Souvenirs, souvenirs d’un rituel télévisuel ! Ces soirs-là, on oubliait tout, passé la sonnerie insistante pour les retardataires, si caractéristique, et les trois coups traditionnels, tombés aujourd'hui dans l’oubli. On se souvient encore de la bande son, si caractéristique, avec la caméra qui caressaitles lustres les dorures du théâtre Marigny en attendant que s’installe un public parisien privilégié. Les belles pièces de Françoise Dorin, de Marcel Achard, de Sacha Guitry, d’André Roussin, on les regardait à Bruxelles sur "Au théâtre ce soir", une émission culte de télévision sous l'égide de Pierre Sabbagh, diffusée sur les chaînes de l'ORTF…
Nina, une pièce oubliée d’André Roussin, est une très belle composition écrite par amour, pour une reine du boulevard dans les années 60/70 : Elvire Popesco.
Enrhumé à perpétuité, le mari travaille fidèlement au ministère pour gagner la vie du couple, pendant que Madame s’envoie en l’air avec Gérard, un séducteur élégant et agile, plus parisien que cela, tu meurs : Laurent Renard. La malicieuse Nina a un alibi parfait : les visites culturelles au Louvre, dont elle devrait, à la longue finir par connaître toutes les œuvres! Le mari trompé (Michel de Warzee), d’abord en costume de Maigret quand il déboule dans la bonbonnière, endosse contraint-forcé une livrée de malade imaginaire: un pyjama écossais coup de cœur, ce qui ajoute encore au ridicule de sa situation de cocu. Mais un cocu, est-il encore, de nos jours, ridicule? En lieu et place de câlins attitrés, il est comblé par sa maîtresse-femme et non par sa femme-maîtresse, d’une multitude de remèdes homéopathiques, tout au long de la séance, ce qui a l'avantage de nous poser en plein 21e siècle, bon teint !
Nina, c’est un rôle de prestige féminin par excellence, où Stéphanie Moriau – en avait-elle besoin ? – s’affirme, s’affranchit, dévoile sa puissance de femme. Telle une pasionaria, elle est vindicative, exaltée, sûre d’elle et tout cela, rappelons-le, à l’aube des années 50 ! L'idée est renversante!
Dans Nina, tout est à l’envers.
C’est le mari qui se cache derrière un paravent après une intrusion chez l'amant. C’est l’amant qui est las de de ses 5 à 7 torrides et de sa vie de bohème, dans sa somptueuse et ravissante garçonnière bleu turquoise. Le beau Gérard n’a même pas peur lorsqu’il se retrouve visé par le canon d’un revolver! Il est désabusé et sa vie manque de sens. Il veut bien mourir! Qu'on l'achève! « Ma vie est idiote, Cécile, Gisèle, Armande… ! » Drôle de constatation pour un collectionneur-butineur! C'est le mari qui se sent soudain pris de compassion! Et surtout, c’est la femme objet, qui devient femme sujet à plein temps, torrentielle, avec le caractère intrépide d’une reine des neiges! Ce sont les deux hommes qui deviennent étrangement complices, per amore o per forza! Mais qui des trois sera finalement supprimé ? Par balle ? Par empoisonnement ? Par inadvertance ? Par voyage au Mexique ? Par amour ? Parabole moderne?
Distribution
Avec : Michel de WARZEE, Stéphanie MORIAU, Laurent RENARD, Bernard d’OULTREMONT & Julien BESURE
Mise en scène : Danielle FIRE
Décors : Francesco DELEO
Création lumière & Régie : Sébastien COUCHARD
Le 31 décembre prix unique à 42€/pers
Dates: Du 4 au 31 décembre 2016
Comédie Claude Volter
98 avenue des frères Legrain
1150 Woluwé St Pierre
02/762 09 63