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Ce voyage écrit et relaté par Mauras entre 1896 et 1898 et qui fut accompli à l'occasion d'un reportage des "Jeux olympiques", n'a certes pas révélé à Maurras les principes de l'ordre classique, dont il était déjà familier. Mais sans lui il eut fixé moins aisément les traits définitifs de sa doctrine de l'ordre.

En disciple d'Anatole France, dont il était alors le secrétaire, Maurras ne va pas à la Grèce des philosophes et des tragiques, mais à la Grèce plastique, celle de Phidias. Le voyage d'Athènes était d'ailleurs à la mode chez les écrivains de ce temps qui partaient sur les traces de Chateaubriand et de Renan. Mais Maurras débarquait au Pirée dans un état d'esprit tout différent de celui de ses devanciers et de ses contemporains. Sa Grèce n'est plus la Grèce pittoresque qu'avait invoquée Renan pour se désennuyer, ni celle que Leconte de Lisle s'employait à faire ressurgir dans ses traductions des tragiques. Maurras se préoccupe aussi peu des obscures origines de l' art attique que des temps de décadence qui lui semblent commencer dès la Vénus de Milo: seul l'intéresse le moment du "miracle" quand la particularité grecque se confondit avec l'homme universel: alors "la Grèce fut le genre humain". Non qu'il oublie les humbles commencements de la raison athénienne. Avec Nietzsche, Maurras conviendrait "du caratère acquis des Grecs". L'ordre est une conquête, et difficile: "Avant de trouver l'essentiel...les Grecs ont ceuilli tout le reste, l'artificieux, le bizarre et aussi bien le laid". Mais cette passion de curosité infinie qui les anima, pouvait seule faire naître un ordre vrai et vivant.

Aussi est-ce l'humilité que Maurras admire le plus chez ces maîtres. Loin de les mépriser, de vouloir les écraser par une "religion" qui tire l'être humain vers quelque Infini trop lointain, les Grecs se sont employés à composer les passions, assignant à chacune sa place, réconciliant Dionysos et Apollon, faisant resplendir les visages incomparables de la vie dans une forme, un ordre, qui ne refuse rien de l'homme et où tout l'homme, par-delà le temps, peut se reconnaître.

Maurras, s'il s'enchante des belles figures découvertes sur chaque colline du Parthénon ou dans les salles grecques du British Museum, ne manque donc jamais de faire voir que l'Idée brille ici de tous les prestiges d'un coeur qu'elle maîtrise et exprime à la fois: triomphe de la raison, l' art attique lui paraît, par cela même, un triomphe exemplaire de la vie, "ne tirant son auguste apparence immobile que de la perfection, de l'abondance et de la vigueur du mouvement". Que le miracle de l'ordre, encore une fois, soit possible, c'est son orgueuilleuse certitude, qui fait de quelques pages de ce "Voyage", de véritables hymnes de joie.

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