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L’essai intitulé « le bois sacré » de Thomas Eliot fut publié en 1920. Cet "essai sur la poésie et la critique" contient en germe la plupart des théories critiques et poétiques de l'auteur, théories qui devaient, autant que sa poésie, exercer une influence décisive sur la littérature de son époque. L'ouvrage contient le fameux essai sur "La tradition et le talent individuel" publié pour la première fois en 1917. "Si nous abordons un poète sans préjugés, nous trouverons souvent que non seulement la meilleure partie de son oeuvre, mais aussi la plus originale, est celle où les poètes défunts, ses ancêtres, affirment le plus vigoureusement leur immortalité."

Dans ce qui pourrait être la critique de sa propre "Terre vaine" *, Eliot expose ainsi sa conception de la place de la tradition dans le modernisme. Alors que pour les poètes de l'âge de Pope, la tradition était complète, parfaite et inchangeable, elle s'accroît et se complète sans cesse pour Eliot. Le devoir du poète est de la modifier, et de la modifier de la manière adéquate. "On n'hérite pas [du sens] de la tradition... Un grand effort est indispensable pour l'acquérir." Le sens historique prôné par Eliot implique la perception non seulement du passé, mais aussi du présent dans le passé, il est sens de l' éternel dans le temporel. Ce qui rend un écrivain conscient de sa place dans la tradition lui fixe aussi sa place parmi ses contemporains. L'auteur insiste donc sur l'unité nécessaire de l'oeuvre et de l'ordre, la dépersonnalisation de l'artiste et ses rapports avec une lignée spirituelle: "Le progrès de l' artiste est un sacrifice continuel, une abolition continuelle de sa personnalité", dans l'absorption de sa culture, l'établissement d'un sens communautaire et l'élimination du lyrisme personnel en poésie.

Insistant, dans "Le parfait critique" sur la liaison du critique et du poète, Eliot élabore une méthode d'exégèse et de comparaisons. S'intéressant plus à la poésie qu'aux concepts esthétiques et religieux, il cite fréquemment -Dante, Shakespeare, les symbolistes français-, tandis que par la suite il bannira les citations de ses oeuvres critiques. Il consacre des pages vibrantes aux dramaturges élisabéthains; il parle des critiques contemporains qui partagent ses conceptions; dénonce l'expression d'un romantisme décadent dans les vues et les vers de Swinburne; de William Blake, il fait un poète de génie que les circonstances culturelles empêchèrent de devenir l'égal de Dante -l'archi-poète- auquel sont consacrées de longues pages annonçant l'essai de 1929 ("Dante"). Eliot reconnaît sa dette envers Remy de Gourmont dont il utilise certaines théories. Dans sa préface à l'édition de 1928 du "Bois sacré", l'auteur, qui s'est entre-temps converti à l' anglicanisme, suggère que cet ouvrage représente un stade premier et dépassé, non pas de ses convictions, mais de ses préoccupations. par la suite, il se détournera en effet de la poésie en tant que poésie pour examiner les rapports et les affinités de la poésie avec les manifestations sociales et religieuses d'une époque. C'est ce qui fait de cet ouvrage de jeunesse un instrument de choix pour l'étude de ses propres théories d' esthétique poétique.

*Eliot travailla lui-même dans une banque, expérience qui ne lui plut guère si l'on en croit les imprécations contenues dans "La Terre vaine "contre le monde de la finance et l'aliénation par le travail du bureaucrate. Le poème d'Eliot parut en 1922, quelques années après L'Ulysse de Joyce, où celui-ci utilise, lui aussi, plusieurs langues. A la différence de Joyce, Eliot rédigea des notes tout à fait précieuses pour le lecteur, où il explique un grand nombre des allusions littéraires de son poème. La Terre vaine (The Waste Land) propose une réflexion sur la perte du sens dans la société capitaliste.

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