Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

satirique (7)

administrateur théâtres

silence_martingallone_04_spectacle.jpgObsédés textuels, garez-vous! Quand les metteurs en scène se mettent en scène... tout peut arriver! Voici un jeu de massacre organisé: dès le départ, c’est foireux ! C’est dans le texte.  Tâchons  donc de mettre de l’ordre dans les personnages.  Yvette ARTHUR, qui joue Miss Clacket, c’est la débordante femme de charge interprétée avec cœur par Perrine Delers, amatrice invétérée de sardines absurdes qu’elle  sème partout.   

Suzy RIMBAUD  qui joue Vicky c’est un brin de fille en ébullition, reine des coulisses et de La Revue qui fait perdre la tête à toute la compagnie : Maria Del Rio en alternance avec Mélissa Rousseaux. Elle est flanquée de Gérard YOUNG  qui joue Roger Tramplemain : le comédien qui rappelle tant Bourvil et se nomme Bruno Georis, quel bellâtre!  

Denyse DUCREUX  qui joue Flavia Brent, c’est Cécile Florin, la seule  qui a un peu les pieds sur terre, capable de relativiser tout événement paranormal, co-propriétaire de cette maison dite française, hantée par les bizarreries les plus folles. Ferdinand FOUQUET joue Philippe Brent, son mari, « un obsédé sexuel » selon les dires de certains, sans projection aucune : un torride Benjamin Torrini ! Pour la France , ils n'existent plus, mais  ils vivent dans la hantise du Fisc,  car ils se sont expatriés en Espagne et sont là juste par hasard!   

Silence en coulisses

On espère que vous ne perdez pas patience et que vous suivez toujours! Ce n’est pas fini. Il y a POITOU le poivrot  qui joue le Cambrioleur : c’est Pascal Racan qui, à l’époque (Novembre 2012, avec le même décor), mis en scène  par Daniel Hanssens, jouait le metteur en scène Louis Le CORREGE, joué actuellement par Marc Weiss. Un  détestable omniscient qui  se prend pour Dieu lui-même on and off stage, ordonne le monde, les entrées les sorties et  accessoirement les états de corps et d’âme de ses comédiens aux docilités très variables. Malgré sa  feinte sollicitude et son monstrueux égocentrisme, il arrive à faire échouer la répétition  de sa pièce qui, de répétition technique, en générale, en première et dernière s’avère totalement avortée! Et vous voudriez que tous se rangent sous la bannière « And the show must go on ! »? Ah! il y a aussi, Mimie de la PATELIERE, assistante à la régie : c'est  Joséphine de Renesse chargée de calmer le public et de souffler le texte quand tout foire! Avec  Jean-Paul LEBRUN, régisseur général et accessoirement  garçon de courses et cambrioleur: Emmanuel Guillaume.

Silence en coulisses

Quel générique pour une pièce en trois coups ! Au 1er ACTE, le public découvre la répétition générale de cette troupe d’acteurs hétéroclites, dans son décor, face à un texte insipide et une histoire fort improbable. Le 2e ACTE permet d’assister à la représentation de cette pièce,  vue des coulisses, à l’arrière du décor. Difficile de suivre à la fois la soit-disant première d'un côté  et les ahurissantes  scènes de cinéma muet de plus en plus sanglant qui se déroulent à l’insu des spectateurs imaginaires  mais devant nos yeux! Et voilà la raison du titre de l’opus : "Silence en coulisses!" car cela déménage! 

silence_martingallone_15_visu.jpg

Le 3e ACTE  se joue côté scène de théâtre, avec la dernière énergie. Dans un paroxysme d’aigreurs et d’amertume, d’actes manqués, de bévues, de texte lacunaire ou en lambeaux, il décrit en live, sous forme de pièce dans la pièce,  la catastrophe annoncée par les  deux premiers actes. Avec un nouveau tire: "Sans dessous dessus", soustitré "la nouvelle comédie de Robin Housemonster. Le désarroi est total, c’est l’effondrement final d’un monde insensé,  surexcité par les jalousies, les rancœurs ravalées  et la folie des égoïsmes furieux. Il (lisez: le texte ou le monde) n’a plus rien à voir avec la création originelle. Dont acte! Qui n’en sortirait pas consterné? Est-ce ainsi que l’on s’accroche à l’illusion de la vie? Glaçant, malgré les  très beaux dessous de Lady Suzy et l'acidité de l'autodérision...silence_martingallone_21_visu.jpg

SILENCE EN COULISSES

DE MICHAEL FRAYN, ADAPTATION DE JOHN THOMAS, jusqu'au 14 mai 2017

THÉÂTRE ROYAL DES GALERIES

Location :Galerie du Roi 32 - 1000 Bruxelles.
02 / 512 04 07, de 11h à 18h, du mardi au samedi.

http://www.trg.be/saison-2016-2017/silence-en-coulisses/en-quelques-lignes__7070  

Lire la suite...
administrateur théâtres

Fifties, Sixties,  Seventies…

"Ces années-là"  ont été le terreau de notre société actuelle ! 

14322632_1202476509804224_6756012671517565687_n.jpg?oh=1328f52dc7de27a78f38730dfd050976&oe=58662DE1Clara Buflash est la  présentatrice d’une émission de télé incontournable : « Les conseils flash de Clara » où à l’instar de femmes comme  Coco Channel, elle s’investit pour donner à la femme une  nouvelle place dans la société et la libérer enfin  de l’esclavage des tâches  domestiques. Son discours est timide : vous allez, grâce aux innovations techniques, retrouver du temps libre… mais surtout, mesdames soignez votre cou,  vos bras et votre diction, en un mot, soyez toujours pimpantes pour charmer votre mari ! Voilà « Les secrets du bonheur »!

14322199_1202476519804223_4237844958477299892_n.jpg?oh=8bd1c322de049afb66f1436d70d2f103&oe=5878D8C6

 

 Mais voilà,  égarée parmi les hommes, la femme en fichu (noué sur chignon monté en banane) sanglée dans un  imper bleu pétrole rencontre Jean-Pierre Fleurimont, le chef de gare. On lui a fait entendre que l’audimat est sacré et  qu’il n’y a vraiment  pas loin  du Capitole à la roche tarpéienne.    Il faut qu’elle  innove encore, qu’elle utilise ce citoyen lambda, curieux naïf et serviable pour fabriquer  des émissions encore plus vivantes et captivantes. Le  texte  au passage en profite pour balayer de  coups de projecteurs  mi-amusés, mi désabusés  les grands tournants d'une époque  qui avance à grands pas (Perette es-tu là ?) tandis que  le pouvoir des médias infiltre toutes les strates de la société de consommation.

 

 Reconstitution d’une époque révolue, ce spectacle est une parodie la société contemporaine sous forme de sociologie souriante.  Le  duo absurde  fait nettement  référence à Jacques Tati, Pierre Etaix ou Marabout Flash, vous vous souvenez?   Des petits livres format carré: «  Savoir recevoir », «  Vacances sous la tente », « J’apprends toutes les langues », « Savoir acheter », «En pleine forme », « Réussir dans la vie »… Et les cadeaux Bonux, la famille Duraton, "Bonne nuit, les petits!" les golden sixties avec les transistors et tourne-disques, Salut- les-copains et les  yéyé! Toute une époque se trouve cristallisée dans ce spectacle vif, enlevé et drôle. Du sucre d’orge ! Un peu plus d’une heure passe dans une curiosité grandissante et sans la moindre sensation d’ennui. Au contraire, le plaisir évident  et la connivence dans la salle font bourdonner les rires. Et la fin poétique et profonde de la fin de la pièce laisse une empreinte  de dimension  universelle. Car  Marie-Christine Baeyens et  Luc Van Grunderbeeck alias Claire et Jean Pierre jouent, mine de rien,  une comédie de plus en plus sérieuse et poignante. 

http://lesrichesclaires.be/evenement/le-cha-cha-cha-du-chef-de-gare/

Lire la suite...
administrateur théâtres

 14117695_10154377613991544_4150590107710612032_n.jpg?oh=100078abf25b85297a52c27076e19345&oe=5845EE3FPetit billet pour une grande reprise. L’Atelier Jean Vilar s’exporte à l’ouverture de la  nouvelle saison théâtrale au Public avec la reprise d’une pièce satirique à souhait,  « La famille du collectionneur » qui met en scène un magnifique  festin de comédiens, tous plus racés dans le stéréotype, les uns que les autres. Ils  se gourmandent autour du personnage principal, un Amateur digne des caractères de la Bruyère, pas loin de l’Avare de Molière, joué avec intensité, feu et drôlerie par Maître Alexandre von Sivers. What else? 14183750_10153815443550267_5483149337018931971_n.jpg?oh=46d9b8e2f313d8e02c3da9c21a19a6c4&oe=5838F769

  La pièce signée  Carlo Goldoni (1707-1793) le réformateur du théâtre comique italien, renaît dans des costumes Vogue 1950 et  dans un décor solide comme une forteresse imprenable. Comme dans certaines fontaines italiennes, deux séries (inégales) de marches se rencontrent au pied d’un mur. Sauf que le mur est celui de l’incompréhension mutuelle et de la vengeance au centre duquel se trouve une porte à deux battants laqués d’or lorsqu’ils s’ouvrent de brefs instants. C’est dans ce bureau ouvert à l’imaginaire  que le comte Anselme range, trie, étiquette, classe ses précieuses collections, tandis que, du haut de ses appartements, son élégante épouse Isabelle/Cécile Van Snick mène la maisonnée désargentée, de main de fer.

 Hilarants, les  deux jolis-cœurs, clients de la famille au sens romain du terme : l’un est docteur l’autre, on ne sait pas : Docteur Bassette/Toni D’Antonio et Monsieur Delbosco/Nicolas Ossowski. Ils ont un format de Don Juan et Quichotte Panza, ce dernier la panse bien en avant. A se tordre de rire.

Monsieur Valmy/John Dobrynine, le père de Dorothée, la jeune épousée– enfin quelqu’un de sérieux - a lui tout du gentleman ou gentilhomme de l’époque sans être noble. Il est simple mais riche négociant, il a l’éducation, lit le grec, personnifie  la  sagesse et surtout  un amour paternel peu commun, émouvant. Le duo d’enfer, Dorothée et Isabelle la comtesse incontestable, marche sur les flammes de l’hypocrisie et de la haine haut de gamme et navigue sur  les marches brûlantes de l’autorité. Aucune, bien sûr, n’est à prendre au sérieux. Vous l’aurez compris, la jeune intruse  qui a été  monnayée pour renflouer les caisses du comte Anselme  est une belle-fille  honnie par la belle-mère. Emmanuel-Philibert/Valéry Stasser est le mini mari de  cette jeune dulcinée, éperdu d’amour respectueux pour sa maman, éploré de déplaire à son papa, divisé en trois par sa jeune femme exigeante. Un rôle d’un comique absolu mais touchant.   

Le mur gris perle de la forteresse est un immense lambris de médaillons, où des  trappes secrètes  ravissent chaque fois le spectateur surpris. Ainsi jaillissent à tout moment moult objets, accessoires et commentaires fusant de l’intérieur. Notamment ceux d’une domesticité intelligente mais scélérate, surtout roublarde et intéressée, prête à trahir avec la meilleure foi du monde. Sylvio/Emmanuel Guillaume et Agatha/Manon Hanseeuw forment un magnifique duo d’opérette.  Cela grince donc dans la demeure. Cependant que le grand Anselme se préoccupe innocemment de ses chères collections, complètement hors-jeu, hors du temps, dans son espace secret, indécrottable égoïste heureux, tout à sa passion des médailles et vieilles antiquités.

On allait oublier Gigi/Maroine Amimi, l’escroc arménien, à lui seul, un bouquet de comique saltimbanque au cœur d’une adaptation succulente et  mise en scène électrisante de Daniela Bisconti.

C’est donc  avec cette troupe immensément farceuse que le  Public célèbre dans sa grande salle l’ouverture d’une nouvelle saison.

14067743_10154398711797310_1194331784203862952_o.jpg

Du 1er septembre au 8 octobre:

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=453&type=1

http://www.atjv.be/La-Famille-du-collectionneur

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

« Paix Nationale » de Geneviève Damas   Comédie satirique   12272732654?profile=original                          

Mise en scène : Pietro Pizzuti, Avec : Geneviève Damas, Alexandre Von Sivers  Scénographie, costumes : Delphine Coërs

Texte querelleur dit par deux personnages largués après un cataclysme linguistique. Les gens  de Là-bas se sont disputés  avec ceux d’Ici pour un lieu qui était au Centre. N’allez surtout pas croire qu’il s’agit de la Belgique ! Toute ressemblance…Y’avait une ville et y’a plus rien. Que se passe-t-il? Je n'y comprends rien. Y'avait une ville. Et y'a plus rien. Sous un joyeux soleil de mai. C'était plein de couleurs… Après la grande fracture et le Détachement final, Geneviève Damas scrute la situation d’un œil désabusé et fabrique un texte finalement porteur d’espoir. Sous-titres en flamand de chaque côté de la scène. A bons entendeurs, Salut !  Il y a sûrement moyen de s’entendre sur quelque chose ou sur quelqu’un. Ce sera le début de la sortie du tunnel. On apprendra la langue d'Ici, de Là-bas, d'Autre part ou de Partout...  L’amitié est un chemin, la haine est un mur.

 L’atmosphère est beckettienne avec ces deux paumés, l’un, de Là-bas,  rustre, bougon et autoritaire, mais désormais  privé de sa langue car il a été puni pour être trop d’Ici,  l’autre délicieuse aristocrate un peu fofolle  qui regrette son bien le plus précieux : sa fermette - blanche sans doute - ses géraniums, ses rideaux de Vichy bleu et ses sourires. Elle a mis des jours à s’extraire de la grande fissure qui a emporté son rêve pour remonter au bord du gouffre. Elle se retrouve avec Bril, un de Là-bas, abandonné par ses confrères, à cause de ses  racines d’Ici. Il est  lui aussi assigné à travailler dans la zone d’acclimatation sous l’œil goguenard et les micros du  grand régisseur de la PAIX NATIONALE. Mission : « être heureux ». Elle est pour l’art et l’art de vivre. Lui, scrute. « Là-bas est là-bas, Ici est ici, à perte de vue. » Attente et désolation.  Punition ? Ils doivent trier (ensemble ?) l’intriable.  

Elle porte une jupe droite, un chemisier de mousseline de soie à grandes fleurs et des chaussures à hauts talons. Lui des combat boots dénouées, et un accoutrement d’ouvrier qui laisse voir un maillot de corps très défraîchi. Physique de déménageur. Le décor évoque une marine de l’antique Knokke-le-Zoute ensablée dans le charbon des terrils. La langue qu’ils parlent est surréaliste  mais ils communiquent car ils se disputent comme des chiffonniers, chacun fidèle à son style! Matuvu ou bordélique, ou les deux. Nombreuses réminiscences de l’humour de Raymond Devos ou de l’esprit de Jacques Brel.  Et les spectateurs rient de bon cœur tant le burlesque dépasse tout ce qui est imaginable. Tant le rire qui s’applique à l’action des comédiens s’applique aussi à nos faiblesses et à nos préjugés. Autodérision réussie donc, objectif atteint par Geneviève Damas, alias Mimi, puisque c’est elle qui joue son propre texte. Elle est exquise. Et Alexandre von Sivers, jubilatoire. Il n’y a plus qu’à tirer chacun les conclusions de la parabole du « survivre ensemble ».

 Jusqu’au 30 juin 2012.     

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=294&type=2

Geneviève Damas

http://www.genevievedamas.be/biographie/biographie.html

Elle a reçu le prix Rossel pour son premier roman: "Si tu passes la rivière"

http://www.lesoir.be/culture/livres/2011-12-07/le-prix-rossel-consacre-genevieve-damas-882209.php

                                                                                              

Lire la suite...
administrateur théâtres

"Le pain dur " de Paul Claudel au Théâtre Jean Vilar

12272763084?profile=originalLe pain dur  au Théâtre Jean Vilar

 

De : Paul Claudel , première  mise en scène en 1949 par le théâtre de l’Atelier à Paris : André Barsack

Mise en scène 2010 : Agathe Alexis, Alain Alexis Barsacq

Avec Agathe Alexis, Robert Bouvier, Grégory Fernandes, Georges Goubert, Carine Baillod, Hervé Van der Meulen

 

Le plateau est âpre et presque vide à part une pile de livres imposants que personne n’ouvrira et qui sert parfois de perchoir aux personnages féroces, comme autant d’oiseaux de proie. Quelques chaises  en forme de cadres vides viennent parfois s’abriter derrière une table qui ressemble à celle d’une  dernière scène d’une époque vidée de sa substance. Il y a du vin, mais pas de pain, même dur. Dieu brille par son absence. Sur le côté droit de la scène il y a un Christ à l’humanité saillante, mais  mutilé de ses membres qui sera vendu au poids du  bronze, quatre francs le kilo. Car nous sommes dans une ancienne abbaye, acquise par  le cynique Turelure (Hervé van der Meulen),  vieillard avare, dénué du moindre sentiment, et qu’il veut transformer en  papeterie.

 

 Il y a un mal-aimé qui débarque. C’est son fils, Louis (Robert Bouvier) qui s’est engagé dans l’aventure colonialiste algérienne et se transformera en fils parricide pour dix mille francs,  guidé par deux femmes avides. L’une, c’est Sichel (Agathe Alexis) juive athée rêvant d’une terre juive où elle aurait  enfin des attaches. C’est la maîtresse de Turelure, ce capitaine de l’industrie et de la finance dont l’histoire n’est faite que de compromissions et de retournements de veste. Elle est aussi  la fille d’un financier avec qui l’âpre vieillard  fera affaire peu honnête. L’autre, c’est Lumir (Carine Baillod), la ravissante  jeune  polonaise politiquement engagée, sapée dans une redingote  de terroriste en herbe,   fascinée par la réunification de la Pologne à accomplir, une vraie Jeanne d’Arc illuminée, mais privée elle aussi de Dieu.  Toutes ces marionnettes qui campent l’époque  ont le cœur vide comme le plateau. Le rythme des  dialogues butte ad nauseam sur une seule chose : Mes, Tes, Ses, Les dix mille francs, véritable pierre d’achoppement.

 

La description clinique de cette époque malade de spiritualité se développe avec des allures de gangrène. Il n’y a pas une goutte d’amour parmi ces personnages, tout est sec et dur. On est dans une froideur matérialiste, scientifique, progressiste mais qui va où ? Vers la mort du père, sûrement, lui qui croyait tirer les marrons du feu !  Vers une sorte d’inceste, puisque le fils épousera la maîtresse du père. Vers la fuite du seul idéal, puisque la jeune polonaise après une magnifique scène d’ultimatum mi-amoureux, mi-politique,  fuira à la poursuite de son idéal nationaliste. La coupe est donc amère à boire pour le spectateur qui ne trouve aucun personnage à qui s’attacher. Il ne peut que constater à quel point  la société de 1830 (et la nôtre) se cassent les dents sur un pain plus dur que la pierre!

 

Le jeu des comédiens, virtuoses de la langue et du geste, est  diabolique et sûr. Totalement  épanoui, il  rassasie les amoureux de la scène et du texte bien dit. Mais préparez-vous à une marche dans le désert de l’amour.  Car Paul Claudel, dans ce deuxième volet d’une trilogie historique écrite entre 1908 et 1916  s’ingénie à  nous rendre sensible cet abandon des valeurs de la spiritualité qui mine les personnages bien qu’ils s’en défendent, attise leurs tourments, dévie l’objet de leurs désirs,  provoque la violence et tue les sentiments. Il n’existe nulle part d’eux-mêmes où pourrait s’enraciner de l’amour.

 

Une coproduction Compagnie Agathe Alexis et Compagnie des Matinaux - compagnies conventionnées par le Ministère de la Culture - DRAC Ile-de-France.


Lieu : Théâtre Jean Vilar
Dates
: du 18 au 28 octobre 2011
Durée : 2h15 sans entracte

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=461

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272732654?profile=original  

"Désordre public" (pièce d' Evelyne de la Chenelière)

 

Désordre public ou désordre mental ?  Voici une pièce sans prétention de la canadienne Evelyne de la Chenelière, jouée avec humour, dérision, et pétillements. Les acteurs sont jeunes, dynamiques, et il y a même un surdoué. L’action se passe dans un autobus. "Max dans l’autobus", le comble de l’anti-héros, a été lâché par sa femme et son boulot. Il a perdu même sa voiture, c’est pour cela qu’il prend désormais l’autobus, et se retrouve tout-à-coup sur le pavé.

 

 Et soudain, alors qu’il commence tout doucement à ne plus se sentir exister, il perçoit les bruits des autres, les bruits d’âme et du cœur des autres passagers de la vie. Est-il en train de devenir fou, schizophrène, à devoir  ainsi  être le témoin de leurs transports intérieurs ?  Les gens anonymes qui roulent autour de nous soudain deviennent audibles. Egoïste dans l’âme, il rejette cette nouvelle faculté, sous-entendant qu’il a déjà bien assez  à faire avec ses 5 sens pour survivre. Mais il ne peut s’empêcher de parcourir ce chemin obligé de la compassion. On tombe donc avec lui dans la cour des miracles de notre société contemporaine, faite de solitude et de « foule sentimentale assoiffée d’idéal ». Il y a tous les paumés de la vie  qui se trompent de reflet dans le miroir.  Dans le kaléidoscope, on rencontre des personnages cocasses, dont l’enfant surdoué.  Mais on se serait aisément passé des allusions à la politique belge puisque tout  se passe au Québec, terre de rêve. Laissez-nous donc rêver ! …  Les allusions par contre au métier d’acteur font mouche.  On remonte dans le temps avec des chansons phares comme "Let the Sunshine in",  "Unbreak my Heart !" ," I will survive!", chorégraphiées comme au Club Med ! On invite même des spectateurs à danser. Tout cela est très peace and love. Le matériau est donc souvent décousu, hétéroclite ou expérimental, mais la vie n’est-elle pas que chaos et expérience ?

 

On retiendra en revanche le très beau monologue final de Max qui donne une certaine  profondeur humaine à la pièce. « Plus j’entends, plus je disparais. Je suis le réceptacle de tous leurs maux. On traîne tous les échos superposés de ce qui s’est dit. Je suis devenu les autres, (rires). Suis-je devenu un grand acteur, enfin ? Mais je n’ai plus de vanité. Personne ne fait le poids de centaines d’ êtres humains. Le monde m’envahit, j’entends tellement loin que je n’entends plus rien. Tout se superpose, tout s’empile pour me rendre sourd. Je ne peux plus rien dire, je n’ai plus de mots. Tous ces balbutiements… quelque chose dont je ne trouve pas le sens !  »

DESORDRE PUBLIC

d’ÉVELYNE DE LA CHENELIÈRE
Mise en scène: Olivier Coyette / avec Benjamin Boutboul, Olivier Coyette, Sophie Jonniaux, Virgile Magniette, Mirabelle Santkin et Emilienne Tempels

 

DU 16/09/11 AU 05/11/11

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=284&type=2

 

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

"La fausse suivante" de Marivaux (Théâtre Le Public)

  12272732654?profile=original12272754053?profile=original

LA FAUSSE SUIVANTE

de MARIVAUX
Mise en scène: Patricia IDE / Avec Serge DEMOULIN , Baptiste BLAMPAIN , Xavier DELACOLETTE , Jeanne KACENELENBOGEN , Caroline KEMPENERS et Chloé STRUVAY

 

DU 09/09/11 AU 19/11/11

 

 Aucune fausse note dans cette partition  féroce et magnifiquement écrite de Marivaux.  La langue est succulente, la vérité empoisonnée. Si on s’attendait à une pièce célébrant l’amour et picolant dans le marivaudage, on a tout faux. Il s’agit d’une éducation sentimentale tout à l’envers. La mélodie est plutôt une impitoyable farce en sous-sol. Le décor romantique est pourtant bien planté : ajoncs, mare au diable, barque retournée, chant d’oiseaux et de batraciens,  mousses, lichens, lierres dont la devise  est « je meurs ou je m’attache. » Eh non !  La devise c’est le louis d’or, l’écu, l’euro. Une mine d’or dans la tête et rien dans le cœur. Modernité ?   Tout  est pur calcul sordide : comment augmenter mon bénéfice ? La grille du château est là, entr’ouverte, face aux spectateurs, et personne ne s’aventurera dans les paysages bleus de l’amour.   Et ce magnifique décor représente à lui seul l’illusion d’optique voulue entre les sentiments et  la rouerie, l’art de feindre et de dissimuler.

Confusion des sentiments, des valeurs et des sexes. Déguisements. Une belle aristocrate  s’est déguisée en chevalier pour tenter de connaître les intentions  réelles de Lélio qu’elle doit bientôt épouser. «J'ai du bien ; il s'agit de le donner avec ma main et mon cœur ; ce sont de grands présents, et je veux savoir à qui je les donne. » C’est une femme de caractère.

Elle découvrira bien vite que ce dernier, mû par l’arrivisme et l’appât du lucre plus que par les nobles sentiments, est  déjà engagé auprès d’une comtesse avec laquelle il a signé un dédit. Selon ce contrat, sorte d’avenant à leur promesse de mariage, le premier qui trahit l’autre devra lui verser en dédommagement une rente de plusieurs milliers de livres. Or, pour Lelio, la comtesse vaut moins que l’aristocrate de Paris et son choix est vite fait. Comment donc se défaire noblement de la comtesse sans payer le dédit ! Il utilisera le chevalier à ces fins. « Le chevalier, à part. Ah ! L’honnête homme ! (Haut.) Oui, je commence à te comprendre. Voici ce que c'est : si je donne de l'amour à la Comtesse, tu crois qu'elle aimera mieux payer le dédit, en te rendant ton billet de dix mille écus, que de t'épouser ; de façon que tu gagneras dix mille écus avec elle ; n'est-ce pas cela ? »

Et la comtesse, légère,  tombera follement amoureuse du mystérieux chevalier. Cela vaut son pesant d’or! Mais, elle non plus, n’a pas envie de payer un dédit.

Qui est le plus fourbe, le séduisant Lelio aussi froid que la mort ou le chevalier si habile au complot ? Avant de révéler sa véritable identité, la parisienne fortunée se sera fait passer pour chevalier, et ensuite comme servante de ladite Parisienne. « Je suis fille assez jolie, comme vous voyez, et par-dessus le marché, presque aussi méchante que vous. »

 Pour souligner la poursuite effrénée du gain il y a deux autres personnages, des valets, presque des gueux, prêts à tout pour une obole, et qui n’arrêtent pas de courir dans tous les sens. Trivelin : qui porte bien son nom,  sorte de SDF truculent, manipulateur et rapace. Arlequin : moitié elfe, moitié laquais  affamé, qui vit sans doute de la cueillette d’escargots quand il ne peut pas noyer sa misère dans le vin. Ils rendent tous deux  le propos encore plus cru, les scrupules encore plus inexistants. Lelio accumule les formules à l’emporte-pièce : «  Lelio : Est-il besoin d'aimer sa femme ? Si tu ne l'aimes pas, tant pis pour elle ; ce sont ses affaires et non pas les tiennes. » Le public gronde.

 

Le mot de la fin est chanté par le guitariste.

Cet amour dont nos cœurs se laissent enflammer,

Ce charme si touchant, ce doux plaisir d'aimer

Est le plus grand des biens que le ciel nous dispense.

Livrons-nous donc sans résistance

À l'objet qui vient nous charmer.

Au milieu des transports dont il remplit notre âme,

Jurons lui mille fois une éternelle flamme.

Mais n'inspire-t-il plus ces aimables transports ?

Trahissons aussitôt nos serments sans remords.

Ce n'est plus à l'objet qui cesse de nous plaire

Que doivent s'adresser les serments qu'on a faits,

C'est à l'Amour qu'on les fit faire,

C'est lui qu'on a juré de ne quitter jamais.

 

Lorsque l’on remonte du sous-sol, on emporte avec soi,  l’art sûr de ces jeunes  comédiens talentueux qui excellent dans leur jeu, dans leurs poses, leurs regards,  dans la transmission de la vivacité de la langue de Marivaux. Un exploit.  On a été éblouis et confondus.

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=283&type=1

 

 

 

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles