Woody Allen n'a pas fait que des films : il a aussi écrit des pièces de théâtre. Voici deux de ses intrigues mises en scène par Marcel Delval. Du 4 au 27 octobre 2011 à 20h30 sauf les mercredis à 19h30 - relâche les lundis et dimanches. CREATION au Grand Varia.
Avec: Bernard Cogniaux, Joséphine de Renesse, Pierre Dherte, Alicia Frochisse, Marie-Paule Kumps, Valéry Massion, Hélène Theunissen.
« Pour inaugurer la saison, nous avons choisi de rire de nous-mêmes, de nos hypocrisies et de nos convenances, de nos hautes trahisons, de nos petites lâchetés et même de nos cruautés, avec la création de ADULTERES de WOODY ALLEN, un spectacle au titre explicite, composé de deux courtes pièces mises en scène par Marcel Delval. Une fantaisie évidemment névrotique, un rien féroce, un brin impitoyable et bien truculente. »
Un thème, deux variations :
Part 1 : ‘Central Park West’
Les Riggs ont une adresse des plus chics. Sauf que leur appartement, où l'épouse, Phyllis exerce en tant que psychanalyste, est sens dessus dessous : dans la bagarre conjugale avec Sam, une statue ethnique a même perdu son pénis démesuré... C’est le soir et arrive Carol la meilleure amie. The best friend. Confrontation. Trahisons en séries, violents règlements de comptes, vacheries vengeresses, dialogues de sourds, écarts de parole, déballages conjugaux sordides s’échapperont au fur et à mesure de cette boîte de Pandore d’un genre très connu : l’Adultère.
Un thème éculé, revisité des milliers de fois par le vaudeville classique et contemporain. Cette fois-ci, les huit comédiens nous ramènent sans ménagements au fond de platitude qui sous-tend les relations adultérines. Plus d’un se sentira gêné. Si dans la vie d’aucuns osent se fourvoyer dans les buissons de la passion extra conjugale, le théâtre met totalement à nu et pointe le sordide et souligne le caractère éphémère de l’Amour ! Répandues au sol la jeunesse et la passion premières. Renversés les élans d’amour et la tendresse, remplacés par des amours furtives et coupables.
La jeune Juliet (Alicia Frochisse) sortie-d’on-ne-sait-zou est un véritable pavé dans la mare qui crée une onde de choc encore plus pernicieuse, car plus cynique que tous, du haut de ses presque 18 ans. Et Howard de renchérir : « le mariage c’est la mort de l’espoir ! » Carol garde l'humour: « Il ne faut jamais coucher avec un juriste, il te coince toujours sur le vocabulaire. » Les spectateurs, presque assis sur la scène, sans jamais être pris à partie, se sentent impliqués dans cette vague de tromperie généralisée et la perte d’idéal. Une comédie plutôt amère que douce. Et voir un spectacle sous les feux de la rampe ou dissimulés dans le noir, ce n’est pas la même chose.
Part 2 : 'Old Saybrook’
Autre lieu: les mêmes acteurs vont rejouer le même thème avec des personnages différents, plus caricaturaux encore, à coups de costumes et perruques extravagantes. Hypocrisie endémique : James Ensor où es-tu ? Tout lasse, tout passe, … sauf l’Adultère. Une charmante petite ville coloniale du Connecticut. Sheila et Norman ont invité à un barbecue David et Jenny, la sœur de Sheila qui plaidera: « A part, le sexe, c’était platonique ! ». La découverte d'un journal intime et l'arrivée des anciens propriétaires vont corser les fantasmes et animer - élément nouveau, ouf ! - la créativité d’un auteur en mal d’écriture.
La distribution des acteurs belges qui se sont amusés follement à interpréter ces deux pièces est impeccable. Soulignons l’interprétation éblouissante et quasi viscérale de Marie-Paule Kumps, le ton olympien d’Hélène Theunissen et ses rages homériques, et l’inénarrable Bernard Cogniaux, Howard le paumé qui retrouve son entrain sexuel loin de sa femme et Pierre Dherte un beau salaud, très attachant aux dires de ces dames. Marcel Delval (l’écrivain) quant à lui se pointe sur les planches dans la deuxième variation, comme un deus ex machina et à l’instar de Woody Allen joue un des personnages qu’il a créés. Le coup de théâtre c’est ce couple improbable « d’intrus » interprétés par les excellents Joséphine de Renesse et Valéry Massion et qui jouent avec conviction les bombes à retardement. La libération de toutes leurs émotions refoulées semble tout droit sortie de la foule … des spectateurs. De la vie elle-même, sans l’aide du théâtre, avec les accents confondants du vécu !
Arrivez les premiers en haut de l’escalier et choisissez les sofas accueillants tout blancs en bordure de chaque côté de la scène. Non seulement vous aurez un festival de bons mots et de réparties houleuses mais vous serez dans la pure émotion, par la proximité avec les comédiens. Des close-ups comme au cinéma…mais en live, de douze personnages délurés et de huit comédiens totalement investis.
Que dire si tout cela avait été joué dans l’élan de la langue originale? Car la traduction a parfois des côtés moins savoureux que l’anglo-saxon d’origine avec ses intonations subtilement moelleuses. Il y a des mots et parfois un humour difficilement traduisibles, sauf avec une certaine rugosité, qui finit par écorcher la volubilité et le rythme!
Théâtre Varia Rue du Sceptre 78 1050 Ixelles, Belgique
REPORTAGE-VIDEO David Courier et Denis Caudron - Intervenants
- Marcel Delval, metteur en scène
http://www.telebruxelles.be/portail/emissions/les-journaux/le-journal/16087-qsdf
Commentaires
ADULTÈRES
de Woody Allen, du 16 au 27 avril 2013 (Grand Varia).
Sexe, mensonges, aveux et trahisons sont les ingrédients essentiels de ces deux pièces en un acte. Entouré d’une équipe de choc, cette mise en scène de Marcel Delval est un véritable cocktail de cruautés, de névroses et de férocité ; un cocktail des plus truculents !
Plus d’info : www.varia.be,
Belle brochette d'acteurs en effet (http://www.culturetco.com/2011/10/adulteres.html)