virgule près. »  Quand on voit les coupes sombres dans les scènes et les  répliques, la diminution du nombre de personnages, (laissant le Prince et  le Frère Laurent dans la neutralité… il reste quatre Montaigus contre sept Capulets)  on se demande si on n’a pas la berlue. Mais  le pire c’est le rabotage de la fin de la pièce avec le message essentiel de Shakespeare qui manque à l’appel.  En effet, in libro veritas, après la mort tragique des amants, le Prince, les Capulet, le vieux Montaigu se rendent au bord du tombeau. Frère Laurent leur raconte la triste histoire des "amants de Vérone" et  son propre complot pour déjouer la destinée fatale. Les deux pères accablés déplorent cette haine fratricide, cause de leurs malheurs. Ils se réconcilient sur les corps de leurs enfants et promettent de leur élever une statue d'or pur. La conclusion d’Yves Beaunesne se contente d’un tombeau ouvert avec les jeunes amants unis dans une ultime étreinte sous les yeux des autres personnages silencieux.

 

 Malgré toutes ces ambiguités, il reste néanmoins le souvenir d’un spectacle esthétiquement très abouti, qui tient plus de l’opéra parlé que du théâtre, avec un divin décor. Celui d’une immense ville encerclant une grande verrière, le toit d’un immeuble sur lequel s’affrontent  et glissent les personnages. Le thème de la chute est omniprésent. On croirait que c’est voulu…  Mais pour Roméo, naïf et oublieux des différends, le bonheur est par-dessus les toits. Roméo bondit sur la ville miniature tel les amoureux dans les tableaux de Marc Chagall, la couleur en moins.  Une superbe chorégraphie - du ballet presque - et un jeu personnel de comédiens  enthousiastes très au point, ponctué de musique pop-rock moderne  et agréable à écouter.

 

12272748692?profile=originalhttp://www.atjv.be/Romeo-et-Juliette

http://www.aulamagna.be/fr/agenda_culturel_details.asp?id=300

http://www.yvesbeaunesne-romeoetjuliette.fr/

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