Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Le désir du salut aux origines de l’art gothique?

En 1927, l'historien d' art allemand Wilhelm Worringer tente de saisir les origines de l’art gothique. Worringer ne se limite pas au rappel de faits historiques, mais il aspire à une interprétation. Il se fie à son intuition, seul moyen d'aborder une telle tentative et d'établir des hypothèses. L'histoire de l' art et de la religion demandent, bien entendu, un effort intuitif particulièrement poussé puisqu'il faut déceler les forces psychiques du passé. Worringer essaie donc d'aboutir à une compréhension de l' art gothique en remontant à ses racines. Il analyse les liens intérieurs entre les hommes de l'époque en question afin de pouvoir comprendre les énergies créatrices de l' art gothique dans la nécessité de son expression. En démontrant le rapport qui existe entre la sensibilité gothique et la forme extérieure de son art, l'auteur établit un équivalent de l' esthétique classique. Il comprend l' histoire de l' art comme l'histoire de la volonté artistique, en ce qui lui attribue un importance historique mondiale. L'homme primitif, l'homme classique, l'homme oriental sont analysés afin d'établir un ensemble de critères bien déterminés pour caractériser la position de l'homme gothique envers le monde extérieur.

L' art de l' Occident, abstraction faite de la culture méditerranéenne antique, était dans son essence gothique et le demeure jusqu'à la Renaissance, c'est-à-dire que la volonté d'une certaine forme sourdement fit son chemin jusqu'à ce qu'elle ait trouvé, dans le gothique, sa manifestation architecturale absolue. Ainsi les ornements de l' art monumental dans les pays nordiques ont-ils toujours été secrètement gothiques, dans la mesure où ils ont eu une puissance d'expression qui s'intensifie perpétuellement alors que la ligne classique reste mesurée. Le motif psychique du phénomène de l' art gothique est le désir du salut. Ce désir crée la ligne vivante et expressive, le mouvement pressant, l'activité inquiète. En même temps, elle est abstraite, ce qui prouve que l'âme gothique est différenciée et troublée, qu'elle ne peut être apaisée par l'ivresse chaotique, mais par son ordonnancement. Les nefs, les arcs-boutants, les portails, les façades, les tours des grandes cathédrales gothiques en fournissent la preuve. Ils sont l'expression de la religiosité nordique qui lutte pour trouver une satisfaction totale dans la théologie chrétienne. Deux essais opposent par ailleurs dans ce livre l'idéal de la construction dans le classicisme à l'idéal gothique. Dans l' art gothique, le besoin de s'exprimer était primordial. La pierre n'y était pas favorable, mais l' idée a vaincu. L'auteur procède à une étude détaillée du style roman, et de là envisage le début de l'émancipation de l' architecture classique qu'il pousse jusqu'à son émancipation complète, dans le pur art gothique qui a permis la création des cathédrales dont les structures intérieures et extérieures sont décrites dans deux chapitres de l'ouvrage. Un retour à la psychologie de l'homme scolastique et mystique, les interpénétrations de la sensibilité abstraite et concrète, et les effets qu'exercent les divers éléments de l'esprit et de l' âme sur l'expression artistique gothique, terminent l’étude de Worringer et dégagent un gothique secret du gothique proprement dit.

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles