Propos très vrais… à propos de l'Art du Mensonge!
Il y a quelques temps, on jouait à la Comédie Claude Volter « Si tu mourais » une autre pièce de Florian Zeller d’une très belle facture. Et déjà, le mensonge n’était pas une vérité en l’air ! Aujourd’hui, au théâtre des Galeries la nouvelle pièce de Florian Zeller « La Vérité » qui est encore une comédie sur le mensonge, est résolument moderne. C'est l'histoire d'un menteur … à qui tout le monde ment. Sa femme sa maîtresse, son meilleur ami. Cette pièce légère et très cohérente est admirablement servie par un quadrille de comédiens chevronnés, tous plus justes (vrais?) dans leur interprétation les uns que les autres. Remarquez, on s’en doutait un peu, car la distribution cinq étoiles ne peut pas faillir. MARIE-PAULE KUMPS, MARIE-HELENE REMACLE, MICHEL PONCELET et PIERRE PIGEOLET (qui s’appelle Michel) réalisent un sans-faute pour interpréter magistralement, la vitalité et le charme piquant des dames, et le contraste entre l’honnête homme et le mufle, du côté hommes. Des personnages humains et attachants, même celui de Michel qui nous tend son miroir grossissant !
Le spectateur suit l’évolution de l’intrigue l’œil amusé car c’est à lui de deviner la vérité. Pour une fois, contrairement aux ressorts habituels du théâtre de boulevard, les personnages sur le plateau tournant ne sont jamais sérieux. Tout est faux ! Seriously ? Une pièce poisson d’avril avant l’heure… et une réflexion véritable sur l’approche Voltairienne du mensonge : « Le mensonge n'est un vice que quand il fait mal. C'est une très grande vertu quand il fait du bien. Soyez donc plus vertueux que jamais. Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment, et toujours. Mentez, mes amis, mentez, je vous le rendrai à l'occasion. » Une phrase en exergue de la pièce dans l’édition de chez Flammarion en 2011.
Mais ce qui frappe surtout, c’est la peinture du monstrueux égocentrisme du personnage de Michel, surjoué à dessein par PIERRE PIGEOLET afin que nul n’en n’ignore. Cette masse d’égocentrisme pervers est tellement déferlante et irritante qu’elle contribue à faire accepter encore plus facilement la théorie de Voltaire ! Alors que le personnage de Michel utilise le mensonge uniquement à des fins personnelles. Sous le couvert du mensonge, cette pièce nous dit donc la vérité sur le plus grand défaut de l’homme. No kidding !
Cette comédie dont la mise en scène est signée Patrice Mincke amuse vraiment et pose en filigrane la question du mensonge sous toutes ses formes dans notre société. Comme le dit très bien George Orwell : "A une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire." ...Et dans les relations intimes, connait-on jamais la vérité de l'AUTRE?
THEATRE ROYAL DES GALERIES, Galerie du Roi 32 1000 Bruxelles, Infos Réservations: 02 / 512 04 07
http://www.trg.be/saison-2013-2014/la-verite/en-quelques-lignes__4585