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être (5)

administrateur théâtres

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes deboutChute libre vers la liberté?

Elles jouent sur un plan incliné entre les étoiles.

Dominique : Pourquoi êtes-vous entrée chez moi ?

Anna : La porte était ouverte.

Dominique : Pourquoi êtes-vous entrée dans l’immeuble ?

Anna : La porte était ouverte.

Dominique : Et vous cherchez quoi ?

Anna : Je cherche rien.

Dominique : Vous avez froid ?

Anna : Non.

Dominique : Vous avez faim ?

Anna : Non.

Dominique : Vous avez peur ?

Anna : On a tous peur.

 Que se passerait-il si un beau jour,  disons, un très beau soir,  vous retrouviez dans votre appartement ou dans votre maison, une personne inconnue  qui vient de s’éveiller sur votre moquette ? L’exercice de style que Fabrice Gardin prend par les  antennes, germe  en un dialogue extraordinaire entre absurdité et réalités. Il démontre la puissance et l’urgence  de la curiosité qui tous nous anime, malgré les barrières érigées par la société. Curiosité de soi et des autres. Voyage en huis clos. Présence à l’Autre.

Dominique : Tu viens de quelle planète ?

Anna : Celle du cœur.

Dominique : Tu vas me faire souffrir longtemps ?

Anna : Ça dépend de toi.

Dominique : Tu ne serais pas un démon quelquefois ?

Anna : C’est quoi, ta définition du démon ?

Dominique : Un machin qui dit des vérités et force les gens à se regarder dans un miroir.

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Marie-Noëlle Hébrant incarne Celle du dedans: une jolie femme mûre – surtout pas vieille – bien sapée dans une ample robe moirée à godets rehaussée d’une veste moulante dans le même tissu. Elle est blonde, coiffure au carré, et porte des souliers corail à talons confortables.  Plus que tout, elle est  restée fixée en admiration pour son défunt père qui lui a filé son  immense fond de culture. « Je crois qu’on décide pour vous, dans la vie… » Elle a fait vaillamment tout le parcours de combattante jusqu’au doctorat en histoire de l’art et a gagné la reconnaissance des pairs. Elle voyage, prisonnière de l'engrenage,  elle est plusieurs fois commissaire d’expositions, vit dans les musées, mais regarde rarement au fond d’elle-même. S’aime-telle même ? Qui aime-t-elle? Quelqu’un l’aime-t-elle ? Et où se cache son cœur?   


Camille Dawlat… incarne Celle du  dehors: une intruse, très curieuse elle aussi… Une Shéhérazade à l’écoute. Mais où est le sac ? Elle n’en n’a pas. Elle porte des bas en résille noirs, des bottines ouvertes, une robe courte en dentelle indigo et une veste polaire noire mangée par une  immense chevelure de sirène Sicilienne piquée d’une rose pourpre. Elle est du genre grand tournesol, au sourire de braise coiffé  d’yeux  flamboyants.  En robe blanche, et le cœur sur les lèvres,  elle a des  intentions d’ange.

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Mais bien sûr les travaux d’approche diffèrent  autant que  les dehors et les dedans… Les « tu » et les « vous » se mélangent entre les quelques blancs. Les verres trinquent.   Le texte s’allume, brille, frémit, rougeoie, poudroie, reprend, s’enflamme, resplendit et s’évanouit dans l’énigme la plus profondément obscure. La vie ne sera plus jamais la même après cette nuit d’étranges soleils et de rencontre brûlante. Il suffit d’une fois, sur toute une vie… de boire de ce vin-là, pour sourire à vie!  

Dans ce spectacle beau comme un impromptu, ouvert comme un livre, fertile comme une poignée de graines,  le public s’est passionné pour tout ce dévoilement d’humour, d’ironie et de vérités en filigranes exposées avec tant d’ardeur et de pudeur, à travers un jeu très subtils d'interrogations, de regards, de silences et de postures magnifiquement étudiées. 

DESTIN  de FABRICE GARDIN

Du  20/04 au 06/05 - Du  mercredi au samedi 

THEATRE DES RICHES-CLAIRES

Rue des Riches-Claires   24 - 1000  Bruxelles

Infos Réservations : 02 / 548 25 80

Avec: Camille Dawlat & Marie-Noëlle Hébrant

Scénographie et costumes : Lionel Lesire

Lumières : Félicien  van Kriekinge

Décor sonore : Laurent  Beumier

 Ecriture et mise en scène : Fabrice Gardin

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administrateur théâtres

12273071091?profile=originalIrvin Yalom (°1931), professeur américain émérite de psychanalyse, a écrit une œuvre importante sur la psychothérapie existentialiste, et voici un de ses romans  de fiction historique qui évoque les débuts de la thérapie psychanalytique.  Les  personnages historiques (1880) sont réels : le médecin viennois Josef Breuer,  précurseur de la psychanalyse et ses déboires conjugaux avec son épouse Mathilde,  le philosophe Friedrich Nietzsche et ses  douloureuses souffrances  sentimentales et le jeune Sigmund Freud et ses théories novatrices.

 Michel Wright, le metteur en scène belge, a fait de la  rencontre imaginaire entre Breuer et Nietzsche une adaptation théâtrale  percutante. Ce spectacle fort possède une intrigue saisissante, très bien construite et extrêmement vivante.  L’écriture très enlevée et  particulièrement alerte pour le sujet,  fourmille de réflexions intéressantes empruntées au "Gai Savoir"  dont la principale est peut-être que  nous sommes  souvent  incapables de voir dans l'autre, même dans  ceux dont nous nous soucions profondément.

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A travers le chantier de  dialogues spirituels et passionnés,  on recueille un bon nombre de perles Nietzschéennes qui ne peuvent que susciter au moment du spectacle et dans les jours qui suivent, des interrogations persistantes.  La phrase la plus interpelante est sans doute « Deviens qui tu es ! »  Quant à la création artistique, elle ne peut, on en a la preuve sur scène, qu’exister dans un espace de liberté. 

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Voici donc, tous affects dehors, un cocktail d'intelligence et de profondeur, joué avec une sincérité et une justesse effarantes. Art des nuances et de la tension dramatique poussé dans les sommets, une mise en scène éblouissante et un quatuor de comédiens sublimes! Comment font-ils pour retomber dans la vraie vie après une telle performance? La belle voix chaude et raffinée de Jean-Claude Frison et sa maîtrise théâtrale irréprochable, la présence sauvage d’Yves Classens au top du gymkana intellectuel, la présence élégante, féminine et passionnée à la fois de Rosalia Cuevas et l’étincelante complicité …admirative des plus grands, du jeune comédien Benjamin Thomas contribuent à faire de cette soirée, un brasier théâtral de toute grande envergure. 

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Progressivement et de plus en plus intensément, on se laisse  happer  par les exercices de psychothérapie en live, source de multiples rebondissements. On n’a plus qu’à se laisser porter et savourer le texte qui n’en finit pas de toucher juste, au cœur de l’humain. On rit beaucoup et souvent, alors que des plages d’émotion et d’intimité dévoilées se dessinent de façon de plus en plus dramatique. Vers la fin, on est cloué par un moment de tension impressionnant. À tout le moins, vous vous trouverez à réfléchir à  de nombreuses questions philosophiques pendant que vous observez le déroulement de duels verbaux et d'expériences fascinantes d’introspection, de projection et d’aide thérapeutique où on se demande un moment qui soigne l’autre et pour quel profit. Avec à la clé, la conclusion Nietzschéenne que la véritable amitié se trouve dans  la recherche commune  de vérités supérieures.  Et que le théâtre est un  lieu révélateur de vérité. 

http://www.comedievolter.be/saison-2014-2015/les-larmes-de-nietzsche/

Du 25 février au 8 mars
du Mardi au Samedi à 20h15, le Dimanche à 16h
Comédie Claude Volter  98 avenue des frères Legrain
1150 Woluwé St Pierre
 02/762 09 63

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12272688668?profile=original"Etre et avoir" est un recueil d'essais publié en 1935 par l'écrivain et philosophe français Gabriel Marcel (1889-1973). Cet ouvrage reprend le "Journal métaphysique", du 10 novembre 1928 au 30 octobre 1933. Font suite quatre essais ou conférences: "Esquisses d'une phénoménologie de l' Avoir", "Remarques sur l' irréligion contemporaines", "Réflexions sur la Foi" et "La piété selon Peter Wust".

"Etre et avoir" constitue une approche concrète de ce que l'auteur appelle "la communion ontologique", par l'opposition suivante: je suis autre chose et plus les caractéristiques que j'ai: mon âge, profession, etc. L'avoir-possession implique une revendication exclusive d'autrui: "je ne m'exprime en termes d'avoir que si je me centre sur moi dans un ordre comportant des références à autrui senti comme autre, comme étranger". L'avoir comporte également un souci d'entretien. Il faut de même remarquer tout ce qui est impliqué pour l'être par sa relation à l'avoir: le possédant s'attache à ce qu'il possède et, par là, s'oppose aux autres; braqué sur son avoir, le possédant se détourne de lui-même; à la limite, la tragédie de l'avoir n'est autre que celle du péché.

Il y a cependant une zone intermédiaire où l'avoir se rapproche de l'être; le test est l'intransmissibilité: il y a en l'objet quelque chose que je possède, quelque chose qui, pour moi, ne peut être cédé, qui est mien personnellement. Ce que dit Marcel de cette relation vivante peut se dire aussi du sentiment vécu, du plaisir et de la souffrance éprouvés comme phénomènes personnels. Cette assimilation de l'avoir à l'être se fait par l'intermédiaire du corps. En réalité, le corps devrait entrer dans la grande oeuvre de réalisation de l'être; il devrait s'y subordonner; alors la distinction entre l'avoir et l'être tendrait à s'effacer. Nous atteignons à l'être lorsque nous nous rendons compte que nous sommes plus que notre avoir. Notre avoir, c'est tout ce que l'on peut dire de nous objectivement, les renseignements que n'importe qui peut repérer et inscrire. Mais il y a plus: il y a en nous le sentiment de notre être qui ne peut se transcrire sur fiche, ni "caractérisable", ni "inspécifiable". Et cet être, qui est ce qu'on ne peut objectiver, ce qui ne se ramène ni à l'avoir ni au devenir pur, cet être est "mystère". Dès lors, accéder au réel, c'est s'imposer une participation par le dedans au mythe de l'être inobjectivable.

 

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administrateur théâtres

Balance-moi,  choses qui émeuvent un huit mars,

Un drame qui nous balance, du rire aux larmes,  de et avec Dorothée Schoonooghe

Camille Limbourg est une trentenaire de taille et de corpulence moyenne. Elle est le type de fille « classique ». Bien sûr elle se trouve grosse, et laide, et inutile, et incompétente, et… elle cherche le grand amour. Mais surtout, elle consomme tous les « fast-food » de notre société.

« C’est quoi ta vie ? Acheter des produits light, vivre sur ta balance, passer ton temps à faire régime alors que les trois quarts de la planète crèvent de faim ? »

Aux Ecuries de la Maison Haute (Bruxelles) les 14, 15, 16 mars 2013 à 20h30 | Réservations

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We will, we will rock you!

Lumineuse, Camille Limbourg sort d’une des quatre cabines d’essayage (tiens-donc !) qui constituent le seul décor de « Balance moi ». La sobriété absolue des quatre cadres protégés par un rideau aux transparences minutées, n’empêche pas le spectateur d’attendre avec gourmandise le prochain lever sur l’intimité peinte en rose de la comédienne. Les jeux de lumières sont d’une rare beauté, mais cette femme, n’est-elle pas, lumineuse en elle-même ?   

Il est même difficile de faire la part des choses : où se situe la part de comédie et la part personnelle dans ce spectacle toute en tendresse et en authenticité ? Le  seul en scène de  Dorothée Schoonooghe  est une abondante moisson dramatique des états de la Femme, très  loin ou à rebrousse-poil  des stéréotypes que les médias et la société  nous imposent.

Lucide, elle ne cherche pas à « avoir » mais à « être »   Elle est la version féminine de l’anti-héros et n’a rien à voir avec la Femme des années 80, revisitée ou non, par le chanteur bien connu.  Clameurs,  gloussements et rires accueillent ses répliques et ses postures imaginatives, sa totale vulnérabilité et sa résilience. Voici un spectacle qui fait du bien et qui dilate le cœur. On trinque avec elle joyeusement (au propre et au figuré) et on participe avec bienveillance  à toutes ses ratées ingénues qui font sa succulente humanité et qui mettent en scène la totale générosité du savoir être.

L'écriture de Dorothée Schoonooghe  est plurielle. Elle s’est faite en  collectionnant au fil du trottoir des témoignages authentiques de la «  res femina ». Justement le sujet proposé par la Vénerie dans son festival « Les Venus de Mars » dont le premier volet était « Le monde de Luce et ses extases ». Un troisième volet sur les planches intitulé « La Mécanique des Femmes» est prévu les 28/29/30 mars aux Ecuries de la Maison Haute, sur un texte ambigu et puissant de Louis Calferte.

Mais, pour en  revenir à la mosaïque de femmes « all-in-one »  évoquées dans « Balance-moi », on constate que la joie de vivre, la ténacité devant les défaites amoureuses ou professionnelles n’entament aucunement la belle humeur de la comédienne. Si son visage et son corps se flétrissent au moindre vent de tragédie, elle retrouve son sourire radieux instantanément, se séchant (les larmes entre autres) … à une vitesse vertigineuse ! Vous reviendrez même, comme d’autres spectateurs, plusieurs fois, vous inonder de ce bonheur de scène, qui produit un bienfaisant effet de jouvence en ce frileux mois de mars.  

Camille Limbourg, drôle et attachante, incarne une foule de personnages qui traversent sa vie dans un manège très maîtrisé. Les quatre cabines d’essayage s’ouvrent comme des boîtes à surprises sur quatre situations burlesques et ses états d’âme en évolution. Frustrations, désirs, heurs et malheurs, tout  passe par une volubilité naturelle que même une séance de yoga n’arrive pas à endiguer. Tout passe par des silences plus que comiques  qui subjuguent un spectateur presque étourdi, quand lui-même n’est pas  sommé d’être partie du spectacle.  On est dans la salle du centre sportif, on est la mère de la mariée, le lâcheur qui part avec une autre,  on est aux entretiens d’embauche et dans tous les petits boulots, on est solidaire de tous les artistes, on est dans la solitude du supermarché,  on est seul en Inde, et derrière le révolver.

« C’est quoi ta vie ? Acheter des produits light, vivre sur ta balance, passer ton temps à faire régime alors que les trois quarts de la planète crèvent de faim ? »

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