Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

famille (9)

administrateur théâtres

 

Sasha, sache qu'ici reste de toi comme une empreinte indélébile …

 

Le chagrin est incommensurable, mais la rencontre est inoubliable. A deux pas du rond-point de L’Etoile à Ixelles, tout en haut de l'immeuble ancien, dans un appartement d’artiste, voici parmi les amis d'Eliane Reyes, toute l’émotion d'un piano miroir, qui dit la peine immense d’une artiste frappée le 13 mai dernier par le décès brutal à 43 ans de l’homme de sa vie. Ce 13 mai, Sasha mourait dans la journée, des suites d'un choc septique foudroyant.

 

Nous sommes le 13 septembre 2023, deuxième journée mondiale consacrée à la septicémie, une inflammation généralisée de l'organisme par des toxines mortifères entraînant la nécrose des tissus. Cette maladie va causer la défaillance d'un organe vital qui faute de pouvoir être corrigée à temps, entraînera le décès. D’après l’OMS, 11 millions de personnes dans le monde, décéderaient chaque année d’une septicémie, soit 1 décès sur 5. En France, plus de 250 000 cas de sepsis sont recensés tous les ans, avec une mortalité de plus de 25%. À cause du vieillissement de la population, les cas pourraient doubler d’ici cinquante ans. On ne dispose pas actuellement de médicaments qui pourraient bloquer le développement irréversible des toxines.

 

Malgré le magnifique élan de solidarité qui imprègne cette soirée, les amis de la pianiste se sentent impuissants, démunis, révoltés devant cette brutale fatalité qui a ravi à la jeune famille la lumière de leur amour. Comme si le destin avait mis par mégarde un bémol à la tragédie, et pour garder à tout jamais le souvenir d'Aleksandr, pour transmettre son talent à ceux qui l'ont apprécié, écouté et pour tous ceux qui pourront le découvrir dans le futur, les derniers enregistrements de studio, de concerts, prestations de jeunesse ou récentes, … ont été remasterisés et édités sur un coffret sous le label Etcetera. L'album CD "Aleksander Khramouchin & Eliane Reyes - Music for Cello & piano" contient en effet leurs ultimes prestations ensemble, ...si providentiellement enregistrées. Le violoncelliste possède pleinement la sonorité poétique d'un instrument dont il a une maîtrise absolue. Sa brillante virtuosité renforce une expressivité généreuse, tantôt délicate, tantôt flamboyante, tout en transmettant à chaque instant, la profondeur et le mystère de l'émotion dans les moindres détails. 81 minutes 13 secondes de bonheur partagé.

 

 

En hommage, voix (Olga Kharchenko), piano (Eliane) et violoncelle s'unissent ce soir pour dire les souvenirs éternels, et pour souffler à tout jamais à la jeune Adèle Khramouchin, âgée seulement de18 mois, des mots d’amour et de tendresse pour deux. Les derniers feux du soleil couchant parlaient aussi pour lui ce soir-là. Sasha, le compagnon et le père adorés. Ils disaient le bonheur perdu, il chantaient le couple et l'immense tendresse du père et de sa fille.  La  création vidéo de Valentine Jongen a bouleversé les invités d'Eliane Reyes.

 

Si Vocalise op.3 no 34 de Rachmanivov est notre préféré, l'album débute avec la touchante iuntériorité des Fantasiestücke op.73 de Robert Schumann et se poursuit avec des oeuvres de Prokofjev, Eugène Ysaÿe, Michel Lysight, Gabriel Fauré, Claude Debussy et l'intense solennelité de la Sarabande suite no.3 en do majeur BWV1009 de Jean-Sébastien Bach. Le magnifique coffret se termine par "Le Cygne", pièce très émouvante de Camille Saint-Saëns. "After silence, that which comes nearest to expressing the inexpressible .. is Music." Aldous Huxley.

 

Musicien dans l'âme depuis sa plus tendre enfance, Aleksander Khramouchin ( Minsk 1979 - Bruxelles 2023) a débarqué en Belgique à l'âge de 13 ans en 1992, pour poursuivre ses études ses études au Conservatoire Royal d’Anvers. Il a été lauréat de nombreux concours internationaux et finaliste du XIIe Concours international Tchaïkovski de Moscou en 2002. Il s'est produit en concert et réalisé des enregistrements solo qui ont remporté de nombreux prix pour la radio et la télévision aux États-Unis, au Canada, au Japon, en Chine, en Russie et dans toute l'Europe.

 

En soliste et en musique de chambre, Aleksandr Khramouchin s'est produit dans des salles de concert telles que Bozar ou La Monnaie à Bruxelles, à la Salle Gaveau de Paris, au Concertgebouw d'Amsterdam, à Francfort, Berlin et Cologne, au Rudolfinum de Prague, au Wigmore Hall à Londres et au Victoria Hall à Genève. Il va de soi, aussi  au Tchaïkovski Hall à Moscou. Très éclectique dans son répertoire, il a été premier violoncelle solo pour la Philarmonie de Luxembourg avec Emmanuel Krivine. Pendant 11 ans, il a été professeur de violoncelle à L'école internationale de Musica Mundi, une fabuleuse pépinière de jeunes talents internationaux, qui fêtait cette année ses 25 ans d'existence. Ce sont la violoncelliste Thaïs Defoort, ancienne élève d'Aleksandr Khramouchin, et le pianiste Simon Adda-Reyss  qui ont offert le bouleversant moment musical de cette soirée organisée par Elisabeth Jongen que nous remercions vivement. Sasha will be forever missed…

 

 

https://www.musicamundi.org/

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

« Villa dolorosa » Genre : chronique intemporelle

Sur les planches du Théâtre des Martyrs, dans une agréable scénographie et des costumes signés Renata Gorka voici un partage  généreux et désespéré!

Oh le beau Samovar !   C’est le  cadeau  d’anniversaire détesté dans «  Villa dolorosa » (2009), une  comédie dramatique de l’auteur allemande Rebekka Kricheldorf qui met en scène une génération Y résignée, en panne d’inspiration devant la déliquescence du monde et l’absurdité du quotidien. Érosion des valeurs: les cadres aux murs sont intégralement vides. Pourtant les parents défunts ont abreuvé leur descendance de culture et l’on projetée dans ce que l’on appelle l’élite intellectuelle.  Las, les  jeunes  Freudenbach  sont totalement désœuvrés et pétris de mal-être. Ils n’ont aucune prise sur le présent. Soit ils batifolent dans le passé, soit, ils errent comme des âmes en peine dans un  improbable futur.   Les dessertes croulent sous la valse des bouteilles, l’alcool coule à flots. Le spleen est devenu du cuivre en fusion dont les reflets nimbent tous les costumes. Malgré la musique, l’enfer est proche.

L’image contient peut-être : 1 personne

Et pourtant la villa est si belle, avec son vieux Chesterfield si accueillant, sa splendide verrière donnant sur un jardin plein d’exotisme, et le saule imaginaire est …tellement pleureur. Mais sous le tapis, la pourriture gagne, ni poudre de Perse ni naphtaline n’en viendront à bout. Et les filles dont le patronyme signifie « Rivière de joie »,  s’ébattent dans le grand espace vide, dans un rythme endiablé,  se mettant à nu comment si elles étaient à la plage. Se coupant la parole, gloussant, pleurant, se saoulant,  dysfontionctionnant à qui mieux mieux, liées par le sang, les désillusions, et les désirs excentriques, dans un jeu vertigineux et sans merci semé de rires et de pardons mutuels. Mais la fête d’anniversaire  est chaque fois  un  bien triste simulacre.  Où il apparaît que peut-être l’homme n’est pas doué pour le bonheur. Surtout si le bonheur, c’est l’utopie travail et celle des enfants heureux.   

L’image contient peut-être : 1 personne

Dans ce huis-clos déboussolé et délirant, le monde est  vide et désenchanté, à la manière de celui des « Trois sœurs » de Tchékhov. C’est le nôtre. En plus grave encore?  Olga dans son tailleur de prof ( ah! l’admirable France Bastoen!) est toujours cette femme fidèle à elle-même, qui, bien que névrosée, tente de tenir l’équilibre familial à bout de bras, Irina ( Anne-Pascale Clairembourg) à elle toute seule un symbole d’une jeunesse en mal d’avenir, Macha ( Isabelle Defossé, plus tragique que jamais), cette amoureuse tourmentée, mal mariée avec Fiodor alias Martin qui habite l’appart d’en face. Compliqué ! Quand, toute jeune, elle est partie avec lui,  «C’étaient les hormones ! » avoue-t-elle.  Maintenant elle meurt de désir pour le ténébreux et placide Georg ( Nicolas Luçon), marié par ailleurs, avec une neurasthénique sans cesse au bord du suicide.

L’image contient peut-être : 1 personne, barbe

L’image contient peut-être : 1 personne, sourit

Quand à la Natalia, la fiancée pétulante, celle-ci est ramassée dans un parc, puis devient la compagne d’Andreï ( incarné par le très charnel Thierry Hellin), leur frère à toutes, en constant  mal d’écriture, et à court d’argent. Elle s’appelle très prosaïquement Janine. Une « pauvre » lance-t-il en s’excusant. Certainement la plus craquante et la plus galvanisante de la bande. Elle affiche une tendresse inconditionnelle pour son loser de  mari, pour ses adorables enfants à la santé fragile, pour cette maison qui se lézarde.  Mais qui sait ? Peut-être est-elle la plus riche de toutes? Celle qui fuit le privilège de glandouiller, réfléchir,  être en dépression. Celle qui n’a renié ni le travail, ni les enfants.

L’image contient peut-être : 1 personne

La cruauté et le désespoir ont  même envahi la langue. Un parler piquant, syncopé, brut, ivre,  désillusionné, fait de bombes et de propos cinglants. Ultra modernes, comme la solitude du même nom. Tout le monde parle en même temps, comme si la « vita dolorosa »,  devait être expulsée au plus vite  de leur être martyrisé.  Mais quand s’écoutent-ils vraiment? Le public, lui, est toute oreille, devant ce déferlement d’affects si magnifiquement interprétés. La luxuriance des mouvements  du corps et des postures fascine par leur modernité et leur présence. Cette pièce flirte avec   l’intensité d’un thriller fracassant : le dehors fait peur, la villa les protège, mais elle s’avère de plus en plus fragile. Seul leur lien familial les console, ou les airs d’opéra, une chance !  Le jeu partagé est extraordinaire et longtemps on pensera à la voix, à la silhouette, aux postures de  l’intrépide Janine ( l’exquise Deborah Rouach, on l’adore!), alerte et brillante,  qui refuse de frire dans le chaudron du temps immobile.

La pièce 4 étoiles de la semaine: «Villa Dolorosa», une découverte jouissive

Georges Lini dirige avec brio les désirs inassouvis de sa brochette de comédiens si bien choisis. Solistes émouvants,  les orphelins de la vie  vibrent à l’unisson dans cette épopée moderne du désenchantement. C’est magnifique et foisonnant.  

L’image contient peut-être : 1 personne, barbe

Et si le paradis perdu était tout simplement de recommencer à travailler et à aimer? Champagne… ou vodka?

Mise en scène Georges Lini

Dominique-Hélène Lemaire, pour Arts et Lettres

De Rebekka Kricheldorf « VILLA DOLOROSA » Théâtre des Martyrs Bruxelles – 20.09 > 06.10.  Trois anniversaires ratés Librement inspiré des “Trois sœurs” de Tchekhov

Personnages:

« La famille » : Irina Freudenbach, 28 ans Olga Freudenbach, 37 ans Mascha Klepstedt-Freudenbach, 25 ans Andrej Freudenbach, 38 ans

Les « outsiders » rebaptisés Georg, 45 ans et  Janine, 20 ans

Compagnie Belle de Nuit

Lire la suite...
administrateur théâtres

SPECTACLES

Les Atrides saison 2019-2020 au théâtre du Parc

Quel luxe, face à la vulgarité qui nous entoure!

Un spectacle  grandiose, de par ses références à la culture grecque ancienne, pilier fondateur de notre culture européenne, et pour  sa  charge émotionnelle surprenante de modernité, son envergure d’humanité profonde et son intelligence extrême. Un travail d’adaptation ultra moderne des oeuvres d’ Eschyle, Sophocle, Euripide et Sénèque sur fond de musique pop-rock et un plateau de lumière éblouissante. Une banquise prête à fondre à cause de la folie humaine?


Un spectacle qui puise sa lumière autant dans les doigts roses de l’aube nouvelle, que dans l’amour de la lumière dans l’Attique baignée du sang des Atrides. Les champs de coquelicots sous le ciel bleu et les ruines de la Grèce antique n’en témoignent-ils pas?   Faut-il d’ailleurs dans le cas présent  dire Atrides ou Astrides? Car la formidable équipe artistique choisie par Georges Lini, Directeur artistique de la Compagnie Belle de Nuit,  n’est rien moins qu’étincelante et forme une constellation dramatique d’une force lumineuse incroyable autour de la tragique  légende antique.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout

LE CYCLE DE LA HAINE
COMME PIÈGE ÉTERNEL
DE L’HUMANITÉ.

Georges Lini et son équipe pose sa fabuleuse production sur les planches de l’un des plus beaux théâtres que nous connaissions: le théâtre du Parc. Mais bien sûr, l’écrin de choix s’envole aux premières paroles, et le texte qui se déploie nous renvoie aux images de la Grèce éternelle et aux questions essentielles de l’homme en quête existentielle.

L’image contient peut-être : 9 personnes, dont Inès Dubuisson, texte qui dit ’Daphné d'Heur Clytemnestre Itsik Itsik Elbaz Agamemnon Inès Inès Dubuisson Electre Félix Félix Vannoorenberghe Oreste Wendy Piette Iphigénie Stéphane Fenocchi Léopold Terlinden Egisthe Pylade François Sauveur /musicien Pierre Constant /musicien’

Tous les comédiens présentent un corps à corps charnel avec l’histoire antique, révélant avec poésie, tout le tissu des émotions intimes de chacun des membres de cette famille frappée de malédiction divine et dont Euripide,  en particulier,   contait l’aventure humaine avec tant de compassion. Inès DUBUISSON dans le rôle d’Electre et  Félix VANNOORENBERGHE, son frère Oreste. Le formidable  Itsik ELBAZ qui, sur les mêmes planches avait incarné Hamlet et Macbeth, se glisse cette fois dans la peau d’Agamemnon. Face à lui, Daphné D’HEUR, sensuelle, juste jusqu’au bout des cheveux,  est cette Clytemnestre blessée et révoltée qui n’accepte pas la décision de de sacrifier leur fille pour s’attirer les vents favorables afin de reconquérir l’Hélène  de Ménélas. En fin de compte une situation terriblement banale… Vaut-elle une guerre impitoyable qui dura dix ans ?  La folie du monde a de tout temps été universelle.  Elle se décline avec les mots d’orgueil, de violence et de vengeance. La banalité du mal.


Faire du neuf avec ce qui ne l’est pas

C’est la force du texte remanié par Georges Lini conjuguée avec celle de l’interprétation, qui engage le spectateur dans une intensité d’affects et  une recherche  incessante  de sens car, à la manière de l’illustre Pasolini, dont les paroles ouvrent et referment le texte,  il s’emploie à la découverte méthodique  des zones cachées de l’histoire en sa version officielle. Georges Lini décape la tradition pour faire ressortir des questions que l’on ne se posait pas. Va-t-il réussir à réhabiliter une Clytemnestre pétrie d’humanité? Pari tenu, grâce à son adaptation moderne des textes antiques et grâce à la personnalité généreuse de la comédienne artiste qui incarne avec volupté la mère protectrice d’Iphigénie (exquise Wendy PIETTE) , l’épouse abandonnée d’Agamemnon, l’amante désillusionnée  d’Egyste (un extraordinaire Stéphane FENOCCHI) , la gouvernante du palais en l’absence du maître. Et l’incomparable Itsik ELBAZ.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes qui dansent, personnes sur scène et personnes debout

La femme serait-elle la mesure de toute chose, l’antidote de l’absurdité de la guerre, de l’orgueil démesuré, des passions dévastatrices? Le grain de vie? La petite sœur d’Electre, Chrysothémis en témoigne. Son  absolu désir de vivre nous vrille le cœur ! Aussi convainquante qu’Ismène, sœur d’Antigone chez Jean  Anouilh. Jouée aussi par Wendy PIETTE.   Choose life !  Inutile de dire que ce spectacle est un haut lieu de réflexion, d’émotion et de beauté de mise en scène. A classer  parmi  les incomparables!

Dominique-Hélène Lemaire

« Les Atrides » au Théâtre Royal du Parc à Bruxelles du 16 janvier au 15 février 2020.

Avec Pierre CONSTANT, Daphné D’HEUR, Inès DUBUISSON, Itsik ELBAZ, Stéphane FENOCCHI, Wendy PIETTE, François SAUVEUR, Léopold TERLINDEN et Félix VANNOORENBERGHE

Mise en scène et adaptation Georges LINI

Assistanat Xavier Mailleux

Scénographie et costumes Thibaut DE COSTER et Charly KLEINERMANN

Lumières Jérôme DEJEAN

Musique Pierre CONSTANT et François SAUVEUR

Vidéo Sébastien FERNANDEZ / Copyright photos: Sébastien Fernandez

Photos :  Jérôme DEJEAN

20:15
15:00 LES DIMANCHES
15:00 LE SAMEDI 15 FÉVRIER 2020
RELÂCHE LES LUNDIS

DURÉE : 1h45 (pas d’entracte)

Lire la suite...
administrateur théâtres

« En attendant Bojangles » au Centre Culturel d’Eau de Gemmes

Hélène, puisque c’est d’elle que l’on parle, jamais  ne sera  la vieille accroupie de Ronsard… Jouée par Anne Charrier, aux côtés de Didier Brice, elle rayonne dans un spectacle enchanteur et enchanté et …terriblement courtois. Je parle de l’amour, bien sûr!  L’enfant, source de bonheur, joué par Victor Boulenger est-il décrié, sous son  nom vulgaire d'enfant-roi? Certes, non, c'est tout le contraire!  *Coup de foudre  donc  pour cette famille-enfant au triangle parfait, dessinant le visage joyeux du bonheur

L’image contient peut-être : 1 personne, sur scène et chaussures

Page après page, Le père a la parole et la loi de l’amour sous sa plume. Il transmet le roman de l’intranquilité de la vie et de sa miroitante fantaisie pour  ceux qui y croient.

L’enfant rebelle adoré reconstitue le puzzle de l’amour et se nourrit de son histoire comme s’il buvait du lait. Il parle fort, comme si déjà ses géniteurs avaient rejoint les esprits myrteux de l’ami Ronsard. Il est donc adulte.  …Et vous?  Dans ses mains – et dans les nôtres – un bouquet de mimosas et la poésie dont a été tissée toute son enfance. Un talisman, une aubaine, pour qui sait la voir, une musique sacrée qui donne les clefs du paradis sur terre, pour qui sait l’être!  Jamais le Néant! 

La femme aux mille et un prénoms, qui jamais ne sera une vieille accroupie, véhicule toutes les intentions de bonheur et leur réalisation et pourchasse  routines vermoulues et  fonctionnaires vert-de-gris. Elle met le feu aux avoirs, illustre la folie de la passion qui  ira jusqu’à la mort.  Et dans sa sagesse infuse, elle  prend la langue au pied de la lettre, telle une vestale de l’humour. Contrevenante des marées noires, elle choisit de fixer les étoiles, même dans un divan endormie, et flotte sa vie jusqu’au bout, entraînée par l’amour. Et lui, la suit,  bien sûr, comme dans l’Eté Indien. 
« On ira
Où tu voudras, quand tu voudras
Et on s’aimera encore Où tu iras…»
 

En_attendant_Bojangles-7509339.jpg

L’auteur de ce conte a retrouvé les accents succulents de Boris et de l’écume des jours. Il célèbre la communion de la folie amoureuse et signe …Olivier Bourdeaut. Victoire l’a saisi en plein vol et signe l’adaptation théâtrale et la mise en scène dans des décors de Caroline Mexme

Le spectateur se laissera séduire dès le premier son de cloche qui célèbre des noces profondes, celles qui se veulent absolues, quelles que soient les contingences, les noces des serments éternels qui ne verront jamais les amants désunis. Colin/Georges envisage Chloé/ Constance et les autres, comme un arbre magique, celui de notre éternel ami, Georges qui aimait tant Suzon? « Tu sais, fiston, Suzon a beaucoup d’imagination, elle joue avec tout, même avec sa filiation. Mais dans notre arbre généalogique, ta Maman, ce sont les racines, les feuilles, les branches et la tête en même temps, et nous, nous sommes les jardiniers, nous allons faire en sorte que l’arbre tienne debout et qu’il ne finisse pas déraciné. »

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes souriantes, personnes qui dansent et personnes debout

La critique emballée n’en dira pas plus, si ce n’est pour  se réjouir de la langue musicale follement bien habitée par le délicieux triangle  des comédiens, leur diction ravissante, leurs émotions à fleur de plume, leurs mouvements souples comme dans les rêves.   On se souviendra d’une mise en scène alerte, raffinée, subjugante même, puisqu’on entre de plein pied dans la danse foisonnante et volatile du texte,  malgré où grâce à l’économie de moyens. Le décor, c’est avec les mots et les gestes qu’il est planté  avec grâce infinie.  Bref, cette mise en scène est stupéfiante de puissance évocatrice. Il faut souligner que la musique et les choix de la bande sonore signée Pierre-Antoine Durand pavent l’histoire triste et belle de sublimes clair-obscurs.  La bande lumière (Stéphane Baquet) ,  de son côté  s’occupe de faire taire  le malheur… et d’ auréoler les instants joyeux.    Le choix des costumes ( de Virginie Houdinière)  s’emboîte dans l’histoire avec candeur. Les éclats de rire en mode majeur ou mineur surviennent comme autant de bulles de saveur partagée.  L’ensemble, très équilibré, et sans faute de goût,  vous insuffle un bonheur aussi bien apprivoisé que l’oiseau, Mademoiselle Superfétatoire, une grue demoiselle de Numidie, que Maetelinck aurait sûrement vêtue de bleu. Cette pièce à vol d’oiseau,  jouée entre Paris et Bruxelles, villes de douce connivence, est donc un bijou inclassable et irrésistible sauf à le classer dans la Voie lactée …parmi les étoiles.​ On remercie le Centre Culturel d’Auderghem  pour cette charmante   mise en chef-d’oeuvre théâtral.

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout, nuit et mariage

Une pièce d’après le roman d’Olivier BOURDEAUT (300.000 exemplaires vendus)« En attendant Bojangle »
Mise en scène : Victoire Berger-Perrin 
Avec : Anne Charrier, Didier Brice et Victor Boulenger
Adaptation : Victoire Berger-Perrin
Décors : Caroline Mexme
Costume(s) : Virginie Houdinière
Lumières : Stéphane Baquet
Musique : Pierre-Antoine Durand
Assistant(e) mise en scène : Philippe Bataille. Chorégraphie Cécile Bon. Collaboration artistique Grégori Baquet
Durée : 1h30

Centre Culturel D’Auderghem

Boulevard du Souverain 183, 1160 Bruxelles 02 660 03 03

Du 11 au 16 décembre 2018

  

*GEORGES (au public la mère immobile, le temps arrêté) « J’étais donc arrivé à ce moment si particulier où l’on peut encore choisir, ce moment où l’on peut choisir l’avenir de ses sentiments. Je me trouvais désormais au sommet du toboggan, je pouvais toujours décider de redescendre l’échelle, de m’en aller, fuir loin d’elle. Ou bien je pouvais me laisser porter, enjamber la rampe et me laisser glisser avec cette douce impression de ne plus pouvoir rien décider, confier mon destin à un chemin que je n’avais pas dessiné, et pour finir, m’engloutir dans des sables mouvants, dorés et ouatés. Je voyais bien qu’elle n’avait pas toute sa tête, que ses yeux délirants cachaient des failles secrètes, que ses joues enfantines dissimulaient un passé d’adolescente meurtrie, que cette belle jeune femme, apparemment drôle et épanouie, devait avoir vu sa vie passée bousculée et tabassée. Je m’étais dit que c’était pour ça qu’elle dansait follement, pour oublier ses tourments, tout simplement. Je m’étais dit bêtement que ma vie professionnelle était couronnée de succès, que j’étais presque riche, plutôt beau mâle et que je pouvais aisément trouver une épouse normale, avoir une vie rangée, tous les soirs prendre un apéritif avant le dîner et à minuit me coucher.»  


Dominique-Hélène Lemaire

Lire la suite...
administrateur théâtres

***** DANS MA TETE *****

Textes et interprétation : Rubina 

Elle est … Belle! Elle dansait dans sa tête… Elle avait 5 ans et débarquait ans un monde qui n’était pas le sien. Elle racontera tout cela, à cause d’une fêlure dans son horizon. Pendant la conférence sur la différence de nos codes d’accès à la réalité, sur nos stratégies de défenses, sur le fonctionnement de notre cerveau, elle est saisie par message étrange qui s’affiche sur son Iphone : « Je suis ton père et je suis dans la salle ! » Le choc ! Cette phrase fortuite dérange toute l’architecture de son discours, embrase son cœur et fait jaillir des larmes au coin de ses yeux. Des yeux magnifiques, de véritables brasiers à peine maquillés qu’elle promène de visage en visage dans la salle comble qu’elle caresse et dont elle se nourrit. Une chevelure vivante qui appelle un océan de rêves et de voyages.

Nous sommes devant une expérience troublante. La dame improvise son texte, de concert avec  sa  frangine au clavier. T’es toi quand tu danses… C’est là qu’elle va, c’est son but ! De trace en trace, elle fait surgir les souvenirs et les apprivoise, comme une magicienne. Plus rien ne pourra lui faire mal. Elle a fait ce travail d’écoute de soi, de rencontre avec l’être profond, dionysiaque peut-être… mais elle a rencontré l’éternel enfant en nous, source de toute création.  Le magnifique jeu corporel, la belle diction, le port de princesse de sang royal, tout contribue à faire de ce spectacle chercheur de vérités, un cadeau inestimable pour chacun des spectateurs qui l’écoute avec le cœur. Elle donne des noms de sages qui ont l'art de  reconstruire... 

Elle questionne : « Quel est votre rôle sur le grand échiquier où nous avons besoin d’exister? »  Elle se bat contre des tendances acquises : « Quand tu auras un diplôme, de l’argent, un couple,  des enfants, une maison, des voyages, tu seras heureux ! » Elle barre la route aux chemins tracés d’avance. Elle redonne des aimants aux désirs… à la capacité de manger la vie. Une bonne fée, quoi!

Elle explique encore que les manques de l’enfance se retrouvent dans les désirs  que forment inévitablement les parents à propos de leurs enfants. Compensation, quand tu nous tiens ! Pire encore, elle disserte sur l’absence du père. Elle revient sur son éducation, sur ses diverses métamorphoses, sur ses retours aux sources de  la souffrance. Et de fil en aiguille, elle répare, elle restaure par la voix et le geste, elle écoute ses talents, et toute en haut de sa nouvelle pyramide, elle installe le pardon. Car pardonner aux autres, c’est être. C’est être heureux.

Summertime, and the livin' is easy

Fish are jumpin' and the cotton is high
Oh, your daddy's rich and your ma is good-lookin'
So hush little baby, Don't you cry

One of these mornings you're gonna rise up singing
And you'll spread your wings and you'll take to the sky
But 'til that morning, there ain't nothin' can harm you
With Daddy and Mammy standin' by

Summertime, and the livin' is easy
Fish are jumpin' and the cotton is high
Oh, your daddy's rich and your ma is good-lookin'
So hush little baby, Don't you cry

One of these mornings you're gonna rise up singing
And you'll spread your wings and you'll take to the sky
But 'til that morning, there ain't nothin can harm you
With Daddy and Mammy standin' by

Elle a chanté  « Summertime » en solo appuyée sur le mur des incompréhensions et maintenant, elle danse. Elle a repoussé les murs.  Et nous, on applaudit à tout rompre dans une salle bondée…Et puis comme des gosses de quatorze ans, on ira lui demander des autographes… pour la remercier du fond de l’âme.  Elle est ... Elle. 

https://www.laclarenciere.be/SAISON_2016_2017/trismestre2.htm

Dates:Du 26 au 28 janvier 2017

Où:La Clarencière
rue du Belvédère, 20 1050 Ixelles

Contact http://www.laclarenciere.be 
fabienne.govaerts@skynet.be 
02/640.46.76

Lire la suite...
administrateur théâtres

« Nous naissons, pour ainsi dire, provisoirement quelque part et c'est peu à peu que nous composons - en nous - le lieu de notre origine pour y naître - après coup - et chaque jour plus définitivement. » Rainer Maria Rilke « Lettre à Franz Xaver Kappus - 23 avril 1923 » 

Avec sa féminine clairvoyance, sa générosité parentale, son amour et sa connaissance de la Thaïlande au passé comme au présent, Michèle Jullian nous invite dans un voyage initiatique loin de tout cliché, autour de l’identité. Une femme bleue raconte le parcours d’une jeune fille parisienne adoptée qui rêve de retrouver sa mère biologique en Thaïlande. Cette quête de la vérité passionnera non seulement les jeunes adoptés à la recherche de leurs racines ou leur famille, pour ce qui est de l’aspect témoignage, mais aussi tous ceux qui s’intéressent à l’altérité. La fraîcheur du style de notre époque est dans la bouche de l’héroïne.

Dans ce témoignage empreint de respect, offrant des réponses très humanistes à nos questionnements, Michèle Jullian nous emmène dans un voyage affectif, spatial et temporel, à la recherche finalement de ce qui compose l’amour vrai. Le bonheur n’est-il pas un voyage, plutôt qu’une destination? Depuis son roman « Le théâtre d’ombres » qui avait pour cadre la Thaïlande, lui aussi, Michèle Jullian excelle dans l’art de mêler la vie vécue de la fiction, et c’est ici probablement la sagesse vécue qui l’emportera.

Le jour de l’anniversaire des 18 ans d’Amata, tout bascule pour la famille qui l’a adoptée depuis sa plus tendre enfance à Paris. On lui a tout donné :lycée Charlemagne, aisance matérielle, vêtements griffés, ciel familial apparemment sans nuages. Mais avec la complicité de son ami Shanti, d’origine indienne, elle s’évade de sa vie plus-que parfaite et tranquille auprès de sa famille adoptive et vole seule vers le pays de ses racines. La seule chose qui n'a pas d'ombre c'est la lumière et c’est vers la lumière que s’élance la jeune étudiante en pose sabbatique. 

Perdue entre le comment et le pourquoi, la vérité, elle la trouvera au bout de son périple plein de bleus. Ce qui compte c'est le message de Michèle Jullian qui analyse très finement le besoin de vérité qui anime particulièrement une ado adoptée. Et on trouve dans ce roman une multitude de questions cruciales que tous les enfants se posent : est-ce que mes parents m’aiment ? Et est-ce que je m’aime? Puis, quelqu’un peut-il m’aimer? Quel est le sens de ma jeune vie? Des questions fichées dans l’humus de la souffrance primordiale, la question lancinante du pourquoi de l’abandon à la naissance. Amata va se faire renaître une deuxième fois. Faut-il se ressembler pour avoir un lien de filiation ou pour s'aimer? Une chance, Amata et sa grand-mère parisienne sont sur la même longueur d’ondes, même si elles n’ont pas « un air de famille ». Une chance, Amata a rencontré Shanti, lui aussi adopté et qui a grandi en France et avec qui elle correspond, secrètement, précieux intermédiaire avec la famille parisienne qui respecte le vœu de leur fille de ne pas succomber à la tentation de l’appeler. Amitié d’enfance ? Amour naissant ? 

51k4LUScuqL._SX210_.jpgVous découvrirez que le texte vit au rythme de la vie en Thaïlande, surtout au cœur de la province Isan. Michèle Jullian brosse au passage un tableau lucide des conditions de vie contemporaines et ancestrales de cette culture si différente de la nôtre. Préparez-vous avec Amata au Culture Shock ! Bien sûr toute personne qui a séjourné quelque temps dans ce pays se retrouvera dans les rires, les odeurs, les saveurs, et les sonorités orientales évoquées avec tant de sensibilité e de justesse. Il y savourera les paysages, la vie de village qui y est décrite, le mode de vie écartelé entre modernité intense et tradition locales. Michèle Jullian a en effet un flair d’anthropologue et son amour du pays est empreint de grande lucidité à l’évocation du contexte historique ou politique qui ne manque pas de marquer le roman d’autres teintes que le bleu. Ses pages sont émaillées de phrases en langue locale qui ne manqueront pas de faire plaisir à ceux qui ont vécu dans cette partie du monde, à la fois tant exaltée pour son image paradisiaque et tant décriée pour son tourisme parfois si peu recommandable. 

Mais, tout au fil tendu du récit, le texte ne cesse de palpiter bruyamment, au rythme du désir de savoir et de retrouver celle qui vous a fait naître avant de savoir vers où on va, les yeux grand ouverts. 

Michèle Jullian

ISBN : 2875910507 
Éditeur : FORTUNA (2015)
Lire la suite...
administrateur théâtres

12273117698?profile=original                                                       Des gammes contre la croix gammée!

Cultissime! Les metteurs en scène Daniel Hanssens et Jack Cooper ne nous ont pas déçus dans cette comédie musicale à la française, produite au Festival de Théâtre Bruxellons et servie par la très belle orchestration de Pascal Charpentier!

Nous sommes dès les premières notes des religieuses du couvent de Nonnberg dans un registre de très haute performance, emmené par de vibrants chants en latin - clin d’œil discret aux racines de notre culture occidentale que personne ne s’est mêlé de traduire.  La musique sacrée captive dès l’entrée, pour se  métamorphoser très vite  en musiques d’amour. L’amour de la nature, l’amour mystique, l’amour de la musique, l’amour des enfants, l’amour des couples, l’amour de la vie, l’amour de la patrie: Edelweiss! Le titre français de la comédie musicale  « The Sound of Music » glisse vers une  certaine mièvrerie. Pourquoi donc ce titre « Mélodie du bonheur » façon Parapluies de Cherbourg,  qui laisse une impression de  bonheur fané  et pas  quelque chose de plus fort, de plus  attrape-rêves , une allusion plus directe à l'exquise gamme  harmonique des sept enfants de la famille von Trapp?

12273117658?profile=original

11781597_863286797095534_5963066442588535094_n.jpg?oh=e980ff6c0214e5334a03b095b5d4e721&oe=5655D38C&width=370Ce spectacle, finement mis au point  depuis plus d’un an,  crée en effet une résonnance harmonique étonnante et rare entre public et acteurs. Est-ce grâce au diapason magique de Liesl (Maud Hanssens), la plus  âgée des sept enfants du Bonheur? Est-ce grâce à la merveilleuse résonnance du texte français qui n’a rien à envier à la version originale anglo-saxonne? A l’accent grave et particulier de la diction  impeccable de Wim Van Den Driessche? A la grâce naturelle et au timbre cuivré de la révérende mère supérieure, Marie-Laure Coenjaerts, un être lumineux et généreux? Aux rêves des comédiens qui se rencontrent?  A l’authenticité de la démarche?  

Deux thèmes puissants et profonds s’enlacent tout au long de l’histoire romanesque et vraie de Maria et sa famille recomposée : la recherche du sens de notre vie sur terre et l’attachement à ce qui rend notre vie vibrante et épanouie. La deuxième partie du spectacle insiste particulièrement sur le droit, si pas le devoir, de se rebeller lorsqu’un pouvoir dictatorial veut vous imposer son mode de pensée, et veut  broyer vos libertés ou vos valeurs. Celui qui ne se rebelle pas n’a pas le droit de se lamenter. Tout cela est très présent dans ce magnifique spectacle qui donne matière à penser sous des dehors très innocents.  

12273117468?profile=originalLa jeune et pétulante Maria parcourt un immense chemin  à la recherche de sa vérité et tire le capitaine von Trapp (Wim Van Den Driessche) de l’isolement de  la sombre caverne où il s’était réfugié à la mort de sa femme. Elle  le ramène progressivement  vers l’émerveillement et la joie solaire qui inonde les collines, où ils  peuvent entrevoir ensemble, le Beau, le Bien, le Bon. Quelle catharsis! Quel petit bout de femme volontaire, animée par L’Esprit, que cette subtile Maria sublimement interprétée par Laure Godisiabois. Si ce spectacle donné dans la cour du château du Karreveld dont le festival d’été fête ses dix-sept ans cette année, revêt toutes les qualités esthétiques, chorégraphiques,  scéniques et musicales dont on pouvait rêver, on  se met à rêver que soit immortalisée cette magnifique fleur des planches estivales bruxelloises  sous forme de film… à se repasser en boucle pour le plaisir, comme une vivante image d’Epinal aux vertus protectrices!

12273118100?profile=originalLes plaisirs sont nombreux, celui d’un décor très astucieux qui sait jumeler les collines  autrichiennes couvertes de vignes et de monastères, l’orage qui déferle dans la maison cossue, les jardins et terrasses d’un parc, l’intimité d’une chambre de gouvernante où bondissent les oreillers, et le luxe des salons et escaliers d’honneur menant aux chambres d’enfants.  La pureté et la beauté des chants des enfants, leurs savoureuses chorégraphies faites à la fois de spontanéité et de grande professionnalité montrent qu’ils se sont tous totalement investis et quel que soit l’âge, dans leur jeu théâtral et musical. Seven go to Heaven!  Une vraie source d’émerveillement en soi! Sans parler de l'extraordinaire  défilé de costumes imaginé par Françoise Van Thienen et son équipe! Car ...Maria a des doigts de fée, en plus de sa guitare!

11227632_10205835557902042_2010019044920999228_n.jpg?oh=5a73d3c28e0a522011880d84f4812e00&oe=56499338&width=505 Et qu'ils sont admirables et drôles dans leurs rôles secondaires joués avec intensité : Nicole Valberg (Frau Schmitt), Perrine Delers (la Baronne Schraeder), Pierre Pigeolet (Max), Roland Bekkers (Franz) et le jeune Damien Locqueneux dans le rôle de Rolf! Une distribution royale.   Le plaisir final est un éclatement de bonheur, lorsque fusent autour de vous, des applaudissements frénétiques et des huées lancées ça et là aux pauvres figurants bardés de croix gammées!

12273118495?profile=original 

http://www.lamelodiedubonheur.net/ZZSpectacle2.php?spectacle=La Mélodie du bonheur

  

Lire la suite...
administrateur théâtres

LE SECRET DES CIGALES/PATRICK SEBASTIEN (C.C.AUDERGHEM)

LE SECRET DES CIGALES/PATRICK SEBASTIEN (C.C.AUDERGHEM)

Au début  était le chant des cigales. Voici un vibrant hommage à Marcel Pagnol qui célèbre justement cette année  le cent-vingtième anniversaire du savoureux écrivain méridional. Le texte a été  concocté par Patrick Sébastien dans l’atelier théâtre de Rocamadour avec quelques complices... L’animateur de télévision bien connu nous  a tricoté une histoire de famille ourlée de chapelets de secrets, de silences tragiques et de mensonges bien noirs que le ciel de Provence se chargera d’éclaircir.

Le décor pourrait certes être plus proche de la couleur locale. Disons que l’on est, tout au plus en Belgique méridionale, dans des Ardennes Provençales!  Cela manque de tuiles romaines et de toile cirée estampillée de rameaux d'olives. Imaginez une cuisine de schiste nu et colombages, la table de cuisine revêtue d’un Vichy rouge et blanc, la grande horloge,  la commode kitch, des casseroles pendues par ordre de taille à l’archelle de l’autre côté du comptoir de cuisine  nanti d'un percolateur en plastique blanc, une porte vers le jardin et la route à droite et une autre à l’opposé surmontée d'un trophée de chasse, vers les chambres du haut où l’on entend tout ce qui se dit à la cuisine. Quelques chaises rustiques.

Mais dès les premières répliques, la magie théâtrale opère et soulève un vent de mistral gonflé de l’accent du Midi. Honoré/Patrick Sébastien, un misanthrope bourré de préjugés, vit seul dans sa maison avec Hippolyte, un garçon simple et serviable recueilli par sa défunte épouse, Marie-Louise. Sa sœur, Jeanne débarque  juste après les funérailles pour élucider les raisons de son absence au bord de la tombe de sa femme et  pour essayer de raccommoder les vieilles blessures familiales. Il a une fille unique Joséphine, nantie d’un diplôme d’infirmière avec laquelle il a rompu… apparemment pour de sombres raisons racistes.  Les secrets de famille se dénouent et les langues se délient au vin blanc plutôt qu’au pastis. La colère fait rage, les esprits s’emportent et s’affrontent, le comique des situations désamorce les emportements, le sang bouillonne. Hippolyte/Yves Pujol*,  enchaîne les pitreries et sa soif d'amour et de reconnaissance.

12273067272?profile=originalC’est Daudet qui raconte l’enfance malheureuse, c’est Guernica de Picasso qui est pris à témoin, c’est  Joséphine qui joue désespérément à cache-cache avec son père, c’est la vertu des principes contre celle des sentiments. C'est  un couple pudique qui voulait donner à l’autre  sa plus belle preuve d’amour?  Le grand vent du sud nous a apporté  le très précieux cadeau d'une langue vive,  du rire et  de l’émotion. Une immense tendresse finit par balayer les planches et la salle entière. Conquise par l’aboutissement théâtral, elle se lève et applaudit à tout rompre le brillant quatuor de comédiens tant cette soirée sur le mode mistral a fait du bien!  Oui, les cigales, ça chante en hiver, même quand la bise fut venue!  


Auteur: Patrick SEBASTIEN
Mise en Scène : Patrick SEBASTIEN et Olivier LEJEUNE
Décor : Nathalie BOUTOT et Gérald GALIANO
Avec : Patrick SEBASTIEN, Hélène NEVEU LE BAIL, Corinne DELPECH et *Yves PUJOL, grand humoriste, régulièrement au théâtre des variétés en One man show avec son spectacle "j'adore ma femme", coécrit avec Georges Wolinski et les auteurs de Nicolas Canteloup

 

 

20 au 24 janvier à 20h30, le 25 janvier à 15h.
Centre Culturel d'Auderghem boulevard du Souverain 183 à 1160 Bruxelles.

Réservation : 02.660.03.03 et www.cc-auderghem.be

 

Lire la suite...

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles