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comédie (193)

administrateur théâtres

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Prince, aux dames parisiennes,
De bien parler donnez le prix;
Quoy qu'on die d'Italiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
François Villon (Ballade des femmes de Paris)

Voici une petite pièce de derrière les fagots tout-à-fait exquise. Un duo de Penney nouveau genre, déclamé par un couple improbable la nuit au pied d’un réverbère : un écrivain célèbre catastrophé par le décès de sa femme. « Deux étions et n’avions qu’un cœur… » François Villon encore ! Il a perdu toute joie de vivre et le voilà qui rencontre une gueuse! Elle est vêtue très légèrement, la légèreté de l’ange ? Son parler est encore plus léger! La danseuse est-elle à la recherche de turbin? Ou a-t-elle une mission plus noble? Elle est à la fois la joyeuse vestale de l’amour et l’ange gardien d’une langue fleurie. Son nom - à part Marie - c’est Gueule d’ange. Un nom que lui a donné son souteneur, le Paulot!


1601276_471342572977279_1812207777_n.jpg?width=302Elle sait tout de Laurent, lui pique ses clefs de voiture par enchantement, a loué son appart à des saltimbanques polonais… lui en fait voir des vertes et des pas mûres. Envoyée du ciel ? Née en 14, placée en 1942 pour devenir la môme de ce Julot qui lui a troué la peau. Elle change de coiffure et de tenue, on est en 2000, non ? Féminine en diable. Laurent est perdu par le déferlement de la langue fait pour l’ébaudir! le spectateur jubile, voudrait retenir le flot de paroles, et cela fracasse… come un musique en ébullition. Des vannes d’argot pittoresque remontent à la surface de l’an 2000. On se croirait au cabaret du Char Noir, on entend Maurice Chevalier, George Brassens, toute la clique de parleurs fleuris. Zazie dans le métro en personne se plaint qu’on argutie plus à notre époque. Elle donne une leçon de vocabulaire pour pleurer, parler, mourir et parler de fesses…sans complexe. « Un peu, mon neveu, faudrait qu’tu’t mouilles dans la relation ! » Tout un programme, Laurent est abasourdi ! Elle le conseille « Ramone-moi les esgourdes que j’aie des étoiles dans les mirettes ! » Ah ? le spectateur en reçoit plein la vue !

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La salle est comblée de fleurs de poésie, tout droit sorties du pavé. Et pourtant ce n’est pas1526582_469619399816263_609082520_n.jpg?width=203 le décor qui fait bombance! Il est réduit à quelques grands cubes empilables à merci, utilisés pour refaire une nouvelle histoire ludique à chaque changement de scène! Miroir magique, beaux jeux de lumière, humoristiques même ! Il faut le faire ! Chaque nouvelle « histoire » rapproche de l’heure du grand dégel! Une dégelée de mots caustiques, tendres ou colériques va faire fondre le cœur le plus apitoyé ou le plus rétif.1009965_10151959850997857_641393394_n.jpg?width=170 Une théâtralité intense, jouissive, aux sources de l’émotion et du plaisir chatouille l’imaginaire du spectateur. Une magie théâtrale comme on en voit peu ! Les deux comédiens sont plus craquants l’un que l’autre dans leur genre: du pathétique bonhomme … à la divine enchanteresse! Merci Paris!

1607004_10151959850892857_1579636188_n.jpg?width=189  Disons tout de même comment les artistes se nomment dans la vraie vie. Lui, c’est Anthony Michineau, le sympathique auteur de la pièce. Elle, c’est Armony Bellanger et on les adore! Mission accomplie!

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Et que cela se joue à Bruxelles:

Jusqu’au 26 janvier 2014 au  

CENTRE CULTUREL D’AUDERGHEM

Boulevard du Souverain  183  - 1160 Bruxelles

Infos Réservations : 02 / 660 03 03

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http://www.cc-auderghem.be/index.php/nos-spectacles/paris-theatre-1314/details/207-gueule-dange.html

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12272985487?profile=originalVoici une savoureuse infusion d’Agatha Christie, de costumes des années 40, de promenades dans les coulisses du Phantom of the Opera (on scrute quand même le lustre sous lequel on passe lors des déambulations), un soupçon du charme discret de « Remains of the Day » et un à-bras-le-corps avec le personnage principal de l’ « Inspector Calls » de JB Priestley, …que vous interpréterez vous-même! La morale de l’histoire s’avérera d’ailleurs être la même que celle de la première pièce en anglais que vous avez  dû lire jadis quand vous étiez au collège. Au collège ? Mais oui, c’est là que cela se passe ! Ou plutôt au théâtre du collège Saint-Michel où il vous sera demandé de résoudre l’énigme de qui a réellement tué le baron d’Arras, fraîchement réfugié dans le théâtre avec toute sa domesticité, sous l'occupation allemande en 1944.


Il n’y a pas de metteur en scène à féliciter mais toute une compagnie de gens du théâtre (quatre anciens de l'IAD), qui se connaissent bien et se plaisent à écrire et à jouer ensemble. La compagnie  LAZZI véhicule un art totalement vivant, plein d’humour et de brio, aussi éphémère que la musique d’un concert, mais combien vibrant. Chaque représentation est différente selon les réactions du public partagé en quatre groupes de spectateurs qui arpentent les lieux de la représentation. Le spectacle fut créé au château de Modave en 2003, un lieu certes riche en salons, corridors, chambres, bibliothèque et autres recoins secrets.


En 2013 c’est la découverte des dédales d’un autre lieu d’histoire, le Théâtre Saint-Michel, qui nous guette des caves aux combles… en passant par d’anciennes classes de ce collège mythique qui a vu s’écraser à deux pas de ses murs un V2 meurtrier en 1944. Le cœur du spectateur palpite d’ailleurs dès les premières sirènes, les mêmes que celles entendues par nos aïeux.


Les quatre groupes voient le spectacle dans un ordre différent, menés chacun par un domestique sarcastique en diable qui ferait bien dans un thriller. La proximité jette des frissons d’effroi. Il n’est pas interdit de prendre note - ce que firent certains, à tout hasard - et évidemment tout se résout à la fin, sur la scène principale, entre rires et larmes, sous le regard critique des quatre impayables domestiques. On a vite un suspect en tête… on a le temps d’échafauder entre les scènes et on a envie de se laisser prendre au jeu. Les spectateurs n’hésitent pas à confronter leurs impressions pendant leur périple labyrinthique. La fin du jeu est le nom d’une pièce célèbre d’Eugène Ionesco qui virevolte dangereusement sur un bouquet de citations musicales parodiques complètement surréalistes! Ouf un peu de détente en même temps que la morale de l’histoire!


12272985666?profile=originalEn plus de cette approche insolite, le public est comblé par la très belle dramatisation. Le majordome, Matthias fourbe et splendidement servile malgré la rage sociale qui lui étreint le cœur est plus vrai que nature sous les traits de Thomas Linckx. La baronne Marguerite prend des airs de Marlène, oscillant entre alcool et femme fatale ou femme délaissée. Elle est merveilleusement croquée par une excellente Evelyne Rambeaux. La gouvernante Adèle, qui n’a rien d’une grande sèche, s’est glissée sous les traits joviaux de Pascale Vander Zypen, une femme diabolique ? Tandis que son comparse, Christian Dalimier incarne parfaitement le grand échalas de peintre de salon, Henri Rolin, épuisé d’être aux petits soins d’un mécène qu’il méprise.

12272986660?profile=originalMalgré les pérégrinations, on ne perd jamais le fil de la toile où sont enfermés les personnages. Au contraire la mosaïque de la comédie de mœurs se fait de plus en plus lumineuse, jusqu’au(x) coup(s) de théâtre de l’apothéose. Mais qui a donc tué d’un coup de couteau dans le dos, le Baron d’Arras dans le bureau?


La mise en espace très habile des scènes recrée minutieusement l’atmosphère de l’époque. Clap, moteurs ! Va-t-on être filmés avec les acteurs? Un vidéaste n’a pas cessé d’accompagner le groupe rouge! Et finalement  le concept vivant du spectateur obligé d’arpenter l’énigme dans tous les sens, replongeant à chaque fois dans un nouveau bain de mystère, est  fort porteur. Si vous allez au théâtre pour vous endormir… c’est raté ! Le résultat est une pétarade de fiction romanesque et de petit bonheur théâtral de grande qualité. Entre nous, c’est vif, c’est enlevé, c’est acéré et grinçant à souhait, comme une ghost story! De quoi clore avec brio une année 2013 qui n’a pas toujours plu à tout le monde!

Quanddu 26 décembre au 31 décembre
Horaire20h15
Théâtre Saint-Michel
2 rue Père Eudore Devroye
1040 Bruxelles
Prix12-22€ / 14-24€ (le 31/12)
Réservation02 737 04 40
Réservation par emailbilletterie@theatresaintmichel.be

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administrateur théâtres

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 La pièce « Boeing-Boeing »  de Marc Camoletti  (1960) a été joué plus de 20.000 fois en français. Traduite et jouée de Londres à New-York en passant par Singapour, elle a  aussi fait l’objet de plusieurs films  au cinéma.  A l’instar des fringantes héroïnes qui peuplent l’histoire, ce texte  a  donc fait le tour du monde. Il  séduit encore toujours par sa  tonicité, l’abondance des mensonges inextricables, les quiproquos et  les malicieuses méprises, les  chassés-croisés périlleux, les arrivées intempestives des dames et les  interminables départs qui risquent à chaque instant de faire capoter le bel ensemble mensonger du Sieur Bernard. Au tour de Bruxelles d’accueillir ce joyau du rire dans une distribution détonante.  

« Dona e mobile ! » Et si donc  l’homme réussissait à se contenter  d’une seule femme? Rien que par le caractère changeant des femmes n’a-t-il pas là déjà, tout un harem à sa disposition?  Mais Bernard (un intrépide Thibaut Nève) n’est pas de cet avis et a besoin, au quotidien, de variété féminine palpable et concrète. Il n’est donc pas marié - la polygamie étant interdite -  mais il  s’est trouvé trois exquises fiancées étrangères. Sa vie est réglée sur les horaires d’avions qui  lui amènent ses trois hôtesses de l’air à point nommé sans  risque de fâcheuses rencontres. Il tient un agenda d’une précision diabolique. Une américaine, une espagnole et une allemande s’installent  alternativement au logis, juste le temps de  lui faire jouer le rôle de l’homme de leur vie  … et de  redécoller aussitôt. Carpe diem ! A part que toutes veulent lui extorquer un contrat de mariage !  

Hélas tout est par terre le jour où son ami Robert (Antoine Guillaume) remonte de son Midi natal pour tâter de la capitale parisienne et s’installe chez lui. Mis dans le secret, il va donc être aux premières loges pour apprécier cette joyeuse façon de vivre et y participer bien malgré lui… car voici soudain que les compagnies aériennes ont acquis des appareils plus puissants et plus rapides. Qu’adviendra-t-il du bel équilibre galant ?   

Nathalie Uffner signe une mise en scène remarquable, pleine de  trouvailles. Jamais cela  ne s’essouffle, le rythme devient de plus endiablé, pas de danse couleurs locales à l’appui. Tous les dérapages sont magnifiquement contrôlés.  Inutile de dire que les trois nationalités sont elles-mêmes  une source inépuisable de délire humoristique. Les stéréotypes arpentent le plateau  avec une rare candeur. Delphine Ysaye  fait une Américaine haute en sensualité et en verbe,  délirante d’assurance et de féminisme haut placé.  Myriem Akheddiou incarne une brûlante Espagnole, Juanita, plus explosive et passionnelle que jamais, tandis que Catherine Decrolier (notre préférée) joue  une Judith allemande totalement dévergondée et lascive qui fait tourner l’ami Robert en bourrique consentante. Sera-t-il le seul à l’être ?  

Comme dans tout vaudeville qui se respecte, la bonne, devenue spécialiste en plats internationaux, est imperturbable (ou presque), admirablement  revêche et grognon. Elle est le ciment  indispensable  à ce bel édifice.  L’époustouflante Odile Mathieu est une maîtresse femme qui ne mâche pas ses mots et se lance dans la manipulation pour  augmenter ses gages. Bernard,  Un manipulateur manipulé ?  C’est drôle, spirituel, volubile,  magnifiquement enlevé et distrayant à souhait. Et cela plaît énormément au personnel nostalgique de la Sabena invité dans la salle qui en profite pour remettre, qui son costume de commandant, qui son costume de chef de cabine vert sapin et bleu profond… et se rencontrer pour parler avec légèreté du temps passé et échanger avec un public attendri!

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http://www.ttotheatre.com/programme/boeing-boeing

 

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administrateur théâtres

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Voici un Sacha Guitry tout ébaudi par son rêve d’amour. En plein milieu de la terrible guerre, il nous livre quelques bouffées d’insouciance dites par un chaleureux Don Juan amoureux de son rêve et fort attendrissant. On est prêt à le croire! « Faisons un rêve » fut crée au théâtre des Bouffes-Parisiens en 1916. Sacha dans le rôle de l’amant, bien sûr, Charlotte Lysès, sa première femme dans le rôle de la femme et Raimu dans celui du mari. Sa pièce la plus jouée sera reprise plus tard par un trio d’envergure: Robert Lamoureux, Danielle Darieux et Louis de Funès en 1957. Elle n'a cessé de passionner le public depuis, c'est une pièce qui ne vieillit pas.

12272977895?profile=originalComédie Claude Volter, décembre 2013. La scénographie de Noémie Breeus fait revivre un splendide décor des années 20 avec Sydney Bechet en trame musicale. La beauté et le luxe font plaisir à l’œil. Un divan art-déco porteur de livres se transforme au deuxième acte en couche extra-maritale, bouquet de lys virginaux à l'appui. Des objets précieux, un  meuble Boule, une vitrine d'objets en argent et des jeux de lumière tamisés qui rendent les femmes si belles. Le tout rappelle le raffinement exquis d'un appartement bourgeois à deux pas du Boulevard Haussmann! Un écrin pour que se développent la séduction de l'amant et l'éblouissement progressif de la femme... Deux rôles qui vont comme un gant au comédien Michel de Warzee et à la fine et spirituelle Stéphanie Moriau. L'intrigue est simple: la femme mariée se réveille affolée chez son amant et le mari arrive lui aussi ayant découché  et sollicite un alibi...auprès de l'amant! Les répliques sont délicieuses. Le long monologue du Don Juan du deuxième acte est une véritable page d'anthologie à propos de l'attente et de l'impatience. C'est plein d'humanité tout en faisant  fuser les rires. Les interventions du majordome (Sergio Zanforlin), les aléas des pneumatiques, ceux du téléphone relié à une standardiste, le taxi dans lequel roule un russe émigré, tout contribue à peindre une époque victime de ses inventions et toujours à la recherche d'elle-même, tout comme la nôtre.

12272979260?profile=originalLe spectacle vous embarque dans du léger, dans le charme désuet de la bourgeoisie... revisité avec grand bonheur théâtral. Le mari, un méridional naïf et  mauvais menteur incarné par Bruno Georis est très bien campé. Les timbres de voix sont  bien posés, le ton est naturel,  les postures et la gestuelle sont étudiée dans les moindres détails ( tout comme le décor) les regards se noient dans le pétillement de l'amour et celui des mots. Le plaisir du spectateur se mesure à l'aulne du rêve... Le jeu trempe ses racines dans la rêverie duelle: une fantaisie où langue et théâtre se donnent la main pour mieux dire les variations de l'amour et comment le dire.

12272979092?profile=originalSi tu veux, faisons un rêve :

Montons sur deux palefrois ;

Tu m'emmènes, je t'enlève.

L'oiseau chante dans les bois.

Je suis ton maître et ta proie ;

Partons, c'est la fin du jour ;

Mon cheval sera la joie,

Ton cheval sera l'amour.

Nous ferons toucher leurs têtes ;

Les voyages sont aisés ;

Nous donnerons à ces bêtes

Une avoine de baisers.

Viens ! nos doux chevaux mensonges

Frappent du pied tous les deux,

Le mien au fond de mes songes,

Et le tien au fond des cieux.

Un bagage est nécessaire ;

Nous emporterons nos vœux,

Nos bonheurs, notre misère,

Et la fleur de tes cheveux.

Viens, le soir brunit les chênes ;

Le moineau rit ; ce moqueur

Entend le doux bruit des chaînes

Que tu m'as mises au cœur.

Ce ne sera point ma faute

Si les forêts et les monts,

En nous voyant côte à côte,

Ne murmurent pas : « Aimons ! »

Viens, sois tendre, je suis ivre.

Ô les verts taillis mouillés !

Ton souffle te fera suivre

Des papillons réveillés.

L'envieux oiseau nocturne,

Triste, ouvrira son œil rond ;

Les nymphes, penchant leur urne,

Dans les grottes souriront ;

Et diront : « Sommes-nous folles ! »

C'est Léandre avec Héro ;

En écoutant leurs paroles

Nous laissons tomber notre eau.

Allons-nous-en par l'Autriche !

Nous aurons l'aube à nos fronts ;

Je serai grand, et toi riche,

Puisque nous nous aimerons.

Allons-nous-en par la terre,

Sur nos deux chevaux charmants,

Dans l'azur, dans le mystère,

Dans les éblouissements !

Nous entrerons à l'auberge,

Et nous parlerons à l'hôtelier

De ton sourire de vierge,

De mon bonjour d'écolier.

Tu seras dame, et moi comte ;

Viens, mon cœur s'épanouit ;

Viens, nous conterons ce conte

Aux étoiles de la nuit. (Victor Hugo)

Du Mercredi 4 décembre au Mardi 31 décembre 2013

http://www.comedievolter.be/index.php?page=faisons-un-reve

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administrateur théâtres

Monsieur chasse? …Madame aussi ! 

Un bouquet de fraîcheur, un festival de railleries et d’esprit français,  c’est la  langue succulente de Feydeau qui agit. Jeux de mots, double-sens, sous-entendus, métaphores et musicalité aérienne. Un spectacle volatile débarrassé de ses lourdeurs de décors bourgeois 19e, remonté à neuf par Jean- Paul Tribout,  exquis metteur en scène francais et  fin comédien. 12272974256?profile=originalC’est lui Monsieur Duchotel, le mari-chasseur qui risque fort d’être chassé …de son logis. Et son spectacle  fonctionne  comme une précieuse horlogerie fine… hors du temps : quelle gageure! Cinq  portes éclatantes de blancheur, comme autant de pages neuves, sans autre décor, font face au public et s’ouvrent sur des personnages d’abord légèrement figés dans leur encadrement agrémenté d’un décor intérieur en trompe l’œil. Ils s'en échappent dans un mouvement diabolique et virevoltant de sortie de boîte. Ils sont  plus vivants que jamais, portés par l’énergie pure du texte et la vérité des sentiments. La diction : savoureusement belle.

 12272973891?profile=originalIls sont ma foi fort modernes, quoi qu’en disent les somptueux costumes d’époque et la  splendide robe émeraude de Léontine Duchotel, une émouvante et merveilleuse Marie-Christine Letort dont le visage et le corps épousent les moindres changements d’humeur. Pour peu on se croirait à l’Opéra.  Au travers de cette comédienne phare, c’est l’institution du mariage qui est en jeu. Au début de la pièce Léontine parle  avec naïveté et candeur de son amie fraîchement divorcée et  pourtant bonne catholique mais à la fin n’est-elle pas prête à réclamer haut et fort un  droit au divorce  bien du 20e siècle? Ah mais il y a un personnage pas mal non plus: ce lit capitonné qui sort lui aussi d’une boîte à surprises très inventives, entourée de nymphes pulpeuses et suggestives…

Léontine Duchotel annonce qu’elle ne sera pas la première à donner le premier coup de canif dans le contrat. Mais, que le mari se méfie, s’il se risque à l’infidélité, elle s’arrogera le droit de faire de même, allant passer deux jours « chez sa marraine »! Un procédé qui enclenche une mécanique d’œil pour œil, dent pour dent extrêmement mouvementée et drôle, et certes, aucunement vieillie ! Léontine porte le spectacle avec vérité humaine profonde - sa palette de sentiments est fascinante -  et ce, sans la moindre préciosité.

 L’intemporalité de ce vaudeville, est  incontestable. L’homme, quel que soit son âge résiste à tout sauf à la tentation, toujours à l’affût d’aventures et de chimères  il ne peut se contenter du confort tranquille du mariage et recherche les dangers de la chasse.  Léontine règne sur le plateau, lieu de joutes en tout genre, craquante de franchise et d’ingénuité dans ses hésitations extra-maritales avec le docteur Moricet. 12272974883?profile=originalLe rythme se fait vertigineux entre Jacques Fontanel  qui interprète ce rôle de vieux séducteur de médecin avec totale sincérité … immensément factice et Emmanuel Dechartre qui ne rêve que de se venger de l’infidélité de son épouse, Madame Cassagne. Xavier Simonin fait un valet et un inspecteur de police très caustiques, tous deux   joliment doués de  sublime hypocrisie. Coiffé en pétard, Thomas Sagols  se prête très justement au  jeu du jeune  neveu, Gontran,  voluptueux bachelier glandeur et  roublard. Claire Mirande, ex-comtesse de la Tour est devenue une  concierge-cocotte intrusive et bavarde qui rajoute, si besoin était,  de  nouvelles coupes de bulles au breuvage capiteux qu’est … le texte !  

http://www.atjv.be/Monsieur-chasse

"Monsieur Chasse" de  Georges Feydeau

Mise en scène de  Jean-Paul Tribout,

Avec  Emmanuel Dechartre,  Jacques Fontanel, Marie-Christine Letort, Claire Mirande, Thomas Sagols, Xavier Simonin, Jean-Paul Tribout

 

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« Vous avez bien d'autres affaires  A démêler que les débats Du Lapin et de la Belette … »

Nul doute que l’homme et la femme pressée de notre époque ont d’autres chats à fouetter que de s’en aller écouter un spectacle de fables de La Fontaine. Et pourtant, tous deux se sont retrouvés, très nombreux et comblés de bonheur à la première,  sur le gazon improvisé de la petite salle des Martyrs,  à l’écoute émerveillée  de la langue qui a bercé notre enfance.

Les comédiens du théâtre en Liberté  nous ont préparé un tricotage ingénu et frais de ces fables connues et moins connues ou totalement ignorées de ce grand sage du 17e siècle, bien que le choix fut  sûrement malaisé.  C’est eux qui accueillent le public curieux dans la salle, histoire de se déguiser en trait d’union avec le sage homme de lettres. Hélène  Theunissen  reçoit  en tailleur de soie à reflets d’argent, gants assortis et chaussures élégantes. Le malicieux Jaoued Deggouj est assis  négligemment aux pieds d’une grande gravure du  maître, Bernard Gahide arbore une tenue de  soirée très digne, il est prêt à dire « puis-je vous offrir mes vers ? » Mais où donc est passé Bernard Marbaix? Le mystère est dans la Perruque. Et Dolorès Delahaut en tutu blanc  immaculé de danseuse étoile, la rose rouge assortie aux chaussures,  caracole sur  l’herbe tendre.

 C’est l’occasion de se laisser baigner par l’amour de la langue et sa musicalité, la beauté de la  poésie mise à vos pieds! La vie de la Nature va palpiter et redonner du cœur à la nature sèche des hommes.

 12272972668?profile=originalLes fables s’enchaînent souplement comme par magie, les voix  virevoltent et se répondent, les timbres imitent la nature entière, l’humour brille, les gestes et le corps soutiennent le propos de manière presque enfantine, libre et osée et tout se transforme, comme une libre pensée et une pittoresque imagination. Mais rien de puéril. Le jeu du corps est une dimension indispensable à l’art de la narration. Malgré leurs habits de cérémonie, la liberté de jeu est totale.  La  diction est parfaite. Tous ont le sens aigu de la chose contée et passionnent par une foule de détails que l’on ne vous contera point, ce serait les desservir ! Sachez  cependant que vous n’aurez jamais eu devant les yeux une présentation de Jean de la Fontaine  aussi perlée et aussi joyeusement dynamique et passionnante. L’énergie des textes porte l’énergie des gestes et vice-versa. Tout semble se faire dans une justesse totalement maitrisée tout en restant vivant et  spontané. La magie de la parole  et la grande humanité de la pensée font le reste. 12272973271?profile=original Rien ne lasse. On se berce,  on se rêve, on se  récrée, on se recrée. On médite sur le genre humain : « Tout bien considéré, je te soutiens en somme, Que scélérat pour scélérat, Il vaut mieux être un Loup qu'un Homme : Je ne veux point changer d'état. »

 Au lieu de la quarantaine de  fables  choisies on en voudrait 1001,  et cela pourrait continuer jusqu’à l’aube si on était en Orient.

« Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant, Il le faut amuser encor comme un enfant. »

 

RIEN NE SERT DE   COURIR... - J. de La Fontaine

Théâtre en Liberté http://www.theatredesmartyrs.be/compagnies.html

Du 6 novembre au 7 décembre 2013 au théâtre des Martyrs

Samedi 30 novembre à 19h

Dimanches 17 novembre et 1er décembre à 16h

 Interprétation : Jaoued Deggouj, Dolorès Delahaut, Bernard Gahide, Bernard Marbaix et Hélène Theunissen Mise en scène : Bernard Gahide & Hélène Theunissen

Assistanat à la Mise en scène : Maxime Anselin

Scénographie : Daniel Scahaise Costumes : Anne Compère

Univers sonore : Gwenaël Grisi Régie : Antoine Halsberghe

Crédit photos : Philippe Fontaine

http://www.theatredesmartyrs.be/saison.html

 

 

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IN VINO VERITAS ! "La mémoire de la cave a toujours été sous-estimée par rapport à celle, tant exploitée, dans les romans, du grenier. La grande supériorité de la cave sur le grenier, c'est qu'en plus du passé, qu'ils détiennent l'une et l'autre, …la cave a de l'avenir." Cette citation de Bernard Pivot donne le ton. On va mélanger ce soir sagesse, philosophie, art de vivre et dégustations en tous genres. Les portes du paradis sont largement ouvertes sur la compagne séculaire de l’homme : l’ivresse. Celle des sens, celle  des mots, celle du vin et du champagne, n'en déplaise aux vins jaloux des bulles!

12272969698?profile=originalCe duo de plaisir inédit est une invitation à partager en un peu plus d’une heure l’univers complexe du vin, son vocabulaire, sa poésie et sa sensualité. Des textes choisis  d’écrivains amoureux du vin émaillent l’écriture inventive de Pascale Vander Zypen et Christian Dalimier. La bouche gourmande, ils se mirent dans la robe du  vin où se reflètent toutes  les émotions humaines : de l’amour, à l’extase, à la dispute.  Car l’air de rien,  la dispute est souvent dans l’air.  La dispute qu’elle soit pensante ou effervescente, c’est  comme le cumin dans la cuisine marocaine, une sorte de piment pour les mariages heureux et pour  le plaisir des papilles. La saveur des mots rejoint l’humour libérateur et on hume les effluves  à s’en étourdir.  Les deux comédiens se saoulent de mots, d’appellations, de millésimes. Rien de pédant, tout pour le plaisir et dans tous les registres!12272970086?profile=original «  Entre deux verres »  est l’un de leurs sketches  particulièrement désopilant : une conversation entre un bordeau et un bourgogne ( et pas n’importe lequel, un Vosnes Romanée Conti)  avant d’être bus d’un trait et sans honte par des bouches indélicates.  A travers la robe des vins on entrevoit les petits travers de la vie de couple, ou de famille avec baptêmes, mariages, funérailles. Ils font  le tour de la question  dans une bonne humeur grandissante. Et le public trinque mentalement avc eux, savourant mises en bouche et mises en scènes spirituelles.  Notre préféré est ce conte de fées joué dans un vrai château (domaine de Vaqueyras) où un certain Lucas di Montepulciano des Abruzzo ... s'est entiché  de la  belle demoielle de Vaqueyras couvée par un  père intraitable.   A Baudelaire de conclure déjà, et  bien trop tôt ! On en redemande ?  : Il faut être toujours ivre. /Tout est là : c'est l'unique question. /Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. /  Mais de quoi ?/ De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. /Mais enivrez-vous./ Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. » Bouquet capiteux pour les comédiens: c'était  ce soir-là la centième représentation, fleurie d'applaudissements généreux.

 De la salle, on passe au bar pour une dégustation conviviale de trois crus, la parole se délie entre spectateurs… Et ce soir-là on se retrouve aussi  à la table très bavarde de Mmmmh (spécialiste épicerie fine, ustensiles et cours de cuisine depuis 2003)!  Une façon de conclure dans la ligne du nouveau théâtre Saint-Michel  qui a décidé d’offrir à son public des saveurs humaines bien vraies pour  damner le pion à l’univers frelaté des bonheurs technologiques qui ne cessent de nous grignoter esssence et existence.   

 

http://www.theatresaintmichel.be/Entre-deux-verres

Du 15 au 18 et du 22 au 24 octobre Du 14 au 16 et du 21 au 23 novembre
Théâtre Saint-Michel
Durée : 01h30 - Tarifs : 12 à 22€ - ABO TSM

 

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la_dame_def_sans_vignette.jpg?width=280Le quotidien bourgeois du début du XX° siècle s’expose sur toutes ses coutures en cette saison au théâtre du Parc et jusqu’au 31 décembre !  « LA DAME DE CHEZ MAXIM » est l’un des joyaux de l’écriture de Georges Feydeau, une comédie burlesque au souffle épique  qui dénonce  le caractère grotesque, sinon absurde du conformisme social.

 En piste : Une Môme de Paris couleur crevette (une impayable Julie Duroisin) qui jongle avec la langue du ruisseau comme avec  celle de l’art poétique de Boileau ! « Non mais ! » Et qui enfile les cœurs des messieurs comme des perles en faisant révérences irrévérencieuses « et vas-y donc c’est pas mon père ! »  Elle va ébranler l’édifice tranquille d’un couple de la  bourgeoisie parisienne  bien-pensante.  La femme docteur Lucien  Petypon (prononcer « petit ») est certes une vielle toupie dévote qui adore le surnaturel  et croit aux apparitions religieuses ( Anne-Pascale Clairembourg, craquante étude de caractère). 5..JPG Ce médecin (un Stéphane Fenocchi d’une formidable humanité), flanqué de son ami Mongicourt (Nicolas Ossowski) se veut moderne et est prêt à utiliser le fameux  « fauteuil extatique » lors de ses séances de bistouri, une application moderne des recherches qui se font à l’époque, à Vienne. Allusion non déguisée aux méthodes du fondateur de la psychanalyse et utilisation récurrente de l’objet à des fins du plus haut comique de situation.  Mais là n’est pas la question. Le comique qui tourne au cauchemar est celui du  pauvre toubib - noceur d’un soir – qui va payer très  cher son unique écart nocturne avec la Môme Crevette. Entraîné dans l’aventure par son ami  et va entamer une chute aux enfers fulgurante dès le saut du lit, ou plutôt de la carpette. Pris en otage par  la jeune danseuse, il va devoir  faire bonne figure face à un oncle, le général Petypon  du Grêlé (John Dobrynine) venu lui demander d'assister au mariage de sa jeune pupille Clémentine avec l’un de ses officiers nommé Corignon (Sébastien Schmit), ex-amant de ladite Crevette. Décidée à se venger de l’abandon de celui-ci, la Môme Crevette va se faire passer pour la femme du docteur. La voilà  invitée  à la  noce, bien contre le gré du médecin qui n’arrive pas à arrêter la machine infernale dans laquelle il a été embarqué. C’est une occasion rêvée pour la Môminette  de se moquer de  la bêtise des dames  de province. 6..JPGElle ne se gêne nullement  pour  leur chanter à tue-tête une des  pépites de la chanson grivoise : Le Bonheur d'être demoiselle.  9..JPG Un  moment inoubliable, sans rien de vulgaire, qui fait  se  plier de rire le public du théâtre du Parc en entier. Un autre thème dans cette joyeuse partition est l’imminence perpétuelle de duels pour dettes d’honneur qui assaillent le pauvre mari, lui qui ne ferait pas de mal à une mouche!

 10..JPG Une cascade d’imbroglios et de coups de théâtre se succèdent à un rythme  de plus en plus effréné. Gabrielle, la très dévote  mère tourière  épouse du docteur est partout et le  pauvre  homme s’évertue à empêcher qu’elles se rencontrent. L’homme est ballotté comme un  jouet  dans l’océan de quiproquos par un destin comico-cynique. La mécanique de Feydeau est implacable. A la fin il n’y a pas assez de portes pour faire surgir les personnages en folie, ils tombent des murs, du ciel presque et viennent atterrir sur le dur plancher de la réalité. La mise en scène est  non seulement un  va et vient fulgurant entre portes tronquées, trappes, escaliers et cabinets dérobés mais elle  bouleverse les codes habituels du boulevard par les  mille et un détails inventifs qui cernent le cauchemar et frisent la folie. Avec  la metteuse en scène géniale qu’est Miriam YOUSSEF, on pénètre de l’autre côté du miroir. Et vous emporterez avec vous l’image inoubliable du  dernier tableau qui  est d’une qualité onirique à couper le souffle! Joli début d’année 2014, si vous y allez le 31 !

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2013_2014_002

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play_343_visu_impayable_site_premiere_partie.jpg?width=160LES 37 SOUS DE MONSIEUR MONTAUDOIN
d’EUGENE LABICHE au théâtre le Public

DU 07/11/13 AU 31/12/13

Ce spectacle cousu d'or et d’argent allie un texte d’Eugène Labiche de trente-huit minutes « les 37 sous de Monsieur Montaudoin» amplifié musicalement par de pulpeuses chansonnettes, typiques des chansonniers alertes de l’époque et un seul en scène mené avec finesse de rhétorique et loufoquerie musicale par le directeur du théâtre Le Public, Michel Kacenelenbogen.

Au sortir du premier spectacle où celui-ci interprète Monsieur de Montaudouin, et au sortir d’une baignoire en or dans le deuxième, Michel Kacenelenbogen, l’habit tout cousu de billets, est bien décidé à faire rire de tout et surtout de l’Argent dans son long aparté intitulé « Impayable ». Le rire est sans doute la meilleure distanciation qu'il soit et la chose la plus nécessaire dans notre monde massivement dirigé par l’Argent. Bien plus que l’amour, l’Argent se cache, se tapit et se thésaurise mais il s’offre ici pour une fois mis à nu, à votre saine réflexion.

play_343_bour2546web.jpg?width=130L’Argent et l'Amour se croisent dans « les 37 sous de Monsieur Montaudoin » et constituent un mélange d’enfer de répliques acérées dans un rythme ultra-syncopé. Vous voulez le pitch ? Monsieur Montaudoin au caractère méfiant et soupçonneux marie sa fille Fernande (Sherine Seyad) à un caissier, IsidORe (Réal Siellez). Cependant il dévoile à son ami, Penuri (Jean-Marc Delhausse) une anxieuse obsession qui lui coupe le sommeil, le boire et le manger. Depuis la naissance de sa fille chérie, il y a juste vingt ans, tous les jours, quelqu'un lui dérobe l’étrange somme de 37 sous, dimanches compris. Le jour du mariage est le jour des règlements de comptes et Monsieur de Montaudoin a décidé de tendre des pièges pour en avoir le cœur net. Tout finira par s’éclairer après moultes péripéties et une Madame Mautaudoin totalement aux abois (Anne Sylvain).

play_343_bour2376web.jpg?width=259D’amour? Pas un mot, même entre fiancés, tous envoûtés qu’ils sont par l’Argent! Ajoutez deux rôles hilarants: celui de la vieille bonne Joséphine au bout d'un plumeau (Janine Godinas) accusée injustement et l’inénarrable notaire Martois (Quentin Milo) qui, voyant se perdre son précieux temps, est sujet aux saignements de nez incontrôlables à chaque coup de plume. L’humour est acerbe, les apartés savoureux et la comédie de portes qui se claquent frénétiquement prend une forme plus que moqueuse, par l’exagération du trait voulue par la mise en scène. Les deux spectacles se conjuguent à merveille et la conférence déguisée de sieur Michel Kacenelenbogen fera mouche. Amenez donc le public à rire franchement dans la première parodie, pour qu’ainsi décapés, ils entendent ce que personne ne veut entendre, semble dire le maître de dérision. Et de nous expliquer avec verve, tout en se faisant plaisir, toutes ces choses que l’on tient si bien cachées de peur de les perdre!

play_343_bour2453web.jpg?width=130Le rire est le ferment contagieux d’un spectacle à l’autre. Et la causerie qui se donne ensuite est suivie avec intérêt (…et principal, dirait la fourmi), l'ouïe aux aguets, puisqu’on y chante et on y danse, (aux dires de la cigale!) Une musique tout aussi contagieuse charpente l'ensemble. A la fois envoûtante et évocatrice elle est composée, signée et interprétée par Pascal Charpentier, un homme de l'art. Pas le moindre pas, geste ou mouvement de l’âme des six premiers comédiens qui ne soit souligné par des notes d’humour et de musique à la fois. Pourvu qu’ils aient une âme, ces personnages! Car toutes ces âmes sont rongées jusqu’à l’os par ledit Argent. On fuirait sans doute, s'il n'y avait la musique, le talent des comédiens et l'amour du théâtre!

play_343_bour2536web.jpg?width=130Allez voir ce spectacle, vous en aurez pour votre Argent et ressortirez sans doute plus riche de cœur. Avec: Jean-Marc Delhausse, Janine Godinas, Quentin Milo, Michel Kacenelenbogen, Réal Siellez, Sherine Seyad et Anne Sylvain. 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=343&type=2

 

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Nous saluons la directrice du THEATRE Littéraire DE LA CLARENCIERE Fabienne Govaerts, avant de poursuivre notre chemin vers le petit jardin et  l’escalier qui mène aux voûtes de la maison abritant  une salle de spectacle chaleureuse, précédée d’un bar accueillant où trône Musset. L’autre chat, Victor Hugo, est sans doute caché quelque part. Ils gardent la maison quand Fabienne s’en va gérer son théâtre LE VERBE FOU à Avignon, ou pendant qu’elle décernera ce 25 novembre 2013 un prix spécial à la Première cérémonie des P’tits Molières à Paris. "PARCE QUE DANS LES PETITES SALLES, IL Y A AUSSI DE GRANDS SPECTACLES!"

images?q=tbn:ANd9GcRzwyryOtJu6Snljlykn_gjMBvYFhvTqNBwlAFnKbIaKdNVx84eAg&width=124Ce soir, l’accès à la salle est bloqué par des fauteuils d’osier. Que se passe-t-il ? Il reste une place à côté de Vincent Engel, visage énigmatique. Il est l’auteur discret des nouvelles qui vont se jouer ce soir! Soudain la voix d’un sieur Italien bien mis fuse entre les spectateurs. On reconnait  le personnage : Michel Poncelet. 12272960492?profile=originalUn comédien formidable dans le sens anglo-saxon. Il n’aimera peut-être pas la comparaison, lui qui a joué un admirable Karl Marx aux Martyrs la saison passée. Il est un « formidable actor, …tout comme Margaret Thatcher was a formidable woman! ». Impressionnant par la variété  et la souplesse de son jeu. L’un après l’autre il enfile le dandy  et l’homme d’affaire Italien richissime, l’inspecteur Maigret en imperméable et le clodo que vous avez croisé sur votre chemin sans lui donner une thune et qui se prend pour Elie ou le Messie, mais si! Il s’amuse à fabriquer des timbres de voix multiples, passe d’un registre à l’autre avec une énergie scénique hors du commun. Et dans son regard ou son sourire se lit  une avalanche d’humanité. La mise en scène très dynamique de Bernard Lefrancq y est aussi pour quelque chose…glissant d’un espace vers un autre, dans ce petit lieu de théâtre qui nous est si cher.  Il aime se placer dans l’optique  de « tout pour Monsieur  Léon », ce spectateur vierge de tout prérequis et  qui doit pénétrer au plus vite et avec plaisir dans  les ressorts du spectacle. Une nouvelle, c’est si court ! Pour jouer « juste » il ne faut pas  le moindre de faux-pas!   

12272960870?profile=originalEst-ce un  chemin vers le dépouillement dont il s’agit ?  La première  nouvelle est  douce-amère,  un peu à la Roald Dahl, elle prend son envol sur les chapeaux de roue d’une Jaguar en folie et  ceux de l’amour fort exigeant d’une dame qui a mis son mari au défi de la séduire par des surprises éternellement renouvelées… Amour courtois oblige, mais qui peut s’avérer meurtrier!   C’est vrai qu’un fait divers bien tourné peut tourner à la nouvelle avec un peu de savoir-écrire!  La  seconde embraye dans les couleurs de la poésie avec un inspecteur très banal et mystérieux à la fois,  qui  faute de tout indice  pour démasquer l’assassin de Sarah doit s’en remettre à un collègue à la retraite, spécialiste en  traces de peur. Et la troisième nouvelle retrouve un clodo qui  n’est pas  un rescapé de Beckett mais qui va s’enivrer gratuitement  dans un cercle de laïcs juifs…et se fait un cinéma truculent et fort lyrique à propos de son identité. Le point commun, c’est sans doute la solitude que chacun peuple selon  sa fantaisie...

 Les nouvelles sont un genre de plus en plus boudé dans notre monde actuel. Ce qui est 12272961089?profile=originalparadoxal, vu le plaisir  très contemporain du zapping. Est-ce parce que le lecteur doit faire l’effort de s’adapter sans cesse à une nouvelle brochette de personnages et que le lecteur renâcle devant cet effort intellectuel ? C’est ce que déplore l’auteur, Vincent Engel, en tous cas en ce qui concerne le public francophone. « La fiction est aussi ce qui nous permet d’échapper à l’unicité du réel. » Les nouvelles débouchent souvent sur des fins ouvertes, qui donnent un certain vertige. Est-ce cela qui dérangerait  un public moins tourné vers l’exploration de l’imaginaire personnel ou vers l’appel de  la création littéraire? Beaucoup de professeurs d’universités sont  pourtant d’accord pour dire que  la nouvelle est  en quelque sorte un fleuron d’excellence intellectuelle. 

Vincent Engel est un jeune écrivain belge. Fabienne Govaerts s’emploie régulièrement à 12272961656?profile=originalaccueillir de tels auteurs pour promouvoir la littérature belge. Il est  professeur de littérature contemporaine à l’UCL  et d’histoire contemporaine à  l’IHECS. Ce spectacle fut créé il y a 17 ans au Théâtre Saint-Michel avec Michel Poncelet et mis en scène par ...Bernard Lefrancq. Depuis,  Vincent Engel a écrit de nombreux ouvrages : essais, romans, pièces de théâtre, et vous  serez peut-être tentés maintenant de les découvrir?  

crédit photos: Copyright, Jean Knepper

Les mercredi 16, jeudi 17, vendredi 18 et samedi 19 octobre 2013 à 20h30 Les mercredi 23 et jeudi 24, vendredi 25 et samedi 26 octobre 2013 à 20h30

http://www.laclarenciere.be/

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12272955668?profile=originalOn est au cinéma! Et quatre personnages vont crever l’écran, en live ! Ils jouent la Chose debout contre la toile et parfois, juchés sur des tabourets. C’est leur âme et leur sensualité qui feront le reste! Pas le moindre artifice ou accessoire, juste des jeux d'ombres et de lumière très parlants. L’essentiel : un lent crescendo vers un aveu difficile pour les femmes et encore plus pour les hommes. Les deux jeunes couples sont craquants de sincérité et … de mauvaise foi. Ils sont tous amoureux à leur façon, là n’est pas la question, leur intention à chacun  est de faire plaisir à l’autre,  mais il y a un hic : leur plaisir à chacun  est … mitigé. Culpabilité à la clé.

12272955487?profile=originalLa société accommode le sexe, sujet rabattu, à toutes les sauces. De la publicité à l’art de vivre, le sexe est omniprésent et une réalité qui touche de plus en plus jeune. Mais quoi ? Il reste un vrai mystère. Il fallait oser le dire. C’est le parti qu’a pris Susann Heenen-Wolff, docteur en philosophie et psychanalyste clinicienne en écrivant cette pièce de théâtre pour disséquer adroitement ce sujet encore fort tabou malgré son étalage médiatique. Ce qu’on connait ne fait-il pas moins peur, c’est sans doute le mobile qui a poussé la psychanalyste à prendre la plume ?  Une écriture très humoristique et à la fois très  pédagogique, documentée, truffée de citations éclairantes qui passent très bien la rampe. Elle explique : «  Depuis longtemps, on parle dans les revues conçues pour femmes de leurs difficultés spécifiques à atteindre l’orgasme par la seule pénétration. Mais on a beau expliquer les raisons de ce « trouble », on a beau proposer des « traitements » pour y remédier ( cure psychanalytique , thérapie sexologique , thérapies d’inspiration féministe), il semble que cette difficulté reste bien présente et soit plutôt structurelle : il ne s’agit donc pas d’un « trouble » qui relève d’une histoire individuelle, mais qui se niche dans la nature même de la sexualité de la femme... »

 « Tout le monde ment. Bien mentir, voilà ce qu'il faut. » dirait Albert Camus.  On se ment à soi-même pour se consoler et  à l’autre, pour faire plaisir! Mais l’auteur s’en abstient. Au contraire, vous reconnaitrez dans les dialogues la vérité du vécu,  la petite phrase anodine qui pourrait être prononcée par n’importe qui, homme ou femme… « Dommage que tu veuilles toujours dominer… » Elle ne croit pas si bien dire l’importance du verbe, l’importance de l’imagination, d’autres approches. Face au noir ou blanc, il y a la recherche de toutes les nuances de gris…. Celles que l’on retrouve dans les marbres miroitants du Taj  Mahal…12272956081?profile=originalpour ne pas rester de marbre ! Comme en politique, chaque mot a son importance.

Sur scène, on revoit avec un plaisir immodéré   Stéphanie Van Vyve dans le rôle de Charlotte. Elle fut Fantine dans les Misérables joués au pied de la butte du Lion de Waterloo. Elle a mis en scène et joué Diotime et les lions d’Henry Bauchau. On retrouve avec émotion le très nervalien (El Desdichado ?) Fabrice Rodriguez (applaudi dans Hammelin). Ils sont tous  deux ici des comédiens merveilleusement complémentaires. L’autre couple composé de Mathilde Rault et de Quentin Minon, n’ont rien à leur envier. La connivence du quatuor est si évidente que l’on pourrait croire qu’ils improvisent sur scène. Voilà donc  un travail d’équipe exemplaire.  

12272956279?profile=originalEn dehors de l’excellence absolue de son casting, la metteuse en scène, Christine Delmotte a plus d’une corde à son arc. Qu’on se souvienne avec délices de plusieurs de ses productions comme  Le sabotage amoureux ou  La comédie des illusions.  Elle rentre dans l’abîme du sujet par la lecture de citations très instructives d’une masse d’auteurs qui se sont intéressés à « la Chose ». Lunettes au bout du nez, Sandrine, l’un des personnages,  fait doctement la lecture aux autres sur sa main, à la façon d’enfants qui jouent… « Sandrine prend son carnet dans son sac » : en effet,  les notations scéniques – les didascalies - sont récitées face au public comme si cela pouvait aider le spectateur à se distancier un peu du sujet brûlant.  Car tout le reste est d’une intimité brûlante. Les supports musicaux sont d’une actualité  flagrante mais on ne vous dévoilera rien !

Vous voulez une phrase de mecs ? « On ne peut pas parler d’autre chose ? » Et vous aurez tout compris !  Les personnages s’animent et se figent quand la tension devient trop forte, gelés ou bouillants de l’envie de comprendre et de savoir, mais jamais ils ne quittent vraiment la scène. Adultes, ils égrènent (face au public encore) tout ce qui se dit et se fait  dans la vie sociale codifiée bon chic bon genre. Authentiques,  ils  se dévoilent avec tendresse retrouvée  lorsqu’ils jouent entre eux l’intimité souvent tue par dérision. Vous l’aurez compris, ce spectacle fourmille de nuances. Il est enraciné dans le bon goût et la recherche généreuse du bonheur de l’autre. Et les joueurs de bridge seront aux anges. Car le but de ce jeu n’es-il pas de jouer le plus intelligemment possible avec le jeu qui vous est donné, sans faire confiance au hasard ou à la chance ?  Un jeu où l’on peut gagner, sans avoir toujours  les meilleures cartes ?

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/atelier/piece1.html 

&

http://www.biloxi48.be/spectacle_Je_mens_tu_mens.php 


"Je mens, tu mens!" Crédit photo Anna Giolo
        Du 25/09 au 26/10/2013

Les mardi et le samedi 19/10 à 19h
Du mercredi au samedi à 20h15
Dimanches 29/09 et 13/10 à 16h

12272956869?profile=originalAu Théâtre de la place des Martyrs
22, place des Martyrs
1000 Bruxelles

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A la recherche vertigineuse de l’Autre… « Je m’imaginais ce que je pourrais découvrir si tu mourais! » Ah femme curieuse, ne te suffis-tu pas de l’amour, te faut-il éternellement la connaissance?

 

C’est la nouvelle saison chez Claude Volter. Leur premier spectacle, une pièce de Florian Zeller met en scène les  trois comédiens chevronnés qui jouaient l’an dernier « Sentiments provisoires » : le   mari, la  femme et l'amant, sujet très exploité au théâtre mais dont la composition en éclats, les monologues intérieurs et la superposition des vérités avaient déjà fasciné les spectateurs par leur profondeur derrière l’apparente comédie de mœurs. Un spectacle qui déjà essayait de nous dire quelque chose de très profond, au-delà de la réalité visuelle.  Hasard ? ou suite logique d’un questionnement de l’Autre?  Ainsi, ce nouveau demi-vaudeville  plonge dans les doutes, les craintes, les phantasmes et la difficulté de percevoir la vérité. Le trio Stéphane Moriau, Jean-Claude Frison, Michel de Warzée, on l’a vu, excelle dans l’art de faire apparaître des émotions vives ou sombres dans les interstices du visible. Ils chevauchent aussi bien le comique que le tragique.  

12272952697?profile=original12272952470?profile=originalDans « Si tu mourais… »  Florian Zeller brouille les repères, emmêle  les différentes couches  de réalité ou d'imaginaire, le  moment présent et les flash-backs. Apparemment, on  se trouve  dans un appartement, …ou un autre, dans un  temps, … ou un autre, devant des faits avérés… ou des craintes imaginaires. Réalité et mensonges se superposent. Façon modules Ikea, décor de Noémie Breeus.  On voit une veuve, pas trop éplorée, quoique… Un ami Daniel très mystérieux ou amoureux ? « Vraiment, crois-moi ! » Il la ménage ou il est sincère ?  Un mari mort d’un accident de voiture mais omniprésent… A la fois mari et amant d’une autre, …ou non. Laura Dame, la sémillante  jouvencelle en shorts et bretelles, est-elle une  des   jeunes maîtresse dudit mari ? Ou la femme de l’agence immobilière ? Anne, la veuve, vient d’ouvrir une boîte de Pandore. Elle vient de découvrir des notes - un testament empoisonné -  dans les affaires de Pierre,  son mari écrivain, qui laissent à penser qu’il  menait une double vie…  Et tout porte à le croire, surtout que c’est ce que Anne a peut-être envie de croire. Pour diminuer sa peine ? Pour confirmer des soupçons inspirés par une jalousie latente ? Mais voilà l’engrenage bien réel  d’une chimère - la peur de l’abandon -  et le besoin de savoir qui la ravage. Jamais  plus elle ne pourra parler à Pierre et savoir, il a  définitivement emporté son secret avec lui.  Paranoïaque ou avisée, Anne se drape d’un imperméable de détective et débarque chez la soi-disant maîtresse, elle veut la confirmation de sa vérité.  Dérangée, Laura Dame avoue : rien ou tout. Par jeu ? Ou par dépit amoureux ? 12272953281?profile=originalUne merveilleuse Caroline Lambert  d’une fraîcheur acidulée !

 Plus l’enquête se fait pressante, plus le mystère s’épaissit.   On retrouve la même atmosphère riche de questionnements humains, un temps et un espace explosés comme dans « Sentiments provisoires » comme pour mieux cerner le désir de l’auteur de la pièce. « Mon désir,  était de raconter l’histoire d’une femme qui se perd, qui cherche une vérité qu’elle fuit en même temps et qui, à la mort de son mari, se pose cette question : Peut-on réellement connaître l’autre, ou son visage demeure-t-il toujours, tout en étant familier, un masque, une chimère, une construction ? »

12272953485?profile=originalAnne cherche Pierre partout dans ses souvenirs… il ne cesse de lui échapper. Elle doit faire son deuil, mais cela veut dire quoi ?  Apprendre à vivre sans lui ? Mais qu’est-ce qui est plus facile ? En continuant  à l’aimer avec son vrai visage  ou en froissant son souvenir devant le masque de sa trahison ?  « Tu ferais quoi à ma place ? » « Si tu mourais ? Qu’est-ce qu’il me resterait ? » Des questions poignantes.  Il ne peut plus répondre, même par ses pirouettes de mâle assoiffé  d’aventures. La mort est la seule certitude. L’énigme de la  vérité, « ce sont des mains et des yeux qui brûlent en silence », une phrase incandescente.

12272953872?profile=originalL’écriture de Florian Zeller ? Une écriture «vive et musicale, un genre qu'adorait le XVIIIe, où le mot et le sentiment se livraient à de délicieux et douloureux cache-cache dont la vérité et le mensonge étaient les enjeux favoris». La  mise en scène ? Celle de Vincent Dujardin : adroite,  malicieuse comme un jeu de colin-maillard, qui ménage des coups de théâtre et s’amuse du jeu de pistes qu’il offre au spectateur et lui fait traverser le miroir des rêves. La musique ? Le seul bémol. Elle est envahissante, lancinante et  aussi pâteuse que celle d’un orchestre fatigué au bal du rat mort à trois heures du mat. Peut-être l’effet voulu ! Qui sait ? Il y a toujours au moins deux réponses à la même question, c’est Michael Crichton, dont l’inquiétude était sans bornes, qui le disait n’est-ce pas?  

Jean-Claude Frison (Pierre, le mari d’Anne)

Michel de Warzée (Daniel, l’ami de Pierre)

Stéphanie Moriau (Anne)

Caroline Lambert (Laura Dame)

SI TU MOURAIS  de Florian ZELLER

du 2 au  26 octobre 2013

du Mardi au Samedi à 20h15, Dimanche à 16h

Réservation www.comedievolter

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12272947085?profile=originalMême pas vrai…

Mais si, c’est vrai : Jean-Luc REVOL est professeur régulier au Cours Florent depuis 1987 et mène une double carrière de metteur en scène et de comédien. Il est directeur artistique du TCF/Théâtre du Caramel Fou.  Et il a  derrière lui une série impressionnante de mises en scène depuis 23 ans. Il a mis en scène HAMLET de W.Shakespeare, avec Philippe Torreton en 2011.  « Même pas vrai »,  de Nicolas POIRET ( le  fils du regretté Jean Poiret, décédé en 1992 ) une création co-écrite avec  Sébastien BLANC, n’est-ce pas une comédie un peu facile ?  Loin de là ! Jean-Luc REVOL explique : « La comédie est une discipline difficile, un véritable numéro d’équilibriste. Il faut savoir doser les choses, ne pas forcer le trait, être toujours vrai dans la démesure pour arriver à une parfaite harmonie. Quand j’ai lu « Même pas vrai », j’ai su que tout était là, ajouté au plaisir de la découverte de la plume de deux nouveaux auteurs.
Nicolas Poiret et Sébastien Blanc écrivent l’humour de notre époque. Un rire cinglant, vif, rapide et vachard, sans pour autant négliger la vérité et les doutes de leurs personnages.
Car c’est bien cela qui fait leur force. Mathilde et Arnaud, les deux protagonistes principaux, forment un couple qui pourrait être banal, si ce n’était le moteur de leur vie sentimentale : le mensonge. Ou du moins, le mensonge érigé en mode de vie, qui leur donne souffle et énergie, le piment indispensable à la banalité quotidienne.
Ils se mentent, mentent à leur fils et à leurs amis, jusqu’à ce que leur réalité devienne délirante et éclabousse de joie, tout cela en parfaite connivence. Seulement, voilà, quand Mathilde comprend qu’Arnaud lui a vraiment caché une chose importante, la machine se grippe et l’heure va être aux règlements de compte sanglants. Tous aux abris !
J’espère pouvoir construire une horlogerie suisse avec cette comédie pleine de rythme et de rebondissements. Les personnages et les situations imaginées par les auteurs doivent être réglés au millimètre. C’est un travail de précision. Ici tout est réuni pour y parvenir. »

Ayant vu la pièce hier soir au Centre culturel d’Auderghem, on ne peut qu’applaudir le savoir-faire étincelant du metteur en scène qui pose très adroitement  sur les planches l’ensemble de ses propositions sans le moindre faux-pas. Du très grand art de boulevard. Une mise en scène au cordeau.  Car le spectacle est fort divertissant et les gens rient de bon cœur, mais ils s’interrogent aussi sur la société qui a enfanté ce sextuor de  personnages qui nous ressemblent.

Le pitch, on l’aura compris est assez facile. Ils sont six personnages qui se heurtent et essaient de s’expliquer, tous aveuglés par  un ego exacerbé, dans l’appartement où vivent Mathilde et Arnaud (Bruno Madinier, ah ! le redoutable beau gosse)  et leur ado en crise, Michaël. Heureux qui communique : 12272946881?profile=original « On ne dit jamais rien dans cette famille!  Petits jeux à la con ! J’en ai un marrant : essayez de vous parler !»   Entre les six protagonistes il y a des relations … qu’ils espèrent tous garder secrètes. Sauf que Mathilde (l’inénarrable 12272947477?profile=originalRaphaëline Goupilleau de Qui est Monsieur Schmitt?)  découvrant une rupture dans le comportement de son mari,  s’affole et veut en finir avec le temps des secrets. Des dîners de (non)-dupes s’organisent - le trio familial  ne peut régler ses problèmes que  devant des tiers - et les invités en sortent le plus souvent  l’estomac vide et la tête à l’envers… la cuisine n’étant pas le fort de la famille. Le trio « externe » est  électrique : le paisible Bernard ( Christophe Guibet) et  les deux filles :  une renversante Valérie Zaccomer  et Anne Bouvier, un paquet explosif d’affects.

12272948067?profile=originalBien que Mathilde, capable d’inventions délirantes, soit devenue une virtuose du mensonge et vacheries verbales en tout genre,  elle recherche désespérément la sincérité. A la fin de la pièce c’est finalement son fils Michael (Thomas Maurion, craquant de naturel) qui remet les pendules à l’heure. Il la somme de dire les choses enfin de façon simple, sans continuellement les saupoudrer de « magie », ce second degré qu’elle affectionne tant. « On n’a pas toujours besoin d’inventer la réalité pour qu’elle soit jolie ! » Le couple va- t-il  enfin finir par se parler…et arrêter de se mordre ?

12272948090?profile=originalCette comédie joyeusement sarcastique et très rythmée est menée  à grande vitesse : magie des changements de décors instantanés, (merveilleuse composition de Stéphanie Jarre) défilé de tenues mode de la  rue Montaigne, coups  de tensions intenses entre les comédiens qui jouent la réalité du théâtre plus vrai que nature  et se gavent de répliques spirituelles et bien tournées. Le public adore une telle élégance théâtrale!  Après la Belgique? La pièce « Même pas vrai » sera montée le 19 novembre au Théâtre Tête d'Or à Lyon avant d'être reprise début 2014 à Paris, au Saint-Georges.Christophe Guybet

12272948273?profile=originalhttp://www.artemis-diffusion.com/saison_prochaine/meme_pas_vrai/resume.html

http://www.ticketnet.be/fr/manifestation/meme-pas-vrai-billet/idmanif/8469

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TOUTOU ! Du 18 avril au 4 mai ! A la comédie Claude Volter
Vous avez un animal domestique,
Vous l’adorez bien sûr,
Vous le cajolez,
Il est l’ami le plus fidèle de la famille,
Et s’il vous arrivait de le perdre, que se passerait-il ?

Tout, tout est parti de là : Z-avez pas vu Mirza ? Ce n’est pas Mirza, mais le chien Toutou, qui s’est volatilisé. Son maître, Alex, prof de philo, distrait par sa conversation avec la voisine n’a pas vu l’animal allergique à la laisse, se barrer en douce pendant la promenade vespérale obligatoire. Difficile de trouver un mensonge crédible pour couvrir le crime ! Au retour, le maître (Daniel Hanssens) très penaud en apparences, déclenche un tsunami qui va ravager le couple sans enfant.  Une première dispute éclate à propos de l’avis de recherche qu’ils vont afficher dans le quartier : « - Un grand chien miel, - non gris ! -  non, gris-miel ! »Toutes les suppositions les plus folles vont défiler quant à la motivation de l’animal en fugue. Effet papillon : la vie de couple d’Alex et de Zoé va s’écrouler de A à Z car les voilà subitement privés de leur tiers favori, leur catalyseur  empêcheur de disputes. Voilà la jalousie qui prend racine, les fantasmes du mari cabotin qui ravagent le cœur de l’épouse sur le qui-vive, le passé houleux qui revient !

C’est l’excellente comédienne Laurence d’Amélio qui joue Zoé, cette femme de terrain extrêmement féminine, mobile et versatile, exquise dans ses postures, ses regards assassins, ses volte-face et ses silences songeurs.  Heureusement, voici bientôt un autre tiers, leur ami commun Pavel (Pierre Pigeolet, superbe comédien) qui débarque chez eux en plein milieu de la nuit. Il est revenu de Rome où il a construit un hôpital et semble avoir paumé ses clefs d’appartement. Quiproquos savoureux, colères alternées, désespoir, reproches mutuels et surtout les frustrations d’une vie commune font alors gaiement surface. Et l’amitié dans tout cela ? Tensions, non-dits, griefs conjugaux s’accumulent. Après tout, est ce qu’Alex aime vraiment Toutou ? Tout, Tout est vraiment chargé d’histoire. Qui aime qui ? C’est le grand déballage, jusqu’à la remise en question du couple. Le linge sale que l’on ne lave, soi-disant, qu’en famille, est lavé devant l’ami Pavel totalement ahuri, pris tour à tour …à témoin et à partie.

Pavel était lui aussi en Roumanie dans leur jeunesse et va raviver ces anciens secrets si bien évacués pour la paix des ménages. Deuxième vague d’affects qui partent tous azimuts, encore plus destructrice que la première. Contraste comique : le tout se joue dans un décor très élégant d’un appartement du 16e, nul doute, dans les tons miels et bleu serein. Le panier du chien anthropomorphe reste tristement vide malgré les oraisons et litanies désespérées des propriétaires en crise existentielle majeure. On vous laisse découvrir la fin, la clé est évidemment cachée dans le trio. La pièce est, elle, du plus grand brio théâtral !

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Distribution éblouissante :
Mise en scène : Daniel Hanssens et assistanat d'Anais Tossings Otten
Avec Laurence d’Amélio, Daniel Hanssens et Pierre Pigeolet.
Décors : Francesco Deleo

www.comediedebruxelles.com

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Du théâtre de Boulevard, typiquement parisien, dernière pièce dans la programmation Paris-théâtre du centre culturel d'Audergem. "Une semaine . ..pas plus." à l'affiche, pour une semaine seulement,  jusqu’au  28 avril.

Rendez-vous l'année prochaine pour un nouveau cycle!  Dès le  14 octobre avec la comédie de Boulevard de Nicolas Poiret et Sébastien Blanc : "MEME PAS VRAI !"

"Une semaine ...pas plus! "  est une pièce écrite par un jeune auteur parisien : Clément Michel qui s’est accordé le premier rôle de la pièce:  Paul !"

Une comédie de Clément MICHEL – Avec Sébastien CASTRO, Maud LE GUENEDAL et
Clément MICHEL – Mise en scène de Arthur JUGNOT.

 

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Délassant mais pourrait être plus spirituel...ou comment l'esprit vient aux hommes!  

 

12272892297?profile=originalUne histoire fort basique dans un décor tout aussi basique. Un intérieur sans atmosphère entre le bureau et le studio de célibataire. Paul au téléphone avec Martin (l'excellent Sébastien Castro) se plaint de sa relation avec Sophie qu’il ne peut plus voir en peinture après quatre mois de cohabitation. Elle est pourtant enveloppante, gentille et sympa. Trop parfaite sans doute, à part la voix, il la voudrait avec des failles pour se sentir mieux !

Mais il lui manque cette composante masculine essentielle, en totale voie de disparition qui se nomme Courage. Pour la faire fuir, il propose un break, un ménage à trois temporaire avec Martin, au fallacieux prétexte que la mère dudit Martin serait subitement morte, sûr que ce genre de cohabitation ne peut que faire voler les relations en morceaux !


De violents quiproquos se construisent sur des incompréhensions grosses comme des baleines. Lors de l’expérience, non seulement Martin se montre sous des dehors d’homme idéal : respectueux, attentionné, discret, cuisinier et bricoleur joyeux, excellent créateur d’atmosphère. Sophie adore la paupiette de saumon à la mozzarella avec un filet… de jalousie bien sentie de la part de Paul. On vous laisse imaginer la suite : les retournements où elle voudra, ainsi que le scénario le prévoyait, quitter Paul, pour des raisons évidentes.

Mais, effet miroir humoristique, elle n’a pas cette composante féminine  essentielle, en totale voie de disparition qui se nomme Cruauté ! Comique de punching ball en sous-titre d’accidents catastrophiques de camions qui écrasent tour à tour épouses, mères et épouses-mères! Si l'écriture s'avère relativement efficace, l'élément déclencheur de cette copieuse piperade de discours hypocrites et de mensonges paraît bien mince pour engendrer l’adhésion du spectateur obligé de supporter nombre de propos inutilement scatologiques. Probablement que l’idée de départ de la pièce était aussi un peu faiblarde.
Dommage pour des comédiens talentueux qui rivalisent de savoir-faire comique. Certains spectateurs se sentiront même peu empathiques à cause de la voix grinçante prise par la comédienne. Une note satyrique bienvenue émerge cependant de ce vaudeville : l’infantilisation chronique du mâle et la victoire solitaire de la femme totalement maîtresse du jeu.

http://www.ticketnet.be/fr/manifestation/idmanif/6692/idtier/289298#

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"Le prénom" : gastronomie théâtrale étoilée

Présentée à Paris en 2010, la pièce de Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, jeunes et brillants scénaristes parisiens, est  un triomphe renouvelé chaque soir à Bruxelles, au théâtre des Galeries, plein hier soir jusqu’aux tréfonds des deuxièmes balcons.

12272889453?profile=originalUne gageure, quand on sait que le rôle de Vincent était joué par Patrick Bruel. Le belge Stéphane de Groodt n’a rien à lui envier.  Elisabeth et Vincent, frère et sœur très unis, sont  bien installés dans la vie. L’une, plutôt  intello de  gauche et l’autre, plutôt entrepreneur, caviar et vins millésimés. Lors d’un dîner avec leurs conjoints respectifs Pierre et Anna, une discussion carillonnante, juste pour rire, met le feu aux poudres devant leur vieil ami, Claude, resté célibataire. La mixologie est haute en saveurs : perles qui éclatent en bouche (Vincent), gels alcoolisés (Pierre, le péroreur invétéré, magnifiquement  joué par Steve Driesen), mousses aériennes (la délectable Anna jouée par Chistel Pedrinelli). Dérapage très peu contrôlé vers un déballage vertigineusement  caustique et acéré  de ressentis des deux couples qui ravage le loft peuplé de livres, photophores et objets d’art. Le décor très réussi de Lionel Lesire est remarquable.  Jongleries verbales, « body language » éloquent, silences lourds de sens, mots qui en disent long,   alliances éphémères aux cinq coins de l’étoile des convives qui ne se mettent jamais à table. Le huis-clos nerveux est un lieu où tout fait rire.  Comme il se doit, Elisabeth, centre vital,  gère la cuisine, les enfants, sa mère qui est veuve et accessoirement son métier, elle qui s’est tapée les recherches pour la thèse de l’éminent mari. Vincent ne peut ouvrir la bouche sans feinter, grimacer et provoquer toute âme qui vive en particulier son beau-frère. Anna, ravissante créature installée dans le monde de la mode ne touche pas terre et arrive bien en retard, lorsque l’atmosphère est déjà incandescente.

12272889690?profile=original Elle se jette dans la mêlée avec la  féminité redoutable et fascinante de la jeune parturiente. Au nom de quoi ose-t-on se mêler du choix du prénom de leur futur rejeton? Débat houleux mais pétillant sur les prénoms rares.  

 

12272889891?profile=original L’ami Claude, tromboniste de métier qui a débarqué en habit de concertiste ravit par son calme. Nicolas Buysse donne à son personnage  les atouts d’un  lac suisse jusqu’à ce qu’il s’arme  soudainement d’un redoutable canif du même nom  et éventre  un sac familial  bourré de  secrets et de déclarations maléfiques. Il y en a des cadavres dans le placard, y compris celui d’un pauvre caniche nommé Moka!

12272890653?profile=originalLes conflits tous azimuts agitent dangereusement  la vague de fond domestique, retenue jusqu’alors.  Qui répond au téléphone ? Qui ouvre la porte ? Qui cuisine et dessert tout en courant recoucher les enfants réveillés par la montées des flots de  décibels?   A force de jouer à la dispute, les griffes de la discorde se plantent dans le corps familial qui subit peu à peu  un dépeçage méthodique.  Déferlante  de contentieux  qui se suivent et virevoltent à en perdre haleine. Le problème – que la sensible Elisabeth (Catherine Claeys) est finalement  la seule à identifier, est ce jeu puéril de Touché-Coulé sans merci ni pardon dont tout le monde raffole pour faire de l’esprit à tout prix.  Heureusement que le genre de la pièce (noire à souhait) reste celui d’une comédie houleuse délicieusement  hilarante. La mise en scène raffinée  de Martine Willequet est réglée jusqu’au dernier grain de sel. De la haute cuisine moléculaire.

 12272891063?profile=original Le jeu des comédiens belges, tous aussi étincelants dans leur rôles explosifs, est si assumé, si subtil et  si bien développé qu’il renvoie le spectateur aux déjà-vus de sa propre vie. Celui-ci, pris dans la tourmente des sentiments humains, reconnait les messages qui tuent,  les intonations assassines, la passion pour la prise à rebours systématique, la perfidie et la richesse du  théâtre quotidien entre quatre murs et entre quatre-z-yeux. La mise à nu, par la vertu du rire, est osée et lucide!

http://www.trg.be/

Seulement jusqu'au 14 avril!

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Ensemble et séparément

Spectacle sublime

Porte Clair-obscur

Jeune avant-garde au garde-à-vous

Visages lisses.

Turkish delights dans une boîte de Pandore

Pas d'instruments, pas de couleur

Chaises suspendues sans peur du vide

Partition lumineuse à quatre mains

Pas à pas des éblouissements

Bombardement photographique haletant

Fragmentation du trio assis en cinq dimensions:

Quinze personnages.

Fascination de clignotements dont on ne peut comprendre la trame

Logettes, ruche, lucarnes, cellules brillantes claquent

Tout s’agite en solo sur ce  mur d’urnes qui parlent.

Mystérieux glissements de place

Vociférations muettes fracassantes, gestes picturaux

Palabres et prières en éclats

Concert de voix  parlée dans une langue inconnue sopranos, alto, baryton

Débit ultra rapide et totalement articulé  à tous les étages

Ensemble parfait mélodieux et tendu

Oiseaux migrateurs qui se sont abattus quelque part dans la ville.

Un sac de dame dans lequel on fouille rageusement

Perte de mémoire

Poses corporelles calculées au millimètre

Robes  de ville stylées et costumes bien coupés

Sombrent en un éclair

Maquillages parfaits

Chevelures soignées

Violents coups de talon au sol 

Les personnages se trouvent traqués

Dans leurs conversations anodines

Par la lumière comme des animaux

Des  forêts émus traversant la route, la nuit.

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12272887474?profile=originalLes deux gentilshommes de Vérone de W. Shakespeare au théâtre le Public

 

Fraîcheur In Tenebris, avec délices. Les ténèbres du temps ou  les ténèbres de l’époque, c’est selon. Un bord de scène  vaste et ensablé comme un bord de mer, protégé par la rampe d’une digue, et des vagues  qui mugissent dans la belle lumière méridionale. Serait-on dans une Bruges-la-morte italienne ? Ou « seulement » dans l’imaginaire fantaisiste du jeune Shakespeare ?  Au bord de la plage surréaliste,  rien d’autre qu’un lit en fer forgé pour représenter  trois lieux : Vérone, Milan et les bois de limitrophes de Mantoue entouré de vagues.  La mer, la plage sont le creuset naturel de l’éclosion des sentiments d’amour chez les  jeunes adolescents …et les jeunes comédiens que l’on croirait à peine sortis du Conservatoire s’y ébattront  devant nos yeux étoilés, avec  délices.

Les comédiens promènent leurs allures  désinvoltes et enjouées de  jeunesse éternelle. Eternelle surtout dans le sens où, que ce soit le XVIème siècle ou le nôtre,  toutes les marques de  vitalité, de  sensualité et d’ingéniosité et de frivolité adolescente sont présentes. Voici un spectacle efficace, dynamique et assumé. On semblait au début  flotter agréablement  dans le rêve de bonheur,  une sorte d’âge d’or, de paradis, où l’amour est loi et où la trahison n’a jamais lieu.  Sauf que - c’est SHAKESPEARE qui nous le dit -  : le ver est dans le bouton de rose, et rien n’y fait, c’est le lot de la condition humaine.  C’est aussi sans compter avec l’inconstance masculine.  L’exquise Julia, délaissée par Proteo son amoureux parti rejoindre son ami Valentin (Julien Vargas) à la découverte du monde et des richesses à Milan, devra se déguiser en page et tenter avec retenue et sagesse, de renouer l’amour perdu. Un thème qui peut sembler familier à beaucoup.   Détail piquant que celui de la jeune femme débordante de féminité qui doit s’habiller en homme. C’est une  première dans le théâtre Elisabéthain. Et quel bout de femme direz-vous ! C’est la même comédienne éblouissante que l’on a vu jouer récemment dans « l’Eveil du printemps » au théâtre le Public sous la direction de Jasmina Douieb. Sherine Seyad explose de vie, d’enthousiasme et de générosité.  « Croquez la Vie  à belles dents ! » semble-t-elle dire en vous regardant! Dans le texte, elle s’exclame sans honte : « Il est bien moins honteux pour une femme de changer d'habit, qu'il ne l'est pour un homme de changer d’âme ». Et elle a raison. La tendresse vivifiante a raison. Elle a raison, de préférer le pardon aux invectives délétères.

Mais il y a toute une bande de jeunes fauves aussi craquants et butineurs autour de Julia et de sa servante sulfureuse (Aurélie Trivillin). A commencer par le Proteo (Baptiste Blampain) qui rejoint son ami Valentin au palais du duc et  tombe éperdument amoureux de Silvia. L’amour est aveugle, il va tenter sans vergogne de l’enlever à ses deux admirateurs : Valentin (qui avait pourtant juré de ne jamais tomber amoureux) et Thurio   le galant un peu idiot et de triste compagnie choisi par le père un peu guindé (Philippe Vuilleumier). Le prétendant grotesque  est admirablement campé par l’excellent Vincent Sauvagnac. Et il y a l’impayable  couple de serviteurs bouffons des deux gentlemen, Launce et Speed. Speed : on ne peut pas faire plus moderne (Alexis Julemont). Launce (Real Siellez)  est le maître humoristique absolu - pecking order oblige !-  d’un chien mal léché et malappris qui moque à grands renforts de pitreries  les grands de ce monde. Des moments où la salle entière bouillonne de vagues de  rires. Il y a des brigands masqués et il y a la grande Sylvia (Jeanne Kacenelenbogen), décidément une grande dame : « Pourquoi n'aimez-vous point celle qui vous aime? Repense à ta Julia ! Tu lui dois mille serments. Tu n’as plus de parole, à moins que tu n'en aies deux, ce qui est pire que de ne pas en avoir. Quand la foi est double, il y en a une de trop. N'as-tu pas trahi ton meilleur ami? » Le texte modernisé au passage, garde quelques succulents subjonctifs imparfaits et reste jubilatoire comme il se doit. La comédie bat son plein. On repart de là ayant fait le plein d’un lavis intense de  bonheur de jeu  et d’accords de guitare.  

Robert Bouvier est le metteur en scène passionné, aidé de la très belle  distribution suivante :

Baptiste Blampain | Protée

Mirko Dallacasagrande | Le musicien

Alexis Julemont | Speed, Eglamour, brigand Mario

Jeanne Kacenelenbogen | Silvia

Gilles Masson | Le musicien, brigand Beppe, Pantino

 Vincent Sauvagnac | Thurio, Pantino

Sherine Seyad | Julia

Real Siellez | Launce, brigand Lino

Aurélie Trivillin | Lucette, Gina, brigand Moïse

Julien Vargas | Valentin

 Philippe Vuilleumier | Duc de Milan, Antonio

Scénographie, costumes Cécile Balate, Delphine Coërs, Lumières Jonas Bühler, 

Musique Mirko Dallacasagrande, Aureliano Marin, Stéphane Roethlisberger,

Univers sonore Julien Baillod

Coproduction Compagnie du Passage – Neuchâtel / Théâtre Le Public – Bruxelles

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=323&type=1

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Balance-moi,  choses qui émeuvent un huit mars,

Un drame qui nous balance, du rire aux larmes,  de et avec Dorothée Schoonooghe

Camille Limbourg est une trentenaire de taille et de corpulence moyenne. Elle est le type de fille « classique ». Bien sûr elle se trouve grosse, et laide, et inutile, et incompétente, et… elle cherche le grand amour. Mais surtout, elle consomme tous les « fast-food » de notre société.

« C’est quoi ta vie ? Acheter des produits light, vivre sur ta balance, passer ton temps à faire régime alors que les trois quarts de la planète crèvent de faim ? »

Aux Ecuries de la Maison Haute (Bruxelles) les 14, 15, 16 mars 2013 à 20h30 | Réservations

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We will, we will rock you!

Lumineuse, Camille Limbourg sort d’une des quatre cabines d’essayage (tiens-donc !) qui constituent le seul décor de « Balance moi ». La sobriété absolue des quatre cadres protégés par un rideau aux transparences minutées, n’empêche pas le spectateur d’attendre avec gourmandise le prochain lever sur l’intimité peinte en rose de la comédienne. Les jeux de lumières sont d’une rare beauté, mais cette femme, n’est-elle pas, lumineuse en elle-même ?   

Il est même difficile de faire la part des choses : où se situe la part de comédie et la part personnelle dans ce spectacle toute en tendresse et en authenticité ? Le  seul en scène de  Dorothée Schoonooghe  est une abondante moisson dramatique des états de la Femme, très  loin ou à rebrousse-poil  des stéréotypes que les médias et la société  nous imposent.

Lucide, elle ne cherche pas à « avoir » mais à « être »   Elle est la version féminine de l’anti-héros et n’a rien à voir avec la Femme des années 80, revisitée ou non, par le chanteur bien connu.  Clameurs,  gloussements et rires accueillent ses répliques et ses postures imaginatives, sa totale vulnérabilité et sa résilience. Voici un spectacle qui fait du bien et qui dilate le cœur. On trinque avec elle joyeusement (au propre et au figuré) et on participe avec bienveillance  à toutes ses ratées ingénues qui font sa succulente humanité et qui mettent en scène la totale générosité du savoir être.

L'écriture de Dorothée Schoonooghe  est plurielle. Elle s’est faite en  collectionnant au fil du trottoir des témoignages authentiques de la «  res femina ». Justement le sujet proposé par la Vénerie dans son festival « Les Venus de Mars » dont le premier volet était « Le monde de Luce et ses extases ». Un troisième volet sur les planches intitulé « La Mécanique des Femmes» est prévu les 28/29/30 mars aux Ecuries de la Maison Haute, sur un texte ambigu et puissant de Louis Calferte.

Mais, pour en  revenir à la mosaïque de femmes « all-in-one »  évoquées dans « Balance-moi », on constate que la joie de vivre, la ténacité devant les défaites amoureuses ou professionnelles n’entament aucunement la belle humeur de la comédienne. Si son visage et son corps se flétrissent au moindre vent de tragédie, elle retrouve son sourire radieux instantanément, se séchant (les larmes entre autres) … à une vitesse vertigineuse ! Vous reviendrez même, comme d’autres spectateurs, plusieurs fois, vous inonder de ce bonheur de scène, qui produit un bienfaisant effet de jouvence en ce frileux mois de mars.  

Camille Limbourg, drôle et attachante, incarne une foule de personnages qui traversent sa vie dans un manège très maîtrisé. Les quatre cabines d’essayage s’ouvrent comme des boîtes à surprises sur quatre situations burlesques et ses états d’âme en évolution. Frustrations, désirs, heurs et malheurs, tout  passe par une volubilité naturelle que même une séance de yoga n’arrive pas à endiguer. Tout passe par des silences plus que comiques  qui subjuguent un spectateur presque étourdi, quand lui-même n’est pas  sommé d’être partie du spectacle.  On est dans la salle du centre sportif, on est la mère de la mariée, le lâcheur qui part avec une autre,  on est aux entretiens d’embauche et dans tous les petits boulots, on est solidaire de tous les artistes, on est dans la solitude du supermarché,  on est seul en Inde, et derrière le révolver.

« C’est quoi ta vie ? Acheter des produits light, vivre sur ta balance, passer ton temps à faire régime alors que les trois quarts de la planète crèvent de faim ? »

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Jusqu'à ce que la mort nous sépare  de REMI DE VOS  au théâtre le Public

Mise en scène : Valérie Lemaitre Avec trois comédiens de choc Françoise Oriane, Flavia Papadaniel et Vincent Doms. Petite Salle - Création -

"Suite à la mort de sa grand-mère, Simon, la trentaine, retourne dans la maison de sa mère, après des années d'absence et de dissensions. Mais quand il retrouve Anne, sa petite amie d'enfance, l'intensité de leurs retrouvailles provoque un incident aux conséquences inattendues : l'urne avec les cendres de la grand-mère se brise en mille morceaux ! Pris entre la jeune femme qu'il a aimée, sa mère et les cendres de sa grand-mère dans un sac en plastique, Simon navigue désespérément jusqu'à l'absurde dans les méandres d'un sauvetage plus qu'improbable. Mensonges, quiproquos, inventions les plus farfelues sont déployées par Simon pour cacher l'impossible vérité à sa mère. Une comédie noire, rythmée, haletante. L'auteur nous plonge au coeur des rapports délicats de l'homme aux femmes qui jalonnent sa vie. Si vous ne le connaissez pas encore, Rémi De Vos est certainement un auteur à découvrir. Intrigue presque vaudevillesque, la pièce est un petit trésor de théâtre contemporain, récompensée en France par le prix Théâtre 2006 de la Fondation Diane et Lucien Barrière."

De la Farce du Cuvier à celle de l’Urne… !

Comme dans la farce originelle, tout fait rire dans ce morceau de comique à la fois belge par l’auteur et les comédiens  et universel quant à la teneur, attendu que, tout conduit à une prise en mains très peu fantasmée de la société par … les femmes!

Pour le comique, considérez : Les mines d’enterrement des personnages en habits de deuil et la musique guillerette de l’entrée en scène. La taille et la prestance de la maman minuscule et celles de l’amie majuscule ! Le terrible accent maternel, sa cuisine-salon-salle-à-manger défraîchie et maniaco-rangée et le sac de courses  à roulettes Burburry appelé à être un personnage à lui tout seul. Il y a de toutes façons un  autre sac appelé à se vider! Considérez les mots maladroits  qui s'entre-choquent quand on se revoit après des années et qu’on s’embrasse au risque de faire éclater une bombe funéraire. Regardez cet autre sac  de plastique qui met le feu aux poudres.  Ecoutez ce qui est dit de la grand-mère  mourante que l’on emmène en ambulance et qui espère voir la mer. Riez de bon coeur devant la nervosité  maladive du fils, toujours pris en flagrant délit de mensonge auto-protecteur, devant  les syncopes à répétition de la fiancée, et  l’empilement  baroque de répliques improvisées pour cacher des catastrophes, à une mère qui n’est nullement dupe ! Et en finale songez au rappel de la  fameuse fable du pot de terre et du pot de fer...   

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 Pour le fond, considérez : la réalité, fiction ou non,  de la plainte éternelle  des mères à qui on « vole» leur fils dès six ans… Ecrasé par cet amour féroce, le fils a grandi dans l’anxiété, l’immaturité affective et la culpabilité,  toute émotion verrouillée. Il a dû un moment  couper le cordon et se réfugier dans la haine. La future belle-fille, quelle qu’elle soit, ne peut pas trouver grâce à ses yeux de mère, à moins d’être  « adoptée » par la mamma à toutes fins de conserver, non pas l’urne… mais le fils ! Savourez les excuses et mensonges à dormir debout qui permettent la délivrance d’un joug  et méditez cette réplique  qui vient, paraît -il, du Talmud : « Sans une femme, un homme n’est pas une créature humaine! »  Et vous aurez le tableau final de la dernière scène qui vous reconduit, en ligne directe, à la Farce du Cuvier. Du Woody Allen  à la belge.  

Enfin, pour la qualité du spectacle, considérez le jeu scénique des trois participants à cette tranche de « vie ou de mort» de haine et /ou d’amour qui vaut le déplacement!Il est d’une justesse inouïe.  Que ceux qui ont peur de rire s’abstiennent car ils  n’y échapperont pas. Ah le comique de répétition! Irrésistible.  Le spectacle est  peut-être édité en mots simples mais absolument farceurs!

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=325&type=2

 

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