Le théâtre, par sa nature même, n’est-il pas un miroir des réalités diverses et souvent cachées de notre existence ? Dans le spectacle « Je voudrais mourir par curiosité », cette essence du théâtre est magnifiquement mise en lumière par Christine Delmotte-Weber, qui nous entraîne dans une aventure exploratoire des mondes invisibles et des états de conscience non ordinaires.

En effet, les neuroscientifiques de Liège, à la pointe de la recherche sur les états de conscience modifiés, et la question de la délocalisation de la conscience, ont offert à Christine Delmotte une fenêtre rare sur des expériences telles que les expériences de mort imminente (E.M.I.), la transe cognitive, l’hypnose et les expériences psychédéliques. Ces chercheurs, en collaboration avec le GIGA Consciousness, de l’université de Liège, ont permis que leurs découvertes enrichissent le spectacle que propose Christine Delmotte-Weber de manière inédite. Le résultat est une œuvre où la science et l’art s’entrelacent pour offrir une réflexion profonde et fascinante sur la nature de notre conscience. Entre les différents tableaux, dans le silence des voix, des pages de musiques méditatives nous permettent de plonger à notre tout au plus profond de nos expériences personnelles.

Une Fusion des Réalités Théâtrales

Loin de tout modèle matérialiste, Christine Delmotte-Weber a choisi d’explorer avec sa très belle sensibilité le dialogue de deux femmes qui s’aiment, séparées subitement par la mort par accident. Myriam et Baba.  Mais le fil de la vie ne cesse de les réunir, tant l’amour qu’elles éprouvent l’une pour l’autre appartient à plusieurs dimensions.  Avec audace et dextérité l’œuvre scénique mélange habilement les genres et les niveaux de réalité. Dans ce spectacle, le théâtre d’objets côtoie la projection de réalités extérieures, créant ainsi un mélange des genres qui défie les conventions théâtrales traditionnelles. Cette approche nous permet de naviguer aisément entre les mondes visibles et invisibles, entre le tangible et l’intangible, entre le matériel et le spirituel.

Ce spirituel, tellement bien symbolisé par la présence du début à la fin, d’un cerf majestueux qui, certes a causé la mort de l’une d’elles, mais il est aussi du roi des forêts, garant du mystère de la nature, et dont la présence ouvre sur une dimension spirituelle, l’essence divine de l’amour et le caractère sacré de notre environnement naturel. Tout autant que l’allégorie de notre vulnérabilité, il est symbole d’apaisement, de douceur, de grâce. Au cœur de ce mystère, les deux femmes se retrouvent, à la fois plus charnelles que jamais et comment dire… régénérées ?  Bouleversant ! Loin d’être confinées à une seule dimension, elles évoluent et se transforment, nous offrant une vision renouvelée de notre existence. Leur démarche éclaire sur la manière dont les morts continuent à habiter la vie des vivants et ajoute une profondeur supplémentaire à la question de la délocalisation de la conscience, et à la puissance de la mémoire.

Starhawk, dans « Rêver l’obscur, Femmes, magie et politique », se définissant à la fois comme féministe et sorcière néopaïenne nous rappelle l’importance de célébrer la vie à travers le mouvement.  Le vent dans le balai ? Cette idée est superbement intégrée dans le spectacle, où les deux comédiennes semblent vivre intensément malgré les barrières de la mort, dansent, se meuvent, apparaissent et disparaissent dans un ballet d’émotions partagées et de liberté des corps. Le bleu du ciel et le noir de la terre.

« Je voudrais mourir par curiosité » est une œuvre théâtrale qui transcende les subtiles limites du visible et de l’invisible. La phrase est de …Georges Sand, tout un programme, non  Grâce à l’ingéniosité de Christine Delmotte-Weber et à sa collaboration avec les neuroscientifiques de Liège, ce spectacle nous offre une exploration riche et nuancée des états de conscience non ordinaires. Pour le spectateur, une expérience immersive qui mélange habilement la science, l’art et la philosophie pour créer une réflexion profonde et émouvante sur notre manière de percevoir et de comprendre la réalité. L’interprétation magistrale est signée Marie-Paule Kumps et   Stéphane BissotToutes deux, corps et esprits en mouvement, fusionnent l’Émerveillement, la Conscience et le Théâtre dans un bijou théâtral  fascinant.  

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Une production de la Compagnie Biloxi 48 et de la Comédie Royale Claude Volter. 

Avec Stéphane Bissot, Margaux Frichet et Marie-Paule Kumps

Assistanat Margaux Frichet

Installation scénographique et objets Annaëlle Impe

Lumière Benoit Théron

Son Victor Petit

Vidéo Samuel Deschamps

Régie Bruno Smit

A la Comédie Volter, 28 avenue des Frères Legrain, 1150 Bruxelles

Du 22 janvier au 9 février à 20 h 15 (les dimanches à 16 h)

Infos et réservations : https://www.comedievolter.be/