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comédie (193)

administrateur théâtres

Moudawana For Ever

 

C’est sûr, Ben Hamidou a une aura…. Même déguisé en femme ! Oops le sacrilège, le faux pas ! Il rayonne de sympathie, il émet de la chaleur humaine plein feux et va jouer la grande scène du désenvoûtement, au propre et au figuré ! Si vous êtes au premier rang, méfiez vous! Vous serez aspiré dans son trip fabuleux qui vous balade  avec fantaisie entre Maroxellois et Gazelles du Maroc, où les chameaux sont désormais remplacés par des autoroutes.

 

Avec sa complice, Zidani, présence croustillante, tantôt en perruques drolatiques, ou lunettes extravagantes, tantôt,  soumise éplucheuse de légumes au soleil au  bord du puits, il convoque des sujets qui font peur au Belge blanc-bleu ! Comment réagir dans une famille, à la conversion à l’Islam d’un fils bien sous tous rapports…. ? L’âge du mariage, le droit au divorce, l’autonomie de la femme…  La polygamie : …. pas plus de quatre, comme les saisons ! Mais comment donner des droits aux femmes dans les pays où les droits de l’homme sont bafoués ! Le jambon, c’est Aram ! Péché !  Et l’obéissance au mari ? Comment passer de ce code de la famille séculaire à une révolution voulue par Mohamed VI qui rend, en principe, les femmes égales aux hommes…*

 

 Des questions graves, traitées avec un humour bienveillant, un regard généreux sur deux communautés qui ont parfois tout pour s’affronter. Il décoche coups de griffes, coups de cœur, tous azimuts. Tout le monde s’y retrouve, touché !  En excellent comique, Ben Hamidou pratique  l’autodérision avec brio, et déracine les préjugés. Sa gestuelle, tant l’occidentale pure et dure que la nord-africaine, est d’une précision et d’une vérité savoureuse. Le talent est aussi magnifique que le Soliman éponyme. Les deux comédiens dans cette salle magique défoncent les sortilèges et les barrières. Mon voisin marocain de gauche jubile sous la pluie de traits acérés lancés à sa culture et m’explique gentiment le vocabulaire, cependant que mon voisin attitré, de droite… me surveille du coin de l’œil ! Le mélange local du quartier et  les voyageurs des districts lointains  de la périphérie bruxelloise font bon ménage, mêlant leurs rires salutaires, leur bonne humeur et une ouverture nouvelle peut-être.

 

Ce théâtre est pédagogique sans l’être, édifiant tout de même car il libère tout un chacun. Les cordes sur lequel jouent cet Hamelin africain sont la caricature aimable, le verbe et le texte débridés, la truculence, le mime, les grimaces inoubliables,la chanson,  le jeu, par-dessus tout! Vive Mehdi !

 

*« Sur le plan social, au-delà des réformes qu'il introduit, en adoptant une

formulation moderne et en se souciant de mieux préciser les droits et devoirs des

composantes de la Famille, ce Code, en veillant à garantir l'équilibre dans les

rapports entre l'homme et la femme, met en place les préalables de la consolidation

de la cellule familiale, de sa cohésion et de sa pérennité. Ce faisant, il contribue à la

consolidation des bases de la société marocaine démocratique et moderne, ouverte

sur son époque et fidèle à son identité islamique et à ses traditions de solidarité

familiale et de cohésion sociale. »

 2004 Mohamed BOUZOUBAA, ministre de la Justice

 

 

 Moudawana For Ever du 26 avril au 21 mai 2011

Au Magic Land Théâtre.
Réservation au 02/245 50 64 ou via le site www.magicland-theatre.com

 http://www.magicland-theatre.com/index.php5?pageId=1&md=0&sp=65

 

 

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administrateur théâtres

« La peur des coups et autres plaisirs conjugaux »

    Du 19 au 28 mai au théâtre de la Clarencière

 

« Il faut voir en ces pages...

- comment dirais-je au juste ? -

... une sorte de suite d'orchestre

écrite "musique légère", un

prétexte à faire évoluer

conformément à la logique de

leur petite psychologie et autour

de petites historiettes ayant de

tout petits commencements, de

tout petits milieux et de toutes

petites fins, de tout petits

personnages reflétant de leur

mieux la philosophie où je

m'efforce de prendre gaiement

les choses, car je pense avec

Daudet que la mort des êtres

aimés est la seule chose de la

vie qui vaille la peine qu'on en

pleure. » Courteline

 

On n’a qu’une envie c’est de découvrir le texte original de Courteline après cette mise en scène humoristique et fraîche qui mélange sans vergogne  l’ancien et le contemporain, les costumes  d’époque  et les sacs de courses Marcolini, Paris et Bruxelles. Les rires fusent tout au long du spectacle dans cette petite cave voûtée  logée dans une maison de maitre, le théâtre littéraire de la Clarencière. Tous les soirs les comédiens s’amusent car depuis que le spectacle a commencé, l’alchimie différente de chaque soirée met en lumière des aspects différents du texte.

 

 N’empêche, ces comédiens fougueux et spirituels  se livrent à des scènes de ménage au goût intemporel, à se demander si Adam et Eve, déjà… au paradis ne se livraient pas aux mêmes duels verbaux.   En tout cas, depuis Courteline jusqu’à nos jours, le duel, source intarissable de paroles, perdure et a sans doute encore de beaux jours, mariage rénové et couples modernes ou non ! La condition de la femme a changé me direz-vous, et cela change tout ? Pour sûr,  mais les moteurs responsables de la dispute domestique sont toujours les mêmes. Vexations, frustrations, agacements d’hiver et d’été …. mettent immanquablement le feu aux poudres souvent avec des scénarios précis et immuables, comme on en trouve au théâtre, mais gravés dans notre subconscient. Les fabriquer dynamise le couple, les surmonter témoigne de la solidité du couple. Inverser les rôles les rend encore plus tenaces. "Tu me la fais tous les dimanches..."... messages 'tu' excécrés!

 

 On adore la langue ciselée, balancée et musicale de Courteline, on sourit au vent qui écrit sur les murs de Facebook, on tressaille aux magnifiques jeux de corps et de visages que l’on voit sous la loupe dans ce petit théâtre si intime. On se croirait dans un atelier de photographie d’art. On embrasse ce couple miroir avec empathie, car il est attachant et nous rappelle des choses vécues ou presque. Parole de Tristan : « la femme ne voit que ce que l’on ne fait pas.» Parole d’Aurélie : « La femme amplifie tout ce qu’on lui donne : donnez-lui un spermatozoïde, elle en fait un bébé; donnez-lui une maison, elle en fait un foyer; donnez-lui un sourire, elle en fait de l’amour »

 

Ah je suis un monsieur qui a peur des coups ?

ELLE (agacée)? - Et quand je mentirais ? Quand il me l'aurait faite la cour, ce brin de cour autorisé d'homme du monde à honnête femme ? Le grand malheur ! La belle affaire !

LUI. - Pardon...

ELLE. - D'ailleurs, quoi ? Je te l'ai présenté. Il fallait te plaindre à lui-même, au lieu de te lancer comme tu l'as fait dans un déploiement ridicule de courbettes et de salamalecs. Et « Mon capitaine » par-ci, et « Mon capitaine » par là, et « Enchanté, mon capitaine, de faire votre connaissance ». Ma parole, c'était écœurant de te voir ainsi faire des grâces et arrondir la bouche en derrière de poule avec une figure d'assassin. Tu étais vert comme un sous-bois.

LUI. - Je...

ELLE. - Seulement voilà... ce n'est pas la bravoure qui t'étouffe...

LUI. - Je...

ELLE. - Alors tu n'as pas osé...

LUI. - Je...

ELLE. - Comme le soir où nous étions sur l'esplanade des Invalides à voir tirer le feu d'artifice, et où tu affectais de compter les fusées et de crier : « Sept !... Huit !... Neuf !... Dix !... Onze !... » pendant que je te disais tout bas : « Il y a derrière moi un homme qui essaie de passer sa main par la fente de mon jupon. Fais-le donc finir. Il m'ennuie. »

LUI. - Je ne sais pas ce que tu me chantes avec ton histoire d'esplanade ; mais pour en revenir à ce monsieur, si je ne lui ai pas dit ma façon de penser, c'est que j'ai cédé à des considérations d'un ordre spécial : l'horreur des scandales publics, le sentiment de ma dignité...

ELLE. - … La peur bien naturelle des coups, et cætera, et cætera.

 

 musique: "I am not that innocent!"

Avec Tristan Moreau et Aurélie Martinez 

Théâtre Littéraire de la Clarencière Tél. : 02-640.46.76 http://www.laclarenciere.be.        rue du Belvédère 20       1050 Ixelles

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administrateur théâtres

12272732654?profile=original« Avoir un fil à la patte », par allusion  au jeu cruel du  hanneton attaché par un fil auquel s’amusaient les écoliers de village pendant l’été au début du siècle, veut dire  être tenu par un engagement dont on voudrait bien se libérer.

 

Dans cette pièce de Feydeau un jeune homme, Fernand de Bois d'Enghien, décide de  se marier avec un beau parti, la fille de la baronne Duverger  mais ne peut se débarrasser de son encombrante maîtresse Lucette, chanteuse de son état. L’ironie de l’histoire démontre à souhait que l’argent est  bien plus puissant que l’amour, même charnel ! 

 

 La fille de la baronne se pique de n’être point sotte, envisage le mariage avec méfiance, ne veut en faire  qu’à sa tête, et pense que le divorce est sûrement une bonne invention. Elle déclare avec justesse que la société et même les rencontres amoureuses et galantes sont implacablement régies par l’offre et la demande ! Pensée avant-gardiste, fort lucide pour une jeune oiselle toute vêtue de blanc! Le ton que la fille utilise avec sa couturière, sa façon de snober sa mère avec sa gouvernante anglaise montre à souhait qu’elle donnera à tous du fil à retordre et qu’elle promet quelque tour inattendu sous sa jarretière. 

 

S’en suivent une série de chassés croisés, de méprises, de situations coquasses tellement typiques du théâtre de Feydeau. Un fil invisible relie des personnages improbables,  tous prisonniers de l’amour ou de l’argent.  Ce qui est très savoureux c’est la caricature de ces personnages : Gontran de Chenneviette, père de l'enfant de Lucette  en nourrice quelque part, et flambeur notoire, Ignace de Fontanet, un ami à l'haleine plus qu’envahissante, Marceline, sa sœur  et sa femme de chambre obligée…   Tous magnifiquement  campés,  de la bourgeoisie à la noblesse, l’auteur les  pourfend avec un plaisir non déguisé. S’ajoute à la verve éblouissante  de Feydeau, une mise en scène d’une vivacité et d’une richesse fabuleuse, renouvelant sans cesse les surprises et le rire. Le jeu de  12 comédiens passés maîtres de l’art de la comédie satirique est celui d’une troupe qui s’amuse, comme l’aurait souhaité Molière.

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12272732869?profile=original Des phrases cinglantes émaillent ce plat de consistance, tandis que des chansons coquines très bien tournées fusent lors des changements de décor. On craque pour  le maître d’hôtel toujours toute ouïe pour découvrir  avec complaisance les frasques, les duperies et les lâchetés des uns et des autres. On craque pour le jeu hypocrite de femme prévoyante: la passionnée Lucette qui  irait  bien se laisser courtiser par Gauthier,  l’horrible clerc de notaire presque difforme, qui pathétique, pousse  la chansonnette  façon gaudriole, ou l’irascible général sud-américain Irrigua,  ex-ministre condamné à mort pour avoir perdu au baccara l'argent destiné à acheter des bateaux de guerre, et qui,  désespérément amoureux d’elle, la couvre de fleurs et bijoux  somptueux. Un personnage très tranché comme dans la commedia d’el Arte.

 

Ce fil à la patte est bien visible quand on considère que notre monde est solidement attaché qui  à l’argent, qui au pouvoir, qui  au sexe, qui à toutes ces passions stériles confondues. Quel est cet enfant cruel qui nous  tient, et nous  mène ainsi au gré de sa fantaisie,  au bout d’un fil sans que jamais nous ne puissions prendre un envol libre et gracieux ?

Le jeu en vaut le fil, et vous serez comblés par une soirée délassante et joyeuse.

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=267&type=2

 

 

Mise en scène: Michel Kacenelenbogen /
Avec Muriel Cocquet, voir_comedien.gifChristelle Cornil, Isabelle Defossé, Beatrix Férauge, Thierry Janssen, Sandrine Laroche, Olivier Massart, Fred Nyssen, Guy Pion, Réal Siellez, François Sikivie et voir_comedien.gifBenoît Strulus

10 Mai 2011 >> 25 Juin 2011

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administrateur théâtres

CYRANO DE BERGERAC

 

 Mise en scène : Gilles Bouillon

Avec

Christophe Brault : Cyrano de Bergerac

Emmanuelle Wion : Roxane

Thibaut Corrion : Christian de Neuvillette

Cécile Bouillot : La duègne, Mère Marguerite de Jésus

Xavier Guittet : Ragueneau

Philippe Lebas : Comte de Guiche

Denis Léger-Milhau : Lignière

Léon Napias : Montfleury/ Capitaine Carbon/ Castel-Jaloux

Marc Siemiatycki : Le Bret

 

Et les comédiens du JTRC : Louise Belmas, Pauline Bertani, Stephan Blay, Edouard

Bonnet, Brice Carrois, Laure Coignard, Richard Pinto et Mikaël Teyssie

Dramaturgie : Bernard Pico

Scénographie : Nathalie Holt

Costumes : Marc Anselmi

Lumière : Michel Theuil

Musique : Alain Bruel 

Assistante mise en scène : Albane Aubry

 

 

Une production du CENTRE DRAMATIQUE RÉGIONAL DE TOURS. Avec le soutien de la Drac Centre, de la Région Centre et du Conseil Général d'Indre-et-Loire (Jeune Théâtre en Région Centre) et le soutien du Fonds d'Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques, Drac et Région Provence-Alpes-Côte d!Azur.  En coproduction avec la Compagnie du Passage, Neuchâtel.

 

Dates : du 26 au 30 avril 2011

Lieu : Aula Magna, un accueil de L’ATELIER JEAN VILAR

 

 

 Comme un opéra....12272731275?profile=original

 

Avec la troupe des comédiens de  Tours, la plus célèbre pièce de théâtre d'Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, devient du Shakespeare ou du Victor Hugo…et même du Molière. Dès le début du spectacle où les comédiens se répandent  mystérieusement, un à un sur le plateau, l’air de rien, le public qui ne s’est pas encore assis, est surpris. L’une lit un livre dans des poses sages, un autre accorde un instrument, l’autre tricote, le quatrième bat des œufs…d’autres s’escriment, mine de rien, juste  pour le jeu du fleuret, d’autres installent des chaises. On perçoit un mystère, le début d’une aventure humaine commune pour cette troupe débordante d’inventivité et de fibre théâtrale.

 

On assistera  à  un balayage généreux de toute notre histoire théâtrale,  qui fait palpiter l’œuvre comme si on lui ouvrait le cœur. C’est un secret de fabrication qui mettra en scène  tous les aspects du théâtre occidental, depuis le théâtre de tréteaux populaire jusqu’aux tirades de Racine et Corneille.  Sans doute à cause de la synergie du metteur-en-scène  Gilles Bouillon et le talent fabuleux de chacun des artistes très judicieusement sélectionnés. Le  tout est cousu  d’or par l’amour des mots qui fait œuvre de magie. La  synthèse est tout simplement extraordinaire entre l’infiniment grandiose et l’infiniment intime des sentiments.  

 

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18 acteurs sur le plateau  avec un trio mythique : Roxane amoureuse de l’esprit, de l’amour, précieuse, charmeuse, délicieuse, Christian beau comme un ange mais sot et muet et Cyrano, laideur débordante d’esprit de liberté et de panache.  Cette pièce aura fait battre nos cœurs comme un opéra, pendant presque trois heures. Les décors changeants et subtils ont une modernité qui soulignent l’intemporel : ces panneaux  courbes de bois blond sans cesse en mouvance, évoquent tantôt la scène antique en hémicycle, tantôt l’enfermement ou l’échappée belle. Et les alexandrins de fuser joyeusement par-dessus les murailles ! Les  changements de rôles sont tout aussi mouvants dans les scènes d’ensemble, à la façon du chœur antique. Que les personnages soient les boulangers-pâtissiers ou les fiers gascons invincibles, ils  séduisent par leur caractère éphémère et drôle, terriblement dynamique! Jeux de lumières  et de musique, et c’est la joie qui émane de la poésie de l’écriture.  

 

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L’esprit est partout, et l’amour surtout,  au pied du balcon et  par-dessus la faim et la désolation des troupes au siège d’Arras. L’amour encore, par-dessus la sérénité riante du cloître où s’est retirée la veuve Roxane. On en a plein les yeux, les oreilles et le cœur. Le texte est un immense  gâteau  succulent et illuminé que l’on déguste à petites miettes sucrées salées. Car le Beau Cyrano nous fait verser des larmes!

 

« J'ignorais la douceur féminine. Ma mère
Ne m'a pas trouvé beau. Je n'ai pas eu de soeur.
Plus tard, j'ai redouté l'amante à l'oeil moqueur.
Je vous dois d'avoir eu, tout au moins, une amie.
Grâce à vous une robe a passé dans ma vie. »

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administrateur théâtres

12272731100?profile=originalIl est encore temps de vous précipiter…encore à l'affiche jusqu'au  07/05/11

 

De l’excellent théâtre satirique contemporain,  et même classique, pour l’observance de la  règle des trois unités. Le texte est d’un sarcasme exquis. Le collège catholique Saint-Nicolas respire lui aussi la règle, la rigueur, la vertu. Sa directrice, sœur Aloysius admirablement interprétée par Patricia Ide a la voix sèche comme des feuilles mortes, le visage fané et jauni, la paire de lunettes austère, la cambrure des reins hautaine,  la coiffe et la pèlerine, noires de paranoïa. Elle a même entamé une campagne de mauvais aloi contre les stylos à bille. 

 En 1960 dans le Bronx, c’est  le seul établissement  scolaire qui permettra l’accès au lycée et ensuite à l’université. Donald Miller, 12 ans, est un enfant isolé et aussi un enfant  de couleur,  le seul parmi ses congénères. On apprendra qu’il est battu par son père car dans l’air… il y a des doutes, sur « ses tendances ». Accueillant, charismatique, rêvant que l’église s’ouvrira à plus d’humanité et moins d’hiérarchie, que l’enseignement a une vocation progressiste, le père Flynn (le talentueux Olivier Massart) écoute l’enfant esseulé.

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 L’air étouffe de non-dits, mais ce qui se dit est que ce prêtre a sans doute des attitudes ambigües avec cet enfant protégé par sa mère mais sauvagement rejeté par son père.

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Cela dérange, cette passion du jardinier de voir s’épanouir dans la douceur, les jeunes qui vous sont confiés. Les mêmes reproches s’adressent à Sœur James, (la radieuse Caroline Kempeneers), jeune professeur d’histoire, toujours en  mal d’approbation mais si inspirée dans sa générosité de cœur. Elle aussi fait tache dans cet univers caverneux. « Ne vous laissez pas séduire par leur intelligence ou la vôtre », prévient la directrice. «  La satisfaction est un vice ! » « Donnez le cours d’histoire sans y donner le sucre ! » « Les professeurs naïfs sont souvent dupés » lâche-t-elle d’un ton glacial.  Le père Flynn joue au basket au soleil et prépare avec une créativité nouvelle  le spectacle de Noël. Las ! La directrice est forte de ses certitudes et fera une campagne féroce contre le prêtre, armée de sa seule conviction personnelle sans aucune preuve contre lui …

 

Cris de corbeaux, jardin de cailloux, phrases à double sens, humour mordant, atmosphère nauséabonde, tout contribue à l’éviction du généreux homme. Les larmes aux yeux, la mère de l’enfant, plaidera pour un peu de mansuétude et posera cette question troublante: « Pourquoi avez-vous besoin d’être  si sûre de quelque chose dont vous n’êtes pas sûre ? ». La directrice, méprisante et  inaccessible,  sait ce qu’elle a à faire et  l’enfant pleurera.

 

 Le rythme du spectacle tient le spectateur aux abois, le texte tourmente,  les interprétations engagées du quatuor de  personnages sont magistrales, la comédienne africaine, Babetida Dadjo, est un régal d’humanité. Le public du Public, immensément reconnaissant, bat cinq retours sur scène consécutifs. Doute ? A conjuguer sans doute … à l’impératif.

 

DOUTE

de John Patrick Shanley

 


Mise en scène: Michel Kacenelenbogen / Avec Patricia Ide, Caroline Kempeneers,

Olivier Massart, Babetida Sadjo

 

DU 22/03/11 AU 07/05/11

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=265&source=videos

 

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administrateur théâtres

New York  26 Avril 2011 >> 14 Mai 2011  Les Riches-Claires 

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De et mis en scène par Dominique Bréda
Avec Alexandre Crépet, Emmanuel Dekoninck et Alexis Goslain
Création lumière : Thomas Vanneste
Scénographie : Auffray Deghorain

 

Une fumée qui ne pique pas les yeux flotte, suspendue au-dessus d’un quai de gare abandonnée. Un décor pour Beckett ou Cocteau ?  La toile de fond est piquée de taches couleur bile et la rouille dégouline. On va sans doute pleurer. A côté d’un paumé de la vie en veston et chemise vert acide  qui siffle des canettes de bière, surgit en nœud papillon et chemise de soirée, la figure de son père, la main vissée à l’attaché-case, suicidé à 35 ans  devant le  jeune garçon de 8 ans sur le même quai. Le bruit du train éclair qui trancha la vie dans un fracas ahurissant revient comme un métronome.

 

Théâtre de l’absurde.  Que reste-t-il à Max comme vie ?  L’invisible veut l’aider. Le père a conclu un pacte de sauvetage avec une  figure angélique fascinante de fraîcheur et de compassion: celle  d’un chef de Gare en képi rouge et or. Le jeu naïf du jeune chef de Gare enchante et réveillerait plus d’un de l’engluement suicidaire mais Max, trompe-la-vie, se veut inébranlable. Toutefois, petit à petit son chagrin immense se fait grignoter, par la dialectique tendre et insistante du chef de Gare. Les rires fusent, la connivence s’installe, les disputes anciennes éclatent, cela communique vachement entre père et fils, comme jamais auparavant, des pardons se consentent du bout du cœur. L’espoir renaît! La mise à nu de la situation ne juge ni le père ni le fils. L’explication entre eux suffira-t-elle ? L’incompréhension mutuelle est profonde et tenace. 

 

 Des scènes surréalistes nous plongent dans un fantastique très épuré, très intense tant il ressemble au quotidien. On est envahi par un drôle de  parfum de l’au-delà de plus en plus entêtant. Orphée ne cherche pas Eurydice mais sa  mère au royaume des enfers. Comment s’en relever : l’écriture ?, la biture ?, les drogues dures ? La défonce aide … et le père de dispenser ses sempiternels  conseils et la figure paternelle de toujours manquer.

 

  La salle participe activement à l’échafaudage du rire, le remède ?  C’est beau, c’est délirant  et touchant même si c’est en permanence très noir. Est-ce qu’on défait un scénario familial en se jetant sur les rails ?  Il est libre… Max ! C’est magnifiquement joué par un trio fantastique au propre et au figuré. Une claque, jeune et enthousiaste, ponctue de façon vibrante ce spectacle de l’angoisse moderne.

 

Site Web : http://www.lesrichesclaires.be

 

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administrateur théâtres

Cinq filles couleur Pêche (Théâtre des Martyrs)

12272729068?profile=originalCinq filles couleur Pêche    Titre original :

« Five Women Wearing the Same Dress » (Allen Ball 1993)

 

L’absente de tout bouquet :  on ne voit jamais la mariée dans la pièce, mais on vient observer « les insolentes bridesmaids », toutes habillées façon meringues roses, selon le vœu de la mariée. Quant au marié, on n’en parle même pas ! symptomatique?


Cinq demoiselles « d’honneur » qui lèvent cyniquement le voile sur l’envers du décor. Cinq « demoiselles »…qui n’ont rien de jeunes vierges effarouchées. Elles devraient sortir d’une bonbonnière, et être toutes pareillement  coiffées, pomponnées et  habillées,  ainsi le veut la  coutume en Amérique. Mais la livrée est trash et chacune décline à sa façon des traits de costume et de caractère, hors du commun. Le froufrou du tutu de fluo  rose criant est piétiné par le vécu des cinq grâces, qui à l’occasion de la mascarade de ce mariage délirant, se lâchent comme elles ne l’ont jamais fait.

Elles boivent, elles fument et elles causent ! Confidences détonantes et hilarité en continu, vocabulaire cru fait pour choquer, langage corporel outrancier, la critique de la société néo-libérale éclate dans toute sa violence. Le ton est corrosif, on nage dans l’acide.  On ne peut pas être indifférent.

Margaret, la sœur de la mariée, coiffée punk blond oxygéné, attachante, est  vraie sur toute la ligne. Toutes griffes dehors elle pourfend l’institution, l’establishment et les parents débiles, et surtout la mascarade de la cérémonie et de l’après-cérémonie. Sous des dehors de battante, elle est toute fragilité et insécurité! 

Georgia the gorgeous, ronde et crépitant d’humour, l’esprit et le corps en pulpe. Pourquoi a-t-elle accepté de devenir demoiselle d’honneur d’une  mariée qui lui a raflé in illo tempore son Don Juan, l’incomparable sex-symbol, Tommy Valentine, qui se les est toutes « faites »? De dépit, elle a épousé le roi des « larves ». Elle joue divinement bien !

Frances : La cousine de la mariée. « Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne couche pas, je suis chrétienne »….et tous les autres poncifs à la clé. Une caricature exquise de la naïveté et de l’innocence. C’est elle bien sûr qui gagnera le bouquet de la mariée !

Julia, « élue Reine de la mauvaise réputation ». Solitaire en diable malgré le  nombre  incalculable d’amants qu’elle a collectionnés. Les parents lui reprochent son influence  néfaste sur la mariée, elle se réfugie dans le plaisir de la manipulation et de l’observation, jusqu’à la dernière scène où …(chut !!!)

Brenda: la sœur grande et maigre du marié. Malgré les lunettes démesurées son  corps ingrat se cogne partout. Ugly Duckling, elle est devenue lesbienne, et peut se gorger d’appetizers à l’infini, sans gagner un gramme. Quelle injustice !

 

La panoplie des maux de notre siècle est présentée en éventail.  Rien ne manque. Le rythme et le décor sont débridés, le ballet presque macabre. On perçoit des références très lisibles au très beau film du même auteur, « American Beauty » avec l’utilisation d’une  petite caméra vidéo qui filme les mouvements des « Barbies ». Ils sont  projetés sur une dizaine d’écrans ayant remplacé depuis longtemps les livres sur les étagères de l’immense bibliothèque de  cette chambre où elles se sont réfugiées pour fuir le mariage. On a même droit à une séquence purement nombrilique, au propre et au figuré, c’est dire si l’altruisme a peu voix au chapitre!  La mise-en-scène de  leur déshabillage mental est très audacieuse et fait mouche. Toutes happées par les non-valeurs, l’encombrement de la société moderne et la perte de certitudes, elles volètent en tous sens, de façon erratique. Heureusement cette expérience impromptue leur fait découvrir les bienfaits du parler vrai et des  liens d’amitié naissante, la seule chose qui surnage dans ce tas d’immondices.

Soif d’idéal couleur pêche?  On finit par les aimer toutes …ces pécheresses! Toutes pèchent, à cause du monde  moderne qui les broie. Sauf peut-être, Frances, accrochée aux vertus obsolètes de sa foi chrétienne.  Et encore, celle-là  ne pèche-t-elle pas par extrémisme religieux?  Foule sentimentale, s’abstenir.

Sauf que le jeu des cinq actrices est tout simplement génial.

Dernier jour: au théâtre des Martyrs

 

avec 

Julia (Valérie Bauchau)

Margaret (Stéphanie Blanchoud)

Georgia (Laura Vossen)

Frances (Sandy Duret)

Brenda (Karin Clercq)

Et Michelangelo Marchese


http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece5.html

 

 

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administrateur théâtres

 

 Musica Deuxième (Marguerite Duras)


   

Du 11 mars au 9 avril 2011, au THEATRE DE LA PLACE DES MARTYRS.

D'après Marguerite Duras. Mise en scène de Philippe Sireuil. Une femme. Un homme. Ils se sont aimés, ont formé un couple, se sont mariés pour faire "comme tout le monde". Le temps, ses affres et ses tentations ont suivi leurs pas, jusqu’à les perdre...

Deux comédiens suisses romands: L’une semble être une variante de Juliette Binoche ou de Fanny Ardant, l’autre de  Michel Piccoli. Cela pose déjà les personnages et leurs affects.  Après la liquidation de leur mariage cassé, voici leur ultime rencontre dans l'entre-deux d’une scène bi-frontale,  sorte de couloir qui sépare deux assemblées d’yeux interrogateurs installés dans la pénombre formant une double toile de fond observatrice.

 

Eux deux  sont enfermés dans une moustiquaire, entre une fenêtre aveugle à droite et une double porte d’hôtel de province vers le Rien, à gauche. Ou l'inverse pour les autres qui regardent aussi. Pas d'issue: ils sont pris au piège. 

 

La lumière d’entre-deux est faiblarde: le twilight anglais. Leur amour dévorant aura été  la relation la plus forte et la plus intense dans leur vie car ils sont maintenant exsangues, tous deux vidés de leur énergie vitale. De plus  ils se sont tous deux rapprochés très dangereusement de la mort.  Plus jamais ils ne renverront la lumière. Un constat pénible.  Le public  assiste impuissant à « cette rhétorique du désastre amoureux, au ballet des figures imposées de la désespérance ; à vivre, comme par effraction, cette joute ultime où il viendra sans être vu, comme un voyeur de hasard, ou un client de peepshow, pour mieux entendre ce qui se dit, mais aussi ce qui est tu ». Paroles de  Philippe Sireuil, le metteur en scène.

 

 

 

Mots simples, texte poignant:

 

ELLE. - Et de toi, qu'est-ce que tu faisais de toi ?

LUI. - Je ne l'ai jamais su.

Silence. L’histoire des amants d'Évreux devient un fait-divers, une fiction.

ELLE, dit au public. - On avait renvoyé la femme de ménage. On avait honte de

nous, on avait peur qu’elle raconte dans la ville. Tout était sale, il n'y avait

rien à manger. On ne se parlait plus qu'en hurlant.

LUI, dit au public. - Un soir les voisins ont appelé la police. Ils voulaient nous

emmener au commissariat pour vous protéger de moi.

Ralentissement. Un temps.

ELLE, dit au public. - Après on n'a plus appelé les voisins. On ne les a plus

appelés.

LUI. - Après on n'a plus appelé personne. (Un temps.)

Après on est mort. (Un temps.)

On nous a trouvés morts. (Un temps.)

Ensemble. (Un temps.)

Par terre.

ELLE. - Oui.

Silence. Et puis soudain il crie bas. La figure dans les mains.

Sous les mains les yeux sont fermés, le visage reste détruit.

LUI. - Je veux une histoire avec toi.

Je veux ça.

Vivre avec toi.

Une histoire avec toi. Partir avec toi.

Enfermé avec toi dans une maison. Je veux ça.

C'est ça. Je veux ça.

Elle s'éloigne de lui, elle ne peut pas rester près de lui alors qu'il est dans cet

état. Et elle parle, pour parler, sans voix, de ces meubles du garde-meuble,

cette fausse donnée de l'histoire.

ELLE. - Pour … ces choses … du garde-meuble … à vrai dire je n'en ai plus

l'emploi … (Un temps.) Prenez les, vous … pour un jour vos enfants ?

 

Les corps et les visages sont plantés là,  comme des personnages de scène funéraire égyptienne, de profil,  avec la mort ou l’éternité rôdant partout. Une urne pour recueillir les cendres inutiles.  Le dos-à-dos règne en maître, le regard  de la femme se perd dans le vide,  le « vous» poli enterre des  pointes de «tu»  et d’intimité. Las, on est impuissant à sauver les paramécies dans le bocal : car elles sont figées dans l’impuissance face au changement, l’absence d’idéal, la fragilité personnelle, l'incommunicabilité et la solitude, sauf cette ultime fois. Mais tout est  inéluctablement consommé, dans l'intimité de leur théâtre. Seule la musique reste. Et l’obscurité.

 

Distribution : Avec Anne Martinet, Philippe Morand

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administrateur théâtres

La Puce à L'Oreille (Le théâtre des Galeries)

12272726475?profile=original     Le Vaudeville ? Déjà Boileau disait de lui :

 

D’un trait de ce poème en bons mots si fertile,

Le Français, né malin, forma le vaudeville :

Agréable indiscret, qui, conduit par le chant,

Passe de bouche en bouche et s’accroît en marchant.

 

 

Très jeune, Georges Feydeau usa de bons mots et écrivit des pièces à rires pour échapper aux devoirs d’école, … avec l’assentiment paternel.  Il était heureux. En faire un moyen de subsistance changea toute l’affaire: le voilà coincé dans des structures  contraignantes desquelles il voudrait sans cesse s’échapper. Paradoxe, même si ses pièces sont drôles,  il ne rit plus. Il adore l’amour, paradoxe, il en mourra, veillé par Sacha Guitry. Mais ses pièces restent. Le genre peut paraître secondaire mais… il y infuse de l’esprit mordant et de la critique sociale, sans être aussi venimeux qu’Octave Mirbeau. Il dénonce cette bourgeoisie pétrie d’hypocrisie, de bassesses et de moralité fort complaisante.

 

Dans La Puce à L’Oreille, l’imbroglio inextricable  de quiproquos les plus burlesques et de situations les plus risquées, tourne à la folie!  La couleur de la puce? Puce me direz-vous ! Non, Verte ! Verte comme la jalousie, insidieuse, dévorante, dévastatrice.  Elle règne en maîtresse absolue, du valet,  au plus nanti des assureurs.

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Les patronymes sont exquis: Victor-Emmanuel  et Raymonde Chandebise, Carlos  et Lucienne Homenidès de Histangua, Romain Tournel : …Ris, Tournel !…. On n’y échappe pas !

Le Docteur Finache qui « soigne » aux sels d’ammoniaque. Notre illustre comédien Michel Hindericks joue avec brio, Augustin Ferraillon, chef de l'Hôtel du Minet Galant. Sa femme Olympe, tout droit sortie des peintures de Toulouse Lautrec...est interprétée avec délices par Laure Godisiabois et ses rires de gorge sont  inimitables. Les décors - de l’art nouveau à l’art galant -  ne sont pas en reste.

 

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Les costumes sont magnifiques et caricaturaux : un robe de soie fuchsia qui déambule dans un décor saumon, une autre robe couleur puce, taillée dans la même soie que  la nappe qui recouvre la table sous laquelle  d’aucuns devront se cacher pour échapper à d’embarrassantes situations. Les détails humoristiques fourmillent… Robes de chambres, chemises de nuit et bonnets,  livrées de valets et de séducteurs, coiffes de bonnes, l’embonpoint de l’espagnol, sommité de la jalousie féroce, tout contribue aux rires!

 

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Le comique du neveu Camille  qui ne peut prononcer les consonnes fait mouche malgré le procédé un peu gros quand même.   Image incontournable d’une  dégénérescence de caste? La farce sera à son comble si on ajoute le comique technique d’une chambre  galante qui s’escamote et présente  subitement l’image d’un pauvre hère hébété malade et  alité, ou d’autres situations coquasses. L’auguste personnage de Victor-Emmanuel semble atteint de delirium tremens. Le jeu des sosies… lui fait voir des fantômes et perdre toute notion d’identité. On ne se remet pas des accès de rire à répétitions, qui bien involontairement nous échappent, nous qui, d’ordinaire, allons  au théâtre pour les idées et les grands sentiments.

 

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Le spectateur est happé par cette pièce délirante et s’y trouve heureux. Un tour de force du texte et de son interprétation magistrale par cette troupe de comédiens magnifiquement rôdée.

 

Victor-Emmanuel Chandebise

Michel Poncelet

Raymonde Chandebise

Perrine Delers

Lucienne Homenides

Angélique Leleux

Camille Chandebise

Luc Gilson

Romain Tournel

Pierre Pigeolet

Augustin Ferraillon

Michel Hinderyckx

Olympe Ferraillon

Laure Godisiabois

Docteur Finache

Marc De Roy

Carlos Homenides de Histangua

Toni d’Antonio

Etienne

Jean-Paul Clerbois

Antoinette

Cécile Florin

Rugby

Benoît Strulus

Baptistin

Bernard Lefrancq

Eugénie

Marjorie Berger

--

Mise en scène

Bernard Lefrancq

Décors

Francesco Deleo

Costumes

Ludwig Moreau

 

http://www.trg.be/Public/Page.php?ID=2686&ancestor1=2463&saison=2448

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administrateur théâtres

 

Quand le jeune oiseau devient cygne noir…

 

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« Nora, femme-enfant grisée par les hauteurs de la hiérarchie sociale où son mari sera bientôt perché, transportée par la joie qu’un trop plein d’argent lui procure, croit dur comme fer à l’héroïsme de cet homme qu’elle met au centre du storytelling de la vie « délicieuse » qu’inlassablement elle se fabrique. Et quand son petit échafaudage d’idéaux creux (et pourtant si modernes) s’écroule, elle ne semble avoir d’autre choix que de quitter cette maison de poupée qui l’a trahie. »

 

Une éblouissante première au théâtre Claude Volter hier soir. L’interprétation presque surjouée de la femme-infantilisée, agace royalement : les sautillements, la voix perchée, le rire de casserole, la cervelle d’oiseau - de l’étourneau à la bécasse.  Bien que, derrière cette façade, il y ait le mensonge salvateur et un amour considérable (inconsidéré ?)  pour le père et le mari de ce personnage  surféminisé...

 

Quand on était  adolescentes, on adorait « Une maison de poupée » d’Henrik Ibsen, pourquoi ?  Par soif d’idéal,  par le souffle romantisme de la liberté enfin découverte, pour le courage de Nora de savoir se détacher du confort matériel et  vouloir devenir un être humain à part entière et pas simplement une épouse-poupée et une mère-poupée, dans la maison de poupée avec des enfants-poupées.  Rien n’a changé pour notre amour de la pièce norvégienne, si ce n’est que l’on n’en mesurait peut-être pas  suffisamment toute l’urgence dans notre jeunesse.  Grâce aux mouvements féministes et aux progrès scientifiques,  la société a su évoluer… ici, dans le monde occidental, finalement, un monde presque minoritaire. Ainsi, tout n’est pas gagné, ainsi, cette pièce scandaleuse tant  décriée en 1880, garde son actualité dans la profondeur des esprits et dans les clichés véhiculés par la société. Que vaut une femme, face à l’ordre établi, à la loi essentiellement masculine, au soit- disant « code de l’honneur »,  au culte du pouvoir, de l’argent et des religions, ou face à la Morale Incontestée? 

 

Et donc, la deuxième partie de la pièce, lorsque la femme enfin se révolte, fait plaisir à voir et à entendre. Tout-à-coup la voix  de la comédienne sonne juste!

 

La mise en scène est d’une facture résolument moderne, tout en transparence, et décor blanc d’innocence. Mais, les vies de « housewives » n’existent pas qu’en Outre-Atlantique! Jeunes filles, précipitez-vous pour voir ce spectacle!  Le rêve de suprématie  masculine, malgré l’égalité des droits a encore de beaux jours,   à en juger par le plaisir du comédien de mari, Bernard d'Oultremont , à jouer son rôle avec délices et perfection. Jean-Philippe Altenloh n'a rien à lui envier, son jeu est parfait! Faut-il qu’un homme soit quitté pour qu’il découvre enfin son humanité ? C’est le miracle secrètement espéré de Nora, où d’étranger insupportable, l’homme se muterait enfin en généreux compagnon de mariage avec qui « on se sent bien ». Fidélité des signes…  Le public, parfois compassé dans  ce théâtre d’avant-garde - il  y a quarante ans déjà - n’a pas pu s’empêcher d’applaudir avec respect la très belle distribution des comédiens, les personnages secondaires étant aussi bien campés que l’héroïne de la pièce.

 

Avec : Stéphanie Moriau, Bernard d'Oultremont,

Jean-Philippe Altenloh, Michel de Warzée et Laure Tourneur

 

adapté par Jacques De Decker

 

http://www.comedievolter.be/index.php?page=infos-pratiques

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administrateur théâtres

BOX-OFFICE de David Mamet (théâtre le Public)

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             BOX-OFFICE  de David Mamet    DU 08/02/11  au 26/03/11

        

    

   Charly,  fidèle chien de chasse depuis dix ans, compagnon d’infortunes  de son  ami « Bo-oooob ! », un  producteur assez obscur à Hollywood,  lui rapporte un jour, le scénario d’un film prêt à consommer, cousu de violence et de salivation plébéienne, pour une superproduction qui leur donnera accès  enfin à l’argent avec un grand A, si pas au grand Art. Ils rêvent tous deux de s’installer enfin à « la table des Grands», tant convoitée.

 

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Intervient alors au deuxième acte, cette figure féminine de rêve, une intérimaire. Envoyée du ciel ? Ange ? Personnification de la grâce, à qui Bob  demande, non sans intentions diaboliques et lubriques, de lui faire une « note de lecture » sur un ouvrage dont il est décidé d’avance qu’il n’a aucun avenir cinématographique. Pour le soir même, rendez-vous chez lui !  Il  lui explique qu’on lui a commandé une « lecture de courtoisie » et qu’il lui fait «  l’honneur » de lui déléguer la tâche. … Au bois sacré de l’argent, les dés sont toujours pipés! A Hollywood, le monde est fait de vent, qui souffle sur tout ce qui n’est pas empire des sens ou  de l’art-gent.

 

 Le titre du livre est étrange et prémonitoire. « Radiations » parle de fin du monde, de dernière chance offerte aux hommes pour être assis «  à la table céleste », de rôle à jouer pendant notre séjour sur terre, de contemplation du beau, du bon, du vrai, une fois notre monde d’illusions disparu. Selon la belle Karen, ce livre fabuleux doit avoir le feu vert, et devenir une œuvre cinématographique chargée de sens, contrairement au polar  abject proposé par Charly. Elle est idéaliste, croit au progrès, au changement, à la force de l’amour.  Illuminée par la beauté tant extérieure qu’intérieure, Karen représente toutes les illusions perdues de Bobby. La tentation est grande d’emprunter la voie étroite proposée par cette mystérieuse égérie qui, au début, n’avait que les apparences d’une intérimaire naïve et écervelée. Une joute pathétique, presque un pugilat, s’engage entre anges et démons. …. On ne dira pas la fin.

 

C’est le genre de pièce qui, en dépit de la simplicité de son canevas, fait rouler les pensées et la réflexion bien au-delàs du temps du  spectacle. Bien sûr, l’entrée en scène de la ravissante comédienne belge de 23 ans, Nina Drecq est captivante. On est  soufflé par sa grâce, sa voix d’argent, les courbes de  ses gestes et de son verbe gracieux…et les deux personnages masculins sont mis à  rude épreuve. Deux acteurs hors pair : Francis Lombrail  dont la métamorphose est stupéfiante et  Philippe Sivy, emblème du monde sans pitié.

 

 

Au début, la pièce semblait avoir du mal à décoller: un acte entier de dialogues de rupture,  chers à l’auteur américain, très  déstabilisants pour le spectateur. Ce discours, si difficile à traduire en français, avait un tour chaotique et plus que  masculin, fort énervant. Le décor jaune vif aux arêtes coupantes agaçait par son  agressivité, mais   dès l’entrée en scène de la fascinante porteuse de bonne nouvelle, l’espoir renaît. L’idéalisme retrouve sa place et le théâtre son plaisir.  On est scotché à son siège et l’on tend l’oreille au charme rédempteur du chant d’optimisme: simples paroles et manipulation,  ou vérité ? Prison ou libération ?  A la fin, l’homme est toujours l’homme…

 

Mise en scène: Anne Bourgeois / Avec Nina Drecq, Francis Lombrail et Philippe Sivy

 

12272723070?profile=originalUne création et production du Théâtre Le Public et du Théâtre du Lucernaire ( Paris ).

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=263&type=1

 

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administrateur théâtres

 

La monnaie de la pièce, une pièce de Didier CARON

 

Avec Yvan GAROUËL, Didier CARON, Andrée DAMANT, Laurence PIERRE, Serge RIDOUX, Caroline ANGLADE, Jean-Paul BAZZICONI, Daniel LOBE

 

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Les mots font jaillir les histoires! Quel talent ! On croit assister à un périlleux exercice de  théâtre d’’impro si à la mode, mais sans avoir à gagner, juste pour la beauté du verbe et de l’action!

 

Les  mensonges pleuvent  à la pelle, tous plus brillants les uns que les autres. L’imagination débordante  pare au plus pressé et défie la réalité de ce salon anglais complètement kitch, rose et vert,  où tout est œuvre de la Femme à la Rose! L’imaginaire... comme antidote aux  maux de la société.

 

 Beaucoup de fraîcheur en tout cas dans la bouche de ce chevalier amoureux affolé de perdre celle qu’il aime: une femme-enfant, frivole, futile, apparemment éblouie par la puissance de l’argent, une poupée que la société lui commande de protéger. Il fera tout pour lui éviter le moindre désagrément. Ses batailles sont homériques ou donquichottesques… heureusement qu’il a son indéfectible  ami Harold! Et encore, n’est-ce pas un prénom de félonie ?

 

  On passe une soirée faite de cascades de rires, les scènes s’enchaînent avec subtilité dans cette pyramide d'absurdités, les invraisemblances ont la couleur du possible, la réalité repeinte amuse et divertit. Quand à la chute, c’est une célèbre farce du Moyen-âge que l’on ne saurait vous raconter, tant elle est inattendue. Tout cela rend le spectacle… inoubliable, ce qui et beaucoup pour un simple vaudeville au départ.

 

Ajoutons à cela le spectre de cet huissier-prêtre-sourcier qui est irrésistible dans son  noir sérieux de carnaval, la belle mère courte sur pattes mais aux idées longues, une machiavélique Andrée Damant au cœur de midinette, le fils-camionneur-étudiant doué d’un calme olympien, des personnages très bien croqués, qui donnent un relief extraordinaire au comique de situation. Et la société bourgeoise d'être lacérée sans pitié!

 

Quant à la femme fatale, ou à l’épouse, ou l’inverse… c’est qu’elles-mêmes sont surprises à  pouffer de rire! Généreuse, la salle se joint à l’hilarité générale : apparente faiblesse de jeu, ou supercherie suprême? Sacrée Mathilde ! Sans mentir, les comédiens français en visite dans notre ville belge sont applaudis frénétiquement.

 

 

Actuellement au centre culturel d'Audergem pour une petite semaine encore!

 

Du 14 au 19 mars 2011 à 20h30 et le 20 mars 2011 à 15h30

http://www.cc-auderghem.be/index.php?option=com_redevent&view=details&id=65

 

 

 

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administrateur théâtres

L'ÉTHIQUE DU LOMBRIC ( et autres histoires morales )

de Stefano Benni

 
Avec Bernard Cogniaux et Marie-Paule Kumps - Mise en scène: Sylive de Braekeleer

DU 02/02/11 AU 12/03/11

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Extraits : « Depuis que je suis sortie de l’œuf, je pense ». « Je dois te l’avouer : j’ai essayé de voler! ». « Dans quel monde vivait-il ? Et il eut peur ! ». « Ce matin j’ai vu un panda avec ma figure sur son Tshirt ». «  Le pécheur : ‘ on vient tranquillement à la pêche, et on vous jette dans la politique’ ». « Ils se regardent. La tartelette au thon s’effondre, liquéfiée». « Comme ils s’aiment, pense le serveur! »

 

 Sommes-nous aussi des cobayes? Est-on à l’intérieur ou à l’extérieur de cette cage  d’un genre particulier, aux imposants piliers?  En tous cas,  les Guinea Pigs comédiens  s’amusent dans leur espace de sciure fraîche et partagent  leurs  histoires délirantes.  Ils produisent une parole  qui les rend fort  humains. Moitié fable, moitié nonsense, moitié nouvelle, Marie-Paule Kumps   et son comparse Bernard Cogniaux  déterrent des matériaux d’histoires à dormir debout pour notre plus grand bonheur et provoquent le rire à propos des tics de l’humanité.  De l’humour, nait la bonne distance.

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L’éthique : struggle for life ! Même les poissons et lombrics se lanceront dans d’hypothétiques raisonnements! Le zoomorphisme devient total avec une poule qui va passer à la casserole.  On est certain de rire… ou de glousser, de laisser voguer son esprit sur les routes du conte animalier ou non, sur les reliefs  ludiques de « musiques » empruntés à la vie d’ici-bas. On est soudain tout surpris  de découvrir de nouvelles mises à distance. Fiction pure ? Songe ou mensonge ? Le propre ou le figuré? Méta-réalités ? Contradictoirement,  l’irréalité d’un jingle fait de rires d’enfants et de mélanges de voix lointaines de Musiq 3 nous rappelle plusieurs fois sur terre. Voici un reportage sur du  vécu réel, puis tout dérape à nouveau. On est aspirés, irrésistiblement, par la rencontre avec un texte décoiffant, la réflexion espiègle sur les coïncidences, la  destinée,  et plus profondément soudain, notre histoire personnelle qui se réveille. Tout  est très volatile, très inventif,  très poétique, doux-amer parfois, ou cynique, il n’y a qu’à se laisser porter et balancer dans les interstices de l’imaginaire.

 

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=262&type=1

 

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administrateur théâtres

Pour la saint-Valentin, offrez-lui ce spectacle magnifique !

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René se souvient de ses vacances chez sa grand-mère à Soignies, berceau de la pierre bleue. « Je joue avec une petite fille dont j’ignorais le nom. » La grille du cimetière où ils jouaient se ferme. Elle a disparu. 

 Voici un huis clos qui évoque de façon ludique la vie de René Magritte, l’homme au chapeau boule,  vue par Georgette, sa femme,  sa muse chérie, son exclusive égérie, sa complice éternelle, son unique modèle...

Magritte peint dans la vie mais ne peint pas dans la pièce. La pièce c’est « la » pièce. La pièce où ils vivent, dans chacun des lieux où ils ont vécu de leur premier logement en passant par Paris, jusqu’à la rue des Mimosas, près du parc Josaphat, où Magritte s'éteindra à 69 ans, le 15 août 1967 à 15 heures.  Voici des tableaux vivant  la banalité  de  la vie de tout couple, et pourtant  une alchimie particulière, un mystère extraordinaire. Surréaliste ?  Aucune  figuration des peintures de Magritte: sa vie de peintre est entre parenthèses. Avec des comédiens de 2011, ce couple revisité, est vraiment  touchant.   Cela a quelque chose de jeune, de dynamique, d’innovateur, d’éternel, cela a le charme de Roméo et Juliette. Dans l'air, il y a l'énigme de tous les couples qui durent.

L’image du père fait ombre, elle se veut prophétique comme une scène d’Hamlet ou de Don Juan, elle représente  le bourgeois de 19e siècle engoncé dans ses certitudes, muré derrière ses habits de circonstance, avare de paroles. Léopold Magritte, « prohibant le sabir wallon dans sa maison, marchand tailleur et affairiste, brade, vend, écoule. Coureur de jupons, frimant et plastronnant, il  lui souffle : «M’as-tu vu bedonnant, d’un chapeau boule coiffé, cravaté, pocheté, costumé, tel un bourgeois sapé, tu me ressembleras, René !’  Cet homme à femmes, le mari de sa mère qui se suicide dans la Sambre, inondera le fils de sa culpabilité. A l’école, Magritte se décrit comme le fils de la noyée. « J’avais 14 ans, elle en avait 40.» Malheur indicible qui le corsettera à vie. Georgette : « De la perte cruelle, René se remet à peine. Je suis sa petite mère, Il est tout à moi ! »

 

La mise-en-bouche est de Patrick Rougiers : les mots dansent dans le tableau du théâtre. L’écriture rimée, parsemée  vocables belgo-belges comme des touches de peinture,  donnent une forme fantaisiste à la pièce. L’humour fait loi. Georgette: « J’ai fait une fausse couche, ce fut une froide douche. »  Assonances, allitérations, associations musicales ou rythmiques, tout cela laisse un magnifique espace pour le jeu des postures, des regards, le brillant du rouge à lèvres Diorescent de Georgette assorti à l’ourlet de sa robe mobile,  le magnifique film et les arrêts sur image qui encadrent les personnages. La mise en scène ciselée de  Monique Lenoble met carrément en scène toute  la lumière et les couleurs de Magritte, ce sont autant de moments de beauté, qui donnent de l’appétit,  du plaisir artistique. Cette comédie picturale diffuse un plaisir rare. Aurore Rougiers et  Baptiste Blampain sont éblouissants.  Le quatuor de comédiens nous livre une musique qui n’est pas une musique.  Ne vous en privez pas !

 

Du 27 janvier au 27 février 2011, le Poème 2 vous propose:

 
"La femme de l'homme au chapeau boule"
 
de Patrick Roegiers
 
"Magritte vu du côté cuisine, Georgette en personnage principal, René quand il ne peint pas. Ce qui est fascinant, c’est la vie de couple. Et comment une femme aussi simple est l’indispensable complément d’un génie." 

Renseignements et réservations:
Poème 2 (Théâtre-Poème)
30 rue d'Ecosse - 1060 Bruxelles
 
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administrateur théâtres

Le Diable Rouge (théâtre Royal du Parc)

... pages  vivantes d’Histoire, des comédiens au jeu du "je" éblouissants!

Colbert : «Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou…» 

-Mazarin : «Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison mais l’État… L’État, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’État en prison. Alors, il continue, il creuse la dette! Tous les États font cela.»

Colbert : «Ah oui? Vous croyez? Cependant, il nous faut de l’argent et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables?»

Mazarin : «On en crée d’autres».

Colbert : «Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà».

Mazarin :: «Oui, c’est impossible».

Colbert : «Alors, les riches?»

Mazarin :: «Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres».

Colbert : «Alors, comment fait-on?»

Mazarin : «Colbert, tu raisonnes comme un fromage (comme un pot de chambre sous le derrière d'un malade)! Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus! Ceux là! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser… C’est un réservoir inépuisable.»

 

Et le public de sourire, d’un air entendu. Toutes les crises se ressemblent. Les ingrédients sont toujours les mêmes : le pouvoir, l’argent et l’amour.

Les costumes ont la brillance  du 17e   siècle et semblent surgis du pinceau de grand maîtres, tout en soieries, dentelles rubans et brocarts. Le décor  est un réel  chef-d’œuvre émaillé de corridors en miroirs, de hautes colonnes, de gobelins, peintures, astrolabe, sculptures,  et meubles précieux où glissent les merveilleux comédiens. Les sentiers de l’histoire sont vivants, sortis de la plume inventive d’Antoine Rault illuminés de bougies d'un autre siècle.

 

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Le bal du pouvoir commence. « Quand on n’est pas né roi, on avance masqué ! » Mazarin, son Eminence Le Diable Rouge, est subtil, intelligent, manipulateur, italien … en diable malgré ses accès de goutte et de gravelle….  « Je les aurai par la douceur, c’est ça, la politique ! »  Il espionne, surveille, soudoie, flatte, conspire. En orfèvre du mensonge et de l’intrigue  il arrive toujours à ses fins avec onction. C’est l’illustre Jean-Claude Frison qui interprète ce rôle, et  il est magistral dans la gestuelle et le phrasé italien. 

 

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 Mais il y a bien d’autres diables. Le jeune futur Louis XIV - la  beauté du diable incarnée -   est joué par un acteur juvénile et craquant… Toussaint  Colombani. Son  innocence tranquille déconcerte et renverserait les plans les plus machiavéliques.   Il émane  de lui une prestance, une confiance en soi, une façon de se mouvoir, royales. C’est qu'il a reçu l’éducation d’honnête homme dispensée avec amour par le cardinal.  L’éclosion de sa jeune personnalité lui fait saisir avec panache et naturel les rênes du pouvoir comme s’il s’agissait de  pas de danse galante, son passe-temps favori.  Il est tout aussi  diablement convainquant dans son histoire d’amour avec la sémillante Marie Mancini, que joue avec  passion et   vigueur, l’intrépide Morgane Choupay.

 

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 Mais en amoureux de la France,  Mazarin guette les amants: « Un homme est toujours seul devant les grandes décisions, mais il doit jamais être sous l’emprise d’une passion, et encore moins de celle d’une femme ». « Etre libre, c’est pouvoir choisir » dit Louis, « Vous devez choisir », répond Mazarin.  La paix n’a pas de prix quand la guerre dure depuis 30 ans!

 

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Anne d’ Autriche (l’impressionnante Rosalia Cuevas)  dans sa somptueuse robe dorée, c’est la mère du Roi-Soleil, régente de France et de Navarre pendant la minorité du jeune Louis. Elle est magnifique et pathétique lorsqu’elle se rend compte que son fils  si jeune va soudain échapper à son autorité et à jamais prendre son envol. Du haut de ses 14 ans il lui déclare, courtois mais ferme, qu’il estime profondément  Marie et refuse d’épouser l’infante.  Et que  diable, c’est lui le roi ! Son baudrier n’est-il pas  solaire ?

 

Et voici Colbert (Bruno Georis, tout en finesse), épiant toutes les scènes de son regard calculateur, sachant se rendre indispensable à la reconstruction de la fortune de Mazarin, habile, sarcastique, briguant sans jamais relâcher son étreinte mortelle, la place de Fouquet.  Ses réparties sont  vives et mordantes, ses saillies, piquantes, mais  il est surtout un livre de comptes ambulant et  un conseiller redoutable : « Il n’y a pas plus habile que vous ! » concède Mazarin.

 

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Diables, fripons et fripouilles mènent la danse vertigineuse du pouvoir. « On ne peut pas gouverner avec uniquement des gens honnêtes, on a besoin de fripons ! » C’est la leçon du Diable Rouge au jeune roi élevé avec tendresse et dévouement. Et le public d’applaudir le miroir qui lui est présenté, frénétiquement!

 

 

 

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2010_2011_004

Du 24 février au 2 avril 2011

 

 

 

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administrateur théâtres

La Cerisaie (Théâtre des Martyrs)

Le Théâtre en Liberté présente au théâtre des Martyrs le dernier chef-d’œuvre de Tchekhov, classique de l’âme russe, dans une nouvelle adaptation française de Jacques De Decker  et une prodigieuse mise en scène de Daniel Scahaise:

 

                                                 « LA CERISAIE »

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La dacha est endormie... Un personnage se repose les pieds en l’air posés sur un pupitre d’écolier dans une chambre d’enfants. Beau plan incliné vers l’avenir, drapé de blanc.  Lioubov  Andréevna (Hélène Theunissen) a passé  cinq ans de  Paris à Menton en compagnie d’un cuistre ; on l’attend, il est deux heures du matin. Elle arrive avec toute sa suite et trouve que  tout le monde a tristement vieilli !  Tantôt elle évoque avec délectation ses souvenirs d’enfance : « O mon enfance ! O ma pureté ! C’est dans cette chambre que je dormais, d’ici que je regardais le jardin, le bonheur se réveillait avec moi tous les matins, et le jardin était alors exactement pareil, rien n’a changé… » Tantôt elle éclate en sanglots pour la perte de son enfant de sept ans noyé dans la rivière. Léonid son frère (Bernard Marbaix), épris de billard et de beaux billets prononce l’éloge de l’armoire centenaire. Lioubov, tellement insouciante et  hors du temps, est envoûtée par la magnifique propriété mais refuse catégoriquement de prendre les mesures financières proposées par son formidable intendant Lopakhine (Jean-Henri Compère) : aucun sens des réalités.

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          Notre Europe de l’an 2010 ? Ou … notre minuscule Belgique ?

 

 Cela a un goût de décadence, d’inexorable effritement, d’illusions perdues, d’argent impossible à garder, de désirs avortés.    Tout file entre les doigts frivoles de Lioubov, jusqu’au dernier rouble. Bien que ruinée, elle commande une dernière fois des violons qu’elle ne pourra pas payer et donne une dernière fête où tout le monde danse, chante et se soûle de gloire passée. Elégance du désespoir. Chapeaux et  habits sont somptueusement blancs et sophistiqués, la blancheur précoce des cerisiers annonce la fin imminente.  Voilà La  Cerisaie perdue, vendue au plus offrant : ce petit-fils de paysan qui étouffe du bonheur et de fierté d’avoir saisi les biens de ses anciens maîtres. C’est le déchirement et départ de la famille au grand complet après un dernier  hommage à la beauté vouée à la disparition. Il y a ce duo très émouvant de mère et fille (Julie Lenain), l’une crispée par la douleur, l’autre illuminée par le désir et l’espoir de renouveau, la beauté de la jeunesse,  son amour pour l’ancien précepteur du petit Gricha, l’étudiant errant, Trofimov! Idéaliste surréaliste, il  se croit « au-dessus de l’amour ! » …et ressemble curieusement à Tchékov !

 

 « Toute la Russie est notre Cerisaie. La terre est vaste et belle, il y a beaucoup d'endroits splendides. Imaginez, Ania : votre grand-père, votre arrière-grand-père, tous vos ancêtres possédaient des esclaves, ils possédaient des âmes vivantes, et ne sentez-vous pas dans chaque fruit de votre cerisaie, dans chaque feuille, dans chaque tronc, des créatures humaines qui vous regardent, n'entendez-vous donc pas leurs voix ?... Posséder des âmes vivantes - mais cela vous a dégénérés, vous tous, vivants ou morts, si bien que votre mère, vous, votre oncle, vous ne voyez même plus que vous vivez sur des dettes, sur le compte des autres, le compte de ces gens que vous laissez à peine entrer dans votre vestibule... Nous sommes en retard d'au moins deux siècles, nous n'avons rien de rien, pas de rapport défini avec notre passé, nous ne faisons que philosopher, nous plaindre de l'ennui ou boire de la vodka. C'est tellement clair, pour commencer à vivre dans le présent, il faut d'abord racheter notre passé, en finir avec lui, et l'on ne peut le racheter qu'au prix de la souffrance, au prix d'un labeur inouï et sans relâche. Comprenez cela, Ania. »

Et si c’était vrai - après tout, qu'y aurait-il là,qu'il faille prendre au tragique ?...L’enfance qui ne revient jamais ?  La mort muette sous les feuilles mortes, dans l'armoire funéraire, du fidèle majordome  Firs?   Serviteur à la précision horlogique pourtant lui aussi victime du temps, il est  interprété de façon savoureuse par Jaoued Deggouj.12272717669?profile=original

 Le cycle des saisons s’achève…  C’est l’émotion et la nostalgie qui nous prennent à la gorge et brident les nombreux applaudissements.

 

LA CERISAIE – Anton Tchekhov Théâtre en Liberté
Au Théâtre de la Place des Martyrs - Grande salle
Du 27/01 au 05/03/2011 - Dimanches : 06 et 20/02

 

http://www.theatredesmartyrs.be/saison.html

 

 

 

 

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administrateur théâtres

12272709891?profile=originalLa Vie parisienne écrite par Henry Meilhac et Ludovic Halévy et dont la musique est du célèbre compositeur Jacques Offenbach se joue jusqu’au 31 décembre à l'Aula Magna de Louvain-la-Neuve. Initialement, il s'agit d'une pièce de théâtre mêlée de chant. D'ailleurs Offenbach préférait « avoir des comédiens qui savent chanter à des chanteurs qui ne savent pas jouer la comédie . » Grâce à la qualité de la musique, la pièce a été reprise par l'opéra : les chanteurs lyriques s'en sont emparés et La Vie parisienne nous est arrivée comme un opéra connu.12272710493?profile=original

 Ici, nous revenons à la pièce de théâtre. C’est cette dimension théâtrale qui en 1958 devait conduire Jean-Louis Barrault à monter cette vie parisienne à plusieurs reprises … chaque fois que les caisses étaient vides… Une intrigue très mince sous-tend cet opéra comique du 19e siècle. C’est l'histoire d'une grande arnaque : Raoul de Gardefeu est déçu des filles légères et notamment de la belle Métella. Il apprend qu'un baron suédois et son épouse arrivent à Paris. Son but : séduire cette dernière.  Le couple suédois meurt d’envie de découvrir la vie parisienne, Gardefeu sera leur guide au travers des plaisirs multiples de la ville lumière. Gardefeu détourne donc le noble couple étranger du Grand Hôtel et  organise une fausse vie parisienne dans son appartement, improvisant  table d’hôte et multiples personnages mondains hauts en couleur. Sans oublier l’irrésistible gantière, légère et court vêtue. Les comédiens, seulement treize en scène, au départ en habits de ville 20e,  doivent donc jouer des personnages, faire l'orchestre, le chœur et se glisser dans des  chorégraphies tout en changeant de costumes sur scène. Ce tour de force est animé par un deus ex machina, Alain Sachs,  le régisseur de théâtre en blouse grise, à l’accent parisien prononcé, qui lui aussi de temps en temps se transforme en personnage indispensable et court d’un bout à l’autre du plateau pour enjoindre les mouvements scéniques ou souffler silencieusement les répliques. Au fur et à mesure la répétition fait place à la pièce qui se joue. Merveille de l’action théâtrale. On est à la fois dans un spectacle totalement abouti et dans l’impression constante de sa genèse… Ce qui est très drôle : voir le sens de la répartie, les initiatives, les bévues des comédiens et écouter avec ravissement leur chorégraphie musicale et textuelle … et au fur à mesure la métamorphose de la magie théâtrale s’opère.  L’humour est omniprésent. Les voix sont étincelantes. Les lustres et les décors et mannequins d’époque surgissent.  Le 19e  brille de tous ses feux ! La plus belle et la plus harmonieuse, c’est la baronne suédoise : la voix, la flûte traversière et la guêpière…Applaudissons Sarah Tullamore.  Le baron, David Alexis, vaut aussi le détour. Il est exquis : Chanteur, Comédien, Pianiste, Danseur de claquettes, Acrobate. On ne peut passer sous silence le charme dévastateur d’ Hervé Devolder, dans le rôle de Gardefeu, et son nuage de séduisantes belles, toutes plus candides et enchanteresses. Et les instruments de musique : le piano, le violoncelle, la guitare, le violon, la harpe, la trompette, la flûte magique et la boîte à outils du régisseur et son tambourin.  12272710887?profile=original

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Aula Magna
Place Raymond Lemaire, 1
1348  Louvain-la-Neuve

Contact & Réservations :  010 49.78.00

http://www.ateliertheatrejeanvilar.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=435

 

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administrateur théâtres

KIKI VAN BEETHOVEN (théâtre le Public)

12272709459?profile=originalKIKI VAN BEETHOVEN12272709662?profile=original

d'Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène: Daniela Bisconti / Avec Nicole Valberg

 

DU 13/01/11 AU 30/04/11  avec relâches

 

 

                                                                                         « Bach, la musique écrite par Dieu, Mozart la musique que Dieu écoute et Beethoven la musique d'un homme pour les Hommes »

 

Démasquons le  géant du business littéraire et penchons-nous sur le masque de Ludwig…

 

Christine (dite Kiki) est une sexagénaire solitaire mais rayonnante qui tient à distance ses poignantes émotions, bien enterrées, une fois pour toutes. Mais aussi  hélas, la musique…. Elle vit en surfaces avec  trois autres vieilles souches, Rachel, Candide, Zoé, façon "adolescence retrouvée", mais dans la résidence aseptisée des Lilas.

 

Un hasard lui a fait acheter un masque du compositeur célèbre. Les quatre mamies vont réveiller leurs émois endormis, en retrouvant leur capacité d’écouter cette musique retrouvée, à partir du masque rédempteur. « Beethoven, c’est la célébration de la joie. Il a eu une vie pourrie, sourd à 27 ans, coupé de la vie sociale, de ses amis, de son amour, auquel il n’a pas voulu imposer son infirmité mais il a laissé un extraordinaire Hymne à la joie… Jubiler de ce qui est, même si c’est peu, plutôt que regretter ce qu’on n’a pas. » Hymne à l’optimisme et à la force de l’individu.

 

Seule en scène, Nicole Valberg , très belle comédienne,  interprète Kiki van Beethoven. L’interprétation du texte est encore un peu jeune, un peu hésitante parfois mais elle suscite certainement de l' empathie pour la narratrice. Et  la saison de ce spectacle, attachant quand même, ne fait que débuter. Il est vrai que les juxtapositions de scènes lassent un peu au début….L’entrée dramatique trouve sa source dans la visite du camp d’Auschwitz par les quatre dames en voyage rétro-scolaire. De grâce,  il faudrait supprimer l’appellation ‘camping’ du registre de vocabulaire dans cet épisode, c’est immensément choquant et déplacé. Mais dès ce moment, le reste du texte se met à vibrer…dans les grandes cordes. Le thème de la mère abusive, celui de l’homme–enfant qui se suicide, celui de la belle fille détestée qui devient fille prodigue, sont sans doute des ficelles sentimentales un peu grosses, dès qu’on prend quelque recul.

 

Belle mise en scène du thème « nos parents nous grondent, et … ce sont nos enfants !» Belle boutade : « La beauté c’est intolérable » dit Eric-Emmanuel Schmitt. « Parce qu'il y a une sagesse de la beauté et qu'on ne veut pas l'entendre. La musique peut nous montrer la beauté de la tristesse, du désarroi, la beauté du deuil, la beauté de l'abandon. Et cette beauté nous force à accepter des dimensions de l'existence dont nous voudrions nous protéger. » Intolérable, parce qu’elle mesure notre nullité ou notre médiocrité. 12272709289?profile=original

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http://www.lepublic.be/play_details.php?play_id=261&type=1

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administrateur théâtres

LES CAPRICES DE MARIANNE (théâtre Royal du Parc)

     Du 13 janvier au 12 février 2011

         au théâtre Royal du Parc    

     LES CAPRICES DE MARIANNE

       FANTASIO

       Deux comédies romantiques d’ Alfred de Musset 

       Mise en scène : Jean-Claude Idée

 Avec : Jean-François Brion, Yves Claessens, Lisa Debauche, Jean-Claude Frison, Gauthier Jansen, Michel Poncelet, Laurent Renard, Dominique Rongvaux, Manuela Servais, Vincent Vanderbeeken, Elisabeth Wautier.

 

Mise en bouche :

 

Les caprices de Marianne se déroulent à Naples. Marianne, jeune femme orgueilleuse, a épousé Claudio, un juge austère et misanthrope. Coelio, jeune homme sensible et sentimental s’éprend d’elle. Trop timide pour l’aborder, il sollicite les services d’Octave, son ami d’enfance, libertin notoire. La dualité de Musset libertin (Octave) et romantique (Coelio) s’exprime ici clairement pour la première fois.

 

Fantasio est un jeune noceur débauché, désargenté, tour à tour cynique et mélancolique. Poursuivi par ses créanciers, il reprend – pour échapper à la prison – la fonction du bouffon du roi de Bavière, qui vient de mourir. On prépare les noces de la princesse, sa fille avec le belliqueux prince de Mantoue. Une étrange relation s’installe entre ces deux jeunes gens que tout sépare.

 

Dans l’assiette :

 

Le pur bonheur de l’art du spectacle. Un  rideau de velours se lève… Bigre ! Il manque les trois coups… Cela ne se fait plus ! Mais le décor est auguste. Deux ensembles de colonnes en rotonde et marches amovibles se métamorphosent en palais, maison, rue, tonnelle, jardin, prison…. avec la grâce de gondoliers vénitiens à l’œuvre. L’imaginaire fait le reste : l’église, cette place, ces petits orangers verts, cette cascade fraiche… La vie légère, les tavernes, les balcons, les jalousies d’où l’on observe… L’atmosphère de carnaval, brillante et cruelle.  Ce décor virevoltant est néanmoins complètement moderne par son dépouillement. Les costumes sont dignes de Watteau, matelas de soieries indiennes et, dans Fantasio, un piano à queue et son pianiste  sur un plateau qui virevolte tout autant.

 

Dégustation :

 

Les visages radieux  de la jeunesse : Lisa DEBAUCHE, Elisabeth WAUTIER, Gauthier JANSEN, Dominique RONGVAUX et les autres…  Ceux, décomposés de la vieillesse , de l’avarice des sentiments, de la bêtise et de la médiocrité. Le corps entier de Coelio, au bord de l’inanition tant la sincérité de  son amour le fait souffrir. Les mines compassées de la belle Marianne, une poupée de bénitier tant qu’elle ne s’est pas jetée dans une sainte colère où elle révèle  enfin son irrésistible charme. Elle est alors sublime.

 

Un bouffon craquant d’intelligence, et de facéties, de bons mots, d’espièglerie et de calembours et le ridicule du pouvoir et de la guerre. Tout de même aussi, la tendresse d’un père et l’obéissance de sa fille, pétrie de devoir juste. Avant tout elle veut arrêter la guerre et s’offre généreusement  à cette  noble poursuite.

 

Des moments de vertige : « moi, cela me fait frémir : c'est l'histoire du siècle entier. L'éternité est une grande aire, d'où tous les siècles, comme de jeunes aiglons, se sont envolés tour à tour pour traverser le ciel et disparaître ; le nôtre est arrivé à son tour au bord du nid ; mais on lui a coupé les ailes, et il attend la mort en regardant l'espace dans lequel il ne peut s'élancer. » Fantasio, Acte 1 scène 2

  

La pièce montée :

 

Des nuages de langue française, classique, harmonieuse,  balancée,  belle, sensible, bien dite, un ravissement pour l’oreille. Et la musique….

 De la musique napolitaine plein les yeux, à cause des tambourins et guitares que l’on imagine, et cet inénarrable pianiste sur son plateau tournant,  qui chevauche aussi bien Chopin et Beethoven que Mendelssohn ou la panthère rose. Le tout baigné d’humour pétillant dans l’atmosphère féerique des plus belles comédies de Shakespeare. Clin d’œil élisabéthain.

Nul ne peut résister à un bouquet parfumé de tels talents, prêt à ravir toutes les papilles de l’âme. Le  vin fin (Lachrima Christi)  et le champagne de l’esprit coulent à flots et avec délices.

 

Point de mignardises: une soirée royale! 

                            

                                      http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2010_2011_003

 

                    

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administrateur théâtres

12272707268?profile=originalL'illusion conjugale    AU CENTRE CULTUREL D’AUDERGHEM  jusqu’au 19 décembre 2010

 

D'Eric Assous, mise en scène Jean-Luc Moreau, avec Isabelle Gelinas et José Paul

 

Après quatre répliques, la salle ronronne déjà sous les  sourires et

 les gloussements approbateurs. Le décor est une épure lumineuse

 couleur arc-en-ciel. Trois grandes marches vers un large balcon aux

  bastingages de voilier de luxe donnent sur un ciel,  une mer, une

  plage, une ville ? L’ensemble a la beauté du désert. Le rideau

 s’est levé sur une pose de pure élégance de la femme, Isabelle 

 Gélinas,  sise dans l’écrin d’un fauteuil design. Déshabillé

 charmeur.  Le mari, Jean-Luc Moreau, en complet veston contemple

l’infini.

 

 Arrêt sur image avant que  le mythe de la transparence absolue ne

 démarre.Etat des lieux : Jeanne a décidé de faire avouer à son mari

 le nombre de conquêtes féminines qu’il a eues au cours de leur

mariage, histoire de remettre les compteurs à  Zéro. « Les

compteurs », insiste Maxime. Maxime est au faîte de la réussite

professionnelle, automobile et féminine.  Piégé par les bonnes

 questions posées par sa  femme maîtresse de ce jeu de dames

 particulier, il ira de consternations en consternations. Il avoue 12

 conquêtes à son actif : que des femmes « solubles », dit- il, des

 « moments suspendus ! » contre une liaison de 9 mois pour sa femme,

 ce qui   soudain le rend fou. Une jalousie lancinante lui fait

interpréter toutes les phrases de la délicate Jeanne à double sens.

 Il est de plus en plus convaincu que Claude, son  meilleur ami,

 l’ex-mari d’Astrid, joueur de tennis est de la partie.

12272707291?profile=original Maxime est doué d’amnésie totale pour ses propres frasques bien sûr,

 et espère  une amnistie sans  conditions. Sauf qu’il n’a pas joué le

 jeu de l’honnêteté à 100%, il est confond u dans le mensonge, et il

 perd  définitivement la joute affective à cause de ses demi-vérités

 et grâce à la patiente adresse de sa femme, si fine, si

 sensuelle,  si  tendrement ironique… Dans la deuxième partie de la

 pièce, le personnage de Claude prend toute son envergure et confond

 le monde de  certitudes  et de mensonges de Maxime. Jeanne , pleine

 d’humour et  de discrète jubilation, a  un plaisir certain à

 le  voir se  déstabiliser par le doute. Maxime, déboussolé,  à

Claude : « Tu le  savais,  toi… ? » réponse : « Pourquoi je le

saurais ? » Sourires  entendus de part et d’autre  de Maxime, et dans

 le parterre. Tout le  monde est suspendu à une parole décisive,

 qui  ne vient pas.

 

 

Répliques comiques, acérées, ambiguïtés pernicieuses, mystifications

 burlesques  s’entrelacent avec de l’émotion profonde. Claude :

 « L’amitié, c’est des devoirs, des  obligations. C’est quoi cette

 morale de chien ?» « Si mon meilleur ami m’avait fait le coup de

 séduire ma femme, cela se serait terminé dans les faits divers! »

Pas dans la compromission. Le dénouement sibyllin laisse le

 spectateur rêveur et dans un océan  de nuances quant à la

transparence … et à l’illusion conjugale.

 

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Merveilleuses interprétations de ce remarquable  trio d’acteurs des

 planches  parisiennes : Jean-Luc MOREAU, Isabelle GELINAS et José

 PAUL. Il nous a livré une prestation méticuleuse autant dans la

 gestuelle que dans le verbe dont ils s’habillent  avec brio.

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http://www.cc-auderghem.be/

 

 

 

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