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comédie (193)

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Au Centre Culturel d’Auderghem on applaudissait de tout cœur l’an dernier « L'Affrontement »   mettant en scène  Davy Sardou et Francis Huster, spectacle  récompensé en 2014 par un Molière . On recommence cette année, avec la même ardeur, sinon plus, pour applaudir  « Les vœux du cœur », une autre pièce magnifiquement traduite de l'Américain Bill C. Davis. Certains soirs, l’amour aidant, on ira même jusqu’à applaudir frénétiquement - en plein spectacle - car il y a un moment où on a vraiment du mal à s’en empêcher.

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Bénissons ces quatre comédiens très futés qui restent à l'écart des clichés,  dirigés par Anne Bourgois  et qui  forment un quartet éblouissant de vie, d’énergie et de justesse de ton.  C’est beau comme un vitrail par où passe la lumière. Le découpage  en tableaux brefs et bien rythmés  forme une mosaïque colorée efficace, drôle et sans aucune pesanteur malgré l’argumentation  théologique parfois très  intense. Le décor minimaliste fait  à la fois office de sacristie, d’église, de confessionnal, de presbytère, d’appart de gay people, de refuge de filles-mères, de cabinet de vétérinaire et même d’hôpital! Quelques chaises, deux prie-Dieu et un grand pouf canapé lit font l’affaire.  Les  balayages du vidéaste,  les éclairages et les musiques  très soigneusement choisies   bordent chaque impromptu  et rendent l’ouvrage très percutant, tout en lui donnant une allure de joyeuse modernité.

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Catholicisme à la carte : on retrouve Davy Sardou dans le rôle de Tom, ce trentenaire déchiré entre foi et sexualité, entre amour et respect de Dieu et respect des hommes.  Brian, son partenaire grisant de gentillesse, de sincérité et de générosité, c’est un adorable  Julien Alluguette qui voudrait vivre leur amour au sein de l'église.  Il a une sœur, Irène (Julie Debazac), tout aussi vive et  attachante. Incidemment, elle porte aussi un enfant de père marié à une autre.  Elle prépare sa tournée artistique de piano mais  elle lâcherait tout  pour que son frère soit heureux et puisse conclure l’union dont il rêve avec Tom. Y compris, parler plus que franchement  à ce prêtre rayonnant (Bruno Madinier) en chasuble verte, elle qui n’a plus mis le pied dans une église depuis 17 ans. Réussira-telle à faire plier le très charismatique père Raymond,  dont les sermons témoignent de tant d’intelligence ? Il a beau être progressif, il se range aux diktats de l’Eglise. Pour  lui, « Plus profond que le désir, il y a l’obéissance ». « Donner aux gens ce qu’ils demandent n’est pas une preuve d’amour ! » «  Etre heureux, c’est pas là la question ! » «  On ne peut pas déplacer les vœux, c’est comme déplacer le littoral ! ». Mais tout cela, c’est sans compter sur la surprise des enchaînements et le chatoiement des mystérieuses racines du cœur…

Ainsi, Aimer, Honorer, Chérir, voilà les vœux. Jusqu’à ce que la mort nous, vous, les sépare…   

 

Note d'intention d'Anne Bourgois: http://www.atelier-theatre-actuel.com/fiche.php?fiche=531&article=1656&menu=131#haut

Dates: 

Jusqu’à ce dimanche 18 décembre, Davy Sardou et Bruno Madinier jouent dans "Les vœux du cœur", de Bill C. Davis, au Centre Culturel d'Auderghem - CCA. L'histoire de trois hommes et une femme. Un couple catholique homosexuel, la sœur de l'un des concubins et un prêtre réunis dans un le huis-clos d'un presbytère. Réservations : 02/660.03.03.

Pour son rôle dans Les Voeux du Coeur, Davy Sardou a été récompensé du Triomphe AuBalcon du meilleur acteur (2016).

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Songe ou mensonge ? Complicité de deux géants russes…Pouchkine et Rimsky Korsakov.  Que nous réserve l’aube nouvelle ?

Quelque part dans un empire
Plus lointain qu'on ne peut dire,
Vivait le grand roi Dadon,
Qui dès l'enfance eut le don
D'infliger par son courage
À ses voisins force outrages.
Or ce roi, quand il vieillit,
Voulant loin des chamaillis
Connaître des jours paisibles,
A son tour devint la cible
De ses voisins qui dès lors

Lui causaient beaucoup de tort… 

Ainsi commence le conte russe écrit par Pouchkine (1799-1837) en 1834. Jugé irrévérencieux, par ses remarques caustiques sur le Tsar Nicolas I,  celui-ci fut déjà censuré.

 La satire  gagne encore en puissance avec le librettiste, Vladimir Belsky et la musique de  Rimsky Korsakov (1844-1908). Il fut à son l’époque plus difficile de  faire sautiller Le Coq d’or de sur la scène russe que de faire passer un chameau par le  trou d’une aiguille…raconte à l'époque, le critique musical, Joel Yuliy Engel (1868-1927).  Quoi de plus subversif d’ailleurs qu’un conte, pour critiquer  ce régime tsariste pourri  qui ne recule pas devant le crime et ne tient pas  ses promesses? En 1905, le compositeur   fut destitué, puis réintégré dans ses fonctions au Conservatoire pour avoir apporté son soutien public à des étudiants rebelles. La création du dernier opéra de Rimski-Korsakov eut finalement lieu le 24 octobre 1909 à Moscou dans un théâtre privé, après sa mort.

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  "Il a le rang et les vêtements du Tsar. Mais son corps et son âme sont ceux d'un esclave. À quoi ressemble-t-il? Les courbes impaires de son personnage rappellent celle d'un chameau, Et ses grimaces et caprices sont celles d'un singe ..." La musique transparente de cet opéra alerte et malicieux, composé près de  10 ans  avant la révolution de 1917, regorge d’allusions parodiques au pouvoir en place, critiquant ouvertement ce roi malhabile, son régime autoritaire et arbitraire et l’asservissement de son peuple, pourtant libéré officiellement du servage en 1861.

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Cet extraordinaire Coq d’or hélas rarement joué, est un  vrai  cadeau de décembre avec la très  intelligente  mise en scène du français Laurent Pelly et surtout sous la baguette d’Alain Altinoglu qui  dirige, avec quelle force théâtrale,  son premier opéra depuis sa prise de fonction  comme chef attitré de La Monnaie! Alain Altinoglu préside à son orchestre comme un chef d’atelier de tapisserie musicale, assemblant les 1001 mélodies orientales de la composition en une immense fresque débordante de vie, qui met en scène une myriade de sonorités instrumentales bien adaptées à la voix des solistes.

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En prime, cadeau dans un cadeau, entre le 2e  et le 3e acte, Alain Altinoglu dépose la baguette, quitte l’orchestre, ouvre un piano et joue en interlude musicale les suites tirées de l'opéra avec la violoniste Saténik Khourdoïan … qui  plane avec son archet, les yeux fermés. Pur bonheur, moment de grâce,  d’extase peut-être, un saisissant contraste après la ridicule scène entre la sublime  et séduisante reine Chemakhane (Venera Gimadieva/ Nina Miasyan) et le balourd roi Dido (Pavlo Hunka/ Alexey Tikhomirov), qui se comporte, à peu de choses près, aussi stupidement et vulgairement que  certains touristes sexuels des contrées lointaines.

 

 Cette nouvelle production de La Monnaie tend un miroir à la bêtise humaine et à tous les tyrans du monde.  Le travail de la mise en scène où le peuple et le tas de charbon se confondent  capte à contre-jour le jeu de foules versatiles. Souvenirs de tableaux expressionnistes ? Les magnifiques costumes de fourrure de renard argenté de la cour impériale  se chargent  au fur et à mesure la poussière noir charbon. Celle-ci finit par  devenir de plus en plus  envahissante,  jusqu’à atteindre même le  splendide costume de la reine Chemakhane, une truite d’argent enchanteresse si suggestive dans son torride solo érotique,  devant un roi  béat d’admiration! Le décor de ce deuxième acte n'est pas une immense corne d'abondance mais une immense nasse illuminée de désir dont le piège se refermera sur le roi incompétent. Les lumières (Joël Adam), elles aussi, comme les tonalités musicales, ne font que s’assombrir, et  annoncer l’inéluctable déclin et la mort du monarque absolu. Le somptueux lit d’argent  où paresse le roi est une pièce d’orfèvrerie qui une fois montée sur un tank dévastateur, dit tout de l’horreur de la guerre. Les figures déshumanisées  qui accompagnent la Circé orientale font frémir.

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Mais l’émerveillement est  entier à chaque apparition du Coq d’or, un être mythique dont les postures sont plus vraies que nature. Le poitrail doré se gonfle de chants mystérieux chantés par la voix de Sheva Tehoval, tandis que la danseuse, Sarah Demarthe, accomplit le miracle mimétique sue scène par une danse d’une incomparable  grâce animale. Les tressaillements de l’immense queue faite de plumes de paradisier, ou du moins on l’imagine, les sabots d’or qui chaussent les pattes délicates qui cherchent à éviter de se salir, et le refuge sur un radiateur pendant le sommeil injuste du tsar sont autant de secondes de beauté: tout chez cette figure fabuleuse,  est matière d'espoir, matière  à rire et à plaisir, comme échappée des Contes du Chat Perché!         

 

 La féerie subversive est  bourré d’humour : « Tout conte est mensonge mais n’en contient pas moins quelque allusion. Puisse-t-il servir de leçon à maints braves jeunes gens. » dit Pouchkine et le facécieux Astrologue (Alexander Kravets)  de conclure : «  Seule la tsarine et moi-même y étions bien vivants ! Les autres, chimères, élucubrations, fantômes blafards, vacuité… » Notre société semble être accablée des même maux de décadence et de désarroi… Quel coq d’or risque subrepticement de s’animer et de pourfendre  son crâne ?  

© LA MONNAIE/BAUS

http://www.lamonnaie.be/fr/program/10-le-coq-d-or

liens utiles:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Pouchkine

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Coq_d'or_(op%C3%A9ra)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_II_(empereur_de_Russie)

 « Le Coq d'or » a séduit la presse ! – 


– Opéra magazine 14.12.2016
Le Coq d'or, (...) est admirablement servi par la Monnaie de Bruxelles depuis hier soir. Lecture orchestrale enivrante d’Alain Altinoglu, (...) et mise en scène de Laurent Pelly réussissant le juste dosage entre onirisme, fantasmagorie et satire dans une œuvre hésitant entre différents genres. 
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–  La Libre Belgique, 14.12.2016
Un Coq d’or noir, étincelant et poétique. Après un « Capriccio » de grande classe, voici un « Coq d'or » qui pourrait marquer les mémoires.
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– Le Soir, 15.12.2016
Une féerie somptueusement maligne.
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– L'Echo, 15.12.2016
Une mise en scène savoureuse de Laurent Pelly : un régal d’insolence douce, absurde et taquine (…) 
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– FAZ.NET, 15.12.2016
«Der goldene Hahn» is eine Prachtpartitur.

 

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12273198096?profile=originalSouvenirs, souvenirs d’un rituel télévisuel ! Ces soirs-là, on oubliait tout, passé la sonnerie insistante pour les retardataires, si caractéristique, et les trois coups traditionnels, tombés  aujourd'hui dans l’oubli. On se souvient encore de la  bande son, si caractéristique, avec la caméra qui caressaitles lustres  les dorures du théâtre Marigny en attendant que s’installe un public parisien privilégié.  Les belles pièces de Françoise Dorin, de Marcel Achard, de  Sacha Guitry, d’André Roussin,  on les regardait à Bruxelles sur "Au théâtre ce soir", une émission culte de télévision sous l'égide de Pierre Sabbagh, diffusée  sur les chaînes de l'ORTF… 

Nina,  une pièce oubliée d’André Roussin,  est une très belle composition écrite par amour, pour une reine du boulevard dans les années 60/70 : Elvire Popesco.

Enrhumé à perpétuité, le mari  travaille  fidèlement au ministère pour gagner la vie du couple,  pendant que  Madame s’envoie en l’air avec Gérard, un  séducteur élégant et agile,  plus parisien que cela, tu meurs : Laurent Renard.   La malicieuse Nina  a un alibi parfait : les visites culturelles au Louvre, dont elle  devrait, à la longue finir par connaître toutes les œuvres! Le mari trompé  (Michel de Warzee), d’abord en costume de Maigret quand il déboule dans la bonbonnière,  endosse  contraint-forcé une livrée de malade imaginaire: un  pyjama écossais coup de cœur,  ce qui ajoute encore au ridicule de sa situation de cocu. Mais un cocu, est-il encore, de nos jours, ridicule?  En lieu et place de câlins attitrés, il est comblé  par sa maîtresse-femme et non par sa femme-maîtresse, d’une multitude de  remèdes homéopathiques, tout au long de la séance, ce qui a l'avantage de  nous poser en plein 21e siècle, bon teint !

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Nina, c’est un rôle de prestige féminin par excellence,  où Stéphanie Moriau – en avait-elle besoin ? – s’affirme, s’affranchit, dévoile sa puissance de femme. Telle une pasionaria, elle est vindicative, exaltée, sûre d’elle et tout cela, rappelons-le,  à l’aube des années 50 !  L'idée est renversante!

Dans Nina, tout est à l’envers.

C’est le mari qui se cache derrière un paravent après une intrusion chez l'amant. C’est l’amant qui est las de de ses  5 à 7 torrides et de sa vie de bohème, dans sa somptueuse et ravissante garçonnière bleu turquoise.  Le beau Gérard n’a même pas peur lorsqu’il se retrouve visé par le canon d’un revolver! Il est désabusé et sa vie manque de sens. Il veut bien mourir!  Qu'on l'achève!  « Ma vie est idiote, Cécile, Gisèle, Armande… ! »  Drôle de constatation pour un collectionneur-butineur! C'est le mari qui se sent soudain pris de compassion!  Et surtout,  c’est la femme objet, qui devient femme sujet à plein temps, torrentielle, avec le caractère intrépide d’une reine des neiges! Ce sont les deux hommes qui deviennent  étrangement complices, per amore o per forza! Mais qui des trois sera finalement supprimé ? Par balle ? Par empoisonnement ? Par inadvertance ?  Par voyage au Mexique ? Par amour ? Parabole moderne?  

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Distribution

Avec : Michel de WARZEE, Stéphanie MORIAU, Laurent RENARD, Bernard d’OULTREMONT & Julien BESURE 

Mise en scène : Danielle FIRE

Décors : Francesco DELEO

Création lumière & Régie : Sébastien COUCHARD

Le 31 décembre prix unique à 42€/pers

Dates: Du 4 au 31 décembre 2016

Comédie Claude Volter 
98 avenue des frères Legrain
1150 Woluwé St Pierre
02/762 09 63

http://www.comedievolter.be/nina/

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 Image may contain: one or more people and people standingSauf à admettre que chaque année qui se referme semble toujours avoir été particulièrement éprouvante, 2016 semblera sans doute  à beaucoup l’une des pires  traversées. Mais bien que chacun en réalité, redoute secrètement les années finissantes,  au  train de plus en plus rapide où elles vont, qui regrettera celle-ci?  Dump 2016, Welcome 2017 ! Plût au ciel qu’elle fût meilleure!

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Pied de nez à la morosité. Comme il est bon de  se décharger d’une année  pesante de violence, de douleurs, de misère humaine, de mensonges, de désinformation, de compromissions, et de guerres aux quatre coins de la planète! La Méditerranée, Mare Nostrum devenue cimetière, les murs qui se construisent, la liberté qui s’effrite, la bio-diversité qui se lamine, la planète qui perd la boule…  Hécatombe de nos stars et des grandes figures de notre culture. Tout nous bouleverse, tout nous heurte, tout nous a blessé!Image may contain: one or more people and people sitting

Aussi, le spectacle traditionnel de la Revue, fleuron du théâtre des Galeries à Bruxelles se veut cette année  plume de Dumbo, légère, fleurie de bons mots, dansante paillette, sur nos champs de bataille.   Laissant de côté les choses qui nous dépassent, les choses qui nous font pleurer, les choses qui nous font hurler d’impuissance et de rage. Pédale douce donc, pas de mise à feu, pas de  piloris de pacotille,  pas de moutons enragés, pas de fiel débordant ni de sarcasmes assassins, pas de rires à gorge déployée, pas de farce déplacée. Plutôt le sourire de Bouddha. Une veillée simplifiée et chaleureuse de l’année pour conduire à la réconciliation plus qu’au lancement d’alertes. Devant une salle à l’écoute, le spectacle se pique de se focaliser avec tendresse sur la faiblesse humaine, sur nos travers, sur  notre Belgique mère  chérie qui tient debout contre toute attente, évitant les sujets qui fâchent, soulignant le surréalisme, car il fait rire et installe la bonne distance.

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A deux pas du piétonnier tant haï, les onze artistes  sont à pied d’œuvre pour une  remise sur pied de bonne humeur. Ils vous attendent de pied ferme pour donner ce coup de pied  plus que salutaire dans la fourmilière et vous souhaiter, vêtus de pied en cap - visez surtout le chapeau doré coiffé d’une plume et d’une rose - une très joyeuse entrée - de plein  pied - dans 2017 qui ne sera  pire pied, messires,  que la pire année 2016 ! Du fond du cœur donc,  merci aux Ladies and Gentlemen,  aux acteurs, comédiens, danseurs, chanteurs, imitateurs chevronnés,   que l’on voudrait tous installer sur piédestal, du plus petit au plus grand, par ordre de taille! Mais non, c’est impossible,  ils sont tous grandioses, surtout quand ils s’empêchent coûte que coûte, au cœur de la joie théâtrale,  d’être  pris en flagrant délit de rire compulsif. Avec:

Bernard Lefrancq
Marc De Roy
Angélique Leleux
Pierre Pigeolet

Perrine Delers

Marie-Sylvie Hubot
Anne Chantraine
Maïté Van Deursen
Frédéric Celini
Kylian Campbell

et Fabian Le Caste

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http://www.trg.be

Du 7 décembre 2016 au 29 janvier 2017

Photo© Bernard Rosenbaum Rosenbaum


« La Revue » au Théâtre royal des Galeries, 32 Galerie du Roi à 1000 Bruxelles, jusqu’au 29 janvier. Réservations : tél. 02.512.04.07 de 11h00 à 18h00 du mardi au samedi. Renseignements : www.trg.be

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administrateur théâtres

« Imaginez une petite ruelle sordide » Ambiance des années 20, côté pile ; et « se laisser glisser dans la folie...» Chapeau à « Chaplin » distribué en  bribes de vie vagabondes, même si  on s’ attendait plutôt à voir se dérouler sous nos yeux, le tapis  d’une vie passionnée, même si nous étions prêts à explorer le miroitement des facettes de son personnage comme acteur, réalisateur, scénariste, producteur, compositeur et pilier du cinéma muet. Fort heureusement, tout cela  se retrouve dans le programme. On peut y lire que  le dénommé Charles Spencer Chaplin est né à Londres le 16 avril 1889 de parents artistes de music-hall. Le père quitte le foyer quand Charlie a trois ans. Hannah élève seule deux de ses enfants, le troisième, le plus jeune, a disparu avec le père.  De santé défaillante, elle est amenée en hôpital psychiatrique et les enfants sont envoyés dans des institutions pour jeunes indigents, les fameuses « workhouse »  de Dickens!  A 10 ans, Charlie intègre une troupe de danseurs de claquettes et monte sur scène où il côtoie de grands acteurs. Ses talents comiques exceptionnels en font vite une star. A 25 ans, il crée le personnage de Charlot, maître du langage corporel,  et à 29, il fonde son propre studio qui lancera la gloire d’Hollywood!

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Sur scène, dans une atmosphère survoltée, « Chaplin » ne se raconte pas mais livre ses rêves d’écriture et son refus catégorique d’être utilisé comme pantin de foire. Métamorphose  rêvée: « Fini, Charlot ! Shakespeare! »  Doux-amer, il fait  surgir des fantômes émouvants, des comparses maléfiques  comme (Dickson, le producteur/Michel Carcan) ou des compagnons fidèles. Particulièrement, celui d’une mère (Jo Deseure), folle à lier, qui mendie amour et argent, et celui de son âme d’enfant, sorte de gavroche délicieux armé d’une machine à écrire. Violette Pallaro, fait une jolie comédienne d’époque… la future nouvelles madame Chaplin?

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Le patchwork de clips muets est admirablement pantomimé par le talentueux  Othmane Moumen, dont la qualité du travail  artistique n’est plus à démontrer. Un artiste de scène phénoménal, contorsionniste, magicien, pantocrator en moustache, pantalon ample, veste étriquée, chapeau étroit et les chaussures larges…sans oublier l’illustre canne.   Panto ? Pourquoi ?  Parce que capable de rendre dans le  moindre détail  t o u t e s  les mimiques de l’illustre figure de « Charlot ».  Panto pourquoi encore ? Parce que capable  de jongler avec les émotions, la poésie, la musique, les bruitages, la candeur, l’imaginaire et la fragilité humaine t o u t  à  l a  f o i s ! Panto encore… parce que  t o u t  est muet ou presque, langage pantocratique universellement reconnu.

Tour se passe dans cette époque de transition qui voit son  acrimonieux divorce d’avec  Mildred Harris  et précède l’avènement du  tournage de son chef-d’œuvre « The Kid » (1919). Les scènes regorgent d’allusions à l’histoire du cinéma, et on se laisse gagner par le feu burlesque de l’époque noir et blanc. La présence du petit garçon sur scène n’est pas innocente…  mais très rafraîchissante. On saluera en alternance : Victor Barco, Maxime Clausse, Stanley Dupic-Janssens et Ethan Verheyden. A vot’bon coeur, M’sieurs, dames… L’idée conte de Noël,  genre Christmas Carol  flotte dans les esprits… si ce n’est sur scène véritablement à cause d’un décor parfois parodique,  mais il gagne les cœurs d’un  public avide ou nostalgique, prêt coûte que coûte à se livrer à la magie des fêtes de fin d’année.

  

Création mondiale: "Chaplin"

Du jeudi 17 novembre 2016 
au samedi 31 décembre 2016 

 
Théâtre Royal du Parc
Rue de la Loi, 3
1000 Bruxelles
02/505.30.30
Avec : Othmane MOUMEN, Philippe TASQUIN, Michel CARCAN, Bruce ELLISON, Jo DESEURE, Violette PALLARO, Caroline TELLIER, Manon DRUGMANT, Michel CHARPENTIER, et les enfants Victor BARCO, Maxime CLAUSSE, Stanley DUPIC-JANSSENS ou Ethan VERHEYDEN, en alternance.
de Thierry JANSSEN, Jasmina DOUIEB et Othmane MOUMEN
Mise en scène : Jasmina DOUIEB
Chorégraphie : Antoine GUILLAUME

notes: 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlie_Chaplin

http://artduspectacles.over-blog.com/article-chaplin-aime-les-femmes-73230035.html

http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2010/04/17/01006-20100417ARTMAG00077--oona-le-grand-amour-de-chaplin-.php

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Maris et femmes

Qui part ? Qui reste ?

That’s the question ! Dans un skyline anonyme fait de vastes panneaux jouant aux gratte-ciel, avec beaucoup d’imagination, on peut essayer de croire que c’est le New York de Woody Allen. On vous procure  d’ailleurs des  lunettes spéciales à la billetterie pour forcer le trait. Dommage que l’on n’a pas saisi la chance de chausser la dernière  qui était dans le  panier. Faut dire que se battre pour une paire de lunettes, cela ne la fait pas pour un couple de spectateurs sans date de péremption.

Bref, on courait ventre à terre pour  revoir nos deux  tuyauteurs de rêve préférés :  Tania Garbarski et Charlie Dupont, et assister au décorticage de la libido et des problèmes zexistenciels. Las, le soufflé de boulevard n’est ni monté ni descendu, il aurait eu besoin d’un sérieux coup de blancs  en neige, car c’est le manque de délire  et de malin plaisir qui est le plus frustrant. Beaucoup de coups dans l'eau: le coup de la panne de couple, la panne d’écriture, la panique à bord, prêts à empanner ? Pantins de pantomime. Pamphlet? Bref le panégyrique de la séparation « on reste bonzamis » !  Une comédie conjugale finalement  tellement sérieuse pour du Woody à lunettes dont le film date tout de même de 1992!  Panta rei ! Est-ce le décalage du siècle ?

"Jack et moi, nous nous séparons et on va très bien !" : l’entrée en scène est glaciale et n'émeut pas. Ensuite s’enchaînent des dialogues par trop mécaniques où l’on cherche vainement  l’empathie  ou la spontanéité. Poupées de cire et poupées de son? Seule la jeune étudiante Rain (Inès Dubuisson ), Lolita agressive qui dès le plus jeune âge a consommé presque tous les amis de son père, est vraiment convaincante dans sa fausse ingéniosité…   Dans la distribution des couples en goguette, perdus dans le brouillard des illusions,  il faut tout de même remarquer l’intense performance d'une poudrière complètement sexe: Une incandescente patineuse sur sols de couples gelés : Aurélia Bonta master en aérobics, végétarienne et diplômée en Psychologie qui donne la réplique à Damien Gillard ! Dame ! Quel peps d’enfer! Quelles embrassades  goulues !

 Mais notre préférée, parmi les paumés du petit soir,  c’est bien sûr Sally, la  wonderwoman shootée au snobisme et à l’E.T.U.C. (everything under control). Directe et directive, elle  veut maîtriser  les moindres détails de sa vie   et cela  l’empêche royalement d’en jouir ! Elle a besoin de réfléchir sur tout, pendant, avant et après, quelle que soit la proposition, même la plus intime. Elle s’explose dans la colère et se lâche dans l’égocentrisme. Tania Garbarski est une vraie révélation lorsqu’elle joue cette mante bourgeoise, susceptible et autoritaire face à un nouveau partenaire ténébreux et soft, le Michaël (Nicolas Buysse)  que Judy, à défaut de le prendre, lui a fourré dans les bras.

Certes, les fragilités de la poétique Judy (Isabelle Defossé) sont fort attendrissantes, mais tellement hors-texte, presque incongrues,  devant la férocité sous-jacente des couples assoiffés d’idéal, mais  atteints de démolitionite organisée. La naïveté canadienne renversante de Gabe (Charlie Dupont), son  partenaire  indécis, aveugle et lâche, traverse la pièce comme  un bateau fantôme dérisoire. L’image de l’écrivain?  

https://www.theatrelepublic.be/

Comédie conjugale

MARIS ET FEMMES

Scénario Woody Allen
Adaptation théâtrale Christian Siméon. Mise en scène Michel Kacenelenbogen. Avec Aurélia Bonta, Nicolas Buysse, Isabelle Defossé, Inès Dubuisson, Charlie Dupont, Tania Garbarski et Damien Gillard 

DU 12/11/16 AU 31/12/16

Création - Grande Salle 
Représentations du mardi au samedi à 20h30 sauf le 12/11/2016 et le 31/12/2016 à 21h00
Spectacle complet : jusqu'au 20
/12

      

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Jean-Loup Horwitz est un comédien français, connu pour ses pièces de théâtre ainsi que pour ses doublages à la télévision. Il est aussi l’auteur de la pièce " Adolf Cohen " avec Isabelle de Botton, une femme qui en vaut trois. Bénies-soient-elles !  C’est le Centre Culturel d’Auderghem qui nous les a fait découvrir, et bien que ce spectacle ne soit resté qu’une mince semaine à l’affiche - ainsi le veut la formule de Paris-Théâtre - on éprouve le désir de revenir sur ce spectacle attachant qui a été créé au théâtre de la Bastille, à deux pas des fenêtres de Charlie Hebdo.

 Une énorme explosion tue Adolf Cohen. Sa mère pleure cet enlèvement brutal en temps de paix, alors que jadis la Shoah lui avait déjà ravi son mari et un autre fils. Puis c’est la rencontre avec Dieu, question de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Ils se parlent d’égal à égal, mais que répondra Dieu?  Le doute plane sur  toute la pièce et donne au propos fertilisé par l’humour, une belle dimension humaine. Fonte des préjugés assurée.

Flashback donc sur le récit de sa vie. On oublie dès le premières répliques que le personnage est mort assassiné et converse avec le Très haut ! Il est né dans le ghetto de parents juifs non religieux mais accoutumés aux traditions. Lorsque l’enfant est né, nul ne pouvait savoir que ce nom-prénom serait un oxymore! Il arrive en France et rejoint la communauté juive allemande. La guerre arrive et par précaution, l’enfant est recueilli à la campagne par Marcelle:  une nouvelle mère, totalement antisémite. Il devient diacre. De retour de déportation, sa vraie mère le recherche. Si la pièce est une fiction, l’affaire des enfants cachés juifs est une réalité. Au cours de la guerre, le couple Finaly, qui vit dans la région de Grenoble se sait menacé et confie ses deux enfants à une institution catholique. Les parents sont déportés et tués. Les enfants sont placés chez une tutrice catholique qui les fait baptiser. A la Libération elle refuse de les rendre à leur famille d’origine... Et  Adolf, là-dedans ? Il est perpétuellement déchiré entre le souvenir de ses racines profondes et son attachement à sa mère d’accueil !  Il a 25 ans et vit à Paris après les retrouvailles avec sa vraie mère. Le voilà dans le fracas de la jeunesse de Saint-Germain-des-prés, au caté Flore avec Boris Vian… Et non, on ne déflorera pas l’attachement qui le lie à  sa nouvelle terre, Israël et à une nouvelle femme, Leila,  sa fiancée palestinienne. Il meurt trop tôt, cet infatigable combattant de la paix, au coeur d'un attentat! C’est la que la comédie s’arrête.

Mais la pièce, heureux mélange d’humanité,  jamais on ne l’oubliera! Ni la présence en  scène  si émouvante de ce duo de comédiens bourrés de tendresse et de  talent, pleinement heureux de partager l’amour des hommes. Et de semer les graines de la paix. Un bouillon d'émotions, d'humour et de bienveillance, une véritable potion magique qui rassure sur notre humanité!  Humilité congénitale!  Nous sommes tous faits du même humus...  Qu’on arrête avec la violence des dogmes. Comme le disait Voltaire.

http://www.ccauderghem.be/saison-2015-2016/paris-theatre.html

http://www.ccauderghem.be/  

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administrateur théâtres

Fifties, Sixties,  Seventies…

"Ces années-là"  ont été le terreau de notre société actuelle ! 

14322632_1202476509804224_6756012671517565687_n.jpg?oh=1328f52dc7de27a78f38730dfd050976&oe=58662DE1Clara Buflash est la  présentatrice d’une émission de télé incontournable : « Les conseils flash de Clara » où à l’instar de femmes comme  Coco Channel, elle s’investit pour donner à la femme une  nouvelle place dans la société et la libérer enfin  de l’esclavage des tâches  domestiques. Son discours est timide : vous allez, grâce aux innovations techniques, retrouver du temps libre… mais surtout, mesdames soignez votre cou,  vos bras et votre diction, en un mot, soyez toujours pimpantes pour charmer votre mari ! Voilà « Les secrets du bonheur »!

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 Mais voilà,  égarée parmi les hommes, la femme en fichu (noué sur chignon monté en banane) sanglée dans un  imper bleu pétrole rencontre Jean-Pierre Fleurimont, le chef de gare. On lui a fait entendre que l’audimat est sacré et  qu’il n’y a vraiment  pas loin  du Capitole à la roche tarpéienne.    Il faut qu’elle  innove encore, qu’elle utilise ce citoyen lambda, curieux naïf et serviable pour fabriquer  des émissions encore plus vivantes et captivantes. Le  texte  au passage en profite pour balayer de  coups de projecteurs  mi-amusés, mi désabusés  les grands tournants d'une époque  qui avance à grands pas (Perette es-tu là ?) tandis que  le pouvoir des médias infiltre toutes les strates de la société de consommation.

 

 Reconstitution d’une époque révolue, ce spectacle est une parodie la société contemporaine sous forme de sociologie souriante.  Le  duo absurde  fait nettement  référence à Jacques Tati, Pierre Etaix ou Marabout Flash, vous vous souvenez?   Des petits livres format carré: «  Savoir recevoir », «  Vacances sous la tente », « J’apprends toutes les langues », « Savoir acheter », «En pleine forme », « Réussir dans la vie »… Et les cadeaux Bonux, la famille Duraton, "Bonne nuit, les petits!" les golden sixties avec les transistors et tourne-disques, Salut- les-copains et les  yéyé! Toute une époque se trouve cristallisée dans ce spectacle vif, enlevé et drôle. Du sucre d’orge ! Un peu plus d’une heure passe dans une curiosité grandissante et sans la moindre sensation d’ennui. Au contraire, le plaisir évident  et la connivence dans la salle font bourdonner les rires. Et la fin poétique et profonde de la fin de la pièce laisse une empreinte  de dimension  universelle. Car  Marie-Christine Baeyens et  Luc Van Grunderbeeck alias Claire et Jean Pierre jouent, mine de rien,  une comédie de plus en plus sérieuse et poignante. 

http://lesrichesclaires.be/evenement/le-cha-cha-cha-du-chef-de-gare/

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administrateur théâtres

13716208_10154384289081542_4027188396695618803_n.jpg?oh=8a98939f5adc1a83661fedf520233920&oe=581915E1Ascension: la jeune actrice provinciale (une sulfureuse Deborah De Ridder) qui est montée à Buenos Aires rencontre le colonel Juan Perón (l’excellent Philippe d’Avilla) lors d'une vente de charité organisée afin de récolter des fonds pour les victimes du tremblement de terre  dans la région de San Juan. Chassant sa dernière  maîtresse (nommons l’exquise Maud Hanssens, la fille du metteur en scène), elle l'épouse le 21 octobre 1945. Elle contribue grandement à son élection comme président en 1946. Elle met en avant ses racines modestes afin de montrer sa solidarité avec les classes les plus défavorisées et crée la Fondation Eva Perón dont le rôle est d'assister les pauvres.

Win-Win situation: nombre d'hôpitaux et d'orphelinats créés par la Fondation ont survécu à la mort prématurée d'Evita. Elle devient le centre d'un culte de la personnalité. Elle brigue  la vice-présidence en 1951, ce qui irrite vivement les  militaires haut placés qui ne souhaitaient pas voir  une  femme gagner de l'influence.  En même temps on lui connait un côté moins reluisant. Elle est celle qui, après son  « Rainbow tour » en Europe en 1947 - de l’Espagne à Zurich, hormis l’Angleterre mais en passant  longuement par  le Vatican - a  facilité l’émigration et  la fuite des Nazis et de leur or vers l’Argentine.

 La Chute: l’ambassadrice auprès des nazis transformée en Madone mourra d’un cancer à 33 ans le  26 juillet 1952. Son corps embaumé disparaîtra après le coup d’état de 1955 pendant 17 ans nous dit l’histoire, quelque part non loin du Vatican en Italie...

Et cette vertigineuse histoire d’ambition et d’adoration démesurée est contée malicieusement par le personnage rebelle du nom de Che (Steven Colombeen)  mais en vrai, Evita n’a jamais rencontré le révolutionnaire cubain.

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Très sensibles à l’interprétation magico-romantique des versions anglo-saxonnes de ce musical, et notamment le  “monumental show” selon le Sunday Express avec Madalena Alberto (2013–2014 UK Tour), nous attendions avec impatience la version française en première mondiale. Elle est signée Daniel Hanssens & Jack Cooper.  Elle est tout, sauf romantique, il y a peu ou pas de chimie amoureuse. Elle donne la preuve tangible que les mots sont menteurs.  Elle est un élixir de réveil de citoyens. Acide et caustique, elle combat la drogue du pouvoir absolu, antidote des mal-aimés, elle combat la dictature et sa haine des classes moyennes ou aisées. Elle combat à la racine  la manipulation qui siège  déjà au sein même des couples  humains. Elle expose sans concessions la mélodie du malheur quand les décisions politiques  sont motivées d’abord par des intérêts personnels. Le texte, une adaptation dramaturgique très soigneuse d’Olivier Moerens,  est chanté d’un bout à l’autre du spectacle avec beaucoup de naturel - oui, on en oublie l’anglais. La superposition est parfaite, sur le mode  James Ensor, avec tout son sarcasme. Notre interprète préféré est ce Che (Steven Colombeen), le narrateur frémissant des désillusions en série qui met à nu toutes les tactiques manipulatrices. Un travail d’orfèvre  que l’on suit avec jubilation. Est-ce à dire que l’émotion artistique n’y est pas ? Que du contraire ! L’habileté de la mise en scène (…il y a un magicien aux commandes!), les fabuleuses chorégraphies de danses argentines, les costumes et les coiffures d’époque, les chœurs, la musique - les douze musiciens sont orchestrés par Pascal Charpentier - ont tout pour séduire et enchanter. Aucune distorsion dans la sonorisation, ce qui permet de suivre le moindre détail du texte, c’est une qualité rare pour un musical ! Et le vol des perruches par-dessus les toits !

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 Foule assoiffée d’idéal, ce spectacle est pour vous. Les comédiens sont tous animés d’un enthousiasme délirant, et cela fait chaud au cœur! Ils ont, chacun à sa place, trouvé le parfait équilibre d’une production vivante et tonifiante. Daniel Hanssens explique : «  Il y a de nombreuses choses à admirer chez Eva Peron : la personne. Sa détermination à réussir malgré des obstacles presque insurmontables. Sa défense de la femme dans une société dominée par les hommes. Son soutien des classes populaires dont elle est issue, dans une société très hiérarchisée. Son courage face à la maladie et à la mort. Et non des moindres, son apparence physique. Mais il est aussi impossible de ne pas être dégoûté par de nombreux comportements péronistes dont elle était le symbole assumé : la torture, la corruption, la tromperie et la mauvaise gestion d’un pays riche. »

  On  espère pour la formidable équipe que ce spectacle tournera beaucoup et partout! Like a  Rainbow tour?

 1489073330.jpgEVITA Du 11/07 au 06/09

 Une œuvre originale d’Andrew Lloyd Webber (musique) et Tim Rice (paroles)

 en 21 scènes et 40 artistes

 DISTRIBUTION

 Deborah De Ridder (Evita)

 Steven Colombeen (Che)

 Philippe d’Avilla (le colonel Juan Perón)

 Antonio Interlandi (Magaldi)

 Maud Hanssens (maîtresse de Perón)

 Jade Monaco (l’enfant)

Ensemble de 22 danseurs/chanteurs avec Marie-Laure Coenjaerts

 

 Equipe de création :

 Mise en scène : Daniel Hanssens & Jack Cooper assistés de Simon Paco

 Dramaturgie : Olivier Moerens

 Directeur musical : Pascal Charpentier, assisté de Julie Delbart

 Coach vocal : Fabrice Pillet

 Chorégraphie : Joëlle Morane, assistée d’Alexia Cuvelier, Kyliah Campbell

 Dance Captain : Alexia Cuvelier, Kylian Campbell

 Coach Tango : Michael Guevara Era

 Scénographie : Dimitri  Shumeleinsky

 Direction technique : Yves Hauwaert

Costumière : Françoise Van Thienen, assistée de Sylvie Thévenard, Carine Duarde, Margaux Vandervelden, Annick Leroy, Anne-Marie Hubin, Laure Clerebout, Simon Paco

Création lumière : Laurent Kaye

Ingénieur du son : Marco Gudanski, assisté de Xavier Gillis

Perruques et maquillage : Véronique Lacroix

Construction des décors : Ateliers du Théâtre Royal des Galeries.

Photographe : Gregory Navarra

Superbe programme–souvenir au prix de 5€

 

AU CHATEAU DU KARREVELD

Avenue Jean de la Hoese 3 -1080

Molenbeek – Saint-Jean (Bruxelles)

Infos Réservations : 02 / 724 24 24

 

Goed om te weten: Nederlandstalige boventitels op 28 en 29 juli en 21 (avond), 22, 25, 26 Augustus. http://musicalvibes.ovh/evita/

http://www.bruxellons.be

 

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administrateur théâtres

 12998379_1332253040137357_8503468296642361_o.jpgLe sujet ne vieillit pas. Créée le 17 septembre 1980 au théâtre Antoine, Potiche, une  comédie sociale hilarante en deux actes  de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy mettait en scène Jacqueline Maillan puis  Danielle Darrieux dans le rôle de Suzanne et Anne-Marie Carrière pour la tournée de 1982. La pièce fut diffusée dans la célèbre émission Au théâtre ce soir en 1983, avec sa distribution originale. Ensuite vint le film en 2010, entièrement tourné en Belgique, réalisé par François Ozon (réalisateur entres autres de Sous le sable, Swimming Pool, 8 femmes) avec Catherine Deneuve dans le rôle principal, Gérard Depardieu, Maurice Babin, le député-maire communiste, et Fabrice Luchini, Robert Pujol, le mari de Suzanne et directeur despotique de l'usine de parapluies, reçue dans la corbeille de mariage.

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L'histoire commence  à la mi-août 1977 dans une ville du « Norrr ». La maison cossue et lumineuse où habite la famille est décorée de  notes orange appuyées. Les costumes et les coiffures - de Bardot à Fabiola - sont … paléolythiques. Le texte qui ne lésine pas sur les anachronismes politiques (Casse-toi, pauv' con !), est délirant. Robert Pujol est un mari autoritaire et impossible, un patron cynique et tyrannique, un père absent, un être hurleur, méprisant et désagréable. Admirable interprétation de Bruno Georis qui perd son sang-froid et  dont on avait savouré le jeu particulièrement  tonique et pince-sans-rire dans L’invité, Crime et châtiment, Vampires…à la Comédie Claude Volter et au théâtre du Parc.

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 C’est une Marie-Paule Kumps rayonnante et splendide d'ironie qui joue  Suzanne, la fille Michonneau devenue Madame Pujol. Une femme d’intérieur exemplaire, très décorative, mère aimante et jeune grand-mère qui survit grâce à la culture de ses quelques jardins secrets. Elle est nantie d’un fils adorable (William Clobus) - look John Lennon - qui fait tout pour ne pas ressembler à son père, il a choisi des études de langues orientales à Paris, question de s’éloigner du climat volcanique de la famille! Craquant au possible!  Joëlle, la fille (Marie Braam) est une superbe Poupée Barbie Blonde au rire totalement agaçant et ridicule et le portrait de son père! Le monde va basculer le jour de l’anniversaire de la belle dame (Marie-Paule Kumps) que le de mari a bien sûr oublié, tout à ses frasques avec sa sulfureuse secrétaire Nadège (Cécile Florin) et ses interminables réunions de travail qui durent jusque 4 h du mat’. 13062418_1167943473225458_747597708573084816_n.jpg?oh=34ab5804a8e75149278138576d9b4ffc&oe=57AF4EFB

La rogne ressentie par les ouvriers exploités de l’usine va mettre le feu aux poudres et mettre sens dessus dessous l’équilibre domestique. Ils séquestrent le détestable patron qui fait la sourde oreille à leurs revendications, et c’est Suzanne qui reprend la main, aidée par  le député-maire, ennemi juré de Robert Pujol.  Renversement : le monde d’avant explose dans une drôlerie irrésistible. On assiste à la transformation  magistrale de  presque tous les protagonistes, mais c’est Suzanne qui mène désormais le jeu : « Potiche, oui, mais pas cruche! » La pimpante Marie-Paul Kumps campe un personnage éblouissant qui fait flèche de tout bois. Et on assiste à la naissance d’une vraie amazone au deuxième acte. Son changement de personnalité se retrouve à tous les coins du décor : joli jeu de piste pour le spectateur, s’il arrive à se détacher des dialogues explosifs. Ayant pratiqué la révolution domestique, en femme accomplie des années 2020,  la belle Suzanne est prête au défi: après avoir relevé l’usine paternelle, si elle s’attaquait à l’économie française et pourquoi pas, à celle de l’Europe  actuelle ? The sky is the limit !

La mise en scène soignée, pétillante d’inventivité de Nathalie Uffner ne faiblit pas, elle souligne l'intelligence des dialogues et le jeu parfait des acteurs  qui s’en donnent à cœur joie! Le vase de cristal a remplacé la potiche et l’image de la fille dépasse celle du père.  La galerie de portraits est cousue d’ironie, le rythme est frénétique. La pièce n’exclut pas quelques notes romantiques, ni quelques savoureux quiproquos d’identité. On vous promet une soirée de délires!  

POTICHE jusqu'au 15 mai, infos et réservations:

Théâtre des Galeries www.trg.be 02 / 512 04 07   

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administrateur théâtres

Une CRÉATION MONDIALE -  « KENNEDY » de Thierry Debroux,

 Le 5ème spectacle de la saison du Théâtre Royal du Parc :

Trois dates:       

Du 14 avril au 14 mai 2016 :– Bruxelles - création

Les 2 et 3 juin 2016 : Théâtre Montansier – Versailles

Juillet 2016 : Festival Off d’Avignon - Théâtre du Chêne Noir


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En quelques mots…

La pièce nous fait entrer dans l’intimité du président des États-Unis lors de cette fameuse soirée au Madison. Marilyn Monroe vient de susurrer «Happy Birthday». John (Jack pour les intimes) et Bobby règlent leurs comptes dans une chambre d’hôtel sous le regard d’une mystérieuse inconnue qui semble tout connaître des deux frères. Un suspense psychologique mis en scène par Ladislas Chollat dont le spectacle Le Père a triomphé à Paris et remporté plusieurs Molières dont celui du «Meilleur spectacle». Il a travaillé avec Fabrice Lucchini, Line Renaud, Robert Hirsch, Dominique Pinon  Créateur d’une sorte de bombe psychologique méticuleusement documentée  et truffée d’irrationnel,  Thierry Debroux est l’auteur du texte dense et percutant.

 

  Est-ce un fantasme ? La femme est-elle l’avenir de l’homme ? C’est ce que semble suggérer  cette femme multiple et  déstabilisante qui hante les rêves des deux frères Kennedy sous les traits séduisants d’Anouchka Vingtier, resplendissante de féminité dans chacune de ses apparitions. Dans chaque éclat du miroir qu'elle tend aux deux frères, chacun  peut tour à tour  y contempler le doute, la conscience, la destinée, le libre-arbitre, le souvenir, la mort ? Ou bien l’égérie,  la muse,  la libératrice, la   consolatrice, l’amour, peut-être ?  A chaque fois, la beauté de l’ange, qui vous tient la main et voudrait vous aider à changer votre destin.  Elle l’avoue elle-même : « Ich bin eine « Mystère » … » Pendant  parodique d’ « Ich bin ein Berliner ? » Tour à tour, un ying et un yang splendidement incarnés qui ne fascinent pas que le président.  Entendez-la :

Jack : Qui êtes-vous ?

La femme : C’est un prénom que tu veux ? De toute façon, tu ne te souviens jamais des prénoms. C’est dommage que tu sois cloué là...La vue est sublime d’ici.

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Jack : Comment savez-vous que j’allais occuper cette suite ? Je ne le savais pas moi-même...

La femme : Ich bin eine «  Mystère » !

Jack : Bon, ça suffit. J’appelle la sécurité...

La femme : Tu veux que j’approche le téléphone ? C’est le corset qui te gêne ? L’homme le plus puissant du monde porte un corset à cause de son mal de dos tout cassé. Je trouve ça plutôt mignon. Mais attention, ce corset pourrait te jouer des tours... 

  Personnages et décor hyper-réaliste font tout de suite penser aux tableaux d’Edward Hopper. Les admirables costumes de Jackye … Fauconnier et les décors de Geneviève Périat  prolongent avec  humour l’illusion artistique. Les vidéos d'époque coulent comme un immuable sablier sur l'action psychologique. Elle se situe le 19 mai 1962 dans une suite luxueuse d’un hôtel de New York.

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  Alain Leempoel (JFK), Dominique Rongvaux (Bobby) et Anouchka Vingtier composent  le trio d’enfer qui va rejouer comme un thriller, l’Histoire qui s’arrêtera le 22 novembre 1963 à Dallas.  L’action plonge  dans la souffrance abyssale du président : il a le dos qui part en miettes. Il fait le point avec son frère Bobby et  confie par bribes, les relations difficiles du clan avec le père qui, grâce à l’argent, l’a fait élire président. Le texte pointe les manipulations,  l’absence d’amour de Rose, sa mère, le mariage malheureux avec Jackie, l’hypocrisie des apparences.  Sa relation  avec Marilyn fait voir à JFK combien en fait,  ils se ressemblent.  Au passage, le texte détrousse les dossiers compromettants avec les caïds de la Maffia, la pègre de Chicago, les  rouages cachés de la famille Kennedy et les  malédictions qui la rongent. Est-ce ainsi que nous ignorons tout des puissants qui nous dirigent? Est-ce ainsi que nous aimons parfois dans nos familles ?

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  Le mythique JFK est un infirme qui pourrait hurler de douleur et cache sous son bronzage légendaire et son sourire de héros,  un immense mal-être physique et moral. Il ne sait pas combien de temps il pourra cacher au monde ses infirmités. « Un président infirme ne fait pas rêver, alors je dissimule ! » articule-t-il. Se présenter aux  yeux du monde, lui aussi, en chaise roulante, lui fait horreur. « Plutôt crever ! »  Son monde intime est un cauchemar, il avoue ne pouvoir se supporter que grâce aux drogues et au sexe. Cerné par ses hallucinantes rencontres avec la Femme-miroir, il attend désespérément les injections de procaïne  du docteur Feelgood  et parle vraiment pour la première fois avec son frère Bobby tandis que La Femme-miroir décortique sans relâche, chacun des deux frères, à la façon d’une entomologiste pour percer leur vérité.

  La mise en scène dynamique  de Ladislas Chollat s’emploie à maintenir brillamment le rythme soutenu d’un roman d’espionnage. On assiste, le souffle coupé,  à de violentes chevauchées d’amour dans une sorte de course constante contre la mort! Le jeu scénique intense du trio est impeccable et  millimétré mais le Temps gagne toujours.  Humilité: « Si toi qui portes le monde sur les épaules, tu n’es pas maître de ton destin, qui pourra se vanter de l’être… ? »

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 http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/36.html

KENNEDY
de Thierry Debroux.

Du jeudi 14 avril au samedi 14 mai

Avec : 
Alain Leempoel
Dominique Rongvaux 

Anouchka Vingtier

Mise en scène : Ladislas Chollat 
Assistanat: Catherine Couchard
Scénographie : Emmanuelle Roy
Lumières : Alban Sauvé
Costumes : Jackye Fauconnier
Création make up et coiffure : Bouzouk 
Musique : Frédéric Norel
Durée : 1h30 sans entracte

Avec l’aide de Panache Diffusion et de la Compagnie Nationale 12.

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administrateur théâtres

Un quatuor parfait

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Après l'éblouissante première, on n’a qu’une idée : faire voir au plus vite ce  petit chef-d’œuvre à ses meilleurs amis. Un huis ouvert à tous les cœurs et à tous les amateurs d’art, baignant dans la lumière changeante des nymphéas! 

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 Tout vous parle : le décor d’une maison de bord de mer en Vendée chère à Clemenceau et la demeure du peintre de Giverny à la fois, la lumière captive des heures qui coulent avec des bruits d’oiseaux de mer et de cigales, le goût cultivé d’un siècle révolu, la domestique bienveillante qui veille avec amour sur la santé de son maître – une exquise Marie-Line LEFEBVRE comme toujours -  le sourire de la délicate et mystérieuse dame invitée, l’amitié orageuse de deux tigres aux moustaches régaliennes, et surtout le jeu impeccable de  Michel De Warzée et de Jean-Claude Frison qui ne font pas piètre figure après l'interprétation parisienne de  Claude Brasseur et Michel Aumont.  Et en commun, le mépris absolu de l’argent! Carpe diem!

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Deux caractères bien trempés, tous deux  nés en 1840-41, amis inséparables pendant 60 ans, vont vivre une dispute mémorable au printemps 1923. Ces géants du grand siècle vont-ils aller jusqu’à la rupture ?   Le Tigre-Président du Conseil a engagé d’immenses travaux à l'Orangerie pour accueillir les Nymphéas de son ami Monet. Hélas, celui-ci ne cesse de se dérober depuis des mois à sa promesse de livraison. La  confrontation dans la maison de Vendée sera plus que houleuse. Le tutoiement résonne comme autant de  déclarations de guerre mais - magie de la nature dont tous deux sont épris - les amis se rejoignent  par moments éphémères  en parlant de boutures de roses. Claude Monet finit par lui avouer qu’il perd la vue et la vision des couleurs, il a même détruit deux panneaux, tant il doute de son travail. Clemenceau fulmine! Monet fait ses valises.

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C’est la magie de la lumière sur l’océan qui  fera renaître l’espoir du peintre et « parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Suite à cette mémorable colère, Monet se remettra au travail mais demandera que les Nymphéas ne soient installés à l'Orangerie qu'après sa mort. A son enterrement en 1926, le Tigre arrachera le voile noir qui recouvrant le cercueil en déclarant «Pas de noir pour Monet, le noir n'est pas une couleur!» La colère ou les larmes du tigre?

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 Le public est mené sur le fil de la couleur des sentiments : que ce soit  dans l’incomparable richesse de l’amitié des deux hommes ou dans la  palette particulière qui lie Clemenceau à la  belle Marguerite Baldensperger, son éditrice, quarante ans plus jeune que lui, et qui  deviendra son dernier amour. La lumineuse Stéphanie MORIAU interprète ce beau personnage avec finesse et élégance. Le drame qu’elle révèle avec grande pudeur est un autre thème qui serre immanquablement le cœur du public et  laisse une impression de  vivante humanité à cette pièce de qualité. « Mettez votre main dans la mienne, je vous aiderai à vivre. Vous, vous m’aiderez à mourir» 

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LA COLERE DU TIGRE de Philippe MADRAL

Au cœur de l’impressionnisme, les mots claquent, les formules sont brillantes et l'humour robuste, autant que les moustaches des tigres, l’un de la politique, l’autre de l’art!

Magistralement porté par

Michel de WARZEE, Jean-Claude FRISON, Marie-Line LEFEBVRE & Stéphanie MORIAU

Dans une fine et lumineuse mise en scène : Jean-Claude IDEE

Décors : Serge DAEMS / Création lumière & Régie : Sébastien COUCHARD

 

       http://www.comedievolter.be

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 du 13 Avril au 13 Mai 2016

 

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administrateur théâtres

12745977_1156764844368409_7958470845572117_n.jpg?oh=8c091799e102dea0edf1e7139baf2886&oe=575BD9A0Ernestine ou Célestine? Sous la lucarne, une soubrette bretonne très ... trouble!  On ne  sort pas indemne de cette vivante peinture naturaliste  - le décor est signé Noémie Breeus - car question hypocrisies de toutes natures,   voilà une époque qui n’a rien à envier à la nôtre! Voilà une humanité  avare, égoïste, hypocrite, aux allures nationalistes et antisémites. Mais on rit! Les coincés gloussent faiblement, les femmes réagissent sans tabous!  Et tous ovationnent la comédienne! Les littéraires jubilent.  Les historiens et les sociologues s’inquiètent. Et ils ont raison de le faire.  

 La langue fleurie de la plébéienne « sans instruction » s’est déliée et affirmée dans un journal intime « légèrement retravaillé » par Octave Mirbeau (selon ses dires), et édité en 1900 sous forme de feuilleton sulfureux.  La jeune Célestine croque  à belles dents les travers de la société  bourgeoise à l’aube du 20ième siècle,  la dépravation généralisée  des mœurs familiales, religieuses, sociales et politiques. La guerre.

« La mercière m'a expliqué que, sous Napoléon III, tout le monde n'étant pas soldat comme aujourd'hui, les jeunes gens riches «tombés au sort» avaient le droit de «se racheter du service». Ils s'adressaient à une agence ou à un monsieur qui, moyennant une prime variant de mille à deux mille francs, selon les risques du moment, leur trouvait un pauvre diable, lequel consentait à les remplacer au régiment pendant sept années et, en cas de guerre, à mourir pour eux. Ainsi, on faisait, en France, la traite des blancs, comme en Afrique, la traite des noirs?... Il y avait des marchés d'hommes, comme des marchés de bestiaux pour une plus horrible boucherie? Cela ne m'étonne pas trop... Est-ce qu'il n'y en a plus aujourd'hui? Et que sont donc les bureaux de placement et les maisons publiques, sinon des foires d'esclaves, des étals de viande humaine? »

 Cela fait beaucoup pour une seule femme qui,  craignant  de ne pas avoir le succès  rêvé dans la galanterie de haute  lice, a préféré se tourner vers le métier  plus humble de femme de chambre. Mais elle ne mâche pas ses mots et ne manque  ni de courage, ni de clairvoyance. Toutefois,  Célestine s’avère être un personnage très ambigu, car dès l’entrée de jeu, elle affiche  une perversité assumée qui ne fera qu’embellir.

« J’adore servir à table. C’est là qu’on surprend ses maîtres dans toute la saleté, dans toute la bassesse de leur nature intime. Prudents, d’abord, et se surveillant l’un l’autre, ils en arrivent, peu à peu, à se révéler, à s’étaler tels qu’ils sont, sans fard et sans voiles oubliant qu’il y a autour d’eux quelqu’un qui rôde et qui écoute et qui note leurs tares, leurs bosses morales, les plaies secrètes de leur existence, tout ce que peut contenir d’infamies et de rêves ignobles le cerveau respectable des honnêtes gens. Ramasser ces aveux, les classer, les étiqueter dans notre mémoire, en attendant de s’en faire une arme terrible, au jour des comptes à rendre, c’est une des grandes et fortes joies du métier, et c’est la revanche la plus précieuse de nos humiliations... »

  Malgré sa condition de domestique-travailleuse sexuelle à domicile,  elle écrit un journal intime  on ne peut plus cartographié, acerbe et lucide, et foisonnant d’érotisme qualifié à l’époque de nauséabond.  C’est donc un rôle très complexe que Stéphanie Moriau prend à bras le corps et à fleur de peau, aussi facilement, semble-t-il que si elle allait innocemment pendre une lessive fraîche au jardin !

 L’espace miteux et glauque  de la soupente où  Célestine se réfugie est son espace de liberté, où grâce à la plume, elle s’humanise mais révèle, presque malgré elle, le développement sournois d’un esprit immoral et manipulateur. Pour tromper son ennui, dans la solitude glacée de sa retraite sous les toits,  Célestine se fait un véritable théâtre : jouant   les provocations, les  cajoleries, la  férocité, l’humour, la moquerie, le dédain, la duplicité  avec, au bout de tous les contes, l’engrenage fatidique de l’humiliation-haine-vengeance.  Le rythme verbal adopté  puise activement dans des parlers  divers, ce qui a le don de divertir, question d’alléger quelque peu l’intense  tension naturaliste. Cette vivacité verbale contraste  elle, de façon presque comique,  avec la gestuelle et les déplacements  très étudiés qui jouent sur une sorte d’inventivité tranquille, à la manière d’un strip-tease particulier longuement prémédité. La dynamique est puissante et implacable. Comme  Célestine astique, range innocemment, déplace de menus objets, se met au lit épuisée,  s’habille et se déshabille mille fois pour le service ! Quel art consommé  de poser sa coiffe de domestique de mille façons  et  d’endosser les bretelles de son tablier immaculé par-dessus une robe sévère dont le boutonnage rappelle ceux des noirs habits ecclésiastiques.

Le personnage, une vraie réjouissance littéraire, est incarné par une  comédienne en armes, une vraie  vedette en la matière.  Stéphanie Moriau, joutant avec elle-même, est passée maître dans le pouvoir narrateur, l’enchaînement des flashbacks les changements de ton abrupts. La comédienne possède  l’art de  ballotter le spectateur entre le chaud et le froid. Faisant miroiter sans aucun répit  les tonalités sombres ou rebelles de Célestine, elle  lui sert le poison  des souvenirs amers, douloureux,  parfois  même totalement effroyables, à la façon d’une cynique prestidigitatrice. La complicité entre Stéphanie Moriau et la metteuse en scène Danielle Fire est évidente.

12742582_1156764961035064_4429480960964127801_n.jpg?oh=85409735b08645a9e5239c34e5a1875b&oe=57551938 

Malgré l’huis-clos, on en a plein les yeux. L’imaginaire  prend alors  ses quartiers  dans cette petite ville de  Normandie où  Célestine a échoué -pourquoi- ? Par ses yeux on  contemple la richesse véreuse  d’une demeure que l’on appelle château, on s’attarde chez l’épicière ou la mercière, on parlotte avec les voisins, on surprend les secrets sordides des alcôves, des monastères et des églises. On court à Ostende (la honte !) et on se retrouve  à Cherbourg, en fin de parcours, là où  Célestine a achevé sa métamorphose et  s’avère pire  que toutes ses dénonciations! La chaleur suffocante de la dernière scène fait froid dans le dos et rappelle étrangement  les  conclusions désabusées de l’auteur Georges Orwell dans  son «Animal Farm».

 

journal-web-200x300.jpg?width=394du Mercredi 24 Février au Dimanche 13 Mars 2016

LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE

Octave MIRBEAU

Figure tragique du début du XXème siècle, Célestine, quitte Paris pour la province et entre au service de riches bourgeois. À travers son journal, elle brosse avec humour l’étrange galerie de portraits et d’événements qui colorent son quotidien.

Son attirance pour l’énigmatique jardinier cultive l’intrigue jusqu’à la fin…

Avec : Stéphanie MORIAU

Mise en scène : Danielle FIRE

Décors : Noémie BREEUS

Création lumière & Régie : Sébastien COUCHARD

Représentations du Mardi au Samedi 20h15, Dimanche à 16h

Durée du spectacle : 1h25 sans entracte

LE 8 MARS : JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES 

Débat après la représentation

 Avec : Danielle FIRE (Metteur en scène), Stéphanie MORIAU (comédienne)

&  

Thilde BARBONI (Psychologue clinicienne, Professeur à L’Université de Mons et Écrivain)

ANIMATIONS SCOLAIRES  conçues autour de l’œuvre de Mirbeau et proposées en classe avant ou après la représentation. Réalisées par la comédienne, elles sont vivement conseillées pour favoriser l’intérêt, l’écoute et la compréhension des élèves durant le spectacle. Et, un dossier pédagogique, spécialement conçu, est envoyé dès la réservation de l’animation. Il est possible d’organiser les animations au théâtre, complétée d’une visite guidée.

Ces animations sont gratuites pour les écoles de la Région de Bruxelles-Capitale, sinon 8€ par élève à partir de 10 élèves. Vestiaire obligatoire compris.

La place est offerte au professeur accompagnant le groupe.

Cette année, les animations s’inscrivent dans le cadre de la Journée internationale des Femmes, la richesse du texte de Mirbeau offre très nombreuses ressources pour les outils pédagogiques.

Instaurée pour souligner les progrès en terme d’égalité, la journée met aussi en relief les nombreux défis pour une véritable parité des sexes à l’échelle mondiale.

Le 8 mars 1917, les femmes russes ont réclamé du pain et le retour de leurs maris, dont deux millions étaient morts durant la Guerre 14-18. En 1921, Lénine décréta le 8 mars Journée des femmes, les Nations Unies l’officialisèrent en 1977. La 1ère  journée Internationale des femmes eut lieu  en 1975.

 

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1274660243.jpgVoyage métaphorique ?
Falling asleep? Eveil, ou réveil ?  « Falling: A Wake », c’est le titre original  de la pièce de l’auteur canadien Gary Kirkham. Traduction en français : « Une veillée ». Il est certain que vous ne vous endormirez pas! Le bruit infernal de l’explosion de l’avion qui s’écrase à côté d’une ferme « sur un point indéterminé de nulle part » a de quoi réveiller le spectateur en manque de sieste ! La pièce se base sur un fait réel : le crash dramatique du vol 103 de Pan Am suite à un attentat terroriste en 1988. Il y a presque trente ans. Les 150 victimes de l’airbus Germanwings, c’était l’année dernière, à Pâques.

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Au début de l’histoire, des pièces d'un avion commencent à tomber du ciel, et l'un des passagers, sanglé dans son siège. Un beau jeune homme au visage limpide. Le vieux couple du professeur de mathématique Harold et Elsie qui avait choisi de reprendre la ferme paternelle, découvre cette chose totalement ahurissante et apocalyptique dans leur univers clos, qu’ils annoncent avec humour, quelque part sur un chemin, par une pancarte surréaliste : « Si vous pouvez lire ce ci, c’est que vous êtes perdu !»   Et en avant les phrases sibyllines, surréalistes, vêtues de sens multiples, touchantes comme les galets littéraires semés par Samuel Beckett ou Harold Pinter. 825857779.jpgLe froid humide, l’absence de lumière de la cave souterraine où se joue la pièce contribue à l’atmosphère lugubre. Si on sort les couvertures sur scène, on les sort aussi dans les fauteuils de l’assistance, question de se mettre au diapason. Harold et Elsie réagissent à cet accident terrifiant, métaphore de la fin du monde, chacun à leur manière. Harold (Alexandre Trocki) s’empresse auprès de sa femme, en lui prodiguant mille attentions amoureuses et tendresse de longue date. Il fait la lumière à commencer par une torche, puis une lanterne puis une armée de bougies, photophores et chandeliers, pendant que la femme veille le mort, et se met à lui parler. Son âme et-elle encore là ou est-elle déjà partie ? Elsie (Brigitte Dedry) prend l’initiative d’une longue conversation à sens unique avec le jeune homme mort. Elle risque la prière. Lui, recrée minutieusement sur la scène de l’accident un semblant de vie  domestique quotidienne en amenant auprès de la femme qu’il aime, fauteuil de salon, tapis, chocolat chaud…A la façon de ces oiseaux fidèles, faiseurs de nids, indissociables et tendres.

3968818209.jpgEt puis, si tout cela n’était qu’invention commune? Recherche désespérée de sens? Une pure invention, comme le jeu des enfants, quand leur imagination est palpitante en regardant les étoiles et en entendant les cris féroces de la nuit. Et si, sur scène on voyait se réaliser la magie de l’amour? Et si ces comédiens vieillis étaient tout simplement en train de mettre en commun leur âme d’enfant ? Et si cette mise en scène était la catharsis d’une douleur ancienne innommable? Une perte insupportable? Peut-on nommer la douleur la plus grave pour des parents? Vous êtes bel et bien en plein voyage métaphorique! La dernière phrase tombe : comme une pièce détachée de métal brûlant. « Mais comment peut-on expliquer tout cela ?» « Il n’y a rien à expliquer !» 
La mise en scène de Virginie Thirion, jointe à la scénographie et aux costumes de Marie Szersnovicz ont de quoi glacer le corps mais pas le cœur…La création sonore palpitante, grande composante de la pièce, est signée Marc Doutrepont.

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UNE VEILLEE

De Gary Kirkham.
Avec Alexandre Trocki et Brigitte Dedry.

Belle comédie dramatique

DU 08/03/16 AU 30/04/16

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=420&type=1

Lire en +:
Pièce de résistance par Marie Baudet in La Libre, le 10 février 2016
Tendresse grinçante et résistance par Marie Baudet in La Libre, le 18 février 2016
Alexandre Trocki, la force tranquille par Catherine Makereel in Le Soir, le 20 février 2016
Les veillées de Gary Kirkham : le travail du deuil sous le masque du domestique par Sébastien Barbion in Le Rayon Vert Cinéma, le 21 février 2016
Une veillée *** par Eric Russon in Moustique, le 24 février 2016
«Une veillée» funèbre pour reprendre le fil de la vie par Catherine Makereel in Le Soir, le 2 mars 2016

Le mot de  Virginie Thirion :

Cette pièce canadienne, création mondiale en langue française que nous vous proposons, est une petite perle sensible et tellement humaine. Un duo porté par Alexandre Trocki et Brigitte Dedry, dans une mise en scène de Virginie Thirion. Souvenez-vous du tendre J’habitais une petite maison sans grâce, j’aimais le boudin, la saison dernière.

Ainsi commence l’histoire :

«Si vous pouvez lire ceci, c’est que vous êtes perdus». Voilà comment on arrive chez Harold et Elsie.

Le début de la nuit, il fait froid.

On entend le faible bruit d’un avion au loin.
Ensuite, le fracas sourd d’une explosion.
Silence.
Quelque part, un chien aboie.

Elsie : C’était quoi ce bruit ?
Harold : Je sais pas… un orage peut‐être.
Elsie : Quoi ?
Harold : Je disais, un orage peut-être.
Elsie : Il fait froid. Tu as mis quelque chose de chaud ?
Harold : Oui, j’ai un manteau.

Harold sort avec une lampe torche. Il porte des bottes en caoutchouc et le manteau de sa femme.

Quelque part entre Harold Pinter et Samuel Beckett, Harold et Elsie, fermiers par hasard, élevant des poules en pleine campagne, « un point indéterminé de nulle part, parce que si nous étions au milieu de nulle part, on pourrait encore nous trouver… », comme le dit si bien Harold, ancien professeur de mathématique qui a gardé le souci de la précision. Deux personnages tout en humour et tendresse. Si je devais pointer l’enjeu majeur de la mise en scène, ce serait celui-ci : servir la tendresse et l’humour présents dans le texte, dans l’histoire. C’est une vraie gageure, s’agissant de deux êtres confrontés à l’insupportable. Et pourtant. Ils résistent, chacun à leur manière. Elsie parle, elle raconte, elle choisit ce qu’elle veut croire, elle maintient le contact, elle parle pour tenir la tristesse à distance, pour maintenir son mari proche. Harold résiste en acte : d’accord, un événement imprévu et dramatique, emprunt de mort, les expulse de chez eux. Mais il ne s’avoue pas vaincu pour autant, il lutte pied à pied, accumulant fauteuil, lampe, tapis, pantoufles, bougies…. n’hésitant pas à recréer du confort et une possibilité de vie là où l’inimaginable et le traumatisant s’étaient imposés. Et à deux, unis par un amour nourri et construit tout au long de leur histoire et de leurs épreuves communes, ils font reculer l’insupportable injustice de la vie, l’adversité, le chagrin, l’isolement.

Brigitte Dedry et Alexandre Trocki sont les deux interprètes. Ils ont pour eux cette finesse, cette intelligence du texte, et cette belle capacité à en faire entendre les délicatesses. Avec eux, nous découvrons et explorons ce que les personnages se disent vraiment lorsqu’ils se parlent. Nous découvrons comment l’auteur a parfaitement construit leur histoire, lors de cette incroyable nuit, et comment il a subtilement balisé leur cheminement vers la paix et la sérénité.

– Virginie Thirion –

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817052537.jpgGEORGES ET GEORGES, CENTRE CULTUREL AUDERGHEM Une comédie conjugale grinçante  d’Eric-Emmanuel Schmitt.

 

« Faites sauter le boîtier d'une montre et penchez-vous sur ses organes : roues dentelées, petits ressorts et propulseurs. C'est une pièce de Feydeau qu'on observe de la coulisse. Remettez le boîtier et retournez la montre : c'est une pièce de Feydeau vue de la salle - les heures passent, naturelles, rapides, exquises.» disait Sacha Guitry.

 Héritier d’Eugène Labiche, auteur de vaudevilles célèbres, Georges Feydeau écrit et joue ses plus grandes réussites de 1892 (Monsieur chasse) à 1912 (Mais n'te promène donc pas toute nue !). Il produit une pièce par an. Le théâtre de Feydeau est explosif et d’une saveur langagière inimitable.  Son théâtre regorge  de mouvement, de portes qui claquent, de situations  burlesques, de quiproquos  et oscille entre observation intransigeante de la société et  farce  théâtrale sur le ton de la caricature et de la distanciation.  Le délice des bons mots s’enchaîne à un  abattage verbal effréné et déclenche  la mécanique jubilatoire du rire.  Trève de rire, en 1919, atteint par la syphilis, Feydeau est interné par ses fils et meurt deux ans après. Il avait divorcé d’avec sa femme suite à une terrible dispute, en 1916. Cet observateur de la société  fin de siècle, qui avait fait rire jusqu’au délire le public de la Belle Epoque, finit ses jours dans une stupéfiante tristesse.

GEORGES ET GEORGES (Théâtre Rive Gauche-Paris14ème) crédit F. RAPPENEAU - 015 - HD Light.jpg

 C’est peut-être cette situation inversée  qui a inspiré  Eric-Emmanuel Schmitt dans l’écriture de  sa pièce « Georges et Georges », un pastiche de l'écriture de Feydeau, et un hommage à ce prince de l'écriture vaudevillesque.  Rebondissant sur la  phrase  de Feydeau « N’est-elle pas plus morale, l’union libre de deux amants qui s’aiment, que l’union légitime de deux êtres sans amour ? » (La Dame de chez Maxim), Eric-Emmanuel Schmitt met en scène le ménage de Georges et Marie-Anne Feydeau, atteints par la déconfiture d’un mariage usé jusqu’à l’ennui ou pire, jusqu’au ressentiment. Ni l’un ni l’autre ne sont plus « comme avant », c’est le nom de la maladie. Mais qui peut se targuer au bout de plusieurs décennies d’amour partagé d’être encore « comme avant ? ». Nous sommes des êtres vivants, et la vie, n’est-ce pas le changement, l’évolution, la transformation ? Donc si de part et d’autre, le couple se  berce dans  une puérile nostalgie, cela a un côté agaçant et  futile.  

 L’élément intéressant et original est cette inversion des sentiments qui atteint Georges, pris de folie : il rit devant les situations insoutenables et « pleure jaune » quand il nage dans le bonheur. On fera appel au docteur Galopin (Alexandre Brasseur) et à son fauteuil révélateur de fantasmes  pour venir le guérir, avec comme résultat un beau dédoublement de personnalité. Mise en scène bondissante de Steve Suissa dans un tourbillon de portes. Si vous aimez cela !

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Davy Sardou, Molière 2014 du comédien dans un second rôle pour sa pièce « L'affrontement » présentée au Centre Culturel d’Auderghem l’an dernier, joue avec grande maîtrise le rôle  du double Georges Feydeau avec Christelle Reboul comme « desperate wife » survoltée et particulièrement énervante. L’accumulation de situations cocasses est galopante, les costumes très carnavalesques, la course derrière le chimérique argent est de bon ton mais l’accent de la reine de Batavia est incompréhensible – du faux allemand- qui aurait pu être du flamand, on aurait préféré. Véronique Boulanger (récompensée du Mini-Molière 2014 de la meilleure actrice) finit par lasser.

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Les facéties clownesques accompagnées d’aboiements de Thierry Lopez nous paraissent répétitives et lourdes et la soupe de griottes peu ragoûtante, si pas carrément vulgaire. Zoé Nonn (apparue dans le célèbre "Toc toc") joue la môme crevette, oui, très crédible, mais ce n’est pas Eric-Emmanuel Schmitt qui l’a inventée! Sic : « Il n’y a que dans les courts instants où la femme ne pense plus à ce qu’elle dit qu’elle dit vraiment ce qu’elle pense ! »


Le médecin « magnétothérapeute » insomniaque et maniaque sexuel,  joue bien son rôle d’apprenti sorcier et de maître de ballet dont il a perdu les clés. L’ensemble, joué jusqu’à l’étourdissement (« génial » diront certains) laisse néanmoins une impression de beaucoup de bruit pour rien, et le rire si prémédité n’en finit pas de se tarir. On préfère vraiment Eric Emmanuel Schmitt dans le reste de son œuvre et surtout son dernier roman, tellement admirable, celui-là, que l’on voudrait l’offrir à tous ceux qu’on aime: « La nuit de feu ».

134866563055719548d067a.jpgDistribution:

Davy Sardou : Georges et Georges
Christelle Reboul : Marianne, son épouse
Alexandre Brasseur : le docteur Galopin

Véronique Boulanger : La Reine de Batavia

Zoé Nonn : La Môme Crevette
Thierry Lopez : Hercule Chocotte

 http://www.cc-auderghem.be/

Jusqu’au 20/03/16

CENTRE CULTUREL AUDERGHEM

Boulevard du Souverain 183 – 1160 Bruxelles

Infos Réservations : 02/660 03 03

 

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« Deux étions et n’avions qu’un cœur » semble nous dire Patrick Pelloquet lorsqu’il met en scène la série de pièces courtes écrites par l’écrivain français …qu’il n’a jamais connu de son vivant : Louis Calaferte. Patrick Pelloquet produit donc Les Mandibules, Une Souris grise, La Bataille de Waterloo, L’Entonnoir, Trafic et en 2014 il crée pour la première fois au théâtre Le serment d’Hippocrate. Une métaphore puissante et hilarante qui met en scène la relation des simples  gens avec le monde médical, non pas « Le médecin malgré lui », mais « Le médecin, parce que c’est lui » !  

En fervent admirateur, Patrick Pelloquet soutient par son talent de metteur en scène et de comédien, le travail de  Miguette, l’épouse de Louis,  qui s’est attelée à éditer et rassembler  l’intégralité des œuvres de son mari. Sa fameuse autobiographie  « Septentrion » jugée « pornographique »  fut  interdite à la vente  par la censure en 1963.  Patrick Pelloquet fait œuvre d’affectueuse  réhabilitation car il ne s’en cache pas, il  aime par-dessus tout  l’écriture de Louis Calaferte pour son sens aigu de l’humain, sa défense inconditionnelle de l’individu face aux systèmes qui le dévorent.

 « L’art, c’est la vie ! » Il savoure les parlers familiers et dépouillés d’artifice des braves gens.  Louis Calaferte est dans la lignée de Feydeau qui glisse des grains de sable dans la mécanique  des certitudes.  Il jongle avec la musicalité et la rythmique de  la langue où un mot pousse l’autre à grands coups de balai  pour enfoncer même des portes ouvertes. Ouvertes sur le vide et l’angoisse et notre petitesse. Ce langage « anodin » recouvre bien souvent une réalité plus profonde, comme vue soudain en transparence.  Il pointe que le danger pour l’homme ne vient pas toujours nécessairement de l’extérieur mais aussi hélas de dysfonctionnements physiques qui atteignent le corps. En effet  l’écrivain a été  victime de maladie chronique depuis ses 13 ans et aux prises avec une médecine qui lui a laissé, comme à Molière ou à Jules Romain de fortes désillusions sur la profession de médecin et un arrière-goût très amer. Son théâtre est du « constat expérimenté » vécu dans la chair. 

Louis Calaferte, comme ses illustres prédécesseurs,  est fasciné et horrifié  par l’autoritarisme du monde médical, le  refus d’écoute et les abus de pouvoir de la « Science ».  Il est d’une sensibilité brûlante pour l’humanité des individus  victimes de tous les pouvoirs. Dans la pièce, l’auteur est à la fois le vieux père qui  pratique avec délices la désobéissance culinaire et la vieille mère qui dit non à tout ce que peuvent dire les docteurs qui viennent l’examiner. Il  dénonce la dangereuse manipulation de la Faculté vis-à-vis des   familles  qui ont appelé au secours et il constate avec horreur que la même manipulation  terroriste finit par  infecter à son tour des êtres normalement sains, soudain pris de la même folie manipulatoire, oubliant toute dignité et tout respect vis-à-vis de leurs géniteurs. Le  traitement que l’on inflige parfois à  nos « anciens »  est symptomatique. Le message s’impose : « Il est urgent d’apprendre à vivre et à aimer. » Il est urgent qu’on ne se laisse pas avaler par le brassage puissant  des moulins à vent ! Broyés par la « nécessaire »  soumission aux machines infernales : la violence de toute origine, médicale, éditoriale, familiale, parentale, filiale, viscérale, cardinale, hexagonale, coloniale,  capitale, provinciale, internationale, mondiale, sociale et radicale.

Metteur en scène et comédien dans le rôle de Lucien, Patrick Pelloquet avec ses très brillants comparses du THEATRE REGIONAL DES PAYS DE LA LOIRE, épouse parfaitement ce plaidoyer pour que retentissent « le dérisoire» , « le désarroi » et « l’intime ». Il se réjouit que le public belge trouvé sur sa route, accueille avec  tant d’empathie le texte et ses filigranes. Il ne manque pas de souligner  que le public français est par contre beaucoup plus sensible à l’impact et aux ressorts comiques de tout ce que la pièce décrit comme « un peu bancal» ! Ceci n’est pas une farce.  Et pourtant on rit goulûment, à tout propos, à toutes cascades de postures et impostures. Et pris dans le tourbillon d’énergie  formidable dégagée par des acteurs absolument justes dans leurs interprétions du tonnerre de dieu, on rêve bien sûr de rébellion.

Le Serment d’Hippocrate

de Louis Calaferte

Mise en scène Patrick Pelloquet
Avec Gérard Darman, Pierre Gondard, Patrick Pelloquet, Christine Peyssens, Yvette Poirier, Georges Richardeau

  • Accueil français en exclusivité
  • 1er au 9 mars 2016
  • Théâtre Jean Vilar
  • Durée : 1h20

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 6.jpgL'AVARE de Molière.

                 

                     

                             Le bonheur retrouvé du théâtre de répertoire emporte.

La mise en scène emporte aussi, avec l’illustre de Guy Pion dans le rôle-titre.

Il est extraordinaire.

Aussi bon qu’un Michel Bouquet ou Louis De Funès au cinéma.

Fondateur du théâtre de l’Eveil, il a été nommé Meilleur Acteur pour Richard III au Théâtre du Parc en 2013-2014. Et la distribution qu’il emmène avec sa comparse Béatrix Férauge,    

est éblouissante elle aussi. Une jeune première dans le rôle d’Elise :

Aurélie Alessandroni.  

 

11.5.jpgAvec la mise en scène de Patrice Mincke dont la lecture dramatique est très contemporaine et la scénographie très romanesque, et les décors et costumes signés Thibaut De Coster et Charly Kleinermann, voici « L’AVARE » de Molière plongé dans un néoréalisme  presque fantastique bourré de rebondissements.

Un renouveau qui décoiffe, pour une pièce classique qui se jouait jadis en perruques dans les dorures de Versailles. Un décor d’épouvante  revisité par Charles Dickens ou Mary Shelley ? La musique (Laurent Beumier)  qui accompagne fait penser à Frankenstein.

 Les dix comédiens du théâtre de l’Eveil expriment tout dans leurs mots, dans leurs corps, dans leurs courses, leurs élans, leurs chutes et leurs fuites funambules sur  la double volée d’escaliers branlants  de cette sombre demeure aux  vitraux cassées qui sert d’unique décor. Un monde cassé.  Une véritable maison hantée par l’avarice, par l’absence d’amour, mangée par les lézardes de l’incompréhension, viciée par les machinations infâmes pour économiser quelque sou ou pour procéder à  quelque affaire juteuse. Au mépris total des gens. Tout le potentiel comique de Molière est là pour faire exploser l’imposture de l’argent et  libérer un rire généreux face à l’avarice et aux avaricieux.  Partout dans le monde maintenant, la maladie de la cupidité s’est étendue comme une perverse moisissure s’empare des moindres fissures et Cupidon, a bien du mal à se faire entendre!

 

1avare.jpg Ce que l’on voit corrobore ce que l’on entend, les images scéniques se succèdent avec un sens aigu du rythme. Le placement et le mouvement des comédiens qui dévalent et remontent sans cesse  les escaliers souligne le furieux désir de vivre et d’être. La menace de l’ensevelissement des jeunes rêves est palpable. La maison porte les traces de la misère et de l’abandon. C’est la mort de la mère de Cléante et Elise qui a fait basculer le père dans l’obsession de l’avoir. « Hélas mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! On m’a privé de toi, et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi , et je n’ai plus que faire au monde ! Sans toi, il m’est impossible de vivre ! » Des  rosiers grimpants morts courent sur la façade  et renforcent le propos, et pourtant le propriétaire  des lieux est richissime.   Seul le maigre poêle à bois au centre du plateau semble  pouvoir réchauffer les acteurs débordant de désir de vivre et d’aimer. On se croirait dans une pièce de Tchékhov!

Les jeunes ont un jeu en crescendo fantastique pour sauver l’amour et confondre la sordide cupidité. Patrice Mincke: «Après deux lignes, j’étais pris : je vibrais avec cette famille qui s’aime et se déchire, je m’attachais à ces ados si attendrissants et si insupportables, à ce père aigri mais touchant malgré tout et, surtout, je ressentais l’absence de cette mère défunte qui résonne dans chaque réplique. Le plateau devint alors, non plus cet endroit de passage indéfini qui permet de respecter l’unité de lieu, mais la pièce de vie centrale d’une maison concrète, un endroit où on se croise, on mange, on parle, on déballe, on s’engueule. Une maison avec une âme, qui jadis était habitée par un couple et ses deux enfants et qui est peu à peu partie à la dérive, devenant un lieu d’enfermement pour les jeunes et un terrain vague jonché de souvenirs pour le vieux. » Et  en définitive,  cet Harpagon,  malgré ses richesses recouvrées,  n’est-il pas infiniment seul,  pauvre et pitoyable? Pathétique, sûrement.  « Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve pas mon argent je me pendrai moi-même ! »

 

Lettre d’outre-tombe, le texte est magnifiquement compris, dynamisé, polarisé. A aucun prix on ne peut se priver de ce spectacle fondateur et de son message humaniste. Et oui, les racines de cet arbre qui court sur le balcon,  sont loin d’être mortes! Plongez dans le bonheur actuel  d’écouter Molière au mieux de sa forme!  

 

   Du jeudi 25 février au samedi 26 mars 2016 au théâtre du Parc

Avec :

Stéphane Fenocchi

Béatrix Férauge

Othmane Moumen

Guy Pion

Freddy Sicx

Simon Wauters

Yasnaïa Detournay

Patrick Michel

Camille Pistone

Aurélie Alessandroni

Photos d'Isabelle DE BEIR

         

http://www.theatredeleveil.org/lavare/

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/62/35.html

 

 

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administrateur théâtres

12273117698?profile=original                                                       Des gammes contre la croix gammée!

Cultissime! Les metteurs en scène Daniel Hanssens et Jack Cooper ne nous ont pas déçus dans cette comédie musicale à la française, produite au Festival de Théâtre Bruxellons et servie par la très belle orchestration de Pascal Charpentier!

Nous sommes dès les premières notes des religieuses du couvent de Nonnberg dans un registre de très haute performance, emmené par de vibrants chants en latin - clin d’œil discret aux racines de notre culture occidentale que personne ne s’est mêlé de traduire.  La musique sacrée captive dès l’entrée, pour se  métamorphoser très vite  en musiques d’amour. L’amour de la nature, l’amour mystique, l’amour de la musique, l’amour des enfants, l’amour des couples, l’amour de la vie, l’amour de la patrie: Edelweiss! Le titre français de la comédie musicale  « The Sound of Music » glisse vers une  certaine mièvrerie. Pourquoi donc ce titre « Mélodie du bonheur » façon Parapluies de Cherbourg,  qui laisse une impression de  bonheur fané  et pas  quelque chose de plus fort, de plus  attrape-rêves , une allusion plus directe à l'exquise gamme  harmonique des sept enfants de la famille von Trapp?

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11781597_863286797095534_5963066442588535094_n.jpg?oh=e980ff6c0214e5334a03b095b5d4e721&oe=5655D38C&width=370Ce spectacle, finement mis au point  depuis plus d’un an,  crée en effet une résonnance harmonique étonnante et rare entre public et acteurs. Est-ce grâce au diapason magique de Liesl (Maud Hanssens), la plus  âgée des sept enfants du Bonheur? Est-ce grâce à la merveilleuse résonnance du texte français qui n’a rien à envier à la version originale anglo-saxonne? A l’accent grave et particulier de la diction  impeccable de Wim Van Den Driessche? A la grâce naturelle et au timbre cuivré de la révérende mère supérieure, Marie-Laure Coenjaerts, un être lumineux et généreux? Aux rêves des comédiens qui se rencontrent?  A l’authenticité de la démarche?  

Deux thèmes puissants et profonds s’enlacent tout au long de l’histoire romanesque et vraie de Maria et sa famille recomposée : la recherche du sens de notre vie sur terre et l’attachement à ce qui rend notre vie vibrante et épanouie. La deuxième partie du spectacle insiste particulièrement sur le droit, si pas le devoir, de se rebeller lorsqu’un pouvoir dictatorial veut vous imposer son mode de pensée, et veut  broyer vos libertés ou vos valeurs. Celui qui ne se rebelle pas n’a pas le droit de se lamenter. Tout cela est très présent dans ce magnifique spectacle qui donne matière à penser sous des dehors très innocents.  

12273117468?profile=originalLa jeune et pétulante Maria parcourt un immense chemin  à la recherche de sa vérité et tire le capitaine von Trapp (Wim Van Den Driessche) de l’isolement de  la sombre caverne où il s’était réfugié à la mort de sa femme. Elle  le ramène progressivement  vers l’émerveillement et la joie solaire qui inonde les collines, où ils  peuvent entrevoir ensemble, le Beau, le Bien, le Bon. Quelle catharsis! Quel petit bout de femme volontaire, animée par L’Esprit, que cette subtile Maria sublimement interprétée par Laure Godisiabois. Si ce spectacle donné dans la cour du château du Karreveld dont le festival d’été fête ses dix-sept ans cette année, revêt toutes les qualités esthétiques, chorégraphiques,  scéniques et musicales dont on pouvait rêver, on  se met à rêver que soit immortalisée cette magnifique fleur des planches estivales bruxelloises  sous forme de film… à se repasser en boucle pour le plaisir, comme une vivante image d’Epinal aux vertus protectrices!

12273118100?profile=originalLes plaisirs sont nombreux, celui d’un décor très astucieux qui sait jumeler les collines  autrichiennes couvertes de vignes et de monastères, l’orage qui déferle dans la maison cossue, les jardins et terrasses d’un parc, l’intimité d’une chambre de gouvernante où bondissent les oreillers, et le luxe des salons et escaliers d’honneur menant aux chambres d’enfants.  La pureté et la beauté des chants des enfants, leurs savoureuses chorégraphies faites à la fois de spontanéité et de grande professionnalité montrent qu’ils se sont tous totalement investis et quel que soit l’âge, dans leur jeu théâtral et musical. Seven go to Heaven!  Une vraie source d’émerveillement en soi! Sans parler de l'extraordinaire  défilé de costumes imaginé par Françoise Van Thienen et son équipe! Car ...Maria a des doigts de fée, en plus de sa guitare!

11227632_10205835557902042_2010019044920999228_n.jpg?oh=5a73d3c28e0a522011880d84f4812e00&oe=56499338&width=505 Et qu'ils sont admirables et drôles dans leurs rôles secondaires joués avec intensité : Nicole Valberg (Frau Schmitt), Perrine Delers (la Baronne Schraeder), Pierre Pigeolet (Max), Roland Bekkers (Franz) et le jeune Damien Locqueneux dans le rôle de Rolf! Une distribution royale.   Le plaisir final est un éclatement de bonheur, lorsque fusent autour de vous, des applaudissements frénétiques et des huées lancées ça et là aux pauvres figurants bardés de croix gammées!

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http://www.lamelodiedubonheur.net/ZZSpectacle2.php?spectacle=La Mélodie du bonheur

  

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administrateur théâtres

12273108063?profile=original « Le monde a perdu son âme » semble  nous dire Molière, la mort dans l’âme, alors qu’il s’écroulait sur scène le 17 février 1673  dans le rôle du Malade Imaginaire.

 Pastorales, ballets et musique de Lully ou de Charpentier de l’ultime comédie de Molière  fêtant les victoires de Louis XIV sont balayés et escamotés dans l’édition 2015 de la comédie-ballet signée Patrice Mincke. La première scène, loin de tout clavecin,  s’ouvre sur les espèces sonnantes et  trébuchantes du personnage d’Argan faisant ses comptes. Il a sa tête bien à lui et le personnage n’est pas sans rappeler Harpagon dans l’Avare.  La cérémonie finale chargée d’ultime  dérision rappelle celle l’intronisation du Bourgeois Gentilhomme en mamamouchi jouée au printemps 2013 par  le même époustouflant Michel Kacenelenbogen. Celui-ci joue très adroitement  autant sur la réalité de l’être malade et en souffrance que sur le registre de la folie.  Cet envoi final de la bêtise triomphante éclaire une ultime fois sur l’absurdité totale du petit monde d’Argan - Harpagon - Monsieur Jourdain.

 Les médecins  admirablement  campés (Didier Colfs et Maroine Amini, David Leclercq et Lise Leclercq) qui  s’expriment dans un galimatias prétentieux et creux entre le français et le latin, font de  leur verbiage omnipotent un fatras d’insanités trompeuses. Un cocktail  certes à mourir de rire, mais fort amer car  la  folie d’Argan aura finalement gagné sur le bon sens élémentaire. Voilà  Argan nommé bachelarius, sans le moindre examen à passer, médecin de papier et pourquoi pas apothicaire par-dessus le marché? Ainsi en va- t-il des diplômes ?  Ainsi va le monde, un  authentique carnaval grotesque, semble nous dire Michel Kacenelenbogen. La mascarade finale marque l’échec du rire salvateur de Molière contre les vices de son temps  et signe le constat désabusé du  triomphe de la maladie de l’âme. Celle de notre monde? En aucun cas imaginaire, cette maladie-là! Une comédie satirique très à propos, sans doute.

12273108665?profile=originalLa mise en scène astucieuse et la scénographie de Patrick de Longrée  rappellent   les mécanismes du rire du théâtre de boulevard symbolisés par la série de portes qui claquent, serties dans les ruines de l’abbaye! Et  place à la parodie des duos enamourés des comédies musicales actuelles. Amateurs de dérision, réjouissez-vous: les époques se croisent et se ressemblent tandis que le pot de chambre  nauséabond d’Argan est presque devenu un personnage à part entière  et suggère une image supplémentaire de notre monde en décomposition. La vacuité et la pédanterie absurde sont les piliers du pouvoir symbolisé par les médecins… ou l’ingénieuse chaise percée signée Ronald Beurms. Dans la distribution étincelante, vous aurez des Diafoirus (Didier Colfs et Maroine Amini), un Monsieur Purgon et son apothicaire (David Leclercq et Lise Leclercq) absolument délirants!

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Le personnage de Toinette (Anne Sylvain), rauque et grinçant  à merci contribue bien  à cette atmosphère. Elle jouait récemment dans « Les filles aux mains jaunes » de Michel Bellier et dans « On achève bien les chevaux » mis en scène par Michel Kacenelenbogen.  Elle n’a rien perdu de sa morgue et de son franc parlé et  rend Argan fou de colère. Toinette, femme intelligente  a su percer à jour la perfidie et  les duperies de Béline – une merveilleuse Bénédicte Chabot,  belle à en mourir dans sa robe bleue Ava Gardner, talons aiguilles et bijoux Farah Diba – et elle monte une très belle scène  démasquant l’imposture de Béline, faisant jouer la simulation de la mort  par Argan. Un point culminant dans la pièce. Mais si cette Toinette soutient Angélique contre son mariage forcé, elle manque peut-être de tendresse et de ce charme de soubrette qui accroche tant les cœurs.

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11743014_10200737929766058_3977131165648083761_n.jpg?oh=bafdc4d2bcfac2025a6a70d494469db1&oe=565469A9&width=296" Ah mon frère! "Le duo remarquable d’Argan et de son frère  Béralde est palpitant, comme deux mondes qui s’affrontent : la Folie contre le Bon Sens et la Raison incarnés par un  Alexandre Von Sivers au mieux de sa forme, toujours aussi impeccable, en habits rutilants, dans une superbe élocution de la langue de Molière.

Le couple Angélique – Cléante, ni riche, ni médecin (Camille Voglaire - Damien De Dobbeleer) est très touchant, et symbolise la jeunesse éternelle en butte aux décisions parentales, des origines à nos jours, en passant par Roméo et Juliette. Un peu de bonheur partagé a surnagé dans cet éloge de la folie, ouf!  

photos : Arnaud Decoster

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Réservations

Visionner le reportage du Malade imaginaire par TV Com

http://www.deldiffusion.be/fr/prochaines-productions/70-le-malade-imaginaire

...Seulement jusqu'au 8 août 2015

 

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administrateur théâtres

Bouquet infernal et grandiose

 

Pour ne rien vous cacher, nous avons vu ce spectacle deux fois : la première … à la première, avec une incomparable Jo Deseure,  cette  grande artiste qui a osé plonger dans le rôle à la dernière minute et dont on a tait le nom jusqu’au tomber du rideau. Elle  n’avait eu qu’une répétition, la veille de la première, pour capter avec talent le ballet des entrée et des sorties et jouer de façon époustouflante un rôle dont elle ne connaissait pas le texte! Exercice digne d’un examen final de conservatoire, qu’elle a maîtrisé avec une stupéfiante adresse. Elle remplaçait donc  au pied levé l’immense Jacqueline Bir, pour qui la pièce avait été écrite, interdite de planches par la Faculté. En duo  verbal avec José Van Dam elle interprétait sans faiblir le rôle principal de  la nouvelle création de Thierry Debroux intitulée « Vampires ». Elle fut saluée par un  tonnerre d’applaudissements.

Quant à José Van Dam, il  n’a pas eu froid aux yeux d’accepter de jouer avec une parfaite inconnue, se privant de l’appui de sa partenaire  habituelle  aux répétitions.  Le plus étonnant c’est que Jo Deseure, à s’y méprendre donnait l’impression par moments d’incarner vraiment l’absente du bouquet infernal. Présence scénique ahurissante, un modèle d’interprétation improvisée, tout en gardant un contact oculaire discret avec le texte diffusé sur des écrans aux premières loges de chaque côté de la scène.

 

Pour le fond, Thierry Debroux s’est emparé du mythe des vampires, mélange de roman historique et de science-fiction qui ne cesse de nous fasciner, que ce soit en littérature ou au cinéma. Tout le monde a lu « Dracula » de Bram Stoker en édition simplifiée lors des premiers cours d’anglais, et d’autres auront exploré la jouissance littéraire des  passionnantes « Vampire Chronicles » d’Anne Rice et le fameux « Interview with a vampire » avec Tom Cruise et Brad Pitt.  D’aucuns se souviendront du « Bal de vampires », le film de Polanski sorti en 1967. Le thème de l’immortalité est l’un des favoris de Jacqueline Bir, aussi  ceux de la beauté, de la jalousie, de  l’amour impossible, de la sensualité et de la mort. Son interprétation de ces thèmes était certes beaucoup plus forte et poignante  dans « Sarah et le  cri de la langouste » où elle incarnait Sarah Bernard, mais il y a ici une sérénité indiscutable, un lâcher-prise et une sensibilité pleine d’humour et d’humanité. On reconnait les morsures de Thierry Debroux qui s’attaque avec malice aux maux du Temps : le bruit dévastateur de paysages du TGV, la manie des téléphones portables, la toute-puissance du Saint-Dicat, le diktat du Buzz à tout prix, l’envoûtement de Facebook,  nos nourritures terrestres frelatées, si pas carrément empoisonnées et en passant, quelques coups de griffe aux Bobos Bio! Côté nourritures célestes, on mélange allègrement Ronsard et Corneille(s)… Le texte de cette comédie moderne est donc très plaisant, bien bâti, bien rythmé.

Mais la part du lion va à la critique acerbe du show business, via le personnage déjanté du bouffon parfait, un créateur de comédie musicale (seul genre littéraire et musical subsistant apparemment en 2015).  Ce carnassier moderne a jeté son dévolu sur le manoir où  se sont  soudainement réveillés Isadora (roulez le r) et Aménothep après 102 ans d’hibernation. Véritablement gondolant dans son rôle, au propre comme au figuré,  le metteur en scène fou croasse à merveilles et  excelle dans sa manière de vampiriser les vampires. Peinture de notre monde?  C'est le délectable comédien Angelo Bison qui est à l'œuvre. Il  les entraînera dans des répétitions délirantes, créant musique et texte au fur et à mesure des malentendus et des sinistres rebondissements. Aurelia Bonta, sa très appétissante assistante en talons aiguilles  rouges incarne la victime de toutes les peurs et angoisses. Elle se débat dans le cauchemar avec la dernière énergie vocale et corporelle. Il y a aussi Maurice (ou Serge), l’ineffable maître d’hôtel, qui participe avec grande finesse à ce vaudeville très particulier. Bruno Georis est impeccable dans l'humour et les gestes, une perle de sang-froid si l’on peut dire ! 

Théâtre Royal du Parc's photo.

 Même la deuxième fois où l’on voit le spectacle, cette fois avec l’illustre Jacqueline revenue de ses maux de gorge incapacitants, on rit  de bon cœur aux plaisanteries taquines d’un texte qui continue à amuser franchement. La reine de la nuit rouge a une allure folle sous  un maquillage, des coiffures et des costumes parfaits. Rien à voir avec l'affiche du spectacle, passablement horrible.  Isadora est une vampire attachante aux tendresses inattendues malgré  les chamailleries internes au couple. Elle éprouve des réticences très humaines devant la mort violente par balles… et se fabrique finalement des noces de cendre grandioses avec son compagnon de toujours.  Son interprétation est, on s’en doutait, totalement convaincante aux côtés d’Aménothep-José Van Dam, très joli cœur, qui parfois pousse la chansonnette en l’honneur de Mozart.  

 

 

Au théâtre Royal du Parc, du 23 avril au 23 mai 2015.

CRÉATION MONDIALE.

« VAMPIRES »

de Thierry DEBROUX.

Avec:

Jacqueline BIR, José van DAM, Bruno GEORIS, Angelo BISON, Aurélia BONTA

Mise en scène : Monique LENOBLE

Assistanat : Catherine COUCHARD

Décor et costumes : Thibaut DE COSTER et Charly KLEINERMANN

Lumières : ZVONOCK

Maquillages : BOUZOUK

http://www.theatreduparc.be/Agenda/evenement/57/21.html

 

 

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