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comédie (193)

administrateur théâtres

LA VIEILLE FEMME :

Les six chapitres sont, écoute-moi bien : comment on quitte une famille, comment on se trompe de famille, comment on trouve une famille, comment on perd une famille, comment on se passe d’une famille et comment on fabrique une famille. Tu aimes ?

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Avec la complicité de : Cyril Briant, Sébastien Chollet, Bruce Ellison, Pierre Jacqmin, Emmanuelle Mathieu, Héloïse Meire, Fabrice Rodriguez, Anne Romain, Coralie Vanderlinden et Isabelle Wéry, une histoire abracadabrante à dormir debout est racontée par une grand-mère hors d’âge à sa petite fille hors normes. Pour l’histoire, elle redevient « la petite fille ».  Le but c’est d’exposer les dysfonctionnements d’une société malade à travers le malheur enchaîné au méli-mélo mélodramatique d’une famille témoin que l’on appellera Borgia. Malaise assuré ! "Quels temps nous vivons !"

Jean-Michel d’Hoop le metteur en scène donne au bric-à-brac d’élucubrations de Thomas Gunzig en plein trip de déconstruction familiale, un look tantôt surréaliste, burlesque et déjanté, tantôt franchement cauchemardesque dont il enchaîne les séquences avec un train d’enfer. Il est où le texte?  De totalement inesthétique, le texte se pare de vie et de beauté scénique ahurissante et le résultat est franchement hallucinant! Quel cirque et quels talents! Les comédiens et les marionnettistes ont tout donné dans leur amplification théâtrale! On a presque aimé!

12273089070?profile=originalDans le fouillis d’agressions visuelles et sonores orchestrées par le metteur en scène, et dans un décor qui rappelle le jeu de Cluedo,  vous verrez s’articuler des personnages vivants - archétypes de père, mère, grand-parents, oncle, frère – et deux fabuleuses marionnettes de Natacha Belova  accompagnées de  leur daemons changeants, puisque ce sont les personnages qui tour à tour prennent la relève dans l’animation des poupées. Vous regarderez avec horreur  la valse des gnons qui pleuvent sur une famille en bataille rangée, vous vous surprendrez à ausculter la victime d’un accident sur un lit d’hôpital et une nouvelle tête qui parle comme le bouffon de Shakespeare… en plus élémentaire.    Ensuite un épisode aussi glaçant que le conte de Barbe Bleue façon Patpong vous fera hurler de dégoût et détester les chiens.  Puis celui d’une famille tellement triste qu’elle est moche à en mourir vous plongera dans un malaise plus collant que de la mélasse. Après ce jeu de massacre,  il n’y a plus qu’à rechercher un nouveau modèle, mieux construit avec mode d’emploi inclus… pour fabriquer des nouvelles petites filles! Ouf, la résilience existe, thanks God, it’s Saturday! On respire!

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Le mode d’emploi, c’est assurément ce qui surnage dans cet océan de désamour : la parole circule  entre une petite fille et sa grand-mère qui, par magie ou par instinct, ont réussi à semer les fantômes et  à se rencontrer pour de vrai. Quel périple initiatique barbare, dans un monde de barbares! Il est vrai que des barbares, il y en a plein: tous ceux pour qui l’autre n’existe pas !  Les contes, c’est pour avoir peur, non ? « T’inquiète, dit la petite tête… après un certain temps, tout finit par s’arranger ! » On finit toujours par accepter les choses comme elles sont. Et ivre de vivre, enfin dormir et mourir, où le contraire.   Et ainsi les petites filles à l’âme de chèvre deviennent des grand-mères, à leur tour!

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/20.html

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administrateur théâtres

'On commence la semaine avec une bonne nouvelle? #DernierCoupDeCiseaux sold out pendant 6 semaines ! Reprise obligée la saison prochaine !!!'

SOLD OUT! La dernière du « Dernier coup de ciseaux » au TTO valait la peine ! Envoyons d’abord le  négatif, mais qui devient vite positif si on utilise le filtre du second degré, et il y en a qui adorent ce philtre ! Donc on est dans un atelier de coiffeur. Il est gay jusqu’au bout des cheveux en passant par une short-slip à rayures et  il exhibe une contenance franchement outrancière, clichés burlesques garantis. Son assistante, une Nabila-bis est  renversante de bêtise,  sanglée dans ses  clichés ad hoc. Il y a aussi deux clients impatients d’en finir, dont l’un se révélera être capitaine de police et l’autre une grande gueule liée au show-biz.  Enfin une grande dame très jet set, habituée à la domesticité,  débarque en retard pour l’heure des  bigoudis. Echanges verbaux bas de gamme dans tous les sens,  sans cesse interrompu par les gammes échevelées d’une pianiste has been à l’étage du dessus qui  de son côté, shampouine  éternellement le  même morceau de Rachmaninov.  La tranche de vie s’active, le coiffeur explose,  les langues se délient, les rancœurs se déversent entre les coups de  rasoir en folie. Ce que l’on déplore, c’est le nombre de décibels, les accents appuyés  et une adaptation belgo-belge de la pièce originale* un peu lourde, les voix sont fort rugueuses. Mais qu’est-ce qu’on est venu faire dans cette galère ?

L’orage éclate : on annonce qu’Isabel Czerny la pianiste, propriétaire de l’immeuble? est morte assassinée. Cela tourne au suspense d’Agatha Christie. Comme dans « An inspector calls » de JB Priestley, l’une de nos premières lectures en anglais, tous les personnages ont de bonnes raisons pour l’avoir liquidée - à coups de ciseaux – il va sans dire ! C’est à qui va faire porter le chapeau à l’autre. Les comédiens se déchirent dans le salon clos.

 Le coup de maître c’est que la pièce quitte les planches et prend la tournure d' un jeu de Cluedo. Le public est soudain pris à partie, on allume la salle et c’est  à lui de faire la reconstitution intégrale de crime. C’est lui qui  peut tente de mener en bateau les comédiens farceurs dont l’esprit fertile doit  répondre par de l’humour  instantané. Sacré défi, de toutes parts! Le tout  sous la baguette mi-sérieuse, mi-militariste du capitaine de police et de son ridicule acolyte.  Et cela se joue peu à peu comme une livre (enquête policière) dont vous êtes le héros. Et chut, tour de passe-passe, le ou la coupable est différent tous les soirs! La majorité du public y est allé en famille et  les enfants y vont ferme de leur esprit de déduction et de leurs observations malicieuses. Un vrai régal! Un spectacle récréatif avec des comédiens de choc pour public de préférence créatif!  

 

C’était du Du 22 janvier au 28 février 2015 au   Théâtre de la Toison d’Or

 

Un succès mondial : Paul PORTNER "Scherenschnitt oder Der Mörder sind Sie" 1963

 

- Adaptation américaine: « Shear madness » plus de 9 millions de spectateurs,

- Adaptation française signée par le réalisateur Sébastien Azzopardi, écrite par Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, Paris 2011. DERNIER COUP DE CISEAUX : MOLIERE DE LA MEILLEURE COMEDIE 2014 4ème année, plus de 1000 représentations, près de 300.000 spectateurs à Paris...

 

 

- mise en scène au TTO (2015) : Aurelio  MERGOLA

Avec : Jean-François Breuer, Catherine Decrolier, Thomas Demarez, Pierre Lafleur, Frédéric Nyssen et Nathalie Uffner

 

http://www.shearmadness.com/ has no closing date in sight!

http://www.theatredesmathurins.com/ en cours!

http://www.ttotheatre.com/programme/dernier-coup-de-ciseaux  A l'année prochaine!

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

   Dense ou Danse ?

Une « Oeuvre au Noir » lumineuse présentée comme un chant choral par un sextuor d’artistes-comédiens exaltés et totalement engagés vient d’être portée  sur la scène par  Christine Delmotte, la metteuse en scène passionnée qui a pris à bras le corps ce texte foisonnant de Marguerite Yourcenar.

Zénon chemine libre, insaisissable et plein d’esprit. Il incarne le corps et l’esprit de l’homme intègre libéré de tous les  intégrismes.   Son  mouvement perpétuel de recherche ne cesse de le métamorphoser. Il renaît devant chaque découverte qui fait avancer l’homme, fuyant l’idole de la vérité, lui préférant « les exactitudes », abhorrant par-dessus tout l’hypocrisie et la compromission. Il  nous est d’une modernité saisissante. «  Un autre m’attend ailleurs. Je vais à lui. Hic Zeno. Moi-même.» Socrate moderne, homme de bien il répand le réconfort, soigne les malades, éclaire de sa sagesse,  là où il passe -  auprès de nous, spectateurs étonnés du XXIe siècle -    faisant feu sacré de toute idée généreuse et novatrice.  Aventurier du savoir, il s’invente un art de vivre basé sur le questionnement, il ne prend jamais la grand-route, il prend les chemins de traverse. Tour à tour,  il « est », un par un, tous les aveugles de Breughel  cheminant dans la neige de la blanche certitude sous le pâle soleil nordique, il est aussi  Breughel, Paracelse, et Léonard de Vinci.  A lui tout seul  il bouillonne, tel un formidable  creuset d’alchimie humaine sublimée. Il sera aussi la victime de l’Inquisition, mais au fond de son cachot il s’autorisera à disposer de lui-même et accèdera à la sérénité dans son pèlerinage vers la mort. S’il n’a pas réussi à changer les matières vulgaires en or, il aura transformé la peur et meurt dans la lumière, n'ayant eu de cesse que de faire reculer les frontières de l'esprit. Quelle victoire sur l’obscurantisme !

  Seuls les non-dupes errent ! Le voyage est autant  intérieur que spatial et temporel. « Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ? » Partagée entre le « je » et le « il »  la parole de l’humaniste du XVIe siècle nous revient dans les  éclats  de voix d’un miroir  de l’histoire patiemment reconstituée  qui nous emmène sur les pas de l’errance et du voyage. Les généreux acteurs jouent le jeu avec adresse et empathie. Ils sont pieds nus, campés dans le XXIe siècle et tour à tour ils donnent corps au personnage mythique. Le texte est dense, on voudrait s’arrêter, mais le miroir de l’histoire n’en finit pas de scintiller… comme la neige ?

Une longue table de taverne ou de cantine d’artistes, des grilles de prison qui barrent les visages, quelques œuvres de grand maîtres projetées sur un débris de mur de briques, un plan de l’ancienne ville de Bruges,  une tringle où pendent des costumes d’époque, mais l’époque a-t-elle une quelconque importance ? Seuls comptent les talents !  Et les artistes en regorgent. Dans le jeux d'ombre et de lumière, la voix est maître. Une bonne dizaine d’œuvres chantées par Soumaya Hallak fait le lien entre les scènes et les époques. Les extraits éclectiques de l’histoire de la musique permettent un temps de pause  dans la  réflexion pour se fondre dans l’émotion musicale. Cela va  de la découverte du  « Pirate's gospel » d'Alela Diane en passant par un air Gascon d'Etienne Moulinié, un « Salve Regina » de Monteverdi puis « Godi turba mortal »tiré de la Pellegrina d'Emilio de Cavalieri, un « je t'ai aimé » extrait d'une chanson en arabe de Fairouz, le « Sancta Maria » de John Rutter, « le Lamento de Didon » d’ Henry Purcell et un renversant  « Lascia ch'io Pianga » de Georg Friedrich Händel pour terminer par « Crucifixion » de Samuel Barber. Le tout en solo, sans autre instrument que la voix humaine et l’une ou l’autre percussion, devant le parterre ébahi des spectateurs conscients qu’elle recommencera 26 soirs d’affilée! La dame est chanteuse lyrique, diplômée de la chapelle Musicale Reine Elizabeth sous la houlette de José Van Dam. 

 Les cinq autres comédiens sont d’une trempe tout aussi extraordinaire. La parole danse, libre et partagée. Il y a la délicieuse Stéphanie Van Vyve que l’on court voir à chacune de ses apparitions sur scène, il y a la découverte de Stéphanie Blanchoud qui incarne avec tant de dignité et d’humanité les derniers instants de Zénon. Il y a ce duo extraordinaire des voix masculines et chaudes de Serge Demoulin et Dominique Rongvaux qui avec Nathan Michel évoquent avec profondeur cet homme beau comme une cathédrale de la condition humaine. Oui, ce spectacle est inoubliable!

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece4.html

Marguerite Yourcenar - Cie Biloxi 48

Du 14.01 au 14.02.2015

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LE SECRET DES CIGALES/PATRICK SEBASTIEN (C.C.AUDERGHEM)

LE SECRET DES CIGALES/PATRICK SEBASTIEN (C.C.AUDERGHEM)

Au début  était le chant des cigales. Voici un vibrant hommage à Marcel Pagnol qui célèbre justement cette année  le cent-vingtième anniversaire du savoureux écrivain méridional. Le texte a été  concocté par Patrick Sébastien dans l’atelier théâtre de Rocamadour avec quelques complices... L’animateur de télévision bien connu nous  a tricoté une histoire de famille ourlée de chapelets de secrets, de silences tragiques et de mensonges bien noirs que le ciel de Provence se chargera d’éclaircir.

Le décor pourrait certes être plus proche de la couleur locale. Disons que l’on est, tout au plus en Belgique méridionale, dans des Ardennes Provençales!  Cela manque de tuiles romaines et de toile cirée estampillée de rameaux d'olives. Imaginez une cuisine de schiste nu et colombages, la table de cuisine revêtue d’un Vichy rouge et blanc, la grande horloge,  la commode kitch, des casseroles pendues par ordre de taille à l’archelle de l’autre côté du comptoir de cuisine  nanti d'un percolateur en plastique blanc, une porte vers le jardin et la route à droite et une autre à l’opposé surmontée d'un trophée de chasse, vers les chambres du haut où l’on entend tout ce qui se dit à la cuisine. Quelques chaises rustiques.

Mais dès les premières répliques, la magie théâtrale opère et soulève un vent de mistral gonflé de l’accent du Midi. Honoré/Patrick Sébastien, un misanthrope bourré de préjugés, vit seul dans sa maison avec Hippolyte, un garçon simple et serviable recueilli par sa défunte épouse, Marie-Louise. Sa sœur, Jeanne débarque  juste après les funérailles pour élucider les raisons de son absence au bord de la tombe de sa femme et  pour essayer de raccommoder les vieilles blessures familiales. Il a une fille unique Joséphine, nantie d’un diplôme d’infirmière avec laquelle il a rompu… apparemment pour de sombres raisons racistes.  Les secrets de famille se dénouent et les langues se délient au vin blanc plutôt qu’au pastis. La colère fait rage, les esprits s’emportent et s’affrontent, le comique des situations désamorce les emportements, le sang bouillonne. Hippolyte/Yves Pujol*,  enchaîne les pitreries et sa soif d'amour et de reconnaissance.

12273067272?profile=originalC’est Daudet qui raconte l’enfance malheureuse, c’est Guernica de Picasso qui est pris à témoin, c’est  Joséphine qui joue désespérément à cache-cache avec son père, c’est la vertu des principes contre celle des sentiments. C'est  un couple pudique qui voulait donner à l’autre  sa plus belle preuve d’amour?  Le grand vent du sud nous a apporté  le très précieux cadeau d'une langue vive,  du rire et  de l’émotion. Une immense tendresse finit par balayer les planches et la salle entière. Conquise par l’aboutissement théâtral, elle se lève et applaudit à tout rompre le brillant quatuor de comédiens tant cette soirée sur le mode mistral a fait du bien!  Oui, les cigales, ça chante en hiver, même quand la bise fut venue!  


Auteur: Patrick SEBASTIEN
Mise en Scène : Patrick SEBASTIEN et Olivier LEJEUNE
Décor : Nathalie BOUTOT et Gérald GALIANO
Avec : Patrick SEBASTIEN, Hélène NEVEU LE BAIL, Corinne DELPECH et *Yves PUJOL, grand humoriste, régulièrement au théâtre des variétés en One man show avec son spectacle "j'adore ma femme", coécrit avec Georges Wolinski et les auteurs de Nicolas Canteloup

 

 

20 au 24 janvier à 20h30, le 25 janvier à 15h.
Centre Culturel d'Auderghem boulevard du Souverain 183 à 1160 Bruxelles.

Réservation : 02.660.03.03 et www.cc-auderghem.be

 

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administrateur théâtres

12273067452?profile=originalUn Don Juan aux semelles de vent!

 

Thierry Debroux, le metteur en scène, explique : « ce n’est pas l’attitude de libertin que Molière condamne à la fin de son texte mais l’aptitude de ses contemporains à feindre la dévotion. Pas étonnant que la pièce, bien qu’appréciée par Louis XIV, fut retirée assez vite de l’affiche et ne fut plus rejouée du vivant de son auteur. Une autre lecture de la pièce pourrait nous amener à penser que le véritable enfer de Dom Juan, c’est le consumérisme, et en cela il représente à merveille notre société contemporaine. Il consomme les femmes, comme notre société consomme les objets, mais cette consommation finit par le lasser. Il provoque toujours plus le ciel. Il sait qu’il fonce droit dans le mur...et plus Sganarelle ou Elvire tentent de lui ouvrir les yeux sur la catastrophe imminente, plus il s’obstine à se vautrer dans le scandale… ».

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 Voilà donc campé un Dom Juan mobile, épris de vitesse et de changement, fuyant l’étau de l’autorité et des responsabilités  au pas de course,  blasphémateur, tellement iconoclaste et impénitent que l’on finit par s’en faire une idée à la limite de la caricature. C’est Sganarelle - le héros de ce drame joué à l’origine par Molière lui-même - qui rassemble dans son personnage toute notre sympathie et notre admiration de spectateurs. D’entrée de jeu il a établi une connivence immédiate avec les fumeurs de la salle - une minorité sans doute - mais qui a atteint le reste du public de façon virale tant son jeu théâtral est juste, désopilant et plein d’esprit. Le tabac soudain fédérateur fait un tabac!  Dans ses manières si humaines, pleines de bon sens, loin de tout extrême, il dénonce les -ismes du monde et les fracas impies de son maître à coup de formules et de questions bien senties. On l’adore et on compatit avec ses faiblesses, puisqu’il sera le grand perdant : « Voilà par sa mort un chacun satisfait: Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content. Il n'y a que moi seul de malheureux… » « Mes gages, mes gages ?» hurle-t-il à la fin. Même les grands évanouis, les petits trinquent toujours.  Et Benoît Van Dorslaer est un tout grand comédien !

12273066458?profile=original Cependant,  à force d’effets  burlesques  foudroyants, ce Dom Juan interprété avec fougue et énergie par  Bernard Yerlès  ne perd-il pas  un peu la trace du libertin bon teint, apôtre de la transgression et suprêmement humain,  et qui se sent en incompatibilité absolue  avec les nœuds du monde qui l’entoure ? Lorsqu’il veut  désespérément inventer une nouvelle mesure des choses, des êtres et des événements et court assoiffé d’espace vital et de désir, ne court-il pas directement …à sa propre perte? Ironie du sort, il commettra lui-même le péché d'hypocrisie qu'il abhorre!

  En effet, le Dom Juan intemporel de Molière est un futur héros du 18ème siècle : il poursuit tel un Don Quichotte, une liberté  chimérique qui sans cesse se dérobe. Il rêve d’une égalité de chacun, dans la fraternité  et devant la Raison.  Si Dom Juan consent à donner la pièce au mendiant dans la scène du pauvre, il le fait par amour pour l’humanité, non par peur du châtiment divin. Jean-Jacques Rousseau écrit dans la première version de son "Du contrat social" en 1762 : "La terre entière regorgerait de sang et le genre humain périrait bientôt si la Philosophie et les lois ne retenaient les fureurs du fanatisme, et si la voix des hommes n'était plus forte que celle des dieux." Et bien que Sganarelle nous  soit si sympathique, n’est-il pas temps de  traverser une période hantée par les abus de pouvoir, le puritanisme et la bigoterie par le rire étincelant et blasphémateur grâce au personnage décrié de Dom Juan?  

 

 Situations baroques qui bouillonnent d'impertinence… et le public de rire de bon cœur  ou de se récrier au cours de cette tragi-comédie inquiète et impatiente. Les décors évanescents faits de splendides boiseries épurées et lumineuses enchaînent les paysages imaginaires  les plus variés puisque Molière a décidément rompu avec les règles classiques de l’unité de temps, de lieu et d’action.

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Au niveau de l'excellence théâtrale, le comédien Luc Van Grunderbeeck qui se glisse dans de multiples personnages (Dom Louis, le Pauvre et Le Commandeur) fait merveilles et sera salué avec passion!  La langue admirable de l'auteur dramaturge est une constante qui émeut et fait plaisir,  superbement préservée dans son rythme et sa poésie malgré l’absence de versification… Fermez les yeux, c’est Molière qui  berce l’humain  entre Dom Juan et Sganarelle!  

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Le mot de Thierry Debroux:

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

 

Le 15 février 2015, au lendemain de notre dernière  

représentation, cela fera, jour pour jour, 350 ans que se  

donnait pour la première fois le Dom Juan de Molière. 

Profitant du départ des Italiens qui jouaient avec grand succès 

un Dom Juan, Molière s’empare de l’intrigue et en quelques 

jours, dit-on, écrit la pièce que vous verrez (ou reverrez) ce soir.

 

On a tout écrit sur Dom Juan et on l’a « cuisiné » avec mille 

épices différentes.Mozart, comme vous le savez, en a fait un opéra avec le 

concours de Da Ponte et tout récemment, au Théâtre Royal de  

la Monnaie, la mise en scène de ce chef-d’oeuvre a suscité une  

vive polémique.

 

Mais revenons à Molière. La pièce est étrange et mélange  

tous les genres. On passe sans transition d’une discussion  

philosophique à un numéro de commedia dell’arte… Molière  

fait de nombreux emprunts à la version italienne… mais  

dépasse la farce, effleure la tragédie, plonge dans le drame, ose  

le grand guignol…

 

Nous avons tenté de prendre en compte tous les chemins  

qu’emprunte l’écriture, tous les genres littéraires qui se  

superposent.

 

A l’époque où Molière écrivit ce chef-d’oeuvre, ses provocations  

lui attirèrent les foudres des intégristes. Il risqua sa vie comme  

l’ont risquée les dessinateurs de Charlie Hebdo, à qui je veux  

rendre hommage ici.

 

J’espère que vous passerez un bon moment en compagnie d’un  

auteur courageux. 

Du 15 janvier au 14 février 2015

(29 représentations).

http://www.theatreduparc.be/

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 Dès le début décembre, le tout-Bruxelles fait voile vers la galerie de la Reine pour se plonger dans "le" spectacle  bruxellois par excellence : La Revue (2015) du théâtre des Galeries. On y va comme pour un spectacle de patinage artistique, pour le rêve, pour la beauté, pour la performance. Si d’une année à l’autre le charme s’émousse parfois, cette année la production  incontournable de la vie bruxelloise a frappé fort et juste. « Touche pas à mon coq ! »

Elle s’est dépouillée des lourdeurs propres au genre, elle s’est délestée agréablement  d'un nombre de platitudes et de sempiternels retours sur des thèmes éculés. Elle était très émouvante, cette soirée du vendredi 5 décembre 2014, où l’on annonçait en début de spectacle que la  Reine Fabiola venait de nous quitter. « Qui c’est celui-là ? » de Pierre Vassiliu joue aux fantômes et lâche quelques touches d’humour pleines de délicatesse à l’égard de la reine défunte. Cela remplace   avec bonheur les sketches iconoclastes habituels ayant trait à la famille royale et la salle semble être tout de suite réceptive à ce changement de programme.

Est-ce l’esprit de la reine flottant  quelque part dans la salle qui fit que le  spectacle ait tout à coup décidé de faire plus profond dans la teneur des idées et dans la recherche des nuances? Est- ce qu’un esprit de fronde mêlé de  générosité bienveillante aurait soudain débarqué ? Moins de paillettes, plus de sel et  de vérité!  Ce qui est sûr, c’est que l’équipe très soudée des douze artistes dirigés par Bernard Lefrancq a rendu  cette rigolade traditionnelle bien plus intense. Oui, le  spectacle  très lissé de cette année  surprend par sa belle cohésion et son intelligence, avec des textes  et des chansons fort percutants.  Et il pose des questions pertinentes! «Assez de souffrances, l’amour d’un dieu rend-il cruel? »

  Le rythme y est aussi, mais sans vous saouler. La drôlerie est amenée avec réelle adresse, les textes bien composés  flamboient autour de ce qui semble un projet commun des douze comédiens à la fois danseurs et musiciens. Sur l’air de « Z’étaient chouettes les filles du bord de mer… », façon Arno, on chante qu’on en a ras le bol du communautaire!  On est aux chansonniers pour les sujets graves et les sujets sensibles, au Music-Hall pour la danse et la chorégraphie. La pétulante Maria del Rio se retrouve dans pas moins de 12 numéros avec des costumes très class. Et aussi en Nabila, plus vraie que vraie.  On se retrouve au théâtre pour la vivacité des réparties,  et au concert  carrément avec Olivier Laurent.  L’unité de ton et de décor fait loi et l’ensemble est d’une haute tenue artistique.

La poésie s’attache aux chansons d’Olivier Laurent, cet artiste intrépide qui fabrique des imitations vocales plus vraies que nature, comme son « Concert impossible » où il fait dialoguer Pavarotti avec Zucchero !  C’est une véritable bombe  à souvenirs dans  le Patrick Bruel, puis dans  «  Au suivant ! » de Brel qui vise si juste. Mais c’est sans doute l’interprétation des « feuilles mortes» d’Yves Montand qui  aura même fait  monter des larmes aux yeux chez certains spectateurs. On a particulièrement aimé la chaleureuse interprétation de la chanson « Le parti rouge est livide » de Marc De Roy sur la  musique de Gilbert Bécaud « La place rouge était vide…» et son interprétation d’ « un Américain à Bruxelles ». 

La-Revue---c-F.-Gardin-101-1600x1200_spectacle.jpgLe plus théâtral d’entre eux, avec une présence scénique délirante est sans doute Pierre Pigeolet avec ses  malicieuses interventions : tour à tour, un père fatigué de devoir expliquer à sa fille le fonctionnement de la Belgique, membre d’une cellule SOS suicide, Laurent Delahousse, Eli, Le Roi, Le prince Laurent…Quant à Bernard Lefrancq,  qui interprète tour à tour un frêle Charles Michel et une formidable Maggie De Block, on ne peut que le saluer pour l’excellence de son  travail et le choix de son équipe.  

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La Revue 2015

Distribution

Avec Maria del Rio, Bernard Lefrancq, Marc De Roy, Angélique Leleux, Pierre Pigeolet, Amandine Bauwin, Anne Chantraine, Maïté Van Deursen, Frédéric Celini, Kylian Campbell et Olivier Laurent.

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Mise en scène

Bernard Lefrancq et David Michels

Décor

Francesco Deleo

Costumes

Ludwig Moreau et Fabienne Miessen

http://www.trg.be/saison-2014-2015/la-revue-2015/en-quelques-lignes__5361

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 L’INVITE, une pièce de DAVID 12273062672?profile=originalPHARAO, créée le 26 septembre 2003 au Théâtre Édouard VII-Sacha Guitry à Paris débarque du 3 au 31 décembre 2014 à la Comédie Claude Volter, en version belgo-belge ! Surréaliste, quoi!

Le boulevard est toujours le bienvenu en période de fêtes…D’aucuns choisiront de passer le grand tournant du glissement dans 2015 dans ce ravissant théâtre accueillant, paré des fastes du passé et dirigé par une équipe animée d’un esprit très contemporain. On leur souhaite un très chaleureux réveillon.12273061884?profile=original

« Cinquante ans, trois ans de chômage, des indemnités en chute libre… Gérard est au bout du rouleau quand s’offre à lui un poste inespéré en Indonésie! Pour se concilier les faveurs de son futur employeur, Gérard l’invite à venir dîner à la maison. Affolée à l’idée de ne pas être à la hauteur, sa femme Colette supplie Alexandre, leur voisin, de leur venir en aide. Gourou de la communication, Alexandre relève le défi et relooke le couple en vingt-quatre heures. Appartement, déco, style de vie, menu, tenues vestimentaires, culture générale… Tout y passe jusqu’à ce que - les nerfs à vif, au comble de l’angoisse - notre couple ouvre, enfin, sa porte à… l'Invité. »

 Les quatre personnages sont fort bien campés et l’action bien maîtrisée malgré les innombrables fuites d'eau des plafonds qui coulent. Bruno Georis en particulier,  dans le rôle de Gérard, l’anti-héros, personnage bourru, inculte et sans envergure, est vraiment pathétique. Macho, de surcroit !  On lui prêterait presque des allures du regretté Bourvil car il déploie un sens inné  du comique. Le point fort de la pièce est dans le jeu tragico-burlesque des personnages, chacun misant également sur la critique sociale et la cocasserie des situations qui s’enchaînent dans un rythme crescendo. On se régale.

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Stéphanie Moriau en Colette est imbattable et d’une grand justesse de ton. Entre bêtise et colère grandissante, elle s’affirme tout au long de la pièce et claque les portes. Michel de Warzée s’est glissé dans la peau d’Alexandre, l'inénarrable voisin ambigu avec sa boîte à outils. Un ange venu du ciel ou un paumé, lui aussi? Il a sa part de mystère et un noble souci de solidarité qui contraste avec la solitude des villes modernes. Il manie l’humour cinglant, mais peut-on vraiment faire le bonheur des autres sans leur consentement! Ce personnage cache un grand désir d’être aimé…Alexandre se joue  presqu’un trip de Pygmalion et il n’en est que plus touchant.12273062457?profile=original

Au fur et à mesure de la pièce, chacun joue son rôle de plus en plus à fond, comme si la vie en dépendait ! Parole de poisson rouge, observateur muet de  la situation.  Le jeu du début prend des allures de plus en plus critiques vis-à-vis des professionnels de l’embauche, du cynisme des patrons qui ne voient que rendement et se moquent pas mal des gens, et le public… adore bien sûr! Le quatrième larron, l’invité, joué avec brio par Freddy Sicx, joue parfaitement l’intrigant et le manipulateur. Chapeau donc pour cette cruelle comédie, qui fait naître un rire salvateur. Public et comédiens sont  à l’unisson : plutôt rire que pleurer, non? Et une excellente façon de débuter l’année nouvelle!

http://www.comedievolter.be/

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Fathers & Sons vus à l'envers?

Un drôle de père

Les lumières s’éteignent, se rallument, les comédiens sont-ils en retard ? Jeu de projo devant le rideau: l’un d’entre eux vient faire des confidences au public à propos du  héros du jour. Mon père, ce héros ? Tour à tour, entre les différents actes, les comédiens  parlent d’une sorte d’hommage géant au père, à l’ami, à l’amant, au mari. Quatre points cardinaux de toute  la vie de François Garnier.  Mais il y a ceux qui aiment et ceux qui détestent  …les surprises!  

Magnifique décor de Francesco Deleo. Le rideau se lève sur un appart en duplex très design avec bar escamotable : côté Bibli (le fils ?) et  côté Bibendum (le père ?). Il suffit d’appuyer sur un bouton et cela démarre.  Le bouton du rire évidemment.  Un rire omniprésent et totalement dérangeant pour  Christophe, ce fils tristounet.

On a inversé les valeurs ...ou les habitudes. C’est le Père (François Garnier, ascendance God Save the Queen), qui est un comble de légèreté, d’instabilité et de dilettantisme. C’est le Fils (Christophe, ce qui n’est pas rien comme prénom) qui est sérieux comme un pape. Il  n'a pas de petite amie, lit Kant, adore Socrate, porte des costumes de vieux et n’a jamais dit une seule phrase humoristique de sa vie. Ce qui   sépare  père et fils  inévitablement et dramatiquement. Pas drôle, un drôle de père ! Drôle de guerre même ! Ils se sont perdus de vue depuis deux ans, au détour des infidélités paternelles et  au cours de ses dilapidations d’argent successives.

Vont-ils se retrouver enfin (le mot est lourd de sens) lors d’éphémères vacances  alors que le script de sa vie légère se réécrit soudain en tragédie ? En effet, de graves menaces de maladie en phase terminale planent sur la santé du père qui avoue (lucidement pour une fois)  n’avoir plus beaucoup d’autre choix hors celui de l’incinération ou de l’inhumation.

Comment reconquérir un fils aliéné par des années de négligence ? Comment, lui qui adore son  beau-père,  redécouvrir un père honni à cause de  cette aura d’amuseur public que tout le monde  vénère, y compris son ex-femme (idéale), remariée depuis 16 ans et mère de deux enfants?

Photo

Photo: St Pascal ?!

  

Les joutes verbales entre le Saint-fils et le père charmant, volage et irresponsable, ont assurément du piquant. Particulièrement  en deuxième partie du spectacle où le cynisme à la Sacha Guitry est monté en puissance. Le duo Pascal Racan /Robin Van Dyck  est éloquent, efficace et profondément émouvant. Le mélange de colère et d’humour fait mouche. Les poncifs et les mensonges  font rire « je peux tout expliquer et quand tu comprendras, tu vas RIRE ! »   Mais  des bribes de dialogue retentissent dans la mémoire… « Mais  QUI est le père de cet enfant ? »  ou « « J’ai fait le bilan de ma vie cette nuit ? Cela t’a pris longtemps ? Cinq minutes… » Et encore, « Tu sais, Papa à huit ans on est toujours un peu conservateur ! ».  

Un drôle de père

Au verso de la comédie, il y a la menace de la panoplie de traitements  que François va devoir subir et auxquels il se refuse… et ses rapports avec la Médecine.  Il y a dans ces circonstances difficiles,  une date que tout le monde semble oublier. Et pourtant !  Nous n’en dirons pas plus.

Le fidèle ami, c'est  Michel Poncelet, comme on le connait, un bonhomme  efficace et tendre. Le jeu de la troupe des  sept comédiens est étincelant, on contourne avec beaucoup d’humour le pathos et on se prend les pieds dans un tapis de rires bienfaisants. Les quatre  personnages féminins sont des points cardinaux  bien plantés, drôles, touchants et spirituels, superbement habillés ou déshabillés, on a le choix! Elles sont toutes  resplendissantes : Rosalia Cuevas, Eléonore Peltier, Catherine Claeys et Angélique Leleux.  Les splendides costumes  sont signés Fabienne Miessen. Si la mise en scène d’Alexis Goslain est quelque peu tortueuse - on préfère de loin les parties « rideau levé » aux apartés de bord de scène - cela fait  sans doute  partie de la réécriture de Gérald Sibleyras. La pièce originale est un immense succès de Bernard Slade, grand dramaturge comique anglo-saxon, auteur d’une multitude de  sitcoms, dont « Ma sorcière bien-aimée».

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administrateur théâtres

 « Les Inspirés », trois dieux chinois débarquent dans la capitale du Se-Tchouan au centre de la Chine, un confluent de pauvreté. Ils ont parié qu'ils ne trouveraient pas «une bonne âme» au moins en ce bas monde et considèrent l’humanité entière comme pervertie.  Rejetés par tous les villageois mais guidés par Wang, le porteur d’eau (ou de parole, comme vous voudrez) , ils acceptent l’hospitalité de Shen-Té la prostituée  locale. Pour la remercier, ils lui laissent une cassette avec laquelle elle rachète un débit de tabac puisqu'elle peut enfin choisir sa vie. Hélas la boutique de Shen-Té attire immédiatement les vautours : des plus démunis  aux plus nantis qui n’ont qu’un but,  lui soutirer ses biens. Empêtrée dans d’insurmontables contradictions Shen-Té va osciller entre le désir de faire le Bien et la Nécessité de « sauver son frêle esquif du naufrage ». Elle croit avoir entretemps rencontré l’Amour  mais c’est un méprisable individu, irresponsable, égocentrique et jouisseur qui veut la parasiter. Comment concilier son idéal d’amour et sa survie pure et simple ? Pour se tirer d’affaire, Shen Té se fait passer pour un prétendu cousin, Shui Ta, excellent et redoutable homme d'affaires qu'elle incarne elle-même et de plus en plus souvent. A moins que la Vie ne se charge de changer sa vie... La conclusion de Bertold Brecht est qu’il faut changer le monde et non une personne individuelle si on veut que le bonheur soit accessible.

12273048473?profile=originalCette pièce nous touche particulièrement dans le contexte de crise que nous traversons  qui laisse tant de  familles démunies et tant  de jeunes, diplômés ou non, déçus par le monde, ou par la vie? Les Baladins du Miroir s’en sont emparés comme le Théâtre de la Vie, il y a quelques années déjà, en 98-99?

Bouger, il faut bouger ! C’est ce que démontre une mise en scène virevoltante qui nous propulse et au cœur de l’Asie et au cœur des années 30. Un tintamarre de sabots de bois, de bicyclettes, de chariots, de thé ou de grains de riz  que l’on verse, de casseroles et de brocs, un incessant carillon de porte ne peuvent qu’éveiller l’attention du spectateur. Vous y ajoutez une vie de rue en live, des courses effrénées, des ballots que l’on balance d’une passerelle suspendue, des bruits de boulier compteur chinois. La Vie appelle! Le monde doit bouger!

Des lumières domestiques en tout genre, y compris les fameuses lanternes rouges,  fusent pour éclairer la nuit humaine. Mais qui y verra enfin clair? Les artistes se mêlent au public pour offrir le kroupouk ou des bribes mystérieuses de répliques, le spectateur bougera-t-il?  Le pétillement  de cette méditation sur la société ne manquera pas d’inquiéter les uns ou les autres. L’enthousiasme perceptible et le  talent des artistes est d'ailleurs un gage de réussite… L’action se porte partout dans le chapiteau et ne peut que réveiller des esprits  parfois engourdis par  un certain  confort, mais  certes pas celui des gradins... Cela fait partie du jeu.

01.la-bonne-ame-du-se-tchouan01.jpg © Jean-Pierre Estournet

C’est Beau, c’est Brecht, c’est Bien. C’est partout autour de vous et on l’espère en vous… Une fable épique tendre et réaliste, poétique et moqueuse, fine et saltimbanque en diable. On ne peut décidément pas rester indifférent devant un tel festin d'imaginaire, une  telle union de talents si multiples et réglés dans une telle modestie. Tout y est: la comédie, les instruments de musique, les chants, les personnages burlesques (la riche et hautaine propriétaire, le menuisier, le policier, le neveu, le chômeur-quémandeur, la famille du gamin-voleur...). Et un tribunal imaginaire.  Bref une vingtaine de rôles pour une dizaine de comédiens qui  ne cessent de se transformer. Se transformer, c'est bouger, non? Ou bien le contraire?  CQFD 

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Il reste à nommer toute la troupe, ensemble et séparément : les Baladins du Miroir avec Andreas Christou, Stéphanie Coppe, Abdel El Asri, Monique Gelders, Aurélie Goudaer, François Houart, Geneviève Knoops, Gaspar Leclere, Diego Lopez-Saez, David Matarasso, Virginie Pierre, les enfants de la compagnie  et tout un équipage de splendides marionnettes, nos miroirs inspirés ?

Une citation pour finir?

Fallait-il quelqu’un d’autre ou bien un monde autre

Ou alors d’autres dieux, ou pas de dieux du tout ?

Devant ce désarroi le seul secours serait

Et vite et tout de suite que vous réfléchissiez

À la meilleure manière, au moyen le plus fin

De mener une bonne âme vers une bonne fin

Cherche donc, cher public, la fin qui fait défaut

Car il faut qu’elle existe. Il le faut ! Il le faut !

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http://www.atjv.be/La-Bonne-Ame-du-Se-Tchouan

  • Mise en scène : François Houart et Gaspar Leclère
  • Composition et direction musicale : Line Adam
  • Lutherie sauvage : Max Vandervorst
  • Création costumes : Sylvie Van Loo assistée de Anne Bariaux, Virginie Gossuin, Marie Nils, France Lamboray et Nicole Mornard
  • Scénographie : Aline Claus et Isis Hauben assistées de Sylviane Besson, Eloïse Damien et Catherine Van Assche
  • Construction des décors : Xavier Decoux assisté de Bernard Antoine, Adrien Dotremont, et Ananda Murinni
  • Création lumières : Mathieu Houart
  • Régie : Ananda Murinni
  • Régie Plateau : Adrien Dotremont
  • Conception des marionnettes : Johan Dils et Sylvie Van Loo
  • Conseiller maquillages : Serge Bellot
  • Pyrotechnie : Nicole Eeckhout
  • Assistante à la mise en scène : Hélène Van Den Broucke
  • Création affiche : France Everard

http://www.lesbaladinsdumiroir.be/index.php/spectacles-a-l-affiche/la-bonne-ame-du-se-tchouan

note d'intention: http://www.lesbaladinsdumiroir.be/templates/joomlabaladins/html/bonneame/bast_note_intention.pdf

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administrateur théâtres

3750291215.jpgElle voulait juste s’envoyer en l’air! Le coup de cœur de la rentrée! Dès le départ, un dynamisme fou et un pitch hilarant, pimenté, en un mot : énorme, jamais vulgaire ou déplacé et un vaste questionnement. Cela commence par un striptease et se termine comme un conte de fées… ayant sondé au passage nos strates les plus intimes. Elle: couv’ de mag’ bronzée, en nuisette qui colle à la peau, juchée sur des stilettos de parade amoureuse. Lui : en tenue fantasmagorique de plombier style Mario Bros, en blond. L’humanité dans le regard et jusqu’au bout des cheveux (de la moustache) et surtout …de la langue.


Il a à peine fini de nettoyer le collecteur de la douche virtuelle en sifflotant … qu’elle lui saute dessus et lui demande de la baiser. Les clichés sont éclatés, c’est la femme qui réclame son plaisir sans le moindre habillage affectif et c’est le plombier qui refuse et manie le verbe avec une verve éblouissante! Et pourtant il est loin d’en être à son premier coup…et un plombier, cela ne fuit pas !


3806908095.jpgMais le voilà qui fait éclater un autre cliché. Un plombier peut être philosophe, poète et émotif anonyme. C’est elle, la psy, qui veut coucher et c’est lui qui l’accouche. Il acceptera le deal si elle répond à la question métaphysique de « Pourquoi la chose ? Pourquoi moi ? Et pourquoi maintenant? » Il l’oblige à justifier son désir…et elle tombe dans la relation ! Philippe Blasband (metteur en scène et auteur) nous fait glisser dans l’évidence que personne ne peut faire l’économie de sentiments! Dans toute relation, il y a rencontre humaine, où et quand que ce soit. On n’est pas des lapins! Une simple histoire de cul cela n’existe pas! Woody Allen? Vous avez sûrement une clé!


 « Vous croyez au destin?». Elle dit que Non!  Lui, il croit en la plomberie. « Et cela fait des pères formidables! ». Il la purge de ses peurs, il rêve de Dieu, le plus grand plombier jamais vu, maître de tous les agencements et il veut changer le monde, « C’est notre métier!». Elle est au bord du divorce, en mal d’enfant… Ils finissent par se confier tous leurs échecs. Elle avoue ses subterfuges. Elle redoute le doute vénéneux de son mari qui a empoisonné son existence. Il découvre devant elle la clé de voûte de la condition humaine: être sûr 100% et douter 100% en même temps… Exercice périlleux, nous jouons haut et sans filets!


2552798687.jpgLe public adore cette première  mondiale au Public ! Les spectateurs qui se font face dans la salle comble rient aux éclats à jet continu, devant tant d’esprit venu au plombier… « un homme doué et droit dans ses bottes »(le craquant Charlie Dupont, « Belle comme la femme d’un autre », « Il était une fois une fois »). Devant tant de déploiement de charmes et de révoltes de tigresse chez Tania Garbarski. Une soirée très rafraîchissante avec un couple de scène qui l’est dans la vie. Un vrai conte de fées, dans une mise en scène talentueuse et une mise à nu virevoltante de Philippe Blasband.

Première mondiale

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=361&type=2

Tania Garbarski et Charlie Dupont sont les Invités du Public le samedi 27 septembre 2014 à 18h00.

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12273036695?profile=originalSans avoir à traverser la mer ou l’océan…

 

Superbe divertissement musical et grand spectacle, la comédie musicale « Evita » qui tourne de par le monde depuis de nombreuses années, tout comme « Cats », « Les Misérables », « The Phantom of the Opera » ou « Jesus Christ Superstar » est arrivée en Belgique. C’est une production en version originale anglaise  de Bill Kenwright , “a monumental show” selon le Sunday Express, dont le  West End attend  la première avec impatience. Une sacrée valeur touristique donc pour le Kursaal  d’Ostende,  du 29 juillet au 10 août 2014.

 On connaît bien sûr  le film d’Alan Parker (1996) croulant sous les récompenses,  qui a ému aux larmes, avec Madonna et Antonio Banderas dans les rôles principaux et  qui remporta  l’Oscar de la meilleure chanson originale. Sans parler du record battu par Madonna pour les changements de costumes dans le Guinness ! On s’est donc  précipité pour réentendre les succès musicaux emblématiques du film: ”Don't Cry For Me Argentina”, “On This Night of a Thousand Stars” , “You Must Love Me”  et “Another Suitcase in Another Hall” sans savoir d’ailleurs que la comédie musicale précédait le film.

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Celle-ci a gagné des tas de prix dont un Grammy pour l’enregistrement du disque avec les artistes de Broadway, le Society of West End Theater Award pour la meilleure comédie musicale en 1978 et meilleur script et meilleure musique. La combinaison des partitions d’Andrew Lloyd-Webber  et les textes sulfureux de Tim Rice forment un ensemble élégant et intelligent. Un savant mélange de glamour et de critique acerbe du pouvoir, surtout  grâce au  narrateur : un rebelle aux allures de Che qui voit tout et ne se lasse pas d’interpeller la femme aux origines simples qui a conquis les cœurs et  joue de son pouvoir d’opérette pour devenir l’icône du petit peuple argentin.

(photo: credit of Robert Genicot)

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C’est la  chanteuse  portugaise Madalena Alberto qui incarne la belle Evita, « The greatest social climber  since Cinderella », et  à qui l’artifice de la  blondeur sied si bien. Un port et des tenues de reine, un très bel éventail de tessitures, un dynamisme de feu, une façon de jouer à la Liz Taylor dans « The Taming of the Shrew » ! Elle balance entre sainteté et manipulation pour accéder au pouvoir suprême.   Elle séduit par la voix et la parole ...et par les aumônes de 100 pesetas qu’elle distribue  aux enfants pauvres sans compter. Un  vrai personnage  de contes, presque codifié. Glissons dans l’histoire…

 Evita-Lowry-Theatrew-216x300.jpg?width=216Ascension: la jeune actrice provinciale qui est montée à Buenos Aires rencontre le colonel Juan Perón ( Andrew C. Wadsworth) lors d'une vente de charité organisée afin de récolter des fonds pour les victimes du tremblement de terre  dans la région de San Juan. Chassant sa dernière  maîtresse, elle l'épouse le 21 octobre 1945. Elle contribue grandement à son élection comme président en 1946. Elle met en avant ses racines modestes afin de montrer sa solidarité avec les classes les plus défavorisées et crée la Fondation Eva Perón dont le rôle est d'assister les pauvres. Win-win situation : nombre d'hôpitaux ou d'orphelinats créés par la Fondation ont survécu à la mort prématurée d'Evita. Elle devient le centre d'un culte de la personnalité. Elle brigue  la vice-présidence en 1951, ce qui irrite vivement les  militaires haut placés qui ne souhaitaient pas voir  une  femme gagner de l'influence.  En même temps on lui connait un côté moins reluisant. Elle est celle qui, après son  « Rainbow tour » en Europe en 1947 - de l’Espagne à Zurich, hormis l’Angleterre mais en passant  longuement par  le Vatican - a  facilité l’émigration et  la fuite des Nazis et de leur or vers l’Argentine. Chute, l’ambassadrice auprès des nazis transformée en Madone mourra d’un cancer à 33 ans le  26 juillet 1952. Son corps embaumé disparaîtra après le coup d’état de 1955 pendant 17 ans nous dit l’histoire, quelque part non loin du Vatican en Italie...

Et toute cette histoire d’ambition et adoration démesurées est conté malicieusement par le personnage rebelle du nom de Che (Mark Powell) car en vrai, Evita n’a jamais rencontré le révolutionnaire cubain.  

Manchesters-Finest_Mark-Powell-as-Che-2.jpg?width=262Revenons à l’interprétation de Mark Powell.  Le "Che" est un chanteur nerveux, à la voix versatile, au timbre lustré avec une présence théâtrale constante, surgissant à chaque instant là où on l’attend le moins. Un chanteur de talent aux accents de vérité tant il semble improviser. Volerait-il la vedette à l’excellente Madalena  Alberto dont les accents de sincérité ne font vraiment surface que dans la deuxième partie.   On voudrait retenir plus longtemps dans sa fuite la voix pure et  délicieuse  de Sarah McNicholas (la jeune maîtresse évincée) qui parvient à faire de “Another Suitcase in Another Hall” un moment musical  aux harmonies éthérées très émouvant. Et celle de la jeune enfant (dix ans au plus) qui entonne « Santa Evita» d’une voix assurée et lumineuse…  

De splendides motifs musicaux relient les tableaux, le tango est omniprésent parmi les nombreux figurants, danseurs et chanteurs de l’ensemble. Il fallait souvent se faire violence pour  quitter les solistes des yeux  et se concentrer sur la chorégraphie parfaite et très dynamique de Bill Deamer. L’impression de sentir le temps fuir et même accélérer  comme une rivière qui emporte tout, décors et danseurs…Le vertige de la chute ? A l’instar de la figure principale, le décor évoque  inflexiblement le  motif  de l’ascension : escaliers, marches et  balcons mouvants, changeants et fluides.  A stairway to heaven? Le jour de la première, un accroc dans la machinerie  informatique a causé un arrêt de 20 minutes du spectacle car la colonnade palatiale était restée soudain suspendue entre ciel et terre! Ni morts ni blessés… le spectacle a repris ensuite dans la bonne humeur et a été abondamment applaudi!

12273034679?profile=original12273035653?profile=original12273035464?profile=original12273035886?profile=originalhttp://www.kursaaloostende.be/events/detail/326

 

 

 

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administrateur théâtres

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Un monde de pantins? Nous vivons au pays pléthorique des jouets. Nous sommes inondés de tentations électroniques qui brisent en nous la soif de connaissance et la nécessité du moindre effort. Des jouets, il y en a tant et tant qu’on les casse et les met au rebut. Victimes de l’exploitant du lieu, on brait rapidement avec les ânes du cirque. Et la lumière là-dedans? Il n’y a qu’un triste Lumignon qui tire sur sa cigarette électronique.

A travers cette farce cruelle et vertueuse, Pinocchio a encore bien des choses à nous dire. Tête brûlée de la tête aux pieds, mais doté d’un cœur d’or, il désobéit par instinct et prend toutes les obliques qui traversent et transforment, mû par une curiosité avide. Seul bémol: il redoute le travail et l’effort! Les conseils pleuvent de toutes parts, sans effet: de Gepetto son père; du criquet, sa conscience extérieure qu’il a d’ailleurs froidement assassinée; de la fée bleue tour à tour, sœur et mère. Il n’écoute que ses pulsions et les boniments des imposteurs. Sauf que… il éprouve de l’amour pour son père virtuel et pour la fée bleue qui pardonne toutes ses incartades et l’aime sans conditions.

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Et cet amour le travaille de l’intérieur et lui permet de faire un choix! Le sien et pas celui des autres, mais un choix qui le transforme en homme. Il a compris que planter des pièces d’or dans le champ des miracles et attendre que cela pousse est dérisoire. En lui, naît enfin le désir d’apprendre, de travailler, de créer quelque chose pour le bien commun. «Pour être un homme, il faut être rigoureux et bienveillant!» souffle quelqu’un! Au passage, l’auteur Carlo Collodi ne se prive pas de railler la justice et les médecins… Les coups de griffe pleuvent dans cette histoire. Pinocchio se jette enfin à l’eau pour sauver son père parti à sa recherche depuis des mois… La rencontre se fait dans le ventre du monstre marin, un requin-baleine, où Gepetto perd sa lampe mais l’amour lumineux du fils les sauve tous les deux. Ouf! Au retour, la fée bleue est toujours présente mais c’est Pinocchio seul qui s’est fait naître à la vie !  Il appartient maintenant au monde sensible, fait de chair et de sang, de sève et de lumière. « Obéir, désobéir? Pinocchio le naïf fait éclater quelques-unes de nos certitudes. Sa conduite met en question le productivisme de nos sociétés. Ce n’est rien de moins que l’espoir qui nous est donné par le pouvoir de l’imaginaire collodien » écrit Jean-Claude Blanc (Collection du T.P.R., 1983).

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La mise en scène de Stephen Shank répond fidèlement  à l’hymne de créativité entonné par Collodi. Emaillée de savoureuses références musicales de Brahms à Charles Aznavour en passant par "La vie en rose" et "We will rock you", la distribution est éblouissante! Il y a Jean-Louis Leclercq dans Gepetto - un rôle qui lui va comme un gant - Pascal Racan pour le très fieffé Renard, et Marc De Roy pour un inimitable Chat. Avec une Sylvie Perederejev enchanteresse, à la fois: fille, jeune-fille, fée, Colombine, chèvre et mère ! Une armée de poissons fabuleux, des médecins, des gendarmes en bicornes, des bandits et surtout, Peter Ninane, le mignon bandit de la pire espèce…On oscille entre Commedia dell’ Arte et  Grand Guignol! Le metteur en scène, Stephen Shank s’en est donné à cœur joie, question créativité et inventions. Les multiples personnages sont habillés de costumes riches extrêmement recherchés signés Thierry Bosquet, tous gonflés de poésie et d’humour. L’imaginaire est ici le roi des planches. Il n’y a d’ailleurs que peu de décor, si ce n’est la mouvance des différents tableaux. La majesté des pierres de l’abbaye et les très beaux jeux de lumière suffisent amplement. Les chorégraphies s’enchaînent avec souplesse, dans un rythme et une vitalité extraordinaire qui jaillit littéralement des planches, comme autant de miracles, malgré les marches dures où se fracassent régulièrement les rêves du pantin. On ne peut rester de bois devant tout ce bois qui parle, rit et enchante. 

 12273031461?profile=originalSi le programme spécifie que le spectacle ne s’adresse aux enfants qu’à partir de huit ans, nous vous le conseillons sans hésiter dès sept ans. Certes, il s’agit d’une fable cruelle dénonçant les valeurs vides et les compromissions, mais les enfants de cet âge sont déjà exposés et même fascinés par la cruauté du monde. Ils sont au meilleur âge pour faire leur choix et se laisser séduire par les sensibles antennes du charmant criquet Denis Carpentier et suivre, le cœur en émoi profond, la marionnette allégorique qui veut devenir homme, magnifiquement incarnée par Maroine Amini, sacré meilleur espoir masculin au dernier prix de la critique.

http://www.deldiffusion.be/prochaines-productions/66-Pinocchio

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administrateur théâtres

Faire Pivoter le Monde! Ce soir, deux fabuleux comédiens, Jacqueline Bir et Alain Leempoel nous précipitent dans la crise économique cruciale qu’a connue l’Argentine en 2001. Et Pietro Pizzuti, le génial metteur en scène, de déplorer que la situation n’est pas fort différente à notre époque. Il suffirait peut-être (et encore…) d’ôter le vieux Frigidaire  vintage  du plateau et nous serions quelque part en été, en Europe ? Un credo vibrant va se décliner sur le mode des variations captivantes lors de conversations mère-fils. Face aux débâcles économiques et sociales qui servent d’arrière-plan à la pièce, subsistent néanmoins l’amour de la liberté et la compassion pour les plus faibles. C’est le message qui tout au long de la pièce perle tantôt avec tendresse, tantôt avec combattivité sur les lèvres aimantes de cette mère de 82 ans qui, soudain, voit ressurgir un fils de 50 ans toujours pressé et qui lui téléphone bien plus souvent qu’il ne vient la voir.

Mamà, cheveux blancs, est assise dans le sofa et tourne le dos au public, comme dans « Le récit de la servante Zerline ». Son fils, Jaime, (prononcez Chaïm), surgit au milieu de l’appartement bien rangé, lustré, étincelant de propreté. Surprise, elle pense : « Qu’est-ce qu’il me cache ? » Lui : « Comment vais-je lui dire ? » Cette fois il a un problème de taille à lui soumettre : il voudrait lui faire quitter l’appartement où elle vit (seule?) depuis la mort de son mari mais qui ne lui appartient hélas pas. Sa femme Laura exige la vente. Ayant perdu son emploi enviable, Jaime est désemparé. Ils sont dans une situation financière inextricable avec des enfants habitués au luxe dont il faut continuer à payer les études. Le spectre de la maison de repos est aussitôt abordé par la mère, très lucide, qui n’en a pas fini avec la vie.

Malgré la salle comble, tâchez de trouver des places près de la scène, car les métamorphoses passionnées du visage de la mère, tellement émue de retrouver son fils, plongent le spectateur dans des vagues d’émotions. Jacqueline Bir a cette fibre particulière de comédienne qui vous fait monter les larmes aux yeux alors même que l’on voudrait s’en défendre. La vérité des sentiments, l’intensité du jeu deviennent pour le spectateur le plus flegmatique un émerveillement toujours recommencé. Le chantage affectif règne, on s’en serait douté ! Serait-on une mère sans cela. D’ailleurs, « est-ce que Freud aurait réussi, sans les mères? » lance la sémillante mama. On se retrouve en tout cas - couleurs chatoyantes et lumières automnales du plateau aidant - baignés de chaleur humaine et touchés par ces profondes vibrations qui ont fait fondre les cœurs lorsque Jacqueline Bir incarnait il y a quelques années « Oscar et la dame rose ».On reçoit ici toute la tendresse espiègle et rouspéteuse d’une mère pour son fils comme un cadeau du ciel et on rit de bonheur à ses bons mots et à sa remarquable intuition, on savoure sa mauvaise foi, ses réparties et son humour cinglant. Le duo avec Alain Leempoel est magistral.

A la fin du premier acte, voilà que les cœurs qui s’étaient insensiblement distanciés se rapprochent, se reconnaissent, se livrent avec pudeur et se retrouvent. Pas d’entracte et pour cause, le ciel a de ces surprises… Ah oui il y a aussi un mystérieux Gregorio, presqu’aussi vivant que les deux complices!

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Par leur jeu, Mère et Fils réussissent un miracle : celui d’abolir le Temps et les pénibles contingences matérielles, faisant de ces retrouvailles progressives, presque des noces spirituelles. La connivence est revenue entre celle qui s’entêtait « à cuisiner comme avant » et ce fils au prénom portugais beau comme une caresse. Voici un fils perdu et retrouvé, qui, après avoir fondé et après avoir trimé sans compter pour se conformer aux exigences du paraître une famille peu attentionnée, est rassuré sur lui-même et mûri. Grâce aux très particulières conversations avec sa mère, il renaît à la vie, au désir, à la liberté et aux valeurs essentielles et surmonte peurs et angoisses. Un conte philosophique?

Jusqu'au 18 mai 2014

Conversations avec ma Mère

Théâtre - Contemporain
La Vénerie - Espace Delvaux
Rue Gratès 3 1170 BRUXELLES - BELGIQUE

Création en langue française d’après le film argentin de Santiago Carlos Ovés, adaptation théâtrale de Jordi Galcerán
Mis en scène par Pietro Pizzuti avec Jacqueline Bir et Alain Leempoel

http://www.lavenerie.be/index.cfm?r1=1&r2=102670

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administrateur théâtres

En ce moment, au Centre Culturel d'Auderghem, la très  joyeuse troupe de "l'Opéra en fête" From Paris, of course!

Un spectacle musical de Raphaëlle FARMAN & Jacques GAY

Mise en scène : Raphaëlle FARMAN et Jacques GAY

Avec Raphaëlle FARMAN,

Frédérique VARDA, Jacques GAY, Franck CASSARD, Fabrice COCCITTO

Un Karaoke bien tempéré

On adore les surprises, surtout quand elles vous prennent si gentiment par le  cœur. Voici un spectacle totalement inédit, une brillante fantaisie musicale  née aux Deux Ânes à Paris qui se polit comme un galet parfait depuis bientôt trois ans  devant  une foule de bienheureux spectateurs qui ne se seront jamais autant amusés. Le monde appartient à ceux qui se couchent … tard et vous ne pourrez pas résister à aller bavarder avec les commis de « l’Opéra en fête » (c’est le nom de la troupe) accueillis par des chaleureux applaudissements au bar, après le spectacle.   Le cocktail est particulier et explosif : les plus timides donnent de la voix et les habitués des concerts de Patrick Bruel voudraient sortir leur briquet…

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 L’histoire racontée est celle du Sieur et Dame Dugosier de la Glotte et leur cher fils (qui ne s’appelle pas Tanguy). Ils revisitent avec émotion  l’histoire familiale depuis le temps des cavernes jusqu’à nos jours. Contant heurs et malheurs dignes de la succulence  des livres de Goscinny, le  fil conducteur suit des pépites chansonnières les plus drôles et les plus inattendues. Le pastiche amène des bouffées incontrôlables de rire et vous-même finissez par suivre les traces du chansonnier. Digne des grandes scènes d’opéra ce spectacle lyrique cause  une franche admiration, et la comédie porte haut la  jouissance du mot bien dit. La cadence bien tempérée permet de jouir de chaque minute comme si on respirait profondément les parfums de la musique. L’écriture enlevée du spectacle où règne le bel esprit  fourmille d’allusions très  plaisantes, tout comme  la mise en scène d’ailleurs, signée par les auteurs du spectacle, Raphaëlle Farman et Jacques Gay.

En filigrane vous y verrez l’évolution des mœurs, le rapport homme-femme, les rapports de force dans la société, de la Carmagnole au Temps des cerises…  et bien sûr  mille et une broderies sur l’amour (…et l’argent). A chaque époque - prononcez "magnifailleque" - les voix magnifiques  des quatre comédiens chanteurs entonnent les tubes mythiques de l’opéra. Fermez les yeux, vous y êtes. La passion, la puissance, les vibratos, les legatos enchanteurs, les couleurs, le miel et le cuivré de la voix, tout y est, que ce soit  chez la Duchesse de Gerolstein, à la Péricole, au Pays du sourire, à la Vie parisienne… Mais vous vibrerez bientôt vous-même, de la tête aux pieds, en osant poser vos propres trémolos sur  les Carmina Burana, le Choeur des esclaves  de Nabucco ou Plaisir d’amour.  Sans compter le scintillement ininterrompu d’anachronismes savoureux qui passe en revue des musts de la chanson française (ou presque).                                                                                                                                                                                            Fabrice Coccitto, le malicieux pianiste comédien est  d’ailleurs extraordinaire et s’emploie à créer les atmosphères comme ces Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau joués dans une lumière tamisée. Pendant qu’il joue devant des spectateurs subjugués, c’est un ballet de changement de costume accéléré qui se passe en coulisse, et puis sur scène débarquent la splendide diction de Raphaëlle Farman (soprano), digne de la Comédie française, le bagou tinté de Belmondisme de Jacques Gay (baryton), les duo de domestiques délicieux et farceurs (Frédérique Varda et Frank Cassard), la chorégraphie d’une esthétique de grands maîtres ou de grands surréalistes, à vous de choisir. Après tout, on est à Bruxelles, n’est-il pas! Qu’il est donc  doux de se laisser enchanter par tant de qualité vocale!  Et on les adore, ces Brigands du théâtre et du chant lyrique!

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images?q=tbn:ANd9GcRGUN7RmAaOyeuJyWiK0vXmKAIMmH4_NwhJpHperVLI7bR4790M12272993885?profile=originalCeci n’est pas une pomme

Griserie verbale, théâtrale, musicale et chorégraphique à la première ce soir à la Clarencière! Theatregoers! Go for it! You won't regret! Somptueuse anthologie de textes et chansons : des misérables aux désirables! Un trio de comédien et comédiennes époustouflant qui revisite et le surréalisme poétique belge, et la Lost Generation... et les années 20 à Paris! Sublime spectacle, mû par l’amour de la culture! Diction parfaite, langue merveilleuse, les trois comédiens Laurence Briand, Rosalie Vandepoortaele et Laurent Laigneaux (le musicien-comédien)  partagent un inimitable pouvoir de suggestion.

Dès les premières secondes, on se sent aspiré par le souffle puissant de l’histoire littéraire du début du XXe siècle qui revit soudain à la lueur d’antiques lanternes. 2014 : Anniversaire du centenaire, me direz-vous ? Les personnages nous happent, nous attirent et nous fascinent.

Voici un défilé de textes soigneusement choisis par Rosalie Vandepoortaele  qui a composé une véritable anthologie vivante, dense et documentée où l’on retrouve tour à tour, sertis dans un écrin musical approprié LA VICTOIRE DE LA MADELON - PAUL NOUGE - CAMILLE GOEMANS - BLAISE CENDRARS -E.L.T MESENS - PHILIPPE SOUPAULT - HENRI MICHAUX - ROBERT DESNOS - R. RADIGUET - ANNA DE NOAILLES - PARLEZ-MOI D'AMOUR - GERTRUDE STEIN - F. Scott FITZGERALD - LOUIS ARAGON - ANTONIN ARTAUD - EN DOUCE - MARCEL LECOMTE - MAX JACOB avec des clins d’œil appuyés au peintre MAGRITTE ! Un enchaînement bourré d’intelligence et de finesse! C'est elle qui avait  fait la mise en scène du spectacle "Le Chat noir," l'an dernier. Elle aime les textes de qualité.

« Selon ma doctrine » il est défendu (sous peine d’imbécillité) de rien prévoir. Ce que je ferai dans tous les domaines est imprévisible tout autant que l’apparition d’une réelle image poétique. » « Etre surréaliste, c’est bannir de l’esprit le « déjà vu » et rechercher le pas encore vu » Magritte

Entre ombres et lumière, les mots et la poésie transfigurent les corps et les visages des comédiens. La bouche et les sourires sont ceux de trois muses théâtrales apprivoisées et offertes à un public reconnaissant. Chaque mouvement est fascination:

 Rosalie :

Ma bouche qui bouge

devant vous

n'est pas habitée de paroles

ordinaires

 

Laurence :

Ma bouche ce soir est habitée

de paroles qui ne sont

pas à moi

de paroles qui ne sont pas des

chansons ni des charmes

 

Rosalie :

mais balles de fusils

 

 On ne peut assez se répandre en louanges et vouloir partager tout le plaisir que l’on reçoit avec les spectateurs qui nous entourent. Applaudissements nourris, « bravos » qui fusent en plein spectacle, rires, grognements de bonheur ou de révolte partagée. Tout le monde a envie d’exprimer bruyamment son ravissement. Le lieu s’y prête d’ailleurs parfaitement  et  les vagues de bonheur se répandent avec candeur…  Et de remercier autour d’un verre après le spectacle  de la façon la plus tangible ces comédiens généreux qui nous ont offert une  prestation hors pair. Quelle sensibilité, quelle subtilité, quel jeu, quelle présence et quelle dramaturgie éblouissante de la metteuse en scène Isabelle Nasello ! Ceci n’est pas seulement un Bijou, c’est tout un univers. Cheers!

Welcome to les Années Folles
Dans le cadre de la St Valentin


Interprétation : Laurence Briand, Rosalie Vandepoortaele et Laurent Laigneaux
Mise en scène : Isabelle Nasello
Montage original : Ropsalie Vandepoortaele
Conception décor : Kaernunos ASBL
Production : Toc toc Art

www.toctocart.com/Welcome_to_the_annees_folles.html">http://www.toctocart.com/www.toctocart.com/Welcome_to_the_annees_folles.html


au théâtre de la Clarencière! 


http://www.laclarenciere.be/

Cover Photo

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play_349_closer-2707_-_copie.jpg?width=563             « Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir.» Louis Jouvet

 

 « Closer » est une comédie incandescente, mêlant de façon surprenante sentiments, érotisme et humour mordant. Un chassé-croisé amoureux où le sexe, la séduction, la jalousie et le mensonge composent une carte du Tendre  fort amère. À l’instar du roman de Milan Kundera, « L’Insoutenable légèreté de l’être », cette pièce évoque à la fois le plaisir et la douleur d’aimer. Créée au National Theatre de Londres en 1997, puis à Broadway, la pièce  de Patrick Marber est rapidement devenue un succès international joué dans le monde entier. Elle obtint le Laurence Olivier Award, le Critic’s Circle Award, le Evening Standard Award et le Time Out Award. Suivra un film en 2004, dont Patrick Marber signera le scénario. Le théâtre Le Public accueille ce soir de 2014 la splendide production du POCHE GENÈVE sous l’intelligente direction de Françoise Courvoisier.

 

Dans un rythme très tranchant, fait d’éblouissements et de noirs profonds, le miroir de notre société a volé en éclats. Françoise Courvoisier signe une mise en scène élégante et clinique, construite en forme de staccatos en crescendo, comme une formidable partition musicale sans aucune fausse note, terminée par  le point d’orgue d’une danse macabre.   Douze débris de miroir et de temps différents  qu’il va falloir réassembler pour comprendre l’histoire complexe des chassés croisés de ce quatuor  de jeunes trentenaires-quarantenaires insupportables.  Ils ont tous un  esprit caustique et une  force de jeu très précise et expressive, époustouflante de vérité et de modernité. Square-dance d’un type particulier, les quatre personnages se poursuivent  dans une complexité d’émotions haute gamme. Si le langage fort branché est parfois très explicite, la charge émotionnelle inouïe qui siège derrière chaque phrase courte et vive du texte comme un galet brûlant, empêche la vulgarité.  On oscille entre  la subtilité des « Liaisons dangereuses », version moderne, et  celles du « Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux.

play_349_closer-2685_-_copie.jpg?width=150Dan, un écrivain raté, journaliste nécrologique, a sauvé d’un grave accident sur la chaussée, la jeune et séduisante Alice dont  il tombe amoureux dans la salle d’attente de l’hôpital où travaille Larry, le beau mâle. Quelques mois plus tard, une séance de photos avec la photographe d’art Anna (divorcée et dépressive) relance chez Dan une série d’irrésistibles vibrations sexuelles alors qu’il vit avec Alice et en a fait son héroïne de roman. Entre-temps, rejeté par Anna et se faisant passer pour une femme, Dan se lance dans une séance de chat amoureux torride sur internet  avec le beau docteur Larry, dermatologue et caïd sexuel, à qui il donne rendez-vous à « l’Aquarium » le lendemain. C’est Anna qui arrive au rendez-vous et, se remettant rapidement de la méprise, elle lui tombe dans les bras. Le square-dance infernal peut commencer.

 Patrick Marber semble être désenchanté par l’amour et ne croire qu’à la luxure et à  la volatilité de la relation. Il met  imperturbablement en scène la rencontre, la crise et l’inévitable rupture. Dans la pièce il confronte même deux scènes de ruptures  concomitantes! C’est admirablement joué et interprété par ce quadrille de comédiens totalement investis dans leurs rôles.  Une merveilleuse et très convaincante  PATRICIA MOLLET-MERCIER joue la jeune Alice, à la fois oiseau libre et creuset de souffrance et de charme  entre VINCENT BONILLO et JUAN ANTONIO CRESPILLO. Blackbird Fly! A la dernière semaine de répétitions, notre comédienne belge,  FRANCE BASTOEN a accepté de  remplacer au pied levé le rôle d’Anna. Un rôle qu’elle épouse avec une présence et  une sincérité extraordinaires. play_349_closer8523.jpg?width=260

 

« Honesty’s the best policy ? »  De trahisons, en  abandons, en  revirements, la vérité est  tour à tour une arme et une preuve d’amour, et le plus souvent, un besoin compulsif de demande ou d’octroi de pardon.

DAN.- Je l’aime.

LARRY.- Hé oh, moi aussi.

Ce n’est pas Anna que vous aimez, c’est vous.

DAN.- Vous vous trompez, je ne m’aime pas.

LARRY.- Mais si, et je vais vous dire quelque chose : c’est vous, les égoïstes, qui avez raison, vous êtes les plus forts et le monde est à vous.

Elle est revenue vers vous parce qu’elle ne peut pas supporter de vous voir souffrir, vous le savez. Et ne me parlez pas d’égoïsme, ce n’est pas Anna que vous voulez. Vous voulez votre revanche.

DAN.- Vous lui ferez du mal. Vous ne lui pardonnerez jamais.

LARRY.- Mais si je lui pardonnerai ; je lui ai déjà pardonné. Sans pardon, on est des sauvages.

 On est néanmoins dans des rapports de force, au lieu de ceux de l’amour. Larry-the-winner-takes-it-all a un penchant effréné d’exigence de vérité qu’il habille des traits de l’amour.Tandis que Dan, le loser, genre anti-héros de Woody Allen, frustré et pénible, a du mal à comprendre qu’il faut parfois pardonner sans vouloir fouiller dans des explications qui font mal. Les deux mâles, mus par un égoïsme également affirmé, veulent surtout garder le contrôle à tout moment, quels que soient leurs « sentiments ».

play_349_closer-7024_-_copie.jpg?width=250Le talent de chacun des partenaires pour attirer l'autre n’est dépassé que par leur besoin de posséder ceux qu'ils prétendent aimer. Dans la quête de l’autre il y a un net  penchant pour l’appropriation, … à cause du dépit de ne pas fort s’aimer soi-même, sans doute. Quelle comédie humaine !  Devant la jalousie et le  furieux besoin « d’avoir », la confiance joue les abonnés absents entre victimes ou bourreaux consentants. Portrait incisif d’une société basée sur le défi et le mensonge. "Love and sex are like politics: it's not what you say that matters, still less what you mean, but what you do."

CLOSER

http://www.lepoche.ch/upload/cms/dp_closer.pdf

CLOSER

de PATRICK MARBER. Adaptation Pierre Laville
Mise en scène: Françoise Courvoisier Avec: Vincent Bonillo, Juan Antonio Crespillo, Patricia Mollet-Mercier et France Bastoen.

DU 25/02/14 AU 05/04/14

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=349&type=1

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administrateur théâtres

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Un air de Famille


Mise en scène : Olivier Leborgne 

Avec Olivier Cuvellier : Philippe
Marie-Line Lefebvre : La mère
Julien Lemonnier : Denis
Frédéric Lepers : Henri
Cécile Van Snick : Yolande
Stéphanie Van Vyve : Betty

« A force de préciser sa pensée, on en arrive à très peu de mots pour le dire. J’aime beaucoup le dialogue, j’éprouve un vrai plaisir à le faire, à trouver ce qui est le plus juste. La gageure était d’écrire très parlé et de dire des choses. »


Du 11 au 28 février 2014 au Théâtre Jean Vilar : Un air de Famille, la pièce d’Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri*


Le pitch : Chaque vendredi soir, la famille Mesnard se réunit au bar-restaurant « Au père tranquille », tenu par l’un des fils, Henri (Riri). L’autre fils, Philippe, vient de passer à la télévision régionale et son épouse Yolande va fêter son anniversaire. Betty, la sœur qui marche sur ses trente ans, vient, quant à elle, d’avoir une sérieuse altercation avec leur chef commun, Benito Massolini.  Le cher Philippe (aux airs de tueur) est incarné par Olivier Cuvellier,  à la perfection. On attend en vain Arlette, l’épouse d’Henri, pour aller dîner mais elle tarde... Lorsqu’elle se décide enfin à appeler de chez sa copine, c’est pour annoncer à Henri "qu’elle ne reviendra pas ce soir". Elle doit « réfléchir ! »"Paraît que j'ai pas de considération pour elle!" Mais que va dire la sainte famille?


Henri, le patron des lieux est l’imbécile de la famille: le jeu de Frédéric Lepers est parfait. Il  a de la tendresse pour les joueuses de tennis en jupette et dit qu'il l'aime, son Arlette. Il nourrit sa conversation de dictons, ce qui irrite prodigieusement Betty. Il est l'enfant maudit de la reine-mère et a pour  riche conversation, ses apartés avec son clebs arthritique. "On est comme on est, on change pas, j'te dis! " 


  Une époustouflante Marie-Line Lefebvre, ou peut-être votre propre belle-mère, bien-pensante et vieux-jeu en diable, interprète Madame Mère en plein délire. Elle se plaint à répétitions de son mari défunt qui manquait tellement de tout et surtout, d'ambition.Tandis que Philippe.... Tout en ne perdant jamais une occasion d'asticoter sa fille Betty.


Cécile Van Snick est une inénarrable YoYo, drôle à souhait, la femme soumise de Philippe et  le pendant féminin de RiRi. Elle voudrait juste « un peu vivre », partir à deux en voyage ...et reçoit comme cadeau d’anniversaire du tandem mère-fils un collier de chien et le chien qui va avec.  N.B. de la même race que la pauvre ruine appelée Caroso qui jappe dans  son panier au fond de la salle. Pour énerver son frère, Betty pousse sa belle-sœur à boire Suze sur Suze. Denis, le serveur, beau à en tomber, met le jukebox "C'est son anniversaire Non? " Ils dansent. Le craquant Denis, écoute, ne juge pas, lit des livres au coin d’une table et astique avec philosophie sa pompe à bière. C'est Julien Lemonnier , sortit de IAD en 2009.


Et enfin Betty la fille pas tranquille du tout, est un paquet craquant de charme, « mal fagoté » débordant de vitalité et de rébellion, qui n’offre rien aux anniversaires et crache sur tous les règlements. Elle a dit son fait à Benito le jour même et - simple question de justice -  fera de même avec Philippe et sa mère!   Une authentique garce que l’on adore car elle fonctionne au Vrai, passionnément !


Olivier Leborgne ("Sois belge et tais-toi", "Sur la route de Montalcino") adapte cette œuvre avec beaucoup de doigté à la situation d’une famille résolument belge qui veut faire bonne figure mais a tout raté, question communication. Sans avoir jamais l’air d’y toucher, Denis, lui, l'intrus, écoute, compatit, remonte le moral, conseille et charme. Le public l'adore.

Le très beau décor mis au point par Lionel Lesire et Jean-François Viot est une véritable contraction temporelle. Il réussit à projeter l’action au temps de …MATHUSALEM ? Une action qui se déroule dans les années 90 - Dieu que c’est loin ! - avec un décor totalement  rétro des années 70, qui donne à son tour la tentation  de plonger dans les années 50 !  Toute une vie, quoi ! Mais les relations entre les personnages n’ont pas pris une ride, ni leur parler. Il y a une sorte d'immortalité.  C’est du vécu pour chacun d’entre nous, au quotidien… en 2014, tout comme dans la mythique famille Duraton  du feuilleton radiophonique des années 50! Du théâtre de conversation où se révèle une image satirique de  la société avec son lot de rivalités, d'hypocrisies, de malentendus et d'incommunicabilité.  

Lorsque la dynamique de la férocité familiale s’enclenche, personne ne sait où cela va s’arrêter! La réunion  hebdomadaire de famille tourne au cauchemar. Les interprétations de chaque personnage sont succulentes: des plats cuisinés de typologies hypertrophiées qui ont le don de faire rire à chaque tournant de phrase ou de non-dit! Du théâtre intelligent et sensible, une présence en scène fabuleuse pour chacun des personnages, une gestuelle merveilleusement étudiée… jusqu’à celle du pauvre clebs ! Et par-dessus tout, la splendide diction, le charme, la jeunesse et la finesse de notre comédienne préférée : Stéphanie Van Vyve !

A vos agendas! http://www.atjv.be/

http://www.atjv.be/Un-Air-de-famille

*La pièce  d’Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri créée en 1994 au Théâtre de la Renaissance à Paris, qui obtint l’année suivante  deux Molières et fut  adaptée au cinéma par Cédric Klapisch  rafla trois Césars en 1997.

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administrateur théâtres

Propos très vrais… à propos de l'Art du Mensonge!

Il y a quelques temps, on jouait  à la Comédie Claude Volter « Si tu mourais » une autre  pièce de Florian Zeller d’une très belle facture. Et déjà, le mensonge n’était pas une vérité en l’air ! Aujourd’hui, au théâtre des Galeries la nouvelle pièce de Florian Zeller « La Vérité » qui est encore une comédie sur le mensonge, est  résolument moderne. C'est l'histoire d'un menteur … à qui tout le monde ment. Sa femme sa maîtresse, son meilleur ami. Cette pièce légère et très cohérente est admirablement servie par un quadrille de comédiens chevronnés, tous plus justes (vrais?) dans leur interprétation les uns que les autres. Remarquez, on s’en doutait un peu, car la distribution cinq étoiles ne peut pas faillir. MARIE-PAULE KUMPS, MARIE-HELENE REMACLE, MICHEL PONCELET et PIERRE PIGEOLET (qui s’appelle Michel) réalisent un sans-faute pour interpréter magistralement, la vitalité et le charme piquant des dames, et le contraste entre l’honnête homme et le mufle, du côté hommes. Des personnages humains et attachants, même celui de Michel qui nous tend son miroir grossissant !

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Le spectateur suit l’évolution de l’intrigue l’œil amusé car c’est à lui de deviner la vérité. Pour une fois, contrairement aux ressorts habituels du théâtre de boulevard, les personnages sur le plateau tournant ne sont jamais sérieux. Tout est faux ! Seriously ? Une pièce poisson d’avril avant l’heure… et une réflexion véritable sur l’approche Voltairienne du mensonge : « Le mensonge n'est un vice que quand il fait mal. C'est une très grande vertu quand il fait du bien. Soyez donc plus vertueux que jamais. Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment, et toujours. Mentez, mes amis, mentez, je vous le rendrai à l'occasion. » Une phrase en exergue de la pièce dans l’édition de chez Flammarion en 2011.

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Mais ce qui frappe surtout, c’est la peinture du monstrueux égocentrisme du personnage de Michel, surjoué à dessein par PIERRE PIGEOLET afin que nul n’en n’ignore. Cette masse d’égocentrisme pervers est tellement déferlante et irritante qu’elle contribue à faire accepter encore plus facilement la théorie de Voltaire ! Alors que le personnage de Michel utilise le mensonge uniquement à des fins personnelles. Sous le couvert du mensonge, cette pièce nous dit donc la vérité sur le plus grand défaut de l’homme. No kidding !


Cette comédie dont la mise en scène est signée Patrice Mincke amuse vraiment et pose en filigrane la question du mensonge sous toutes ses formes dans notre société.   Comme le dit très bien George Orwell : "A une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire." ...Et dans les relations intimes,  connait-on jamais la vérité de l'AUTRE?


THEATRE ROYAL DES GALERIES, Galerie du Roi 32 1000 Bruxelles, Infos Réservations: 02 / 512 04 07

http://www.trg.be/saison-2013-2014/la-verite/en-quelques-lignes__4585

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administrateur théâtres

12272991680?profile=originalLE CARNAVAL DES OMBRES

Texte : Serge DEMOULIN

Interprétation : Serge DEMOULIN

Avec les voix de : Nicolas Buysse, Michael Delaunoy, Muriel Legrand et Magali Pinglaut.
Mise en scène : Michael Delaunoy
Assistante à la mise en scène : Laurence Adam
Stagiaire à la mise en scène : Andrés Cifuentes
Lumière : Laurent Kaye

Travail musical : Muriel Legrand
Prise de son et mixage : Lorenzo Chiandotto
Direction technique : Raymond Delepierre
Régie : Gauthier Minne

Une production du Rideau de Bruxelles en coréalisation avec le Festival Paroles d’Hommes et l’AMAPAC (Malmedy), et en partenariat avec l’Atelier 210 (Bruxelles).

 


Dégeler le silence

L’acteur Serge Demoulin a fait ses études au Conservatoire  et s’est résolu à  rendre hommage à  ce passé enterré, à sa région, à ses racines. Le spectacle qu’il a écrit dévoile avec tendresse, humour et détermination  cette annexion des Cantons de l’Est par l’Allemagne nazie en 1940 et le silence surprenant de l’Etat belge.


La première du Carnaval des ombres a eu lieu au Malmundarium de Malmedy le 2 février 2012. Une pièce qui invite à faire quelques recherches : lors du congrès de Vienne de1815 après la défaite napoléonienne, la Prusse obtient la Rhénanie avec les cantons d’Eupen, de Malmédy et de Saint Vith.
Ainsi, Malmédy, commune romane, se retrouve-t-elle en Prusse. Jusqu’en 1870, les relations entre l’Administration prussienne et Malmédy sont cordiales : administration et enseignement restent en langue française et les industries de cuir, papier, mobilier... sont prospères.
Après la création de l’empire et le développement du nationalisme allemand, la situation change. La nouvelle politique bismarkienne brime les minorités linguistiques. En 1879, la langue allemande est imposée à l’école primaire et en 1889, l’enseignement du français est supprimé.
Après la grande guerre, par le Traité de Versailles du 28 juin 1919, l’Allemagne cède à la Belgique les cantons d’Eupen et de Malmédy, y compris Saint-Vith. Les Cantons de l’Est sont rattachés à l’arrondissement de Verviers.
Advient la douloureuse épreuve de 1940-1945 quand le 18 mai 1940, Hitler proclame unilatéralement l’annexion des trois Cantons à l’Allemagne, rattachés à la Rhénanie. Sans transition, les lois belges sont remplacées par la législation allemande.
Trois changements de nationalité sont  vécus par cette population entre 1920 et 1945. Cela laisse des traces. Serge Demoulin, enfant de Waimes va faire œuvre de mémoire. Ecrire et jouer pour évoquer les 8000 soldats wallons envoyés au front russe contre leur gré pour combattre au nom de l’Allemagne. Comme son oncle Charles, né belge le 16 décembre 1923, tombé en soldat allemand le 14 novembre 1943 à Krivoy Rog en Ukraine. Evoquer aussi la boucherie de la bataille des Ardennes...

2012. Un soir de fête à Bruxelles.   Serge se fait traiter de Boche par Jean-Luc. « Ah tu viens des cantons rédimés, de chez les … ». Jean-Luc a visé juste. Il ne sait pas que  son grand-père et ses deux oncles ont été enrôlés de force dans la Wehrmacht. Le plus jeune allait avoir vingt ans. Comment meurt-on sous cet uniforme-là ?  A Waimes, dans son village, on ne parle  plus  jamais de cela. On rit, on chante, on rêve  on fait la fête en wallon, surtout au Carnaval. Et alors dans la liesse populaire des bribes de  souvenirs émergent, décapés par l’ivresse et la musique de la fanfare… « La mousse de la bière est proportionnelle à la couche de silence qui recouvre les blessures de l’histoire. » 


Serge maîtrise le drame, l’autodérision, le comique, le bucolique, le grave, le profond. Le carnaval et la fanfare non officielle qu’il dirige vont lui permettre d’aérer le placard honteux où se cachent les fantômes du passé. Avec une belle dose d’humour et de compassion, il fait resurgir sa famille, l’accueil chaleureux de sa mère bien wallonne qui lui offre du cassis et le repassage de ses chemises à chacun de ses retours au pays. La justesse de ton est frappante et la multiplicité des personnages qu’il évoque avec une adresse de jongleur sont les qualités principales de ce one-man show où le comédien-écrivain met à nu l’Histoire autant que les failles de l’histoire familiale.


Si le spectacle part parfois un peu dans tous les sens d'une mosaïque à reconstruire, il ne cesse d’étonner le spectateur par son inventivité. Le travail de mémoire semble se faire sur scène à l’aide de quelques accessoires. Objets, avez-vous une âme ? Une âme qu’il n’a de cesse de ressusciter. Et peu à peu cet homme attachant reconstitue patiemment et avec grande franchise le grimoire de cette sombre période. Les ombres surgissent et se profilent dans l’imaginaire du spectateur en empruntant les chemins surréalistes d’une fête de carnaval ahurissante des années 90. « Je suis un enfant du silence. Ce que je sais : mon nom. Après, rien n’est moins sûr ! » Comment reconstruit-on ? Comment se reconstruit-on ? Ensemble avec des spectateurs forts coopératifs, la vérité se recompose, fragments par fragments. La puissance d’évocation du comédien est évidente, son désir de témoignage, omniprésent.

Les Prix de la critique lui ont attribuent le prix du meilleur comédien de la saison 2008-2009.

http://www.atelier210.be/programme_information-A210-158.html

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administrateur théâtres

12272986495?profile=original12272987082?profile=original12272987684?profile=originalLes bavards


Le public et les amis du Lions Club en tenues de soirée et tenues de ville, se sont pressés dans la salle du Centre Culturel de Woluwe Saint-Pierre le 18 janvier dernier pour applaudir un spectacle débordant de bonne humeur et de vitalité. En effet le spectacle de Gala de la section 112C célébrant le jumelage avec la section du Lions de Paris présentait  le charmant opéra bouffe « Les bavards » de Jacques Offenbach.


 Une soirée placée bien évidemment  sous le signe de la générosité puisque les bénéfices vont intégralement  à Cap 48 que le Lions Club soutient depuis maintenant 9 ans. « Les bavards », un petit chef-d’œuvre musical aux accents mozartiens fut créé aux Bouffes Parisiennes en 1862. Il fut  écrit pour le théâtre à Bad Ems, une station estivale à la mode, où les riches touristes côtoyaient la  noblesse lors de leurs séjours aux sources thermales.  Offenbach lui-même y cherchait la guérison ou le soulagement  de ses accès de goutte chronique. Lors de ses séjours, ce toxicomane de la roulette a également  perdu plusieurs fortunes sur les tables de jeu de ce charmant lieu de villégiature.

 L'action des  « Bavards »  met en scène un jeune poète noble mais impécunieux, amoureux bien sûr  et  que la volubilité de  parole hautement vertigineuse servira  pour le rhabiller de pied en cape, lui faire gagner un pari et remettre ses finances à flot. En prime, une façon élégante de s’introduire chez la belle à l’insu de son oncle Sarmiento. Il a  promis à celui-ci de réussir à  faire taire l’irrépressible  bavardage de  sa femme Beatrix (une impérieuse Pati Helen-Kent).  Et voilà le vieux barbon (joué brillamment par  le  très réputé Chris De Moor)  affublé de deux bavards invétérés dans sa maison! Qu’importe, après une série d’intrigues et une scène de silence extravagante où la salle entière n’en peut plus de rire, Roland sera enfin récompensé par le tuteur et une fois réargenté (!) obtiendra la main de la jeune fille!

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Cette œuvre musicale se doit d’être jouée avec brio, élégance et vivacité. Le tout jeune chef d’orchestre Ayrton Desimpelaere a saisi la balle au bond et nous a conçu une mise en musique limpide et élégante. Il allie un grand sérieux et une connivence naturelle  avec les solistes et le chœur. Tout est joué avec précision extrême et justesse de ton : du lyrique au comique  il y a ce qu’il faut d’humour pour les scènes où le ridicule fait rire le spectateur aux éclats. Usant d’une gestique sobre, il souligne  avec délicatesse les tranches de bavardage, le bruit argentin des sous, les coups de théâtre et la  vie passionnée de Christobal, l’alcade de la ville et  de son greffier.  L’aspect farce  satirique  n’empêche pas une exquise légèreté.  Et, sensualité parfois.   Ce jeune chef  en herbe d’à peine 23 ans  réussit à donner une très belle musicalité dans une salle habillée de  moquette qui pourrait en assourdir les sonorités.  L’œuvre musicale est prise à bras le corps, les dialogues avec les comédiens-chanteurs sont subtils et finement ciselés.  C’est le plus souvent la richesse des mélodies qui séduit et le rythme enjoué de l’ensemble. Malgré la légèreté du propos, pas l’ombre d’un ennui ou d’un bâillement devant cette œuvre qui pourrait nous sembler dater quelque peu par les accents misogynes d’une autre époque. La fraicheur extrême de l’interprétation a séduit et a fait de cette petite fantaisie théâtrale une source d’émerveillement moderne. La comparaison des époques étant déjà en soi une source naturelle d’hilarité! 


Le décor et la mise en scène sont aussi responsables du succès du spectacle: ils sont  aussi volubiles et pittoresques que le texte. On a devant les yeux le bouillant folklore de la rue animée, le palais orgueilleux et tous les accessoires de la chaude Espagne passionnelle. Il y a la grande richesse scénique d’un opéra où le chœur très présent évolue selon une chorégraphie bien huilée et où des danses de  flamencos torrides virevoltent sur les parties instrumentales. La distribution étincelante est dirigée par la chorégraphe, danseuse, chanteuse, professeur de danse et metteuse en scène : Maria Angela Gonzales Sanchez. Elle a signé la chorégraphie de la « Mélodie du bonheur » avec Ars Lyrica au PBA de Charleroi, Bruxelles, Cirque Royal et Forum de Liège.

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Lionel Couchard a interprété le rôle de Roland, le jouvenceau, avec beaucoup d’à-propos et d’intelligence. Sa voix chaude, son énergie primesautière et sa présence scénique donnent une réelle envergure à l’ensemble. On le retrouvera dans le rôle-titre de « Orphée aux enfers » d’Offenbach présenté en février 2014 pour la ville de Neuilly.  Cécile Lastchenko est également passionnée par le chant lyrique et se produit régulièrement à L’opéra  Royal de Wallonie. Nous l’avons applaudie dans le rôle de Susanna dans « les noces de Figaro «  de Mozart au théâtre royal du Parc. Le rôle d’Ines qu’elle interprète dans « Les bavards » est  pure gourmandise. Malicieuse comme chez Molière, elle conquiert le public dès la première scène galante avec Roland. Elle traite sa tante et son oncle avec une savoureuse dose d’humour et d’impertinence. On sait tout de suite que la jeunesse et la joie de vivre auront le dernier mot.  Mais la plus belle voix est  sûrement celle du greffier qui flanque le seigneur de la ville. Elle épouse avec éclat  leurs ardents ébats amoureux aussi drôles qu’emphatiques. Il s’agit de  Joanne Deom, soprano  vive,  puissante et sensuelle qui donne une réplique sidérante  à Cristobal, l’excellent  baryton Marco Zelaya. … C’était Lopez de la Plata dans l’opéra « L’amant Jaloux » de Grétry l’été dernier, un rôle qui lui allait aussi à ravir! Bref un spectacle de Gala qui regorge de vitalité et de fraîcheur fort bienvenues.


L’ensemble Pizzicato dirigé par Ayrton Desimpelaere est un orchestre de 13 musiciens pétulants issus des Conservatoires royaux de Belgique. La première représentation des « Bavards » a eu lieu au château de Marcilly sur Maulne en juillet 2013. Une pépite à haut potentiel?

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www.crescendo-magazine.be/author/adsimpelaere/

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