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comédie (193)

administrateur théâtres

Le ciel de lit (Théâtre Comédie Claude Volter)

LE CIEL DE LIT

DU 01 AU 31 décembre 2010 Théâtre Comédie Claude Volter

« Le Ciel de Lit »

de Jan de Hartog – l’auteur de « Schipper naast God »

adaptation de Colette

Pièce fort divertissante malgré une analyse psychologique un peu à l’emporte-pièce dans ses débuts….Les décors, les meubles, les costumes, les maquillages sont très raffinés. Le plaisir théâtral d’une mise en scène soigneuse, suivant l’évolution d’une vie à deux qui se construit avec ses guerres et ses trêves est bien là. La documentation d’époque est un luxe de réminiscences de la vie de nos grands parents…Défilent devant nos yeux les cartes postales, almanachs et autres extraits du Petit Journal, couvrant 50 ans de vie commune avec ses sommets et ses creux, autant de plongées vertigineuses dans un demi siècle qui fut grandiose. C’est tout juste si on pense encore à la pièce pendant ces moments d’actualités déroulantes, tant on voudrait retenir les images de l’histoire qui passe…. Mais le train-train domestique dérisoire du couple est toujours à l’heure et nous rattrape inexorablement. Leurs maladresses s’accumulent : un cinéma dans le cinéma.

Et finalement c’est le dernier tableau, qui emballe surtout le spectateur. La scène s’est vidée de tous ses beaux décors, le ton des acteurs est descendu d’une octave - voix graves ou chevrotantes - avec des pointes d’accent régional : retour aux sources, découverte de l’essentiel, dévoilement de soi ? Enfin! Les sarcasmes se sont émoussés : c’est quoi ce chapeau ? Ce bonnet de nuit ? Ce casque de Morphée… ? La requête de la jeune mariée du début était prophétique : « Enlève donc ton chapeau ! »

Il fallait devenir « soi-même ». Les deux mariés ont abandonné les gangues des discours convenus. Leur vie était surtout une arène : tant au niveau de la découverte de la première nuit de noces, que de l’attente angoissante du premier-né, que des affres de l’éducation, que des soubresauts de liaisons illicites…

La vérité criante s’est fait jour quand les enfants se sont mariés. Mais réconciliés maintenant, les voilà qui sautent ensemble joyeusement pour fermer le bagage qu’ils vont emmener avec eux. A 80 ans, ils voudraient tant que le jeu continue, la vie quoi! L’assaut de tendresse péniblement gagnée pénètre comme une lumière les jeux d’influences de l’homme et de la femme. Vont-ils boire le champagne, savourer ensemble les bulles de la vie ? On est dans un climat surréaliste, où le bord de la tombe n’effraie plus, où la connivence est certaine, où la connaissance de l’autre brille dans de fausses disputes…et où tout recommence, autrement… ou pareil? C’est sans fin !

Avec : Stéphanie Moriau et Emmanuel Dekoninck

Mise en scène : Danielle Fire

Décors : Christian Guilmin

Création lumière : Sébastien Couchard

http://www.comedievolter.be/index.php?page=le-ciel-de-lit---photo

Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Bruxelles
Représentations : du mardi au samedi à 20h15 - le dimanche à 16h00
Infos et réservations : 02/762.09.63 - www.comedievolter.be

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Mon chat s'appelle Odilon (au théâtre de la Samaritaine)

Un spectacle de la Compagnie des Chercheuses d'Or : MON CHAT S’APPELLE ODILON.

Natacha a perdu son chat ! « Partagée entre l’amour qu’elle éprouve pour son nouvel amant et celui qu’elle éprouve depuis peu pour un jeune chat, devenu envahissant, Natacha se retrouve embarquée dans une succession frénétique de rencontres avec des personnages hauts en couleurs.
Comédie et drame sont ici habilement entrelacés et servis par une interprétation remarquable, entre humour et émotion. »

Extrait : Mais avec Odilon blotti sur mes genoux…

Au début, il était encore un peu timide.

Très vite il a couru partout, nous avons fait mille folies.

Jusqu'à ce que la fatigue, paf ! nous terrasse d'un coup.

Alors, je me suis étendue sur le lit et là, j'ai vraiment craqué : en ronronnant, Odilon est venu se poser délicatement sur mon cou et n'a plus bougé.

Tout chaud, tout doux, tout mimi !

Je n'ai plus bougé non plus…

C'est Barnabé qui nous a réveillés en rentrant.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— C'est Odilon.

— Manquait plus que ça, il a dit.

— Il est si craquant, j'ai dit.

Barnabé n'a plus rien dit.

Barnabé, il ne parlait jamais beaucoup…

Texte de Paul Emond. Avec Marie-Astrid Legrand. Mise en scène de Suzanne Emond.
Venez nombreux ! Du 14 au 30 décembre à la Samaritaine à 20h30. ( 02 511 33 95)
Plus d'infos : lasamaritaine.be/​saison2009-2010/​index.html#bv000014



Mouvements scéniques imaginatifs, présence juvénile, sourire de jeune

féline craquant d’innocence, aucun maquillage, des cheveux attachés

n’importe comment, comme si on débarquait dans son appartement un

jour où elle assemble un maître-achat de chez Ikéa: c’est la jeune

comédienne Marie-Astrid Legrand. Avec la fraîcheur d’une étudiante,

elle va nous transporter dans sa vie intérieure et ses tribulations

amoureuses entre son magnifique chat mâle d’1 mètre 07 cm et son

amant, ledit Barnabé, amant fixe pour une fois, mais souvent

hypocrite, égoïste, infidèle, macho et aviné. On la suit avec une

émotion intense, de déchirement en déchirements, passés et présents.

Le pire est à venir : le partage du chat. C'est moi qui ai crié

'NOoooon!' quand vous écarteliez le chat avec Barnabé hier soir. Je

l'ai "vu" se casser en deux. Votre jeu est superbe. J'ai été prise

par l'imaginaire avec une force incroyable! Ce « non! » venait du

fond de mes entrailles! Que dire… quand on se bat pour un enfant de

couple de divorcés! Cette pièce est d’une sensibilité remarquable,

écrite par un homme, qui pénètre les félinités et les féminités

avec une perception très vive… et qui sait prendre ses distances

par rapport à tous les Barnabés du monde. La comédienne projette

les nombreux personnages de ses mésaventures avec une vérité et

une variété des tons, détonante! Courrez voir ce bijou de spectacle!

Tout sonne juste !

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administrateur théâtres

Les noces de vent (théâtre de l'Espace Delvaux)

Les Noces d’étain ? Non  ... celles de   v e n t !                          Le vent qui pousse chaque couple, dans une direction bien différente de ce qu’ils ont vécu dans leur jeunesse au château des parents. Mais  Léopold, Albert, Baudouin et Astrid ne peuvent s’empêcher de retrouver avec ravissement cette connivence enfantine  et nous la faire partager au travers de leurs jeux retrouvés… malgré leurs apparences d’adultes confirmés… ( ?)  Le vent du passé au charme désuet, le vent de l’avenir si incertain souffle tantôt des bourrasques, tantôt des effeuillements de rêves brisés. C’est touchant, drôle et tendre. L’entrée de jeu était une pose ravissante  prise le  jour du mariage des quatre jeunes gens  à travers l’image projetée et solaire des marches du château. C’était  juste avant la mort accidentelle  des parents qui fêtaient leurs noces d’or.  Image éphémère, tout de suite transformée en ruine de château, façon capitaine Fracasse où se déroulera l’action. On s’y amusera autant !

 Cette pièce, fracassante de rires, raconte les couples et leurs tribulations au bord du pathétique, les caractères dissonants, les relations houleuses, les manques,  les phrases qui tuent, les gestes qui sauvent…. Et surtout l’humour qui fait vivre, si bien représenté par Olivier Leborgne, dans le personnage de Yanne «  Jan Van Damme, le plaisir de ces dames ! », la pièce rapportée d’Astrid, joyeux flamand bon vivant,  toujours prêt à donner un coup de main pour faire la noce et  que la fête soit bonne.

Il y a Evelyne, une anorexique fragile, complètement tarte,  et  très gourmande de plaisirs vivants que son mari , Baudouin, dit Doudoune, est incapable d’assouvir, tant il est coincé. Un psy.  Il y a Albert le frère aventurier qui se fout de l’argent, du château et qui est revenu du Togo… mais sa relation avec Malou est fort à mal, ils ont perdu un premier enfant, enterré avec les parents dans la chapelle du Château. Il y a Astrid, maîtresse femme, à l’affut des papillonnages de son mari,  terre-à- terre : … mais où est passé le service en Limoges ? Il y a l’ineffable Léopold,  spécialiste en répartition des tâches sans que lui  ne lève jamais le  moindre  petit doigt, médecin de son état et dissipateur des biens familiaux. L'hypocrisie personnifiée. Sa femme, mélancolique, rêve d’un Rodolphe disparu en Louisiane… Il y a le vin, le château, l'argent, les rêves.... Les interprétations des huit comédiens sont étincelantes, le rire désopilant envahit la salle… on voudrait rester baigné dans cette comédie douce–amère tellement proche de nos cœurs, car tous jouent vrai et juste, avec talent intense et générosité. C'est un spectacle dont l'auteur est le vent, une co-écriture qui est  digne des  plus grandes scènes.

Ecriture Eric De Staercke   Avec Catherine Conet, Patricia Dacosse, Eric De Staercke, Caroline Lambert, Olivier Leborgne, Vincent Raoult, Victor Scheffer, et  Pascale Vander Zypen.

 

 http://www.lavenerie.be/index.cfm?r1=1&r2=101456

http://www.lavenerie.be/static_images/fv267.pdf

 

jusqu'à la fin décembre et aussi pour le réveillon,  le 31 décembre à 22h!  Amusez-vous!

et vive le VENT !

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administrateur théâtres

Venise sous la neige

Une comédie de GILLES DYREK

Mise en scène: Victor Sheffer avec Gauthier de Fauconval, Justine Plume, Audrey d'Hulstere, Thomas Demarez.

Pièce très courue en France pour sa drôlerie à Toulon, Paris, Bordeaux, voici une comédie de boulevard – plutôt d’impasse – qui repose sur un quiproquo à nombreux tiroirs.

Patricia vient de se fâcher avec son copain Christophe, car elle est encore rentrée en retard. L’attaque est la meilleure défense. Ils sont attendus pour dîner chez Nathalie et Jean-Luc, vieux couple béat et un peu niais après 5 ans de vie, très commune. Jean-Luc, c’est le vieux copain de fac, mais qu’auront-ils à se dire ? Patricia ne connait personne. Nathalie est préoccupée. Apparaissent insidieusement les premières rides dans leur paysage béni, à cause du spectre de l’organisation de leur futur mariage. Ce qui les empêche presque d’accueillir Christophe et sa copine avec civilité.

Invité, Christophe veut faire bonne figure mais Patricia a juré de plomber la soirée et n’en lâche pas une, histoire de faire enrager tout le monde. Conséquence inattendue de ce mutisme, Nathalie la prend innocemment pour une étrangère. Patricia se venge à sa façon et joue la carte « Chouvène, Chouvénie, capitale Chougrad ». Christophe a perdu les commandes. On nage dans l’absurde et dans le malentendu. Le couple qui se surnomme Chou-Chou et s’embrasse à tire larigot est vraiment pathétique mais leurs contenances bien réglées vont voler en éclats et les révéler à l’état brut! Tandis que la situation ubuesque relève de ses cendres l’improbable couple Christophe – Patricia, car elle s’amuse enfin dans sa vie, le couple de Jean-Luc commence à battre de l’aile et finit par se déclarer leur première guerre monstrueuse. Malgré la caricature extrême, le décor complètement nul – de « l’après guerre » qui connaîtrait les DVD – les quatre comédiens arrachent des rires inextinguibles au public pendant toute la pièce. Et pourtant ce n’est pas le texte qui tue! Mais le déjà vécu ou vu, très lucide et très incisif qui remue nos fibres….et la construction machiavélique du maître de cérémonie: Patricia.

Petit Théâtre Mercelis du 1 au 22 décembre 2010 à 20h30
Infos et Réservations: www.argan42.be ou 070/75.42.42

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Autant en emporte l'argent (théâtre Royal du Parc)

18 Novembre 2010 >> 18 Décembre 2010 « AUTANT EN EMPORTE L'ARGENT»

Comédie de Ron Hutchinson
Mise en scène : Jean-Claude IDÉE.
Décor et costumes : Serge DAEMS.
Avec: Patricia HOUYOUX (La secrétaire ) ; Jean-Claude FRISON (Ben Hecht ) ;Jean-Marie PÉTINIOT (Selznick)
Michel PONCELET (Fleming)

1939. Après de folles supplications et une offre financière plantureuse, Ben Hecht se voit forcé d’accepter de vivre 8 jours dans l’enfer de la création et d’écrire sous la contrainte, un scénario d’un bouquin de 1000 pages qu’il n’a jamais lu! Une histoire vraie et une légende dans les élégants bureaux du plus grand producteur de cinéma : David O. Slelznik. C’est le récit épique de ces huit fabuleuses journées qui mirent au monde le film mythique entre tous : « Autant en emporte le vent. »

Nous débarquons dans un huis clos. Défense de déjeuner, on y vit de bananes et cacahuètes - c’est bon pour les méninges- pas le temps de dormir, à peine celui de s’éclipser à la salle de bain. Le maître après Dieu, le producteur David O. Selznik (Jean-Marie PÉTINIOT ) diffuse un charisme et une désespérance palpables. Il vient de virer de leurs postes le scénariste et le metteur en scène du film, il est au bord de la faillite. On n’imagine pas à notre époque que le tournage d l’incendie d’Atlanta était à lui seul un désastre financier : il fallait brûler les vrais décors. La pression est à son comble, le pari est immense : la gloire ou la débâcle. Les trois prisonniers du défi financier sont assaillis de coups de téléphone : la femme délaissée de David O.Selznik, Irene , le beau-père, Louis B. Mayer, le patron du studio, alarmé par les rumeurs d’arrêt de production, l’actrice ombrageuse Miss Vivian Lee. L’immaculée secrétaire, Miss Poppenguhl (Patricia HOUYOUX) déploie diplomatie et patience d’ange. Quel contraste avec le bouillonnement désespéré de désir de création de la trinité masculine ! Vic Flemming (Michel PONCELET), le nouvel élu metteur en scène, et Selznik s’escriment à jouer par le menu tous les personnages et les épisodes mouvementés du livre de Margaret Mitchell pour Ben Hecht le scénariste. Comédiens très contrastés, nous sommes en pleine farce comique. L’effet est cocasse mais Ben refuse d’y croire. C'est qui Reth …? Rétif plutôt! Et caustique. Il se rebelle à tout instant contre cette histoire à l’eau de rose, aux vaines poursuites. Moonlight and magnolia is Over! Quel est l’intérêt de ressasser cette guerre civile américaine d’un autre temps, où un héros ne meurt pas héroïquement, mais de rougeole! Scarlett est risible. Son âme de journaliste n’a cure du Sud conservateur, il veut faire passer sa vision du monde moderne, dénoncer l’antisémitisme croissant et la menace de la guerre.

C’est une lutte ouverte, chacun veut faire triompher sa vérité. L’écoute étant exclue, comment s’entendre! Le jeu du corps a la parole. Au fur et à mesure, la sage et jolie robe plissée de Miss Poppenguhl se transforme en robe du Sud et en boucles folles de Scarlett O’hara. Choc des vérités : David O’ devient de plus en plus pressant, les cacahuètes volent, les manipulations, marchés et pressions en tout genre se terminent par une discussion passionnée sur le sens de la nationalité américaine. Selznik et Ben Hecht sont tous deux juifs: place à l’humour et à l’autodérision. Les voilà qui téléphonent à tout Hollywood pour décider: Selznik, américain ou juif ? Gagnant, Ben empochera un chèque pour l’entr’aide des réfugiés juifs. C’est enfin le délire : vissé de force à sa machine à écrire, Ben Hecht transforme sans s’en douter toute la violence chaotique de la genèse dont il est acteur et témoin, en or massif. L’Oscar sera au rendez-vous.

Ben Hecht, (Jean-Claude FRISON ) a des airs de Clark Gable, il est brillant, fin, intelligent, ses réparties claquent avec la rapidité de l’éclair, ses frustrations et son exaspération croissante, résonnent d’une vérité plus que théâtrale. Le combat passionné du trio échevelé, débraillé et à bout de forces, contre le monstre de l’argent, est superbe. Au passage, l’ode à l’amour du cinéma est ardent: « le seul lieu où les morts continuent de marcher! » La mise en scène est dynamique et forte, le huis clos déborde de tensions, jusqu’à l’apothéose du générique du film.

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administrateur théâtres

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Qui est Monsieur Schmitt ?

 

représentations du lundi 22/11 au samedi 27/11 à 20h30

le dimanche 28/11 à15h30

Centre Culturel d'Auderghem

Bld du Souverain 183 - 1160 Bruxelles

Que nous promet M. Schmitt ?

Une soirée pleine de comique sérieux, de promenade avec Kafka et Raymond Devos à la fois. Délectable ! La famille Machin, pardon, Bélier, déguste silencieusement son dîner du soir dans un appartement bien rangé. Pas un pli: « passe-moi le sel » en gestes, réponse en haussement d’épaules de Madame. La circulation de la communication va bon train! « Qui es-tu » n’importe plus dans l’enlisement du quotidien. Résonne un téléphone surréaliste. Voilà que le quotidien et les identités sautent d’orbite soudainement. La logique craque, tout devient fou autour des Schmitt. D’abord une saine connivence ressoude le couple assoupi, les fait se parler … puis tout d’un coup la femme hantée par les exigences de la société, le conformisme, la peur de faire à l’envers, déserte son mari et prépare consciencieusement de la choucroute. « On n’est pas des saumons. » Il faut se laisser porter par la rivière… Elle prend parti pour un fils sorti de nulle part. Elle a endossé le rôle donné à la perfection. Le mari complètement déstabilisé, Richard Berry en vrai, devient fou. On le serait à moins, avec les photos de familles transformées en chien-loup, les habits qui se sont fait la malle, et les livres qui ont changé de propriétaire et ce pays qui n’est pas la France! Le psychiatre, l’auteur de la pièce, Sébastien Thierry, s’en mêle et achève méthodiquement le patient. Le spectateur va-t-il douter à son tour ? « Ceci n’et pas un papillon, c’est une brosse à dent ! » L’autorité de la médecine, de la flicaille font froid dans le dos. Que ne fait-on pas sous la pression ? Que deviennent nos convictions devant la force de l’autorité ?

Richard Berry est sublime et nous prend par l’émotion : « Je préfère notre actualité à l’actualité des autres ! » Il dessine avec finesse toute la détresse dans laquelle l’ont plongé le flic et le psy. Il et prisonnier, de sa femme, ensuite. A lui de prouver qu’il n’est pas coupable… tiens ! Kafka ! A lui de recomposer point par point son identité imposée… dans un carnet de notes surréalistes. A lui d’accepter qu’il a tout rêvé ! « Une bouffée psychiatrique ! » La mise en scène est brillante. Le spectateur est tantôt compatissant, tantôt mort de rire devant les absurdités, tantôt plonge dans l’interrogation existentielle. Ce cocktail est capiteux ; la densité du jeu laisse pantois, la subtilité des phrases anodines creuse les questions… tiens, Devos! Qui décide qui nous sommes?

La salle est comble, et craquante d’applaudissements car le bouche à oreille a dit toute la portée de cette pièce riche et si légère à la fois! Les talents parisiens étincellent à Bruxelles.

 

 

Abonnement Paris-Théâtre / 7 spectacles

 

Le concept de Paris-Théâtre est de vous offrir un échantillon du meilleur théâtre français en général et parisien en particulier. Une saison basée sur le divertissement, la découverte, les coups de coeurs et la diversité !! Le Centre Culturel souhaite entourer les "têtes d'affiches" par des spectacles de qualité à la distribution probablement moins connue, mais où le talent ne fait pas défaut. Au CCA, la curiosité un excellent défaut.

http://www.cc-auderghem.be/

 

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administrateur théâtres

Jalousie en trois mails (Théâtre Argan 42)




JALOUSIE EN TROIS MAILS

COMÉDIE D'ESTHER VILAR

06 Octobre 2010 >> 30 Octobre 2010

Une avocate d’âge mûr intelligente et sensible, une femme fatale architecte -la vamp irrésistible et blonde en robe noire, chignon sensuel et bouche peinte se refermant sur une éternelle cigarette dans un penthouse de rêve, et l’étudiante bouddhiste en jeans, végétarienne. Trois générations. Elles habitent le même immeuble. Epouse ou maîtresses, elles partageront inéluctablement les palpitations et les affres de la jalousie pour le même homme. Ce Lazlo, est omniprésent dans leur monde intérieur mais absent de la scène, sauf qu’il circule, habilement entre les étages, insaisissable. Les empoignades se font à coup de mails, de véritables argumentaires pleins de fiel, de poison et de verve : tour à tour des salves de perfidie, de désespoir, d’amour passionné tombent avec fracas dans les maibox. Les textes sont beaux, du Sacha Guitry version féminine. La rivalité entre ces femmes révèle en chacune la mesure de leur passion pour le même homme et la douleur insupportable de l’abandon. Pas de clichés, un crescendo de souffrance et de violence, boomerangs verbaux, bombes de détresse et de sarcasmes vengeurs. Les monologues se croisent et se répondent sans jamais réellement communiquer entre eux, chacune se croyant pathétiquement à l’abri dans sa bulle, jusqu’au dernier moment, à l’abri dans la croyance folle d’être aimée. Mais les déconvenues sont d’autant plus cruelles, jusqu’à friser le suicide. L’une lit avec effroi le texte qu’elle vient de recevoir, l’autre livre ses pensées aux fenêtres ou s’adresse virtuellement à sa rivale, l’une lit son texte en l’écrivant rageusement, chaque fois l’émotion est au paroxysme mais pas de confrontation réelle, ni de bagarre, le sentiment n’en est que plus aigu.

La voix de " l'autre" est prisonnière de l'écrit, comme un moustique coincé dans un microscope. C’est donc le verbe qui se charge de la vérité de l’émotion. Et de l’évocation des ravages du temps… mais les femmes, statistiquement, ne sont-elles pas gagnantes ? D’un bout à l’autre, la jalousie est disséquée avec brio jusqu’à la scène finale où paradoxalement il sort une véritable surprise rhétorique voluptueuse. Exaltation. Vive l’intelligence …

Le spectacle est aussi dans la salle : des spectateurs masculins, totalement inconscients des dangers des relations extraconjugales ont les yeux qui brillent, le sourire flottant, et se trémoussent d’une fesse sur l’autre. J’en ai vu saisir leurs accoudoirs et se lever à demi, transportés par le bonheur imaginaire de se sentir Lazlo – quelle erreur! – et des femmes soupirer d’aise quand à son tour la maîtresse, femme fatale « tombe »…

Rosalia Cuevas, Carole Weyers et Cloé Xhauflaire sont toutes trois, solaires!

Petit Théâtre Mercelis:Du 06/10/10 au 09/10/10 Et du 14/10/10 au 30/10/10 à 20h30
BOZAR: Le 12/10/2010 à 20h30
Infos et Réservations: www.argan42.be et 070/75.42.42

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administrateur théâtres

Squash (théâtre de l'Arrière-Scène)

du 26 octobre au 6 novembre 2010 à 20h30
(relâche les dim. lun. et mar.)

S Q U A S H

A deux fois quinze ans, deux jeunes yuppies s’ébattent dans une chambre à taper les murs, équipement, shorts et chemises de sport dernier cri. Les chaussures crissent sur le parquet, la violence de la société entre les dents. On est au cœur d’un match dès l’entrée en salle. Le « Squash » est leur exutoire, leur temps de pose et leur temps des secrets, leur connivence masculine hebdomadaire. La vertu du sport calme les nerfs à vif et empêche la guerre : 1-0. Peut-être, mais la violence rampe et la guerre de couple ne demande qu’à éclater. A la base l’insatisfaction, le désir d’autre chose, la confusion, le manque d’écoute, l’ailleurs…

Ryan demande à son partenaire de frasques anciennes de l’aider en lui servant d’alibi pour une soirée mutine. Greg est atterré. Leurs deux femmes sont de grandes amies. Une onde de choc dans un couple menace inévitablement l’autre. Le poison du double bind le fait vaciller. 1-1. Puis les tentations sexuelles si bien mises en scène par Ryan, véritable démon sexuel achèvent de vaincre ses résistances de plus en plus faibles. 1-2. Avantage à Ryan. Descente rythmée aux enfers du mensonge au cours des habillages et déshabillages de plus en plus frénétiques au vestiaire dont nous gratifient les deux comédiens, entrecoupés de musique rock de plus en plus obsédante. Les paroles rebondissent plus que les balles et cela se termine par le sport en chambre ou sur une table de café. Le sport bien pensant a perdu, à peine s’ils pensent encore à jouer ne rêvant plus qu’à jouir. Prêts même à se disputer! L’instinct a vaincu la raison. 1-3. Spectateurs et acteurs sont emportés dans les engrenages effrénés et crus du désir mâle, dans l’échafaudage absurde des mensonges de plus en plus pesants. Dernière scène. Tout est perdu ! Greg finalise, score : 4-3 et à quel prix ?

Le ton et le langage sont tellement justes que l’on dirait du cinéma sur scène: tout bouge, tout le temps, pas le temps de respirer, l’infernal s’enchaîne, les actes se posent et éclatent comme des bombes d’émotion. Le physique est roi. Les plans se chevauchent et se contredisent. Quel brio dans la mise en scène et dans l’interprétation des comédiens qui pas un instant ne nous lâchent….tout corps, tout jeu, tout verbe. Un spectacle captivant, miroir cruel et lucide d’une époque qui encense la réussite à tout prix, la jeunesse du corps, veut tout et son contraire, tout en même temps. Miroir d’une société fondée sur l’avoir, le mensonge, la corruption - où le pouvoir, l’argent et le sexe aveuglants et obsédants, vous enferment dans leurs filets. Me first, society! We will, we will … squash you!

Squash, d’Andrew Payne

http://squash.over-blog.com http://www.arriere-scene.be/saison_details.php?ID=205

Mise en scène : Clément Manuel

Avec : Charlie Dupont et Clément Manuel Direction d’acteurs : Tania Garbarski Lumières : Pierre Ronti

Musique : Greg Remy de Ghinzu Assistanat : Benjamin Ramon Costumes : Lacoste et Bellerose

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administrateur théâtres

Mes Nuits sans Robert (Théâtre de la Samaritaine)


La nouvelle pièce de Véronique Gallo avec Véronique Gallo:

MES NUITS SANS ROBERT

OU

« CONFERENCE INTITULEE "LES ACCESSOIRES DU 7E ART QUI TRANSCENDENT NOTRE VISION DE L’AMOUR" »

***

Les paroles de Jean-Jacques nous chatouillent le cœur à regarder Louise évoluer sur la scène avec ses souvenirs en boîtes noires serties de métal froid :

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son immense collection…

Un à un elle prendra chaque écrin avec tendresse et commentera les objets fétiches de toute une vie ciselée par la romance du cinéma. Américain, de préférence. En vrai, elle n’a jamais eu la chance de faire La rencontre de celui qui partagera sa vie! Elle connait pourtant tous les ingrédients de l’amour par cœur, elle a analysé tous les comportements et les échafaude en théories burlesques et drôles…. Cela met un peu de distance et lui donne un sens de l’humour irrésistible! Elle peut tout jouer à merveilles, mettre en scène avec brio toutes les légendes de passion fictives…. Fictives ? Elle n’en n’est pas trop sûre !

Et de faire son cinéma tous les soirs sur l’écran noir de ses nuits blanches. Désespérément seule, malgré ses visites à l’herboristerie, attirée par les rêves, les senteurs, elle serait vite la proie facile de toutes les fumisteries. Heureusement qu’il y a les gouttes du Docteur Bach ! Sa vie sentimentale s’est figée une fois pour toutes sur ce beau Robert Redford, elle se le repasse inlassablement, et ne vit plus désormais que sur arrêts sur images impalpables, évanescentes. Il lui manque ce numéro introuvable pour sa collection de magazines…

Et la voilà qui nous livre son personnage le plus vrai : cette horloge biologique qui doucement se fane, affolée, ne sachant plus dans quel sens tourner, tant les minutes comptent…Six fois marraine, Tata Loulou, sent sa sève refluer, l’angoisse va la tuer au milieu de ses objets mythiques à qui elle a donné tant d’âme…

Véronique Gallo établit un rapport avec le public aussi rapide que les vendeurs d’éplucheurs magiques sur les grands marchés, on est fasciné et conquis. On assiste à de la prestidigitation verbale, elle peuple tous les espaces possibles, jusqu’à la régie, de personnages qui lui parlent dans son désert. Et chaque scène va jusqu’au mime des émois les plus profonds: « Coupez ! » hurle-t-elle à la fin…

« Non ! » Car l’éclat de la peau, les pupilles allumées, la chaleur du corps, tout participe: le talent fou !

Sans Robert...Ou sans Georges?

http://www.lasamaritaine.be/saison2009-2010/index.html#bv000004

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LE MEC DE LA TOMBE D'À CÔTÉ (théâtre Le Public)

LE MEC DE LA TOMBE D'À CÔTÉ de Katarina Mazetti


Mise en scène: Michelangelo Marchese / Avec Florence Crick et Guy Theunissen

DU 26/10/10 AU 31/12/10 au théâtre Le Public

Daphné Merlin, Bac+5, se rend régulièrement sur la tombe de son jeune Hugo de mari, un alter ego qui a eu le mauvais goût de mourir sur son vélo, la tête dans un casque où il écoutait des chants d’oiseaux. Bibliothécaire, et citadine en diable, elle vit dans un appartement impeccable, tout blanc, plantes vertes, très tendance, pas une tache. Au cimetière, elle rencontre le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence rustique l'agace souverainement, autant que la stèle orgueilleuse et son abondante vie végétale, digne d’un pépiniériste. La tombe où elle se recueille est nue et sobre, pas même un rosier, car le mec d’avant, amoureux du vide, en avait décidé ainsi, réglant tout dans sa vie, jusqu’à ses obsèques. Depuis le décès de sa mère, Jean-Marie vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il est fort affecté du vide laissé par la mort de sa mère, mais il a de l'humour et de l'autodérision et le rêve inavoué d’un « je t’aime, tu m’aimes, on sème… ». Chaque fois qu'il rencontre « la dame beige », bonnet ridicule fiché sur sa masse vaporeuses de cheveux, il s'énerve contre la 'Crevette' qui occupe le banc au cimetière avec lui, avec son carnet et son incroyable « stylo à plume !» « Est-ce qu’elle compterait les maris qu’elle a enterrés ? » Tout les sépare et pourtant, les monologues intérieurs sont éloquents, chacun éprouve un désir confus. « Un arc-en-ciel a surgit entre nous » dit-il au premier sourire involontaire de la belle. Une histoire d’amour démarre.

Ils vont se raconter tour à tour, se rencontrer, s’aimer, se séparer, se rattraper, se disputer copieusement, vivre une relation charnelle à la Lady Chatterley…. Mais le choc des cultures ! Le tournant ce sera cette phrase des moutons qui tue. Innocemment Jean-Marie lâche : « Il va falloir qu’on les rentre… » Totalement étrangère aux choses de la ferme, la crevette se cabre. Saisie d’une peur panique elle voit en un instant le piège épouvantable d’une vie de paysanne se refermer sur elle, et, devenue chevrette sauvage, elle prend la fuite. Et ce "ON", terrifiant pronom menteur, qui s'emble l'avoir inclue! Pourtant tous deux nourrissent des illusions romantiques…

Le duo Florence Crick et Guy Theunissen joue avec brio, malice et justesse, ces deux personnages un peu manichéens. C'est en fait cela leur problème: aucun lieu de rencontre, si ce n’est le lit de leurs amours et le cimetière de leurs illusions. La volubilité, et les mouvements de poursuite et d’esquives brillent comme des éclairs. Les yeux et les sourires parlent plus que déclarations. Les moments de tendresse sont profonds comme une meule de foin, et sublimes alors qu’ils sont assis sur une tombe. La lucidité de la paysannerie est là : « On va aussi bien ensemble que la merde et les pantalons verts, comme disait mon grand-père. Et je ne veux pas que ça s'arrête. A chaque jour suffit sa peine, je n'aurai qu'à apprendre à faire avec. » La campagne et ses odeurs tenaces, l’immense ferme un peu délaissée, la bibliothèque, le théâtre et la ville sont magnifiquement rendus par la parole et le geste. Dommage que le seul lieu de rencontre ne soit qu’un cimetière, s’ils pouvaient y enterrer leur ego une fois pour toutes, tout irait mieux. « Mieux vaut franchir les minutes une à une, les avaler comme des pilules amères, essayer de ne pas penser à toutes celles qui restent "» Qui fera le pas, et enterrera en même temps la hache de la guerre du couple ?

Daphné insiste cruellement : « Bien sûr que c'est possible de vivre comme ça, être les meilleurs amis du monde, chacun sur son étoile, puis s'amuser ensemble lorsqu'on sent le souffle de la solitude sur la nuque? Bien sûr que c'est possible? » Une attitude triste à pleurer, hélas typique de notre époque postmoderne, où l’engagement est devenu si difficile, où jamais on ne veut lâcher prise et se donner vraiment à l’autre, où «chacun vit sur une autre planète ! » Dans la peur panique du lien.

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=257&source=agenda&year=2010&month=10&day=26

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administrateur théâtres

Les trois sœurs au théâtre Varia


D’Anton Tchekhov.
Adaptation et mise en scène de Michel Dezoteux.
Avec: Rosario Amedeo, Karim Barras, Erwin Grünspan, Blaise Ludik, Sophie Maillard, Fanny Marcq, Emilie Maquest, AntojO,Dominique Pattuelli, Julien Pillot, Achille Ridolfi, Alexandre Trocki.

www.varia.be

Un spectacle bouillonnant de vie, d’humanité et d'émois... et pourtant il n'y a pas vraiment d’intrigue! De la magie théâtrale pure et simple, mais ô combien fignolée! Le spectateur est happé du plus profond de ses affects, et hissé au-delà de son ennui. C’est que l’émotion circule dans tous les sens, le théâtre est une rotonde, les spectateurs tous invités sur scène vibrent à l’unisson avec les comédiens, cœurs déchaînés. Tous dans le même creuset. Le thème de l’ennui provincial se fond avec celui de la recherche éperdue du sens de la vie. « Quel est le sens de tout ça ? Tiens il neige, où est le sens ?» Macha : « Il me semble que l'homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complètement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des étoiles dans le ciel... Il faut savoir pourquoi l'on vit, ou alors tout n'est que balivernes et foutaises. » En filigrane le pessimisme foncier de Gogol fuyant vers l’Europe en berline ressort: « On s'ennuie à se pendre, dans ce monde, Messieurs ! » Tour à tour le rêve, l’imagination s’emparent de chaque protagoniste … et l’inaction sert chacun à la gorge. Le public ne fait rien que regarder. Les comédiens à travers rires et pleurs comme aux giboulées de Mars, ne font pas avancer l’histoire. Rien ne change, malgré le temps qui passe, d’année en année, et c’est juste la vieillesse qui creuse son désespoir, tarit l’enthousiasme, tue, comme l’alcool, à petit feu.

Il ne reste plus rien du médecin militaire. Il a tout oublié, il n’existe plus, d’un geste évocateur il fait mine d’ouvrir sa boîte crânienne, c’est le vide, tout est parti, envolé, et il s’en fout : seul remède contre le désespoir ! « Nous ne vivons pas, il n'y a rien en ce monde, nous n'existons pas, nous le croyons seulement... Et n'est-ce pas bien égal ?... » Ses solos d’ébriété déchainent les rires, l’humour est triste.

Irina, la plus fantasque, celle qui poursuit son rêve avec le plus d’acharnement, qui vit le plus d’imaginaire sera la plus grande victime. « Mais mon cœur est comme un piano précieux fermé à double tour, dont on aurait perdu la clé. » Elle n’arrive pas à dire les mots que le baron, qu’elle est sur le point d’épouser, voudrait entendre avant d’ouvrir la porte sur la dernière affaire à régler de sa vie. « Un baron de plus ou de moins… » ironisera encore le médecin, impassible devant l’absurdité.

Le frère adoré, Andreioucha, à l’avenir tellement prometteur est devenu fonctionnaire administratif au lieu de sa brillante carrière de professeur. Il a été berné par une femme fatale prédatrice et dure, qui fabrique des enfants avec l’égoïsme d’une féline sans cœur. Ce n’est pas tant la mort du père un an avant qui « a libéré son corps et son âme » comme il le prétend, c’est la privation d’action, imposée par la Natalia toute puissante qui le fait grossir à vue d’œil ! Humour triste et affectueux. Et si approprié ! Quand la mante religieuse va-t-elle le dévorer ? Il est à point, couvert de dettes de jeu, il a hypothéqué la maison familiale sans l’avis de ses sœurs.

Et pourtant, à la fin le souffle mêlé des trois sœurs fait renaître l’espoir insensé dans la vie, crié à tue tête. Malgré la neige glacée éparpillée sur le sol, la maison perdue… Le mari de Macha accueille sa femme comme s’il ne s’était jamais rien passé avec le Verchinine, sagesse de cœur, confiance radieuse en l’inaction. Les défaillances du réel sont si négligeables ! Voilà pour l’homme. « La vie est immuable, Monsieur, elle a ses propres lois que nous ne comprenons pas Mais l’homme est éphémère : « On nous oubliera » répètent inlassablement les personnages tour à tour : « Pour nous le travail, rien que le travail pour que les générations de l’avenir aient un avenir élargi ...heureux ! » Cette pièce a ressuscité Tchékhov, l’auteur, et nos espoirs.

L’interprétation, les mouvements, l’élocution, la vivacité des répliques sont pour le spectateur, une ronde de délices que l’on savoure minute par minute. Quel plaisir !

vu le 2 octobre 2010

repris en février-mars 2012

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administrateur théâtres

SARAH Le Cri de La Langouste

Avec Jacqueline BIR et Alexandre VON SIVERS
Titre original: Memoir (1978) de John MURELL adaptation de Eric-Emmanuel SCHMITT
Mise en scène : Daniel Hanssens, création de Argan 42

Eté 1922… Sarah Bernhardt, vieillie, tente de dicter ses mémoires à son secrétaire Pitou. Pour l’aider à se souvenir de cette vie d’aventure, d’audace et de fantaisie, il accepte de jouer les personnages qu’elle veut retrouver. Ainsi, sa mère, sa sœur, son amant, son mari, son fils, son imprésario américain, un machiniste, Oscar Wilde et George Bernard Shaw répondent tour à tour à une Sarah Bernhardt défiant sa propre mort entre vie et théâtre.

Personne ne me croira, mais je regarde Jacqueline Bir et Alexandre Von Sivers jouer Sarah Bernhardt dictant la 2e partie de ses mémoires à son’ P majuscule de Patient secrétaire nommé Pitou, et avant de devenir elle-même une p minuscule poussière, …. et je vois soudain une femme croulant sous l’expérience de deux ou trois siècles contigus, refaire tout le chemin exploratoire de l’imagination, comme le fait avec tant de passion et de grâce, un enfant de trois ou quatre ans quand il invente le bonheur magique du théâtre.

J’explique : en scène il y a l’enfant qui veut faire éclore son histoire avec une détermination flambante… Ni boire ni manger ne l’intéressent, encore moins dormir ! Comme Sarah ! Il faut inventer des excuses pour arrêter le jeu… Le jeu bouge sans cesse : glissements de personnages, de temps et de lieux, l’imparfait ludique relie le tout, l’enfant exulte. Une toute nouvelle réalité pour lui, celle qu’il crée de toutes pièces, voit le jour. Son esprit ne connait pas de limites. Liberté sauvage, quelle excitation dans ses yeux ! Il se fâche quand le compagnon de jeu ne se plie pas à ses caprices créateurs, force à continuer quand on voudrait s’évader, mais il est craquant de candeur et de plaisir sur les chemins de ses histoires et frissonne sous le plaisir du jeu pour le jeu. Et le compagnon de jeu lui aussi de s’embarquer inévitablement pour Thespies ! Voici ce que nous avons connu sur scène ce soir. Arrêter le temps et la réalité ambiante pour se livrer aux plaisirs fascinants de la création vivante … même s’il y a un texte adapté par de E.E Schmitt derrière, qu’importe , on dirait qu'ils improvisent! La grande Jacqueline s’amuse de son secrétaire avec ravissement. Celui -ci endosse avec bonheur le rôle poétique du petit prince : « Je suis responsable de vous ! »déclare-t-il. On dirait qu’il parle à la rose !

Quant à Sarah, les souvenirs ne sont qu’un moyen de retrouver le frisson, c’est le jeu qui la galvanise. Même si c’est au prix d’une âcre réflexion sur l’âge et ses destructions : « Rien ne vaut la peine d’être vécu, le soleil a raison de se consumer le plus vite possible » Le tragique grec nous saisit à la gorge: « Devoir se fondre dans la boue et l’obscurité définitive. Nous rentrons tous dans le même marais im-monde » …Est-ce à dire « Sans monde ? »

Le pathétique abonde : elle cite les paroles de Phèdre : « Tout m’afflige et conspire à me nuire, Soleil, je viens te voir pour la dernière fois… » Des salves répétées d’ironie amère accusent l’absence de sens de la vie et la finitude même de « la boule » au rang du quel elle n’hésite pas à se hisser. Vous aurez compris, Il s’agit encore du soleil : « A quoi sert le soleil ? A me faire oublier que l’univers est obscur ! » Et soudain, une lueur d’espoir: « Le soleil ne se couche pas, il se lève ailleurs ! »

Jacqueline partage sans doute frénétiquement avec Sarah l’immense mélancolie de la vie et celle du bout de la course… Les deux étoiles se réunissent, à défaut d’atteindre l’éternité rêvée. Et puis, qui sait ? Sarah a lancé à la volée et sans la moindre honte les documents soigneusement étiquetés par son fidèle secrétaire. Quelle importance ? Voyez la jouissance dans son jeu de scène, dans les comptes qu’elle règle avec sa mère, sa sœur, « J’ai rêvé de l’impossible puisque tu ne rêvais de rien pour moi ! » son mythe fondateur, accusateur et tragique. Elle se complait dans le plaisir de donner « J’ai nourri l’ogre (le public) » et se réjouit « Il te sera beaucoup pardonné car tu as beaucoup aimé…». Elle s’empare de la réplique, de la joie du drame, des mimiques savantes et autres gestuelles théâtrales. Sarah Bernhardt pleure sa vie qui s’éteint, mais Jacqueline, s’amuse au firmament. Quoi de plus beau et de plus étincelant? On ne vous dira pas son âge à la fin, lorsque tombe le rideau !

Pièce solaire

http://www.argan42.be/fr/home.html

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administrateur théâtres

Les Fugueuses au théâtre de la Flûte Enchantée

Les Fugueuses

Se fuir soi-même et les autres et quand même se retrouver sur une route avec une alter ego, et malgré la vieillesse odieuse ou l’abandon mesquin, retrouver le plaisir des premières fois ? Voici le programme que les deux excellentes actrices Chantal Pirotte et Jacqueline Préseau, nous propose dans « les Fugueuses » de Pierre Palmade. Claude et Margot vont se concocter une échappée belle, belle comme leur nuit dans leur hôtel à trente étoiles.

Dans l’obscurité la bande sonore nous répète avec la chaleur de Stéphane Grapelli « the show must go on ». Le décor change souplement, comme des vignettes d’hiéroglyphes, épurés et parlants, mais la quête sera toujours aussi pathétique, malgré les éclats de colère à en rire ou de rire à en pleurer, ou les scènes de fourberies évidentes qui nous ramènent à la farce. « Ils ont des chapeaux ronds… En Afrique les dromadaires /Ont la peau qu'est si tendue, Que pour fermer les paupières/ Ils doivent …. »


Passée maître dans la comédie humaine Jacqueline Préseau, pétrit l’hypocrisie, l’égoïsme forcené, sa belle armure contre les souffrances de la vie, et la mauvaise foi… avec autant de naturel que les hommes pétrissent la jambe d’une femme, quel que soit son âge … Personne ne la croit vraiment, ni elle non plus… « Même l’instinct maternel, c’est de la foutaise» lâche-telle. Mais elle joue, désespérément, faisant croire. Elle y va de la comédie, même pour sa partenaire de route… jouant sur un fil et se jouant d’elle chaque fois qu’elle le peut ! Elle est donc une comédienne attachante qui se bat pour faire vivre un théâtre sans prétention mais où règne l’amour de la scène et le plaisir de dire. « Votre mère ne perd pas le Nord, elle le choisit » « Je voulais être ailleurs et je suis ailleurs !» Ain't Misbehavin'!

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