Sylvie NICOLAÏ est Clara SCHUMANN
de l'auteure belge Sylvie Nicolaï
spectacle créé par LE THEATRE DU GRAND MIDI à L'XL THEATRE
dans le cadre du FESTIF'FESTIVAL 2011 - La parole est aux Jeunes Artistes du 15 au 19 novembre à 20h30
&
Emilie DUVIVIER est La MALIBRAN
dans UNA VOCE POCO FA
de l'auteure belge Sandrine WILLEMS
spectacle créé par LE THEATRE DU GRAND MIDI à L' XL THEATRE
du 15 au 19 novembre à 20h30
Deux destinées extraordinaires: Clara et Maria,
Deux femmes extraordinaires.
Toutes deux vivent la passion d’un homme entre tous et de la musique. Toutes deux subissent la tyrannie de pères autoritaires. Pour l’une la passion devient constructrice, pour l’autre destructrice. Le spectateur est captif entre ces deux faces de la féminité qui lui sont tendues comme un miroir, fondement du théâtre.
Les deux interprètes de cette rencontre poétique et musicale sont habitées par la fougue du romantisme. Toutes deux, anciennes élèves de Bernard Damien, ont accompli un travail magistral de création et d’interprétation. La création de Sylvie Nicolaï est un patient travail d’assemblages des lettres enflammées qu’échangèrent Clara et Robert Schumann. L’ensemble est mis en scène avec vivacité et amour palpable. Ce texte volubile retrace leur histoire d’amour avant que le compositeur ne sombre dans la folie, la laissant à la tête d’une nombreuse progéniture.
Emilie Duvivier reprend le texte splendide et touchant de Sandrine Willems, jeune auteure belge vivant à Nice, qui retrace la vie éphémère de Maria Felicia Malibran. E.E Schmitt dirait « chacun sait qu’une biographie est une autobiographie sincère. En croyant parler d’une autre, on parle sans fard de soi ». Les deux comédiennes mettent tant de cœur dans leur interprétation qu’on ne peut pas les imaginer étrangères au texte et uniquement interprètes. Ou alors elles possèdent un talent hors du commun.
Toutes deux nous livrent ce qui se passe au-delà des mots et nous tendent ce miroir dans lequel elles et nous, pouvons nous voir. Toutes deux pénètrent avec talent ce que ces deux personnages féminins extraordinaires éprouvent. Clara : « Je veux vivre et vous chérir et me souvenir ! » Maria : «Je te donne ma vie, mais je ne vis plus ! ». Puis au bord du désespoir : « Encore vivre, encore chanter ! » alors qu’elle agonise à 28 ans après une chute mortelle à cheval. « Un amour, enfin à sa hauteur ! »
Il y a un formidable crescendo entre les deux parties du spectacle. Emilie Duvivier ajoute tout son corps rayonnant sur le plateau. Et une lumière incandescente. « De ma voix, je pouvais faire n’importe quoi. Trois octaves balayées d’un souffle. » Tout en elle est vibrant, intense et juste. Sa voix souffle des confidences à des spectateurs assis au premier rang devant un décor éblouissant de blancheur. Des bribes de mélodies inoubliables de Maria sont ressuscitées avec une justesse surprenante. Elle avoue que l’acharnement du succès et l’angoisse l’ont fait vivre comme une bête traquée aux côtés d’un père tyrannique. Que « les jours les plus heureux de sa vie » étaient avec Bellini, qui ne la désirait pas. Elle soupire avec amertume que les gloires de l’art lyriques « sont aimées pour ce qu’elles font, pas pour ce qu’elles sont ». Une question qui nous vrille le cœur. Tout son corps « impossiblement beau » et rose de féminité palpite, bondit et se terre comme un animal en souffrance, l’émotion nous étreint. Le sourire se perle, la bouche frémit, les ongles écarlates agrippent sa tunique vaporeuse de déesse. Ses yeux radieux nous transpercent, et tout en elle confesse avec passion son histoire malheureuse à cet enfant mort en son sein. Les noces de la scène et de la comédienne lui font tout donner d’elle-même. Le spectateur est subjugué. Par le texte et par l’actrice. « Qui a goûté à l’ovation d’un public ne peut plus s’en passer ». Ce spectacle d’exception le prouve en tout cas.